Chapitre 17.
Ginny Weasley était une jeune fille très intuitive, mais aussi extrêmement maligne. Elle en avait bien été contrainte, ayant grandit au milieu d'une si grande famille, et parmi tant de frères. Il lui avait fallu faire preuve de tant de ruse qu'elle avait même songé à l'éventualité que le choixpeau ne l'envoie chez les Serpentards.
Et en qualité de fine observatrice qu'elle était, elle n'avait pas pu passer à côté de détails, peut-être insignifiants pour certains.
Sa copine, Hermione tout d'abord. Elle s'était mise à chantonner. Oh, c'était idiot, puisque cela pouvait arriver à tout le monde de siffler, et meumeumer des airs idiots restant dans la tête, mais Ginny jurerait que cela ne lui arrivait jamais, à elle.
Premiére chose.
Seconde chose, elle souriait. Pas de ce genre de sourire léger, non… un vrai sourire bête, dans des moments d'errance, les yeux dans le vide, ou alors pendant les repas.
Ces moments d'errance se faisaient eux-même bien trop nombreux. Elle devait répéter plusieurs fois quand elles discutaient, et être dans la lune de la sorte ne lui ressemblait pas.
Ginny n'était parvenu à mettre de réelles conclusions sur cette histoire, jusqu'à ce qu'elle remarque qu'elle et Snape discutaient bien trop souvent dans les couloirs, qu'ils se baladaient ensembles, qu'ils se souriaient et qu'il mettait sa main dans son dos, qu'il la faisait passer devant lui lorsqu'elle avait besoin de circuler et…
« Oh mon dieu, tu es amoureuse de lui ! »
Cette phrase, qu'elle venait de clamer horrifiée au beau milieu du diner fit se figer Hermione, ainsi que ses camarades autour.
C'était qu'aucun prétexte ne s'y prêtait actuellement, Hermione étant simplement en train de dévorer sa purée de pomme de terre en silence.
« C'est à moi que tu parles ? finit-elle par demander avec perplexité, la bouche encore semi-pleine. »
Mais rien à faire. Après avoir fait ce constat effroyable, Ginny resta muette, la bouche ouverte comme une carpe et les yeux globuleux. La rouquine se tourna doucement, l'air grave, vers son professeur de potions qui semblait complètement à l'ouest alors que Minerva s'évertuait à lui expliquer quelque chose, en vain visiblement.
« Severus, vous n'écoutez rien.
_ Quoi ?
_ Je peux savoir ce qui vous prends ? Votre traitement de choc aurait-il altéré votre concentration ?
_ Pardon ? se vexa-t-il. Mais Minerva, si vous voulez que je vous écoute, vous n'avez qu'à être un peu moins soporifique. Vous parlez, bla bla bla, on dirait Binns en pleine leçon sur la guerre des Gobelin de 1612. »
Albus en recracha son vin par le nez, et Severus sembla pleinement satisfait, jusqu'à ce que le courrier n'arrive. Toujours occupé à lever haut le menton devant une Minerva fulminante, il reçu une enveloppe en pleine face avec une violence plutôt inouï qui le fit arrêter instantanément sa raillerie. Cela eut au moins le don de dérider Minerva qui ne put s'empêcher d'éclater de rire avant que Snape ne se débarrasse difficilement de cette lettre de malheur qui lui collait le pif et le faisait s'étouffer dans le papier.
« Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! se mit-il à rager.
_ Il ne manquerait plus que vous receviez une beuglante, ricana Minerva. »
Snape leva un sourcil, puis la professeur se pencha et arrondit le regard, éberluée.
« Mais c'est une beuglante ! s'écria-t-elle, horrifiée.
_ N'importe quoi, je n'ai jamais reçu une seule beuglante de mon existence.
_ Vous plaisantez j'espère ?
_ Absolument pas.
_ Un conseil : ouvrez-là.
_ J'aimerais autant éviter de faire un truc pareil devant vous et votre propension à récolter la moindre information me concernant histoire de la retourner contre moi au moment opportun.
_ Croyez-moi, si votre interlocuteur vous a envoyé ça maintenant, c'est pour que vous l'ouvriez sans attendre. Saviez vous que désormais, quelques uns sont ingénieux et ne les font plus exploser à la figure des gens ?
_ Et que voudriez-vous qu'ils fassent ? plaisanta Snape.
_ En envoyer une centaine pour crier plus fort. »
Mmmmh.
Ok elle l'avait convaincu.
Snape retourna le courrier et se figea soudain, avant d'ouvrir les yeux, totalement horrifié.
« Albus ? Demanda le maître des potions.
_ Severus ?
_ Nous sommes d'accord bien sur, que la voiture d'Arthur est toujours garée devant Poudlard.
_ Elle ne l'est plus.
_ Elle ne l'est plus ?! se mit à hurler Snape. Mais vous auriez pu me prévenir !
_ Voyez-vous Severus, après le savon que vous m'avez passé, tout m'a laissé à penser qu'aborder de nouveau ce sujet n'était pas une bonne idée. »
Snape retourna à sa contemplation de ce courrier, l'air horrifié sur le visage. Il hésita devant le cache en cire et le retira avant de reculer sa chaise à au moins un mètre de la table. Minerva, en prévision du massacre, se boucha les oreilles, et Albus en fit de même, ne perdant rien de leur distinction, comme d'habitude.
La lettre s'ouvrit d'un seul coup, faisant trembler les murs, et surtout, le plafond magique qui vrombit en laissant tomber une légère couche de poussière dans les assiettes.
« Severus ! Snape ! se mit à hurler le courrier. »
Le concerné tenta de faire bonne figure, tout en hurlant aussi fort intérieurement.
« J'ai retrouvé ma bagnole dans un état lamentable ! Je peux savoir ce que tu lui as fais avant qu'elle ne revienne, par miracle, en un seul morceau ?! Sa structure ne tenait plus qu'à un fil tu entends ?! Un fil ! »
Snape eut le réflexe de reculer le visage lorsque l'enveloppe s'approcha à deux centimètres de son visage sans pour autant décolérer.
« As-tu ne serait-ce qu'une légère idée du temps que ça prends à fabriquer une voiture volante ?! beugla la lettre en envoyant des postillons dans les airs. »
A vrai dire, non, il n'en savait rien et s'il devait être tout à fait honnête : il n'en n'avait rien à foutre.
« Et je peux savoir quelle mouche t'as piqué pour baiser avec Hermione Granger à l'arrière de MA bagnole ?! »
Cette fois, Snape se décomposa et au loin, Hermione piqua un fard, sans doute aussi rouge que la couleur de ce courrier, sous l'expression horrifiée de Ron, Harry et Ginny réunis.
« Je ne suis pas un idiot Severus ! continua-t-elle à réciter d'un ton horrible. Il y avait une trace de main sur une fenêtre, vous m'avez ruiné la banquette arrière, alors croyez-moi que vous paierez les dégâts c'est clair ?! »
Minerva dévisagea au loin son collègue, totalement éberluée, sans compter sur les autres professeurs.
« Et n'essaye pas à l'avenir d'argumenter, parce que j'ai eu sept gosses tu entends ? Mon expérience me dit que VOUS avez fait des cochonneries là dedans et Albus a pris soin de me confirmer sa présence dans l'habitacle ainsi que tout le reste. Alors écoute moi bien : touche encore à un écrou de ma caisse et tu entendras parler du pays ! »
Soudain, Snape ouvrit la bouche en sentant un verre d'eau lui éclater à la tronche. La lettre lui explosa à la gueule, éclatant une fenêtre au passage. Après ce carnage, Snape se tourna vers ses collègues, plus épouvanté encore que s'il avait vu le fantôme d'Amityville.
« Arthur dit n'importe quoi, c'est faux, entièrement faux ! s'exclama-t-il sous un ton défensif. »
Puis, quelques oiseaux entrèrent par la fenêtre qui venait de se briser, sifflant de contentement comme en plein printemps avant qu'un petit geai ne vienne se poser sur la table. Mais ce piaf-ci, ne faisait pas le même sifflement que les autres, ça non…
« On ne va quand même pas encore coucher ensemble, si ? imita-t-il en reprenant la voix de Snape. »
Le sorcier observa l'oiseau d'un regard rond de frayeur, avant qu'un autre n'arrive et se pose juste à côté.
« Pourquoi ? Ce n'était pas bien la première fois ? reprit ce dernier avec la voix d'Hermione. »
Puis, cinq autres revinrent et tous reprirent les gémissement d'Hermione en coeur, tournoyant autour des enseignants avant que Snape ne s'écroule sur la table pour les chasser sans aucune cérémonie, agitant ses mains dans tous les sens. Son costume était ruiné de porridge, mais qu'en avait-il à foutre ? C'était une véritable catastrophe.
Minerva ainsi que les autres continuèrent de le fixer, muets comme des carpes.
« Quoi ? Finit-il par beugler, agacer. Figurez-vous que j'ai… commandé ces piafs quand j'étais encore sous l'influence de la potion, se justifia-t-il en se remettant maladroitement debout. Ça ne veut strictement rien dire, ils ont été programmé pour dire ça.
_ Vous m'aviez pas demandé de vous ramener ces oiseaux juste avant de partir à l'hôpital ? demanda soudain Hagrid. »
Le maître des cachots se figea, le regard rond, tout en tentant de garder bonne figure.
« Absolument pas, lâcha-t-il d'une voix robotique.
_ Mais bien évidemment ! Je m'en souviens très bien puisque j'ai du finir par les libérer, bon gré mal gré, tellement ils prenaient de la place. En plus ils me faisaient de la peine dans leurs toutes petites cages là, et croyez-moi que sur l'instant, ils ne faisaient que gazouiller. Je jurerais vraiment qu'ils ne parlaient pas. »
Cette fois, s'en était trop. Snape se passa une main sur le visage, à la fois consterné et las. Il n'osait même jeter un regard à Hermione, même s'il devinait au loin qu'elle cherchait à se terrer dans un trou de souris à l'heure actuelle.
« Que comptiez-vous en faire au juste ? finit par demander Hagrid, le seul qui était capable d'aligner un mot devant un Snape au bord de la crise de nerf. »
Snape finit par grimacer et remarqua enfin le regard d'Albus. Il allait le tuer, cette fois, il allait le tuer et balancer une malédiction sur son poste !
« Clairement pas ça en tout cas, souffla-t-il. »
xXx
« Est-ce que vous avez perdu l'esprit ?! »
Snape serrait sa mâchoire devant Albus, avant de rouler ses yeux dans ses orbites, ce qui sembla l'enrager plus encore.
« Severus ! Comment pouvez-vous agir de la sorte ?!
_ Est-ce la potion ? couina Minerva.
_ Ce n'est pas la potion, trancha Snape, agressif. J'ai des tas de documents l'attestant.
_ Vous avez fait attester quoi ?! s'étonna Minerva.
_ Il fallait bien que je sois sur de mon coup, non ?! »
Elle devait rêver, forcément rêver. Discrètement, Minerva se pinça la peau du bras, se rendant bien compte hélas, que la douleur dans son épiderme était bien trop présente pour que ce ne soit qu'un songe.
« Vous avez couché avec mon élève, percuta la directrice des Gryffondor, le regard dans le vide, éberluée.
_ Ancienne élève, rectifia Severus. Mais je vous rassure, on n'a pas fait ça dans Poudlard, une histoire de… règlement. »
Albus leva les bras, totalement affolé par sa réponse, qui rendait la situation encore pire que ce qu'elle n'était déjà.
« Mais vous la détestiez, lâcha Minerva.
_ Pas… tout à fait, enfin… c'est compliqué, voyez-vous, Hermione est devenue une adulte très… interessante.
_ Interessante ?!
_ Je ne vais quand même pas devoir me justifier, si ? »
Albus soupira de dépit, fatigué.
« Vous avez mis Horace en charge de son mémoire, je ne vois donc pas pour quelle raison vous montez tous sur vos grands chevaux, s'agaça Snape en claquant ses mains sur le bureau.
_ Dois-je vous rappeler que son sujet est justement de soumettre une loi allant à l'encontre de la commercialisation des philtres d'amour ?
_ Je suis au courant oui, je ne suis pas encore né de la dernière pluie.
_ Et que pensez-vous du fait que c'est ce même philtre qui ait fini par vous rapprocher au point où vous finissiez ensemble à l'arrivée ? »
Ils n'étaient pas ensembles.
Enfin si. Enfin, il n'en savait rien.
Ils étaient ensembles ?
La porte toqua et Hermione sortit de derrière, l'air timide. Cette scène lui rappela vaguement quelque chose, avant qu'elle ne s'avance prudemment vers le bureau, tendue.
« Miss Granger, je ne vous demande pas si tout cela est vrai. »
Hermione se pinça la lèvre avant de regarder discrètement Snape, semblant aussi crispé qu'elle.
« Je peux tout expliquer, souffla-t-elle.
_ Qui vous dit que c'est à cause de la potion ? Nous aurions pu nous rapprocher totalement autrement, lâcha Snape avec agacement.
_ Alors ça, c'est ridicule, pouffa Minerva, semi convaincue.
_ En quoi ? gronda Snape, soudain agressif. Nous discutions déjà avant cette histoire, j'ai suggéré Hermione à Selwyn parce que je la trouvais brillante, et je l'évitais parce que j'avais peur de dire une connerie en sa présence. »
Hermione leva les sourcils en se tournant vers lui, presque les mains sur les hanches. Minerva fixa Snape, muette à son tour, et Snape réalisa sa bêtise avec un léger coup de retard.
« Bref, oubliez.
_ Qu'est-ce que vous me chantez Severus ? C'est uniquement la potion qui vous a poussé à agir, gronda le directeur.
_ Je n'ai pas dis le contraire Albus, je dis simplement qu'il est… possible qu'avec ou sans elle, et bien… Hermione, aidez-moi.
_ Je cherchais à parler avec lui avant l'incident, intervint enfin Hermione, un peu précipitamment.
_ Parler avec lui ? demanda Minerva, suspicieuse.
_ Oui, voyez vous, Severus est quelqu'un de cultivé, et il sait si bien cacher ses émotions, je voulais comprendre… S'il ne me pensait pas si bête, vous voyez, alors, peut-être aurions pu avoir une relation cordiale en dehors du cadre scolaire, mais c'était… difficile à faire puisque je bafouillais sans arrêt dès que je m'y essayais, avoua Hermione en se cachant derrière ses mains de honte. »
Cette fois, ce fut à Snape de lever un sourcil, avant de se tourner vers elle.
« Vous bafouilliez ? répéta-t-il.
_ Oui, marmonna-t-elle, la voix étouffée par sa position. Je me sentais bête, mes mains devenaient moites, j'avais trop peur que vous le voyiez et finissiez par me trouver débile une bonne fois pour toute.
_ Je n'aurais pas aimé l'idée de vous effrayer, finit-il par marmonner à son tour.
_ Ce n'était pas de la peur, c'était… de l'intimidation.
_ Je ne suis pas intimidant, lâcha Snape en un rire jaune.
_ Si vous l'êtes, argumenta Minerva sous un regard noir du concerné.
_ Crois-moi Severus, ce n'est pas une critique, rassura Hermione.
_ Ça ressemble fortement à une critique.
_ J'avais peur de dire une gaffe et de tout faire capoter ! S'emporta-t-elle. Alors je réfléchissais à… un angle d'approche.
_ Bonjour la spontanéité.
_ Oh ça va hein, toi aussi tu n'osais pas venir me parler, balança Hermione, agacée. »
Albus leva un sourcil et observa l'échange entre eux comme un match de tennis moldu.
« C'est, hé bien, différent, balbutia-t-il.
_ En quoi ? Demanda Hermione avec fierté.
_ Tu aurais pu me carboniser ou m'épingler auprès de tes amis si je m'étais trompé.
_ Jamais je n'aurais fais ça ! S'offusqua-t-elle.
_ Tu es ami avec Potter, il y a un précédent, et je ne voulais pas me faire taxer de pervers, argua-t-il en n'osant affronter son regard.
_ Mais Severus, merde ! Il ne te suffisait que de me ramener un bon bouquin et l'affaire était dans le sac !
_ Figure toi que c'était mon intention et que j'avais trouvé pour l'occasion, un traité chez un libraire peu connu pour étayer ton mémoire de l'époque.
_ Vraiment ? demanda soudain Hermione, surprise, agréablement.
_ J'y revenais quand tu m'es tombée dessus.
_ Êtes vous au courant que nous sommes la ? Intervint Albus.
_ Pourquoi ne me l'as-tu jamais offert ? demanda-t-elle timidement en ignorant le directeur.
_ Je savais que j'étais sous l'influence de la potion, je ne voulais pas que ce geste soit interprété comme une énième tentative de te conquérir.
_ Alors c'était vraiment sincère, souffla-t-elle.
_ Oui ça l'était, dit-il après un soupir.
_ Ça suffit ! »
Hermione, dont le regard pétillait soudain d'une tendresse bizarre se ressaisie à la voix élevée du directeur. Ce dernier était accoudé à son bureau, se massant le front d'un air fatigué.
« Il n'y a pas encore eu de précédent concernant ce genre d'histoire. »
Snape leva de nouveau les yeux au ciel.
« Vous parlez de la vie sexuelle des professeurs de cette école ?
_ Severus ! gronda Albus.
_ Hermione part dans un trimestre à peine, trancha Snape. Continuez d'en faire une montagne et c'est moi qui m'en irait. »
De nouveau, la jeune femme leva un sourcil et tira la même expression interloquée que Minerva. Severus choisit de les ignorer toutes les deux, le regard rivé sur Albus qui capitula, non sans un soupir.
« Aucun mot plus haut que l'autre, pas de gestes déplacés, aucune allusion, ni de perturbation quelconque.
_ Moi qui comptait baiser avec Granger sur votre bureau, balança Severus.
_ Ainsi que ce genre de remarques, souleva le directeur. Disposez. »
Au loin, Hermione vit le directeur se masser les tempes, désabusé. Elle eut un sursaut de culpabilité, et se tourna vers Snape une fois la porte close.
« Il est d'un paternalisme ! éclata-t-il alors qu'elle n'eut qu'à peine le temps d'ouvrir la bouche. »
Hermione la ferma, fronça les yeux dans le vide, et eut soudain une illumination. Elle qui avait trouvé ce rendez-vous lunaire, elle eut peine à imaginer le professeur Dumbledore se mêler de ses affaires amoureuses. A moins que… cela ne la concerne pas, directement du moins.
« Severus, finit-elle par dire d'un ton amusé.
_ Quoi ? aboya le maître des cachots.
_ Je crois que le professeur Dumbledore t'apprécie. »
Snape leva un sourcil, avant de rester soudain aussi muet que stoïque. Le silence plana durant quelques secondes, tandis qu'Hermione se retenait de pouffer devant son air choqué.
« Arrête de dire des conneries veut-tu, balaya-t-il en entamant enfin la marche pour descendre les escaliers. »
A l'abri, Hermione laissa échapper un léger rire moqueur, avant de le suivre pour descendre de cette tour sans qu'il ne l'entende.
xXx
Pouvait-on dire que beaucoup de choses avaient changé depuis tout ce remue ménage qui avait animé la dernière année exceptionnelle de Potter et sa clique ?
Non.
Harry ayant abandonné l'idée de vivre une année scolaire « normale » avait été soulagé de quitter Poudlard, Ron quant à lui, était heureux de sortir des bancs de l'école, même s'il aurait tué pour garder Snape sous potion, et Ginny quant à elle, avait étonnamment représenté un grand soutien pour Hermione, surmontant ses aprioris premiers.
Cela l'avait d'ailleurs, beaucoup aidé pour faire passer ce projet de loi. Le nom de Weasley représentait désormais un allié de poids dans le monde de l'industrie magique, avoir son soutien ainsi que celui de son frère avait été considérable pour limiter la commercialisation de ce type de produits.
Après de multiples test pour l'étayer, Hermione avait même fait cet effroyable constat que cette potion aurait pu être mortelle. En somme, si elle était tombée sur quelqu'un d'autre que Severus Snape ce soir-là, maître en potions et immunisé contre la plupart d'entre elle, le malheureux n'aurait pas survécu à une crise cardiaque foudroyante.
Cela avait fait également grandement penché la balance en sa faveur, sans compter sur le fait qu'elle avait l'appui de plusieurs magicomages, et quelques maîtres en potions. Tous, hormis Snape.
Non qu'il n'en n'ait pas eu envie, mais il avait été bien trop stressé a l'idée que sa relation avec Granger n'entache ce dossier.
La seule intervention qu'il s'autorisait était ainsi lorsque Binns sortait de sa léthargie. Le fantôme avait ajouté la date d'application de cette loi dans ses cours, y ajoutant tout de même une certaine pointe d'excitation peu habituelle chez lui, ponctuant, en toute discrétion, son nouveau speech par des anecdotes farfelues que le peu d'élèves n'ayant pas assisté au spectacle refusaient d'ailleurs de gober. Snape le réprimandait à chaque fois.
Mais une tendance, oui, une seule, laissait à penser que Binns n'avait peut-être pas si tord. Et cela se confirma lorsque la nouvelle professeur d'études des runes, une certaine Hortense Colins se présenta à l'occasion d'un diner pris, pour une fois, dans le calme.
La jeune femme venait de se présenter devant Albus, ce dernier réalisant soudain avoir oublié l'arrivée de cette nouvelle venue… Ce qui n'enchantait guère Snape par ailleurs, qui se mit à dévisager cette femme devant lui semblant à son antipode, comme s'il n'y avait pas pu avoir pire que Dolores Ombrage en terme de style vestimentaire.
« Hé bien, je vous présente madame Colins, encore en apprentissage, qui prendra la relève pour l'étude des runes de l'année prochaine suite au départ de Miss Granger, Poudlard s'étant engagé à prendre en charge un ou une étudiante par an.
_ Merci Albus. Je voulais juste vous dire merci à tous, je suis ravie de faire partie de cette équipe pour ce petit bout de chemin qui s'ouvre à moi. »
Severus leva les yeux au ciel.
« Et puis voilà, enchantée ! Moi, c'est Hortense, et j'ai hâte de faire votre connaissance à tous et à toutes, vraiment, dit-elle d'un ton enchanté. »
Severus se mit à râler bruyamment, non sans que Minerva ne lui frappe le bras. La jeune femme fronça alors les sourcils vers Snape, vexée.
« Un problème ?
_ On vous a rien demandé, trancha-t-il.
_ Severus ! gronda Albus.
_ En plus avec votre dégaine, vous n'allez pas faire long feu.
_ Ma dégaine ?
_ Exactement.
_ Et vous, on ne vous embête pas avec vos cheveux gras ?
_ Oh, mais allez donc laver votre bouche enfin, il y a plus de tartre que dans la cuvette de mes chiottes, c'est dire.
_ Severus ! »
Venant probablement de s'en faire une ennemie, la jeune femme grommela. Elle finit par prendre place à côté de Minerva qui se tendit, sentant son collègue dans ses mauvais jours.
« Accueil assez mitigé, lâcha-t-elle assez tristement.
_ Ne vous inquiétez pas, c'est Severus et vous apprendrez à vous y faire, murmura Minerva.
_ Ok, c'est bon, je constate que je me prends pas mal de critiques, balança Snape d'un air hautain. Je peux comprendre que vous en mourriez d'envie parce qu'après tout, je respire quand même la joie de vivre. »
Minerva leva à son tour les yeux au ciel, elle ainsi que la plupart de ses collègues.
« Il faut dire que je ne vais quand même pas cracher dans la soupe car disons le, je ne fais pas peine à voir, et je sais que ça peut mettre mal à l'aise parce que souvent, vous êtes moches. Enfin, comme disent les moldus « il faut souffrir pour être beaux » … Bon. Il y en a qui ont clairement morflé et ça n'a rien donné, mais ne perdez pas espoir, d'accord ?
_ Il est toujours comme ça ? demanda la pauvre Hortense, décontenancée.
_ Oh non, attendez de voir. Ohoh, Miss Granger ? finit par appeler Minerva d'un sourire poli vers la table des Gryffondor. »
Snape arrondit soudain le regard, avant de se tourner vers la directrice des Gryffondors en grognant.
« Minerva, je peux savoir ce que vous faites, murmura-t-il à son encontre.
_ Oh, je teste quelque chose.
_ Quoi, encore ? »
Lorsque Hermione arriva à la table des professeurs, Snape garda la tête haute, tout en se tendant un peu.
« Miss, je veux dire, Hermione, bafouilla Snape en fermant les yeux de dépit. »
Minerva lança enfin un rictus vengeur vers son collègue presque rouge.
« Miss Granger, je voulais vous présenter la nouvelle étudiante qui prendra votre relève au sein de l'équipe enseignante, intervint le professeur McGonagall.
_ Oh ? Enchantée ! lâcha Hermione d'un sourire sincère.
_ Severus nous faisait justement part d'à quel point il était heureux d'avoir une nouvelle collègue, n'est-ce pas Severus ? demanda gracieusement Minerva en lui frottant le bras énergiquement.
_ J'en suis ravi ! balança le concerné, non sans que Filius et Pomona ne pouffent.
_ Vraiment ? Je pensais que tu trouvais l'étude des runes surfait.
_ Moi ? bafouilla Snape. Mais pas du tout.
_ Oh je vois, dit-elle en un léger rictus. »
La jeune femme s'approcha doucement de la table, non sans que Snape ne recule de quelques centimètres, manquant de peu de rougir.
« Tu ne voulais pas la mettre mal à l'aise.
_ Hé bien… C'est ça, oui, saisit Snape au vol. Je suis prévenant et c'est toujours difficile d'arriver dans une équipe déjà constitué. Autant être aimable avec cette pauvre demoiselle.
_ Severus, tu es plus attentionné que je ne le croyais ! »
Snape se contenta de lui balancer un espèce de sourire ravi.
« Je suis sure que Madame Colins va très bien se plaire avec toi et les autres et que tu feras tout pour que ça se passe bien.
_ Bien évidemment, je suis peut-être imbuvable avec mes élèves, mais un exemple avec mes collègues Hermione.
_ Je n'en doute pas, j'ai travaillé avec toi et c'était très agréable.
_ Vraiment ?
_ Bien évidemment. Et de toute façon, je suis sure que Minerva ne tarira pas d'éloges à ce sujet, nous nous rencontrons assez régulièrement pour discuter de mes avancées pour mes études, n'est-ce pas professeur McGonagall ?
_ Presque chaque semaine, targua Minerva en fixant le maître des potions s'enfonçant dans son siège.
_ Moi qui pensait que tu traiterais peut-être mal celle qui viendrait après moi, lança Hermione.
_ Non mais pour qui me prends-tu, bafouilla Snape, non sans remarquer d'un regard en coin, l'hilarité de ses collègues. Ce n'est absolument pas mon genre, je suis un homme courtois et bien élevé, même si, ne m'en veux pas pour ça, ce sera très difficile de prendre ta relève.
_ Du moment que tu n'es pas trop dur avec cette pauvre Miss Colins.
_ Je ne me le permettrais pas. »
Hermione lui accorda un sourire qui manqua de le faire flancher, et Snape se racla la gorge. Alors qu'Hermione repartit, non sans un regard de connivence lancé vers Minerva, Snape manqua de faire tomber sa tasse de thé et la théière en même temps en voulant se servir, bel et bien perturbé.
« C'était très bas, soupira Albus vers la professeur de métamorphose.
_ Je sais, mais il l'a bien mérité, non ? »
Le directeur se permit un regard furtif vers Snape grognant contre la brulure sur sa main, avant de soupirer et de lancer un rictus timide vers Hermione qui en fit tout autant. Alors, le sorcier sembla oublier toute sa colère et semblait même… heureux.
« Je suppose que oui… »
Bon. D'accord.
En fin de compte, peut être que quelques petites choses avaient changés…
FIN
