Chapitre 15 :
Pour ta paix
- Un lien d'âme ? releva Harry choqué.
- Oui, approuva Isaac. Il est dit qu'un lien d'âme, un partage de l'âme donc, peut faire cela parce que l'âme est très puissante et pourrait ancrer vraiment une expérience mémorielle. Cela n'a jamais été prouvé mais c'est reconnu comme très probable. Cela pourrait se produire avec un lien d'âme sœur ou avec un autre lien d'âme quel qu'il soit. Dés qu'on parle de lien d'âme, ce sont des magies très puissantes et imprévisibles. C'est la seule théorie tenant la route que nous connaissons. La magie peut montrer les souvenirs et aider à les assimiler mais seule l'âme les vit véritablement. C'est donc la seule chose qui pourrait les transmettre en influant sur l'âge mémoriel.
- Mais les liens d'âmes ou même les magies d'âmes sont très rares, remarqua Adélème. Rares, très puissants, demandant une expérience gigantesque et impossible à ignorer. Comment cela aurait-il pu se produire ?
Tous se tournèrent vers Harry lorsqu'il eut un profond soupir défait. Soudain, il cessa de se tenir droit pour s'affaler dans son fauteuil l'air absolument épuisé. Il porta une main à son visage pour cacher ses yeux et masser son front de deux doigts.
- Harry ? appela Adélème inquiet.
Il se leva pour venir s'asseoir plus près de lui, posant une main sur son épaule pour attirer son attention. Le jeune homme releva un regard terne sur lui, l'air de ne plus en pouvoir. Cette expression était certainement la vraie, celle qu'il leur cachait constamment. Il semblait être au bout du rouleau et submergé par ce qu'il lui tombait dessus. Il avait certainement compris quelque chose et cela était de toute évidence un choc pour lui. Arthur et Isaac ne purent s'empêcher de se rapprocher aussi, très inquiets.
- Harry, dîtes nous, pria le lord.
- Je ne suis pas sûr, répondit-il doucement, mais j'ai une bonne piste. Je vous ai déjà parlé du lien mental avec Voldemort n'est-ce pas ?
- Oui, comme la manière dont-il a fonctionné, ce qu'il faisait et comment vous l'avez brisé, remarqua Isaac.
- Ce n'était pas juste un lien mental mais ça, je ne l'ai su que cet été. Lorsque j'ai pratiqué le rituel de rupture de lien psychique, il a parfaitement fonctionné, toutes les analyses l'ont confirmé. Seulement, il ne s'est pas passé comme le livre le disait. Cela a été… beaucoup plus violent et long que ça n'aurait dû, confia-t-il. Cela ne s'est pas passé comme il fallait. Je l'ai compris tout de suite mais cela a fonctionné et il n'y a pas eu de répercussions que j'ai remarqué alors j'ai laissé ça de côté. J'étais seulement heureux de m'en être débarrassé. Cette chose me rendait malade. Avoir Voldemort dans ma tête me rendait malade.
- Qui cela ne rendrait pas malade ? soupira Arthur.
- Oui, soupira-t-il. C'était fini, ça m'allait et beaucoup d'autres choses sont tombées alors j'ai un peu oublié ça. Puis, plus tard, j'ai fait les rituels d'analyses que vous recommandiez. Il y avait celui de l'historique des puissants actes magiques dedans. Et un lien d'âme est sorti, un lien d'âme avec Voldemort, révéla-t-il en les ahurissant. Un lien d'âme qui se serait créé le soir de la mort de mes parents et que le rituel de rupture a brisé. J'imagine que s'il ne s'est pas passé comme prévu c'est parce qu'il ne s'agissait pas d'un simple lien psychique. Et maintenant il y a ça…
Il y eut un moment de silence, les trois hommes tentant d'assimiler ça et d'en déduire ce qu'il fallait.
- C'est la seule magie d'âme que j'ai pu vivre et avec la puissance de ces pratiques et les récentes analyses que j'ai faîtes, cela serait sorti s'il y avait eu autre chose de cet acabit, soupira-t-il. Alors j'imagine que je dois ça à Voldemort d'une manière ou d'une autre. Maintenant que j'y pense, Slughorn était directeur de Serpentard quand il était à Poudlard. Cela expliquerait que j'ai l'impression de l'avoir connu si ces souvenirs viennent de lui. Ça et si on retire mon âge physique du mémoriel, on tombe sur quelque chose proche des cinquante cinq ans, l'âge que Voldemort devait à peu près avoir ce soir d'Halloween.
- C'est plausible en effet, fit Isaac. Le seul moyen de confirmer vraiment serait d'explorer ces souvenirs pour confirmer que ce sont les siens. Mais ce n'est pas une chose que vous devez faire. Regarder les souvenirs de Voldemort…, hésita-t-il l'air inquiet pour lui.
- Il m'a déjà montré sa cruauté, souffla-t-il en replongeant son visage dans sa main. Personne ne devrait voir ce que j'ai vu par le lien, murmura-t-il en les faisant grimacer.
Ils pouvaient imaginer le genre de choses qu'il avait vu, le genre de sensations qu'il avait pu avoir et c'était effrayant avec un tel monstre comme source. Il y eut un moment de silence lourd et pesant avant que le jeune lord ne se redresse comme un ressort, pâlissant dramatiquement.
- Harry ? fit Isaac alerté.
- Oh merde non pas ça, fit-il l'air paniqué.
Il avait l'air malade cette fois et cela les alarma un peu plus en sachant à quel point il était résistant.
- Harry, qu'est-ce qu'il y a ? demanda Adélème.
- Il y a… autre chose. Quand j'ai fait les test cet été, autre chose est sorti. « L'âme augmentée ». Je ne savais pas ce que c'était et je n'ai trouvé aucune information là dessus mais… Si j'avais un lien d'âme avec Voldemort, que j'ai… pris ses souvenir d'une manière ou d'une autre. Est-ce j'ai pu aussi… prendre une partie de… son âme ?
- Cela ne s'est jamais vu, répondit Isaac. Prendre une part d'âme d'une autre personne inconsciemment ne devrait pas être possible. Mais je dois avouer qu'avec cela, c'est une supposition que l'on peut faire.
Cette fois, le jeune homme fut vraiment malade à cette idée et Isaac fit apparaître un seau pour le laisser vomir, tout trois comprenant le profond dégoût qu'il pouvait ressentir à cette perspective. Adélème vint s'asseoir sur son accoudoir pour lui frotter le dos et relever ses cheveux. Le malaise dura un bon moment, Harry peinant à reprendre son souffle et à faire cesser les hauts le cœur, des larmes plein les joues. Isaac tenta de l'aider en lui donnant de calmes instructions pour apaiser sa respiration et progressivement, le malaise cessa, le laissant épuisé. Le seau disparut bien vite et on lui tendit un linge pour essuyer son visage, ce qu'il fit la main lourde et tremblante. Le médicomage fit apparaître une potion, la débouchant pour lui tendre :
- C'est un calmant pour vous aider à vous apaiser, expliqua-t-il. Vous en avez besoin.
Pour une fois, le jeune homme ne protesta pas et le prit sur le champs, prouvant à quel point il devait être secoué. Adélème fit apparaître un linge sur lequel il posa un sort rafraîchissant en sentant la fièvre qui l'avait pris avec cela. Il le plaqua sur son front et l'incita à se redresser doucement pour venir s'appuyer contre lui. Harry suivit sans broncher, se laissant faire et on lui laissa un moment pour se reprendre, lui offrant un verre d'eau.
- Je suis désolé, s'excusa-t-il sans les surprendre.
- Inutile de vous excuser, fit Adélème. C'est normal. Ne vous en faîte pas pour ça Harry. Respirez tranquillement et détendez vous.
Il y eut un instant de silence et ils le virent s'apaiser un peu, la potion aidant.
- Est-ce que vous pensez que l'on peut confirmer ça d'une manière ou d'une autre ? questionna-t-il finalement.
- Je ne sais pas, répondit le lord. Je ne connais pas de sort ou de rituel capable d'analyser l'âme à ce point. Mais nous allons chercher pour tenter de voir si cette supposition pourrait être correcte ou non. Et nous allons aussi tenter de trouver quel que chose pour enfermer ces souvenirs pour qu'ils ne viennent pas vous importuner. Ça ira Harry ne vous en faîte pas.
Le jeune homme approuva doucement l'air perdu, ce qui était parfaitement compréhensible. Le fait que ces souvenirs soient ceux de Voldemort était déjà presque sûr et rien que cela aurait pu rendre malade et perturber n'importe qui. Mais si en plus cette supposition s'avérait exacte et qu'il avait une part de l'âme du Seigneur des Ténèbres, il y avait vraiment de quoi être très mal et encore plus pour lui qui avait ce passé avec cet homme. Ils restèrent auprès de leur protégé qui finit par s'endormir contre son précepteur, terrassé par le malaise, le choc, son état et la potion. Très délicatement, Adélème l'avait pris dans ses bras et ils étaient allés le mettre au lit pour le laisser dormir. Isaac vérifia qu'il allait aussi bien que possible et ils le changèrent de quelques sorts, le couvrant et fermant les rideaux pour le laisser se reposer. Ils retournèrent ensuite au salon dans un silence sombre, tentant d'avaler ça, d'envisager cette possibilité effrayante mais probable.
Ce fut à l'heure du déjeuner, un peu plus tard, que Harry se réveilla, tout le revenant immédiatement en mémoire alors qu'il s'asseyait dans son lit. Une nouvelle fois, il se sentit nauséeux à la perspective qui s'était dessinée un peu plus tôt. Si tout cela était vrai, s'il s'agissait des souvenirs de Tom et peut-être même d'une partie de son âme, cela le révulsait. Il n'avait pas du tout envie d'avoir quoi que ce soit de cet homme en lui. Le lien l'avait déjà dégoutté mais ça… Il faudrait vraiment qu'il fasse des recherches à ce sujet, pour confirmer d'abord puis pour comprendre et pour savoir comment gérer. Il n'avait aucune envie d'avoir à regarder la mémoire de Voldemort. Il se leva et alla s'habiller à nouveau, réfléchissant à comment faire pour tirer ça au clair, priant encore pour avoir tord. Il fallait s'assurer de ce qu'il se passait, de ce qu'était l'âme augmentée. Il avait déjà cherché ce sujet dans la bibliothèque du château sans rien trouver mais il avait encore des milliers de livres parfois très anciens dans ses autres propriétés. Seulement, le reste du week-end ne suffirait jamais pour ces recherches.
Il rejoignit finalement les autres toujours présents au salon, honteux de la manière dont-il avait craqué plus tôt. Mais vraiment, c'était une nouvelle de trop alors qu'il avait pensé laisser ce genre de chose derrière lui avec le lien rompu. Pourtant, les sourires qu'il reçut en entrant lui firent du bien. Ils ne jugeaient pas, ils ne se moquaient pas. Ils étaient juste plein d'affection et de soulagement, chose qu'il comprenait de mieux en mieux avec sa vision d'aura. Avant, il avait dû mal à comprendre les autres, sa vie parlant mais son don l'aidait à réapprendre à cerner les gens et ce qu'ils pouvaient penser. Les trois hommes, ses trois amis, lui demandèrent comment il allait avant de lui promettre de l'aider avec ça, de l'aider à tirer ça au clair et leur soutient indéfectible fut salvateur, lui permettant de se tranquilliser vraiment. Ils allèrent déjeuner dans une ambiance plus calme.
Puis ils se réinstallèrent au salon pour en parler et discuter, décider quoi faire. Adélème et Isaac assurèrent qu'ils feraient des recherches sur tout cela mais aussi sur d'autres possibilités pour pouvoir tirer les bonnes conclusions. Ils chercheraient ce qu'il était possible de faire, ce que cela pouvait signifier. Ils restèrent avec Harry jusqu'en fin de journée, Adélème et Isaac s'en allant finalement en le laissant à la garde d'Arthur. Le lendemain, Harry passa presque toute sa journée à chercher dans sa bibliothèque, incapable de ne rien faire et incapable de penser à autre chose. Mais sa bibliothèque au château ne semblait pas contenir les réponses qu'il cherchait aussi, il prit ses registres pour commencer à regarder quels livres il pouvait avoir ailleurs, dans d'autres propriétés. Seulement, avec juste les titres et les auteurs, difficile de savoir quel ouvrage pouvait aider ou non. Malgré tout, il fit cela jusque tard dans la soirée, un peu désespéré de ne rien trouver. Le lendemain matin, il serait de retour à Poudlard avec bien moins de temps pour cela. Cela lui permettrait de jeter un œil dans les livres de l'école même s'il doutait de trouver quoi que ce soit là bas, mais cela l'empêcherait de poursuivre ses recherches chez lui. Aussi, il finit par avoir recourt à la seule possibilité qu'il avait pour régler ça et ce fut pour cela qu'il appela Avismark. Il le salua aussi gentiment et poliment qu'à l'habitude, prenant de ses nouvelles avant de l'inviter à s'asseoir avec lui, un léger silence s'étirant :
- Je… j'aurais besoin de votre aide Avismark, si vous le voulez bien, commença-t-il.
Le gobelin l'observa de cet air froid qu'il avait toujours mais son léger silence marqua une fois encore la surprise qu'il ressentait souvent face à lui.
- De quoi s'agit-il ? questionna-t-il finalement.
- J'aimerai que vous meniez des recherches pour moi dans les livres que je peux avoir dans mes autres propriétés ou mes coffres, partout. Je retourne à Poudlard demain matin et je ne pourrai pas le faire.
- Sur quel sujet ?
- Plusieurs : l'âme augmentée en premier. J'ignore ce dont-il s'agit exactement mais je dois savoir. Cela et l'âge mémoriel supérieur à ce qu'il devrait. Sur les magies qui permettent de maîtriser des souvenirs, sur les liens d'âmes aussi.
- Ce sont des sujets assez vastes et complexes même si je doute que beaucoup de livres y répondent s'ils existent. Si vous me précisiez ce que vous cherchez exactement, je pourrai trouver beaucoup plus vite. Ces sujets ne sont certainement pas anodins, on ne cherche pas ça pour rien surtout quand on sait tout ce qui vous occupe déjà.
Harry soupira, peu surpris. Premièrement, c'était l'évidence et deuxièmement, les gobelins ne tournaient pas autour du pot. Et puis c'était vrai, s'il voulait une réponse aussi juste que possible et rapide, il fallait plus d'informations que ça. Ce n'était pas comme s'il n'était pas en sécurité avec Avismark mais de plus en plus, il se rendait compte que ce n'était pas vraiment une histoire de confiance pour lui, ou pas en premier lieu. Aujourd'hui, il avait des serments pour l'aider à assurer cette confiance quel que peu artificielle. Artificielle mais immédiate. Non, son vrai problème était d'ouvrir la bouche et d'accepter de parler. Il arrivait de plus en plus avec Arthur, avec Adélème, avec Isaac mais il prenait conscience que ce n'était pas tant la confiance que sa capacité à parler, à s'exposer, à partager… Il réalisait décidément beaucoup de choses dernièrement. Mais il était urgent qu'il obtienne des réponses sur ce sujet, que ce soit éclairci, surtout dans le contexte actuel. Il avait besoin de savoir pour mettre ses idées au clair. Donc, il raconta. Il raconta aussi précisément que possible, factuel et succin. Avismark écouta sans rien laisser paraître, attentif.
- Je comprend, fit-il lorsqu'il eut terminé. S'il y a des réponses dans vos livres, je les trouverai, assura-t-il simplement.
- Merci Avismark, sourit-il.
Le gobelin ne dit rien de plus, ne fit pas la moindre remarque, ne posa pas la moindre question et quel que part, cela fut bien plus simple et apaisant pour lui. Avec Avismark, il pouvait rester dans les faits sans sentiments, sans questions et c'était bien plus facile ainsi, surtout quand il commençait tout juste à apprendre à parler. Le gobelin s'en alla et avec sa promesse de faire ces recherches, il put aller dormir. Le lendemain, il fut debout tôt et un entraînement avec Arthur comme à l'habitude lui fit du bien. Puis il alla manger, se préparer et rapidement, il transplanait pour Poudlard avec l'esprit gardien dans sa bague. Il réapparut devant les grilles. Il trouva sa directrice de maison non loin et il entra, la saluant poliment alors qu'il en faisait de même.
- Avez-vous passé un bon week-end ? demanda-t-elle.
- Oui, répondit-il simplement. Il était inutile que vous veniez m'accueillir, s'amusa-t-il.
- Je voulais m'assurer que vous pourriez arriver tranquillement. Votre absence n'est pas passée inaperçue.
- Je m'en doute mais pour que vous jugiez utile de venir… le directeur ?
- Oui. Attendez vous à ce qu'il vous interroge sur le sujet. Ainsi que les commérages habituels.
- Justement j'ai l'habitude des on dit des autres et je m'en fiche. Cela n'a plus d'importance. Donc le directeur ? Quelqu'un d'autre ? Le professeur Snape peut-être ? Je le vois d'ici dire que je m'octroie des vacances du haut de mon incommensurable arrogance.
- Je ne peux pas parler à sa place, répondit-elle diplomatiquement. Mais je m'y attendrai à votre place. Nous connaissons tous le professeur Snape.
Il y eut un silence entre eux alors qu'ils marchaient vers le château tranquillement, encore largement dans les temps pour arriver à l'heure en cours.
- Je sais, je sais parfaitement à quel point mon père, les Maraudeurs, ont pu lui faire vivre un enfer à l'école mais je n'arrive pas à comprendre, remarqua-t-il. Je veux dire, oui il est partial, dur, intransigeant et tout ce que l'on sait de lui mais franchement. Je lui en veux pour ce qu'il fait mais dans un autre sens, j'ai du mal à comprendre. Il peut être… vraiment pénible, dit-il en restant poli, mais c'est extrême même pour lui. Il ne m'a pas raté dés le premier jour, la première minute alors que je ne savais même pas qui il était au juste et que je n'avais rien fait.
- Le professeur Snape a la rancune tenace, commença-t-elle, et il ne la dirige peut-être pas contre les bonnes personnes.
- Je suis le seul et unique avec qui il fait ça. Il peut être exécrable et franchement si ce n'était que ça je m'en fiche, chacun son caractère mais avec moi c'est personnel sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je sais pour les Maraudeurs mais il y a plus que ça. Je suis le seul sur qui il a reporté une rancune avec laquelle je n'ai rien à voir, pourtant, je suis sûr qu'il y a d'autres cas où il aurait pu le faire. Et, si les Maraudeur lui ont fait vivre un enfer, ils n'étaient probablement pas les seuls.
- Comment le savez vous ?
- C'est logique. Les adolescents sont des… des imbéciles, je ne vois pas comment le dire autrement. Les souffres douleurs ont bien souvent des problèmes avec bien plus de gens. Beaucoup d'élèves pourraient en témoigner.
- Que voulez-vous dire ?
- Poudlard a de sérieux problèmes de harcèlement professeur, soupira-t-il. Quoi qu'il en soit, il y a plus pour qu'il me déteste à ce point. Je ne l'aime pas mais je ne crois pas qu'il soit capable de ça pour cette seule raison. Cela a à voir avec ma mère n'est-ce pas ? questionna-t-il en la surprenant. On me parle toujours de mon père, jamais de ma mère mais le professeur Slughorn l'a fait.
- Votre mère faisait partie de ses élèves préférés, s'attendrit-elle. Cela ne m'étonne pas qu'il vous parle d'elle.
- Il a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi moi et le professeur Snape ne nous entendions pas, parce qu'il était très proche de ma mère. Je ne savais même pas qu'ils s'étaient connus autrement que comme des élèves d'une même année. Et s'il était proche de ma mère et connaissant le caractère de mon père…
- Oui. Je crois que ce qui a motivé James à attaquer Severus au début, c'était votre mère.
- Il était jaloux ?
- Certainement. Vous avez le droit de savoir vu à quel point cela a des répercussion sur vous, soupira-t-elle. Et au rythme où vont les choses vous finirez par le savoir de toute façon. Severus et Lily se connaissaient avant Poudlard, révéla-t-elle en le surprenant. Ils ont grandi dans le même quartier, étaient amis d'enfance et c'est Severus qui a parlé de la magie à votre mère en premier. C'est vrai, ils étaient très proches bien avant d'arriver ici. Puis ils étaient là et ont été répartis respectivement à Serpentard et Gryffondor. Mais ça n'a rien changé entre eux. Ils étaient toujours aussi proches et n'avaient que faire des préjugés et des remarques de leurs maisons respectives. Votre mère le défendait comme on pouvait s'y attendre d'elle, comme une lionne, sourit-elle. Elle a détesté votre père et les Maraudeurs pour ça. Elle les prenait pour des imbéciles stupides et cruels.
- Cela ne m'étonne pas, s'amusa-t-il. J'aime mon père et Sirius mais… ce qu'ils ont fait… je n'aurai pas pu le tolérer, gronda-t-il.
- Je sais, approuva-t-elle.
- Que s'est-il passé ? Je veux dire, j'ai bien compris que mon père avait le béguin pour ma mère et qu'il était jaloux du professeur Snape et qu'il lui a fait vivre un enfer à cause de ça même si ce n'est certainement pas une raison. Ma mère était amie avec le professeur Snape et le défendait. Alors quoi ? Ma mère a fini par sortir quand même avec mon père et le professeur Snape s'est senti trahis ?
- Très grossièrement, c'est cela mais c'est aussi beaucoup plus complexe. Il y avait la guerre et elle entrait dans le château. Les relations entre Serpentard et Gryffondor étaient…
- Désastreuses ? Inutile de vous attarder là dessus je peux largement comprendre.
- La tension est affreusement montée, tout a empiré. Le professeur Snape était dans une position très difficile. Severus et Lily ont eu une très violente dispute. Une dispute qui a tout brisé. Leur amitié s'est arrêtée là et votre mère a choisi votre père.
- Une seule dispute vraiment ? Juste une dispute ou un conflit plus long ?
- De ce que je sais, juste une dispute. La guerre amplifiait tout à cette époque et leur altercation avait un fond s'y rapportant, chaque parole était plus dangereuse prise de manière bien plus forte et personnelle. Je ne donnerai pas les détails mais je comprend pourquoi ce qu'il s'est passé s'est passé. Le professeur Snape est fautif d'une certaine façon. Il a dit ce qu'il n'aurait pas dû dire mais tout le monde craque et il avait des raisons de craquer. Quand ça arrive, on dit des choses qu'on ne pense pas. Je ne crois pas que c'était voulu ou juste sincère ou quoi que ce soit. Il a juste craqué et eu des mots qu'il n'aurait pas dû. Lily ne lui a jamais pardonné. Je pense qu'elle aurait dû. Cela aurait peut-être changé beaucoup de choses, pour lui, pour elle, pour vous.
- Pour moi ? Est-ce que vous pensez ce que n'est pas que par rancune envers mon père mais aussi envers ma mère ?
- Non. Ce que je veux dire c'est que si leur relation ne s'était pas brisée cette fois là et qu'elle avait duré, le professeur Snape serait peut-être votre père, dit-elle en le faisant stopper net.
- Il aimait maman, comprit-il.
- Je le crois sincèrement. Et je pense qu'il s'en est énormément voulu pour cette dispute. Je crois qu'il s'en veut encore, qu'il se rend compte des conséquences que ça a eu.
- Est-ce qu'il l'aime encore ? demanda-t-il en la rejoignant de quelques grandes enjambées.
- Je pense que oui. Et vous voir…
- Lui rappelle ce qu'il a perdu, soupira-t-il.
- Oui. Cela ne rend pas les choses plus justes mais…
- Cela les rend bien plus compréhensibles. Et ça me permet aussi de comprendre pourquoi, malgré son attitude envers moi, il m'a protégé.
- Que voulez-vous dire ?
- Il m'a protégé et sauvé la vie plus d'une fois depuis que je suis à Poudlard, aidé aussi. Discrètement. Je ne comprenais pas pourquoi mais s'il aime toujours maman…
- C'est possible.
- Merci professeur. Je comprend mieux maintenant et je ne lui dirai pas que vous m'avez renseigné.
- Il me tuerait sûrement, s'amusa-t-elle. Comptez vous faire quelque chose ?
- Peut-être je ne sais pas. J'aimerai que ça s'arrête, ces attaques incessantes. Il y a déjà trop de conflits en ce moment. Ce ne sera jamais le grand amour mais si on pouvait juste être neutres et s'ignorer ça m'irait.
- Je comprend.
- Et puis, si je déteste une partie de lui pour son comportement avec moi, une autre l'admire, dit-il confus de ses propres sentiments. Parce qu'il est le seul que je vois vraiment faire quelque chose contre Voldemort sans reculer, sans se cacher. Et ce qu'il fait… il faut un tel courage pour faire ce qu'il fait. Il est plus en danger que n'importe qui dans cette histoire. Il m'a protégé et aidé plusieurs fois et c'est un grand sorcier intelligent. S'il n'y avait pas eu ce conflit j'aurai pu le prendre pour modèle, admit-il. Je ne suis pas stupide au point de ne pas le reconnaître.
- Vous êtes sage, sourit-elle.
- J'imagine qu'il doit ressentir quelque chose de ressemblant en me regardant, une part révoltée et une part plus positive.
- C'est bien possible.
- Rien n'est jamais facile avec lui, soupira-t-il.
- Severus est une personne complexe, avec une vie complexe, une vision complexe… J'ai beau le connaître depuis qu'il a onze ans, j'ai toujours énormément de mal à le comprendre. Je sais que votre relation avec lui est terrible et je le regrette. Vous auriez fait une fine équipe sans cela.
- J'aurai préféré. Peut-être que nous en parlerons un jour si l'occasion se présente.
- J'espère que vous pourrez faire la paix un jour.
Il approuva, comprenant un peu mieux ce qu'il pouvait se passer avec Snape même si jamais il ne pourrait accepter le comportement qu'il avait eu à son égard. Mais ça prouvait qu'il souffrait et qu'il exorcisait cette souffrance à sa manière. Lui aussi avait pu s'emporter et être méchant parce qu'il souffrait même si cela n'avait jamais été ainsi. Il voulait comprendre, parce que malgré tout, Snape l'avait protégé et aidé plus d'une fois et faisait plus que n'importe qui dans la guerre. Et quand il y pensait, lui ne lui avait jamais mis la pression pour qu'il soit le Survivant et aille se battre. Il s'amusait même à dire que le contraire serait mieux. De manière insultante certes mais il le disait et c'était un peu exceptionnel. Si seulement les choses pouvaient êtres plus simple avec lui. Il avait déjà assez de problème à gérer.
Il arriva en cours à l'heure et il se concentra sur la potion qu'il fallait faire ce jour là. Sans surprise au déjeuner, il vit le regard de Dumbledore tomber sur lui aussi sûrement que Hermione avait tenté de l'interroger toute la matinée en potion. Un interrogatoire qu'il dut subir de Ginny et Ron également et plus généralement d'un peu tout le monde alors que son absence du week-end semblait avoir fait parler de lui. Il y avait eu de folles rumeurs même qu'il s'était fait capturé par Voldemort. Il resta maîtrisé et illisible, disant simplement que ça ne regardait personne et qu'il s'agissait d'une affaire personnelle sans importance. Il ignora soigneusement tout les colportages à ce sujet, faisant comme s'il n'y avait rien et que la chose était normale, comme une simple sortie de n'importe quel élève. Il mena sa journée de cours comme à l'habitude même si celui de défense en fin de journée fut une occasion de penser plus encore à la discussion du matin avec McGonagall et à Snape. Comme toujours depuis la rentrée, il resta impassible face à lui, ne répondant à aucune pique.
Lorsqu'il sortit de cours, il fit mine de rejoindre le bureau de sa directrice de maison comme cela était devenu habituel. Il allait toujours travailler là bas mais cette fois, il s'attendait à autre chose, d'autant plus lorsque Hermione et Ron le laissèrent sans qu'il ne demande rien, chose inédite depuis la rentrée. Voulant être sûr, il attrapa sa carte du maraudeur pour confirmer et il s'avéra qu'il avait raison. Il sentit la bague d'Arthur se resserrer autour de son doigt et il comprit qu'il avait vu aussi et qu'il était là. Déterminé, il se redressa un peu plus et veilla à son image avant d'appuyer sur la poignée du bureau et d'entrer, magistral, seigneurial, droit et fier. Il ignora totalement le directeur qui se tenait dans la pièce et qui, de toute évidence, fouillait l'air de rien. Mais il ne laissait pas quoi que ce soit ici, il n'était pas stupide. Il fit comme si de rien n'était parce qu'il savait que Dumbledore détestait être ignoré, ne pas avoir d'importance, ne pas être pris en compte… Le désir d'attention était assez facilement identifiable dans son aura et il n'était pas surpris. Il pénétra dans la pièce, refermant derrière lui, posant son sac sur le bureau et commençant à en sortir ses affaires, veillant à ne montrer que ses livres de cours ordinaires.
- Bonjour Harry, commença l'homme d'un ton sec après un temps d'arrêt.
- Directeur, rendit-il froidement. Veuillez m'excuser mais j'ai des devoirs, dit-il dans une invitation claire à s'en aller.
- Où étais-tu ce week-end ?
- Cela ne vous regarde pas.
- Tout au contraire. Tu ne peux pas quitter l'école quand ça te chante.
- Si, c'est dans le règlement et j'ai suivis la procédure demandée.
- Tom te…
- Me cherche ? Je le sais monsieur. Mais ça ne m'empêchera pas de vivre comme je l'aurais décidé, de sortir quand le l'aurais décidé, et de faire ce que j'aurais décidé. Et très sincèrement, ce week-end, s'il avait dû prévoir une attaque pour me prendre en sachant que seul le professeur McGonagall était au courant de ma sortie, croyez vous qu'il serait venu ici ou ailleurs ?
- Il aurait pu attaquer en sachant que tu étais sorti.
- Sans savoir où j'allais ? Personne ne le savait, personne monsieur alors il aurait pu chercher longtemps. Je ne suis ni stupide ni inconséquent. Maintenant, cela ne vous regarde pas, les règles ont été respecté et j'ai toujours du travail.
- Remus aimerait te voir Harry.
- Et bien pas moi. Et s'il voulait me voir, qu'il commence par s'adresser à moi directement et non en passant par vous.
- Tu travailles beaucoup cette année, remarqua-t-il ensuite en tentant encore d'engager une conversation.
- Veuillez sortir monsieur. Comme je l'ai dit plus que clairement, je ne souhaite pas avoir d'autre contact avec vous que celui de directeur à élève. Ce qui veut dire que cela ne devrait concerner que mes cours, l'école, uniquement s'il y a une raison valable et avant toute chose, passer par le professeur McGonagall.
- Tu ne devrais pas avoir le privilège de ce bureau. C'est injuste envers les autres élèves.
- Injuste ? Et depuis quand êtes vous juste monsieur ? Si vous voulez me retirer ce bureau faîte le ou alors partez. C'est la dernière fois que je le demande.
L'homme ouvrit la bouche pour parler encore et il fut évident qu'il n'avait pas l'intention de partir. Aussi, d'un coup de baguette, Harry rangea ses affaires, l'ignorant, puis il alla toquer à la porte de la salle de classe. Elle s'ouvrit bien vite et il entra, trouvant sa directrice de maison assise à son bureau dans la pièce vide d'élève.
- Veuillez m'excuser professeur.
- Je vous en prie monsieur Potter entrez, répondit-elle.
- Puis-je m'installer ici pour travailler jusqu'au dîné ? Il semble que le bureau soit un privilège outrancier, dit-il alors qu'il avançait vers elle.
Elle comprit sur le champs de quoi il parlait lorsque le directeur apparut dans l'encadrement de la porte. D'un geste de sa baguette, elle ferma la porte de sa salle de classe, leur assurant l'intimité.
- En quoi est-ce un privilège ? demanda-t-elle en se levant pour se poster près de son lion. Si un autre de mes élèves s'avérait aussi entravé dans ses études et venait me demander un endroit calme où travailler, j'aurais fait la même chose. Serdaigle dispose de salle d'étude privative pour leur confort mais ce n'est pas le cas de Gryffondor. J'ai pu constater moi même à quel point il était impossible pour monsieur Potter de trouver un endroit où travailler en paix. Ce n'est donc pas un privilège mais un droit, nous sommes dans une école et il doit pouvoir travailler comme il le souhaite. D'autant plus qu'aucun élève ne s'est plaint de cette disposition.
- Mademoiselle Granger aimerait bénéficier de ce genre de chose et peut-être que d'autres élèves aussi Minerva.
- Dans ce cas qu'ils commencent par venir m'en parler comme monsieur Potter l'a fait, s'ils viennent vous voir dîtes leur que je suis disposé à les entendre. Je ne puis deviner ce qu'ils souhaitent s'ils ne le demandent pas, je ne lis pas dans les pensées, dit-elle en une accusation claire qui amusa Harry. Mais je doute que cela soit nécessaire étant donné que contrairement à monsieur Potter, je n'ai pas constaté le moindre problème de ce genre pour d'autres élèves. Faire cela sans nécessité serait cette fois un privilège.
- Harry, j'ai à te parler sérieusement, tenta-t-il alors.
- Dans ce cas vous auriez peut-être dû commencer par là au lieu de tourner autour du pot. Et j'apprécierai que vous cessiez d'utiliser mon prénom. Je pense avoir été clair sur notre relation. De quoi souhaitez vous parler exactement ? En espérant qu'il s'agit d'un véritable sujet utile et surtout approprié.
- C'est privé.
- Dans ce cas c'est inapproprié je l'ai déjà dit.
- J'aimerai t'expliquer ce qu'il en est réellement.
- Je vous écoute mais je vous en prie allez droit au but sans tergiversation.
- En privé, insista-t-il avec un regard pour la dame.
- Non, à moins que cela ne vous pose un problème professeur ?
- Aucunement, répondit-elle en se tenant toujours près de lui.
- Parlez ou partez, exigea-t-il alors. J'ai à faire.
- Au sujet de ton titre…
- Celui que vous m'avez sciemment caché depuis ma naissance ou celui que vous m'avez caché depuis la mort de Sirius ? demanda-t-il moqueusement.
- Ne soit pas impertinent, réprimanda-t-il.
- Impertinent ? releva-t-il bien plus froidement. Ce n'est pas de l'impertinence monsieur. Je cherche juste à préciser de quel mensonge vous parlez histoire d'être certain puisque la liste est atrocement longue.
- Si je ne t'ai pas parlé de ton titre, c'était pour ne pas t'accabler de responsabilités avant l'heure. Mais il y avait aussi d'autres raisons. Tes parents, ton père, ne voulait pas que tu t'orientes sur cette voie parce qu'il savait à quel point c'était une voie sans issue. Ces titres ne servent à rien et sont vides de sens aujourd'hui. Ils ne t'aideront pas mais ils pourraient te causer énormément de problèmes aussi. Ces titres, les lords, ont fait beaucoup de mal à ce pays et le peuple s'en souvient, souhaite qu'ils disparaissent. Ces titres sont en voie de disparition et ce n'est pas une bonne chose pour toi. Ce sont des lords qui soutiennent Voldemort, qui le financent, qui lui permettent nombres de choses dangereuses et c'est grâce à eux qu'il est au Ministère aujourd'hui. Revendiquer ton titre va t'apporter, t'apporte déjà beaucoup d'hostilité et te met en danger. Je voulais t'éviter tout cela d'autant plus que cela pourrait se retourner contre toi très durement même si tu n'as rien fait de mal. Et ce n'est pas toi Harry.
- Encore une fois : n'utilisez pas mon prénom, dit-il platement en contenant sa colère. Ensuite, je ne suis pas mes parents, je ne suis pas leurs idées ni leurs convictions. Vous ne savez pas qui je suis. Peu importe ce qui est en jeu, ce n'était pas à vous de décider si je devais savoir ou pas. Si vous aviez été honnête, vous me l'auriez dit, vous m'auriez expliqué et vous m'auriez laisser prendre cette décision que je suis seul à pouvoir prendre.
- Je comptais t'en parler lorsqu'il serait temps.
- Et quand cela serait d'après vous ?
- Lorsque la guerre aurait été terminée et…
- Le guerre ne régente pas ma vie, coupa-t-il la voix tranchante. Et encore une fois, ce n'était pas à vous de décider. Vous auriez dû me parler, m'éduquer de manière impartiale et me laisser choisir.
- J'ai commis une erreur Harry et je m'en excuse, tenta-t-il doucement. Je ne voulais que ton bien. Te protéger.
Autrefois, le jeune homme l'aurait peut-être cru, se serait peut-être laissé attendrir, mais plus aujourd'hui, au contraire, d'autant plus quand sa vision d'aura était saturée de mensonge éhonté.
- Cela ne change rien. C'est une erreur, dit-il avec dédain pour ce mot, que vous n'auriez pas dû commettre. Et pour le reste ? demanda-t-il.
- Le reste ?
- Oui le reste, approuva-t-il.
- Je ne voie pas de quoi tu parles.
- Vous ne voyez pas ? Alors je vais vous éclairer. Pourquoi ne jamais être venu me voir chez les Dursley et ne pas m'avoir parlé de la magie ?
- Tu méritais de vivre dans un monde plus simple où il n'y avait pas de Voldemort et tout ce qui pouvait aller avec.
- Donc encore une fois, la guerre était une raison pour vous de me priver de ma nature même.
- C'était pour ta paix et de toute façon tu ne pouvais pas apprendre la magie avant d'arriver ici.
- Il n'y a pas que la magie dont vous m'avez privé en faisant ceci. Mais continuons. Pourquoi ne jamais m'avoir dit que vous étiez mon tuteur magique ?
- Tu avais déjà ta famille avec les Dursley et j'étais un inconnu. J'ai pensé que cela aurait été déstabilisant pour toi. Cela aurait prit fin à ta majorité sans que ça n'ait d'incidence. Ce n'est qu'un rôle purement juridique que j'ai accepté pour ne pas que d'autres sorciers de pouvoir puissent réclamer de droit de tutelle sur toi et se servir de toi.
- Aucune incidence ? releva-t-il. Vous trouvez qu'il n'y a eu aucune incidence ? Passons. Pourquoi ne pas m'avoir dit pour le testament de Sirius ? Ne pas m'avoir laissé le choix d'aller ou non à sa lecture ?
- Tu étais en deuil et je savais à quel point tu étais triste. Je ne voulais pas t'accabler avec des procédures incompréhensibles et fastidieuses. Et je ne voulais pas te mettre en danger en t'amenant sur le Chemin de Traverse dans cette situation.
- Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ensuite ? Parlé du contenu de ce testament ?
- Ce n'était rien d'important et je ne voulais pas t'accabler en reparlant encore de la mort de Sirius.
- Rien d'important ? C'est l'héritage de la dernière famille que j'ai eu et que je n'ai eu que trop brièvement. Bien sûr que c'était important. Pourquoi ne jamais m'avoir parlé de la Prophétie ?
- J'ignorai qu'elle existait, répondit-il. J'ignorai qu'elle existait avant cette affaire au Ministère.
Ce fut avec un certain mal que Harry resta impassible et maîtrisé en voyant le mensonge dans son aura, aussi clairement que le soleil de midi dans un ciel d'été sans nuage. Il s'était demandé si Dumbledore connaissait la Prophétie avant cette histoire. Il avait sa réponse et elle avait mené sa patience, déjà malmenée, à ses limites.
- Avez-vous quoi que ce soit à ajouter ? demanda-t-il à Dumbledore.
- Non. J'aimerai que nous fassions la paix Harry. J'ai commis quelques erreurs qui ne se reproduiront plus et je m'en excuse sincèrement, fit-il l'air accablé.
Il y eut un moment de silence, le jeune lord parfaitement conscient de sa grossière tentative de manipulation et de ses mensonges plus gros que le château.
- Nous ne ferons pas la paix, trancha-t-il froidement. Tout au plus, je consentirai à vous ignorer si vous me laissez tranquille. Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous, dit-il en détachant chaque mot. Plus rien vous entendez ? Vous excuses et vos explications ne trouvent aucun écho à mes oreilles. Si vous tenez vraiment à moi comme vous le dîtes, sortez de ma vie, je l'exige. Je vous ai accordé une discussion, vous avez pu vous expliquer, maintenant, vous allez reprendre votre place de directeur et faire comme s'il n'en n'avait jamais été autrement entre nous.
Il se détourna ensuite, regagna le petit bureau de sa directrice de maison, s'y enferma et boucla les portes. Il y aurait beaucoup d'autres questions à poser mais il ne voulait pas trop parler parce qu'il avait bien l'intention de prendre sa revanche et qu'il ne voulait pas que Dumbledore le suspecte et s'y prépare. Il ne parlerait que de ce qu'il savait que Dumbledore savait qu'il savait. Rien de plus. Il ne voulait pas parler de ce qui n'avait pas été évoqué ou qui n'était pas évident, comme les vols dans ses coffres. Ainsi, il pouvait voir jusqu'où Dumbledore allait lui mentir et lui cacher des choses, tenter de le manipuler et le directeur continuerait à être dans le flou de ce qu'il pouvait savoir, ressentir, avoir comme argument. C'était mieux comme ça pour l'instant. Un jour, tout éclaterait mais cela éclaterait lorsqu'il serait prêt et qu'il serait temps pour une revanche bien sentie. Jusque là, il resterait maîtrisé et il attendrait patiemment.
Le directeur avait tenté de faire passer de fausses excuses, de faire comme s'il regrettait une simple erreur de jugement, comme s'il avait voulu le protéger et lui épargner des problèmes. Seulement, sa tromperie avait été si évidente, ses faux semblants si grotesques qu'il n'aurait même pas eu besoin de sa vision d'aura pour le voir. Mais il l'avait aussi vu avec son don alors il ne pouvait qu'être encore plus sûr de lui. Il était en colère parce que Dumbledore avait encore tenté de le manipuler, de jouer avec ses sentiments, de l'apitoyer et de le tromper. N'arrêterait-il donc jamais ? Il semblait que non. Et il y avait cette manie de tout justifier par la guerre et Voldemort. Cela ne lui faisait que plus penser que le vieil homme ne l'avait jamais vu autrement que comme un outils pour cela, construit et formaté par cela, destiné à cela et n'existant que par cela. Seulement, ce n'était plus le cas maintenant et cela resterait ainsi.
Il prit une grande inspiration une fois seul, se calmant, ravalant sa colère pour plus tard. Ne disait-on pas que la vengeance était un plat qui se mangeait froid ? Et vu ce qui était déjà découvert, il craignait qu'il y ait plus et il voulait tout savoir avant de se lancer à l'attaque. Il sortit sa baguette et fit la seule chose censé après le passage de Dumbledore : chercher des pièges et des surveillances dans le bureau. Sans surprise, il en trouva quelques uns qu'il brisa facilement. Après tout, les surveillances et les pièges étaient aussi dangereux pour lui que le reste alors Bastide et Arthur avaient pris soin de lui apprendre à les trouver et à les briser. Il ne connaissait que quelques sorts pour ça mais on lui avait enseigné les plus puissant, précis et efficaces pour qu'il arrive au but. Il les lançait régulièrement ici pour être sûr mais c'était la première fois qu'il en trouvait. Il se fit une note d'être extrêmement vigilent là dessus dans les jours à venir et si Dumbledore persistait, il lui faudrait trouver un autre endroit, une autre façon d'étudier tranquillement.
