PDV ANASTASIA :

En ouvrant les yeux ce matin, j'ose à peine croire que je touche les draps de ce lit qui se trouve dans le dortoir de cette école magique... Rouge, blanc. Le bois du lit à baldaquin voilé de rideaux épais scintille sous les rayons du soleil qui passe à travers les vitres. J'entends le ronflement d'une jeune fille brune aux cheveux courts. Une masse de cheveux rouge dort dans le lit à côté de moi, je ne peux discerner le visage de la fille tant ses cheveux sont épais et longs et surtout : tant il sons éparpillés devant sa tête. Une autre fille dort encore à l'extrémité de nous, près de la porte de la salle de bain. Elle est blonde et a les yeux verts.

Je me lève enfin du lit. Je m'assois. Je contemple la chambre afin d'imprimer cette image dans mes souvenirs. Je me lève en frissonnant un peu. En passant devant la fenêtre, je ne peux que m'arrêter quelques instants pour contempler l'immense lac noir qui semble abriter des réserves sans fin d'or tandis que le soleil commence sa longue et lente course hebdomadaire. Finalement je rejoint enfin la salle de bain. Je laisse couler l'eau chaude sur moi dans la baignoire. Je me lave les cheveux avec un shampoing que je suis sûre de n'avoir jamais utilisé mais qui a envoyé tellement bon... ! Je manque de me mettre des claques pour me réveiller mais je n'y arrive pas... Si ce n'est qu'un rêve, autant le laisser durer un maximum !

En arrivant devant les grandes portes de la grande salle, je me fonde dans la foule et marche du mieux que je peux pour rejoindre la table des Gryffondor. Je m'y assois enfin et je me retrouve face à Remus Lupin qui déjeune tranquillement et en essaie de se faire tout petit. Je me racle la gorge et il lève la tête vers moi, surprise. Je lui lance un grand sourire chaleureux tout en lui disant bonjour. Il me rend mon salut avec un petit sourire et sans que je sache commenter, j'arrive à l'entraîner dans une grande conversation avec moi. Si longue et passionnée sur la littérature que je ne remarque plus rien d'autre.

-Donc, tu aimes bien Tolkien ?

-Oui j'adore ! Mais j'ai une préférence pour le Hobbit plutôt que pour le Seigneur des anneaux. J'adore Smaug. Et puis je trouve que les histoires fantastiques sont les meilleures !

-Dans un sens c'est pas du fantastique. Ça existe.

-Oui mais tu m'a compris. Cet univers est tellement nouveau pour moi...

-Je pensais que tu avais déjà eu une première année dans le monde de la magie !

-Oui... *Je me retient de me donner un gifle et tente de rattraper ma bourde intersidérale* Mais je viens d'un monde assez différent alors j'ai encore du mal à m'adapter.

-Tu es une née-moldue ?

Je me retourne vivement, surprise de ne pas les avoir entendu arriver. Je regarde les trois garçons. C'est Peter Pettigrew qui vient de me poser la question et j'ai une envie folle de transformer son nez en une fontaine de sang. Mais je me contente de resserrer ma main sur le tissu de ma jupe d'uniforme. Je m'efforce d'acquiescer et de retourner à mon assiette encore vide. J'étais tellement absorbée que je n'ai pas pensé à me servir à manger... Wouah ! C'est bizarre venant de moi.

Les trois autres garçons s'installent avec nous et je me retrouve à être côte à côte avec mon personnage préféré de cet univers : Sirius Black. Le voir aussi jeune et aussi différent de ce que j'ai pu voir dans le dernier film où il est apparu me perturbe. Tout d'abord, ses cheveux sont lisses et longs, un peu ébouriffés mais ce n'est rien comparé aux cheveux de James Potter. Sa peau est blanche et je suis sûre qu'elle doit être d'une douceur incomparable. Ses yeux sont bleus comme le ciel et ses cheveux sont d'un noir si profond que j'ai l'impression que je vais m'y perdre à force d'essayer de distinguer les contours de ses mèches de cheveux. Il est plus grand que moi alors qu'il n'est âgé que de douze ans !

-Tu aimes les cheveux noirs ?

Je sursaute, prise en flagrant délit. Ils me regardent tous les quatre en souriant légèrement et je suis persuadé que je suis déjà au stade : rouge pivoine. C'est alors que j'entends un éclat de voix provenant de la table qui se trouve juste derrière nous et qui se trouve être celle de Pouffsoufle. Je tourne la tête et ce que je vois est à deux doigts de me faire m'étouffer tant j'ai envie de rire ! Émilie tient dans ses mains une assiette vide et elle s'y accroche comme on se cramponne à un bras. Devant elle, il y a cette fille qui, à mon avis, n'a pas fait que lui dire bonjour sinon Émilie n'aurait pas réagit comme ça. La fille tente de parler. Émilie lui assène un autre grand coup sur la tête. La fille tombe, assommée. Émilie ne sait plus quoi faire et moi, je suis définitivement en train de m'étouffer.

La journée fut très longue. Tout d'abord, nous n'avons pas toujours été toutes les quatre réunies. Ensuite, c'était difficile de se repérer dans le château. Enfin, c'est très difficile d'être sociable quand votre monde à ce niveau là se limite à trois personnes qui sont quand même un peu louches. J'avoue être particulièrement surpris par mes capacités en magie, de plus les professeurs ont eu l'air d'être satisfaits.

On a cours d'herbologie ou botanique je ne sais plus ce qui se dit en français et en québécois, avec Serpentard. C'est notre dernier cours de la journée. Je me mets immédiatement en binôme avec Leila, mais je ne comprends pas un traître mot de ce que dit la prof. Vous savez les plantes et moi... Tout le monde travaille du mieux qu'il peut mais nous... Nous sommes tellement perdus que nous n'essayons même pas. Je remarque cependant que Leila n'a pas l'air dans son assiette. J'essaie de lui parler ou de faire rire mais en vain. Alors, je finis par lui chuchoter :

-Ça va ?

-Mouais...

-Qu'est-ce qui t'arrive ? D'habitude t'es pas d'aussi bonne humeur !

-Hahaha ! Morte de rire.

-Dis moi ce que tu as... S'il te plaît. Je veux t'aider.

-Tu ne peux pas.

-Si c'est parce qu'on est pas dans la même maison...

-Ce n'est pas ça. Je comprends pas vraiment cet univers, c'est ton terrain pas le mien !

-Qu'est ce que tu veux dire ? T'as adoré les films...

-Bah... T'a l'air d'un poisson dans l'eau. Et honnêtement, ça m'amuse pas trop d'être là, j'aurais préféré être dans un manga plutôt qu'ici si j'avais eu à choisir... C'est plus mon rayon.

C'est vrai que maintenant que j'y pense, j'ai un peu l'impression d'être la seule qui sois heureuse d'être là...

Le cours se poursuit dans le silence. Nous sortons ensuite de la salle quand l'horloge annonce la fin du cours et nous nous séparons, toujours sans rien nous dire.

Le soir, dans la grande salle, je rejoins mes amies à la table de Serdaigle. Elles ne disent rien. Je m'asseois en silence et nous manœuvrons à manger. Leila finit par me dire avec un demi-sourire aux lèvres :

-Je ne voudrais pas jouer les troubles fêtes mais il y a un beau gosse aux cheveux longs et noirs qui est à Gryffondor et qui te regarde Anya.

Je tourne la tête et croise le regard de Sirius Black. Il me fait un clin d'œil en souriant et je tourne vivement la tête, gênée. Leila rigole et je dis d'une voix plaintive :

-Oh non... Il n'a pas oublié.

-Quoi ?

-Que j'étais hypnotisée par ses cheveux ce matin.

Elles rient et moi, j'ai envie de m'enfoncer sous terre pour ne plus jamais reculer. Puis à la fin du repas nous retournons toutes dans nos dortoirs avec nos camarades de maison. Une fois que nous avons rejoint la chambre, l'une de mes camarades, Mary, me dit sous le regard choqué des deux autres :

-Comment tu fais pour être amie avec un Pouffsoufle ? Ils ne servent strictement à rien ! Leurs soit disant qualités sont les plus inutiles entre toutes celles qui existent.

-C'est sûr que c'est pas facile pour quelqu'un qui est prétentieux comme un poux, de comprendre que l'humilité et la bonté sont les qualités les plus essentielles au monde.

C'est sur ces mots que je la plante là et que je me couche en prenant bien soin de tirer les rideaux qui entourent mon lit. Je regarde le plafond et ne peux m'empêcher de repenser aux paroles de Leila. C'est à moi de leur montrer pourquoi j'aime cet univers et avec un peu de chance elles iront mieux.

Car Leila n'est pas la seule à penser ça !

Mais il reste encore une question à élucider ! Est-ce un rêve ou bien nous avons passé une porte magique qui fait voyager dans d'autres mondes ? Cette pensée me donne envie de rire mais c'est comme si un courant d'eau glacée m'en avait empêché. Devant mes yeux, passe l'image étrange d'un jardin et d'un géant de pierre. Sur l'herbe se trouve un corbeau blanc. C'est fugue. Rapide. Ça s'éloigne. Et je sombre presque immédiatement dans le sommeil. Les doux bras de Morphée m'accueillent en leur sein et me bercent doucement. Une mélodie dont j'ignorais encore l'existence traverse mon esprit. Je sens une douce chaleur qui enserre ma poitrine et je ne sais pas pourquoi mais j'ai le sentiment que cela vient de mon collier.

En me réveillant le lendemain matin, j'en suis certain : ce n'est pas un rêve !