Hello!
C'est moi qui ai proposé le thème "Diamant" pour cette 148ème Nuit du FoF, inspirée par mon visionnage de la saison 2 de Bridgerton. Donc un UA s'est imposé à moi. Au début je voulais faire un simple OS qui se serait ajouté à "Quelques nuits à Westeros", mais finalement je crois que ça va être plusieurs OS qui se suivront pour faire une histoire à peu près cohérente.
Il n'y a pas de Twincest ici (mais les gens répandent des rumeurs), et j'ai réduit l'écart d'âge du canon entre Jaime et Brienne (10 ans au lieu de 14).
Bonne lecture!
« Lady Brienne de Tarth, fille de Lord Selwyn Tarth ! »
A peine Brienne avait-elle posé le pied dans la salle du trône que des murmures s'élevèrent autour d'elle. Elle s'y était attendue, n'ayant jamais provoqué autre chose que de la stupéfaction lorsqu'elle entrait dans une pièce. Elle venait de fêter ses dix-sept ans, et pourtant elle dominait la majeure partie des assemblées auxquelles elle était conviée. Sa haute taille attirait l'attention, mais elle savait que son visage ne provoquait que du dégoût chez les gens qui ne la connaissaient pas. Et cette fois-ci ne ferait pas exception.
Elle était l'une des dernières à entrer pour être présentée à la reine Cersei, comme toutes les jeunes filles de bonne famille à marier. Contrairement à d'autres comme Margaery Tyrell ou Sansa Stark, elle savait qu'elle n'attirerait pas les meilleurs partis. Elle n'attirerait que les moqueries de jeunes gens qui n'avaient rien d'autre à faire.
Brienne inspira profondément et décrispa ses poings avant de s'avancer au milieu des chuchotements effarés ou étonnés. Elle fixa son regard sur le fond de la salle, sur le trône et celle qui s'y tenait, et posa un pied devant l'autre, l'esprit rempli de toutes les réprimandes de Septa Roelle sur son maintien et sa foulée. Il y eut un rire dans l'assemblée, suivi d'un autre, vite réprimés. Chaque regard, chaque sourire moqueur, chaque murmure était un poignard dans le cœur de Brienne. On ne s'habituait pas au mépris et aux moqueries. On ne pouvait que les supporter, et ce fut ce qu'elle fit en serrant les dents et en étirant les lèvres pour tenter de sourire.
La reine, Cersei Baratheon, était assise sur son trône, exsudant la beauté et la richesse dans son habillement comme dans sa posture et son apparence. Elle était superbe, ses cheveux blonds dorés coiffés à la dernière mode, de splendides bijoux ornaient ses oreilles et son cou, et ses lèvres rouges se retroussaient en un sourire parfait. Mais quelque chose en elle mettait Brienne mal à l'aise. Ses yeux verts fixés sur elle étaient froids, ne portant rien de la chaleur de son sourire, et le cœur de la jeune fille se figea. La reine la jugeait et Brienne savait déjà qu'elle ne serait pas considérée comme la beauté de la saison. Elle n'était de toute manière jamais vue comme une beauté, sauf lorsque c'était pour se moquer d'elle.
Brienne arriva au pied de l'estrade où se tenait la reine et se pencha en une révérence. Elle savait qu'elle n'était pas élégante, qu'elle n'était pas belle, qu'elle n'inspirait guère le respect, mais elle faisait toujours son possible pour montrer son respect aux autres. La reine en faisait partie.
— Eh bien, je ne m'attendais pas à vous voir en chair et en os, Lady Brienne ! S'exclama la reine. J'avais entendu parler de vous, mais je dois dire que vous surpassez tout ce qu'on m'a raconté !
Le ton léger de la reine était chargé de sarcasme, et Brienne ferma les yeux en sentant ses joues chauffer sous la gêne et la colère. Elle tenta de maîtriser sa respiration avant de se redresser et de fixer la reine.
— Je suis honorée que vous ayez entendu parler de moi, votre Grâce. Je ne viens pourtant que d'une petite île sans importance.
— Une petite île dont vous êtes l'héritière, Lady Brienne ! D'ailleurs, votre père n'est pas avec vous ? Ajouta la reine avec un sourire entendu.
Le cœur de Brienne s'emballa. L'état de santé de son père n'était un mystère pour personne, et sa Grâce était en train de la provoquer. Elle se força à garder les mains à plat sur sa robe au lieu de serrer les poings comme elle l'aurait voulu. Comment des paroles si empoisonnées pouvaient sortir de la bouche d'une si belle femme? Pourquoi une femme qui avait tout se gaussait-elle d'une jeune fille comme Brienne ? Cersei Lannister avait eu la chance d'être remarquée par la reine-mère dix ans auparavant et désignée comme le diamant de la saison. Elle avait épousé le roi Robert l'année suivante, et se tenait désormais à la place de sa belle-mère pour désigner les plus beaux partis de la saison. Avait-elle une seule raison de rappeler à Brienne son infortune ?
— Votre Grâce… commença-t-elle.
— Ma chère sœur, ce n'est pas très charitable de parler aussi légèrement de sujets sensibles.
Jaime Lannister, frère jumeau de la reine et officier haut-gradé de l'armée de Westeros alors qu'il n'avait pas encore vingt-huit ans, venait de l'interrompre. Il s'approcha du trône et adressa un sourire aimable à Brienne. Le souffle manqua soudain à la jeune fille.
Elle avait entendu parler de Jaime Lannister, comme tout le monde. Elle connaissait ses exploits durant la dernière guerre, comment il avait mis fin au conflit en s'infiltrant dans le palais de l'ennemi pour tuer le roi Aerys Targaryen, ce qui avait permis d'entamer les discussions avec son fils Rhaegar, qui avait accepté les conditions de paix. Certains disaient qu'il avait évité des dizaines de milliers de morts inutiles grâce à ses actions, tandis que d'autres prétendaient qu'il avait tué un vieillard sans défense. Depuis il avait hérité du surnom de Régicide. Brienne connaissait tout cela, et avait aussi entendu les rumeurs qui circulaient sur son lien avec sa sœur.
Mais pour le moment, tout ce qu'elle voyait c'était un homme à la chevelure aussi dorée que celle de la reine, qui la regardait avec une lueur amusée dans ses yeux émeraude, et un sourire en coin. Un bel homme qui venait de lui couper la respiration à la fois par son apparence et par ses mots. Il avait pris sa défense. Depuis Renly deux ans plus tôt, personne en dehors de son cercle familial n'avait jamais parlé pour elle. Elle fixa Ser Jaime en tentant de ne pas sembler trop surprise, avant de reporter son attention sur la reine et son air contrarié.
Elle était restée trop longtemps en sa présence, et il y avait d'autres jeunes filles qui attendaient de pouvoir lui être présentées. Après une autre révérence lorsque sa Grâce la congédia d'un geste, Brienne baissa le regard, et prenant garde de ne pas se prendre les pieds dans sa robe, s'éclipsa par la porte latérale où s'étaient rassemblées celles qui l'avaient précédée. Le cœur battant la chamade, elle se réfugia dans un coin pour tenter de faire le point sur ce qui venait de se passer dans la salle du trône.
Elle ne serait certainement pas désignée comme le diamant de la saison, et ferait sans aucun doute l'objet des moqueries de bien des hommes qui seraient présents au bal qui suivait la présentation des débutantes. Elle l'avait déjà vécu à la Vesprée, mais la piqûre était toujours présente. Aussi belle que fût la reine, Brienne décelait en elle quelque chose qui l'effrayait. Elle faisait la pluie et le beau temps à la Cour, et si elle décidait de l'abaisser, nombreux seraient ceux qui suivraient son exemple.
Mais le regard de Ser Jaime… Il avait semblé être amusé, mais pas dédaigneux. Il avait pris sa défense sans hésiter, et la reine n'avait rien dit. Il y avait un lien fort entre eux, et le cœur de Brienne se serra en pensant qu'elle n'aurait jamais la chance d'avoir son frère à ses côtés. Il avait perdu la vie durant la guerre alors qu'elle n'avait qu'une dizaine d'années. Il ne pourrait jamais la soutenir, jamais la conseiller, jamais la défendre. Il avait été son meilleur exemple dans sa vie, et les récits de leur père l'avaient fait vivre quelques années de plus. Mais la santé de Selwyn Tarth déclinait, et bientôt elle n'aurait plus personne de confiance à ses côtés.
Brienne se mordit la lèvre pour retenir ses larmes. Cela ne servirait à rien de se lamenter aujourd'hui, malgré l'absence de Père.
La reine désigna Margaery Tyrell comme le diamant de la saison, et lors du bal, elle fut sollicitée de tous côtés pour des danses et des invitations.
De son côté, Brienne resta en retrait, évitant au maximum la reine, qui avait commencé le bal en dansant avec son frère. La jeune fille put admettre, depuis son coin de la salle brillamment éclairée et magnifiquement décorée, qu'ils étaient la copie presque identique de l'autre et s'accordaient à merveille sur la piste de danse. Le roi avait gratifié l'assemblée de sa présence, mais restait près des rafraîchissements et buvait en riant à gorge déployée avec des nobles du royaume sans se préoccuper des intrigues amoureuses et politiques qui se déroulaient dans la salle, parfois liées.
Sirotant un verre de vin qu'elle avait pris pour occuper ses mains et éviter de froisser sa robe – l'une des plus belles qu'elle ait jamais portée, en soie bleue, et adaptée à ses formes quasi inexistantes – Brienne observa les invités autour d'elle. Elle remarqua alors le groupe de jeunes hommes qui se tenait à quelques mètres d'elles. Ils discutaient avec animation en jetant de temps à autre un coup d'œil dans sa direction, et l'appréhension saisit soudain les entrailles de Brienne. Elle tenta d'ignorer les murmures et les rires et les regards méprisants, mais son malaise grandissait de seconde en seconde. Il s'intensifia encore lorsque l'un des hommes s'approcha d'elle, avec l'intention évidente de l'inviter à danser. Brienne savait que ce n'était qu'une façade, mais elle le laissa s'incliner devant elle et tendre une main.
— Hyle Hunt, ma Dame. M'accorderez-vous cette danse ?
— Pour gagner le pari que vous venez de faire avec vos amis ?
Brienne sursauta à la voix grave qui retentit sur sa gauche. Ser Jaime se tenait là, le regard fixé sur l'homme dont le sourire disparut en une fraction de seconde.
— Être le premier à déshonorer une jeune femme de haute naissance ? Vous n'avez clairement aucun respect, et vous méritiez que je vous affronte en duel pour vous apprendre à quel point vous êtes méprisable.
Il s'interrompit un instant et son regard croisa celui de Brienne qui sentit le rose monter à ses joues et son cou lorsqu'il sourit. Un sourire qui devint carnassier lorsqu'il le reposa sur Hunt.
— En fait non. J'ai entendu parler des talents de Lady Brienne avec une épée, donc je la laisserais gracieusement vous affronter si vous tentez quoi que ce soit avec elle. Vous, ou vos infortunés compagnons.
Hunt déglutit et fit demi-tour pour rejoindre ses amis d'un pas pressé. Brienne se tourna vers Ser Jaime, dont le regard s'était adouci, et inspira pour se donner un peu de courage.
— Je vous remercie, monsieur, pour votre aide, déclara-t-elle, et sa voix vacilla légèrement.
— Jaime, mon nom est Jaime, répondit-il avec un sourire qui la liquéfia sur place.
Comment un homme qu'elle connaissait à peine pouvait la mettre dans un tel état ? Il avait abaissé pratiquement toutes ses barrières en quelques mots, et il venait de lui prouver qu'il avait fait des recherches sur elle !
Il la surprit encore davantage en se plaçant devant elle et en étendant une main vers elle.
— Lady Brienne, m'accorderez-vous cette danse ?
Abasourdie, Brienne posa sa main dans celle de Ser Jaime, et la chaleur de sa peau traversa ses gants fins, réchauffant son corps entier. Elle ne prononça pas un mot alors qu'ils se plaçaient parmi les autres danseurs, qui semblaient ébaubis par la vision du Régicide et de la future Étoile du Soir ensemble. Quelques murmures s'élevèrent et le silence se fit brièvement avant que la musique ne démarre.
Brienne se concentra d'abord sur les pas, trop consciente de l'attention qu'elle concentrait par sa présence sur la piste de danse, avant d'oser poser une question à son cavalier.
— Pourquoi m'avez-vous aidée, Ser Jaime ? Ce matin comme maintenant ?
— Parce que vous m'intéressez.
Brienne fronça des sourcils furieusement, ce qui n'effaça pas le sourire sur le visage de Ser Jaime.
— Lorsque je me suis renseigné sur les débutantes de cette saison, vous avez attiré mon attention. On dit de vous que vous que vous n'êtes pas une beauté, que vous êtes la seule héritière de l'île de Tarth, que vous avez appris le maniement des armes. Mais ce qui manque dans ces fiches que j'ai lues, c'est la couleur de vos yeux et votre douceur.
Une fois de plus, Brienne rougit.
— Et la manière dont vous rougissez est adorable, ajouta Ser Jaime en posant le regard à la base de son cou.
— Ser Jaime, commença-t-elle, embarrassée comme jamais.
— Me permettrez-vous de chercher votre compagnie pour voir à quel point vous êtes douée avec une épée ?
Elle reporta son regard dans ses yeux verts et n'y lut que de la sincérité et de la curiosité. Elle hocha la tête lentement alors que la danse les amenait plus près l'un de l'autre.
— J'en suis ravi, murmura-t-il, et son sourire refléta ses mots.
Un silence confortable s'installa entre eux, jusqu'au moment où Brienne pensa à toutes les rumeurs qui allaient circuler sur eux. Ser Jaime balaya ses inquiétudes d'un revers de la main.
— Méfiez-vous surtout de ma sœur, mais la haute société s'intéressera principalement au diamant. Je pense que tout le monde s'attendait à ce que ce soit Margaery Tyrell cette année.
— Et pourquoi n'êtes-vous pas en train de rechercher sa compagnie quand vous êtes l'un des célibataires les plus en vue du royaume ?
La question était sortie sans qu'elle n'y pense, et elle se retrouva perdue dans les yeux émeraude de Jaime. Il l'observa quelques secondes, sérieux.
— Parce que j'ai trouvé une pierre précieuse qui vaut plus à mes yeux qu'un diamant sans couleur ou saveur. J'ai trouvé un saphir. Le bleu vous va très bien, ma Lady. Il s'accorde à merveille avec vos yeux.
Il la saisit alors par la taille et la fit basculer en arrière comme la danse le demandait. Brienne ne put plus que s'interroger sur ce que leur étrange association créerait entre eux.
