One-shot écrit dans le cadre de la cent-trente-cinquième nuit d'écriture du FoF (Forum Francophone), sur le thème "Méphitique". Entre 21h et 4h du matin, un thème par heure et autant de temps pour écrire un texte sur ce thème. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un MP !


La violence, la cruauté et la douleur étaient comme des relents putrides qui heurtaient les êtres qui y étaient les plus sensibles. Ce n'était jamais facile, parce que, quand ce Mal s'incrustait quelque part, il était généralement difficile de le déloger. Au cœur des Douze Royaumes, le kirin était toujours le premier à en souffrir. Et ce n'était jamais bon signe, parce que ça rimait souvent avec la déchéance du monarque et, par le fait même, la mort du kirin.

Parfois, c'était juste des menaces extérieures, des injustices contre lesquelles ils ne pouvaient pas agir tout de suite, des difficultés inhérentes aux aléas de la saison ou de la vie, du vague à l'âme qui hélas, pouvait prendre tout le monde et à tout moment. C'était dur, mais pas aussi tragique qu'un égarement de roi. C'était pénible durant quelques temps, mais ça se réglait toujours.

Quand les choses allaient mal, quand cette atmosphère méphitique parvenait jusqu'à leur cœur, les kirins en souffraient toujours. C'était ainsi, ils étaient des êtres de gentillesse et de bonté pures, ils ne supportaient pas la tristesse et la difficulté. Dans ces cas où il était admis que ce n'était pas du fait de leur roi, ils ne pouvaient qu'attendre que les ténèbres se dissipent et chacun gérait la douleur à sa façon.

Keiki faisait semblant que tout allait bien, Taiki s'efforçait de continuer à être digne et à faire le meilleur travail possible, Enki s'en prenait à Shôryu et râlait que c'était quand même de sa faute. Mais, heureusement, ils pouvaient toujours compter sur l'aide de leur roi, de leur moitié, pour les aider à surmonter ces difficultés.

Yôko essayait de faire parler Keiki, de lui faire dire comment il se sentait, dans l'espoir que ça l'aiderait à aller mieux, que ça le soulagerait, quelque part, d'exprimer les choses. Un concept avec lequel son kirin était très peu familier, et même si Yôko était aussi sérieuse que lui, elle ne pouvait pas s'empêcher de le taquiner, de temps en temps, devant sa mine sévère et inexpressive. C'était trop tentant et Keiki tombait dans le panneau à chaque fois. Et elle avait raison, l'atmosphère s'en trouvait un peu plus détendue, et même s'ils ne riaient jamais vraiment de ces situations, ça apportait toujours au moins un sourire sur le visage de l'animal sacré ou de la reine.

Gyoso se rendait toujours compte assez vite que Taiki était tourmenté. Mais le jeune kirin était encore un enfant, il avait le visage d'un humain de huit ans et une douceur et une gentillesse qui le rendaient incapable de cacher ses sentiments. Et, comme Gyoso, malgré sa mine assez dure et sévère, était quelqu'un de compatissant, et qu'il aimait tendrement le petit kirin, il n'hésitait jamais à le soulever dans ses bras, à le tenir sur ses genoux et à lui demander ce qui n'allait pas. Et Taiki ne manquait jamais de se confier à lui, très facilement, dans ces moments-là, et la main de son roi qui caressait ses cheveux noirs le réconfortait toujours.

Shôryu était celui qui connaissait son kirin depuis le plus longtemps, près de cinq cent ans. Il voyait toujours très vite quand ça n'allait pas avec Rokuta. Pour s'assurer de la gravité, ou pas, de la situation, il commençait par piquer son kirin, comme ils le faisaient très souvent l'un avec l'autre, pour voir si Rokuta régissait toujours ou s'il était trop abattu pour ça. Dans le premier cas, les chamailleries reprenaient et, fatalement, le kirin finissait toujours par se confier à lui et ils cherchaient un moyen de régler le problème ensemble. Dans le second cas, Shôryu prenait toujours la situation très au sérieux et, encore une fois, ils cherchaient un moyen de régler le problème ensemble. Généralement, Rokuta se permettait de poser sa tête contre la poitrine de son roi pour chercher du réconfort, parce qu'ils étaient aussi comme ça.

C'était l'avantage quand monarque et kirin étaient chacun la moitié d'une même chose. Les peines, les difficultés et aussi les réconforts étaient toujours partagés et, quoi qu'il arrive, quelle que soit leur façon de fonctionner, ils étaient toujours plus forts ensemble.