Décembre

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Éclats de lumière,

Instant suspendu dans le temps,

Fragile bonheur

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Chapitre XIV – Ces jours heureux

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Un petit village de maisons en pain d'épices, semblant tout droit sorti d'un conte de fées, s'étendait sous les yeux incrédules des enfants. Les toits étaient saupoudrés de sucre glace scintillant comme de la neige fraîche et les fenêtres brillaient d'une lueur chaleureuse et dorée. De minuscules personnages habillés en tenues colorées vaquaient à leurs occupations, semblant profiter pleinement de l'esprit de Noël.

Un petit train traversait le village, ses wagons chargés de cadeaux brillamment emballés. Les roues du train semblaient glisser, sans effort, sur des rails invisibles, laissant derrière eux une traînée d'étoiles scintillantes.

À côté du village, une forêt enchantée s'étendait, ses arbres miniature couverts de neige et de paillettes. Des fées lumineuses virevoltaient entre les branches, créant des éclats de lumière étincelants. Les flocons de neige tournoyaient doucement dans l'air, se déposant délicatement sur le sol et les toits du village.

« Regarde, Astrael. C'est comme un monde enchanté en miniature. » Harry se tourna vers l'enfant, un sourire radieux aux lèvres.

L'enfant contempla la vitrine avec fascination, ses yeux blancs reflétant les lumières scintillantes.

En retrait, Drago observait la scène, appuyé contre un mur. Il croisa le regard de Harry et leva un sourcil, l'air de dire : « Vraiment ? Une vitrine de Noël ? »

Harry lui lança un regard taquin en retour, puis reporta son attention sur la vitrine.

Malgré les pupilles blanches qui donnaient à ses yeux une apparence étrange et distinctive, Harry et Drago avaient rapidement découvert que l'enfant, Astrael, possédait néanmoins la capacité de voir. Ils l'avaient observé attentivement au fil des jours, notant les moments où il semblait réagir à des objets en mouvement ou à la lumière qui l'entourait. Ses yeux, bien que dépourvus de couleur, semblaient toujours suivre les mouvements et se poser sur les éléments qui l'intriguaient.

Alors qu'ils se promenaient ensemble dans Pré-au-Lard, Astrael paraissait captivé par les lumières éclatantes des vitrines magiques. Il fixait les objets animés avec un intérêt évident, ses yeux blancs reflétant les couleurs et les scènes qui se déroulaient devant lui. Même s'il ne pouvait pas voir exactement comme les autres, il était clair qu'il percevait le monde qui l'entourait d'une manière unique et fascinante.

Drago soupira pour lui-même, son souffle formant une brume blanche dans l'air froid. « Je ne vois pas l'intérêt de tout ça. C'est juste une fête commerciale. »

Harry éclata de rire, secouant la tête. « Tu dis ça, mais tu étais le premier à avoir ton manteau quand j'ai proposé que l'on sorte ! »

Astrael pointa du doigt les guirlandes lumineuses qui bordaient les façades, ses yeux brillant d'émerveillement. Son enthousiasme était évident.

« Des décorations de Noël ! Allons en acheter !» s'exclama Harry en montrant un étalage coloré devant une boutique. L'enfant tourna son regard vers les décorations et il hocha doucement la tête, semblant approuver l'idée de Harry.

Drago roula des yeux, quand Harry précisa : « C'est Drago qui paye ! Prends tout ce qui te fait plaisir ! »

Alors qu'ils quittaient la boutique, les bras chargés de sacs, Harry prit la main de Drago pour l'entraîner plus vite dans les rues animées.

Drago poussa un léger grognement, mais Harry ignora ses protestations.

La nuit de Noël était déjà bien avancée et une douce atmosphère régnait dans l'appartement. Le crépitement du feu dans la cheminée était le seul bruit qui venait rompre le silence. L'enfant s'était endormi sur le canapé, paisiblement lové sous une couverture douce.

Harry s'approcha de Drago avec un sourire doux : « J'ai pensé... peut-être qu'Astrael devrait avoir sa propre chambre, tu ne crois pas ? Je comptais lui laisser la mienne, pour qu'il puisse avoir son espace, son intimité. »

Drago arqua un sourcil, l'air légèrement perplexe. « Et toi, tu vas dormir où ? »

Harry pointa du doigt le canapé d'un air nonchalant et s'assit dessus, un léger rire étouffé s'échappant de ses lèvres. « Eh bien, je suppose que je vais m'installer ici. »

Les yeux de Drago passèrent d'Harry à l'enfant endormi sur le canapé, puis il soupira, semblant céder à contrecoeur. « C'est n'importe quoi, Potter. » Il s'approcha silencieusement du canapé et souleva avec précaution Astrael dans ses bras puis se rendit dans la chambre de Harry et déposa doucement l'enfant sur le lit.

Drago eut un vague sourire en voyant le petit animal de bois animé, que lui avait offert Harry pour noël, toujours blotti contre lui, comme s'il ne voulait pas s'en séparer même dans son sommeil.

Revenant dans le salon, Drago s'assit à son tour sur le canapé, son regard clair scrutant le visage de Harry.

« Ce fut un bon Noël, n'est-ce pas ? » dit enfin Harry, son regard se tournant vers le feu dans la cheminée.

Drago haussa légèrement les épaules. « C'était... différent. »

Harry plongea la main dans sa poche et en sortit un petit paquet soigneusement emballé. Il le tendit à Drago avec un sourire. « Tiens, c'est pour toi. »

Drago le prit, ses doigts effleurant le papier avec curiosité. « Je n'ai rien pour toi. »

Harry haussa à son tour les épaules. « C'est juste un souvenir, pas un cadeau officiel. »

Drago défit lentement l'emballage et découvrit une petite boussole d'argent dont l'aiguille pointait sur Harry. Il la contempla un instant, perplexe. « Qu'est-ce que c'est ? »

Harry sourit doucement. « C'est la boussole que j'ai utilisée pour te retrouver quand tu es revenu de la guerre. Quand tu étais perdu, elle m'a montré la direction à suivre. Je pensais que tu devrais l'avoir. »

Drago ne dit rien, mais Harry pouvait voir dans ses yeux qu'il était touché par ce geste.

Après avoir souhaité bonne nuit à Harry, Drago se retira dans sa propre chambre, laissant derrière lui une atmosphère de quiétude. Les flammes de la cheminée dansaient avec une lueur hypnotique et Harry demeura assis, absorbé par ce spectacle envoûtant, laissant ses pensées flotter dans cette parenthèse de sérénité.

Il se sentait étrangement léger, comme si le poids de ses préoccupations et de ses incertitudes avait été temporairement suspendu. L'atmosphère feutrée de la pièce semblait agir comme un baume apaisant sur lui. C'était ce dont il avait toujours rêvé : une vie normale, une famille… des petits moments de bonheur partagés.

Harry demeurait plongé dans ses pensées, un sourire ténu se dessinant par moments sur ses lèvres. C'était comme si le monde extérieur avait été momentanément mis en suspens, laissant place à ce moment de répit inattendu.

Soudain, la porte de la chambre de Drago s'entrouvrit à nouveau, attirant l'attention de Harry. Son regard se posa sur son compagnon qui s'approchait d'un pas déterminé, une lueur d'impatience dans ses yeux. D'une main, il agrippa le bras de Harry avec fermeté et le tira du canapé.

« Attends, où est-ce que tu comptes m'emmener ? » s'étonna Harry, se laissant docilement guider.

Drago leva un sourcil, une note d'exaspération perceptible dans la voix : « Je ne vais pas te laisser dormir sur ce canapé inconfortable toute la nuit. Mon lit est suffisamment spacieux pour accueillir deux personnes, mais ne te fais pas d'illusions, Potter, il n'y aura rien de plus entre nous que le partage du lit. »

Harry rit doucement. « D'accord, d'accord, » dit-il en secouant la tête avec une légère ironie.

Une fois dans la chambre de Drago, un silence presque palpable enveloppa l'espace. Les deux hommes se tenaient là, confrontés à un moment d'intimité inattendu. Drago rompit finalement le silence : « Bon, je prends le côté droit du lit, » déclara-t-il avec une pointe d'assurance, jetant un coup d'œil à Harry.

Harry hocha la tête, retenant difficilement un sourire. « C'est noté, le côté droit pour toi, » répondit-il, jouant le jeu.

« J'espère juste que tu ne ronfles pas. J'ai le sommeil plutôt léger. » ajouta le jeune homme blond d'un ton léger.

Harry leva les mains en signe de défense. « Ne t'en fais pas, je ne ronfle pas. Mais je dois t'avertir que j'ai tendance à bouger un peu dans mon sommeil. »

Un silence gêné passa entre eux, puis Drago s'avança vers le côté droit du lit.

Pendant un moment, Harry demeura immobile, se sentant étrangement reconnaissant pour la présence de Drago à ses côtés. Lorsqu'il se glissa sous les draps, l'obscurité enveloppa la chambre.

Drago, sur le dos, fixait le plafond, perdu dans ses pensées, tandis qu'Harry, allongé sur le côté, regardait le visage de son compagnon avec une curiosité tranquille.

C'était la première fois que Harry partageait son lit de manière aussi intime avec quelqu'un et il pouvait sentir une étrange combinaison d'excitation et de nervosité se mêler en lui. Drago dû sentir qu'il n'était pas tranquille car il demanda, brisant le silence d'une voix paisible : « Quoi ? Tu n'as jamais partagé ton lit avec des amis lors de randonnées ou de soirées d'anniversaire ? »

Harry sourit doucement, secouant légèrement la tête. « Mon enfance n'était pas vraiment comme tu l'imagines, Drago.- commença-t-il doucement - Il n'y avait pas de soirées entre amis, ni de sorties. Je n'avais même pas de chambre. En fait, je dormais dans un placard sous l'escalier. »

Drago sembla sur le point de dire quelque chose, mais il retint ses mots et écouta en silence, prêtant attention aux confidences d'Harry.

« Quand je ne faisais pas correctement le ménage ou le repas, j'étais régulièrement privé de nourriture. - continua Harry d'une voix calme – Bien sûr, je n'avais pas le droit de ne serait-ce que mentionner mes parents. Si jamais ça m'arrivait, on pouvait m'enfermer, pendant un ou deux jours, dans la cabane à outils du jardin. Je crois que depuis, je me sens toujours un peu mal à l'aise dans les endroits confinés. »

Le silence s'épaissit autour d'eux mais Harry ne sembla pas s'en apercevoir puisqu'il continua : « Mon cousin avait inventé un jeu qu'il appelait la 'Chasse au Harry.' C'était juste une excuse pour me frapper, encore et encore. »

Drago repoussa soudainement la couverture pour se lever silencieusement. Il attrapa sa baguette.

« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Harry, perplexe.

Drago jeta un regard sombre à Harry. « L'Adresse. » répondit-il d'une voix rauque.

Harry sentit son cœur s'accélérer légèrement, une pointe de panique le saisissant à l'idée de ce que Drago pourrait être sur le point de faire. D'un geste instinctif, il agrippa Drago par la taille et le fit basculer sur le lit avec lui.

« Arrête ça. - dit-il d'une voix ferme. - Ce n'est pas la solution. » Il secoua la tête avec détermination. « Je ne vais pas te laisser torturer mon oncle et ma tante pour me venger. Ça ne nous mènera nulle part. »

Drago sembla hésiter un instant, puis il se recoucha en silence, son regard perdu dans le noir. Harry veilla à garder ses bras autour de la taille de Drago, pour empêcher toute nouvelle décision meurtrière hasardeuse.

« Je ne te demande qu'une chose, Drago, - murmura Harry doucement - reste avec moi. C'est tout ce que je veux. »

Le silence s'étira entre eux. Finalement, Drago marmonna un « D'accord. » à peine audible, signe qu'il acceptait de mettre de côté ses pulsions de vengeance pour être là, dans le présent, avec Harry.

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Les jours glissèrent doucement les uns après les autres, tissant une toile invisible autour d'eux. Les premières neiges apparurent. Dans l'appartement de Harry et Drago, le temps semblait s'étirer et se plier, insaisissable. Les matins se transformaient en après-midis, les après-midis en soirées et chaque journée apportait son lot de petits moments partagés. Les jours et les semaines semblaient se fondre les uns dans les autres, comme les teintes changeantes d'une aquarelle.

Astrael semblait se sentir de plus en plus à son aise. Les rires résonnaient souvent dans l'appartement. Les conversations se multiplièrent, les échanges de souvenirs et de confidences renforçant les liens entre Harry et Drago. Des habitudes se formèrent, des rituels, qui donnaient à chaque journée une douceur familière.

Un après-midi enneigé, Harry et Astrael profitaient du parc pour une partie endiablée de bataille de boule de neige, sous le regard amusé de Drago. Les arbres étaient recouverts d'un épais manteau blanc et les rires cristallins des enfants retentissaient dans l'air froid. Harry se pencha pour ramasser de la neige fraîche et la modela en une boule compacte entre ses mains. Astrael, les yeux étincelants d'excitation, fit de même à côté de lui.

Alors qu'ils s'amusaient, une des boules de neige qu'Harry avait lancée passa au-dessus de la tête de l'enfant et atterrit avec un bruit étouffé sur quelque chose.

Harry aperçut alors Severus Snape qui se tenait là, dégoulinant de neige, un sourcil relevé et une expression agacée inscrite sur le visage.

Astrael, réalisant ce qui venait de se passer, éclata de rire et se cacha derrière un arbre. Harry se joignit à lui, essayant de contenir son amusement. Ils pouvaient voir la confusion dans le regard de Severus alors qu'il cherchait la source de la boule de neige.

« Drago Malfoy ! » s'exclama Severus, se retournant brusquement et pointant un doigt réprimandeur en direction de Drago. « Je sais que c'est toi qui es derrière ça ! »

Drago leva les mains en signe d'innocence et haussa un sourcil. « Moi ? Pourquoi diable penserais-tu que ce serait moi ? »

Severus croisa les bras, l'air sévère. « Ne joue pas à l'innocent avec moi, Malfoy. »

Harry et Astrael, cachés derrière leur arbre, éclatèrent de rire. Severus leva un sourcil dans leur direction : « Monsieur Potter, je vous ai entendu. - dit-il d'une voix calme, - Je suppose que ce n'est pas vous non plus. »

Harry et Astrael émergèrent de leur cachette, le sourire aux lèvres et les joues rougies par le froid. « Non, ce n'était pas nous, » répondit Harry en échangeant un regard complice avec l'enfant.

Severus secoua la tête : « Dans ce cas, je suppose que je devrais chercher le véritable coupable. »

Et puis, presque imperceptiblement, les dernières neiges de l'hiver fondirent, cédant la place aux doux rayons du soleil printanier. Les jours rallongeaient, laissant place à des soirées plus clémentes. Les arbres, autrefois dénudés, se couvraient de bourgeons prometteurs. Les pruniers, semblant sortir de leur long sommeil, commencèrent à se parer de fleurs délicates aux teintes pastel.

La Salle sur Demande s'était transformée en une scène magique, éclairée par des lumières étincelantes et une atmosphère électrisante. Harry avait mis à profit ses talents pour créer un spectacle extraordinaire, une aventure visuelle qui captiverait l'attention de tous. Les murs semblaient s'étirer à l'infini, projetant des décors changeants qui enveloppaient la pièce dans une nouvelle réalité.

Astrael, les yeux brillants d'excitation, était assis à côté de Ron, les deux fixant la scène improvisée avec un mélange d'émerveillement et de fascination, pendant qu'Harry se tenait au centre, les bras levés pour orchestrer chaque élément du spectacle. Son regard pétillait d'une énergie créative alors qu'il façonnait la magie autour d'eux.

L'aventure déployée devant eux était incroyable. Des créatures fantastiques dansaient dans les airs, des paysages majestueux se matérialisaient et se dissipaient, transportant l'audience dans des mondes lointains et imaginaires.

Ron et Drago ne se parlaient pas, mais ils ne semblaient pas non plus au bord de l'explosion, ce qui était déjà un progrès en soi.

Hermione, quant à elle, souriait d'un air satisfait, observant avec fierté le résultat du travail d'équipe. Elle distribuait des boissons fraîches avec son habituelle attention aux détails, assurant que tout le monde se sente à l'aise et pris en charge.

Harry jeta un coup d'œil vers Drago qui ne semblait pas être complètement absorbé par le spectacle. Au lieu de regarder les incroyables illusions qui se déroulaient devant lui, il avait les yeux fixés sur Harry. Cette observation fit légèrement rougir Harry, mais il continua de diriger magistralement le spectacle.

Les jardins de Poudlard revêtirent une nouvelle splendeur, les fleurs s'épanouissant dans un éventail de couleurs vives. Les pruniers qui avaient autrefois été recouverts de fleurs étaient maintenant garnis de fruits en devenir, promettant une récolte abondante à venir.

Les journées ensoleillées étaient ponctuées de douces brises qui apportaient un parfum enivrant de verdure et de fleurs fraîches. Les élèves de Poudlard profitaient de chaque moment passé à l'extérieur, se prélassant sur l'herbe tendre, se promenant autour du lac ou s'adonnant à des activités sportives.

Un vieux tourne-disque, qu'Harry avait rapporté d'on ne sait où, trônait fièrement sur la table de l'appartement, le vinyle posé dessus attendait patiemment d'être réveillé par le bras de lecture. Astrael, avait les yeux grands ouverts d'émerveillement, semblant intrigué par cet objet ancien et mystérieux.

Alors que les premières notes de musique résonnaient dans la pièce, Harry tendit la main à Astrael avec un sourire chaleureux et l'enfant l'attrapa avec enthousiasme.

Harry et Astrael commencèrent à se déplacer doucement au rythme de la musique, leurs pas timides suivant les mélodies. Harry guidait l'enfant avec douceur, le faisant tournoyer dans la pièce, leurs rires cristallins se mêlant à la musique qui enveloppait l'air.

Drago, observait la scène depuis un coin de la pièce et, alors qu'une nouvelle chanson commençait, il se leva de son poste d'observation. Son regard se posa sur Harry et l'enfant qui dansaient, semblant perdus dans leur propre petit monde. Sans hésitation, il s'approcha d'eux.

Alors qu'Astrael riait en tournant sur lui-même, Drago attrapa le poignet de Harry. Harry tourna la tête vers Drago, surpris par ce geste inattendu, mais il ne put retenir un sourire.

Drago ne dit rien, mais il commença à danser avec Harry, leurs déplacements s'harmonisant de manière surprenante.

Astrael les observait avec fascination, se joignant parfois à leurs mouvements, ajoutant sa propre énergie enfantine à la danse.

Quand la musique s'arrêta, Drago garda Harry un peu plus longtemps que nécessaire dans ses bras.

« Merci, Drago, » murmura Harry, un sourire sincère étirant ses lèvres.

Drago haussa un sourcil : « Ne t'y habitue pas, Potter. Ce n'était qu'un moment d'égarement. »

Harry rit doucement, secouant la tête. « Peut-être, mais c'était un bon moment d'égarement. »

Les journées s'étiraient sous le soleil éclatant de l'été et une douce quiétude semblait s'être installée dans le monde sorcier. Poudlard, habituellement animé par les rires et les pas des élèves, était maintenant déserté. Les salles de classe et les couloirs silencieux semblaient attendre patiemment le retour des élèves en septembre.

Dans l'appartement de Harry, une ambiance légère et détendue régnait. Les fenêtres étaient ouvertes, laissant entrer une brise chaude et parfumée dans la pièce. Des bouquets de fleurs fraîchement cueillies ornaient les tables, ajoutant des touches de couleur à l'atmosphère paisible.

Assis sur le canapé, Harry feuilletait un livre avec un sourire, plongé dans une lecture qui semblait captiver son attention. L'enfant, Astrael, était étendu sur un tapis moelleux à côté de lui, occupé à dessiner des figures abstraites avec des crayons colorés.

Dans un coin de la pièce, Ron et Hermione étaient attablés autour d'un jeu de société, leurs rires joyeux s'entremêlant avec l'ambiance sereine de l'appartement. Leurs regards complices et leurs échanges taquins montraient à quel point leur amour était solide et profond.

Drago, quant à lui, était adossé à une fenêtre ouverte, observant distraitement le monde extérieur, perdu dans ses pensées. Presque paisible.

Le mois de septembre apporta avec lui l'excitation et l'effervescence de la rentrée à Poudlard. Les élèves revinrent en masse, les couloirs résonnant de leurs voix et de leurs rires. Les professeurs reprirent leurs cours et la magie de l'apprentissage remplit à nouveau les salles de classe.

Hermione avait pris un rôle particulier dans l'éducation de l'enfant, utilisant ses compétences pédagogiques pour lui enseigner les bases de l'écriture, de la lecture et du calcul.

Assise au bureau, Hermione était en train de montrer à Astrael comment former les lettres de l'alphabet. Elle écrivait avec soin chaque lettre sur un parchemin, expliquant le son qu'elle faisait et guidant doucement les doigts de l'enfant pour qu'il reproduise les formes.

Astrael, concentré, fixait les lettres avec sérieux, ses pupilles blanches se déplaçant lentement sur le parchemin. Il semblait absorbé par l'exercice, même s'il ne parlait toujours pas.

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La nuit était tombée, plongeant l'appartement dans une douce obscurité. L'enfant dormait paisiblement dans la chambre d'Harry, le souffle régulier et apaisé. Assis dans le salon, Harry attendait patiemment que Drago se joigne à lui. Lorsque ce dernier entra enfin, l'atmosphère sembla se charger d'une tension palpable.

« Tu as l'air de vouloir me dire quelque chose d'important… » commença Drago d'une voix calme.

Harry prit une profonde inspiration, choisissant ses mots avec précaution.

« Je voulais juste parler... de tout ça. De la manière dont nous vivons ici, comme... une sorte de famille », commença-t-il d'un ton doux.

Drago fronça les sourcils, se demandant où Harry voulait en venir.

« Tu sais, cette dynamique que nous avons... avec Astrael », poursuivit Harry, cherchant le regard de Drago.

Le jeune Malfoy plissa les yeux, soupçonnant qu'Harry avait un plan derrière la tête. Il ne pouvait s'empêcher de se méfier des intentions du brun.

« Et alors ? » répondit Drago, essayant de masquer son agacement naissant.

« Eh bien, j'aime bien... j'aime bien comme les choses sont en ce moment », admit Harry en baissant légèrement les yeux.

Drago haussa un sourcil, surpris par cette confession.

« Tu veux dire vivre ensemble avec l'enfant, comme une famille ? » demanda-t-il, incrédule.

Harry hocha la tête, osant enfin regarder Drago droit dans les yeux.

« Oui, en quelque sorte. J'ai l'impression que nous... que je suis bien, ici. Que nous sommes bien, tous les trois », avoua-t-il, sa voix trahissant son émotion.

Drago sentit son cœur se serrer, mais il refusa de laisser ses émotions l'atteindre.

« Harry, tu ne peux pas être sérieux - répliqua-t-il d'un ton sec. - Nous ne pouvons pas garder cet enfant. C'est un accueil temporaire, rien de plus. »

« Mais pourquoi ? Pourquoi ne pourrions-nous pas... ? »

« Parce que ce n'est pas notre responsabilité. », coupa Drago avec détermination. « Nous ne pouvons pas agir comme si nous étions une vraie famille. »

« Pourquoi pas ? » insista Harry, le ton de sa voix montant légèrement. « Pourquoi ne pourrions-nous pas être une famille pour lui ? »

Drago secoua la tête, sa frustration grandissant au fur et à mesure.

« Parce que sa place n'est pas ici. Surtout pas en temps de guerre. Cet enfant est un moldu, Potter. Il ne peut pas se protéger dans notre monde. »

« Et si nous le protégeons ? » riposta Harry avec fermeté. « Nous sommes puissants, Drago. Nous pourrions le garder en sécurité. »

Drago se leva brusquement, les mains serrées en poings.

« Arrête d'être naïf, Potter ! Nous ne pouvons pas le protéger de tout. Tu es totalement déconnecté de la réalité ! »

La dispute montait, les deux hommes s'opposant farouchement l'un à l'autre.

« Et si il était mieux ici, avec nous, plutôt que de courir le risque d'être placée dans une famille qui ne le comprendrait pas ? » lança Harry d'une voix tendue.

Le regard de Drago se durcit, ses mains tremblant de frustration.

« Tu ne comprends pas, Potter. Je... je ne peux pas. »

Harry sentit sa propre colère monter, ne pouvant accepter que Drago se referme ainsi.

« Mais de quoi tu as peur, Malfoy ? »

« Mais putain ! Potter ! Qu'est ce que tu ne comprends pas dans la phrase « C'est la guerre ! » »

Drago se dégagea brusquement, les yeux brûlant de colère, et quitta la pièce d'un pas furieux. Une fois dans la salle de bains, il laissa échapper un soupir frustré, posant ses mains sur le lavabo, son esprit en ébullition.

Il se fit couler une douche froide, laissant l'eau glacée couler sur lui. Les pensées s'entrechoquaient dans sa tête et il était frustré par le comportement imprévisible de Harry. Chaque fois qu'il croyait avoir saisi une facette de la personnalité du survivant, celui-ci semblait le dérouter encore davantage.

Draco était contrarié et perplexe, luttant contre ses émotions contradictoires.

Il sentit soudainement une présence dans la salle de bain. Se retournant rapidement, il découvrit Harry appuyé négligemment contre le mur, le fixant sans gêne.

La surprise fit se raidir Draco.

« Potter ! Comment es-tu entré ici ? » gronda-t-il, essayant de cacher le trouble qui l'envahissait.

Harry haussa simplement un sourcil, répondant d'un ton nonchalant : « Tu avais laissé la porte ouverte. »

Draco détourna brièvement le regard vers la porte, désormais fermée, avant de reporter son attention sur Harry.

« Ce n'est pas la question ! Sors immédiatement d'ici ! » lança-t-il d'un ton froid, essayant de maintenir son flegme.

Le regard glacial de Draco fusilla Harry alors que celui-ci s'approchait lentement de lui.

« Drago... tu es sacrément bien foutu quand même », murmura Harry d'une manière qui fit frissonner Draco malgré lui.

« Quoi ? » bafouilla-t-il, surpris par le commentaire.

Harry s'approcha encore, réduisant la distance entre eux. Le cœur de Draco s'emballa légèrement alors qu'il regardait intensément le visage de Harry.

« Mais je suis cent fois mieux que toi », déclara Harry d'un ton taquin.

Les yeux aciers de Draco se plissèrent dangereusement.

« Laisse-moi rire », répliqua-t-il avec sarcasme.

Harry esquissa un sourire provocateur : « Tu veux que l'on compare ? »

L'atmosphère se chargea d'électricité alors que les deux hommes se cherchaient mutuellement. Draco, prenant le jeu au sérieux, rétorqua : « Il n'y a même pas besoin de comparer, Potter. À moins que tu n'essayes de te prouver quelque chose ? »

Harry sourit doucement, s'approchant encore. Ils étaient désormais à quelques centimètres l'un de l'autre.

« Potter, on ne t'a jamais appris que les douches ne se prenaient pas habillé ? » murmura Drago d'un ton bas et provocateur.

« Mmh... mais l'eau est trop froide pour que je me déshabille », répondit Harry d'une voix feinte d'innocence.

Sans quitter Harry des yeux, Drago ajusta la température de l'eau, créant une légère vapeur dans la pièce.

« Je vais t'aider, Potter », déclara Draco d'une voix chargée de sous-entendus.

« C'est bien la première fois que je te vois si serviable », répliqua Harry, amusé.

« Je ne le suis qu'avec les incapables sans cervelle qui s'incrustent dans ma salle de bain pour me mater en train de prendre une douche », répliqua Draco d'un ton sec.

Draco entreprit alors de déboutonner lentement la chemise d'Harry, ses doigts glissant sur le tissu détrempé. Les gouttes d'eau parcouraient la peau du survivant, dessinant les contours de ses muscles. La tension montait dans la pièce alors que leurs regards se croisaient, chacun essayant de maintenir une façade impassible.

Soudain, Draco s'interrompit et attrapa les poignets d'Harry, les lui maintenant au-dessus de la tête et le plaquant violemment contre le mur de carrelages froids. Harry grimaça de douleur.

« Tu me prends vraiment pour un imbécile, Potter ? C'est vraiment comme ça que tu comptes arriver à tes fins ? Tu serais prêt à n'importe quoi pour pouvoir continuer à jouer à la famille parfaite ? »

Harry sentit la colère monter en lui. Le souffle court, les deux hommes se fixaient intensément.

« Lâche-moi, Malfoy. Tu me fais mal », gronda-t-il, ses poignets pris au piège.

Draco s'exécuta, détournant le regard, incapable de soutenir celui brûlant de Harry.

« Tu veux que je te dise ? Je pense que tu as peur. Tu as peur que la même chose se reproduise que dans ton enfance », déclara Harry d'une voix plus douce.

Draco garda le silence.

« Mais avec moi, ça n'arrivera pas. Je vous protégerai, toi et Astrael. Mais, je ne peux pas y arriver tout seul. Peut-être que tu peux te passer de moi, mais moi, j'ai besoin de toi, j'ai besoin de ton aide. Je t'en supplie. », murmura Harry.

Harry s'approcha, frôlant presque les lèvres de Draco. Le cœur de ce dernier battait la chamade, son esprit tourbillonnant dans un mélange de désir, de colère et de confusion. Son souffle s'accéléra alors que Harry s'approchait de plus en plus.

Leurs corps étaient presque collés, leurs souffles se mêlèrent dans l'air chargé d'électricité.

Drago saisit brusquement le bras de Harry et il l'entraina avec colère dans la chambre.

« D'accord, très bien, Potter. Tu veux savoir, hein ? Et bien vas-y. – Il plaça rageusement les mains de Harry sur ses tempes. – Vas-y je te dis, regarde puisque tu penses tout savoir. »

Harry hésita. D'un côté, il ressentait la curiosité brûlante de connaître le passé de Drago. Depuis longtemps, il avait désiré le comprendre mais ce dernier s'était toujours esquivé, remettant les conversations à plus tard. D'un autre côté, il savait que Drago ne lui proposait pas cela de manière totalement volontaire. Harry sentait qu'il était en train de le forcer à divulguer une douloureuse vérité.

La curiosité l'emporta finalement sur les réserves. Il regarda Drago dans les yeux, le regard déterminé. « D'accord. Faisons-le. »

Les yeux fermés, Drago ouvrit son esprit, permettant à Harry de plonger dans ses souvenirs les plus profonds.

Des volutes argentées parcoururent la pièce puis Harry fut submergé par les ténèbres. Des ténèbres épaisses et étouffantes qui l'enveloppaient, le privant presque d'air. Une sensation d'oppression l'envahit, presque insupportable. Puis, une odeur nauséabonde d'humidité le frappa, une odeur qu'il reconnaissait trop bien.

Au milieu de cette obscurité et de cette odeur suffocante, un son perça les ténèbres. Un enfant pleurait. L'image apparut devant les yeux de Harry. Un enfant blond, âgé de quatre ou cinq ans tout au plus, était recroquevillé au fond d'une cellule sale et humide. Ses yeux étaient emplis de terreur, son petit corps tremblant de désespoir. Il s'excusait en litanie, répétant sans fin qu'il était désolé, qu'il ne ferait plus rien de mal.

La scène était tellement réelle, si vivide, que Harry pouvait ressentir chaque émotion, chaque sensation. La peur, la tristesse, la solitude, tout cela se propageait en lui comme s'il vivait lui-même cet enfer. Le cœur de Harry se serra douloureusement alors qu'il prenait conscience de la réalité de ce qu'il vivait dans l'esprit de Drago.

Puis, comme si les ténèbres l'engloutissaient à nouveau, la scène s'estompa avant de s'ouvrir sur une autre.

Drago Malfoy âgé de huit ans à peine, se tenait debout dans le jardin luxuriant de la somptueuse demeure des Malfoy, regardant avec espoir vers la grande maison de pierre. Il portait des vêtements impeccables, soigneusement choisis pour plaire à son père, un geste qu'il avait appris à force de tentatives infructueuses.

Son cœur battait rapidement dans sa poitrine alors qu'il attendait patiemment que son père apparaisse, espérant que cette fois-ci serait différente. Il rêvait du jour où Lucius Malfoy lui adresserait enfin un sourire sincère, lui dirait qu'il était fier de son fils. C'était une quête presque obsessionnelle pour Drago, une recherche constante de l'approbation et de l'amour de son père.

Drago scrutait la grande porte d'entrée, sa petite poitrine se serrant un peu plus à chaque minute qui s'écoulait. La chaleur du soleil d'été s'intensifiait, tout comme la déception grandissante dans le cœur du jeune garçon.

Lorsque la grande horloge sonna, Drago baissa les yeux, les épaules légèrement affaissées. Les larmes menaçaient de couler, mais le garçon les refoula avec force. Il était un Malfoy, après tout, et les Malfoy ne montraient pas leurs émotions.

Une nouvelle scène se dessina sous les yeux d'Harry.

Les murs du manoir Malfoy semblaient étouffants pour le jeune Drago. À l'âge de treize ans, il se sentait déjà écrasé par les attentes de sa famille, par l'ombre menaçante de son père et par le poids de l'avenir qu'on avait tracé pour lui. Ce jour-là, son père était enfermé dans le grand Salon, pour une réunion qui lui était interdite. Malgré les avertissements répétés de Lucius Malfoy de ne jamais s'aventurer par là pendant ces moments, Drago n'était pas en mesure de résister. Il se sentait coincé entre le désir d'obéir à son père et la curiosité brûlante qui le poussait à découvrir ce qui se passait derrière les portes closes.

Le silence régnait dans les couloirs, rompu seulement par le murmure étouffé de voix venant de la salle de réunion. Drago poussa doucement la porte entrebâillée et jeta un coup d'œil furtif à l'intérieur. Ce qu'il vit le glaça sur place.

La pièce était emplie d'individus vêtus de robes noires, aux visages masqués et aux yeux luisant d'une lueur malsaine. Drago les reconnut immédiatement comme des Mangemorts, les partisans du Seigneur des Ténèbres. Ils semblaient plongés dans une discussion animée, leurs voix chuchotantes emplissant la pièce.

Alors que Drago tentait de reculer discrètement, sa chaussure émit un grincement léger, attirant l'attention d'un Mangemort proche. Celui-ci tourna la tête brusquement vers l'endroit où se cachait Drago et son regard se figea sur lui.

L'adolescent ressentit une vague de panique se propager en lui alors que les yeux du Mangemort se posaient directement sur lui. Sans perdre un instant, il tourna les talons pour s'enfuir, mais avant qu'il ne puisse franchir le seuil, une main glaciale se referma sur son bras avec une force implacable.

Drago fut violemment tiré en arrière, son souffle coupé par la surprise. Il se retrouva face à son père, les yeux de Lucius brûlant d'une colère noire. Le silence régnait dans la salle alors que tous les regards se tournaient vers eux.

Lucius saisit le col de Drago et le secoua brusquement. « Qu'est-ce que tu fais ici, imbécile ? » cracha-t-il d'une voix basse mais glaciale.

Drago était incapable de répondre, sa gorge serrée par la peur.

Mais alors que Lucius allait le pousser vers la sortie avec brutalité, une voix s'éleva de l'ombre, une voix qui glaça le sang de Drago et qui fit taire instantanément la salle.

C'était la voix du Seigneur des Ténèbres lui-même, Voldemort.

« Lucius, laisse-le »

Lucius recula d'un pas, lâchant Drago avec réticence. Drago se tenait là, tremblant, les yeux rivés sur Voldemort, incapable de détacher son regard.

Voldemort s'avança lentement, fixant Drago avec un intérêt étrange. Puis, sans un mot, il tendit la main et saisit son bras. Une douleur atroce se propagea dans tout le corps de Drago, une douleur si intense qu'elle sembla effacer toute pensée de son esprit.

La vision de Drago se brouilla alors que des larmes lui montaient aux yeux.

Harry eut l'impression qu'on lui gravait au scalpel chauffé à blanc quelque chose sur la peau. La douleur dura une éternité, jusqu'à ce que Voldemort relâche enfin sa prise.

Drago tomba à genoux, sa respiration haletante et son bras brûlant de douleur.

La scène se fondit en une autre.

La salle sombre et sinistre semblait exhaler la cruauté elle-même. Les murs résonnaient des éclats de rire froids des Mangemorts alors qu'ils tourmentaient leur jeune prisonnier. Drago était enchaîné, les bras tendus au-dessus de lui, le corps meurtri et à moitié nu. Son regard était éteint.

Chaque jour, les Mangemorts trouvaient de nouvelles façons de le briser, de lui rappeler sa vulnérabilité. Les sorts s'abattaient sur lui sans relâche, le laissant à genoux dans une agonie constante. Les rires sadiques résonnaient dans ses oreilles.

Un homme saisit une lourde chaîne, massive et rouillée, et l'attacha autour du cou de Drago. Les maillons froids se refermèrent sur sa peau meurtrie, une pression étouffante. Drago sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine, sa respiration devenant laborieuse.

Le Mangemort tira brusquement sur la chaîne, obligeant Drago à se mettre debout. Les maillons mordirent sa peau et chaque pas qu'il faisait était un supplice, comme si on le traînait à travers des braises ardentes. Chaque jour, la chaîne se resserrait autour du coup du jeune homme, lui arrachant la peau.

Harry sentit une vague nauséeuse l'envahir. Une sensation d'oppression s'empara de lui, comme si ses propres poumons étaient compressés. Les images de Drago, enchaîné et traîné comme un animal, laissaient une marque indélébile sur son esprit.

Il voulait détourner les yeux, échapper à cette vision insoutenable, mais il était piégé, prisonnier des souvenirs. Il lutta pour respirer, pour se libérer de cette sensation suffocante qui menaçait de l'engloutir.

Lorsque la scène prit fin et que les images se dissipèrent, Harry resta là, haletant, secoué par ce qu'il venait de vivre à travers les souvenirs de Drago. Mais il n'eut guère le temps de reprendre son souffle.

La nuit était tombée, enveloppant le paysage d'une obscurité sinistre. Les rues étaient désertes, les maisons silencieuses. Drago, à peine âgé de dix-huit ans, se tenait en lisière de la rue, sa baguette serrée dans sa main moite. Sa mission était impitoyable, terrifiante.

Alors que ses camarades s'étaient dispersés dans les ténèbres, Drago se retrouva devant une modeste maison. Il pouvait entendre les murmures étouffés de la famille qui y vivait. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, un mélange de peur, de répulsion et de désespoir.

Les ombres semblaient danser autour de lui, comme si l'obscurité elle-même attendait avec une anticipation malsaine. Drago déglutit difficilement, sa conscience en lutte avec ce qu'il s'apprêtait à faire. Il n'était plus l'enfant qu'il avait été, mais il ne se reconnaissait pas non plus dans le monstre que les Mangemorts voulaient qu'il devienne.

Il avança d'un pas hésitant, la boule au ventre. Il était maintenant devant la porte, une barrière entre lui et l'horreur qui l'attendait à l'intérieur. Sa main trembla en levant la baguette et il ferma les yeux un bref instant, cherchant le courage au plus profond de lui.

La porte s'ouvrit brusquement, dévoilant une famille terrifiée. Les yeux de Drago rencontrèrent le regard l'homme qui protégeait son épouse et ses enfants de son propre corps. Drago sentit un étau se resserrer autour de son cœur, une douleur insupportable.

Les cris retentirent, les sorts fusèrent et le chaos s'abattit. Drago était pris dans un tourbillon de violence et de destruction, sa baguette obéissant à des ordres qu'il ne voulait pas donner. Il entendait les hurlements, les pleurs, les prières désespérées, mais il était incapable d'arrêter le flot de magie meurtrière.

Des visages déformés par la terreur lui faisaient écho, des regards d'enfants qu'il avait aperçus l'instant d'avant. Les adultes, les enfants, les hommes, les femmes, tous étaient des victimes de sa propre cruauté. Drago se sentait déchiré, dévoré par la culpabilité et le dégoût.

La scène se transforma.

Les ténèbres de la nuit semblaient s'étendre à l'infini, enveloppant chaque rue et chaque recoin d'une obscurité menaçante. Drago, maintenant dans la fleur de l'âge à vingt ans, se déplaçait avec une agilité silencieuse, une ombre parmi les ombres. Une lueur froide et calculatrice dansait dans ses yeux.

L'odeur du sang et de la mort l'entourait, imprégnant chaque pore de sa peau, devenant une partie de lui. Les cris désespérés et les prières impuissantes semblaient ne plus avoir de sens pour lui. Le massacre était devenu une routine macabre, une habitude à laquelle il s'était résigné.

De maison en maison, il laissait une traînée de destruction. Les corps sans vie jonchaient le sol, une mosaïque morbide de vies brisées. Il ne laissait aucun survivant derrière lui, aucun témoin pour raconter l'horreur qu'il avait infligée. Le visage impassible, il exécutait chaque ordre avec précision.

La satisfaction de l'accomplissement était devenue familière, presque enivrante. Il avait appris à apprécier le challenge, le jeu mortel entre le prédateur et sa proie. Le goût de la terreur, le frisson de l'agonie, tout cela lui procurait une étrange adrénaline qui semblait étouffer toute autre émotion.

Il n'y avait plus de place pour la peur, ni pour la compassion, ni pour le remords. Tout ce qui comptait était l'obéissance, la loyauté envers le Seigneur qu'il servait. La douleur, qu'elle soit infligée ou ressentie, n'était qu'une sensation fugace dans le maelström de son existence déshumanisée.

Chaque pas qu'il franchissait dans cette danse macabre marquait une autre âme sacrifiée à son sombre dessein. Les rues silencieuses étaient témoins muets de son passage destructeur. Drago avait cédé à l'obscurité qui l'habitait, devenant lui-même une ombre parmi les ombres, une incarnation de la cruauté et du chaos.

La nuit avançait, les étoiles brillant dans le ciel imperturbable. Drago n'avait ni peur de la mort, ni peur de la douleur. Il était simplement là, exécutant les ordres avec une froide efficacité.

Encore une scène.

Drago inclina froidement la tête devant Dumbledore en un acte de soumission. Dès que le vieux sorcier quitta la pièce, un voile obscur sembla se refermer sur Drago. Il partit dans la nuit, traquant les Mangemorts, laissant une nouvelle traînée de destruction sur son passage. Les soirées de Drago étaient désormais teintées de violence et de vengeance.

Il ne tuait plus seulement pour Voldemort, il massacrait aussi les membres de son propre camp qui avaient contribué à sa chute dans les ténèbres. Ce n'était plus des hommes qu'il traquait. C'était des spectres.

Harry pouvait sentir l'obscurité et la douleur qui enveloppaient Drago. Les voies de la rédemption semblaient fermées pour lui, emprisonnées par les conséquences de ses propres choix. Il était devenu un pion dans une guerre qui le dépassait, jouant des deux côtés, ne trouvant de réconfort ni dans les ténèbres ni dans la lumière. Les soirées de Drago étaient devenues un cycle de destruction et de mort, une danse macabre qui ne laissait aucune issue.

Cette dualité était presque insoutenable à regarder.

Les ténèbres envahirent à nouveau la vision de Harry. Les émotions brutes et les souvenirs avaient laissé une empreinte profonde sur lui, le laissant essoufflé et bouleversé.

Alors que Harry observait les souvenirs sombres qui dansaient dans l'esprit de Drago, une pensée l'envahit : il n'avait vu aucune image heureuse de lui. Aucun souvenir joyeux, aucune lueur de bonheur. Aucun éclat de rire partagé. Aucun amour. Tout ce qu'il avait vu était un univers désespéré, froid, empreint de mort et de douleur.

C'était comme si la joie et le bonheur avaient été évincés de la vie de Drago depuis longtemps.

Cependant, au moment même où Harry se faisait cette observation, quelques étincelles dorées commencèrent à se former dans la conscience de Drago. Les images défilaient maintenant devant les yeux de Harry, comme des vignettes d'un passé lointain.

Harry se vit, à l'âge d'environ dix ans, assis dans une barque en route vers le château de Poudlard. Il se vit détourner le regard, refusant une main tendue. Il se vit plus âgé, plongé dans un livre, à la bibliothèque de Poudlard. Il se vit en train de danser avec une jeune fille, un sourire radieux éclairant son visage. Il se vit sur son balai, au-dessus du terrain de Quidditch, évitant son poursuivant avec habileté. Il se vit en cours de potions, les yeux fixés avec sérieux sur les ingrédients qu'il découpait avec précision.

Harry se vit dans cet appartement qu'il partageait avec Drago, sur le pas de la porte, lors de leur première rencontre. Il se vit essayer de récupérer un livre, ses doigts frôlant les étagères en bois tandis qu'il se hissait sur la pointe des pieds. Il se vit en train de boire une tasse de café, les mains enroulées autour de la porcelaine chaude, perdu dans ses pensées. Il se vit en train de chanter une chanson. Il avait pensé être seul, mais maintenant il réalisait que Drago avait été là.

Et Harry comprit enfin. Drago, invisible, n'avait jamais cessé d'observer sa vie, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Il avait vu les moments heureux, les instants de rire et de légèreté.

Finalement, les images s'atténuèrent, laissant l'obscurité reprendre sa place dans l'esprit de Drago. Harry était submergé par l'émotion.

Les larmes coulaient sur ses joues lorsque ses yeux s'ouvrirent, revenant à la réalité de la chambre. Ses mains étaient toujours posées sur les tempes de Drago, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Ils restèrent ainsi, figés dans le silence.

Deux yeux gris rencontrèrent le regard de Harry. L'expression de Drago demeurait impassible, comme si ses années d'endurcissement l'avaient rendu imperméable à l'afflux d'émotions qui venait de surgir. Mais Harry pouvait percevoir un éclat de vulnérabilité dans ses yeux.

Puis, sans crier gare, il se jeta sur Drago, entourant son cou de ses bras et capturant ses lèvres dans un baiser fougueux et désespéré. Drago ne réagit pas tout de suite, figé par la surprise. Mais lentement, il finit par passer ses bras autour du corps de Harry, le serrant contre lui dans une étreinte douloureuse.

Ce n'était pas un baiser d'amour, pas un baiser passionné ou romantique. C'était un baiser chargé de peur, de désespoir et de douleur. C'était comme si tout ce qu'ils avaient vu, ressenti et partagé dans l'esprit de Drago avait été comprimé dans ce contact physique.

Les larmes de Harry coulaient sur les joues de Draco et ils se raccrochaient l'un à l'autre comme s'ils étaient la seule ancre dans un océan tumultueux de souvenirs sombres.

Finalement, le baiser se brisa doucement et ils restèrent là, enlacés, leurs fronts se touchant presque. Aucun mot n'était nécessaire, car dans cet instant, ils avaient trouvé un moyen de se comprendre sans avoir à tout expliquer.