Octobre

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Froide fin d'octobre

Sur les cendres du monde

Leur dernier souffle

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Chapitre XVII – Fin d'octobre

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La vague lumineuse se propagea comme une douce caresse à travers le champ de bataille. Une étrange quiétude s'installa. Les combats s'apaisèrent, les baguettes s'abaissèrent.

L'énergie de la vague semblait pénétrer en chacun, dissipant la tension, la colère et la haine accumulées. Les visages, autrefois crispés par la violence, se détendirent peu à peu.

Les blessures intérieures, invisibles, s'estompaient, se refermaient. Une douce chaleur se répandait en eux, comme si leurs corps étaient enveloppés dans un cocon de bien-être.

Les soldats de tous les camps semblaient soudainement unis par cette vague de sérénité. Les Mangemorts et les Aurors, les créatures magiques et les sorciers, tous partageaient cette étrange sensation de relâchement. Les rancunes et les haines laissaient la place à une profonde lassitude qui incitait à la paix. Les esprits fatigués se libéraient des fardeaux du passé, remplacés par une douce sensation de légèreté.

Alors que l'onde mordorée se propageait, le monde reprenait son souffle.

Le champ de bataille, autrefois déchiré par les combats, se transforma en un lieu de recueillement. Les corps des amis et des ennemis gisaient côte à côte, leurs expressions tendues s'adoucissant dans un sommeil paisible. Les débris et les ruines perdirent de leur agressivité, se fondant dans un paysage qui se régénérait lentement.

Le vent murmura doucement à travers les arbres.

Les étoiles scintillèrent dans le ciel nocturne.

Et tandis que la vague lumineuse se dissipait lentement, une nouvelle aube, plus sereine, se profilait à l'horizon.

Drago se précipita là où s'était tenu Harry quelques instants auparavant, son cœur martelant dans sa poitrine.

Les débris et les traces de la bataille jonchaient le sol, mais Harry avait disparu. Il s'agenouilla, fouillant frénétiquement parmi la poussière, parmi les ruines, parmi les corps.

Il hurla le nom d'Harry, mais il n'y avait plus rien, juste quelques étincelles de magie résiduelle qui continuaient de flotter dans les airs. Une terreur glacée le saisit. C'était tout ce qui restait d'Harry, ces traces fugaces de son pouvoir.

Il fouilla ses poches frénétiquement, les doigts tremblant alors qu'il sortait la petite boussole argentée que Harry lui avait confiée. Il la tenait dans sa main, regardant l'aiguille tourner follement sur elle-même, sans direction ni repos.

Drago tomba à genoux dans la poussière.

Il hurla.

Hurla sans fin.

Comme si tout le déchirait de l'intérieur.

Il hurla jusqu'à ce que sa gorge ne puisse plus produire le moindre son.

Puis il se tut.

Et le silence qui l'enveloppa fut pire encore.

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Hermione et Ron se tenaient là, côte à côte, leurs mains entrelacées. Les larmes coulaient silencieusement sur leurs visages.

Ils avaient traversé tant d'épreuves ensemble et pourtant rien ne les avait préparés à une telle perte. La disparition d'Harry les avait laissés démunis, brisés, leurs mondes à jamais changés.

Hermione serra un peu plus la main de Ron, cherchant du réconfort dans ce contact.

L'aube se leva doucement, indifférente à leur tristesse. Hermione et Ron restèrent là, immobiles, laissant le temps s'écouler tandis que les souvenirs d'Harry dansaient dans leur esprit.

Ils savaient que la vie continuerait, que les jours se succéderaient. Mais pour l'instant, ils se permettaient d'être vulnérables, de ressentir pleinement la profondeur de leur chagrin.

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Dumbledore avança d'un pas mesuré, son regard bleu perçant balayant la scène dévastée devant lui. Un silence respectueux s'installa peu à peu, alors que tous tournaient leurs regards vers le vieux sorcier.

« Mes chers concitoyens, sorciers et sorcières de toutes origines… - entama Dumbledore d'une voix calculée, son ton empreint d'une assurance qu'il cultivait depuis des décennies - Nous voici à la croisée des chemins, témoins d'une fin qui n'est que le commencement. Une ère s'achève et nous devons désormais regarder vers l'avenir avec la certitude que nos sacrifices n'auront pas été vains. »

Il fit une pause, laissant l'effet de ses paroles opérer dans l'esprit de l'assemblée, ses yeux scrutant les visages en quête d'adhésion. « Nous avons traversé des épreuves, des douleurs et des pertes. Tous ceux qui ont combattu de près ou de loin ressentent l'impact de cette guerre. Cependant, il est temps de tourner la page et de panser nos blessures, tout en gardant à l'esprit ce que nous avons accompli. »

Dumbledore marqua une pause. « La victoire n'est pas le fruit du hasard, mes amis. Elle est le résultat d'années d'efforts acharnés, d'alliances soigneusement tissées et de stratégies minutieusement élaborées. Cette victoire est le couronnement de décennies de dévouement, de sacrifices personnels et de choix difficiles. C'est un privilège pour moi d'avoir œuvré au sein de cette entreprise collective. »

Dumbledore fit une pause, sa voix prenant un ton légèrement plus grave. « Les temps sombres sont derrière nous, mais il nous revient maintenant de sécuriser notre avenir. Nous devons rester vigilants et prendre les mesures nécessaires pour préserver la paix que nous avons chèrement gagnée. C'est notre responsabilité envers les générations futures. »

Dumbledore conclut avec un geste solennel de la main. « Maintenant, mes amis, Aurors et membres du ministère, notre travail n'est pas terminé. Les coupables doivent répondre de leurs actes, et Azkaban attend de les recevoir. C'est à nous de garantir que les erreurs du passé ne se répètent pas. »

Son regard perça l'assemblée, le sourire insistant cette fois-ci. « Puissions-nous avancer avec force et confiance vers de nouveaux lendemains. »

Les Aurors se mirent en marche, arrêtant à tour de bras ceux qui avaient soutenu Voldemort.

Hermione et Ron échangèrent un regard inquiet alors qu'ils les voyaient s'emparer de Drago, qui se laissait faire sans opposer la moindre résistance.

Ils se frayèrent un chemin à travers la foule. Lorsqu'ils atteignirent Dumbledore, Ron prit la parole d'une voix tendue : « Professeur Dumbledore, vous devez intervenir. Malfoy a joué un rôle crucial pendant cette guerre. Il était un espion, il a combattu à nos côtés et maintenant vous le traitez comme un criminel ? »

Dumbledore les observa : « Monsieur Weasley, Drago Malfoy est un criminel. N'oubliez pas qu'il a pris ses décisions en connaissance de cause. Il était conscient de la voie qu'il avait choisie et des conséquences qui en découleraient. »

Ron était incrédule : « Mais vous l'avez vu ! Il a combattu à nos coté, il a protégé Harry ! »

Dumbledore répondit d'une voix déterminée : « Et où est donc Harry, maintenant, si Monsieur Malfoy l'a si bien protégé ? – Dumbledore soupira - Monsieur Weasley, Miss Granger, je comprends votre désarroi. Mais il faut parfois faire des choix difficiles pour garantir l'avenir. Drago Malfoy doit payer le prix de ses actions. »

Hermione ne pouvait contenir sa frustration : « Drago a risqué sa vie pour nous protéger. Ne peut-on pas envisager une autre solution ? »

Dumbledore secoua légèrement la tête. « Miss Granger, croyez-moi, si je pouvais agir autrement, je le ferais. Mais parfois, pour bâtir un futur, il faut consentir à certains sacrifices. Maintenant je vous prie de m'excuser. Je dois assister à quelques conférences. »

Alors que Dumbledore tournait les talons, Ron explosa : « Vous parlez de sacrifices, mais combien de vies faudra-t-il encore pour satisfaire cette soi-disant justice ? »

Dumbledore se retourna et soutint froidement son regard : « Autant qu'il le faudra, Monsieur Weasley. Je partage votre peine pour les pertes que nous avons subies. Mais il est temps d'accepter que les chemins vers la justice et l'avenir ne sont pas toujours pavés de compassion. »

Hermione et Ron échangèrent un regard amer. Dumbledore se détourna d'eux : « Maintenant, mes amis, nous devons nous tourner vers la prochaine étape. Les responsables doivent rendre des comptes et nous devons nous assurer que les horreurs du passé ne se répètent pas. »

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Les jours s'égrenèrent lentement, tandis que le pays tout entier se relevait des décombres de la guerre. La vie reprenait tout doucement son cours normal.

Un enfant aux yeux blancs se tenait sous le ciel d'octobre, contemplant avec fascination les premiers flocons de neige qui tombaient du ciel. Il écarta ses mains pour les attraper, un sourire pur illuminant son visage.

Neville arrosait ses plantes avec application. Malgré les soins, son bras gauche le lançait douloureusement par intermittence, une des nombreuses séquelles de la bataille. Dans son modeste appartement, la photographie de sa femme bien-aimée trônait sur la commode du salon. Ses cheveux d'or flottaient au vent et elle lui adressait chaque jour un sourire doux et réconfortant.

La télévision cracha les nouvelles quotidiennes : Dumbledore semblait se lancer dans la course aux élections, promettant un avenir radieux, un nouveau départ pour le pays.

Neville éteignit l'appareil.

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Lorsqu'il avait franchi les sinistres portes d'Azkaban, un cercle de métal glacé, conçu pour étouffer sa magie et restreindre tout élan de puissance, avait été posé autour du cou de Drago. La pression qu'il exerçait contre sa gorge était douloureuse, comme une étreinte implacable qui menaçait de l'étouffer à chaque instant. Cependant, Drago le supportait silencieusement, alors qu'il repensait aux doigts chauds et doux de Harry glissant le long de son cou.

Assis sur un banc délabré au cœur de sa cellule, sa tête reposant contre le mur de pierre, le prisonnier attendait. Il semblait détaché de tout, apathique, englouti par l'abîme.

Hermione s'était battue avec acharnement pour lui venir en aide. Elle s'était lancée dans une quête désespérée pour le sortir de sa cellule, mobilisant toute son influence, cherchant les alliés même les plus improbables. Ses efforts avaient été héroïques, mais ils s'étaient heurtés à des obstacles insurmontables. Les rouages du système semblaient indifférents à sa quête de justice. Pourtant, même face à l'échec, elle n'avait pas abandonné. Hermione avait continué à se battre.

Mais Drago s'en moquait.

Des rumeurs s'étaient propagées parmi le peuple. Les murmures accusateurs l'avaient qualifié de responsable de la disparition d'Harry et la soif de vengeance grondait parmi les foules. Les cris de désir de châtiment se faisaient entendre, appelant à sa chute, à sa punition.

Mais cela n'avait pas d'importance à ses yeux. Rien ne pouvait plus l'ébranler.

Ses yeux vides se perdaient dans le néant de sa cellule. Son visage ne trahissait aucune émotion, aucune réaction à la douleur persistante qui l'étreignait.

Pourtant, Drago n'était pas totalement immobile. De temps en temps, de petites étincelles vert émeraude jaillissaient de ses doigts, glissant entre ses jointures, se faufilant le long de ses paumes.

Ses gestes étaient subtils, presque imperceptibles, mais le jeune homme emmagasinait sa magie discrètement, secrètement, de quoi s'offrir une porte de sortie. Un dernier choix. Un dernier spectacle.

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Avec un mélange d'excitation et d'appréhension, Ron se tenait devant les prothèses magiques qui reposaient devant lui. Pendant trop longtemps, il avait dû se déplacer en fauteuil roulant et l'idée de pouvoir à nouveau se redresser sur ses jambes était à la fois exaltante et intimidante.

Il avait passé des heures à discuter avec les experts en magie médicale, à s'assurer que les prothèses étaient adaptées à ses besoins spécifiques. Maintenant, elles étaient là, devant lui, prêtes à être enfilées. Il avait déjà vu d'autres personnes utiliser des prothèses magiques avec une aisance naturelle, mais pour lui, c'était une expérience totalement nouvelle.

Ron souleva les prothèses et commença à les fixer à ses jambes. Il sentit la magie s'activer au contact de sa peau. Une fois qu'elles furent en place, il fit quelques pas hésitants. La première tentative fut maladroite, déséquilibrée. Il avait l'impression d'être un nouveau-né qui apprenait à marcher pour la première fois.

Il pouvait les sentir réagir à ses intentions, ajustant leur soutien en fonction de ses mouvements. Petit à petit, il gagna en confiance, se redressant un peu plus à chaque pas.

Ron ne pouvait s'empêcher de sourire en sentant le sol sous ses pieds, en ressentant la légère tension dans ses muscles alors qu'il avançait.

C'était loin d'être parfait, mais c'était un bon début.

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Son gardien avait attaché une chaine à l'anneau de fer placé autour de son cou et le trainait sans ménagement, à travers les couloirs d'Azkaban, alors qu'il trébuchait, faible sur ses jambes.

Son procès avait lieu.

L'atmosphère dans la salle était électrique. La foule s'était massée, impatiente et hostile, leurs regards emplis de haine. Les insultes fusaient de toutes parts, des cris stridents de colère qui semblaient envahir l'espace. Les juges, perchés en hauteur, le scrutaient avec dédain, prêts à prononcer un verdict qu'ils semblaient déjà avoir décidé. Mais Drago, malgré sa pâleur, restait la tête haute, plus glacial que jamais.

La salle de justice était emplie d'une tension palpable, un mélange d'animosité et de désir de vengeance. Drago se sentait comme une bête traquée, un spectacle pour étancher la soif de haine de la foule en furie. Derrière sa façade calme, il avait conscience que ce serait son dernier acte.

Alors qu'il se tenait là, les yeux fixés droit devant lui, il voulait leur offrir un dernier show, un souvenir impérissable, car Drago Malfoy était bien plus que le nom qu'ils hurlaient avec mépris.

Debout, appuyé nonchalamment contre la barre, il n'avait jamais été aussi calme.

« Nous allons vous briser. Vous briser jusqu'à ce que vous avouiez ce que vous en avez fait. Nous allons ouvrir votre tête, en sortir les informations dont nous avons besoin. »

Drago se redressa lentement. Ouvrit la paume de sa main. Un frisson doux le parcouru. Des étincelles vertes crépitèrent, suivies de volutes blanches qui tourbillonnèrent le long de son bras.

Sa baguette se matérialisa.

Il la pointa contre sa tempe.

Sourit.

Un éclair vert jaillit.

Puis ce fût le noir.

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Il était partout et nulle part en même temps.

Il était ailleurs.

Il flottait, incorporel, fondu dans le tissu même de la magie. Il voyait tout. Il sentait tout. Il entendait tout. Il percevait chaque recoin de l'univers.

Sa conscience humaine s'effaçait peu à peu, jour après jour, tandis qu'il se connectait à l'essence même du cosmos.

Il n'était plus vraiment Harry.

Mais il n'était pas encore tout à fait autre chose.

Il était plus grand.

Il était plus puissant.

Il devenait un tout.

Pourtant, malgré sa dissolution, il avait tenté désespérément de ne pas rompre la promesse qui était restée ancrée en lui. Au fin fond de ce qui lui restait de ses souvenirs, sur un fil plus ténu que la soie d'une araignée, il se rappelait qu'il avait aimé et avait été aimé.

Et quand l'univers tout entier se souvenait qu'Harry avait été prêt à sacrifier sa vie pour sauver le monde, Drago, lui, avait sacrifié son monde pour Harry.

Tout son être était resté aussi longtemps que possible aux côtés de Drago, invisible et impuissant, témoin silencieux de l'injustice qui se déroulait sous ses yeux ; Lorsque Drago avait été emmené, quand il avait été condamné et quand il avait… laissé partir sa vie…

Une fureur inextinguible avait rugi en lui. Un cri déchirant qui avait traversé l'espace de part en part. Ses milliards de particules s'étaient muent en une colère qui l'avait brûlé avec une intensité indomptable.

Et, alors qu'il libérait cette fureur comme une tempête déchaînée, des maladies anciennes, que l'on pensait oubliées, avaient ressurgit. Les récoltent avaient pourrit, les arbres dépérit.

Les éléments naturels s'étaient enragés, se déchaînant sur la Terre avec une sauvagerie inouïe. Des vagues géantes avaient engloutit les côtes, des tremblements de terre avaient fissurés le sol, des volcans avaient ensevelis des montagnes.

Une pluie de cendre s'était abattue sur Londres.

Et le silence s'était fait.

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Il court. Il a du mal à respirer, mais il doit continuer. La terre - la roche - roule sous ses pieds, le déséquilibre. Ici, les arbres ne pousseront plus. Là-bas non plus d'ailleurs. Il commence à neiger. Pourtant ce n'est pas de l'eau qui tombe ici, c'est de la poussière. De la cendre. Une suie grasse et grise. Tout ce qui reste du monde.

Autour de lui, c'est le néant.

La fin du monde.

L'apocalypse.

Son enfer à lui.