OCTOBRE

Sous la lune d'automne

Les ailes de la libellule

Sont immobiles

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Chapitre V, Mélancolie

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POV Draco

Lorsque je rentrais dans l'appartement, Harry était assis sur le rebord de la fenêtre, les jambes dans le vide.

Il s'était enfin réveillé. Assommé, il n'avait assisté ni à son propre enlèvement, ni au sauvetage que l'on avait courageusement réalisé. Ni à ma bravoure d'avoir supporté tout ce temps un Dumbledore sénile en train de chanter à tue tête : « Il en faut peu pour être heureux. ».

-« Encore en train de rêvasser, Potter ?

J'ai plus dit ça par habitude que pour le vexer. Il n'a pas répondu. Je me suis approché de lui, sans faire de bruit. Des écouteurs aux oreilles, il fixait un point lointain, les yeux dans le vague.

Je ne sais pas pourquoi, mais de le voir ainsi, si calme, sans son sourire narquois, ça m'a retourné. Je n'ai pu m'empêcher de le comparer à ma personne. Certes, il n'était pas aussi élégant et sexy que moi, il n'avait pas ma classe naturelle, était même un peu bourrin sur les bords, mais nous avions un point commun.

Tout le monde voyait Harry comme il voulait qu'on le voit : un gosse insolant et perturbateur mais qu'on ne blâmait pas parce qu'il devait sauver le monde.

Moi seul pouvait prétendre connaître le véritable Harry Potter et cela uniquement parce que en ce moment même, je voyais son essence même, brillante de vérité. (et surtout car il ne s'était pas aperçu de ma présence.)

J'avais tellement pratiqué « l'art du masque sentimental» que personne ne pouvait me tromper.

Ce point que nous avions en commun scintillait au fond de nos yeux et glaçait notre âme sans toutefois la briser.

La mélancolie… . C'est l'une des acquisition les plus terrible de l'être humain, car l'on ne peut en guérir. Certes on ne peut en mourir, mais une fois dans notre cœur, elle y demeure jusqu'à la fin de notre vie, et quoi que l'on fasse, même si l'on semble extrêmement heureux, elle n'attend qu'une chose : que l'on soit seul, pour surgir à nouveau.

Proche de la tristesse sans en être maîtresse, elle noue notre gorge et serre notre coeur, apporte les larmes à nos yeux, nous rappelant que l'on a laissé fuir le bonheur, et qu'il ne reviendra jamais. Pourtant, on pouvait le toucher, l'admirer, mais alors qu'il allait nous combler, il a glissé entre nos doigts, laissant une place vide dans notre cœur.

Ainsi, en regardant Harry, perdu dans ses pensées, j'avais l'impression que les soucis du monde ici bas n'avaient aucune importance à ses yeux, comme si sa vie était ailleurs. Un quelque part caché de nos yeux, mais présent dans son âme. Cependant, il semblait ne pas pouvoir en retrouver l'entrée.

Et je me revoyait, dans les jardins du manoir Malfoy, alors que j'avais sept ans. Il avait neigé toute la soirée. Je courrais, jouant avec la poudre immaculée et glacée, lorsque je l'ai vu. Un moineau sûrement. Il gisait par terre, de l'autre coté de la clôture séparant les jardins de la forêt Une tâche noire sur du blanc. Il vivait encore, agitant faiblement une de ses ailes.

J'ai tendu les mains dans l'espoir de l'attraper pour pouvoir le réchauffer et, peut-être, ainsi, le sauver. Mais jamais je n'ai pu le toucher : Si mes bras frêles passaient sans problèmes à travers les grilles du parc, ils n'étaient pas assez longs.

Le temps que j'aille chercher un serviteur et qu'il m'ouvre le portail, l'oiseau était mort.

Je n'ai pas été au bord du désespoir. Je n'ai pas pleuré. Mais mon cœur s'est serré imperceptiblement. La mélancolie s'est installée et j'ai appris à faire semblant.

Le temps a passé, quinze années se sont écoulées, cependant, encore maintenant, lorsque le temps est trop pluvieux ou glacial, je sens mon âme vibrer et je retourne dans mon monde, où des centaines d'oiseaux tournent, immortels, dans un ciel d'azur.

Potter et moi avons cela en commun. Nous ne vivons pas ici. Nos pensées sont tournées vers notre univers. Et ni la guerre, ni la souffrance ne pourra nous en détourner.

Nous avons un secret à conserver et pour cela, tous les moyens sont bons. Il utilise l'insolence, j'emploie la froideur…

Putain. Voilà que je deviens sentimental. Côtoyer Potter ne me va vraiment pas…

-« Encore en train de rêvasser, Malfoy ?

Le visage de Potter se tient à quelques centimètres du mien. Je recule vivement et soupire avec lassitude avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain, sans rien répondre.

On frappe à la porte :

-« Malfoy

Bon sang ! ce satané Potter a décidé de m'enquiquiner jusque dans mon bain.

-« Je n'entends rien.. la la la

Ahah ! n'est ce pas une feinte subtile digne d'un Malfoy ça ?

-« Dis moi DRA-CO …

Ouh ! comme il insiste sur mon prénom… Ca sent la question piège… d'abord, qui l'a autorisé à prononcer mon merveilleux prénom ? Mais il continue déjà sur sa lancée, sans se soucier qu'il contamine les deux syllabes qui composent « Draco ».

-« Est ce que t'es vierge ?

-« QUOI ?

-« J'ai dis : Qu'est ce qui c'est passé pendant que j'étais évanouit ?

Putain. Cerveau, ta gueule. Qu'est ce que tu me fais entendre comme conneries ? Surtout venant de Potter…

-« Tu veux bien coucher avec moi ?

-« POTTER ! REPETE CE QUE TU VIENS DE DIRE !

-« T'es sourd ou quoi ? J'ai dit : C'était si terrible que ça ?

-« Quoi ?

-« Je sais pas tu gardes le silence… j'y étais pas moi… je peux pas savoir ce que j'ai fait…

-« T'as dormis… y a rien d'extraordinaire.

-«Rien d'extraordinaire hein ? Alors est ce que tu peux m'expliquer ce que je fais en robe de princesse ?

La robe de princesse … Hum … comment lui expliquer avec des mots simples pour que son cerveau atrophié comprenne bien, que Père l'a enlevé après qu'il se soit joyeusement rétamé puis assommé.

Que Père, fan de Wald Disney, l'a pris pour la belle au bois dormant d'où la robe.

Que Dumby a faillit l'embrasser (ouhouhouh…).

Que le coup des confettis lancés par Dobby n'a pas marché, mais que la tarte au potiron et à la chantilly si.

Uh. Il ne comprendra pas.

On frappe à la porte de l'appartement. J'entends Potter se lever pour aller ouvrir. Puis, quelques minutes plus tard, il revient squatter devant la porte de MA salle de bain.

-« C'était Dumbledore. Il m'a raconté tout ce qui s'était passé. Enfin… j'ai pas très bien compris certains passages avec un château rouge ou je sais plus quoi…

-« C'était un château rose.-je marmonne.

-« Mais j'ai retenu une chose… tu es venu me sauver, DRA-CO…

Merde… c'est moi ou il y a de l'admiration dans sa voix ? Je sors de mon bain en deux temps trois mouvements, enfile un pantalon, et ouvre grand la porte :

-« PAS DU TOUT T'AS RIEN COMPRIS POTTER. COMME SI MOI, UN MALFOY DE SANG PUR, ALLAIS SAUVER UN TROLL DANS TON GENRE… C'est pas pour rien que je suis allé à Serpentard et toi à Gri... »

J'ai suspendu ma phrase, car Potter est accroupi, les yeux levés sur ma magnifique personne, un immense sourire goguenard étalé sur… sur sa face de singe … Il se fout de moi ce con !

-« Oh oui, DRA-CO, tu es mon sauveur…-il se relève et tend les bras vers moi- viens ici que je te fasse un bisou pour te remercier… Comme tu es courageux…

J'esquive de justesse Potty qui continue dans son trip débile. Dumby n'a pas du lui raconter l'épisode où il voulait l'embrasser, sinon, le sauveur du monde ne serait pas aussi fier de lui… Alors je lui raconte pour lui foutre la honte ou pas ?

Flûte, le temps de réfléchir, et me voilà acculé dans un coin de l'appartement… Harry clame comme un malade des « Draco je te manquais tant que ça ? » et fonce sur moi, la bouche en cœur.

« Toc toc… »

Potter s'arrête net dans son élan. Je souffle… Sauvé par le gong alors qu'il n'était qu'à quelques centimètres de moi… yeurk…

Il y a un silence… on se regarde, on regarde la porte, on se regarde à nouveau… et je pousse l'enquiquineur number one pour ouvrir à mon sauveur.

POV Harry

NAAAOOONNNN !

Ca, ça vient du cœur. Le cri désespéré de Draco me fait sourire doucement. Qu'est ce que ça peut bien être maintenant ? Je viens juste d'ôter ma robe de princesse et d'enfiler un jean et un t-shirt, et de là où je suis, je ne peux pas voir la porte, mais en tout cas ça a l'air terrible. Draco continue de parler au mystérieux inconnu…

-« Pas vous ! j'ai déjà assez de gens chiants à supporter ici sans que vous vous rajoutiez au lot… »

Ah… alors il y a plusieurs personnes …

-«Non non, il n'y a pas de Potter ici… d'ailleurs, je ne connais aucun Potter… »

Qu'est ce qu'il raconte l'autre ? je me décale de façon à pouvoir voir la porte d'entrée… … une tête blonde : ça, c'est Malfoy… mais il y a deux autres têtes inconnues avec lui… une rousse, et un paillasson… Tiens, ça me dit quelque chose, cette voix stridente… et cette tête de belette aussi… où ai-je bien pu voir un pareil zoo ?

-« HARRRRRRYYYYYY !

Pas le temps de réfléchir plus longtemps, le paillasson court sur moi en hurlant mon prénom, tandis que Draco passe une main lasse devant ses yeux…

Pauvre Draco…

Minute…

Depuis quand ça peut courir un paillasson ? Même… depuis quand ça peut parler ?

Ahah ! mais oui, c'est vrai… on est dans le monde de la magie… quand même… ils y vont un peu fort les sorciers… faire parler un paillasson, à quoi ça sert ?

-« Harrrrrryyyy ! tu nous as manqué…

Qu'est ce qu'elle raconte, la descente de lit ? Moi ? ami ? Jamais ! Je ne m'allie qu'avec des êtres sexy au charme ravageur comme, par exemple…

-« Mione, lâche donc un peu Harry… tu l'étouffes.

Tiens, la belette parle elle aussi ? Et bah avec ça, je vais pouvoir faire fortune dans un cirque chez les moldus…

attends… Mione… Mione comme dans HerMIONE ? Je baisse lentement les yeux… Ca alors ! en dessous du paillasson, il y a … une tête humaine… c'est une fille…

-« Her… Hermione ?

-« HARRY !

-« Et euh... Ron ?

-« Salut Harry… on passait dans le coin alors on s'est dit… pourquoi pas dire bonjour à Harry et le sauver de la compagnie néfaste de Malfoy fils (Dumbledore nous a prévenu pour… pour ça. –il désigne Draco du menton.)

-« La compagnie néfaste va se coucher, si vous le permettez. Comme ça, elle n'aura pas à entendre les conneries d'une belette stupide. »

Ah ouais… lui aussi il a remarqué la ressemblance…

-« Oh non Malfoy ! on s'amusait tellement ensemble. »

Draco me fusille du regard… je sens que je vais avoir une mort lente et douloureuse bientôt… puis il quitte le salon en claquant la porte de la chambre.

Le silence s'installe. Je tente de relancer la conversation :

-« Alors, qu'est ce que vous devenez ?

Hermione me balance son point au visage, je l'évite de justesse par un bond sur le coté… Elle voulait me frapper ? Ah non. Elle fixe avec des étincelles plein les yeux une bague qui entoure son doigt.

-« Oh. Tu t'es achetée une nouvelle bague ?

-« Harry, on s'est mariés Ron et moi !

Euh… marié ? Comme « voulez vous épouser la belette, mademoiselle Paillasson ? » Marié comme dans : « chéri ! je veux cette robe là et ce collier en diamant là ? » ou comme dans « Pour le meilleur et pour le pire ? » . Cerveau. Remet toi en marche, c'est un ordre. Ferme moi ma bouche et fais rentrer mes yeux dans leurs orbites.

-« Et on attend un enfant.

Maydé Maydé, Potter ne répond plus ! Twuhuhuhu ! Les neurones survivants en premiers dans les canaux de sauvetage ! Envoyez les parachutistes ! Le cerveau coule ! le cerveau coule ! Je vous l'avais dit, commandant, de réduire la vitesse de l'information. Envoyez des S.O.S. à toutes les unités en service !

-«…Ry ?

Les bouées de sauvetages ? où sont les bouées de sauvetages ? A l'avant du cerveau, commandant, mais il n'y en aura pas pour tous les neurones !

-« Harry ?

Jack ! je voulais te dire que je t'aimais. Moi aussi je t'aime Rose. Si nous nageons jusqu'au cervelet, peut-être que l'on s'en sortira.

-« HARRY !

-« Qu…quoi ?

-« Tu voudrais être le parrain ?

-« Pa… parrain ?

-« Merci mon pote ! je savais que ça te ferait plaisir !

Et voilà Ron qui s'y met aussi… Une fois toutes mes capacités neuronales retrouvées, je prononce le mot qu'il faut pour cette circonstance :

-« Hé bah… félicitation.

… OUFF ! ça y est, ils sont partis. Que d'informations aujourd'hui ! Alors… récapitulons calmement… Ron et Hermione, mes deux anciens meilleurs potes que je n'avais pas vu depuis… trèèès longtemps, viennent de se marier… Et ils attendent un enfant… et je vais être le parrain… et il s'appellera Dish… Bweeuuuuh… trop d'informations tue l'information, c'est bien connu.

Je tourne ma tête vers l'horloge de l'appartement. Ouh ! qu'il est tard… Je regarde la boite de chocolat qu'a glissé la future maman dans ma main avant de partir… Et si c'était empoisonné ? Paranoïa, quand tu nous tiens. Bon, pas grave. J'en ferais goûter à Draco pour savoir… Je me traîne vers la chambre (deux lits je précise…).

-« Tiens, voilà la loque.

-« Merci, Draco, j'apprécie, je vois que même à cette heure tardive, ta bonne humeur ne s'éteint pas… (et depuis quand je l'appelle par son prénom moi ?)

-« Malfoy à ton service, Potty.

-« Prends un chocolat au lieu de dire des conneries.

Il regarde la boite avec suspicion :

-« Ils sont empoisonnés ?

-« Qu … Qu'est ce que tu racontes ! Bien sur que non !

Il en prend un, le renifle, croque dedans délicatement (comme un snob quoi.). Et puis en reprend un autre lorsqu'il a terminé.

Bon. Ca a l'air d'aller. Il ne semble pas sur le point de mourir dans d'atroces souffrances. Je récupère la boîte avant que môssieur ne l'engloutisse totalement et me vautre sur le lit. Je m'empare du premier livre que je trouve et commence à lire…

-« Au fait Malfoy ?

-« QUOI ENCORE ?

-« Qu'est ce que tu disais sur Griffondor et Serpentard tout à l'heure?

-« Griffondor et Serp… rien du tout. Tu deviens mytho Potter.

-« Mais siiii ! lorsque tu sortais de ton bain en beuglant comme un malade…

-« Il n'y a qu'un seul malade ici, et ce n'est certainement pas moi.

-« Si tu veux…

-« Et pour ta gouverne, je disais que jamais un Serpentard ne serait allé, de son plein gré, aider un imbécile de Griffondor.

-« Pourquoi ?

-« T'es con ou quoi, Potter ? tu sais aussi bien que moi que Griffondor et Serpentard n'ont jamais pu se saquer ! Tout les oppose : ils sont le Bien et le Mal, la réputation et la solitude, la niaiserie et l'intelligence…

-« Draco ? je peux te lire un passage de mon livre là dessus ?

Il ne répond pas. C'est bien connu : qui ne dit mot consent. Je prends donc une grande respiration, et je commence…

« La légende de Poudlard.

''C'est ici que nous bâtirons la future école, sur cette Terre verte, sous ce soleil éblouissant. Pour ainsi transmettre l'espoir, et pour qu'à jamais, l'on se souvienne de nous.''

Le grand Salazard écarta les bras, désignant l'espace à construire, sous les regards appréciateurs des trois autres... Le château fut élevé, et la légende naquis.

Mais, contrairement à ce que l'on dit, Salazard ne trahit jamais ses compagnons. C'est la peur de l'autre, la peur que l'autre trahisse, la peur que l'autre fuit qui brisa définitivement leur amitié.

Un jour, une partie du château s'effondra, tuant par la même occasion beaucoup d'innocents. Les bâtisseurs s'accusèrent alors les uns les autres, puis s'entre-tuèrent.

Étant donné que la population était, et est toujours, manichéenne et comme Salazard avait l'air peu engageant, tout de noir vêtu, on fit de cet incident une guerre, et du serpentard le Mal incarné.

Et, comme il fallait le Bien puisque le Mal était apparu, on nomma Godric au poste de défenseur de la justice et d'un idéal de perfection.

Ils n'étaient que des Hommes munis de toutes leurs faiblesses, on fit d'eux des légendes.

C'est ainsi que, battit sur des mensonges, Poudlard évolua. »

Je n'ai pas le temps de finir mon histoire que Draco m'interrompt :

-« Tu déconnes ?

-« Pas du tout Malfoy. C'est écrit dans le…

Il m'arrache le livre des mains et le feuillette.

-« J'en étais sur, c'est un livre d'image. Tu as inventé toute cette histoire.

-« Euh… oui ? mais avoue que c'était bien essayé.

-« T'es vraiment un gamin Potter !

S'en suit un long silence plein de représailles… je fixe le plafond… Mince… c'est quand même con cette haine réciproque entre Griffondors et Serpentards… et puis, qui sait… si ça ce trouve, ce que je viens d'inventer, c'est ce qui s'est réellement produit. Bon, et voilà que maintenant, il boude, l'autre. Je mange un chocolat… encore un… c'est vrai qu'ils ne sont pas mauvais…

-« Arrête de te goinfrer comme ça, pense aux autres ! Si tu continues, tu ne vas plus rentrer dans tes fringues. C'est pas parce que je t'ai fait une sale remarque qu'il faut que tu te mettes à la boulimie, Potty… et puis… elle était pas si mal racontée ton histoire.

Ouhla ! serait-ce un compliment que mes chastes oreilles ont perçu ? Il va pleuvoir ! que dis-je ? il va neiger, grêler, tempêter ! Avec un cyclone juste au dessus de Poudlard. Rentrez les calamars géants et les licornes à huit têtes !

Merlin l'a annoncé : il n'y a jamais rien de bon qui arrive lorsqu'un Malfoy fait une remarque gentille à un Potter !


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JUIN

Rosée blanche sur la ronce -

Une goutte

Sur chaque épine

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Chapitre VI, Début de Terreur

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Le soleil était éblouissant. Au centre du parc, dépeuplé à cette heure de l'après midi, se dressait un gigantesque arbre. Un jeune homme blond se tenait droit, face au tronc.

Il regarda à droite : personne. A gauche : personne non plus. Derrière lui ? parfait il était seul.

Il grava alors précautionneusement dans l'écorce un immense cœur, dans lequel il inscrivit deux lettres entremêlées : H et D.

Ce fut en sueur que Draco Malfoy se réveilla ce matin là. Bon, faire des efforts envers Potter, il voulait bien, mais pas à ce point !

Il régnait ce matin là une atmosphère bonne enfant entre les élèves (anciens et nouveaux) de Poudlard et les professeurs. Même si c'était encore l'hiver, un soleil chaud irradiait Poudlard, le ciel était d'Azur, et les premiers bourgeons sur les arbres apparaissaient.

Harry Potter, quant à lui, se traînait difficilement à travers l'appartement (qu'il était O-bli-gé, rappelons le, de partager avec Draco Malfoy, ) pour se rendre dans la salle de bain.

-« Potter. T'es une loque.

-« Tu l'as déjà dit.

-« Tu pourrais faire un effort, au moins.

-« Je fais des efforts ! regarde : je te supporte depuis…ouhla…

-« Je parlais de tes vêtements, Potter.

-« Quoi mes vêtements ?

Draco Malfoy regarda longuement son colocataire forcé qui rampait lamentablement vers la salle d'eau.

-« Et bien justement. Tes vêtements ne sont plus des vêtements. Et depuis longtemps apparemment. On dirait que tu te fringues comme un elfe de maison.

Mais Harry, sourd à toute remarque constructive sur sa façon de s'habiller, continua son petit chemin sans répliquer à la pique de son ennemi. Le jeune homme blond fronça les sourcils mécontent. Non mais ! si il devait se coltiner Potter encore un bout de temps, autant que ce dernier soit bien sapé. Tiens, justement, le nom d'un chouette petit commerce au pré-au-lard lui revenait en mémoire… Ah l'autre abrutit ne voulait pas faire d'efforts ? parfait. Draco prendrait donc les choses en main.

Et ce fut d'un pas décidé, qu'il se dirigea vers les bureaux de Dumbledore.

Harry sortit de la salle de bain assez fier de lui. Il avait réussi à faire enrager Malfoy en refusant de prêter oreille attentive à ce qu'il disait. « Je suis le meilleur, je suis le meilleur… » répétait il en boucle.

Un raclement de gorge venant du salon le coupa net. Le directeur était en effet confortablement installé dans le canapé.

-« Oh, c'est vous monsieur.

-« Oui. Je suis venu te voir sous les supplications de Draco.

-« Supplications ?

-« Oui, bon, disons les prières

-« Prières ?

-« Euh… demandes ?

-« Cherchez encore…

-« Menaces ?

-« Bien. Je vous écoute. Que veut il encore ?

-« Il veut vous emmener à pré-au-lard pour vous détendre en faisant les magasins…

-« … Qu… quel doooomage ! je ne pourrais pas y aller ! j'ai… entraînement avec Snape.

-« Entraînement ? oh non, rassure toi ! Séverus déprime un peu par ce beau temps. Par conséquent, il n'assurera aucun cours. Vous pourrez donc, toi et Draco, vous y rendre sans crainte.

-« Ouh ! j'ai soudainement fort mal à la tête. J'ai du attraper une maladie rare et mortelle. Probablement la rage du vers de terre ! aaaaah je souffre, je ne pourrais pas sortir aujourd'hui.

-« Ahah ! quel petit plaisantin ! soyez de retour à 16 heures précises, pour le goûter. Amusez vous bien ! et n'oublie pas : 16 heures !

Dans un « Pop » magistral, entouré de fumée blanche, Dumbledore disparut, alors qu'Harry hurlait désespérément : « Mais siii ! la rage du vers de terre existe ! je vous assure !»

Une heure plus tard, un blondinet traînait de force un sorcier aux cheveux ébouriffé, dans une petite boutique sombre de Pré au Lard.

Lorsqu'ils en ressortirent, une (autre) heure plus tard, Harry Potter portait deux douzaine de sacs, et Draco Malfoy avait un sourire de vainqueur.

Dumbledore se sentait fatigué.

Dumbledore se sentait vieux.

Dumbledore se sentait déprimé.

Bref, Dumbledore avait besoin de jouer au criquet.

Hors, Dumbledore était seul. Désespérément seul. Et on ne peut pas jouer au criquet tout seul, ce n'est pas rigolo.

Le pauvre homme barbu, seul et martyrisé par les siens, allait retourner à son bureau pour plumer son phénix (« une occupation comme tant d'autres » s'était il justifié à la gazette des sorciers pour répondre aux accusations de la ãSSPA (société sorcière protectrice des animaux)), lorsqu'une tornade noir le renversa.

-« Ah, Albus. Avez vous vu Potter ? Ce sale gamin a osé sécher mes cours d'entraînement !

-« Harry ? – demanda naïvement le directeur- oh oui, je l'ai vu. Il est partit faire du shopping avec Draco.

-« Du sho… avec Malf… non non, Albus, je vous parle de Potter, l'ennemi juré de Monsieur Draco Malfoy.

-« Oui oui, nous parlons bien du même. Pensez vous, par un si beau temps, il faut qu'il en profite, il sera de retour à 16 heures, pour le gouter ! Mais trêve de bavardages, Severus. Venez donc jouer au criquet avec moi, puisque vous êtes libre.

-« Savais-tu que la rage du vers de terre est extrêmement contagieuse, Malfoy ?

-« Qu'est ce que tu baves Potty ?

Harry Potter, qui croulait sous une montagne de sacs Sorcier fashion pila soudain.

-« Regarde ! ce ne serait pas … par hasard ? Neville et Luna, là bas ?

Draco regarda le jeune couple qui venait de sortir de chez Honeyduck, regarda Harry, regarda à nouveau le couple, réfléchit un moment, puis répondit :

-« Je ne vois personne Potty, tu as des hallucinations, rends toi à l'évidence.

Mais Harry ne l'écoutait déjà plus il se dirigeait à grand pas, et au grand damne de Draco, vers Neville qui sembla le reconnaître aussi puisqu'ils finirent par se serrer la main en riant de bon cœur.

Draco s'approcha en traînant des pieds. Il n'avait pas fait trois mètres que quelque chose s'écrasa contre ses jambes. Il baissa lentement la tête et eut une grimace de dégoût :

-« Qu'est ce que c'est que cette chose là ?

-« Et bien, malfoy, ça m'a tout l'air d'être une jeune fille. –rigola Harry

-« Otez moi ça tout de suite des jambes ! – cria Draco en voyant que la « jeune fille » s'accrochait telle une sangsue à son magnifique jean neuf.

Luna se décida d'intervenir, sentant que le blondinet était prêt à envoyer l'enfant le plus loin de lui d'un coup de pied.

-« Rei, ma chérie, viens ici.

-« Harry – Neville se racla la gorge- je te présente ma femme, (mais tu la connais déjà ) Luna, et notre fille : Rei.

-« C'est… c'est cool. Dit Harry.

-« Comment ça « c'est cool » ?! –cria Draco- c'est terrible oui ! Il n'y a peut être pas assez de sales mioches parasites sur terre comme ça ? hein ? Mais non, en plus, il n'y a que les chieurs qui font des gosses, et pourquoi ? vous savez pourquoi ? Pour remplir cette putain de Terre de leurs descendant, pour être surs que les gênes de chieurs se perpétuent à jamais. Et pour que la terre se remplisse de chieurs. Voilà pourquoi !

-« Moi, je crois que t'es jaloux, Malfoy.

-« Vas te faire foutre, Potter.

-« Il fait bien sombre tout à coup non ?

-« Je trouve aussi. Qu'elle heure est-il ?

-« Quatre heures moins le quart.

Rei agrippa soudain le bas du jean de Draco :

-« Là ! Là ! des lumières, ça brille.

Les quatre adultes regardèrent en direction des dites lumières. En effet, le ciel était éclairé de rouge, d'orange et de jaune. Il flottait dans l'air une odeur de souffre.

-« Qu'est ce qu'il y a là bas ? demanda Neville

-« … Poudlard.

Draco fut le premier à réagir :

-« Oh putain ! Ca crame vraiment ! Harry, ramène toi, vite.

-« On vous accompagne –cria Neville- Rei, va chez Rosemerta, on reviendra te chercher quand ce sera fini !

Lorsque ils arrivèrent là bas, Hermione et Ron s'y trouvaient déjà, et combattaient, avec les professeurs, des mangemorts. En voyant Draco, Severus cria :

-« Il reste des élèves dans le château. Il y en a qui n'ont pas réussi à sortir ! allez les chercher ! »

Harry et Draco se précipitèrent, tandis que Luna et Neville prêtaient main forte aux professeurs.

-« Par où on commence, Harry ?

Draco était essoufflé. Les couloirs du château semblaient interminables, l'air était irrespirable. Harry, lui, avait l'air tenir le choc, et même les fumées ne paraissaient pas le déranger.

-« On se sépare ?

-« Surtout pas ! On reste ensemble jusqu'à ce qu'on trouve des élèves ! si il arrive quelque chose à l'un de nous, l'autre pourra faire sortir les gosses.

-« T'es trop rassurant Potter.

Harry passa la tête par l'entrebâillement d'une porte :

-« Rien ici. Merde, on va pas faire toutes les classes, sinon, c'est nous qui allons y rester.

-« Commençons par les étages. – suggéra Draco- la fumée y monte plus rapidement, et les flammes, qui envahissent les escaliers, empêchent qui que ce soit de descendre. Il est plus probable qui si des élèves se sont retrouvés coincés, ce sera en haut.

-« Tu as raison. – Harry se dirigea droit sur les flammes et cria :- « Aguamenti »

Le sort resta sans effet. Le jeune homme eut beau le répéter, rien ne se passa.

-« Qu'est ce que c'est que ce feu qui ne s'éteint pas ? parfait, j'ai compris. On va faire autrement… -Il pointa sa baguette vers son propre torse, traça quelques signes dans l'air, et murmura : « Inflamébilis ». , puis il se tourna vers son compagnon et refit les mêmes gestes.- Okay, c'est tout bon maintenant, suis moi. »

Draco sembla hésiter un moment, prit grande inspiration, et s'enfonça dans les flammes. Il observa un moment le feu devenu inoffensif lui lécher les vêtements puis passa une main dedans en mémorisant les gestes que Potter avait fait :

-« C'est donc ça le sortilège Inflamébilis… Qui te l'a appris ? »

Harry marmonna une phrase dont le blond ne compris que « autodidacte », et qui finit par (et cela fut bien plus compréhensible que le début) : « mais si j'étais toi, je ne m'amuserais pas trop longtemps avec les flammes, le sort n'est pas permanent. »

Ils arrivèrent non sans encombres au premier étage, déserté depuis longtemps. Lorsqu'ils s'aperçurent que les poutres soutenant le plafond commençaient à brûler et à se détacher pour s'écraser au sol, ils gravirent le second en courant, Draco en tête.

Soudain, alors qu'ils en étaient au trois quart, une partie de l'escalier s'effondra sous les pieds d'Harry. Il se raccrocha de justesse à un bout de la rampe qui était encore un peu solide. Le blond se précipita pour l'aider. Il s'empara des poignets du brun et tira celui-ci à lui. Ce dernier s'affala dans les bras du jeune Malfoy, le souffle court. Leur regard se croisèrent entraînant la confrontation de l'émeraude et de l'acier.

Ces quelques dixièmes de secondes leur parurent une éternité.

-« Je croyais qu'il restait des élèves ici –s'emporta Draco pour cacher sa gène, le regard fuyant - mais j'ai plutôt l'impression qu'on s'est moqué de nous et qu'on veut notre perte !

Harry leva les yeux vers les deux autres étages qu'ils leur restaient à parcourir. Il grimaça :

-« Bon, on abandonne l'idée d'aller au dernier. De toute façon, on ne pourra pas y accéder et les fumées nous achèveraient. On va au troisième, et on se casse au plus vite, sinon c'est nous qui allons y rester.

Ils traversèrent plusieurs couloirs sans rien trouver. Enfin, Draco poussa la porte d'une salle de classe et aperçu, à travers la fumée et les flammes, trois enfants. Les deux jeunes hommes s'approchèrent et essayèrent de se frayer un chemin au milieu des poutres enflammées. Mais au bout d'un court instant, Harry cria à Draco :

-« Laisse tomber !

-« Quoi ?

-« Laisse tomber, je te dis. On arrive trop tard. Ils sont morts.

Harry avait déjà fait demi tour, mais Draco s'y refusait. Il tenta de pousser une chaise en feu du pied pour atteindre les trois petits corps inanimés.

Une tenture tomba du mur et alimenta encore plus le brasier.

Une poigne ferme attrapa la main du jeune Malfoy. C'était Harry. Il traîna de force son colocataire hors de la salle de classe, et garda encore dans le couloir leur mains enlacées, comme si il craignait que le jeune homme y retourna.

-« Comment pouvais tu savoir qu'ils étaient morts ? On a même pas vérifié !

-« La fumée. C'est à cause de cette putain de fumée toxique. Il n'y avait plus rien à faire. Tout ce qui se serait passé, c'est que tu serais peut-être, toi aussi…

Harry coupa sa phrase, mais Draco avait compris. Au fond de lui, il savait bien que ces enfants n' étaient plus vivants, mais il aurait tant voulu y croire un peu… il se sépara, presque à regret, des doigts du brun, et regarda dans d'autres salles.

Au bout de quelques secondes, ce fut au tour d'Harry de le héler :

-« Dray ! ramène toi ! ici, j'en ai trouvé. Ecoutes ! toi tu les sors, et moi je cherche si il n'en reste pas.

-« Mais… t'as dis qu'on ne se séparait pas.

-« Putain Malfoy ! on a pas le temps de débattre sur ce que j'ai dit et ce que je n'ai pas dit ! fais moi confiance !

Draco regarda le groupe d'enfants terrifiés, s'approcha d'Harry, tendit la main vers son visage, se ravisa, serra les dents, et ordonna à tout le monde de se tenir la main et de le suivre.

Sans un mot, il tourna le dos au survivant, et disparu avec les élèves dans la fumée.

Lorsque Draco Malfoy arriva avec les enfants devant les château, il fut accueillit par deux attaques simultanées de mangemorts. Il n'eut pas le temps de sortir sa baguette pour se défendre. Il protégea donc les plus jeunes de ses bras, et ferma les yeux, attendant le sort.

Rien ne vint.

A part un violent coup de poing dans la mâchoire, qui l'envoya un demi mètre plus loin, accompagné d'un flot d'injures. « Sale crétin de Malfoy on peut savoir ce que tu fous bordel ? tu veux mourir c'est ça ? moi je vais me faire un plaisir de t'achever, abrutit profond ! Nan mais on peut savoir ce que tu attendais là les yeux fermés imbécile ? ».

Draco se releva en se frottant la joue. Son regard tomba sur les premières années qu'il avait ramené du château en feu. Ces derniers semblaient plus terrifiés par la tornade-belette rousse qui postillonnait en gesticulant ridiculement que par les deux mangemorts étendus au sol, morts.

-« Boucle la, Weasley.

-« Qu…quoi ? Je te sauve la vie et tout ce que tu trouve à dire c'est « boucle là Weasley » ? Je vais t'apprendre la politesse, saleté de furet.

Hermione arriva en courant :

-« Draco ! tu as trouvé des premières années ! merlin soit loué. Vites venez vous mettre à l'abri ! »

Draco commença à suivre la jeune fille, mais Ron resta en arrière :

-« Attends Malfoy… Où es Harry ?

Le jeune homme regarda avec inquiétude le château, puis répondit :

-« Il est encore à l'intérieur. Il voulait vérifier qu'il n'y avait personne d'autre au troisième étage.

-« Je vais aller l'aider !

-« QUOI ? Weasley, je me demande lequel de nous deux veut le plus mourir ! Tu reste ici et tu attend le retour de Potter avec nous, c'est clair ? Si il t'arrive quelque chose, tu y a pensé ? Tu as une femme, bientôt un gosse qu'est ce qu'ils deviendront si tu n'es plus là pour les épauler ?

-« Malfoy, arrête de tout prendre au tragique. Je ne vais pas mourir. Je vais juste sauver des élèves. Ensuite, je reviendrais, je butterais le reste des mangemorts, j'embrasserais 'Mione et je lui ferais passer la plus belle nuit qu'elle n'ait jamais connue.

Sans que Draco puisse le retenir, Ron couru jusqu'au château et s'engouffra par la porte principale.

-« Weasley, espèce d'imbécile !

Le jeune Malfoy sortit sa baguette : lui aussi devait aider un peu. Il restait encore beaucoup de mangemorts, mais il était clair que Le Seigneur des Ténèbres n'avait pas joué toutes ses cartes. La véritable guerre n'avait pas encore commencée ce n'était ici qu'un échauffement, c'est pourquoi le jeune homme ne montrerait pas toutes ses capacités dans ce petit combat.

Il faudra que je pense à en laisser un ou deux à cet abruti de Weasley pour qu'il réalise ses projets, pensa t-il, mais pour le moment, amusons nous un peu.

Il eut un rire sadique, sourit cruellement, et se jeta à plein corps dans la bataille.

Au loin un clocher sonna quatre heures, et Poudlard explosa.

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JUIN

Au clair de lune

Le prunier blanc redevient

Un arbre d'hiver

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Chapitre VII, Prémices du chaos

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Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux.

-« Bien… je dois y aller maintenant, on m'a appelé.

Sa femme le regarda avec une infinie tendresse.

-« Fais bien attention à toi. N'oublie pas que tu as une famille à t'occuper.

-« Je serais bientôt revenu, ne t'inquiète pas.

Elle détourna les yeux pour qu'il ne voit pas qu'elle était au bord des larmes.

-« Papa ! papa ! Dis dis, tu t'en vas encore ? Où tu vas ? tu m'emmènes dis ? allez ! dis oui !

L'homme attrapa d'une main la petite tornade brune qui lui fonçait dessus :

-« Ahah, ma puce, non, Papa ne peut pas t'emmener aujourd'hui. Il va travailler. Il va être trop occupé pour s'occuper d'un petit monstre comme toi.

Il se mit à chatouiller sa fille qui se tortilla pour s'échapper de l'étreinte de son père. Elle ancra ses yeux dans les siens et avec l'air le plus sérieux du monde, déclara :

-« Moi, quand je serais grande, je serais comme toi papa, toujours en voyage. Mais dis, jusqu'à ce que je sois plus grande que toi, je pourrais venir avec toi ?

-« Pourquoi pas un autre jour.

-« Promis ?

-« Promis.

Sa femme eut un sourire tremblant :

-« Il est temps que papa y aille, sinon il va arriver en retard et se faire disputer. Tu ne veux pas que Papa se fasse disputer hein, ma chérie ?

-« Non. Mon papa c'est le meilleur !

La petite sauta pour atteindre la joue de son père et y déposa un baiser humide.

-« A ce soir, P'pa ! – cria t elle avant de disparaître dans sa chambre.

L'homme se dirigea vers la porte pour partir. Il s'empara d'une cape noire à capuchon accrochée au porte manteau. Sur le palier, il hésita. Sa femme se précipita et enlaca de ses bras fins sa taille :

-« Reviens nous vite. On t'attendra.

L'homme sourit, frotta son avant bras gauche, fit un signe à sa femme et transplana dans un claquement sec, alors que la porte se refermait doucement.

Il était 15 heures 29 minutes et 54 secondes.

C'était la dernière fois que l'homme voyait sa famille.

Le professeur Snape fulminait : il était 13 heures 32 et Potter était encore en retard pour son entraînement. Cela devenait une véritable habitude ces temps-ci.

Il traversait à grande enjambées les couloirs, prenant bien soin à ce que sa cape virevolte en parfaite synchronisation avec ses mouvements.

Il était la personnalisation même du comte Dracula parcourant son château à la recherche de sang frais, et sa cape était ses ailes de chauve-souris. Bientôt il se rendrait à la plus haute tour et prendrait son envol. La nuit serait merveilleuse… Mais avant cela, il lui fallait du sang… et pas n'importe quel sang, non, il voulait le sang de Potter… uhuhuh.

Il en était là de ses profondes réflexions philosophiques (enfin… de son profond délire post traumatique nommé HP pour ne pas le citer) lorsqu'il entra en contact avec ce qu'il prit tout d'abord pour un tas informe.

-« Ah, Albus, c'est vous. Avez vous vu Potter ? Ce sale gamin a encore osé sécher mes cours d'entraînement !

-« Harry ? – demanda naïvement le directeur- oh oui, je l'ai vu. Il est partit faire du shopping avec Draco.

-« Du sho… avec Malf… non non, Albus, je vous parle de Potter, l'ennemi juré de Monsieur Draco Malfoy.

-« Oui oui, nous parlons bien du même. Pensez vous, par un si beau temps, il faut qu'il en profite, il sera de retour à 16 heures, pour le gouter ! Mais trêve de bavardages, Severus. Venez donc jouer au criquet avec moi, puisque vous êtes libre.

Dracula sentit le pieux de bois béni s'enfoncer dans son cœur… S'était la fin pour lui, et le début d'un profond ennui pour Séverus : il ne pourrait pas aller s'envoler de la tour, ni vider Potter de son sang. Le piège s'était refermé sur lui comme la toile d'une araignée sur un misérable moucheron. Oh oui Dumbledore avait tout manigancé, et dans les moindres détails : Son élève partit, le professeur de potion (ex-dracula) était libre comme l'air… et donc condamné à jouer au criquet avec le directeur…

C'était décidé : ce soir, Séverus assassinerait, massacrerait, anéantirait, décimerait, le Survivant. Et tout cela dans une souffrance immense.

Rubeus Hagrid avait terminé d'arroser son petit potager. Il essuya de sa grosse main velue la sueur qui gouttait sur son front.

Le soleil était haut dans le ciel, il n'y avait aucun nuage en vue bref, c'était LE temps parfait pour planter les graines de sa création et qui donneraient un hybride entre concombre et scrout à pétard. Cela faisait maintenant trois ans que le géant travaillait sur cette nouvelle plante « révolutionnaire » (disait il) : en effet, avec le « conconscrout » (marque déposée par Hagrid ), plus besoin d'aller chercher le repas de midi dans le jardin on appellerait son concombre et hop ! il viendrait de lui même.

L'inventeur posa son regard sur le chien endormi près de la porte du cabanon. Il sourit et caressa gentiment la grosse tête bourrue de son animal. Crockdur était vieux maintenant, et il méritait bien sa douce retraite.

Le garde-Chasse en était là de ses pensées lorsqu'il vit débarquer comme une furie le professeur MacGonagal :

-« Rubeus ! Je cherche Albus. L'auriez vous vu ? voilà une demi heure que je le cherche. Nous avions un ren… une réunion à 14 heures 30 et il n'est pas venu.

Hagrid secoua négativement la tête. Après tout, ce que faisait le directeur ne le regardait ab-so-lu-ment pas. Et même si il avait vu, un peu plus tôt, Severus en compagnie du Directeur, cela ne le regardait ab-so-lu-ment pas. Et même si le géant savait pertinemment que le dit directeur avait traîné le professeur de potion vers le terrain de Cricket, cela ne le regardait ab-so-lu-ment pas (le directeur faisait bien ce qu'il voulait avec qui il voulait et où il voulait (ici, en l'occurrence, sur le terrain de cricket, avec Severus (uhm))), et cela regardait encore moins la vieille Macgo.

Cette dernière, encore plus énervée par le silence du garde chasse que par la disparition du directeur, tourna les talons et disparut encore plus rapidement qu'elle n'était venue.

Hagrid resta quelques minutes, debout sous le soleil, au milieu de son potager, à regarder le petit chemin de terre qui menait au château, les enfants joyeux courant ou discutant tranquillement à l'ombre des arbres… il cru apercevoir, dans les rayons du soleil, Hermione et Ron se tenant par la main.

-« Allons nous promener, il fait si beau.

-« J'ai pas envie de sortir, Mione.

-« Arrête de bouder.

-« Je boude pas !

-« Si. Tu boudes depuis que tu t'es aperçu qu'Harry n'avait pas étripé Draco depuis qu'ils cohabitaient.

-« C'est pas Draco, c'est Malfoy. Un sale mangemort déprimant et stupide.

-« Draco n'est pas un mangemort et tu le sais très bien. Tu es juste un âne borné et bâté qui s'entête sur les mauvaises relations qu'il entretenait avec un certain serpentard alors qu'il n'était qu'étudiant. Enfin, je vois que tu as beaucoup évolué depuis : tu t'es marié, tu vas être père, mais tu gardes tes vieux préjugés à deux mornilles. Ah bien quelle bel exemple pour ton futur fils ! » – Hermione fondit en larme.

Ron, ne sachant plus où se mettre, essaya tant bien que mal de calmer sa dulcinée. Il ne réussi qu'au prix d'une promesse qu'il cracha du bout des lèvres :

-« Bon, j'essayerai de faire des efforts avec Malfoy, ce sale rat atroph…-il se reprit voyant le regard plein de menaces que lui lançait Hermione- enfin ! tu ne vas pas me dire que tu ne le trouves pas louche toi !

-« Il est aussi louche que toi, Ronald Weasley, ou qu' Harry.

Ron allait répliquer, mais comme les yeux de la future maman se remplissaient à nouveau d'eau, il préféra abdiquer.

-« Au fait, Ron ! j'ai vu Luna hier. Tu savais qu'elle et Neville étaient mariés ? Ils ont un enfant, une petite fille. Elle est trop mignonne. Elle est toujours toute sage… j'espère que notre fils sera pareil… Si on les invitaient à boire un thé un jour ? Qu'est ce que tu en penses ? Ca serait bien non ?

-« Okay okay, allons nous promener. Le soleil va nous faire du bien à tous les trois. Mais juste le tour du château d'accord ? »

Le jeune homme leva les yeux au ciel, soupira en essayant de cacher un sourire de bonheur, posa amoureusement un baiser sur le ventre de sa femme, et ils sortirent tout deux, main dans la main. 15 heures sonnèrent au clocher.

15 heures 03 minutes

Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre bruit possible sinon, il la trouverait… elle essaya de calmer sa respiration, mais son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine.

Elle serrait une enfant contre elle.

Elle se décida un moment à sortir la tête de sa cachette pour vérifier si il était toujours là ou si elles pouvaient partir. Un peu de vent fit virevolter ses cheveux blonds.

Elle regarda dans la rue mais ne le vit pas. Il aurait abandonné ? Elle en doutait cela lui semblait trop simple. Il était sûrement caché quelque-part lui aussi, attendant le moment propice pour se montrer, comme un loup guettant sa proie…

Un chat miaula au loin. Le son d'une clochette retentit. La femme jaugea du regard la distance qui la séparait du magasin le plus proche. Il n'y avait que quelques mètres, mais il courait plus vite qu'elle et son enfant. Il les rattraperaient avant même qu'elles n'aient atteint le réverbère. Mais si elles restaient là, cachées derrière cette poubelle, il les découvrirait aussi, tôt ou tard.

Sa décision fut rapidement prise elle saisi soudain la main de sa petite fille, et toute les deux se mirent à courir en direction du magasin. Elle avait tout misé sur l'effet de surprise : avec un peu de chance, il ne réagirait pas tout de suite et cela leur laisserait le temps de se mettre à l'abri.

Mais c'était mal le connaître.

Elle sut qu'elle avait perdu au moment où elle sentit son souffle chaud sur sa nuque. Elle essaya d'accélérer, mais deux bras musclés s'emparèrent de sa taille. Elle se débattit pour se dégager, mais il resserra sa prise.

-« Tu as perdu, reconnais-le.

-« C'est pas vrai !

-« Luna, j'ai gagné : c'est à toi de payer un sucre d'orge à Rei.

-« Papa a raison – dit la petite fille- il a gagné.

-« Bon, allons chez Honeyduck.

Neville embrassa tendrement Luna.

-« Tu devrais le savoir depuis le temps : au jeu du loup, je suis imbattable.

15 heures 05 minutes.

Il n'y avait aucun mot possible pour définir le calvaire qu'était en train de vivre Severus Snape. Cela faisait presque une heure et demi qu'il jouait au cricket avec le vieux sénile. Sa pauvre cape ne ressemblait plus à rien, il avait de l'herbe jusque dans ses beaux cheveux… Il était à lui même une métaphore de la décadence. Une batte à la main, le pauvre professeur de potion maudissait de tout son être le créateur de ce jeu stupide. De cette batte, Severus en aurait fait un excellent instrument de torture dont il se serait servi pour corriger les impertinents griffondors. Lucius en aurait certainement trouvé un excellent usage pour réaliser ses fantasmes, et même Potter aurait eut quelque chose d'autre à faire avec (détruire le mobilier de l'école par exemple…).

Alors pourquoi, mais pourquoi donc se retrouvait il à frapper dans une ridicule petite balle de bois ?

S'imaginant que la balle de bois qui fonçait droit sur lui était la tête du directeur de Poudlard, Séverus l'expédia, avec une force qu'il ne s'imaginait même pas, le plus loin de lui.

-« Quelle force prodigieuse Severus. Vous avez peut-être frappé un peu fort si vous voulez mon avis… vous avez bien loupé la cible…Bon, je vais chercher la balle. »

Sautillant gaiement, Albus Dumbledore disparut de la vision du professeur.

Non, Severus s'en foutait de l'avis du directeur tout comme il se foutait d'avoir raté la cible. Tout ce qu'il voulait, c'était partir du terrain le plus rapidement possible et massacrer, pour se calmer, deux ou trois élèves qu'il trouverait sur son chemin.

Comme le vieux tardait à revenir, le professeur jeta la batte par terre, et pris la direction du château, à moitié hors de lui, à moitié soulagé d'avoir échappé au jeu qui aurait encore duré jusqu'au goûté du directeur.

Il s'apprêtait à coller le 9 ème élève qui croisait sa route parce que celui-ci osait afficher un sourire niais, lorsqu'il trouva Minerva Macgonagal qui semblait revenir de la cabane –bien que pour Severus, le mot cabane parut grand pour le tas de bois informe qui faisait le refuge du demi-géant- du garde chasse.

-« Seeeeveeeruuus !

Au grand désespoir de celui-ci, la professeure de métamorphose se précipita vers lui.

-« Severus, vous pourrez peut-être me renseigner vous. Je cherche Albus, l'auriez vous vu par hasard.

-« Non, je n'ai vu personne.

Plantant là l'incommodante sangsue, Serverus repris sa marche effrénée en direction de ses cachots, lorsqu'il tomba nez à nez avec Hagrid qui lui barra le passage. Le professeur de potion soupira dangereusement et pris l'arête de son nez entre le pouce et l'indexe de sa main gauche.

-« Alors professeur –postillonna le garde chasse- vous vous êtes bien amusé avec le Directeur, sur le terrain de cricket ? Il vous reste un peu d'herbe dans les cheveux…

Il lança un clin d'œil complice à Snape avant de continuer son chemin.

-« J'avais cru voir Hermione et Ron- expliqua le géant à Minerva avant que celle-ci ne décide de disparaître en direction du terrain de sport.

Serverus fut pris d'une nausée : il ne voulait pas comprendre ce qu'avait tenté d'insinuer l'autre rustre, avec son œillade amusée.

Jamais le professeur de potion n'avait autant eu envie de prendre sa retraite.

15 heures 32 minutes

Luna, Neville et Rei sortaient de chez Honeyduck.

-« La prochaine fois, c'est toi qui lui en achètera une.

-« Comme tu veux mon ange… tiens… regarde là bas… est ce que ce ne serait pas par hasard… Harry Potter ?

Luna plissa les yeux :

-« Ohoh, et qui est donc le charmant blondinet qui l'accompagne ?

-« Je n'en ai aucune idée…

Apparemment, Harry aussi les avait reconnu puisqu'il se dirigeait tout souriant, les bras chargés de sacs, suivi de son compagnon blond, vers la petite famille. Ce fut lui qui prit la parole en premier :

-« Neuville Longbottom ? C'est bien toi ? ahah tu n'as presque pas changé.

Neville allait répondre quelque chose lorsque qu'il fut interrompu par les cris indignés du jeune homme blond :

-« Qu'est ce que c'est que cette chose là ?

-« Et bien, Malfoy, ça m'a tout l'air d'être une jeune fille. –rigola Harry

Luna regarda son époux avec étonnement : Harry Potter allait en ville faire du shopping avec sa Némésis de toujours ?

-« Otez moi ça tout de suite des jambes ! – cria Draco en voyant que la « jeune fille » s'accrochait telle une sangsue à son magnifique jean neuf.

Luna s'aperçut enfin que sa fille semblait avoir pris le jeune Malfoy pour une peluche et, comme la peluche semblait d'une humeur de chien, elle décida d'intervenir, sentant que le blondinet était prêt à envoyer l'enfant le plus loin de lui d'un coup de pied.

-« Rei, ma chérie, viens ici.

-« Harry – Neuville se racla la gorge- je te présente ma femme, (mais tu la connais déjà ) Luna, et notre fille : Rei.

-« C'est… c'est cool. Dit Harry.

-« Comment ça « c'est cool » ?! –cria Draco- c'est terrible oui ! Il n'y a peut être pas assez de sale mioche parasites sur terre comme ça ? hein ? Mais non, en plus, il n'y a que les chieurs qui font des gosses, et pourquoi ? vous savez pourquoi ? Pour remplir cette putain de Terre de leurs descendant, pour être surs que les gênes de chieurs se perpétuent à jamais. Et pour que la terre se remplisse de chieurs. Voilà pourquoi !

-« Moi, je crois que t'es jaloux, Malfoy.

-« Vas te faire foutre, Potter.

Neville et Luna se regardèrent à nouveau, se demandant si il fallait rire ou craindre ce changement relationnel entre les deux ex-pires ennemis du monde.

15 heures 37 minutes

Un puissant craquement dont le son se répercuta sur les murs de Poudlard se fit soudain entendre.

Tous se figèrent et tendirent l'oreille, MacGonagal revint rapidement auprès d'Hagrid et de Snape :

-« Qu'est ce que c'était ?

Ce furent Hermione Granger et Ronald Weasley qui donnèrent la réponse en apparaissant en courant :

-« Des mangemorts ! des mangemorts ont transplané à Poudlard !

-« Voyons, calmez vous, vous savez très bien que c'est impossible ! On ne plaisante pas avec un sujet aussi sérieux ! Mademoiselle Grang… euh… Madame Weasley, vous me décevez grandement.

C'était Minerva qui venait de parler, mais Severus, lui, doutait de la mauvaise foi du jeune couple. Il avait horreur de le reconnaître, mais peut-être que ce craquement, entendu par tous quelques secondes auparavant, était le résultat d'un transplanage de masse dans l'enceinte de Poudlard. Même si cela paraissait impossible, a cause des barrières magiques du château, le seigneur des ténèbres était près à tout.

Si ce que Miss Granger avait rapporté (il omit volontairement de parler de Ronald Weasley dans son raisonnement intérieur…) s'avérait vrai, alors il y avait un véritable, gros, énorme, problème.

Minerva continuait de blâmer bruyamment les deux plus jeunes du groupe jusqu'à ce que le professeur de potion la fasse taire d'un geste :

-« Ecoutez !

-« Je n'entends rien – grogna Hagrid

MacGonagal pâlit :

-« Justement, il n'y a rien à entendre… c'est bien là le problème. Ni enfants jouant, ni chants d'oiseaux… et – elle huma l'air- vous ne sentez pas une odeur étrange ?

A peine avait-elle prononcé ces paroles, que le château s'embrasa comme un fétu de paille D'immenses flammes dévoraient déjà la toiture, et les entrées étaient presque impraticables.

Severus s'élança :

-«On doit aller aider les gosses coincés dans les salles !

Hermione et Ron le suivirent immédiatement, mais les deux autres adultes restèrent figés. La cabane d'Hagrid était, elle aussi, en train de brûler. Et Crockdur était encore là bas. Le garde chasse se précipita pour essayer de le sauver. La professeure de métamorphose, elle, murmura un « Albus » inquiet, avant de disparaître en direction du terrain de Quidditch.

15 heures 40 minutes

Severus, Hermione et Ron ne purent franchir les portes principales de Poudlard à peine étaient ils arrivés devant qu'ils furent assailli par des mangemorts. Peut de temps plus tard, les vitres du château explosèrent dans un vacarme assourdissant.

15 heures 44 minutes

Neville fronça les sourcils :

-« Il fait bien sombre tout à coup non ?

-« Je trouve aussi. Qu'elle heure est-il ?

-« Quatre heures moins le quart.

Rei agrippa soudain le bas du jean de Draco :

-« Là ! Là ! des lumières, ça brille.

Les quatre adultes regardèrent en direction des dites lumières. En effet, le ciel était éclairé de rouge, d'orange et de jaune. Il flottait dans l'air une odeur de souffre.

-« Qu'est ce qu'il y a là bas ? demanda Neuville

-«… Poudlard.

Draco fut le premier à réagir :

-« Oh putain ! Ca crame vraiment ! Harry, ramène toi, vite.

-« On vous accompagne –cria Neuville- Rei, va chez Rosemerta, on reviendra te chercher quand ce sera fini ! »

Rubeus Hagrid courait à perdre haleine en direction de sa cabane qui flambait dans un crépitement sinistre. A l'intérieur, son chien terrifié par les flammes hurlait à la mort.

Hagrid défonça la porte d'un coup de pied et s'engouffra dans la maisonnette. Il aperçu Crockdur tassé dans un coin et se précipita sur lui pour le sortir. Mais l'animal était blessé, et il mordit violemment son maître lorsque celui ci tenta de le porter. Hébété et la main en sang, le garde chasse regarda son chien en silence pendant plusieurs secondes. Puis il s'accroupit doucement et tendit sa paume valide vers le museau de Crockdur qui le renifla un moment.

-« Il faut que l'on sorte de là, mon vieux, sinon, je ne donne pas cher de notre peau.

Peu de temps près qu'Hagrid ait prononcé cette phrase, une des poutres qui constituaient la charpente de la maison en bois, s'enflamma, se détacha et tomba en travers de l'unique pièce, bloquant ainsi les sorties possibles.

Il ne sert à rien de courir.

Même si l'être cher est dans le plus grand danger, on ne peut influer sur le destin.

C'est cela que l'on nomme… la fatalité.

Les flammes auront beau dévorer son corps, il aura beau hurler à la mort, appelant son maître, Ce dernier aura beau courir, désespéré, rien n'y fera le chien est condamné à mourir, et l'homme avec.

Leur seul réconfort sera de finir leur vie serrés l'un contre l'autre.

Sans plus aucun espoir.

Car il n'y a plus d'espoir.

Le néant l'a engloutit.

A tout jamais.

Il était 15 heures 59 minutes lorsque la cabane du garde chasse Hagrid s'effondra sur ses deux occupants, et les hurlements lugubres du chien laissèrent place au silence de la mort.

Minerva MacGonagal courait de droite à gauche comme un chien ayant perdu son maître. C'était sans s'en apercevoir qu'elle décimait des dizaines de mangemorts qui osaient se dresser sur son chemin. Un d'entre eux, plus téméraire, se lança sur elle avec un hurlement féroce. Elle lança un avada Kedavra fatal, mais son esprit était ailleurs depuis le début de l'attaque, Dumbledore était resté introuvable, et elle craignait le pire, surtout en raison de la santé cardiaque défaillante du directeur.

L'homme habillé de noir s'affala à terre et le crépitement des flammes qui consumaient le château masqua le son mat de sa chute lorsqu'il toucha le sol, au milieu d'une cinquantaine d'autres hommes pareillement vêtus. Par un courant d'air ou quelque autre souffle, sa capuche se souleva laissant apparaître le visage d'un jeune homme d'une trentaine d'année.

Personne ne prêta attention à lui alors qu'il rendit son dernier souffle, en larme et apeuré. Tout comme personne ne prêta attention à la photo ensanglantée qui s'envola de sa main tremblante pour atterrir dans le brasier incandescent et sur laquelle on pouvait voir sa famille heureuse : sa jolie femme, son adorable fille qui l'attendraient jusqu'à quand, ce soir ?

Dans un crépitement faible, la photo s'embrasa et fut réduite en poussière tandis que MacGonagal appelait désespérément, essayant de couvrir de sa voix les bruits du carnage : « Albus ? Albus ? »

Cachée derrière un buisson, elle retenait péniblement sa respiration. Il ne fallait pas qu'elle fasse le moindre bruit possible sinon, il la trouverait, mais cette fois ci, ce n'était pas comme d'habitude. Le lac, sous le soleil éblouissant, scintillait de mille éclats devant elle, cependant, il n'y avait pas ce silence calme, au contraire, elle entendait des cris et des hurlements de rage, de douleur, de peine ou de mort, elle distinguait le crépitement sauvage du feu, le sifflement des sorts meurtriers et elle sentait avec horreur l'odeur âpre du sang mêlé à celui de la fumée et de la peur.

Comment avait elle pu être assez stupide pour perdre sa baguette ? Pourtant de là où elle était, elle la voyait, à seulement quelques mètres…

Elle se décida un moment à sortir la tête de sa cachette pour vérifier si il était toujours là ou si elle pouvait récupérer sa baguette. Un peu de vent douceâtre fit virevolter ses cheveux blonds.

Elle regarda de tout les cotés mais ne le vit pas. Aurait-il abandonné ? Elle en doutait cela lui semblait trop simple. Il était sûrement caché quelque-part lui aussi, attendant le moment propice pour se montrer, comme un loup guettant sa proie…

Elle cru percevoir le tintement d'une clochette au loin.

En prenant le risque de se découvrir pour récupérer son bien, elle frôlait la mort car il courait sûrement bien plus vite qu'elle et elle perdait la sécurité de sa cachette. Mais si elle restait là, cachée derrière ce buisson, il la découvrirait aussi, tôt ou tard.

Sa décision fut rapidement prise elle prit une soudaine inspiration se mit à courir en direction de sa baguette. Elle avait tout misé sur l'effet de surprise : avec un peu de chance, il ne réagirait pas tout de suite et cela lui laisserait le temps de se mettre à l'abri.

Elle sut qu'elle avait été trop lente au moment où elle sentit un souffle chaud sur sa nuque. Elle essaya d'accélérer, mais deux bras musclés s'emparèrent de sa taille.

-« Hé, les gars, regardez ce que j'ai attrapé : une mignonne agnelle… et si on… s'amusait un peu avec elle avec de reprendre le combat.

Un ricanement sadique lui répondit et deux homme en noir apparurent dans le champ de vision de la jeune fille.

Elle baissa les yeux à ses pieds : sa baguette était juste là… il suffisait d'un moment de liberté et elle pourrait la récupérer. Elle se débattit pour se dégager, mais l'homme derrière elle resserra sa prise et éclata de rire en la poussant vers le buisson où elle avait un peu plus tôt trouvé refuge :

-« Hola ma belle, où tu veux aller ? Allez dis, on est pas magnanime ? Tu devrais nous remercier : avant ta mort, tu va connaître l'extase…

Au jeu du loup, Luna Longbottom avait toujours perdu.

Dans sa course effrénée pour échapper à un mangemort, Hermione Granger trébucha sur le corps d'un élève de deuxième année mort. Elle s'étala de tout son long sur les pavés, ses yeux fixés sur le cadavre à ses pieds et des larmes coulant sur ses joues. Elle se sentait bien inutile : sa mission avait été d'aller chercher les jeunes élèves qui n'étaient pas encore en mesure de se battre pour les mettre à l'abri, mais jusque ici, tous ceux qu'elle avait vu étaient morts.

Le temps de se relever, son ennemi l'avait rejoint et commençait à prononcer le sortilège impardonnable en braquant sur elle sa baguette . Mais il n'eut pas le temps de l'achever que déjà il tombait mort sous les coups de Ronald Weasley.

Plus loin, Séverus et Neuville se battaient aussi férocement qu'ils pouvaient contre les mangemorts, mais Neuville n'était pas concentré et il jetait souvent des regards inquiets à droite et à gauche, semblant chercher quelqu'un.

L'attention de Ron se porta soudain sur un groupe qui sortait du château, Malfoy à sa tête. Cet abrutit n'avait pas remarqué les deux mangemorts qui les attendaient, souhaitant les prendre par surprise.

Il hésita un instant puis se précipita vers l'entrée principale pour prêter main forte au blondinet dont la seule réaction, lorsqu'il s'aperçu de la présence des mangemort, fut, au grand étonnement du jeune Weasley, de protéger de son corps les enfants qu'il avait sortit du château.

Ron se débarrassa vite fait des deux ennemis et, pris dans une grande colère, plus contre lui même que contre Malfoy –qu'il avait, et devoir l'affirmer l'énervait royalement, sous-estimé-, envoya un violent coup de poing dans la mâchoire du jeune blond en hurlant :

-« Sale crétin de Malfoy on peut savoir ce que tu fous bordel ? tu veux mourir c'est ça ? moi je vais me faire un plaisir de t'achever, abrutit profond ! Nan mais on peut savoir ce que tu attendais là les yeux fermés imbécile ? ».

-« Boucle la, Weasley.

-« Qu…quoi ? Je te sauve la vie et tout ce que tu trouve à dire c'est « boucle là Weasley » ? Je vais t'apprendre la politesse, saleté de furet.

Coupant court à la dispute, Hermione arriva en courant :

-« Draco ! tu as trouvé des premières années ! merlin soit loué. Vites venez vous mettre à l'abri !

Alors que Draco commençait à suivre la jeune fille, Ron resta en arrière, fixant le château enflammé. Draco en était bien ressortit, mais qu'en était il d'Harry ?

-« Attends Malfoy… Où es Harry ?

Ron sembla déceler dans le regard de Draco de l'inquiétude alors qu'il fixait le château. La réponse qu'il craignait fut donnée presque immédiatement.

-« Il est encore à l'intérieur. Il voulait vérifier qu'il n'y avait personne d'autre au troisième étage.

Ron observa Draco : celui-ci serait ses poings tellement fort que ses ongles avaient transpercé sa chaire et du sang goûtait entre ses doigts. Si même Draco- ce monstre d'égoïsme- était mort de crainte quant à Harry, c'est qu'il était probablement en grand danger… le jeune homme roux ne réfléchit pas plus longtemps :

-« Je vais aller l'aider !

-« QUOI ? Weasley, je me demande lequel de nous deux veut le plus mourir ! Tu reste ici et tu attend le retour de Potter avec nous, c'est clair ? Si il t'arrive quelque chose, tu y a pensé ? Tu as une femme, bientôt un gosse qu'est ce qu'ils deviendront si tu n'es plus là pour les épauler ?

Il était inutile de le préciser à Ron, il savait tout cela. Et encore une fois, ça le désolait, mais le jeune Malfoy avait raison : le château ressemblait à une fournaise sortie droit de l'Enfer. Mais d'un autre coté, il y avait la possibilité d'être considéré en Héros si il sauvait des élèves, comme ce que faisait Harry en ce moment même. Et qui sait, peut-être que c'était lui, cette fois ci, qui allait sauver Harry Potter ?

-« Malfoy, arrête de tout prendre au tragique. Je ne vais pas mourir. Je vais juste sauver des élèves. Ensuite, je reviendrais, je butterais le reste des mangemorts, j'embrasserais 'Mione et je lui ferais passer la plus belle nuit qu'elle n'ait jamais connue.

Avant que Draco n'ait le temps de le retenir, Ron couru jusqu'au château et s'engouffra par la porte principale.

Séverus n'avait rien vu de l'altercation qui s'était passée pourtant seulement quelques mètres devant lui. Il était plutôt sévèrement blessé à l'abdomen et il commençait à désespérer. Plus il tuait de Mangemort et plus ceux-ci revenaient en nombre, cela semblait sans fin. La situation était à un point des plus critique. Il y avait bien Neville à ses cotés, mais il semblait absorbé par autre chose que le combat et c'était même quelques fois à Séverus de le protéger. Bien entendu, le professeur de potion se doutait fortement que la cause de la distraction de son coéquipier d'infortune était sa jeune femme qui avait disparu de leur champs de vision à un moment où avait déferlé de tous cotés une véritable vague de mangemorts. Cependant, ce n'était pas l'unique soucis de Snape il y avait un problème bien pire, un questionnement dont il n'arrivait pas à trouver la solution : comment les serviteurs du seigneur des ténèbres avaient ils réussi à transplaner à l'intérieur de Poudlard ? Les barrières avaient été désactivées ? Mais par qui ?

Distrait par ses pensées, Séverus ne vit pas un flash vert se diriger vers lui. Il fut propulsé à terre, plusieurs mètres plus loin, par une force inouïe, mais ce ne fut pas, comme il le pensa d'abord, à cause du sort impardonnable : quelqu'un lui avait sauvé la vie. Il regarda dans la direction du mangemort qui lui avait lancé l'avada kedavra, et ne vit à la place de son attaquant, qu'un amas sanglant de chairs lacérées. L'homme n'était plus identifiable et ce n'était pas ce qu'il était devenu qui rendait anxieux le professeur de potion, mais celui qui l'avait rendu ainsi. Un rire sadique lui parvint aux oreilles, il détourna les yeux de ce qui restait du mangemort, et ce qu'il vit lui donna la nausée Draco Malfoy était penché, un sourire cruel aux lèvres, sur un autre homme et le dépeçait consciencieusement de ses mains nues.

-« Draco ! qu'est ce que tu es en train de faire ?

Draco releva ses yeux orageux vers lui et ricana :

-« Je m'amuse, voyons, je ne fais rien que m'amuser…

-« Arrête ça tout de suite !

-« Allons, tu préfères que je les laisse te tuer ?

-« ILS ONT LE DROIT DE MOURIR DIGNEMENT !

-« Penses tu qu'ils nous laisseraient mourir dignement ?

Séverus ne répondit rien mais lança un sort pour achever l'homme hurlant de douleur sous Draco.

Ce dernier eut un rire sadique, sourit cruellement, et fit remarquer :

-« Tu me prives de mon jeu ? Quelle importance, je vais en chercher un autre… regarde moi ça, on se croirait dans un magasin de jouet.

-« Draco – dit doucement le professeur Snape- viens avec moi. Nous allons nous mettre à l'abri. Viens.

Séverus aperçu un éclair fou dans les yeux moqueurs de Draco.

-« Nous mettre à l'abri ? tu rigoles non ? Je suis très bien ici, mais vas y toi, si tu as peur.

Le professeur se précipita sur Draco pour le gifler violemment et plusieurs fois pour lui remettre les idées en place, mais le jeune homme, d'une poussée, le propulsa à terre et pointa sa baguette dans le coup de son aîné.

-« J'ignorais que tu étais si enclin à mourir… Mais puisque tu me le demandes si gentiment, j'accepte de mettre fin à tes souffrances et à ton inutile existence.

Séverus Snape ferma les yeux, apeuré et résigné. Il avait été stupide d'essayer de calmer le fils de Lucius Malfoy. Surtout lorsque l'on savait…

Le professeur de potion entendit au loin un clocher sonner quatre heures. Puis, quelques instants plus tard, dans une déflagration puissante, le château tout entier explosa, envoyant rouler Draco quelques mètres plus loin.

Celui-ci se redressa à la vitesse de l'éclair et scruta en plissant les yeux le nuage de fumée blanche et opaque qui s'élevait dans l'air. Il semblait avoir retrouvé son état normal. Ses oreilles bourdonnaient à cause de l'explosion et son front saignait abondamment, mais il s'en moquait éperdument.

-« Harry ? HARRYYYY !»

.


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JUIN

A chaque pétale qui tombe

Les branches du prunier

Vieillissent

.


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Chapitre VIII, Le Retour des Enfers.

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Quelques secondes avant que le Château n'explose, tous les mangemorts avaient disparus, comme d'un commun accord. Il ne restait plus qu'un champs de bataille jonché de poussière, de ruines, de cadavres, de sang et de feu. Ils n'étaient que trop peu à se relever.

Draco courait comme un perdu vers ce qui restait de Poudlard. Et puis soudain, dans la fumée, une ombre se dessina. Le jeune homme blond plissa les yeux pour tenter de mieux discerner qui s'approchait. Il le reconnu enfin… C'était Harry Potter : il était couvert de sang mais il était en vie et tenait dans ses bras un petit garçon.

-« Harry ! Harry oh merlin tu es vivant ! –Draco pleurait presque de soulagement - Lorsque j'ai vu le château réduit en poussière, j'ai vraiment cru… j'ai vraiment cru que tu… »

Le survivant, qui une fois de plus méritait son surnom, posa l'enfant et enlaça le jeune homme blond.

-« Tout va bien, je suis là. J'ai réussi juste à temps à sauter par une des fenêtres avec le gosse. »

Draco regarda l'enfant que des médicomages avaient récupéré. Il se souvint de quelque chose :

-« Au fait, tu n'as pas vu Weasley ? »

-« Non pourquoi ? Où est il ? »

-« Je ne sais pas… il est partit à ta rencontre dans le château. »

-« Oh merlin… l'abrutit… qu'est ce qu'on va dire à Hermione ? »

Alors qu'elle cherchait des survivants, Hermione avait été frappée violemment par une pierre du château puis qui l'avait propulsée au sol par le souffle de l'explosion. Elle saignait abondamment et regardait hébétée le sang couler de ses mains. Lorsqu'elle aperçut son ami, elle murmura :

-« Harry… Harry, est ce que je vais mourir ? »

Il ne répondit rien. Des médicomages vinrent examiner la jeune femme, puis un d'entre eux prit Harry à part :

-« Elle s'en tirera. Par contre, c'est trop tard pour l'enfant qu'elle porte. Je suis désolé.»

Le jeune homme passa une main fatiguée sur ses yeux. D'abord son mari, et puis son enfant… comment pourrait-il le lui annoncer ? Pour l'instant, la jeune femme était endormie.. mais quand elle se réveillerait….

Mac Gonagall arriva en courant :

-« Je n'ai pas trouvé Albus !

-« Mais je suis là, Minerva.

La professeur se retourna d'un bloc vers la voix et reconnu le directeur :

-« Oh ! Albus ! Où étiez vous donc ! J'ai vraiment eu peur qu'ils ne vous tuent !

-« Je cherchais une balle de cricket.

-« Pendant tout ce temps ?

Harry profita de ces retrouvailles pour rejoindre Draco et Séverus qui cherchaient, sans trop y croire, d'éventuels survivants. Les médicomages étant déjà passés un peu plus tôt, ils n'avaient plus guère d'espoir. Les trois hommes passèrent sans s'arrêter devant ce qui restait de la cabane calcinée du Garde Chasse. Ils auraient tout le temps plus tard de compter leurs morts. La priorité, pour l'instant, était les vivants.

Arrivés près du lac sans avoir trouvé personne, ils remarquèrent alors deux corps sombres flottant à la surface.

-« Ce sont des mangemorts ?

-« Non, je ne crois pas… allons voir, ils sont peut-être encore vivants.

Séverus fit apparaître une petite embarcation et tout trois embarquèrent. Lorsqu'ils approchèrent des corps, Harry les reconnus :

-« Merlin ! ce sont Neville et Luna !

-« Comment Neville s'est il retrouvé là ?

-« Peut-être qu'il s'est fait capturé par les mangemorts ?

-« Ou peut-être qu'il est allé de son plein gré rejoindre sa femme déjà morte ?

Séverus, Harry et Draco regardèrent autour d'eux. Du milieu du lac, la vue était imprenable sur l'intégralité du parc de Poudlard : tout était ravagé.

-« Merlin… quel Chaos… »

Ils ignoraient alors que ce qu'ils avaient nommé « Chaos » n'était que les prémices du véritable Enfer et que l'apocalypse en personne allait bientôt sonner à leur porte.

Lorsqu'ils revinrent aux pieds de ce qui restait du château où s'entassaient à n'en plus finir les corps, ils se rendirent compte qu'il fallait reconstruire un abris, du moins temporaire, pour tous les élèves restants. Harry frotta longuement l'arête de son nez et déclara :

-« Refaisons Poudlard.

Séverus et Draco le regardèrent abasourdis :

-« Potter, t'es cinglé ? on mettrait dix ans pour reconstruire Poudlard !

Harry secoua le tête.

-« Je ne parle pas d'un Poudlard aussi solide et beau que l'ancien, mais au moins une bâtisse où chacun retrouverait sa place et ses marques : une grande Salle, une infirmerie, une cuisine, des dortoirs.. bref, le minimum nécessaire.

-« Monsieur Potter, vous savez pertinemment que c'est impossible. Même en ne gardant que quelques pièces cela nous mettrait minimum une année entière.

-« Je ne proposerais pas cette idée si elle était impossible à réaliser. Avez vous déjà entendu parler du sortilège : « Castellum Reaedificare » ?

Severus ouvrit de grand yeux :

-« « Castellum Reaedificare » ? Jamais entendu. Où avez vous appris un tel sort ?

Harry évita la question en ajoutant quelques précisions :

-« C'est un sortilège très puissant, il serait souhaitable que l'on se mette à plusieurs pour le faire. Il n'est jamais très utilisé car très peu de sorciers ont des châteaux à réparer entièrement.

Une fois qu'Harry eut expliqué à ses deux compagnons comment fonctionnait « castellum reaedificare », ils commencèrent à reconstruire Poudlard. Au bout d'un moment, plusieurs autres sorciers se joignirent à eux et, finalement, tout ceux en état de lancer le sort le firent. Un Poudlard taille réduite fut achevé bien plus rapidement que ce que ne le présumait Harry, et à la nuit tombée, tout le monde se dispersa et pu se trouver une place à l'abri du nouveau château.

-« Séverus ?

-« Potter ?

-« Tout va bien ?

-« Je m'inquiète beaucoup pour Draco.

-« Je sais.

-« Non, tu ne sais pas. Il est… différent des autres. Il ne l'a pas toujours été, mais Lucius et moi avons beaucoup aidé à sa transformation.

-« J'ai du mal à vous suivre.

-« Savez vous pourquoi Le seigneur des ténèbres aime beaucoup avoir à son service les Malfoys ?

-« Pourquoi ?

-« Pour leur Folie Il y a une sorte de tradition dans leur famille : Chaque fils est, dès son plus jeune âge, soumis à des expériences spécifiques pour dévoiler une personnalité refoulée chez le sujet qui n'apparaîtrait que lorsqu'elle est stimulée.

-« Vous parlez de Schizophrénie ?

-« Mais pas n'importe quelle schizophrénie : de la schizophrénie contrôlée. Peu de personnes arrivent à supporter une telle pression. Beaucoup sont devenus fous ou se sont donnés la mort. Mais les Malfoy ont toujours été plus coriaces que le reste du genre humain. Et leur autre eux-même est d'autant plus sanguinaire et psychopathe.

-« En quoi êtes vous responsable ?

-« Il y a une vingtaine d'année, j'ai aidé Lucius et le Seigneur des Ténèbres à élever cet autre Draco. Je lui ai appris à aimer le carnage, à en faire son bien le plus précieux. Draco à beaucoup résisté. Même son père a été étonné qu'une si petite créature puisse avoir autant de volonté. Et puis un jour, l'autre s'est éveillé. Docile au départ, il c'est avéré que l'on ne le contrôlait plus du tout par la suite. Lorsque je suis revenu à moi même, j'ai essayé de revenir en arrière, de supprimer cette seconde personnalité. Je pensais jusqu'à il y a peu y être arrivé, mais je me rends compte que tout ce que j'ai réussi à faire, c'est l'endormir. J'ai vu la personnalité que nous avons créé. Je l'ai vu lors de la dernière attaque des mangemorts à Poudlard. Et j'ai été terrifié. Le seigneur des ténèbres passerait pour un ange à coté de Draco. J'ai beaucoup regretté je ne sais pas comment me faire pardonner.

-« Vous faire pardonner ? N'y pensez même pas. Assumer serait déjà un poids en moins pour vous. Les enfants sont toujours les premières victimes des stupidités des adultes. On leur impose un destin qu'ils n'ont pas choisi. Leur vie devient toute tracée : ils seront les sauveurs, ceux qui répareront les catastrophes des adultes. Et qui sait, peut-être qu'à leur tour, devenus adultes, si ils ne sont pas mort d'ici là, ils reproduiront les même erreurs sur leurs enfants.

Un silence se fit puis Harry posa une question :

-« Séverus, avez vous peur des ténèbres ?

-« Je crois, oui.

-« Moi, je vis en permanence avec. Elle m'entourent, m'étouffent, glissent toujours comme une ombre sur chacun de mes pas. Et Draco est comme moi. Chaque fois que nous avançons, nous nous enfonçons un peu plus. Nous n'avons pas choisi qu'elles nous suivent, mais nous nous sommes fait à cette idée. Les gens se détournent de nous. Nos épaules sont lourdent des reproches que les autres n'osent pas nous dire en face. Toutes les excuses du monde ne nous sortiront pas de ce chaos. Mais puisque vous le proposez implicitement, je peux aller parler à Draco.

-« Merci Potter.

-« Je ne fais pas ça pour vous.

Harry quitta Séverus Snape et se dirigea vers son nouvel appartement. Draco était assis dans un fauteuil et regardait pensivement par la fenêtre, il semblait perturbé :

-« Harry, comment me vois tu ? Qui vois tu à travers moi ? Ou bien que vois tu à travers moi ? Il y a quelque chose que tu ignores.

Il y a des fois, je ne suis pas le vrai Draco Malfoy : je deviens le fruit des expériences de mon père et ai le sentiment d'être mort il y a bien longtemps..

Chez les Malfoy, depuis toujours, il y a une tradition : On éduque dans le sang les garçons. On leur apprend dès leur plus jeune âge à aimer et à pratiquer le meurtre. On les entraîne lentement mais sûrement dans une folie préméditée.

J'ai longtemps réussi à éviter le dérangement de mon esprit. Mais un jour, lorsque j'ai ouvert les yeux, ce n'est pas moi que j'ai vu. C'était l'autre.

Il y a en moi une ombre de haine et de mort qui me pousse à tout détruire. J'ai eu beau essayer de la faire disparaître elle attend toujours, tapie au fond de mes entrailles, le bon moment pour surgir. Je suis le fils légitime du Carnage, l'amant de la Mort. Le massacre est mon âme. Je jouis de la terreur… de leur terreur. La vue et l'odeur du sang me font perdre la tête et tout contrôle sur mon corps.

Je suis un monstre celui qui déchiquette à main nue ses ennemis, celui qui sans regret égorge femmes et enfants. Il y a un monstre en moi que rien n'apaise. Sa soif de violence n'est jamais étanchée et la peur qu'il inspire terrifie mes plus proches connaissances.

Tant de choses qui réjouissent Voldemort.

Enfant, j'ai tellement pleuré de voir cet autre à ma place que j'ai longtemps cru que mes larmes s'étaient taries à jamais, mais maintenant, je suis juste fatigué. Est-ce que tu penses que tu seras assez fort et que tu auras assez de courage pour m'apprécier tel que je suis, alors que moi même ne le puis pas ?

Harry scruta le visage de Draco puis passa sa main sur la joue de celui-ci.

-« Nous avons tous une part de noirceur en nous. Il est bon que tu l'acceptes et la reconnaisses. Beaucoup de personnes se croient des anges alors qu'elles sont consumées par la Haine. C'est ce type de gens qu'il faut craindre et qui apportent leur propre perte ainsi que celle de leurs proches.

-« Je suis un monstre…

-« Alors il faut croire que les monstres s'attirent fatalement entre eux. Moi aussi, j'en suis un. J'ai défié une énième fois la mort et je suis celui qui s'est encore relevé. Je suis de ceux qui attirent inexorablement la Grande Faucheuse. Au fond, nous sommes semblables. Nous sommes les enfants du désespoir et il n'y a rien que nous puissions faire pour enrayer notre déchéance.

-« Tu sais, lors du combat, il est sortit. Je ne m'en souviens pas mais je l'ai vu dans les yeux de Séverus. Je ne me souviens jamais de ce qu'il fait une fois qu'il a pris possession de mon corps, toutes les atrocités commises, je les ignore, mais j'ai toujours le sentiment d'avoir les mains sanglantes, et il me reste cet arrière-goût métallique dans la bouche. Il est sortit et je n'ai pas pu reprendre le contrôle…

-« Peut-être que c'est mieux ainsi. Peut-être que son instinct animal te protège d'une certaine façon ? Tu ne devrais pas le rejeter. Il a peut-être besoin qu'on l'apprivoise, comme si il était une bête sauvage ?

-« Je ne veux pas de lui en moi !

-« Ne t'énerve pas Dray. La prochaine fois qu'il vient, dis lui de s'en aller. Ca marchera sûrement.

Le survivant se glissa derrière lui et l'enlaça tendrement.

-« Harry, qu'est ce que tu fais ?

-« Mmmh… ce que j'avais envie de faire depuis trèèèès longtemps…

Le jeune homme aux yeux émeraudes posa ses lèvres dans le cou de son colocataire. Draco frissonna puis se leva rapidement en repoussant Harry.

-« On… on est des mecs !

-« Ah bon ? je ne savais pas… fais voir ?

-« Je… je veux dire que on ne peut pas faire ça.

-« On ne peut pas faire ça ? Je ne te savais pas si prude …

-« Tu sais parfaitement ce que je veux dire, Potter !

Harry fronça les sourcils et sentit la colère rougir ses pommettes.

-« Non je ne sais pas ! Alors quoi ? Pourquoi l'amour ne serait-il pas universel ? Qui a décidé un jour qu'il faudrait obligatoirement un mec et une femme pour avoir le droit de s'aimer ? Pourquoi est ce que je ne pourrais pas être fou de toi comme la plupart de ceux qui te connaissent ?

Draco réfléchit un moment en regardant le bout de ses chaussures et après un long silence, il demanda hésitant, bien loin du Malfoy snobinard habituel :

-« Tu… tu es vraiment fou de moi ?

Harry se radoucit à cette question :

-« Pas qu'un peu…

-« Euh… et tu es quoi ?

-« Comment ça ?

-« Je veux dire.. tu es Gay ? Bi ?

-« Je suis Dracosexuel.

-« Ah d'accord…

Draco s'empourpra soudainement comme si il venait d'assimiler l'information. Son ami sourit dangereusement et s'approcha de lui. Le blondinet chercha en reculant un moyen de se sortir de ce mauvais pas. En vain. Il se retrouva bientôt acculé au mur et n'eut plus qu'une solution :

-« A…attends ! Je ne trouve pas très décent de faire ça alors que nous allons peut-être bientôt mourir… et puis si quelqu'un entre ?

-« Dray, nous resterons en vie au moins pour pouvoir contempler ce nouveau monde dont nous avons tant rêvé. Et puis personne ne rentrera…

Ce disant, Harry embrassa doucement Draco, comme si il avait eut peur de lui faire du mal, puis il passa ses mains sous la chemise de son vis à vis, le faisant légèrement haleter.

Il commençait à déboutonner le pantalon de Draco lorsque la porte s'ouvrit dans un vacarme assourdissant. Les deux jeunes gens se retournèrent en bloc pour apercevoir MacGonagall qui s'était figée à leur vue.

Draco jeta un regard assassin à Harry :

-« Personne ne rentrera hein ?

La professeure de métamorphose réajusta ses lunettes en marmonnant quelque chose puis regarda de haut les deux colocataires.

-« J'étais venue vous avertir que Mademoiselle Granger vient de se réveiller… Si vous n'êtes pas trop occupés, messieurs, allez donc lui rendre une petite visite à l'infirmerie.

Durant tout le chemin les menant à l'infirmerie, Harry et Draco ne dirent pas un mot. Hermione venait de se réveiller. C'était une bonne nouvelle, mais aussi une source de problèmes : Ils avaient deux mauvaises nouvelles pour elle : Son mari avait trouvé la mort dans l'explosion du château et elle avait perdu son enfant. Bref, la jeune femme ne possédait plus rien à quoi se raccrocher.

-« Tu veux que je lui dise ? »

Draco regardait Harry avec inquiétude.

-« Non. Je vais le faire. Il faut que ce soit moi qui lui dise. »

Ils s'arrêtèrent devant la porte de l'Infirmerie. Harry ferma les yeux et soupira longuement.

-« Je n'ai pas envie d'y aller. Vraiment pas. Comment est ce que je peux annoncer un truc pareil ? »

Draco pressa doucement la main de son ami pour lui redonner courage, puis ils entrèrent pour se diriger vers la blessée.

-« Harry. Draco. Vous n'avez rien ? Tout va bien ? »

-« Hermione. Ne te fais donc pas de soucis pour nous. Tu devrais plutôt t'inquiéter pour toi. »

-« Je vais mieux. Madame Pomfresh s'est vraiment bien occupée de moi. -ils se plongèrent dans un silence qui sembla durer une éternité- A propos, où est Ron ? Je ne l'ai pas vu encore, j'espère qu'il va bien. Vous… est ce que vous l'avez vu ? »

Harry regarda Draco un long moment.

-« Harry ? Dis moi… que s'est il passé ? Où est Ron ? Qu'est ce qui lui est arrivé ? Je veux le voir ! »

Ce fut le jeune Malfoy qui répondit :

-« Désolé Granger. Tu ne vas pas pouvoir le voir. »

Hermione pâlit brusquement.

-« Où…où est il ? qu'est ce qui s'est passé ? »

Harry encra ses yeux dans ceux de la jeune femme et prit une profonde inspiration.

-« Hermione. Ron… Ron est en train de s'occuper de votre fils. »

-« De notre fils… ? –Hermione porta sa main à son ventre- mais… mais il n'est pas né encore… »

-« Je… je suis désolé. »

Mais la jeune femme n'entendait plus… ses yeux sans expression s'étaient perdus dans les abîmes de ses pensées, et son âme avait volé en mille éclats.

Harry allait quitter l'infirmerie lorsque la voix d'Hermione le retint :

-« Et Luna ? »

-« Elle et Neville ont été tué près du lac. Il n'y avait plus rien à faire lorsque on les a trouvé. »

-« Qu'est ce que leur fille, Rei, va devenir ? »

-« Leur fille ? »

Les deux jeunes hommes se regardèrent. Ils avaient totalement oublié la petite.

-« Elle était chez Rosemerta non ? »

-« Oui. Longbottom devait passer la rechercher après la bataille. »

-« Il faut qu'on la ramène. »

-« Quoi ? Tu veux ramener cette mioche ici ? »

-« On a pas trop le choix »

-« Est ce que tu es sur que c'est une bonne idée ? Poudlard n'est pas une garderie, Potter. Et puis tu as bien vu ce qui c'est passé… ce n'est pas un endroit très sûr. »

-« Au moins, ici, on pourra la protéger. Ce qui ne sera pas le cas si on la laisse au pré au lard. »

-« Très bien. Fais comme tu veux. Ce n'est pas mon problème. »

-« Draco, justement, j'aimerai que ça devienne ton problème. »

Le sorcier blond fronça les sourcils :

-« Je ne saisis pas bien ce que tu essayes de me dire, Potty. »

-« Je t'en prie Draco ! Aide moi. Je n'arriverai pas à m'occuper seul de la petite. J'ai besoin d'Hermione et de toi. »

-« Hors de question. »

Draco tourna les talons. Il était sur le point de sortir de l'infirmerie lorsque Harry le retint par le poignet.

-« Dis moi pourquoi tu ne veux pas. Qu'est ce qui te fait si peur ?»

Le jeune homme blond se retourna vers les deux émeraudes qui le fixaient et explosa :

-« Potter ! Tu deviens stupide ou quoi ? On est en guerre ! En GUERRE tu entends ? On a pas le temps de jouer les parents de substitution pour une gamine ! On est des assassins ! Nos mains sont couvertes de sang et tu voudrais que l'on élève un gosse dans ces conditions ? »

-« Je… »

Harry fut coupé par l'infirmière qui arrivait furieuse :

-« Messieurs ! Vous vous trouvez dans une infirmerie ! Les patients ici ont besoin de repos et de silence ! Je vous demanderais de sortir immédiatement si vous n'êtes pas capable de respecter ceci! »

Le survivant s'empara de la main de Draco qu'il tira au dehors de l'infirmerie mais une fois sortit, ce dernier se dégagea vivement et partit à grands pas et sans mot dire vers leur appartement commun.

Draco avait besoin d'une bonne douche froide pour se remettre les idées en place. Dans la salle de bain, il envoya valser ses vêtements à travers la pièce et se glissa sous le jet d'eau. Alors que l'eau coulait lentement sur son corps, il bouillait de rage contre Potter : il n'arrivait décidément pas à le comprendre. Chaque fois qu'il pensait un peu cerner sa personnalité, le survivant disait ou faisait quelque chose de totalement imprévisible, ce qui troublait Draco au plus haut point. Il était impossible de prévoir ce que le brun allait faire ou même ce qu'il pensait, et cela était extrêmement énervant.

Le jeune Malfoy en était là de ses fulminations contre Harry lorsqu'il sentit une présence dans la salle de bain. Il se retourna rapidement et vit l'objet de son désarroi négligemment appuyé contre le mur, en train de le mater sans vergogne.

-« Po… Potter ! Tu… Comment es tu entré ? »

-« Tu avais laissé la porte ouverte »

Draco posa son regard sur la porte, maintenant consciencieusement fermée, avant de le reporter sur sa némésis.

-« Là n'est pas la question ! Sors d'ici immédiatement ! »

La voix, qui avait claqué froidement, se répercutant sur les mur, aurait terrorisé n'importe qui. N'importe qui sauf Harry Potter, qui se sentit toutefois légèrement frissonner alors que le regard glacial de son colocataire le transperçait avec fureur.

-« On peut pas dire, Malfoy… tu es sacrément bien foutu quand même. »

-« Qu… quoi ? »

Harry se rapprocha calmement:

-« Mais je suis cent fois mieux que toi. »

Les yeux aciers du Blond se plissèrent dangereusement :

-« Laisse-moi rire. »

-« Tu veux que l'on compare ? »

Le survivant provoquait ouvertement Draco qui eut un rire machiavélique :

-« Il n'y a même pas besoin de comparer, Potter. A moins que tu n'essayes de te prouver quelque chose ? »

Harry sourit doucement et s'approcha encore. Il n'était plus qu'à quelques centimètres de son colocataire.

-« Potty, on ne t'a jamais appris que les douches ne se prenaient pas habillé ? »

-« Mmh…-Harry eut une petite moue- mais l'eau est trop froide pour que je me déshabille. »

Sans quitter sa Némésis des yeux, le blond augmenta la température jusqu'à ce qu'un léger voile de vapeur couvre la salle de bain.

-« Je vais t'aider, Potter. »

-« C'est bien la première fois que je te vois aussi serviable. »

-« Je ne le suis qu'avec les incapables sans cervelle qui s'incrustent dans ma salle de bain sans aucune autorisation pour me mater en train de prendre une douche. »

Les mains de Draco entreprirent de déboutonner lentement la chemise détrempée d'Harry qui fini par tomber aux pieds des deux hommes.

Les gouttes redessinaient parfaitement le contour des muscles du survivant qui ne pu s'empêcher de déglutir difficilement lorsque le Blond s'attaqua au pantalon. Puis ils s'observèrent un long moment.

-« Tu es vraiment fin, Draco. Tu as l'air tout fragile… Et avec ta peau laiteuse, je trouve que ça te va bien.»

-« Et toi, le quidditch te réussi, on dirait… pas une once de graisse… c'est impressionnant. »

-« Ouhla, un compliment… mais que se passe t-il ? Alors, tu reconnais que c'est moi qui suis le mieux foutu de nous deux ? »

-« C'est beau de rêver hein Potty ? »

-« Je sais que je suis impressionnant, mais tu peux toucher si tu veux vérifier que tu n'es pas en train de fantasmer. »

Malfoy commença à passer lentement le bout de ses doigts le long du torse du brun mais s'arrêta soudainement et fronça les sourcils en le repoussant:

-« Je n'en reviens pas ! Dire que j'ai failli tomber dans ton piège ! »

-« Un piège ? »

-« Tu crois peut être que je ne t'ai pas vu venir avec tes gros sabots ? Tu veux me soutirer quoi de cette manière hein ? L'adoption de la gamine ? »

Harry sentit la fureur l'envahir. Il s'empara des poignets de son vis à vis et le plaqua contre la paroi de la douche.

-« Malfoy ! Je vais t'apprendre quelque chose de fou : tout le monde n'est pas comme toi tout le monde ne se sert pas des autres pour arriver à ses fins. »

-« Lâche moi Potter. Tu me fais mal. »

-« Arrêtes donc de te trouver toujours des excuses bidons pour couper à tes responsabilités !

-« Mais de quelles responsabilités tu parles ? Je n'en ai aucune et je ne suis redevable à personne. Et surtout pas à toi. »

-« Tu veux que je te dise ? Je pense que tu es mort de trouille. »

-« Vas te faire foutre. »

-« Tu as peur qu'il se produise la même chose que dans ton enfance n'est ce pas ? »

Draco détourna le regard sans dire un mot. Harry continua donc :

-« Mais avec moi, ça n'arrivera pas. Je vous protègerai, toi et Rei. Cependant, je ne pourrai pas y arriver seul. Peut-être que tu peux te passer de moi, mais moi, j'ai besoin de toi, j'ai besoin que tu m'aides. Je t'en supplie. »

-« Tu te rends compte de ce que tu es en train de dire, Potter ? On dirait une déclaration. »

Harry eut un sourire amusé et frôla les lèvres de son colocataire :

-« Et pourquoi est ce que ça ne pourrait pas en être une ? »

Le jeune homme blond, devenu terriblement rouge, essaya de se débattre pour échapper à l'emprise de sa Némésis, mais celle-ci le maintenait fermement. Il abandonna finalement :

-« Très bien, fais comme tu veux, mais lâche moi. »

-« Tu promets que tu m'aideras ? »

-« Je ne te promets rien du tout ! »

Harry se colla entièrement contre le corps de Draco et leur souffles se mélangèrent.

-« Okay très bien, Potter, je te promets ! Dégage de là maintenant. »

-« Quoi ? J'ai même pas le droit à un bisou pour sceller notre Promesse ? »

-« Tu veux mourir ? »

Le survivant écarquilla soudain les yeux de surprise puis fixa Draco d'un air pervers.

-« Qu… qu'est ce que c'est que ce regard Potter ? »

-« Dis donc… je n'avais pas remarqué parce que j'étais trop pris dans la dispute mais… je te fais autant d'effet ? Ouah, c'est flatteur… »

Le jeune Malfoy repoussa violemment son colocataire :

-« Si j'étais toi, j'observerais déjà mon propre état avant de faire des commentaires sarcastiques. »

Harry baissa les yeux puis les releva vers Draco en laissant échapper un rire cristallin :

-« Mais voyons, Dray, je suis toujours comme ça dès que tu es dans les parages… »

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AOUT

Pas d'autre bruit

Que l'averse d'été

Dans le soir

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Chapitre IX : Contemplation d'un clair de lune.

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Toujours le même rêve : A quelques pas de lui, il y a un moineau. Il tend les bras pour l'attraper.

Trop tard, l'oiseau s'est envolé.


Contemplation d'un clair de lune.

Le son d'une clochette parvient aux oreilles d'Harry. Il ouvrit les yeux. Un murmure doux et rassurant qui semblait vouloir durer l'éternité enveloppa le garçon. Le jeune sorcier se laissa guider par le bruit lointain d'une cascade et finit par se retrouver devant un petit lac que les arbres abritaient de leurs longues branches feuillues. Alors que dehors le vent cinglait quiconque osait sortir et que la pluie s'abattait sans discontinuer, en trombe, sur le château, tout était calme au pays des rêves. La réalité ne semblait n'y avoir aucune emprise.

Une douce voix retentit de nulle part, le lac ondula et les feuilles des arbres frissonnèrent :

Je suis l'hiver, l'automne, le printemps ou l'été,

Je suis le temps.

Je suis celle qui a pleuré pour oublier,

Je suis celle qui a rêvé pour oublier.

Si seulement je pouvais refaire le monde…

Je me souviens encore,

Lorsque la Terre séchait mes larmes.

Aujourd'hui le ciel est noir

Et c'est moi qui doit la consoler…

Ma pauvre amie la Terre,

Comment puis je t'aider ?

Personne n'écoute les pleurs des enfants de la Terre.

Le silence se fit un instant, puis la voix repris soudain :

Le voilà, le voilà,

Je l'ai trouvé, mon invité.

Longtemps je l'ai attendu,

Dans les ténèbres de mes rêves,

Sans trêve j'ai attendu

Sa venue.

Est ce que tu as peur, toi qui viens de si loin ?

Harry s'assit près d'un arbre et répondit calmement :

-« Qui que tu sois, je ne te crains pas, je suis juste fatigué, je voudrais me reposer un moment. »

Que comptes tu faire pour calmer

Les pleurs de la Terre ?

-« Je ne comprends rien à ce que tu dis… les pleurs de la Terre ? »

La guerre fait rage dans ton monde.

Que comptes tu faire

Pour que l'équilibre enfin revienne ?

-« Je ne sais pas. »

Tu ne peux pas attendre toute ta vie que souffle un vent nouveau.

-« Qu'est ce que tu es ? Pourquoi est ce que tu veux m'aider ? »

Je ne suis rien.

Je viens du néant

Et je vais retourner au néant.

Je ne t'aide pas,

J'ouvre uniquement ton cœur

Car ceci est ma destinée.

Voici le message que je dois te transmettre :

Tu ne dois pas craindre les Ténèbres.

Tu ne dois pas craindre la Lumière.

Tu ne dois oublier

Ni le Blanc, ni le Noir.

L'équilibre les détient tous

En égale quantité.

Celui qui s'appuie trop sur les Ténèbres,

Sera vaincu par la Lumière.

Celui qui s'appuie trop sur la Lumière,

Sera vaincu par les Ténèbres.

Celui qui cache tout par le Noir,

Ignore la puissance du Blanc.

Celui qui anile tout par le Blanc,

Ignore le pouvoir du Noir.

Rien n'est jamais ni Ténèbres, ni Lumière.

Rien n'est jamais ni Blanc ni Noir.

Ce qui fuse dans ton cœur,

Ce qui irrigue tes veines,

Est une nouvelle magie.

Une des plus anciennes magies,

Une des plus puissantes magies.

Elle était en toi depuis tout ce temps,

Mais tu ne voulais pas en avoir conscience.

Les yeux fermés,

Tu refusais qu'elle s'offre à toi.

Il est temps maintenant,

Que tu libères la puissance destructrice

De l'équilibre qui dort en toi.

Ainsi pourra naître des cendres de la Terre

Un renouveau scintillant.

-« Pourquoi, est-ce moi qui ai hérité de cette magie surpuissante ? Pourquoi n'est ce pas à quelqu'un de plus fort, de plus apte que moi, de sauver le monde ? »

La magie de l'équilibre coule en chacun de vous, humains.

Vous avez simplement oublié

Les règles pour vous en servir.

La destinée a désigné ton fil

Pour rompre les souffrances

De la Terre, votre mère.

Des sacrifices sans noms

Seront toutefois nécessaires

Et ta pureté est capitale

Pour venir à bout de tout ce mal.

Ici tout semble calme,

Mais la tempête fait rage dans nos esprits.

Même les plus beaux rêves

Finissent toujours par s'effacer.

Tu devrais te réveiller :

Dans ton monde,

Beaucoup ont besoin de toi.

-« Est ce que je vais être seul, encore une fois ? »

Les Hommes sont toujours seuls

Ce fût la dernière parole que prononça la voix, avant qu'Harry ne se retrouve entièrement plongé dans d'opaques Ténèbres d'où aucun son ne filtrait. Un éclair doré ondula devant ses yeux. Une gueule béante, couverte de crocs acérées, s'ouvrit de cet éclair et avala entièrement le jeune sorcier qui se retrouva plongé dans une mer de lumière aveuglante. Le tintement de la pluie, assourdissant, retentit soudain, faisant écho au crépitement d'un feu. Une lune apparut dans le ciel bientôt poursuivie par un soleil rougeoyant. L'automne laissa la place à l'hiver, l'hiver céda fasse au printemps, puis le printemps offrit sa place à l'été. A un rythme effréné, le jour devint la nuit et la nuit se changea en jour.

Le son d'une clochette résonna, et ce fut seulement à ce moment là qu'Harry ouvrit les yeux. Bien loin du lac et de la forêt, il se trouvait maintenant là où il s'était endormi un peu plus tôt. Draco était assis à coté de lui et, perdu dans ses pensées, regardait sans le voir le paysage qui s'étendait à travers la fenêtre. Le crépuscule nourrissait les ombres qui rampaient en silence jusqu'aux fondations du château. La lune étincelait comme jamais ce soir là.

Un craquement sinistre retentit, se répercutant sur les murs du château. Un transplanage. Harry et Draco se levèrent calmement, en même temps. Un mauvais pressentiment les fit frissonner.

Dans le Hall de Poudlard, Severus Snape était allongé dans une mare de sang qui, partant de son ventre, s'éloignait paresseusement vers les extrémités de son corps. Lorsqu'il vit le jeune Potter se diriger vers lui, il réunit ses dernières forces et s'adressa à lui :

-« Potter. Avez vous remarqué à quel point le clair de lune est superbe aujourd'hui? C'est bien la première fois de ma vie que je vois quelque chose d'aussi grandiose. C'est sûrement aussi la dernière. Messieurs Potter et Malfoy, mon identité d'espion a été découverte par le Seigneur des Ténèbres. L'attaque est prévue pour ce soir. Ils vont tous bientôt venir, vous devez vous tenir prêts. Une dernière chose : méfiez vous. Nous avons été trahis. Ici… ici se trouve un indicateur de Celui-dont-on-ne-doit-prononcer-le-nom. J'ignore… de qui il s'agit. C'est tout… ce que je peux faire pour vous. »

Un attroupement s'était fait autour du trio et tous les élèves de Poudlard ainsi que leurs professeurs observaient, ébahis et terrifiés, la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Draco sourit doucement :

-« Merci, Severus, vous avez beaucoup travaillé. Vous pouvez vous reposer maintenant. Nous nous occupons du reste. Nous connaissons celui qui nous a trahit. Nous ne voulions pas éveiller ses soupçons, mais maintenant tout peut être révélé, je pense. »

Une voix connue s'éleva de la foule :

-« Oh, vraiment, vous avez découvert qui vous a manipulé ? Dites le nous donc alors, petits malins. »

Harry tourna son regard vers la provenance de la voix. Il ne distinguait pas celui qui avait prononcé ces mots, mais il savait parfaitement de qui ils venaient :

-« Comment, vous l'ignorez ? Mais c'est vous, monsieur le directeur, qui nous avez vendu à Voldemort. »

Un murmure s'éleva de la foule, puis une barbe blanche apparu entre deux têtes d'élèves, suivit d'Albus Dumbledore dont le visage s'ornait d'un petit sourire en coin.

-« Moi ? et qu'est ce qui vous fait penser cela, mon jeune ami ? »

-« Vous voulez vraiment que l'on cite toutes les preuves qui vous accablent ? Très bien. Premièrement, lorsque Séverus et moi nous sommes fait attaquer par des mangemorts -car c'étaient bien des mangemorts contrairement à ce que vous avez affirmé qui ont mit le feu au 12 square Grimmaurt-, vous avez reconnu que la maison était sous fidélitas, et donc que personne n'aurait pu connaître ce lieu. Hors, il se trouve que le secret devient impossible à découvrir, sauf, bien sûr, si le Gardien du Secret décidait de le divulguer. Le gardien, c'était vous, Albus, et vous avez vendu le secret à Voldemort. »

-« Vos preuves sont bien faibles… »

Draco s'avança :

-« Ce n'est pas finit. Lorsqu' Harry est arrivé au château, vous avez prétendu qu'il n'y avait plus aucune chambre de disponible, mise à part la mienne. Vous espériez, n'est ce pas, en nous mettant ensemble, que l'on s'entre-tue. Malheureusement pour vous, il se trouve que nous n'avons pas choisi cette voie. Puisque je n'avais pas tué Potter, vous vous êtes donc dit que vous alliez vous y prendre autrement. Vous avez organisé cette première grande bataille dans Poudlard : vous avez désactivé entièrement les barrières de transplanage, ce qui a permis aux mangemorts d'aller et venir à leur aise dans l'enceinte de Poudlard. Puis vous avez fait exploser le château à 16 heures. D'ailleurs vous aviez bien demandé à Harry d'être de retour à 16 heures précises. Encore loupé.»

Harry continua :

-« Bien entendu, pendant tout ce temps, vous étiez introuvable, soit disant à la recherche d'une minable balle de criquet. Et enfin, c'est vous qui avez trahi Severus, en révélant à Voldemort sa nature d'espion. »

Minerva MacGonagal lança un regard outré au survivant et le coupa avec brusquerie :

« Voyons, c'est ridicule ! Comment pouvez vous dire ça ? Albus est un sorcier respectable ! Il n'aurait eut aucune raison de faire ce que vous avancé !»

Harry répondit à la professeure de métamorphose sans quitter le directeur des yeux :

-« Oui, c'est ici que le bât blesse. Je ne comprends pas vos motivations. »

Albus émit un ricanement approbateur :

-« Et bien, et bien, de vrais petits Sherlock Holmes, n'est ce pas Minerva ? –mais Minerva était bien trop occupée à fixer le directeur, les yeux arrondis de stupeur, pour répondre quoi que ce soit- James, je dois avouer que je n'en attendais pas moins de vous. Vous chercher la raison de tout ça ? Mais elle est très simple : la raison, c'est vous, James ! Tous ces morts, toutes ces victimes, c'est de votre faute, à vous et à mademoiselle Evans. Je vous l'avais dit, non, que je voulais être le parrain de votre fils ! Et vous, qu'est ce que vous faites ? Vous l'offrez à ce chien de Black ? Vous êtes tous coupables ! C'est une conspiration ! Vous tous –Dumbledore désigna tous les élèves du doigts- Oui, vous tous, vous voulez ma mort ! Mais je ne me laisserais pas faire ! Et vous savez pourquoi ? Parce que je suis immortel ! Je vous enterrerais tous, autant que vous êtes ! Je suis immortel ! »

Draco et Harry se regardèrent fatigués :

-« Je suis désolé, mais on ne peut pas se permettre d'autres morts innocents à cause de l'inconscience et de la folie d'un seul homme. »

Harry observa le directeur qui continuait d'invectiver ceux qui se trouvaient sur son chemin puis leva lentement sa baguette et pointa celle ci vers le cœur du plus vieux.

-« Je suis désolé. Ce ne sera pas long. Avada Kedavra. »

Sous le hurlement de désespoir de Minerva MacGonagal, le rayon vert fila tel un éclair et toucha de plein fouet le directeur qui s'effondra sur le sol, sans vie.

Cependant, personne n'eut le temps de s'apitoyer car, comme l'avait annoncé Severus Snape, un groupe de mangemorts venait de transplaner dans Poudlard. Il fut bientôt suivit d'un second groupe, puis d'un troisième.

Et le combat s'engagea.

Le combat final.

L'ultime combat.

Celui qui déciderait du sort tout entier de l'humanité.

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AOUT

Dans la clarté de l'aube

Les chrysanthèmes blancs

Semblent plus grands que nature

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Chapitre X, Je suis moi

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Le combat faisait rage. Les Sorciers soutenant Harry avaient, dans un premier temps, plus ou moins réussi à repousser les mangemorts hors du château. Mais les troupes du Seigneur des Ténèbres enflaient toujours plus, sans vouloir jamais s'arrêter. Harry était partit rejoindre son destin, auprès de Voldemort, et les deux ennemis s'étaient postés à l'écart pour mettre un terme définitif à leur haine réciproque. Chacun se débattait aussi désespérément qu'il pouvait, dans le bourbier de la guerre, pour tenter d'atteindre la surface, ignorants qu'ils avaient déjà atteint le fond, sans aucune possibilité de retour.

Lorsque Draco tomba doucement, telle une ombre, sans bruit, personne ne s'en aperçu, ou du moins, personne ne s'y intéressa Après tout, il n'était qu'un blessé parmi des montagnes de cadavres fumants. Ennemis ou alliers, la mort ne fait pas la distinction et emporte tout sur son passage. Soudain une silhouette se découpa dans la fumée. Un mangemort, grand, les yeux aciers, de long cheveux blonds descendants jusqu'à ses reins.

Lucius s'avança vers son fils et se pencha sur lui, comme si il n'avait pas conscience de la bataille qui fait rage autour de lui. Il présenta son poignet devant les yeux de son fils et lui murmura :

-« Draco, il est temps que tu te réveilles, tu ne crois pas ?

-« Père…qu'est ce que… vous… voulez faire ?

Draco avait du mal à parler. Lucius approcha un poignard de son poignet et fit une entaille profonde dans celui ci. Son sang gicla sur le visage de son fils et ce dernier se sentit lentement couler dans l'abîme. Sa vue se troubla puis la dernière lueur de lumière laissa place aux ténèbres.

POV DRACo

Les Humains, les Vivants, Les Morts… et l'Espoir, ce stupide et inutile Espoir. Tous les destins finissent par s'entre croiser ici, dans le sang et la haine. Comment peut-on encore croire qu'il y a un avenir à ce monde après avoir survécu à cela ?

Je flotte dans une brume rouge et odorante. C'est une odeur métallique qui me brûle les poumons. Où suis je ? Est ce que je suis en train de mourir ? Est ce que ça ressemble à ça, l'enfer dont on nous a si souvent parlé ?

Des larmes invisibles me déchirent le cœur. J'ai peur. Toute mon âme s'envole en des milliers d'éclats tranchants prêts, au moindre mouvement, à me blesser douloureusement. J'ai très peur, et j'ai mal. Pourquoi est ce que je n'arrive pas à retourner vers la lumière ?

-« Tu t'es toi même perdu ?

-« Moi même …

-« Oui, toi même.

Je suis… moi ? Contre quoi suis-je en train de me battre ? Ca, c'est un ennemi devant moi ? Un ennemi qui me ressemble… Non, ça c'est moi et pas un ennemi.

C'est moi.

Suis je en train de me battre contre moi même ? Jamais je n'ai gagné contre celui là.

Mais mon sang… le sang m'appelle. Je m'appelle moi même. Cette odeur si familière… est-ce que c'est moi ?

-« Bien sur que c'est toi.

-« Et toi, qui es tu ?

-« Moi ? Je suis toi.

-« Tu es moi ?

-« Tu ne te souviens pas ? Nous avons pourtant le même père.

-« Tu n'existes pas.

-« Alors pourquoi me parles tu ?

-« Vas t'en.

-« Tu ne le souhaites pas vraiment.

-"Vas t'en, je t'en prie.

-« Je ne peux pas. Je suis encré bien trop profondément en toi. Je suis bien trop important. Et puis tout ce sang m'excite terriblement. J'ai envie de m'amuser un peu. Laisse moi jouer à ta place.

-« Non.

-« Ce n'est pas une demande.

Cette existence contre laquelle je ne peux gagner même si je tue toutes les créatures vivant dans ce monde. Je ne peux pas… me rejeter, parce que je ne peux pas me renier moi même. Car si mon existence n'existe pas, je ne peux pas la renier… Alors elle existe. Vous allez encore être sa proie, humains. J'en suis désolé, mais aujourd'hui, c'est le monstre qui vous juge. Sa décision est sans appel : La mort vous tend les bras et c'est lui qui va vous mener à elle.

-« Draco… tu en as mis du temps.

-« … Père.

Draco se redressa avec un sourire méprisant et fit face à Lucius Malfoy.

-« Je n'en reviens pas que tu ais osé me réveiller.

-« Tu as l'air en forme. Je me disais bien qu'un Malfoy était plus résistant à l'arme blanche que ce qu'il n'y paraissait.

Le plus jeune fixa le poignard que tenait le second.

-« Je ne savais pas que les mangemorts utilisaient des armes de Moldus. Ce n'est pas impur pour vous ?

-« C'est une question de point de vue. Et puis on est pas sûr des origines exactes de ces charmants objets. Certains prétendent que les sorciers ont été les premiers à les inventer, d'autres réfutent la théorie. C'est un peu comme le problème de l'œuf et de la poule. Bien que pour moi ça soit aussi limpide que de l'eau de source, certains refusent d'adhérer à mes idées. Ou bien c'est comme ce qui se passe maintenant. Regarde autour de toi. Chacun des hommes et des femmes que tu vois, qu'il soit mangemort ou simple sorcier, est persuadé qu'il se bat pour les bonnes causes, pour ce qui rendra sa vie et celle des autres meilleure. Qui peut se permettre de définir le Bien du Mal ? Tu comprends, tout est simplement une question de point de vue.

-« Hahaha ! qu'est ce que tu es bavard, père. Je n'arrive pas à t'écouter tellement cela m'ennuie. Au lieu de te perdre en discours inutiles, si on mettait un terme définitif à cette relation malsaine que l'on entretient toi et moi ? Comme tu es mon père, je te promet de ne pas te faire trop souffrir. Nous donnerons chacun le pire de nous même, nous nourrirons la plus grande haine l'un envers l'autre. Par contre, nous ne nous servirons pas de nos baguettes.

-« Un parricide dans les règles, comme au bon vieux temps, c'est ça ?

-« T'as tout compris.

-« Mon fils, si je meurs, je voudrais que tu fasses quelque chose pour moi…

-« Hors de question.

-« Je te lègue mon château.

-« Le rose ? Celui de la Belle au bois dormant ?

-« Occupe t'en bien.

-« Jamais de la vie, vieux débris.

-« Ne parles pas comme ça à ton père !

-« Crève.

-« N'oublie pas que je suis comme toi au fond de moi.

-« A la différence que je suis réveillé, et que toi non.

-« Crois tu vraiment que j'ai besoin de lui pour te tuer ? C'est moi qui t'ai conçu, je connais tout de toi, je sais comment tu vas réagir, ce que tu vas dire. J'ai beaucoup plus d'expérience que toi. Je ne ferais qu'une bouchée de toi, et te détruire va beaucoup m'amuser.

Lucius et Draco étaient tout deux armés de petits poignards, héritage familial transmis de génération en génération. Malgré la finesse des deux ouvrages, les lames étaient rouillées et tachées par endroits, prouvant que ce n'était pas la première fois qu'elles faisaient couler le sang. Le père et le fils montraient dans leur déplacements un esthétisme teinté d'une grande noblesse. Ils dessinaient, dans les airs, un ballet silencieux et dangereux. Chacun de leurs coups était porté avec une étonnante facilité et visait avec précision les points vitaux de l'adversaire, comme si ils avaient fait cela toute leur vie. Cependant, malgré leur grande dextérité au maniement de ces armes, aucun n'arrivait à blesser l'autre.

Draco eut soudain un sourire fugace lorsqu'il sentit l'air vibrer près de sa paume gauche.

La lame de son géniteur transperça sa main et du sang perla le long du manche. Lucius Malfoy resta un moment interdit et Draco en profita pour enfoncer profondément sa dague dans l'abdomen de son père. Celui ci cligna plusieurs fois des yeux comme si le soleil l'éblouissait puis s'effondra au sol.

-« Impossible… tu n'as pas évité le poignard… j'étais persuadé que tu le ferais… c'est la première fois que l'on me surprend ainsi…

Draco posa son pied sur la blessure béante d'où le sang tiède et gluant de Lucius s'échappait.

-« C'est douloureux. –le visage de Lucius s'était crispé- fils, achève moi.

-« Sûrement pas.

-« Mais tu avais dit…

Draco appuya un peu plus sur l'abdomen de Lucius :

-« Et bien je reviens sur ce que j'avais dit… Ca s'appelle un mensonge, père. Mais tu t'y connais bien mieux que moi dans ce domaine. Pourquoi n'as tu pas réveillé l'autre qui sommeille en toi ? En me combattant tu ne ressentais qu'un centième de la haine que j'éprouve envers toi. Mais tu le savais, n'est-ce pas ? Toi aussi, tu me hais… mais c'est uniquement moi que tu détestes. Depuis le début de notre affrontement, tu n'avais pas l'intention de me tuer, je l'ai tout de suite deviné. Tu ne voulais pas parce que l'autre Draco et moi ne faisons qu'un. Si je mourrais, lui aussi mourrait, et ça, c'était impensable à tes yeux. D'ailleurs, si tu m'as réveillé avec ton sang, c'était pour le sauver lui et non pour me rendre la liberté. Tu savais qu'il n'y avait que moi qui pourrais tenir tête à la Mort et la repousser. Père, je te hais pour le préférer lui, alors que c'est toi qui m'a créé et qu'au fond de nous, nous sommes semblables. Et pour cela, je te souhaite la plus douloureuse et lente agonie. Salut, père. On se reverra sûrement bientôt en Enfer.

Draco laissa tomber sa dague près du corps de Lucius et, sans un regard pour le mourant, tourna les talons.

Pour devenir ce qu'il était devenu, il avait tout perdu Son père, son rêve de se faire un jour aimer, de mener une vie heureuse… son humanité.

Il n'avait pas d'armure : la peur qu'il inspirait était son armure.

Il n'avait pas d'arme : sa haine était son arme.

Il n'avait pas de rempart : sa volonté inébranlable était son rempart.

Il n'avait pas de but : La chair se déchirant sous ses doigts lui était suffisant.

Il était furieux. Sa haine et sa soif de sang semblaient ne jamais vouloir s'étancher.

Il se précipita sur le premier mangemort qu'il vit. Se glissant dans son dos, il enfonça soudain ses doigts dans la gorge de l'homme de main du seigneur des ténèbres. Un craquement sinistre retentit, suivit de hurlements de douleur. Draco s'agenouilla lentement près de l'homme à terre.

-« Tu souffres ? Je peux mettre fin à tes souffrances, tu sais ? Je ne comprends pas ce que tu dis. Articule mieux voyons.

Un effrayant gargouillis émana de la gorge du mangemort et un filet de sang sortit de sa bouche. Draco sourit :

-« Ah, trop tard. Dommage pour lui. Il a vraiment du endurer milles tourments avant de rendre l'âme.

Il avisa un second homme encapuchonné qui avait observé toute la scène et était figé de peur.

-« Quoi ? tu as tout vu et tu n'as pas fait le moindre mouvement pour aider ton ami ? Vous êtes vraiment des poltrons. Le vieux Voldy doit être vraiment désespéré et sénile pour embaucher n'importe qui.

Draco s'approcha du mangemort tremblant tombé à genoux et plissa méchamment les yeux.

-« Tiens tiens tiens… Mais que vois je ? Ce n'est pas un homme comme je le pensais… hinhin… Mademoiselle, sois rassurée, sache que je ne suis pas misogyne : je ne fais aucune différence entre toi, et lui.

Draco désigna du menton le cadavre encore chaud qui gisait par terre. Il s'approcha de la fille qui avait laissé tomber sa baguette, mais lorsqu'il voulu l'empoigner, elle se débattit et le griffa à la joue.

-« Sale petite garce ! Tu as abîmé mon beau visage.

Il la frappa férocement et elle fut propulsée, par la violence du choc, quelques mètres plus loin. A moitié sonnée, elle rampa sur le sol pour tenter d'échapper à son bourreau. Mais c'était peine perdue. Il l'avait rattrapée et la saisit par les cheveux. Elle réunit ses dernières forces pour lui cracher au visage, ses yeux ne montraient aucune peur, elle était presque sereine. Draco rit cruellement et essuya le crachat :

-« Tu en as du courage tout de même. Même maintenant, tu réussis à garder ton calme, à ne pas perdre ton sang froid … tu sais ce que l'on dit ? On affirme que les animaux, lorsqu'ils sont sûrs d'être aux portes de la mort et qu'il n'y a plus aucun espoir, deviennent totalement paisible. Est ce que tu crains la Mort ?

-« Je n'ai pas peur de la Mort.

-« Très bien. Est ce que tu crains la pire, la plus insoutenable souffrance avant la mort ?

Elle ne répondit pas mais ses muscles se raidirent et ses pupilles se rétractèrent. Draco afficha un rictus satisfait. Dans les yeux du blond, il y avait l'ombre du sadisme, la couleur de la cruauté, l'éclat de la folie.

-« Je m'en doutais.

Il tordit le bras de la femme encapuchonnée. Elle eut un gémissement de douleur.

-« Tu as mal pour si peu ? Allons, reprends toi, je ne fais que commencer.

Il s'empara de la main droite de la jeune fille et contempla ses doigts.

-« Quels jolis ongles bien manucurés. Vraiment… je suis jaloux j'en voudrais bien des comme les tiens. Donne-les moi.

Draco pris entre son pouce et son indexe un des ongles du mangemort et le retourna d'un coup sec, l'arrachant en partie à son support. Elle hurla.

-« Tu entends ton cri ? Il n'est rien comparé à tous les cris des enfants que tu as tué en trois jours. Dis toi que ce que je t'inflige là n'est qu'une petite punition pour soulager leurs âmes qui réclament vengeance. Tes oreilles ne perçoivent donc pas leurs clameurs ? Ne viennent ils pas te visiter dans tes plus terribles cauchemars ? Oh, tout n'est pas partit en un coup. Je vais devoir recommencer sur un autre ongle. Tu comprends, il m'en faut un entier. Si tu arrêtais de gesticuler ainsi, ça serait sûrement plus facile. Mais avant, je vais déjà finir celui que j'ai entamé.

Elle ne répondit pas : elle s'était évanouie, mais même si elle avait été consciente, elle n'aurait probablement rien dit à son tortionnaire. Voyant quelle ne réagissait plus, Draco sortit sa baguette et chantonna :

-« Enervatum »

La mangemort cligna des yeux pour se réhabituer à la lumière du jour. Lorsqu'elle vit que Draco était toujours à ses cotés, une sueur froide dégoulina le long de ses tempes et dans son dos.

-« Tu t'es réveillée ? Bien. Je voulais absolument que tu sois témoin de la suite mais je ne pensais pas que ce sort là marcherait sur ton cas, c'est bon à savoir. »

Elle essaya de se dégager en rampant, mais le jeune homme la coinça entre ses genoux et finit par s'assoire sur elle, puis s'empara à nouveau de sa main. Elle balbutia d'un ton larmoyant :

-« Je vous en prie, s'il vous plaît… arrêtez.

Draco se releva et la jaugea un moment du regard semblant hésiter :

-« Hé bien… si tu te prosternes à mes pieds en léchant le sol, et si après tu réussis à arracher un peu de peau de tes bras avec ce qu'il te reste d'ongles, je changerais peut-être d'avis.

La femme s'aplatie à terre et exécuta les exigences du jeune homme blond. Lorsqu'elle lui montra son bras ensanglanté en implorant sa pitié, il eut un sourire malveillant, inséra son indexe et son majeur dans la bouche de la mangemort, prit un air ennuyé et déclara :

-« Ah, dommage pour toi, je n'ai pas changé d'avis. Mais tu es un bon chien. Si tu répètes ce que je vais dire, je peux peut-être laisser ta vie sauve: Voldemort est un vieillard sénile qui mérite de crever avec tout ses serviteurs.

-« V…

-« Voldemort… allons, si tu n'es même pas capable de dire le premier mot, je vais continuer ta manucure.

-« Vo… Vo…Voldemort est un… un vieillard sénile qui mérite de … c…crever avec tout ses serviteurs.

Draco éclata de rire :

-« Quoi ? Dire que je proposais de te sauver la vie, et tu me demandes de te tuer avec ton maître ? Bon, si tu insistes à ce point… tu es tout de même un bien mauvais serviteur pour insulter si facilement ton maître.

Les yeux de la femme encapuchonnée s'ouvrirent tout à coup et un bout de chair sanguinolente glissa de sa bouche pour tomber dans l'herbe rougie par le sang. Draco s'en empara et l'examina un court moment, accroupi près du corps de la femme.

-« Elle s'est coupée la langue avec ses dents ? Quelle mauvaise perdante.

Il se redressa et repartit à l'assaut des mangemorts qui se faisaient de plus en plus rares. Après en avoir déchiqueté plusieurs et alors qu'il se dirigeait tranquillement vers une nouvelle proie, évitant les sorts comme un spectre, une voix douce, contrastant avec son état psychologique, l'apostropha soudain. Elle était faible mais il l'entendit tout de même, à travers les râles des mourants, les cris de ceux encore vivants et les crépitements du feu.

-« Draco.

Il s'arrêta et chercha la provenance de cette voix. Une silhouette apparut devant lui, floue d'abord, puis les contours se précisèrent : c'était un jeune homme aux cheveux noirs geais et aux yeux émeraude.

-« Potter ?

Draco tourna la tête vers la colline où se trouvait Voldemort. Harry faisait face à son ennemi et n'importe qui aurait pu sentir se dégager, de l'endroit où ils étaient, un flux d'énergie aussi puissant que dévastateur . Le blond reporta son attention sur ce qui venait d'apparaître devant lui.

-« Tu n'es pas Potter ! Qu'est ce que tu es, saleté ?

Le poing de Draco sa dirigea avec force au creux de l'estomac de son vis à vis mais traversa ce dernier comme si il n'y avait eut que de l'air.

-« Draco, je suis désolé. J'aurais voulu être là en personne, mais comme tu vois, je suis un peu occupé. Je ne peux pas rester très longtemps.

-« Laisse moi passer –siffla le jeune Malfoy- j'ai encore des mangemorts à tuer.

-« Non, c'est fini.

Le Harry immatériel se pencha sur Draco et le prit dans ses bras. Si le jeune homme blond ne sentit pas le corps d'Harry contre le sien puisque celui ci le traversait, ce geste simple fit s'évaporer la rage qui bouillonnait en lui . La voix douce repris :

-« C'est à moi de prendre le relais maintenant. Tu peux te reposer. Tu as fait du bon travail, je suis fier de toi.

La respiration de Draco s'apaisa et il tomba à genoux. Il se sentait fatigué et ferma les yeux avant de se laisser emporter par les songes.

-« Potter, tu n'es pas concentré.

-« Ca t'inquiète, Tom ?

-« Rien ne m'inquiète.

-« C'est un tord.

-« Le Grand Sauveur du Monde s'inquiète ?

-« De tout un tas de choses.

-« De l'avenir de tout ces sorciers ?

-« Je n'en ai rien à foutre.

-« Ca ne m'étonne pas. Au fond, nous sommes semblables.

-« Tu plaisante ? La seule chose que nous ayons en commun, c'est que nous allons mourir bientôt.

-« Nous avons bien plus en commun : nous sommes tout deux des meurtriers, nous sommes seuls et craint pour toujours, nous avons tout deux de grandes armées. Regarde, d'ici on peut tout voir. Entends tu comme moi le chant des Morts s'élever de la Terre ? N'est ce pas magnifique ? Sous le soleil, le sang scintille comme si nous surplombions une mer de Rubis. Dire que tu ne pourras pas partir d'ici sans marcher sur mon cadavre.

-« Si ce n'est que ça.

-« Tu es un des rares à ne pas me craindre.

-« Je te retourne le compliment, Riddel.

-« Tu es prêt à mourir Potter ?

-« Cela va faire plus de vingt ans que je suis prêt.

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SEPTEMBRE

Même poursuivit

Le papillon

Jamais ne semble pressé

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Chapitre XI : Où Dray fait une crise et où Harry se meurt

Les fleurs s'épanouissent toujours avec magnificence lorsque leur fin est proche.

.

Draco ouvrit les yeux doucement… avant de se faire percer les tympan par une voix féminine totalement hystérique :

-« IL EST REVEILLÉ ! DRACO TU M'ENTENDS ?

Draco se demanda quel sourd sur Terre n'avait pas entendu la voix perçante d'Hermione Granger. Il fit semblant de l'ignorer et se tourna de façon à ce qu'il ne puisse plus voir la jeune femme. Grossière erreur puisqu'elle du penser qu'il n'avait pas dû tout saisir du sens profond de sa question. Elle s'approcha de l'oreille du jeune homme et hurla encore plus fort :

-« Alors, tu ne demandes pas de nouvelles d'Harry ? Hein hein ?

Deux lames d'acier transpercèrent la jeune femme mais elle fit mine de ne rien remarquer et continua sur sa lancée :

-« Il a vaincu Voldemort ! Il l'a tué ! Réduit en poussière ! Il en a fait de la bouillie !

Draco la coupa cyniquement :

-« Et d'un point de vue plus objectif ?

-« Et bien on ne sais pas trop… d'un coup il y a eu une grande explosion de lumière. Enfin, je dis de lumière, mais ce n'était pas vraiment de la lumière. C'était quelque chose de très doux, mais très fort aussi. Extrêmement fort. Lorsque tout est redevenu normal, Voldemort était mort. Mais après tout, quelle importance la façon dont il est mort ? L'essentiel c'est qu'il le soit non ?

Draco avait envie d'étrangler Granger, de lui hurler à son tour dessus : « mais bien sur que si, c'est important pauvre conne ! Voldemort était si puissant qu'Harry n'a pas pu le vaincre sans faire de sacrifices ! » mais il se contenta de demander d'une voix froide :

-« Où est Potter ?

-« Il se repose. Ce dernier combat l'a épuisé.

Sans un regard pour Hermione, Draco se leva, troqua son pyjama de malade contre des vêtements « dignes de lui », sortit sans prononcer une parole et sous l'air offusqué de l'infirmière qui venait d'arriver, il claqua la porte.

Le jeune Malfoy était furieux il avait envie d'égorgé quelqu'un, n'importe qui pourvu que le sang coule. Il avait besoin de violence. En fait, depuis la fin du combat, il n'avait pas autorisé l'autre Draco à reprendre la possession du corps. Non, il avait encore un chose à régler. Il se dirigea, assassinant du regard ceux qui croisaient son chemin, vers le lac de Poudlard.

-« Alors Potter, c'est tout ce dont tu es capable ?

-« Tom, tu serais surpris de tout ce que je sais faire.

-« Je ne vois pas grand chose pour l'instant…

-« Je sais comment te vaincre.

-« Oh, j'aimerais voir ça…

-« La magie Blanche purificatrice, que la plupart des sorciers utilisent, est d'égal pouvoir comparée à la magie noire destructrice dont tu te sers. Ces deux magies sont complémentaires chacune à ses avantages et ses inconvénients. Si les deux combattants, usant chacun d'une magie totalement différente, ont le même pouvoir, alors leurs sorts s'annulent, et ils ne pourront se vaincre.

-« Tu veux dire que notre combat sera sans fin ?

-« Sauf si j'utilise une magie à la frontière de la magie Blanche et de la magie Noire.

-« Tu veux dire que… c'est impossible !

-« La seule chose capable de te vaincre, ce n'est pas moi, c'est la magie Originelle : la Magie Grise. Les ténèbres ne peuvent subsister sans la lumière, Le Bien n'existe que de pair avec le Mal, la Mort n'a aucun sens sans la Vie, le noir ne peut être sans le blanc, Tout comme la magie Blanche, séparée de la Noire, ne développe qu'une puissance raisonnable et faible, et vice et versa.

-« La magie Originelle ? Je pensais que ce n'était qu'une légende… mais tu sembles bien trop sérieux pour que ce soit une pure invention de ta part. Alors il existe vraiment une puissance capable de me surpasser ? Cependant, malgré le fait que tu ais découvert cette entité, je doute que tu ais réussi en si peu de temps à la maîtriser parfaitement.

-« Il n'y a jamais rien que l'on puisse maîtriser totalement. Même toi, qui a pourtant beaucoup trop vécu, ne connais même pas un centième de l'infinie étendue de la Magie Noire.

-« Alors voyons qui de l'expérience ou de la nouveauté gagnera ce combat.

-« On ouvre les paris ?

-« Très bien, je parie sur moi, bien évidemment.

-« Bien évidemment.

-« Tu ne parie pas sur moi ? Tu vas me rendre triste, Potter.

-« Voilà bien longtemps que tu ne sais plus ce qu'est la tristesse. Tu ne te souviens même plus de la raison pour laquelle tu es en colère.

Le combat parut durer une éternité, chacun évitant adroitement le sort de l'autre, chacun se raccrochant désespérément à la vie et aucun ne voulant abandonner. Le sol terreux était labouré par les sortilèges et cela semblait être sans fin, et puis soudain, une bulle de lumière entoura les deux combattant et Voldemort tomba à genoux, un filet de sang dégoulinant de ses lèvres.

-« Dire que toute mon existence se termine ainsi, déchu de mon règne par un gamin impertinent… Non… je ne peux pas mourir… pas avant d'avoir achevé le monde dont je rêve. Ce n'est pas encore fini, Potter. Si je pars, je veux que tu viennes avec moi… j'ai longtemps hésité avant de te préparer une surprise… Il est temps de te l'offrir. Ce sera mon cadeau d'adieu, le dernier geste que je ferais pour l'utopie que je voulais construire…

Le seigneur des Ténèbres murmura quelque chose qu'Harry ne compris pas. Un éclair noir illumina le ciel et la Terre autour du survivant se fissura et éclata, le laissant au centre d'un cratère profond. Tout s'arrêta aussi vite que ça avait commencé : Voldemort avait rendu l'âme.

-« Je crois que tu as échoué : je n'ai strictement rien eu. Mon pauvre Tom, si tu savais à quel point j'ai de la pitié pour toi. Tes ambitions étaient démesurées. Tu n'avais ni tord ni raison, tu essayais juste de défendre ton point de vue, tu voulais tant que les gens fassent attention à toi, qu'ils sachent que tu existais. Mais tu as employé les mauvaises méthodes. C'est ce qui t'a perdu. Comme tu as du te sentir seul. Pars en paix maintenant, tes souffrances prennent fin ici. Pendant tout ce temps tu étais plongé dans un rêve d'une tristesse accablante… et tu ne t'es jamais décidé à ouvrir les yeux quant à la folie de ton projet. Ton incommensurable orgueil t'a mené au néant, et le poids de l'oubli pèse déjà très lourd sur ton corps Si dans le passé tu as été un des Grands de ce monde, tu n'es plus rien dans le futur.

Harry garda les yeux fermés un moment. Le matelas sur lequel il était couché semblait d'une douceur incomparable. Il se sentait bien. Il avait chaud. Dans le noir, tous ses sens étaient apaisés. Puis il décida qu'il était temps de retourné au monde des vivants, alors il ouvrit les yeux et papillonna un peu, le temps de se réhabituer à la lumière artificielle de la chambre dans laquelle il se trouvait.

Finalement, il avait réussi à déchoir de son trône ensanglanté le Terrible Seigneur des Ténèbres, et cela avec l'aide de la magie Originelle : une magie qui n'aurait jamais du être retrouvée et réutilisée. Sa puissance était effrayante. C'était pour cela qu'avant de s'en servir, Harry avait masqué son combat avec Voldemort aux yeux des autres sorciers par une violente lumière. Si jamais le monde sorcier apprenait que l'on pouvait devenir immortel avec la magie Grise, il n'hésiterait pas à en faire une utilisation injustifiée et inappropriée. Le pouvoir suprême attirait bien des convoitises et beaucoup étaient prêt à tout pour l'obtenir.

Harry chercha Draco toute la journée dans le château et en arriva à la conclusion que si il n'était pas à l'intérieur… il était forcément à l'extérieur. Il traversa à grandes enjambées les couloirs et sortit dans le jardin. Il arriva près du lac lorsqu'il aperçu une silhouette assise près de la rive.

-« Oh mais qui voilà ? Ne serait ce pas Dark Draco ?

-« Dark Dra … Non mais vas te faire foutre, Potter, avec tes surnoms à la con.

-« Oh, pardon, tu préfères Darko ?

Draco eut un sourire carnassier :

-« Potter, tu aurais du me dire plus tôt que tu souhaitais mourir d'une longue agonie ponctuée d'atroces souffrances.

-« Alors Dracochonou, qu'est ce qui te tracasse pour que tu te sois de nouveau réveillé ?

-« Ce qui me tracasse ?-Avait sifflé dangereusement Draco en plaquant Harry contre un arbre – C'est toi qui me demande ce qui me tracasse ?

Harry ne répondit rien et Draco approcha son visage tellement près de celui son ami que leur souffle se trouvèrent mêlés.

-« Voilà ce qui me tracasse : comment as tu réussis à apaiser ma rage lors du combat final alors que j'étais au point le plus culminant de la colère ? Pourquoi est-ce que, dès que j'approche de toi, mon cœur se met à battre comme si il allait éclater ? Pourquoi est-ce que je n'arrive plus à contrôler mes émotions dès que tu es là ? Pourquoi est-ce que…

Il fut coupé dans son élan par Harry dont la bouche avait franchi les derniers centimètres qui restaient pour atteindre celle de Draco. Le jeune homme blond surpris, ne réagit pas tout de suite, puis repoussa légèrement Harry pour que leur baiser prenne fin. Le survivant se décida à éclairer son amant :

-« Tu me demandes pourquoi ? La réponse est très simple : parce que je t'aime.

-« Quoi ?

-« JE.T.A.I.M.E. L'autre Draco ne te l'avait pas dit ?

Draco esquissa un sourire narquois :

-« Ne te trompes pas, Potty. Tu l'aimes lui. Moi je suis le psychopathe, l'assassin, le sadique. Celui qui prend plaisir à voir hurler de douleur ses ennemis.

-« Je t'aime tel que tu es ! Tu aurais pu être manchot, muet, sourd, cul de jatte, décapité… euh non, pas décapité…, fou, sénile, roux… bref peut importe comment tu aurais pu être, c'est toi que mon cœur a désigné pour être mon souffre douleur d'amour.

-« Tu es sûr de toi ?

-« Non. Je disais ça pour te faire marcher.

-« . tu es vraiment un comique, Potter.

-« Harry.

-« Potter.

-« Bon, si j'ai répondu à toutes tes questions, on pourrait peut-être reprendre où on en était ?

-« Où on en était ?

-« Juste avant que tu ne me coupes dans mon ardeur. D'ailleurs, pourquoi m'avais tu arrêté ?

-« Je ne sais plus trop maintenant que tu en parles… je crois que je n'ai pas très bien compris ce que tu voulais me dire… tu devrais recommencer.

Harry sourit et se glissa à nouveau tout contre Draco. Il frissonna lorsque son corps entra en contact avec l'autre. Il observa un moment la fumée blanche qui sortait des lèvres à peine entre-ouvertes de son ami puis se décida à essayer de les capturer. Lorsque leur bouche se frôlèrent, ils fermèrent tout deux les yeux. Plus le baiser se prolongeait, plus il devenait ardant et brutal. Draco s'arrêta soudain et observa le visage d'Harry :

-« Qu'est ce qu'il y a ? –s'enquit ce dernier.

-« Du sang… tu as du sang qui coule sur ta joue…

-« Ce doit être une des blessures que m'a faite Voldemort qui s'est rouverte.

Harry approcha sa main pour faire disparaître le liquide rouge sur sa joue mais Draco l'en empêcha :

-« Laisse. C'est tellement beau.

Un de ses doigts glissa sur la plaie et il le porta à ses lèvres en fermant les yeux de plaisir. C'était comme un nectar délicieux qui coulait dans sa gorge.

-« Tu es délicieux. Vraiment, si je ne me retenais pas…

-« Retiens toi, tu veux.

Deux yeux acier transpercèrent Harry qui sentit ses jambes se dérober sous son corps. Il fut retenu in extremis par les deux bras puissants de son vis à vis.

-« Reste dans notre monde Potty, je n'en ai pas fini avec toi.

Draco approcha son visage de celui de son amant et lapa du bout de la langue le sang qui continuait de perler, puis il plaça sa bouche contre l'oreille d'Harry et murmura sensuellement:

-« Tu sais que le sang m'excite horriblement ?

Harry déglutit alors que les mains de Draco glissaient sur son torse et entreprenaient de découvrir, pour la seconde fois de leur relation (même si ce Draco ne s'en souvenait pas), chaque centimètre de sa peau. Puis elles s'aventurèrent et s'attardèrent un peu plus bas, arrachant un gémissement à Harry.

-« Si il te plait, Draco…

Draco sourit contre les lèvres d'Harry :

-« J'adore lorsque tu me supplies…

-« Je t'en prie, ne me fais pas plus languir…

-« Je ne vois pas trop ce que tu veux, Potter.

-« Je… je veux toi… en moi… -haleta le jeune homme dont yeux émeraudes brillaient de désir.

Et Draco exauça Harry. Il n'y avait aucune douceur dans leur acte ils unirent leur corps avec violence dans l'herbe glacée. Ils voulaient se sentir, ressentir la souffrance qui leur prouverait qu'ils existaient. Ils jouirent en même temps, dans un plaisir douloureux, puis restèrent allongés sur le dos, sur le sol humide, haletants, les bras en croix, à regarder le ciel blanc.

Harry tourna la tête vers Draco :

-« Il va neiger tu crois ?

-« Sûrement

-« Tu sais ce que l'on raconte ?

-« Sur quoi ?

-« Sur la neige. Tu sais ?

-« Non.

-« On dit que les flocons sont les pleurs et la tristesse la plus infinie encrée dans le cœur des hommes.

-« C'est n'importe quoi.

-« Mais c'est beau non ?

-« Peut-être.

-« Qu'est ce que représente la neige pour toi ?

-« La mort.

-« La mort ?

-« La froideur glaciale des doigts de la Mort sur la peau.

-« Tu es déprimant.

-« La vie est déprimante.

-« C'est tout ce que la neige t'inspire ?

-« Un oiseau.

-« Un oiseau ?

-« Un petit oiseau sous la neige. Mort parce que le temps voulait se jouer de l'enfant qui souhaitait sauver la petite créature.

-« Pourtant l'enfant a réussit à le sauver cet oiseau, il est toujours vivant.

-« Non.

-« Bien sur que si.

-« Cesse de dire des stupidités.

-« Des stupidités ? Alors dis moi pourquoi est ce que j'entends les battements d'ailes d'un oiseau ici. »

Harry passa le bout de ses doigts sur le cœur de Draco et ce dernier sentit alors des larmes couler le long de ses joues.

-« Qu'est ce qui se passe ?

-« Il y a un problème ?

-« De l'eau coule de mes yeux.

-« Tu pleures.

-« Quoi ?

-« Ce sont des larmes. Ca veut dire qu'il y a des sentiments très forts en toi, en ce moment. Lorsque l'on est très triste ou très heureux, on peut pleurer. Tu ne le savais pas ? C'est mignon.

-« C'est tout sauf mignon, Potter. Je n'en reviens pas.. dès que tu t'approches de moi d'un peu trop près, il m'arrive toujours des trucs à la con. »

Harry eut un doux rire. Draco fixa longuement le ciel blanc avant de continuer d'une voix calme :

-« Je vais y aller.

-« Où ça ?

-« Je vais retourner d'où je viens.

Un long silence suivit cette déclaration. Harry dévisageait Draco sans ciller et le blondinet ne pu soutenir son regard.

-« Tu t'en vas alors ?

-« Oui.

-« Tu pars alors que tu as découvert tant de choses ici ?

-« Si je ne m'en vais pas, l'autre Draco disparaîtra définitivement. C'est mieux pour tout le monde ainsi.

-« Mais… si c'est toi qui laisse la place à l'autre Draco, alors ça sera toi qui disparaîtra ?

-« C'est possible.

-« Mais Draco ne peut pas vivre sans toi !

-« C'est totalement faux et tu le sais très bien. Draco se portera beaucoup mieux sans moi.

-« Et moi ? Je ne pourrais pas vivre sans toi…

-« Bien sûr tu pourras. Si je reste, je finirais par te faire du mal malgré moi. Potty, sois raisonnable. Mieux vaut que l'on se quitte après un si beau moment passé tout les deux non ? Prend soin de Draco, et ne lui parle jamais de notre rencontre. Je n'en ai pas l'air comme ça, mais il me manquera. Toi aussi, tu me manqueras. Regarde, tu n'as pas honte de toi ? Tu as transformé un grand malade en agneau sentimental. Potter, l'autre Draco a bien de la chance d'être aimé par toi. Merci de m'avoir dit que je comptais autant que lui à tes yeux, même si c'est un mensonge, il m'a vraiment fait plaisir. Je n'aurais jamais espéré t'entendre me dire ça un jour. Bien… alors Adieu.

-« On se reverra un jour ?

-« Qui sait ce que l'avenir nous réserve, mais disons que ce n'est pas dans mes projets pour le moment.

-« Alors Adieu.

Draco se blottit sur lui même, ferma les yeux. Le vent se leva et emporta avec lui les dernières onces de conscience qu'il restait du Draco démoniaque.

Mais personne, à part Harry, ne s'en aperçu et la vie continua son cours, comme avant.

Tout commença un beau matin, quelques jours après le Combat Final. Harry était dans la salle de bain, en train de s'admirer dans le miroir (what else ?), lorsqu'il aperçu sur sa poitrine une petite tâche noire.

Il s'approcha du miroir pour observer l'inopportune de plus près. Il eut la beau frotter, elle ne disparut pas.

Le lendemain, elle avait pris de l'ampleur, et s'étalait sur un bon dixième de son torse.

-« Je suis tellement beau que tu ne veux plus me quitter ? » plaisanta Harry.

Heureusement que Draco- pensa Harry- ne l'avait pas surpris en train de faire la causette avec cette tâche, sinon, il l'aurait probablement fait interner sur le champ.

Et ainsi, chaque jour, la tâche s'étendait un peu plus, finissant par inquiéter Harry.

Mais ce n'était pas tout Cela s'empira encore au moment où celle-ci commença à s'attaquer aux bras.

Harry était tranquillement installé dans son bain, lorsque une voix retentit. Très faible, très loin. Harry tendis l'oreille croyant que c'était Draco qui chantait. Mais c'était une voix féminine.

« Loin, très loin d'ici

Quand l'heure sera venue… »

Le jeune homme sortit de son bain, s'habilla, et chercha la provenance de la voix. Il sortit de la salle de bain, et se retrouva nez à nez avec Draco qui lança d'une voix déçue :

-« Quoi ? tu ne m'as pas attendu avant de t'habiller ? Méchant.

-« Tais toi !

-« Quoi ?

-« Mais tais toi bon sang !

« La petite clef noire n'ouvrira plus

la vieille boite à musique cassée »

La voix était déjà plus forte. C'était une chanson triste, chantée accapella, très lente et chaque mot était si bien détaché, qu'Harry pouvait, malgré la faiblesse du son, comprendre les paroles sans aucune difficulté.

« Et tu l'abandonneras dans le grenier… »

-« Dray ! Tu entends ? – chuchota Harry.

-« Entendre quoi ? demanda l'ex-serpentard sur le même ton

-« La chanson.

-« J'entends rien du tout oui ! T'as des hallucinations auditives Potty.

-« Ca s'est arrêté.

-« C'est ton cerveau qui s'est arrêté. Il n'y a que nous ici.

Harry ne parla plus de la voix qu'il entendait toujours et qui chantait chaque fois un couplet différent. Il ne parla pas non plus de la tâche qui s'était installée sur tout son corps, sauf le visage (résultat : il s'habillait toujours de vêtements ultra-couvrants, au plus grand désespoir de Draco). Et pour ne pas inquiéter Draco ou Hermione, il ne leur signala pas que, depuis une semaine, il crachait de temps en temps un filet de sang.

Pourquoi les effrayer puisque si esthétiquement, il n'était pas au meilleur de sa forme, physiquement, il allait bien ?

Et puis, un beau matin, la tache se résorba entièrement, et Harry se sentit faible.

Bien entendu, et comme toujours, il fit comme si rien ne s'était passé, mais, de temps en temps, la voix chantait une phrase ou un couplet.

« De cruelles Alices

Prennent soin des larmes de pierre

Qui coulent sur les joues des sirènes… »

Il évitait le plus possible Draco ou Hermione, sachant pertinemment qu'ils devineraient tout de suite que ça n'allait vraiment plus, et restait des heures à la bibliothèque pour essayer de résoudre ce qu'il avait.

-« Harry. Je veux te parler.

Le dit Harry releva la tête du livre de maléfices dans lequel il était plongé, et tomba bouche contre bouche avec un charmant blondinet.

-« Draco ! qu'est ce que tu fais ?

-« Je t'embrasse ?

-« Pas ici ! Si on nous voyait ?

-« Tout le monde est au courant de notre relation.

-« C'est faux ! il n'y a que les professeurs, les griffondors, les serpentards, les … serdaigles…

-« Les Poufsouffles et les fantômes du coin. Ca fait que tout le monde est au courant.

-« Pas TOUS les Poufsouffles !

-« Non, c'est vrai, il y a un mec paumé et asocial chez eux qui n'est pas au courant… ah oui, et il y a la goule du Donjon-Est qui l'ignore.

-« Ah ! tu vois. Pas ici… je te l'avais bien dit… Si tu pouvais me laisser travailler maintenant.

-« Que fais tu ? – Draco lu le titre de l'ouvrage que tenait Harry- Maléfice de magie noire ? Qu'est ce que tu fais avec un livre pareil ?

-« Ca ne te regarde pas. Tu m'ennuies.

-« Moi ? je t'ennuie ? Okay, j'ai compris. Je me casse.

-« Dray… att…

Une violente quinte de toux prit soudain Harry au milieu de sa phrase. Elle fut si puissante que le jeune homme du s'asseoir dos au mur pour ne pas tomber. Draco se précipita vers lui pour le soutenir.

-« Harry !

-« Draco ! Non. Vas-t-en !

-« Quoi ?

-« Vas-t-en je t'en prie.

-« Laisse moi t'aider.

-« NE T'APPROCHE PAS ! DEGAGE !

-« Potter, je t'interdis de me parler sur ce ton. Qu'est ce que tu as depuis une semaine ? Tu m'évites et tu ne me touches même plus. Tu restes prostré dans ton coin pendant des heures. Et dès que quelqu'un s'inquiète pour toi, tu l'envoies valser. Tu vois, j'en ai marre! Je pensais vraiment que je comptais plus pour toi qu'un vulgaire objet dont on se sert puis que l'on jette. Je te dégoûte, c'est ça ? L'autre qui est en moi te dégoûte ?

Draco attendait une réponse d'Harry. Une réponse qui pourrait démentir ce que supposait le blondinet. Mais le survivant resta désespérément muet. Le jeune homme blond commença à partir, les larmes aux yeux, mais s'arrêta soudainement, semblant se raviser, et revint vers Harry pour achever :

-« En fait, tu veux que je te dise ? Depuis que t'as vaincu Voldemort, tu te crois supérieur. T'es trop con. Mais t'as raison, c'est vrai que l'on ne mérite pas de salir ton espace vital. Alors tu vois, c'est pas la peine que l'on se revoie et qu'on continue d'être ensemble. Et tu sais quoi ? J'aurais préféré que Voldemort te tue, ce jour là.

Sur ce, le jeune Malfoy tourna définitivement les talons, et s'en fut.

-« Dray, espèce d'imbécile... murmura Harry

Pourtant, il comprenait le petit blondinet. Depuis l'ultime bataille, Harry évitait ses amis. Hermione et Draco lui en voudraient sûrement pendant longtemps, mais au moins, il n'aurait personne d'hystérique en train d' hurler dans ses oreilles que « oh mon dieu mais qu'est ce qu'on va faire, mais c'est terrible ! » .

Il savait parfaitement où en était son corps, et à peu près combien de temps il lui restait, et là, il se sentait vraiment, vraiment faible. Il n'avait pas besoin de ses deux meilleurs amis pour le lui rappeler...

Bon, d'accord, il se trouvait des excuses. Il ne voulait juste pas leur faire porter le poids de la malédiction que lui avait lancé Voldemort. Et puis il ne voulait pas qu'on le voit si faible.

Harry eut une nouvelle crise de toux. Lorsque celle-ci fut finie, il observa sa main pleine de sang. « Merde. Il y en a encore plus que d'habitude... plus le temps passe, et plus ça s'aggrave. ll faut absolument que je trouve un remède avant que je ne puisse plus rien faire du tout ... » pensa-t-il avant d'essuyer le sang sur son pantalon. Il se dirigea lentement vers son siège. Sa tête tournait un peu et jamais son 1 mètre 78 ne lui avait parut aussi haut. Il réussit enfin à s'asseoir et s'empara d'un nouveau livre, le premier qui tomba sous sa main. « Sortilèges de charme et d'amour » . Que devait il rechercher ? il ignorait tout du sort qu'avait lancé Voldemort et cela faisait bien une semaine qu'il cherchait vainement une solution à son problème.

-« HARRY ? HARRY ? - Hermione apparut dans le champs de vision du jeune homme - Ah! Tu es là ! -elle fondit sur lui comme sur une proie- Je te cherchais. Pourquoi te caches tu là ? C'est rare de te voir à la bibliothèque… Enfin, pour une fois que tu fais l'effort d'étudier… Dis, tu n'as pas oublié quelque chose ? Aujourd'hui, et plus précisément dans dix minutes, c'est le match de présentation aux premières années de quidditch Griffondor contre Serpentard.

Le match de quidditch ? Merde ! Hermione lui en avait bien vaguement parlé, mais il avait totalement oublié. C'était donc aujourd'hui .

-« Heu... je ne sais pas si je vais jouer... je... je ne me sens pas terrible.

-« Harry, tu n'as pas vraiment le choix: si tu ne joues pas, c'est toute l'équipe qui est disqualifiée. Et puis il y aura Rei qui vient te voir jouer avec Draco… tu ne peux pas la décevoir. Et bien bonne chance... et euh, si il te plaît, ne laisse pas ton chéri avoir exprès le Vif d'or, mais fais gagner ton équipe.

La jeune fille fit un clin d'oeil à Harry puis sortit, telle une petite tornade.

Harry soupira: Faire gagner son équipe ? Lui qui n'était même pas capable de tenir plus de vingt minutes debout sans cracher du sang ? Il se leva avec difficulté puis, tout en s'appuyant contre le mur, pris le chemin des vestiaires.

N'avait il pas l'air ridicule ainsi ? A se traîner de couloirs en couloirs, aussi blanc qu'un spectre, le regard monstrueusement noir et cerné, il devait en effrayer plus d'un. Il croisa Draco qui lui aussi se rendait aux vestiaires et qui l'ignora superbement.

Il dût s'y reprendre à trois fois pour se changer, à cinq pour faire partir son balais sur le terrain. Une fois en l'air, il n'avait plus aucune notion d'horizon, ni de hauteur. Il voyait flou, tout bougeait et tournoyait. Ses lèvres étaient humides, presque poisseuses. Machinalement, Harry passa sa main dessus. Un liquide rouge dégoulina de ses doigts jusqu'à son coude, pour aller se perdre dans la manche de sa chemise. Encore du sang. A priori, sa précédente crise de toux avait laissé des séquelles.

Un reflet doré passa devant les yeux du griffondor. Le vif d'or ! Le jeune homme descendit en piqué, suivi de près par Malfoy qui avait lui aussi vu le vif. Dans une parfaite synchronisation, ils remontèrent en chandelle, s'attirant l'acclamation des spectateurs.

Harry fixait la petite balle sans ciller. Mais soudain, il s'arrêta net. Draco surpris, coupa aussitôt son élan pour arriver à hauteur de son rival.

« Loin, très loin d'ici

Quand l'heure sera venue,

Tu monteras les escaliers en spirales… »

-« Potter ? pourquoi tu t'arrêtes ?

« Là où les pantins à vis

De l'horloge tordue du temps torturé

Complotent une rebellions »

-« Et c'est encore un but de l'équipe Serpentard ! On les applaudit bien fort !

« Jade, ambre, agathe,

De cruelles Alices

Prennent soin des larmes de pierres

Qui coulent sur les joues des sirènes

Et des écailles de verre des anges. »

-« On peut se demander ce que font les capitaines des deux équipes adverses ! Ils semblent s'être arrêtés en plein match. Aller ! on les encourage à continuer !

« Dans un cauchemar magnifique

Aux milles couleurs…

Le conte de treize heure

Perdu dans le labyrinthe du temps… »

-« Putain Potter, qu'est ce que tu fous ?

Oui ? Qu'est ce qu'il foutait ? Harry se la posait aussi cette question mais cette chanson… il avait le sentiment qu'elle serait bientôt terminée. Il se devait d'écouter la fin… même si il sentait que ça aurait des conséquences néfastes.

Il avait la gorge sèche lorsque la voix repris :

« La porte sera désormais fermée pour l'éternité,

Et personne ne s'en ap… per…ce…vra… »

Un rideau rouge apparut devant ses yeux. Draco, je t'en prie, ne me regarde pas. Ne regarde pas à quel point je suis faible. Le jeune homme chancela sur son balais, puis bascula sur le coté, dans le vide.

ET CE FUT LE SILENCE.

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OCTOBRE

Ma vie -

Combien en reste t il encore ?

La nuit est brève

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Chapitre XII : Où Hermione trouve l'antidote et où Harry disparaît

Lorsque la neige commence à tomber

Cela faisait bien une semaine que Hermione et Draco inspectaient minutieusement, mais fébrilement chaque livre de la bibliothèque de Poudlard, à la recherche d'un antidote pour Harry.

Celui ci n'avait toujours pas repris connaissance, mais il n'était pas mort. Pas encore, pensa sombrement Draco.

Tant qu' Harry respirait, il restait un petit espoir, aussi infime soit-il, et le serpentard voulait croire en lui.

Son amant les avaient tous sauvés, en tuant Voldemort, alors ils se devaient aux aussi de sauver Harry, et ce, quelqu'en fussent les conséquences.

Draco regarda longuement Hermione, profondément plongée dans un vieux grimoire. Le teint pâle, des cernes mangeaient presque la moitié de son visage émacié .

Le jeune homme savait que lui aussi était vraisemblablement dans le même état. Ils ne se nourrissaient presque plus depuis une semaine et passaient leur temps de sommeil à lire tout ce qu'ils pouvaient et tenter de trouver un remède, un miracle pour sauver Harry.

Ils étaient près à défaillir tant la fatigue et la faim les malmenaient. Mais ils ne pouvaient s'arrêter ne serait-ce que pour fermer les yeux quelques secondes: ç'aurait été de précieuses minutes inutilement gaspillées, et il restait tant de livres à lire, et si peu de temps.

Draco se replongea dans son ouvrage.

Ils connaissaient les symptômes, mais ils avaient aussi déjà essayé tant de potions : aucune n'avait agit. Si seulement ils avaient pu entendre le sort prononcé par l'ex-Seigneur des Ténèbres, il aurait été alors si simple de découvrir le contre-sort.

Voldemort avait bien préparé son coup. Peut-être s'était il résigné à pas pouvoir vaincre le survivant lors de l'ultime bataille ? Sachant cela, il avait organisé ce plan vicieux, de doucement faire mourir son ennemi, dans une souffrance continue, sans que nul ne puisse faire quoi que ce soit.

Ainsi, la victoire de Voldemort était quasi-totale, même si ce dernier avait, en échange, disparut de cette terre à jamais.

Hermione, elle, fixait depuis longtemps une même page, les yeux dans le vague. Après ses amis Luna et Neuville, son époux Ron, son enfant Dish, elle devrait aussi perdre Harry ? Comment le destin pouvait-il s'acharner autant sur elle et dans un si court laps de temps ?

Des larmes remplirent ses yeux: Elle était une bien mauvaise amie. Dire qu'elle n'avait même pas vu qu' Harry allait mal. Enfin, jusqu'à ce stupide match Serpentard/Griffondor où tout avait basculé. Non. Ce n'était pas ce jour que tout était allé mal. La racine du Mal était bien plus profonde. Bien avant le combat final. Bien avant même l'apparition d'Harry à Poudlard. Bien avant sa naissance . Et peut-être même avant Voldemort et Dumbledore.

En fait, elle n'était pas sûre qu'il y ait un début au Mal. Peut-être avait-il toujours existé. Elle essayait de se remémorer, de tous les livres d'Histoire qu'elle avait lu, si il y en avait un qui ne parlait pas de douleur, de désespoir, de destruction, de haine... Un seul aurait suffit a lui redonner espoir, mais elle avait beau creuser dans son souvenir, les seules images qui lui revenaient en mémoire étaient celles de la mort de Ron.

Et bientôt celle d'Harry ? Se demanda-t-elle.

Elle qui, en 21 ans, avait acquis plus de savoir que n'importe quel sorcier au monde, elle ne pouvait être de la plus petite aide pour le seul véritable ami qui lui restait ?

Bien sur, il y avait Draco. Mais celui-ci n'était pas vraiment ce que l'on pouvait appeler un ami. Il restait avec elle uniquement par amour pour Harry. Parce qu'ils avaient un but commun, et qu'il valait mieux réunir leurs forces plutôt que de chercher seul dans un coin. Et Draco le savait et l'appliquait. C'était même Harry qui le lui avait enseigné, tel le bon Griffondor qu'il était: équipe ! Équipe ! Le seul mot d'ordre des Griffondors.

Au final, Hermione se retrouverait seule si Harry mourrait, car Draco partirait sûrement loin, géographiquement parlant, de tout souvenir.

Et tout ça par amour.

Amour qu'elle ne connaîtrait plus jamais.

La jeune fille essuya rapidement une larme qui coulait doucement le long de sa joue.

Amour. Ce mot courait dans sa tête. Amour... amour... elle se redressa brusquement sur son siège. Est ce que par hasard ?...

Faisant sursauter Draco, elle se leva puis partit en courant vers un coin encore inexploré de la bibliothèque. Quelques minutes plus tard, elle revint, un énorme grimoire de parchemin entre ses mains. Elle s'assit et commença une lecture silencieuse du livre.

Deux heures plus tard, Hermione releva soudain la tête et hurla, arrachant une page de l'ouvrage:

-« Je sais ! J'ai trouvé ! Draco! Viens tout de suite! Je suis trop stupide, vraiment !

-« Ex...explique-moi .-Bredouilla le pauvre blondinet qui se faisait trimbaler par une brunette, fortement énervée, vers les cachots.

-« Nous cherchions dans la mauvaise direction. Vois-tu, ce n'était pas un simple contre-sort qu'il fallait trouver. Nous pensions que des ingrédients matériels résoudraient le problème. Nous avions tord !

-« Alors, il ne faut pas de potion ?

-« Si, bien sûr. Mais il faut quelque chose en plus ! Voldemort a utilisé un sortilège antique, où il a mis toute sa haine. C'est pourquoi il n'y a que toi qui puisse guérir Harry, avant que la malédiction de Voldemort ne le consume.

-« Je comprends ! Selon le grimoire, de quoi avons nous besoin ?

-« Le principal, de ton sang, et de tout ton amour. Pour les autres ingrédients, nous pourrons les trouver dans la réserve de Séverus.

Enfin, Hermione et Draco avaient réussi à trouver l'antidote. Ils souriaient d'avance de ré-entendre la voix de Harry, de revoir son sourire, le vert de ses yeux, et pour Draco, de pouvoir se serrer dans les bras de son amant et s'entendre dire des « Je t'aime » murmurés au creux de son oreille. Cela faisait si longtemps... presque une éternité. Mais l'attente était finie maintenant !

Tenant précieusement la petite fiole de potion de guérison pour Harry, les deux jeunes gens se pressaient vers l'infirmerie. Ils en franchirent la porte blanche et se dirigèrent vers le lit de leur ami. MacGonagal arriva à ce moment précis. Elle était en grande discussion avec madame Pomfresh. Hermione s'empressa de lui annoncer la bonne nouvelle, brandissant la fiole:

-« Madame ! Nous avons trouvé le remède !

-« Un remède ?

-« Pour Harry ! Nous savons comment le sauver !

Pendant ce temps, Draco s'était approché du lit d' Harry.

-« Comment avez vous trouvez ? -demanda MacGonagal- tous les meilleurs spécialistes se sont penchés sur le cas de votre ami, mais aucun n'a pu trouver quel sort avait lancé le Seigneur des Ténèbres. Ne me dites pas que deux gamins de 20 ans seraient plus intelligents que le reste du monde ?

La neige s'était mise à tomber.

Hermione tentait d'expliquer comment ils avaient découvert la solution.

Le vent soufflait, faisant bouger les branches des arbres.

Par la fenêtre, on pouvait apercevoir des enfants qui s'amusaient dans le parc.

Une voix blanche résonna dans l'infirmerie:

-« Où est Harry ?

Hermione, MacGonagal, et Pomfresh se retournèrent vers Draco.

-« Où est Harry ?

Le regard tourné vers les draps immaculés et pliés avec minutie du lit, le jeune homme se tenait droit et crispé, les points serrés.

Pourquoi avait-il répété la question, puisque au fond de lui, il savait. « Promet moi de ne pas pleurer » lui avait dit Harry un jour. Il avait alors eu l'air si sérieux que Draco avait promis.

La directrice eut un regard désolé. Elle tendit à Hermione une boite rectangulaire :

-« Je suis navrée...

Le sourire d'Hermione se fana. Elle ouvrit la boite et vit que celle-ci contenait une baguette:

-« Qu' est ce que cela signifie ?

-« Vous êtes arrivés trop tard. Il a cessé de vivre il y a plus de trois heures. Je... je voulais vous prévenir, mais... je n'en ai pas eu le courage. Je suis désolée.

Si Hermione fondit en larmes, Draco, les yeux secs, se contenta de fixer la neige qui avait redoublée. Le petit oiseau nommé Harry gisait sous la neige, et les battement de ses ailes avaient définitivement cessé de retentir dans le cœur du jeune homme blond. Il avait beau tendre les bras pour essayer de le réchauffer, il n'arrivait pas à l'atteindre.

On dit que si la douleur s'extériorise, on pourra se remettre de la peine qu'elle nous a causée. Mais si elle reste encrée en nous, à tout jamais l'on portera la tristesse, tel un fardeau, le coeur irrémédiablement brisé.

Et les flocons tourbillonnaient, presque hésitants, semblant danser sur le ciel blanc.

Les premières neiges sont toujours sublimes. Mais tellement glaciales.

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DECEMBRE

La rafale d'hiver

S'engouffra dans les bambous

Et se calma

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Chapitre XIII : Où Hermione trahit Draco et où la neige se remet à tomber

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2 mois plus tard.

-« Madame, j'aimerais m'entretenir avec vous. C'est au sujet de Draco.

Hermione Granger, les traits tirés, se tenait face à la directrice de Poudlard.

-« Je vous écoute, mademoiselle.

-« La mort d'Harry... nous a tous touché. Mais lui... il... il n'arrive pas à s'en remettre. Il ne mange plus, ne parle plus, il longe telle une ombre, les couloirs de Poudlard jusqu'au petit matin. Depuis ce jour, ses yeux se sont éteins aucun médecin n'arrive à quoi que ce soit avec lui. Mais c'est Rei qui m'inquiète le plus: elle est très malheureuse; La perte de ses parents, puis d'un de ceux qui souhaitait l'adopter : Harry, a déjà été dure pour elle, alors si Draco n'arrive pas à se reprendre...

-« J'en suis navrée, mademoiselle Granger, mais que voulez vous que je fasse ? Pour que Monsieur Malfoy aille mieux, il faudrait pouvoir faire revenir monsieur Potter du royaume des défunts. Et cela n'est pas dans mes compétences.

-« Je le sais bien, madame. Mais voilà, j'ai eu une idée, mais le sort est bien trop compliqué pour moi... j'ai pensé que vous pourriez peut-être ...

-« En quoi consiste le sort ?

Hermione expliqua à la directrice son plan.

-« Et qu'en pense monsieur Malfoy ?

-« Il n'est pas au courant, bien sûr. Sinon, vous pensez bien qu'il refuserait.

-« Dans ce cas, je ne peux pas l'obliger à se soumettre.

-« Madame! Pensez à Rei !

MacGonagal eut un long silence de réflexion puis déclara:

-« Très bien. Mais cela restera entre nous, mademoiselle. Allez chercher Monsieur Malfoy.

Lorsque Draco arriva dans le bureau de la directrice, il y trouva Hermione qui regardait avec attention le bout de ses chaussures. Il se douta que quelque chose de désagréable allait arriver.

-« Monsieur Malfoy. Je vous ai appelé pour vous exposer l'idée de votre camarade.

Le regard inquisiteur de Draco se posa sur la jeune fille qui sembla devenir encore plus nerveuse.

-« Voyez vous, comme elle s'est aperçue que vous alliez mal depuis... quelques mois, elle a trouvé une solution pour votre cas, dans un vieux grimoire de la bibliothèque. Connaissez vous le sort « finememorus » ?

Draco secoua négativement sa tête.

-« Je vais vous l'expliquer: Il nous permettra d'effacer tous les souvenirs que vous avez sur une personne. Nous pouvons donc vous faire oublier totalement Harry. Finememorus ne peut être utilisé qu'une seule fois sur une personne. C'est pourquoi il est tombé en désuétude. Cependant, mademoiselle Granger a réussi à le retrouver, pour vous guérir.

-« Me guérir ? Mais vous êtes folles toutes les deux ! Je ne suis pas malade ! Et puis c'est quoi cette histoire d'oublier Harry ? Il a tant fait pour nous et vous voudriez que je sois sous votre saleté de sort ? Allez au Diable. Jamais un Malfoy n'oubliera quoi ou qui que ce soit.

-« Monsieur Malfoy, vous n'avez pas le choix. Mademoiselle Granger, retenez le !

Hermione se jeta sur Draco, l'immobilisant une poignée de seconde. Ce fut malheureusement largement assez pour MacGonagal qui envoya le sort sur le jeune homme. Un flash éclaira la pièce, puis un brouillard entoura Draco. Lorsque il se dissipa, le serpentard posa une main tremblante sur son coeur.

-« Je me sens vide tout à coup... Qu'avez vous fait ?

Hermione Granger, murmura les larmes aux yeux:

-« Je... je suis désolée Draco... C'était pour ton bien. »

Jamais Draco Malfoy ne la revit.

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OCTOBRE

Un oiseau chanta

Et se tut -

Neige dans le crépuscule

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Epilogue

Draco observait distraitement la foule des voyageurs qui s'amassait sur le quai. Il se demandait quelle idée saugrenue l'avait pris pour qu'il se décide a emmener sa fille en vacances. Ils s'étaient installés dans un des compartiments du train, puis Rei était immédiatement partie s'acheter des friandises.

Draco se retrouvait donc seul dans le compartiment, et pour tromper son ennui, s'inventait des histoires ridicules sur les gens que son regard croisait. Cette grosse femme en mini jupe allait rejoindre son amant en Irlande où ils feraient l'amour sauvagement en haut de falaises étriquées, uniquement vêtus de Kilts. Ah non, c'était l'Ecosse qui était fervente utilisatrice de Kilts…

Ce vieil octogénaire retournait chez son avocat pour changer son testament depuis qu'il avait comprit que son fils aîné empoisonnait un peu chaque jour son repas. Et puis ce jeune homme habillé comme un sac, qui cherchait quelque chose par terre, où plutôt faisait semblant de chercher quelque chose, était sûrement un pickpocket professionnel à la recherche d'une proie facile. Le pickpocket en question releva soudain la tête et ses yeux, d'un vert profond, s'encrèrent dans ceux de Draco. Le temps s'arrêta. L'inconnu sourit tristement, brisant l'éternité de l'instant, et se fit emporter par la foule.

Comment le jeune papa blond aurait-il pu deviner que si son regard acier avait été attiré par le jeune homme aux cheveux geai de la gare, ce n'était pas par simple hasard ?

Comment aurait-il pu deviner que ce jeune homme était en réalité Harry Potter, son premier et unique amour ?

Comment aurait il pu deviner que la jalousie que portait la directrice à leur amour, à l'époque, et sa haine d'avoir perdu Dumbledore, lui avait fait perdre toute bonne conscience ?

Comment aurait-il pu deviner que, fidèle à sa réputation, le survivant avait survécut, encore une fois, et que MacGonagal avait fait passer Harry pour mort auprès de ses amis ? Un simple sort d'Oubliette avait été utilisé sur le jeune homme, lui faisant tout oublier: Voldemort, Draco, Rei... mais laissant dans son cœur un grand vide.

Et si Rei était revenue plus tôt, reconnaissant alors Harry ?

Et si Draco avait pu se souvenir ?

Et si Harry les avait reconnu et était monté dans le train ?

Et si ils avaient pu vivre le reste de leur vie ensemble, dans une petite maison surplombant l'Océan ?

Et si...

Mais Rei n'arriva pas plus tôt, Draco ne se souvint pas d'Harry et Harry ne reconnu pas Draco.

Le train s'ébranla.

Le coeur de Draco se serra inexplicablement.

Et la neige, comme ce jour là, se remit à tomber.

C'était une petite maison, qui surplombait l'océan. Elle était sur une falaise étriquée qui semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Il y avait aussi un joli jardin où les ronces et les roses se mélangeaient, comme une lumière dans l'ombre de la nuit.

Les étoiles aimaient scintiller au dessus de cette maison.

Pas très loin derrière, on pouvait voir un petit cimetière où deux tombes se faisaient face.

... Mais aujourd'hui, la falaise s'est effondrée, et les étoiles se sont à jamais éteintes.