Buck prenait l'air frais sur la terrasse de la cour d'Eddie avec un thé.
Christopher s'était endormi et la nuit était paisible. Le vent était tombé et Buck ne sentait pas d'odeur de brûlé, signe que l'incendie devait être maitrisé. Eddie devrait bientôt être de retour et Buck pourrait se pelotonner contre lui pour le reste de la nuit.
Il jeta un œil aux étoiles bien visibles cette nuit-là.
Il se sentait enfin bien dans sa vie. Heureux, peut-être même pour la première fois de son existence et tout ça grâce à Eddie. Il avait vraiment eu de la chance de tomber sur lui. Jamais, il n'aurait pensé pouvoir retomber amoureux.
Buck doutait de plus en plus d'avoir vraiment connu l'amour avant Eddie mais il devait admettre qu'il n'avait plus vraiment de bons souvenir de sa vie commune avec Doug.
Les mauvais avaient pris le pas sur tout le reste.
Il avait dû l'aimer, au moins un peu, sinon il ne l'aurait pas épousé mais il était incapable de s'en souvenir. En réalité, il ne se souvenait pas que Doug ait un jour agit de la même manière qu'Eddie, avec amour, dévotion et tendresse.
Tout n'avait été que rage, douleur et humiliation.
– Buck, lança soudain sa voix derrière lui, le faisant sursauter.
– Hey, Ann, lâcha-t-il les sourcils froncés. Qu'est-ce que tu fais là ? Comment t'es entrée ?
– Il est là ! se contenta-t-elle de répondre.
– Quoi ? Qui ?
– Tu sais qui, affirma-t-elle. Il est là, Buck.
Elle semblait terrorisée.
Buck sentit son sang se glacer à l'idée de savoir exactement de qui son amie était en train de parler. Ce n'était pas possible, il ne comprenait pas comment une telle chose pourrait se produire. Il avait changé de nom, de vie et il était chez Eddie.
Doug ne pouvait pas être là.
– Il est ici, insista Ann. Dans la maison.
Il se réveilla en sursaut.
Il vit qu'il était allongé sur le canapé, Christopher dans les bras et Daisy contre lui. L'enfant et l'animal dormaient à poings fermés et Buck se redressa en prenant garde de ne pas les réveiller.
Daisy releva la truffe.
– Restes avec lui, souffla-t-il.
Daisy replongea dans le cou de Christopher.
Buck avait besoin de vérifier par lui-même qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar, que Doug n'était pas vraiment là.
Il avait besoin de se rassurer.
Il avança dans la maison silencieuse et commença à vérifier que les portes et les fenêtres étaient bien fermées. Il jeta un œil dans la cuisine puis se dirigea vers les chambres.
– Ils sont plus court, lâcha soudain la voix de Doug dans son dos.
Buck se figea et ferma les yeux tentant de faire refluer la peur.
Puis, il se tourna lentement vers lui. Doug était bien là en chair et en os et Buck fit de son mieux pour que sa respiration reste calme.
Il ne devait pas paniquer, pas avec Christopher dans la pièce à côté.
– Tes cheveux, insista-t-il. Ils sont plus court. Ça te va bien, même si je préfère quand ils sont plus long.
– Doug, souffla-t-il.
– Je t'ai retrouvé, lui sourit-il en le rejoignant pour passer sa main dedans. Je t'ai enfin retrouvé. Et j'ai cru que je t'avais perdu pour toujours.
Buck se fit violence pour ne pas s'enfuir à toutes jambes. Christopher était la seule raison qui faisait qu'il se trouvait toujours là, silencieux.
Doug était une menace réelle.
– Je t'ai cru mort et c'était horrible. Mon cœur a failli exploser tellement j'avais mal mais tu es là, vivant et je suis si heureux de t'avoir enfin retrouvé. Tu m'as tellement manqué, mon amour.
– Qu'est-ce que tu fais là Doug ? s'enquit-il la voix tremblante en évitant le baiser qu'il voulait planter sur ses lèvres.
Buck se crispa quand Doug tira sur ses cheveux pour l'obliger à affronter son regard. Il était terrifié mais il refusait de le lui montrer.
– Tu vas revenir à la maison avec moi, mon amour, souffla-t-il.
– C'est ici chez moi maintenant.
– Ici ? se moqua-t-il. Quoi ? Avec ce mec ?
Buck déglutit difficilement.
Doug avait toujours été jaloux. Le moindre regard dans sa direction et Buck se retrouvait sous la rage qui se déversait sur lui à peine rentré à l'abri des regards. Ça avait été son quotidien tout le long de leur mariage.
– Il t'a baisé ? demanda-t-il en tirant plus fort sur ses cheveux. Hein ? Il t'a baisé, c'est ça ?
– Doug..., le supplia-t-il.
– Réponds-moi !
– Non !
Il refusait que Doug sache quoi que ce soit sur Eddie et lui.
Ça ne le regardait pas de toute façon. Buck avait changé de vie, il ne lui appartenait plus. Et puis, Eddie lui faisait l'amour avec tendresse, il ne le baisait pas dès que l'envie lui prenait, sans même lui demander s'il le voulait.
– C'est vrai ? s'adoucit-il. Je suis arrivé juste à temps, alors. Je vous ai vu ensemble aujourd'hui. Il te désire, il veut te mettre dans son lit mais il n'est pas honnête. Il est marié, et il cache une photo de sa femme dans sa table de nuit. Tout ce qu'il veut de toi, c'est avoir son petit frisson gay, sa petite crise de la quarantaine.
Buck ferma les yeux tentant de ne pas se laisser envahir par l'insécurité que faisait naitre les paroles de Doug. Il savait ce qu'il en était, il connaissait Eddie mieux que Doug mais ça n'en faisait pas moins mal.
– Mais il ne sait pas, poursuivit Doug. Il ne te connaît pas comme moi je te connais. Il ne sait pas à quel point tu es précieux et merveilleux. Il ne saura pas t'aimer comme moi je le fais.
– Et heureusement, cracha Buck.
– Ne commence pas mon amour. Je ne veux pas me disputer. Je veux juste rentrer à la maison.
– Alors vas-y, le repoussa-t-il. Moi, je reste ici.
– Tu veux que je parte ? lâcha-t-il, un rictus se formant sur son visage. Tu veux te débarrasser de moi ?
– Je veux que tu retournes à Boston et que tu me laisses vivre ma vie, ici.
Doug eut un sourire incrédule avant de récupérer son arme et de la lui coller sur la tempe. Buck ferma les yeux de terreur alors que Doug avait saisi sa gorge entre ses doigts.
– Et depuis quand, tu me dis ce que je dois faire ? cracha-t-il. Pourquoi tu me traites comme ça, Evan ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal à part t'aimer ?
– Tu m'as frappé, lui reprocha-t-il.
– Oh je sais, mon amour...
– Tu ne faisais que frapper, encore et encore, lâcha-t-il en pleurant. Tu poussais le vice toujours plus loin.
– Je sais mais j'en ai fini avec ça et...
– Tu m'as violé, Doug.
Il le relâcha comme giflé en plein visage. Il recula de plusieurs pas. Buck resta immobile laissant ses mots pénétrer dans son cerveau.
– Non, souffla-t-il perturbé. Tu aimais ça, tu...
– Je détestais ça, cracha-t-il en larmes. Je voulais que ça se termine le plus vite possible. Je détestais chaque seconde de notre vie.
– Tu n'as pas le droit dire ça, le prévint-il. Je t'ai rendu heureux.
– Tu as tué mon chien, lui rappela Buck.
– Et tu en as un autre maintenant, répliqua-t-il comme s'il s'agissait d'un objet sans importance.
Buck secoua la tête.
Doug était vraiment un monstre et aujourd'hui, il le voyait enfin tel qu'il était. Comment avait-il pu l'aimer et croire en lui pendant aussi longtemps ?
– Va-t'en Doug, cracha-t-il. Je veux que tu partes, que tu vives ta vie de ton côté et que tu me laisses vivre la mienne.
– Tu n'as pas le droit de me quitter, Evan. On est marié pour le pire et le meilleur, tu te souviens ? Je ferai des efforts et tu seras heureux cette fois et...
– Je veux divorcer Doug ! lâcha-t-il de façon déterminée.
– Alors, c'est comme ça ? Tu ne me laisseras pas de seconde chance ?
– T'as déjà épuisé toutes tes chances.
Doug recula de plusieurs pas et acquiesça.
Buck sentait les tremblements de peur s'insinuer en lui mais il ne bougea pas attendant de voir si Doug allait quitter la maison d'Eddie de son propre chef. Il le vit se tirer les cheveux, les larmes roulant sur ses joues.
– D'accord, murmura-t-il. Si c'est ce que tu veux. Alors d'accord. Je ferais tout pour toi parce que je t'aime et que je veux que tu sois heureux.
Il lui sourit et Buck était perdu. Est-ce qu'il laissait vraiment tomber ? Est-ce qu'il lui rendait vraiment sa liberté ?
Avant de pouvoir comprendre ce qui se passait, Doug lui asséna un violent coup au visage avec son arme et il s'écroula contre le chambranle de la porte.
Sa tête cogna violemment contre le bois et il perdit connaissance.
