« Hermione, attends ! » s'écria Ginny, la suivant du mieux qu'elle pouvait. « Explique-moi ce qu'il se passe. »

« Je ne peux pas, je ne peux pas, c'est trop. »

« De quoi est-ce que tu parles ? »

« Ginny je ne peux pas, je ne peux… pas. » dit-elle continuant de pleurer à chaudes larmes.

« Hermione, calme toi… Respire et parle-moi. »

« Comment j'ai pu avoir… ce comportement ? »

« Calme toi Hermi_ »

« Comment j'ai pu… lui faire ça ? » dit-elle se calmant peu à peu.

« C'est à propos de mon frère, n'est-ce pas ? » Hermione se remit à pleurer de plus belle lorsqu'elle entendit cette phrase. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« J'ai… j'ai… je l'ai… tro… trom… pé. » dit-elle entre deux sanglots.

« Oh Hermione… »

« Je m'en veux… tellement si tu savais, je suis méprisable, je me dégoûte à un point que tu n'imagines pas, Ginny. »

« Tu as embrassé un autre garçon, ce n'est pas dramatique Herm… » dit-elle, caressant l'épaule de son amie.

« Non Ginny, tu ne comprends pas… c'est pire que ça… »

« Pire ? »

« Je l'ai trompé, Gin… J'ai… j'ai… je n'arrive pas à le dire… »

« Mais non, je… tu… tu as… couché avec un autre ? »

« Je suis tellement désolée, Ginny, je t'en supplie, ne m'en veux pas… »

« Ce que tu as fait est délicat en effet, mais jamais je ne pourrais t'en vouloir. Puis, je pense que tu t'en veux assez pour que je t'en veuille également, non ? » dit-elle avec un sourire qui se voulait rassurant.

« J'ai tellement de chance de t'avoir. » répondit Hermione, continuant de pleurer à chaudes larmes dans les bras de Ginny.

« Et si on allait dans tes appartements pour prendre un thé et parler de tout ça ailleurs que dans les couloirs ? » Hermione acquiesça. Elles se dirigèrent alors vers les appartements d'Hermione, en silence. Ginny se contentait de caresser les bras et le dos d'Hermione, qui continuait de sangloter. Une fois arrivées sur place, Hermione s'installa sur un fauteuil, pendant que Ginny préparait le thé. Quelques instants plus tard, elle revint avec deux tasses de thé bouillant.

« Comment te sens-tu ? » demanda Ginny, s'installant dans un fauteuil.

« Tellement mal. J'ai trahi Ronald, ça me rend malade. » répondit Hermione, qui s'était enfin calmée. « Il est si gentil, mais la vérité c'est que je pense qu'on s'est un peu éloignés ces derniers mois, et malheureusement, j'ai réagi comme un animal. Je l'ai trahi. »

« Je ne savais pas que ça n'allait plus trop entre vous. »

« Ce n'est pas que ça n'allait plus, mais avec les révisions… puis les seules sorties que je me donnais le temps de faire, nous n'étions jamais seuls, nous étions toujours avec Harry et toi et_ »

« C'est vrai, on aurait dû vous laisser un peu d'intimité. »

« Non, absolument pas, j'aime passer du temps avec vous, c'est juste que je révise trop, je ne lui ai pas accordé assez de temps, et… et maintenant je ne peux plus me regarder dans un miroir. »

« Comment en es-tu arrivée à… à le… à faire ça ? »

« Je ne sais même pas, Gin. Je ne sais pas… Il m'a obsédé d'un coup. Du jour au lendemain, je ne voyais plus que lui, je ne sais pas comment, mais j'ai tout fait, oui j'ai honte de le dire, mais j'ai tout fait pour le séduire, et j'ai tellement été… surprise que ce soit réciproque… que je n'ai pas pu mettre un frein à cette folie. Jamais je n'aurais pensé qu'il s'intéresserait à moi… »

« Hermione, je_ »

« Je sais que tu veux savoir de qui il s'agit, mais je ne peux pas… »

« Tu sais que tu peux tout me dire… je suis une tombe. »

« Je sais que je peux te faire confiance à cent pourcent, Gin, c'est juste que… j'ai tellement honte de moi… »

« N'aies pas honte, tu es humaine, et l'erreur est humaine, arrête de te torturer comme ça. » Puis après quelques secondes de silence : « C'est Malfoy ? » tenta Ginny.

« Non, Ginny, ce n'est pas ce Serpentard... »

« Un Serpentard ? Je ne pensais pas qu'un jour tu serais attirée par un Serpentard. » dit-elle avec un sourire.

« Moi non plus, Ginny… Moi non plus. Mais du jour au lendemain, ça m'est tombé dessus. »

« Goyle ? Pas Goyle je t'en supplie, il est affreux. »

« Par Merlin non ! » répondit Hermione avec un sourire.

« Alors Crabb ? »

« Jamais, c'est un homme grand, ténébreux, mystérieux, discret, qui sait se faire respecter quand il le faut, un héros. » Ginny se mit à rire de bon cœur. Hermione, ne comprenant pas, leva un sourcil, puis demanda : « Qu'est-ce qui te prend ? »

« Non, mais, » dit-elle, continuant de rire, « quand j'entends ta description, il n'y a qu'une seule personne qui correspond à ça. » Hermione comprit que Ginny parlait de Rogue. « Cette description, Serpentard, grand, discret, qui sait se faire respecter, héro, ça me fait penser à… » elle continuait de rire. « Rogue. Mais ça ne peut pas être Rogue n'est-ce pas ? » Ginny vit qu'Hermione la regardait de manière coupable. Elle s'arrêta de rire soudainement puis lança : « Mais ça ne peut pas être Rogue, n'est-ce pas ? »

« Gin… »

« Rogue ? Severus Tobias Rogue ? » Hermione se contenta d'acquiescer silencieusement.

« Par les couilles de Salazar et de Merlin réunis, Hermione ! Que s'est-il passé, je veux TOUS les détails. » dit-elle, faisant apparaître un sceau de popcorn au caramel.

« Du popcorn, sérieux Gin ? »

« Je crois que tu ne te rends pas compte de ce qu'il se passe ici. Le grand Severus Tobias Rogue et toi ! Oui, ça mérite du popcorn ! Allez, dis-moi tout. »

« J'ai trahi ton frère… voilà ce qu'il s'est passé. »

« Comment en êtes-vous arrivés là tous les deux ?! Je n'en reviens pas ! » dit-elle un grand sourire aux lèvres.

Alors Hermione lui raconta tout en détail, les retenues, la provocation, la légilimancie, la salle de classe, tout. A la fin du récit d'Hermione, Ginny avait toujours un large sourire aux lèvres, et les yeux qui brillaient.

« Ça fait rêver cette histoire… »

« Gin, tu te rends compte de ce que je viens de te dire ? Mon comportement est abject. »

« Oui, oui, tu es vilaine, bla bla bla… Que va-t-il se passer maintenant Herm ? »

« Comment ça ? »

« Que comptes-tu faire ? Avec Rogue, et mon frère ? »

« Je pense que la première chose à faire est de parler avec Ronald. Je crois, Gin, que… je vais le quitter. Je suis désolée. »

« Ne sois pas désolée, bien évidemment, j'aurais adoré que tu sois ma belle-sœur, mais on n'a pas besoin d'un bout de papier pour être comme des sœurs. Tu es ma meilleure amie et je t'aime. Quant à Ron, il va surmonter ça, ça va lui prendre du temps… mais il saura s'en remettre. »

« Je t'aime tellement Gin, si tu savais. » dit-elle, la prenant dans ses bras.

« Moi aussi. Et Rogue ? »

« Alors là… Aucune idée. »

« De quoi as-tu envie, toi ? »

« Je… ne pense qu'à lui, c'est comme s'il m'avait jeté un sort, il m'obsède tout-à-coup. J'ai envie de passer du temps avec lui, un maximum de temps, lui parler, lire en silence à ses côtés, cuisiner de bons petits plats pour lui faire plaisir… »

« Mais ma parole, Hermione Granger, tu as eu un coup de foudre et tu es amoureuse ! »

« Je… je ne sais pas… C'est délicat. Ecoute, je ne sais pas ce qu'il va se passer, mais tu ne dois jamais dire un mot sur ce que tu sais, tu ne dois jamais laisser paraître une quelconque émotion quand tu le vois, et par pitié, tâche de ne jamais penser à cette histoire lorsqu'il est dans la même pièce que nous, c'est un légilimens hors pair, il me l'a rappelé à plusieurs reprises, comme je te l'ai expliqué. »

« Promis, Herm ! Tu peux com_ » Ginny fut interrompue par le bruit de quelqu'un qui frappait à la porte. « Qui ça peut être ?! » demanda Ginny.

« J'ai comme l'impression que l'heure de l'explication avec ton frère a sonnée, c'est très probablement lui qui vient voir si tout va bien. » elle souffla un coup, pour se donner du courage, puis poursuivit : « Allons ouvrir. »

« Her_ » Il s'agissait de Rogue, et non Ron, comme les filles l'avaient pensé. Hermione avait les yeux écarquillés, ne s'attendant pas à le voir, encore moins dans ses appartements. Ginny, quant à elle, tentait à tout prix de garder la face, ce qu'elle réussissait vraiment bien, il fallait l'avouer. Elle pensa au fait que l'homme devant elle était un léglimens de qualité, alors elle se contentait de se répéter dans sa tête « Pur feu, whisky pur feu ». Pourquoi ? Elle ne le savait pas, mais il fallait occuper ses pensées.

Rogue, lui, fut plus que surpris de voir que Ginny était encore avec Hermione, ou peut-être avait-il mal vu l'heure, et qu'en fait, il s'était écoulé moins de temps que ce qu'il ne pensait. Il se maudissait. Comment rattraper le coup ? pensa-t-il. Il se reprit puis poursuivit. « Miss Granger, le professeur McGonagall m'a demandé de voir comment vous alliez, car elle n'était pas disponible. » A l'intérieur de lui, il était plus que satisfait d'avoir rattrapé la situation comme un chef. Si seulement il savait que Ginny était au courant de tout…

« Je vais… bien, Professeur. Merci. »

« Ne me remerciez pas, Granger, le professeur McGonagall m'a demandé de venir. »

« J'ai bien compris, Pro_ »

« Désolée de vous interrompre, je vais y aller. Hermione, tâche de te reposer. Bonsoir, Professeur. » Ginny embrassa rapidement Hermione, puis sourit à Rogue, qui se contenta de la regarder partir, impassible, comme toujours.

« Puis-je entrer un instant ? » demanda Rogue, en s'engouffrant dans les appartements d'Hermione. Elle referma la porte, puis se retrouva face à lui.

« Je vais bien, tu peux dire au Professeur McGonagall que tout va bien. » dit-elle blasée.

« Minerva ne m'a pas missionné pour venir ici, Hermione. »

« Comment ça ? »

« Je suis venu par moi-même. Je ne voulais pas que la petite Weasley trouve ça étrange, elle est de loin, la plus intelligente de toute sa fratrie. » Hermione n'en revenait pas, il était venu de lui-même, pour voir comment elle allait ? Rogue, le grand Severus Rogue était inquiet pour elle ?

« Je… »

« Que s'est-il passé ? »

« J'ai vu Ronald et… tout m'est revenu en pleine figure. »

« Ah. » dit-il simplement.

« Quand je l'ai vu, il m'a souri, et d'un coup, les images de ce qu'on avait… de ce qu'il s'est passé me sont revenues et je me suis pris un coup de massue. »

« Parce que c'est ton petit-ami, c'est cela ? »

« Parce que je l'ai trahi. Oui, j'ai trahi mon… petit-ami. Jamais je n'aurais pensé être capable de tromper quelqu'un, je trouve ça si dégoûtant comme acte. Tromper quelqu'un c'est… pitoyable, je suis pitoyable. »

« Tu n'es pas pitoyable. Tu es humaine, il est normal de faire des erreurs. »

« Pour toi, tout ça était une erreur Severus ? » La survenue de son prénom le perturba, il aimait ça. Mais il fallait regarder la vérité en face, elle pouvait bien l'appeler par son prénom vu ce qu'ils avaient fait quelques heures plus tôt. Que répondre à une telle question ? Il était désolé pour elle. Une fois encore, il se méprisait d'avoir entraîné quelqu'un du côté obscur. Pour lui, il était le seul responsable de tout ça, s'il avait su la recarder au premier débordement, ils n'en seraient pas là, aujourd'hui. Il fallait arranger ça. Il fallait qu'elle reste avec ce crétin de Weasley, qui pourrait lui offrir une relation saine, pas comme lui. N'est-ce pas ? Au fond de lui, il ne voulait pas se l'avouer mais ces rapprochements avec Hermione lui avaient mis du baume au cœur, comme s'il s'adoucissait à son contact en quelque sorte. Quand il pensait à ce qu'il s'était passé, il en avait des sensations de brûlures à l'estomac, mais des brûlures agréables. Peu importe ce qu'il ressentait à ce moment-là, il fallait qu'il la libère.

« Oui, Hermione. Je sais qu'on ne peut plus faire machine arrière, il s'est passé ce qu'il s'est passé, mais… nous devons revenir à des relations professeur-élève, pour ton bien. Alors ne dis rien à Weasley, et continue ta relation avec lui, je suis certain qu'il peut te rendre heureux. » Il se dirigea vers la porte puis quitta les appartements d'Hermione, qui était complètement choquée de ce qu'elle venait d'entendre. L'homme qui l'obsédait, avec qui elle venait de passer un moment incroyable, et avec qui elle voulait passer du temps venait de la… repousser ? Elle claqua la porte puis se remit à pleurer à chaudes larmes sur son lit.