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chap 27
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Angleterre.
13 juin 1990.
Thomas Potter fixait depuis dix bonnes minutes le journal posé sur la table basse de son oncle. Remus n'était pas encore rentré du travail, mais le garçon n'avait pas réussi à attendre plus longtemps et avait sauté dans sa cheminette pour rendre visite à Remus. L'ambiance était étrange au manoir Potter depuis un mois et même si Remus n'était pas totalement normal non plus, au moins n'était-il pas d'aussi mauvaise humeur que son père.
En arrivant chez son oncle, Thomas avait rapidement cherché une boîte de cookies dans la réserve à sucreries de Remus. Puis, il avait décidé de s'installer devant la télévision en attendant que Lupin finisse son service de midi au pub du coin de la rue. Parfois, Thomas allait lui rendre visite sur son lieu de travail, mais aujourd'hui il préférait regarder une VHS.
Mais alors que Thomas se penchait sur la table basse pour attraper la télécommande, son regard tomba sur un journal abandonné là. Le garçon fixait depuis l'image d'un garçon qui semblait plus vieux que lui de quelques années et qui figurait en première page. L'article titrait « Altaïr Black : enquête sur son procès. ».
Thomas dévisagea un moment le cliché de l'adolescent. Il avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part mais ignorait où. Il finit par haussez les épaules et attrapa le journal qu'il ouvrit en page deux, lisant l'article. Thomas avait entendu son père marmonner à propos de ce garçon quelques temps plus tôt alors qu'il lisait la gazette. James n'aimait pas beaucoup la famille Black et le petit garçon avouait qu'elle l'effrayait un peu. On ne disait pas de bonne chose sur ses membres.
Il suffisait de regarder la photographie de cet Altaïr pour comprendre sa peur. A peine treize ans et il avait déjà deux cicatrices sur le visage, l'une barrant son œil et l'autre son nez. Une autre photo, plus petite et à la fin de l'article, présentait l'adolescent debout entre deux gardes. Thomas remarqua tout de suite qu'il lui manquait un doigt, Black ne portait pas sa chevalière au bon doigt, et il était déjà presque aussi grand que les adultes. Ce garçon était effrayant et le jeune Potter était bien content qu'il ne serait pas à Poudlard lorsqu'il rejoindrait l'école un an plus tard.
Pourtant, cette impression de déjà-vu ne le quittait. Pourtant Black avait un visage et une aura difficile à oublier. Thomas finit par hausser des épaules, s'imaginant simplement qu'il avait dû croiser le Black à l'une des rares réceptions où son père l'avait traîné.
Thomas énuméra mentalement les réceptions auxquelles il était allé ces dernières années. Cela fut rapide, il n'y en avait que cinq depuis ses cinq ans, il lui semblait. James Potter n'aimait pas attirer l'attention sur le Survivant, il avait l'impression qu'un ancien Mangemort allait sortir de nulle part pour assassiner son fils.
« Oh ! C'était au bal de Néville. » S'exclama le garçon, félicitant sa bonne mémoire.
Il se souvenait maintenant de l'adolescent qu'il avait rapidement vu un an plus tôt. Thomas s'était senti un peu mal à l'aise à cause de lui. Bien que tout le monde se retourne sur son passage pour voir le Survivant, jamais personne ne l'avait fixé aussi intensément et longtemps qu'Altaïr Black.
A l'époque, Thomas avait pensé que l'autre garçon était juste timide et n'osait pas venir lui parler. Mais maintenant, il comprenait bien mieux l'expression dur de l'adolescent étrange s'il était un Black. Altaïr avait une bonne partie de sa famille enfermée à Azkaban à cause des Aurors dont son père fait partie. D'autant plus que Thomas était l'une des causes de la disparation du Seigneur des Ténèbres.
Le jeune Potter se félicita de sa propre timidité qui ne l'avait pas poussé à aller parler au garçon qui l'avait tant fixé. Il se serait retrouvé nez-à-nez avec le fils d'un Mangemort le détestant très certainement. Thomas était loin de s'imaginer que ce garçon qu'il pensait dangereux était son demi-frère dont il avait tout oublié.
Thomas quitta sa lecture lorsque les flammes de la cheminée s'allumèrent, laissant apparaître son oncle. Remus lui souriait et le salua joyeusement jusqu'à ce qu'il voie le journal dans les mains de l'enfant.
Remus s'empressa de le lui tirer des mains, mais il ne semblait pas en colère. Il semblait juste paniqué, comme s'il craignait la réaction de Thomas.
« Tu l'as lu ?
- Ouai. Il fait un peu peur ce Black, il faut être fou pour tabasser comme ça un gars.
- Il l'avait mérité, il lui lancé le Doloris et il a fait des choses horribles à son ami. »
Thomas pencha la tête sur le côté, ne comprenant pas. Puis, il se souvint de la partie à propos de trucs sexuels qu'il n'avait pas vraiment compris. Remus devait parler de ça.
« Tu défends Black ?
- Harry est un bon garçon. Il ne ferrait pas ça pour rien.
- Harry ? » Thomas semblait complètement perdu. « Il s'appelle Altaïr Black, pas Harry. Tu dois juste confondre. »
Remus pâlit avant de disparaître dans sa chambre avec le journal. Thomas ne fit pas plus attention au comportement étrange de son oncle, attrapant finalement la télécommande et alluma la télévision. C'était après tout l'objectif premier qu'il s'était fixé en s'asseyant sur le canapé, le journal avait juste été une distraction.
Dans sa chambre, Remus jeta le journal sur son lit. Il ouvrit son armoire et attrapa des vêtements un peu plus décontractés que sa chemise et son pantalon serré. Ainsi en jogging, il serait bien plus à l'aise pour son après-midi jeu avec son neveu.
Puis, son regard se posa sur l'image d'Altaïr marchant dans les couloirs palais de justice estonien. Il lançait un regard ennuis aux journalistes, comme s'il se moquait d'eux pour s'agglutiner ainsi autour de Romanov. On voyait le Russe crier et se débattre au fond de l'image, contrastant avec le calme de Black.
Remus sourit tristement à la photographie. Son petit Harry avait bien changé avec les années. Il ne l'avait plus revu depuis le décès de Walburga il y a six ans de cela. Remus n'aurait jamais imaginé retomber sur lui dans un article de journal le traitant comme un monstre. C'est après l'article de Rita Skeeter à ce sujet que le lycanthrope prit la décision de ne plus acheter la Gazette du Sorcier.
A la place, il lisait désormais le Chicaneur. Le journal n'était pas du tout du même genre que celui de la Gazette, mais ça faisait du bien à Remus de lire des nouvelles ne portant pas uniquement sur le Ministère, les actualités morbides ou les dramas people. Les Lovegood parlait surtout des informations liées aux créatures magiques, l'histoire et de temps en temps d'un peu de Quidditch en dernière page.
Ce fut donc une surprise de voir une nouvelle fois le visage de son filleul en première page. Remus avait voulu jeter le journal à la poubelle, il refusait de lire une fois de plus des immondices sur Harry, ou plutôt Altaïr désormais. Mais un doute l'avait envahi. Pourquoi est-ce que Xenophilius Lovegood voulait parler d'un type d'actualité qu'il n'abordait habituellement jamais. D'autant plus que Remus avait croisé l'homme à Poudlard, il avait cinq ans de plus, alors le loup-garou ne le connaissait pas très bien. Mais Lovegood n'avait jamais été du genre à dire du mal des autres.
Alors Remus avait ouvert le journal et fut surpris de découvrir que même si Xenophilius ne défendait pas le garçon, il avait au moins le mérite d'être neutre. Non, celui qui défendait Harry, c'était Pollux Black, son nouveau tuteur. Black semblait avoir les intérêts de son pupille à cœur et ne semblait vouloir que le meilleur pour son futur.
Remus s'était alors mis à espérer que peut-être, cet homme là l'autorise à voir Harry.
Mais le lycanthrope n'avait pas encore trouvé le courage d'envoyer une lettre à l'homme. Il ne savait même pas réellement ce qui le bloquait, mais Remus n'arrivait jamais à écrire plus d'une ligne. Remus n'arrivait pas à arrêter de penser à la façon dont l'homme l'accueillerait, si Altaïr avait réellement envie de le revoir ou si sa classe sociale n'allait pas encore une fois lui mettre des bâtons dans les roues.
Remus savait que rien ne lui coûtait d'essayer. Mais il ignorait s'il arriverait à subir un nouveau refus.
« Lunard ! Tu viens ! » cria Thomas depuis le salon. Il n'avait pas envi de regarder le film seul.
Remus rangea délicatement la page du journal dans sa table de nuit, à côté de l'album photo qu'il complétait petit à petit depuis sa sortie de Poudlard.
Le lycanthrope prit une profonde inspiration avant de revenir dans le salon. Il savait bien qu'un jour, il allait devoir apprendre à Thomas qu'il avait un demi-frère puisque son père ne semblait pas vouloir le faire. Mais ça ne serait pas pour tout de suite, ça pouvait encore un peu attendre.
Pour l'instant, il allait déjà essayer de prendre contact avec Pollux Black.
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18 juin 1990.
Altaïr lisait son courrier alors qu'il était assis à la bibliothèque en face de Juhan et Danil. Il avait fini ses devoirs depuis une bonne heure et aidait ses deux camarades à faire leurs propres exercices. Sõerd avait un peu rouspété au départ, c'était humiliant qu'un adolescent d'un an son cadet l'aide avec ses cours. Mais face au puit de savoir qu'était Altaïr, il s'était rapidement résigné à lui demander lui aussi de l'aide.
« Tu es amoureux d'elle ? »
Altaïr quitta des yeux la lettre de Venus pour fixer le roux d'un air surpris. D'abord Pollux qui voulait le fiancer à la Lovegood, puis Lev qui l'avait taquiné lors du bal où il l'avait rencontré l'adolescente et maintenant Juhan. Altaïr allait finir par croire lui aussi qu'il était tombé sous le charme de la jolie blonde.
Altaïr secoua la tête, c'était absurde. Il le saurait s'il avait des sentiments pour quelqu'un.
« Non.
- Mais tu as cet air étrange quand tu lis ses lettres. Et tu n'as jamais sourit comme ça, même pas quand tu reviens du parloir pour voir ton tuteur. » insista Juhan.
Danil se contentait de suivre l'échange. Il savait que son ami avait un béguin pour l'anglais et ne comprenait pas où il voulait en venir avec ses questions. Juhan se faisait du mal pour rien. Surtout qu'il cachait mal son jeu et sa jalousie.
Altaïr réfléchit un instant avant de répondre. C'était difficile de décrire ce qu'il ressentait pour Lovegood. Ils avaient une relation plutôt particulière tous les deux.
« J'ai rencontré Venus quand j'avais huit ou neuf ans. A l'époque, on était juste deux enfants qui n'avaient pas d'amis et on était forcé d'aller à des réceptions ennuyeuses. Personne ne nous parlait, alors on a fini par parler et on s'est plutôt bien entendu. Elle était intrigante parce qu'elle semblait pouvoir voir et ressentir des choses que les autres ne voyent pas. Et moi, j'étais un gamin à la mauvaise réputation, elle doit me voir comme une sorte d'énigme ou de défi à résoudre. Elle a été ma première amie et m'a aidé quand ma vie était à chier. »
Juhan sentit son cœur se serrer. Encore une fois, le regard de son ami se faisait rêveur alors qu'il parlait de cette fille. Le pire était qu'il ne s'en rendait même pas compte.
« Et donc c'était le coup de foudre au premier regard ? » Il puait la jalousie et Juhan le savait. Mais il voulait qu'Altaïr l'admette.
« Un coup de foudre amical. » insista Altaïr.
« Ouai, si tu le dis. » marmonna Juhan en se levant.
Une minute plus tard, il avait quitté la bibliothèque, laissant Danil et Altaïr en tête à tête. Les deux garçons se fixèrent d'un air gêné, enfin surtout Sõerd. C'était la première fois qu'il se retrouvait juste entre eux et ils ne se parlaient jamais si Juhan n'était pas là.
« Tu aurais juste dû lui dire que t'aimes cette meuf.
- Mais ce n'est pas le cas.
- Putain je n'ai jamais vu un asocial pareil. » grogna Juhan. « Tu lui donnes juste de faux espoirs. Et ne me dis même pas que tu n'as pas remarqué qu'il en pince pour toi.
- Je sais, mais je ne vais pas lui mentir. »
Les deux adolescents se défièrent du regard. Ils n'étaient pas d'accord et n'étaient pas sur le point de se ranger à l'avis de l'autre.
« T'es vraiment un con. » râla Danil en rassemblant à son tour ses affaires. « Je vais lui parler. »
Altaïr soupira. Il n'était plus d'humeur pour répondre à la lettre de Venus. Il le ferrait plus tard. A la place, il alla chercher un livre dans une étagère de la petite bibliothèque et retourna à sa table. Il n'avait pas envie de rejoindre Danil et Juhan pour l'instant. Ils s'étaient assez pris la tête comme ça pour aujourd'hui.
