Hello ! J'espère que vous allez bien. Je suis navrée d'avoir mis 4 mois à revenir sur le site pour répondre à vos commentaires (mille mercis Miss MPREG et Titou Douh 3 ) et vous mettre la suite, mais la vie a fait que (concours manqué, fatigue et stress à leur apogée, un nécessaire repos à fracassé ma porte d'entrée, bref).
Miss MPREG : J'ai aussi envie d'étriper Cygnus à chaque fois qu'il n'est que mentionné dans mes fanfic. " Par contre j'avoue avoir été surprise de lire que le sortillège venait de la baguette de Barnabas et non celle du mari de Melania! Comment est-ce possible? Peut-on truquer des baguettes?" - Ah non, on ne peut truquer les baguettes... Mais n'importe qui peut lancer un sortilège avec une baguette, d'autant plus si le propriétaire de ladite baguette est décédé... Donc je sous-entendais que Sirius s'était appliqué à lancer un Torqueo avec la baguette de Barnabas pendant qu'Arcturus déviait le sortilège avec un bouclier : ainsi, les baguettes disent ce que les deux sorciers racontent aux Aurors... Barnabas a fait du mal à Melania, mais heureusement que Lucretia est restée le soleil de Melania et qu'il ne l'a pas touchée. Et ce registre n'a pas fait plaisir à Galaad, mais c'est surtout les positions de Melania et d'Arcturus qui lui ont fait mal..
Titou Douh : Les Poufsouffle dérideraient même Voldy hihi. "C'est triste... :/ Mais comme on dit, l'Enfer est pavé de bonnes intentions..." - tu résumes si bien ce que je veux dire dans cette fanfic... Arcturus ne recule devant rien pour protéger Melania, c'est sûr !
Je vais mettre les derniers chapitres de cette histoire avant la fin de l'année ! Et j'en mets cinq ce soir héhé.
Bonne lecture :)
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Chapitre 21 : Où Aristote revient
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Singulier destin que celui de Melania Black.
Saviez-vous que les souvenirs assaillirent Melania cette nuit-là ?
Qu'elle revécut les événements de dix ans plus tôt ?
Qu'elle en dormit à peine ?
Car elle pensait trop au visage un peu plus vieux d'Aristote Parkinson croisé la veille ?
Remarquez, qui aurait pu penser qu'un amant d'une fois puisse troubler à nouveau Melania ?
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Je vous l'ai déjà demandé, mais j'insiste, ne détestez pas Melania. Pas maintenant. Elle avait l'impression d'être enfermée dans une prison depuis qu'elle était revenue au 12, Square Grimmaurd, peu avant la naissance de son fils. Arcturus avait beau faire tout son possible pour lui redonner le sourire, il pouvait bien peu face à la lassitude et au mépris qui étranglaient de plus en plus Melania. Et puis, il avait sa propre paranoïa à maîtriser et sa hantise de blesser à nouveau Melania qui l'arrêtait constamment.
Aristote Parkinson vint au cœur de la tempête comme un rayon de souvenir bienheureux et réparateur. L'éclat de ses gestes tendres et naïfs rappela à Melania le souffle de ses vingt ans ainsi que le réconfort qu'il lui avait donné et qui avait réparé une partie de son cœur.
Il revint comme un souvenir beau, le seul qui ne soit teinté d'aucune marque noire et sale de trahison, de violence ou de peur. Il revint sans revenir. Il tomba dans les bras de Melania ou plutôt, Melania tomba dans ses bras, comme quelques dix ans plus tôt.
« Ah, Pollux, Irma, vous êtes déjà réveillés, se réjouit Melania en descendant prendre le petit-déjeuner. »
Arcturus était derrière elle et salua à son tour son cousin et son épouse. Il était tôt, et Arcturus avait certainement dû essayer de garder Melania contre lui dans leur chambre, mais Melania ne le pouvait plus, pas après tant de rêves concernant son ancien amant. Elle s'était levée sans prendre garde au regard à nouveau malheureux d'Arcturus qui s'était pourtant rapidement apaisé au souvenir de leur nuit.
« Nous nous rendons chez mes parents pour dîner », indiqua Irma, le visage toujours rond de bonheur.
Il y a des gens qui savent accepter les défauts de leur conjoint toute une vie. Il y a des caractéristiques que l'on peut accepter sans s'épuiser aussi.
« Il y aura mon frère et ma sœur également, avec leurs familles respectives. J'espère que Walburga est bien en train de se préparer, babilla Irma en approchant la théière de Melania d'un sortilège.
— Je n'en doute pas, Irma, répondit posément Arcturus en prenant lui-même place à côté de Melania, en face de Pollux et Irma.
— Elle est très obéissante, il est vrai, mais elle aime tant être indépendante et faire les choses à sa manière, que je ne sais quoi en penser par moments, se désola Irma avant de sourire à nouveau.
— La famille est importante », répéta Arcturus et ceci crispa à nouveau Melania.
Elle n'arrivait pas à se faire à ce réflexe qui permettait à Arcturus de rester calme et serein. C'était bien là le seul aveuglement qu'elle relevait clairement.
« Pollux, tu ne devineras jamais qui nous avons cru voir à la Baguette Gourmande hier soir, intervint Melania pour ne pas entendre Arcturus enchérir.
— Dis-moi », demanda aussitôt Pollux en la regardant avec surprise.
Peut-être qu'il était surpris de la question. Peut-être qu'il était davantage surpris du ton enjoué de Melania, si rare ces dernières années.
« Arcturus me dit que c'est impossible, mais je suis presque certaine qu'il s'agissait d'Aristote Parkinson !
— Aristote travaille pour l'ambassade britannique dans les Balkans, insista Arcturus en secouant la tête. Il ne pouvait pas être à Londres hier soir.
— Mais si, ce devait être lui, les assura Pollux en souriant sincèrement. Il vient de rentrer pour un mois en Grande-Bretagne.
— Ah oui ? s'étonna Arcturus en se servant à nouveau du thé.
— Gardez-le pour vous pour l'instant, reprit Pollux un peu plus bas, mais il a obtenu un mois à Londres afin de reprendre certains dossiers que l'Ambassadeur des Balkans aurait négligé. Il est très consciencieux, et un peu trop scrupuleux – je le lui dis souvent – mais c'est sûrement ce qui lui permet d'éviter les débordements diplomatiques en ces temps de révolution, commenta Pollux avec un semblant d'admiration. »
Melania n'avait ni rêvé ni imaginé Aristote Parkinson tel un souvenir brumeux au milieu d'une foule trop présente. Il était bien de retour en Grande-Bretagne, après presque dix ans d'absence, bien plus que ce qu'il lui avait dit à l'époque.
« Je voulais te demander, Arcturus, si tu ne voyais pas d'inconvénient à ce qu'il vienne dîner un soir, avant son retour à Sarajevo. Pour une fois que j'ai le temps de rendre la politesse aux Parkinson, j'aimerais en profiter. D'ordinaire, Aristote ne rentrait qu'une semaine, ou si peu longtemps que j'arrivais à peine à le voir. Cette fois-ci, il y a un peu plus de temps. »
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Quatre jours plus tard, Aristote passa le seuil du 12, Square Grimmaurd et se fit engloutir par les yeux avides d'amour et de pouvoir de Melania.
Il arriva par la cheminée du Grand Salon, comme un invité de marque ou un intime. Il fut accueilli par Pollux, son meilleur ami, et celui qui l'avait invité avec ses parents et sa sœur pour un dîner.
À côté de Pollux, il y eut Irma, qui salua leur ancien camarade de Serpentard avec tout autant de joie.
Et derrière eux, il y eut, à coup sûr, Melania.
Aristote avait dû se préparer à la présence de Melania. Ou peut-être que non, qu'il s'en fichait avant de la revoir, qu'il était passé à autre chose depuis dix ans, comme Melania l'avait fait. Ou peut-être qu'il pensait naïvement qu'il ne la verrait pas et qu'elle se terrait toujours avec son époux un peu fou dans une maison de campagne à Tutshill.
Il est presque certain, en tout cas, qu'il n'avait jamais dit à Pollux qu'il s'était passé quelque chose entre Melania Macmillan et lui. Ni dix ans plus tôt, ni quand il avait reçu l'invitation, ni jamais. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il n'en avait pas eu la possibilité à l'époque, puisqu'il était parti rapidement après le mariage de son meilleur ami – qu'il n'avait pas voulu ennuyer à ce sujet – et puis le temps était passé et il n'en avait plus trouvé l'opportunité.
Melania fut certaine que sa vue lui fit une réaction, n'importe laquelle, mais une réaction qui se traduisit par un sourire crispé et un geste fébrile avant qu'il ne se reprenne.
« Melania, j'ignorais que tu habitais de nouveau au 12, Square Grimmaurd avec Arcturus, se contenta-t-il de la saluer avec un signe de tête. »
La main que Melania lui tendit pour y recevoir un baisemain dut le perturber mais il s'exécuta sous le regard émerveillé et victorieux de Melania.
Il y avait quelque chose de différent chez lui, une assurance qu'elle ne lui connaissait pas, et une voix plus mûre qui l'apaisa et l'attira. Les traits de son visage s'étaient précisés avec la perte des rondeurs de l'adolescence et il avait à présent des favoris. Ses lunettes n'avaient peut-être pas changé, même si, derrière, son regard était bien plus dur qu'à l'époque. Il était toujours aussi élégant, mais il savait à présent habiter cette élégance et la mouvoir. Ses gestes étaient ceux d'un homme alors qu'elle avait quitté un adolescent.
C'était Aristote Parkinson et ce n'était plus lui. Il l'impressionna davantage que s'il avait été le même et elle eut encore plus envie de se rapprocher de lui.
Lorsqu'il releva la tête de son baisemain, il remarqua forcément combien Melania Macmillan avait elle aussi grandi, et combien Melania Black était devenue belle d'année en année, d'épreuve en épreuve. Comme la veille elle avait commencé à sortir de son mépris et de sa léthargie – peut-être même qu'elle arrivait à la fin de sa dépression, elle avait retrouvé tout l'éclat de ses vingt ans sur le verni de ses presque trente ans. Elle avait gardé le meilleur de l'un et de l'autre pour le servir à Aristote sur un plateau d'argent.
Et il suffit qu'Aristote jette un coup d'œil sur ce plateau pour à nouveau devoir céder à Melania.
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« Mais si, Aristote, tu te souviens forcément de ce moment ! C'était après la victoire de Serpentard sur Gryffondor, insista Pollux. Tu nous as sauvé la mise, ce jour-là, en réussissant à retenir le professeur Dippet dans le couloir pendant que les Poufsouffles et les Serdaigles rentraient dans leurs dortoirs et que nous rangions la Salle Commune.
— Non, je ne me souviens pas, répondit Aristote avec un large sourire en secouant la tête.
— Mais si, insista Irma en gloussant. Woodrow Stevenson avait ramené un tonneau entier de Bièraubeurre, et nous avons tout juste eu le temps de le cacher.
— Stevenson ?
— Melania, tu t'en souviens, non ? Je me souviens te voir essayer de mettre de l'ordre avant de te faufiler hors de la Salle Commune de Serpentard, rappela Irma.
— Avec Amaryllis Craggy, oui, assura Melania.
— C'est cette fois où Amaryllis a si bien décapé le tapis de la Salle Commune qu'elle a failli le brûler ? demanda Aristote en claquant des doigts.
— Oui ! se réjouit Pollux en riant à son tour. Tu faisais déjà montre de bien trop de diplomatie pour nous éviter les ennuis, ajouta-t-il plus bas en secouant la tête. »
Mr et Mrs Parkinson étaient sortis dans le jardin du 12, Square Grimmaurd avec la génération antérieure des Black. Il ne restait dans le Grand Salon que Pollux, Irma, Aristote et Melania pour discuter des souvenirs de leur scolarité. C'était léger et agréable, un peu comme leur vie à Poudlard. Avant les malheurs, avant les responsabilités. C'était la vie en couleur, la vie avec des couleurs simples et bien séparées, vert, jaune, bleu et rouge. La vie avec des repères doux et sans machination, sans pression, et sans dépression.
« Je me souviens surtout d'Archi Rosier complètement saoul qui a failli ruiner toute ma diplomatie lorsque le Professeur Dippet a convoqué tous les préfets, rappela Aristote en riant enfin. »
Melania se régala de ce rire et posa une main distraite sur le genou d'Aristote pour l'atteindre un peu plus en riant elle aussi. Aristote, s'il ne se déroba pas, arrêta de rire pour la regarder de biais avec une insistance soit craintive, soit pleine de questions.
Je crois que ce fut à cet instant que toute la paranoïa d'Arcturus machina contre lui afin qu'il garde la même image de Melania pour toujours. Il vit dans ce geste toute la bonté et toute l'amitié de Melania et il imagina dans le regard d'Aristote tout un désir animal de convoitise et de possession. Si Arcturus s'était contenté d'écouter sereinement toute une palette d'anecdotes sur Melania, son cousin, Irma et leur ami, il comprit qu'il était temps que cela cesse, et il prit enfin la parole.
« Melania, Lucretia doit être réveillée, non ? » intervint-il à voix basse à côté d'elle.
Ceci, à coup sûr, cassa légèrement la légèreté de Melania mais, depuis quatre ans, elle avait largement eu le temps de considérer Arcturus comme un poids, lourd et encombrant, qui était attaché à elle pour toujours malgré tout. Et puis depuis quatre jours, toute attention maritale ou fidélité dans l'affection qu'ils se portaient ne lui paraissaient plus essentielles. Personne n'était fidèle toute une vie, de toute façon, non ?
« Oh, Walburga aussi, renchérit Irma pour le plus grand agacement de Melania. Allons chercher les enfants, Melania. Tu vas voir comment Walburga, Alphard et Cygnus ont bien grandi, Aristote ! Et puis tu vas pouvoir rencontrer Lucretia. Tu verras comme elle ressemble à Melania lorsque nous étions en première année. »
Melania manqua la réaction d'Aristote puisqu'Irma passa devant lui au même moment. Lorsqu'elle se retourna sur le seuil du Grand Salon, elle trouva néanmoins son regard perdu sur elle. Elle lui retourna un sourire encourageant, le même que dix ans plus tôt, et elle crut le voir déglutir pendant qu'il détournait le regard pour se tourner vers Pollux.
L'audace libre et légère de Melania revint au galop et plaça presqu'immédiatement une plume et un morceau de parchemin entre ses doigts. Lucretia attendit quelques secondes de plus dans sa chambre que Walburga, le temps à Melania de tracer quatre mots à Aristote qu'elle glissa quelques minutes plus tard dans la main du sorcier en se rasseyant à côté de lui.
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Il avait fallu quatre jours à Melania pour se débattre de tout le malheur qui l'accablait depuis quatre ans. Quatre jours, et le retour d'Aristote Parkinson, souvenir de la liberté, pour rebattre les cartes de sa vie et que le souffle du désir revienne balayer toute crainte.
Quatre jours et quatre mots sur un parchemin pour la faire attendre désespérément dans une chambre du Chaudron Baveur, un verre de vin dans une main, un grain de raisin dans l'autre.
Chambre 14, demain matin
L'ivresse ou la faim ? Se délecter de l'un et dévorer l'autre ? Embrumer ses idées ou revenir à l'avant, aux choix faits par le passé ?
L'inconscience ou la raison ?
Le vin ou le raisin ?
Melania dut peser le pour et le contre une courte seconde avant de regarder la pendule de la pièce qui lui indiquait déjà neuf heures. Elle dut regarder le verre de vin puis le grain de raisin avant de manger l'un et boire l'autre. Les deux étaient vitaux ce soir, l'inconscience et la raison.
Elle avait raisonnablement besoin de ne plus réfléchir et savourer son tête-à-tête avec Aristote. Elle avait besoin de ça, de cet émerveillement, de quelqu'un qui s'occupe d'elle et non dont elle devait s'occuper.
Elle avait besoin d'amour et seulement d'amour. De rien d'autre. Pas de responsabilité. Pas de peur. Pas de charge. Pas de maladie.
Juste d'aimer à la folie.
Lorsque la porte grinça, elle se servit un autre verre de vin, les mains tremblant d'impatience. Puis elle regarda Aristote Parkinson la regarder avec mille questions et mille menaces dans le regard. Elle le regarda également approcher d'elle silencieusement et refermer la porte derrière lui sans la quitter des yeux. Elle attendit en vain qu'il vienne lui parler d'amour et qu'il la prenne dans ses bras à l'en étouffer.
Je ne sais pas ce qu'il se passa dans la tête d'Aristote ce matin-là. Je ne sais pas s'il vint pour aimer Melania, pour lui parler, pour mettre les choses à plat avec elle ou tout simplement parce qu'il pensait qu'elle avait besoin de lui parler comme à un ami. Certes, il n'était plus aussi naïf que dix ans plus tôt, et il ne pouvait que se douter de la signification de ce rendez-vous secret, mais si Melania allait si mal que l'avait laissé entendre Pollux et Irma, il est possible qu'il se soit posé tout de même la question et qu'il soit avant tout venu en ami.
Melania regarda Aristote se débarrasser de sa cape pour l'accrocher à la patère de la chambre 14. Elle le regarda tirer sa baguette de la poche intérieure de sa cape et la remettre prudemment dans la manche de sa robe de sorcier sans la regarder puis se retourner vers elle et venir s'asseoir sur le fauteuil qu'elle lui avait gardé. Il s'enfonça dans le dossier et croisa les bras devant lui sans la lâcher une seconde du regard. Ses yeux, d'un brun lumineux, lui arrachèrent un sourire sincère. Elle était bien, là, face à lui. Elle se sentait même capable de tout.
« Comment vas-tu ? finit-elle par demander.
— Bien, je te remercie, répondit-il en haussant les sourcils. La politesse voudrait que je te retourne la question, j'imagine.
— Tu es contrarié ? lui demanda-t-elle aussitôt en voulant lui servir un verre de vin à lui aussi mais il l'arrêta aussitôt. Tu ne bois pas ?
— Je dois retourner au Ministère rapidement et je ne bois pas pendant le travail, répondit-il simplement avec ce professionnalisme qu'avait décrit Pollux quatre jours plus tôt.
— Comme tu voudras, répondit Melania en buvant une gorgée du verre.
— Alors ? répéta Aristote avec impatience.
— Tu es contrarié ? répéta Melania.
— Pas encore, en convint Aristote avec un sursaut de rire légèrement faux.
— Pas encore ? répéta Melania en reposant son verre. »
Elle regarda la trace de son rouge à lèvre sur le cristal avant de relever les yeux vers lui. Ce n'était plus du tout le même. Il était toujours aussi nerveux, mais ce n'était pas pour les mêmes raisons. L'agacement avait pris le pas sur toute hésitation.
« Pourquoi voulais-tu que je vienne, Melania ? demanda-t-il sans détour en lui jetant le papier sur la table. Après dix ans ?
— Je t'ai vu à la Baguette Gourmande il y a cinq jours et je…
— Et tu as pensé que j'avais envie de devenir ton ami ? la coupa-t-il avant de rire nerveusement. J'ai attendu une réponse à ma lettre pendant des semaines, et toi, tu m'as tout simplement ignoré. Mais après tout – à la rigueur – je peux comprendre ta décision. Tu ne m'aimais pas, tu ne voulais pas entretenir quoi que ce soit. Fort bien. »
Pétrifiée, elle le regarda respirer lourdement, puis se pencher vers elle, sans décroiser ses bras.
« Mais avant de me sauter dessus, tu aurais au moins pu me prévenir que tu t'apprêtais à épouser le cousin cinglé de Pollux et que tu voulais simplement t'amuser avant le grand saut, lui chuchota furieusement Aristote Parkinson.
— Arcturus est malade, il ne…
— Oh non, je ne suis pas venu parler de ton mari, la coupa Aristote avec exaspération. J'espère que tu es heureuse avec lui. Et ta fille est adorable, alors laisse-la rester adorable, s'il te plaît.
— Aristote, soupira Melania avec exaspération à son tour car elle n'avait pas prévu autant de rancœur. Je t'avais dit que je voulais me marier et…
— Il y a une différence entre vouloir se marier et être fiancée, la coupa Aristote à nouveau. J'ai appris par Pollux, en deux mots, que son cousin avait annoncé ses fiançailles avec toi seulement une semaine après son mariage. Une semaine avant, tu me sautes dessus, et une semaine après, tu annonces que tu vas l'épouser ? S'il te plaît, ne me prends pas pour un imbécile.
— Tu déformes tout, ça ne s'est absolument pas passé comme ça ! Je… Argh, s'agaça-t-elle en s'enfonçant à son tour dans son fauteuil. »
Aristote, quant à lui, se redressa et en profita pour se pencher vers elle et l'attaquer encore, jusqu'à la fin.
« Ah oui ? Il s'est subitement pris d'amour pour toi alors qu'il est paranoïaque et qu'il craint tout ? Il t'a fait entièrement confiance en une semaine et pif paf pouf, ponctua-t-il avec trois gestes de la main, il t'a même demandée en mariage ? Et toi, tu as dit oui à quelqu'un de pareil ? Je t'en prie, tu avais une telle joie de vivre, tu aimais tellement la nature, et tu as été t'enfermer au 12, Square Grimmaurd en plein cœur de Londres ? Je n'ai pas bien compris quand tu m'as dit que tu voulais te marier à l'époque. Je me suis dit que c'était une excuse comme une autre pour me faire comprendre que nous deux, ce n'était rien. Mais en fait, tu as juste arrangé ton mariage avec Arcturus Black parce qu'il fait partie des têtes les plus riches d'Angleterre, tu lui as donné un fils pour le satisfaire, et maintenant tu cherches quelque chose de meilleur à mettre dans ton lit pour t'occuper. Je n'aurais jamais pensé que tu étais ce genre de personne, à chercher un bon parti pour…
— Ce n'est pas vrai ! le coupa-t-elle en se levant brusquement. »
Il la regarda avec étonnement plusieurs secondes et en silence avant de s'enfoncer à nouveau dans son fauteuil. Son sourire moqueur et quelque peu impressionné donna sûrement l'envie à Melania d'arranger les choses et d'obtenir à nouveau la tendresse d'Aristote Parkinson.
« Je suis tombée amoureuse d'Arcturus, et lui de moi, commença-t-elle lourdement. Et tout s'est passé très vite parce que… ça a été une évidence, c'est tout. Mais… je ne savais pas qu'il était paranoïaque et…
— Pardon ? Tout le monde sait qu'il est fou, la coupa Aristote sans la croire.
— Je pensais simplement qu'il était différent… ou bizarre, si tu veux. Mais il était gentil avec moi, comme personne auparavant.
— Personne auparavant ? Et moi alors ? répondit Aristote en éclatant d'un rire atrocement faux. Je passais mon temps à t'aider pour tes devoirs ou n'importe quoi à Poudlard, je ne t'enlevais jamais de point quand je tombais sur toi dans les couloirs après le couvre-feu, j'ai même pris la peine de t'apprendre quelques techniques d'échecs pour que tu ne perdes plus systématiquement contre Archi Rosier alors que tu avais la concentration d'un Strangulot !
— Mais… mais non je… bafouilla-t-elle sans réellement se souvenir de tout cela.
— Et ce soir-là, poursuivit-il, quand Pollux et Irma se sont mariés, deux jours avant mon départ pour les Balkans, j'avais choisi de t'oublier et de laisser sa chance à quelqu'un d'autre, là-bas. Mais non, tu es venue, la bouche en cœur, des larmes plein les yeux…
— Tu étais d'accord, tu ne m'as pas dit non et…
— Bon sang, j'avais dix-neuf ans et j'étais amoureux de toi, Melania ! Bien sûr que je n'allais pas dire non alors que je pouvais enfin avoir ton attention ! »
Sa respiration lourde et ses mots tranchants coupèrent le souffle à Melania. Non, non elle n'avait rien vu et rien compris. Elle pensait qu'elle avait été gentille, mais elle avait été aveugle, depuis toujours, à tout. Aveugle à Poudlard sur la tendresse d'Aristote, aveugle ensuite de croire que le Moldu l'aimait, aveugle face à son frère qui était et aurait toujours été violent. Avec cruauté et peut-être sans justification, elle s'en voulut mille fois pour tout ça sur le moment. Elle reporta tout ce qui s'était passé sur ses épaules et décida d'en endosser la responsabilité. Peut-être même qu'elle en tomba tellement des nues que c'est la voir ainsi qui calma Aristote Parkinson plutôt que le fait de pouvoir enfin dire tout cela à Melania.
« Je n'avais pas compris, ne trouva-t-elle qu'à souffler.
— Apparemment, répondit-il avec amertume en se renfonçant dans le fauteuil. Maintenant que j'ai dit ce que j'avais à te dire, dis-moi ce que tu avais à me dire, la pria-t-il. Oh et puis sers moi un verre de vin, s'il te plaît, soupira-t-il en poussant le verre vide vers Melania.
— Je croyais que tu ne buvais pas pendant le travail ? demanda-t-elle en lui servant un verre.
— Ce n'est pas tous les jours qu'on discute avec la fille qui vous a dépu…
— Aristote, soupira-t-elle avec embarras.
— Qu'est-ce qu'il y a ? se moqua-t-il avec un peu moins de rancœur. Tu as honte ? Ce n'était pas bien glorieux, effectivement. Dans les commodités du 12, Square Grimmaurd. Où tu vis désormais. Tu aurais au moins pu me laisser nous faire transplaner dans une chambre, histoire que je sois plus à l'aise et qu'on puisse finir tranquillement notre affaire.
— Je n'allais pas bien », ne trouva-t-elle qu'à dire avec mortification en se souvenant qu'elle évitait toujours les commodités du premier étage du 12, Square Grimmaurd.
Aristote but une ou deux gorgées de vin rouge avant de regarder le verre avec méditation et de le reposer en secouant la tête de droite à gauche.
« C'est trop facile, Melania, reprit-il avec plus de douceur. Qu'est-ce qui n'allait pas bien dans ta vie ? Et qu'est-ce qui ne va pas aujourd'hui, si tu t'es mariée par amour ? »
Les questions crispèrent Melania. Encore une fois, elle se retrouvait prise au piège par Aristote, bien trop malin pour elle. Elle n'avait pas prévu qu'il lui pose des questions. Peut-être avait-elle été orgueilleuse au point d'avoir été certaine qu'Aristote lui céderait immédiatement, comme dix ans plus tôt.
Elle détourna le regard et se demanda ce qu'elle pouvait dire et comment elle pouvait le dire.
Je suis certain que si elle s'était véritablement ouverte ce matin-là à Aristote, elle aurait pu reprendre un véritable départ, et que, malgré ce qu'il s'était passé entre eux, il aurait pu l'aider comme personne d'autre. Je suis certain qu'il aurait été encore temps pour elle de prendre de bonnes décisions, de retourner vivre à Tutshill avec ses enfants et Arcturus peut-être. Ou sans Arcturus. Peu importe. Mais elle aurait parlé avec son cœur à Arcturus ensuite, et après une crise, il l'aurait aidée, lui aussi, c'est certain.
« J'étais adolescente, et l'amour s'épuise, c'est tout », dit-elle abruptement.
Le ricanement faux d'Aristote retentit encore puis il se leva rageusement du fauteuil.
« Allez, c'est fini, je t'ai accordé assez de temps. Tu ne veux pas parler, grand bien te fasse, mais j'ai autre chose à faire qu'entretenir je ne sais quoi pour toi. Ce n'est pas la peine de…
— Tu entretiens quelque chose pour moi ? releva-t-elle aussitôt en se plaçant devant lui pour l'empêcher de reprendre sa cape.
— Qu'est-ce que ça peut faire ? Tu es marié au cousin de mon meilleur ami et on ne reste pas sur son amour de jeunesse toute la vie, lui dit-il en soupirant lourdement.
— Encore une fois, lui demanda-t-elle en venant poser ses mains sur son torse.
— Je suis libre mais tu es mariée, Melania, refusa Aristote en posant ses mains sur les siennes pour essayer de les éloigner. La situation est assez claire.
— Entièrement cette fois. Il faut qu'on finisse la dernière fois, la supplia-t-elle en se rapprochant de lui. Au moins ça, au moins…
— Il n'y a rien à finir, dit distinctement Aristote en repoussant enfin ses mains.
— Aristote, s'il te plaît, s'il te… insista-t-elle cependant.
— Je ne suis plus le même, et tu n'es plus la même ! »
Je crois qu'Aristote repoussa Melania tout entière contre le mur et qu'il se retrouva bien trop proche d'elle par son propre fait. Je crois aussi qu'il était simplement et véritablement amoureux d'elle – ou qu'il l'avait été – et qu'il n'avait pas pu s'empêcher ni de venir ni d'espérer quelque chose d'elle et que cette proximité et cette supplique de Melania lui firent perdre ses résolutions.
Je crois qu'il se détesta sur le moment d'être aussi faible face à elle.
« Alors commençons quelque chose d'autre », lui souffla-t-elle en le regardant dans les yeux.
Elle était contre le mur, contre sa cape, à sa merci, et il était face à elle, les mains sur ses épaules pour l'empêcher d'avancer. Il s'approcha lentement d'elle, glissa ses doigts derrière ses oreilles pour remettre des mèches invisibles, passa ses pouces assurés sur ses joues blanches puis sur ses lèvres livides de peur de le voir partir.
« C'est donc si simple ? demanda-t-il la voix cassée.
— Je t'avais dit que tu aurais toujours ma tendresse, lui rappela-t-elle avec espoir.
— Je ne suis plus tendre, la prévint-il.
— Ce sera comme tu voudras », lui offrit-elle.
Elle n'avait jamais pu faire ce genre de proposition à Arcturus en dix ans parce qu'il voulait toujours que ce soit elle qui mène et qui prenne les décisions. Parce qu'il était incapable de prendre des décisions la concernant.
Alors ce matin-là, elle se laissa complètement faire.
Elle se laissa uniquement aimer par le pauvre Aristote Parkinson qui l'aima si bien, mais que, en retour, elle aima tellement mal.
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Et voilà... une autre période de sa vie commence. à partir de là, je vais faire plus d'ellipses et elles seront plus longues.
J'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour ce choix, mais il m'a semblé logique à l'écriture.
Je mets la suite tout de suite :)
