Deuxième chapitre de ce soir...

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Chapitre 22 : Où Aristote lui échappe

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Singulier destin que celui de Melania Black.

Saviez-vous qu'elle se sentit enfin revivre ?

Qu'elle retrouva Aristote autant qu'elle le put ?

Que leur idylle interdite dura quatre bonnes années ?

Et qu'elle aurait pu durer encore plus longtemps ?

Remarquez, il aurait fallu qu'Aristote soit lui aussi coincé dans un mariage éternel pour que le tout dure encore.

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Aristote Parkinson était bien trop amoureux de Melania pour son propre bien. Et malgré la devise de sa famille qui avait fait son éducation, il plaçait bien trop d'espoir en Melania. Nec spe, nec metu. Ni espoir, ni crainte. Ni espoir dans la vie et l'amour. Ni crainte non plus. Se détacher des passions terrestres était la devise des Parkinson afin de survire aux tourments et au poids de la politique et du pouvoir humain. Il fallait se détacher des passions et agir pour l'honneur et la gloire de la famille. Les relations qu'il avait avec sa famille étaient stimulantes intellectuellement, mais tristes et pleines de distance.

Une distance que Melania n'avait jamais érigée entre eux lorsqu'il posait sa main sur son épaule à Poudlard avec amitié, lorsqu'il lui baisait la main, lorsqu'elle avait posé sa main sur son genou à Poudlard et plus tard, ces dernières années.

Melania lui offrait le contact, les caresses et la chaleur humaine qui lui manquaient.

Elle lui offrit aussi de l'amour pendant quatre ans, beaucoup d'amour charnel, peu d'amour spirituel. Dès qu'Aristote était en Grande-Bretagne, Melania encourageait Arcturus à partir travailler ses sortilèges à Tutshill, pendant qu'elle allait retrouver Aristote dans cette chambre 14 ou dans une autre. Elle lui envoyait quelques lettres pleines de désir et de récits de ses rêves érotiques lorsqu'il retournait à Sarajevo pour qu'il ne puisse pas l'oublier et pour qu'il lui revienne vite. Il finit même par s'arranger pour rentrer en Angleterre et travailler à l'Ambassade des Balkans en Grande-Bretagne juste pour elle. Elle put le retrouver une à trois fois par mois durant ces quatre années et retrouver la douceur sur son corps, l'amour doux et léger de son adolescence. Elle cessa de s'étouffer et d'asphyxier dans le 12, Square Grimmaurd grâce à Aristote tout en l'empêchant, lui, de vivre librement.

Elle ne se rendit pas compte qu'Aristote Parkinson l'attendait à nouveau, et qu'il voulait plus d'elle qu'une relation illégitime et secrète.

Il attendait qu'elle quitte Arcturus.

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« Tu ne voudrais pas un autre enfant ? »

La question avait dû échapper à Aristote pendant qu'il regardait Melania se rhabiller dans la chambre 14 du Chaudron Baveur. C'est sûrement en faisant glisser son regard sur ses courbes maigres, sur ses jambes souples et son ventre creux qu'il laissa son imagination déborder de son esprit et prendre forme dans sa bouche.

Le regard surpris que lui retourna Melania dut lui faire prendre conscience que c'était aujourd'hui qu'il demanderait à Melania quels seraient leurs plans pour l'avenir. Il se redressa sur le lit qu'ils avaient partagé, nu et avec un semblant de flegme en coinçant son avant-bras derrière sa tête, un genou légèrement relevé devant lui.

« Pourquoi faire ? » s'étonna Melania.

Melania ne songeait pas à avoir d'autres enfants parce qu'elle n'avait plus envie de s'unir à Arcturus dans leur chambre. Elle ne songea à l'idée de faire Aristote père qu'en voyant la crispation d'Aristote durcir chacun des traits de son visage et lorsqu'il secoua la tête en se levant du lit de l'hôtel.

« Avec toi ? bafouilla-t-elle comme une énormité. Mais enfin, je suis mariée à Arcturus je ne peux pas…

— Et alors ? Tu lui diras que c'est le sien », s'agaça Aristote en allant lui-même se rhabiller.

Je crois qu'il ne pensait pas à cette idée sans l'envie de crier mais qu'il avait besoin de retomber sur ses pieds avant de confronter Melania. Peut-être même qu'il fut plus ironique et même cynique qu'autre chose en répondant cela à Melania, mais qu'elle prit cette réponse au premier degré.

« On ne peut pas tromper l'Arbre, tu le sais bien. Si je…

— Alors quitte-le et pars avec moi.

— Partir ? répéta-t-elle sans comprendre.

— Pelagius Slughorn va prendre sa retraite. Je vais être nommé Ambassadeur des Balkans, lui apprit-il en se retournant brusquement vers elle. Viens avec moi à Sarajevo. »

Je crois qu'il ne savait plus quoi faire pour faire comprendre à Melania qu'il ne pouvait plus supporter cette situation et qu'il avait besoin de plus pour être heureux. Il ne pouvait pas refuser ce poste pour lequel il avait travaillé depuis sa sortie de Poudlard. Et il ne pouvait plus vivre ainsi avec Melania. Il avança le tout vers elle pour qu'elle prenne enfin une décision.

« Mais enfin, mes enfants… » bafouilla Melania.

Je pense que Melania n'avait rien prévu, rien vu, aveuglée encore une fois par l'amour. Elle n'avait pas vu qu'Aristote ne supportait plus cette situation, elle n'avait pas vu qu'elle le rendait malheureux, elle n'avait pas vu que la paranoïa d'Arcturus la protégeait pour l'instant mais qu'elle rendait également son mari malheureux.

Elle ne voyait plus qu'elle-même à présent qu'elle avait donné toute sa gentille à John Swift qui en avait abusé quinze ans plus tôt, à Lucretia qui l'avait oubliée en entrant à Poudlard, à Arcturus qui avait absorbé tout le pouvoir apaisant de la main de Melania. Elle n'avait plus rien à offrir à Aristote à présent, autre que son corps et du plaisir.

Mais Aristote voulait de l'amour.

« Alors on attend encore sept ans qu'Orion soit majeur, c'est ça ? » s'agaça encore Aristote.

Il dut comprendre qu'il ne gagnerait jamais à cet instant. Ou bien il s'imagina mettre Melania face à ce qu'il prenait pour des contradictions mais qui n'étaient qu'une autre façon de vivre pour elle.

« Mais ça n'a rien à voir avec un nombre d'années, s'exaspéra Melania en fermant les derniers liens de sa robe sorcière. Je ne peux pas quitter mes enfants, ni ma famille, ni mon mari, ni…

— Tu plaisantes ? craqua Aristote et sa voix se cassa obligatoirement. Ta fille finira par se marier et partir, ton fils grandira et n'aura plus besoin de toi, et tu auras une nouvelle famille avec moi, loin d'ici, à…

— Arcturus est malade, Aristote, le coupa Melania sans comprendre. Il n'a confiance qu'en moi. Je ne peux pas le laisser. »

Ce fut sûrement davantage à cette réponse qu'Aristote perdit toute illusion sur un avenir possible pour Melania et lui.

« Tu ne peux pas ? répéta Aristote d'une voix blanche en venant juste devant elle. Et que fais-tu depuis quatre ans ? C'est mon nom que tu prononces au lit, c'est à moi que tu écris, c'est moi que tu embrasses et c'est à moi que tu dis que tu m'aimes. Tu penses à lui quand je suis en toi ? Tu penses à lui quand tu me dis… »

Ce n'était pas la première discussion qu'ils avaient à ce sujet. Ce fut sûrement la seule où Aristote perdit vraiment patience face à l'aveuglement et le refus de comprendre de Melania. Ou plutôt, il comprit ce jour-là que Melania ne voyait pas du tout les choses comme lui.

« Arcturus est malade et il a besoin de moi, répéta seulement Melania en levant les yeux au ciel.

— Non, protesta Aristote en mettant dans ses mots les dernières larmes d'espoir et de courage qu'il restait dans ses tripes. Non, s'il avait vraiment besoin de toi, tu ne serais pas ici, Melania. Tu ne peux pas m'imposer cette situation encore et encore.

— Mais enfin, soupira-t-elle toujours incapable d'imaginer qu'Aristote était véritablement à bout, c'était clair depuis le début que tu étais libre et que j'étais mariée, Aristote. Tu l'as dit toi-même ! »

Je crois que, quand Aristote quitta la pièce sans rien ajouter, Melania ne comprit toujours pas.

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Elle commença à comprendre lorsqu'elle l'attendit trois heures dans la chambre 14 une semaine plus tard et qu'elle dut rentrer bredouille auprès d'Arcturus ensuite. Elle le comprit encore mieux lorsqu'il ne répondit pas à sa lettre qui lui réclamait une explication.

Elle le comprit sans vouloir le comprendre. Elle le comprit sans pouvoir le comprendre. Elle comprit qu'Aristote voulait la quitter sans pour autant pouvoir en comprendre la raison.

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Je crois qu'elle poussa le vice à insuffler à Pollux l'idée d'inviter leur ami. Peut-être qu'elle était de très bonne foi et qu'elle voulait une raison à la distance soudaine d'Aristote. Peut-être aussi que je m'illusionne sur la bonté de Melania et qu'elle fut simplement égoïste et paniquée à l'idée de perdre Aristote et l'amour qu'il lui donnait.

« Aristote ! » se réjouit Pollux en venant serrer la main à son meilleur ami qui sortait de la cheminée du Grand Salon.

Elle attendait cette venue depuis plus d'un mois, alors oui, elle fut aux premières loges avec Pollux pour accueillir Aristote Parkinson.

Aristote Parkinson qui ne la regardait plus du tout. Ou plutôt qui la regardait comme tout le monde.

Elle le trouva même différent. Encore plus beau. Mais loin d'elle.

« Aristote, cela faisait si longtemps ! » s'exclama-t-elle en venant lui tendre sa main.

Mais il ne s'embarrassa même pas à se faire discret en refusant le même baisemain à Melania que celui qu'il avait offert à Irma. Il serra la main de Melania, comme tous les hommes le faisaient lorsqu'Arcturus était derrière elle, mais chose qu'il s'était toujours refusé à faire en tant qu'ami intime.

Ceci irrita Melania. Et elle se crispa un peu plus lorsqu'il la salua comme de rien.

« Bonsoir Melania. Bonsoir Arcturus. C'est un plaisir de pouvoir dîner avec vous ce soir. Où sont les enfants ? demanda-t-il aussitôt. Ah, Alphard, mon grand, comment allez-vous ? »

Melania se sentit bien trop ignorée par Aristote alors qu'Arcturus se raccrochait de nouveau à elle.

« Bien Mr Parkinson, approuva aussitôt Alphard du haut de ses onze ans. Je suis de plus en plus impatient d'entrer à Poudlard, dit-il aussitôt avec fierté.

— Comme je vous envie, Alphard, se moqua Aristote avec une légèreté que Melania lui avait peu vue ces derniers temps. Je crois que ce sont à tous nos meilleures années, n'est-ce pas Pollux ?

— C'est fort probable, approuva Pollux en regardant lui aussi Aristote d'une manière différente que celle habituelle.

— Mr Parkinson, Père et Mère refusent de me dire en quoi consiste la Cérémonie de Répartition, reprit Alphard avec empressement. Walburga reste muette comme une tombe elle aussi, mais peut-être que vous pourriez…

— Alphard, voyons, c'est traditionnel, nous ne pouvons rien dire, l'interrompit Aristote en riant ouvertement. Où est votre sœur ? »

Cet éclat de rire honnête et bruyant était si étranger à Aristote que même Irma ne put s'empêcher d'échanger un regard interrogatif avec Pollux puis Melania, loin de son acceptation habituelle.

« Mais Mr Parkinson, si je suis pris au dépourvu, je risquerai de…

— Alphard, n'embête pas Aristote ainsi, intervint Irma en poussant son fils dans le couloir. Et va chercher ta sœur.

— Elle est en train de faire des choses de filles, répondit-il avec impertinence, une grimace dégoûtée sur le visage.

— Alphard », le rappela aussitôt à l'ordre Pollux.

Alphard partit en levant les yeux au ciel sous le regard désapprobateur de ses parents pendant qu'Aristote riait encore. Lui, si réservé et net dans ses manières, semblait tout autre… ivre peut-être ?

« Laisse, Pollux, c'est de son âge. J'espère qu'il n'est pas trop intenable. La rentrée n'est que dans un mois, babilla Aristote en s'asseyant dans les canapés avec eux. Aurais-tu du Brandy-Pur-Fruit, Pollux ? J'ai goûté avec une amie, l'autre jour, et je dois avouer que cela change agréablement du Whiskey-Pur-Feu.

— Avec une amie ? » ne put s'empêcher de relever Melania avec jalousie.

Oui, elle était jalouse, parce qu'elle eut l'affreuse impression qu'en plus de ne plus être le même, Aristote n'était définitivement plus sien, qu'une autre était en train d'imprimer sa marque sur lui et dans sa vie, comme Melania l'avait fait pendant quatre ans.

« Oui, une amie, répéta Aristote tout sourire sans rien percevoir du trouble. Je… Je dois vous avouer, dit-il plus bas et avec plus d'hésitation. »

Il se pencha vers le côté du canapé afin de s'assurer que personne n'arrivait avant de tirer sa baguette pour que la porte se ferme doucement à l'aide d'un sortilège informulé. Melania regarda la dextérité naturelle qu'il mit dans ce geste, une dextérité bien plus aérienne et sereine que celle qu'il lui avait accordée pendant quatre ans.

« Je crois que je suis enfin tombé amoureux, avoua-t-il à voix basse.

— Oh Aristote, enfin ! se réjouit aussitôt Irma pendant qu'une énorme pierre percutait Melania au ventre.

— Amoureux ? » répéta Melania.

Elle lâcha la main qu'Arcturus lui avait prise plutôt que de la lui broyer avec horreur et colère.

« Qui est-ce ? » demanda aussitôt Pollux, semblant se réjouir véritablement pour son ami.

La famille était quelque chose de bien trop important socialement pour Pollux Black pour qu'il ne soit pas même soulagé de voir que son meilleur ami semblait enfin sur le point de construire la sienne et de s'épanouir avec une épouse à ses côtés. Peut-être même qu'il songeait déjà à fiancer ses propres enfants à ceux, futurs, de son meilleur ami. Les Parkinson faisaient partie des familles qui ne rechignaient pas du tout, depuis la publication du Registre des Vingt-Huit Sacrées, à fiancer leurs enfants à peine nés. Dilys Parkinson, le cousin d'Aristote, avait bien fiancé son fils aîné à la fille aînée du frère d'Archi Rosier aux huit ans des deux enfants.

« C'est une jeune femme merveilleuse qui ne me demande rien mais qui me donne tout, s'émerveilla Aristote. Si tout se passe bien, je la demande en mariage avant de partir à Sarajevo.

— Mais depuis combien de temps la connais-tu ? » s'effraya Melania.

Oui, elle s'effraya du changement qui s'était opéré en un mois chez son amant qui semblait l'avoir complètement oubliée.

« Un peu moins d'un mois, et je ne me suis jamais senti aussi serein de toute ma vie. »

Il ne semblait même pas le dire contre elle, mais simplement énoncer un sentiment. Un fait, même. Il disait ouvertement ce qu'il ressentait, il partageait avec ses plus proches amis le bonheur qui coulait dans ses veines.

« Mais qui est-ce ? insista Irma. La connaissons-nous ?

— Je ne pense pas, reconnut aussitôt Aristote. Elle est un peu plus jeune que nous. Je vous la présenterai dès qu'elle me permettra de me déclarer.

— Te le permettre ? s'étonna Pollux.

— Oui, nous nous connaissons depuis seulement un mois, je veux lui laisser un peu de temps avant de parler d'elle en tout lieu », reconnut Aristote.

Et il ne cessa de parler de cette inconnue qu'il vénérait déjà, de sa très future nomination en tant qu'Ambassadeur des Balkans, poste pour lequel il avait travaillé dès son plus jeune âge, de son bonheur et de la douceur d'aimer.

Quelque chose explosa au creux du ventre de Melania. Jalousie, colère, envie, désir de possession, peur ou même sentiment d'abandon et de défaite, tout se mélangea et lui arracha les entrailles.

Arcturus dut sentir quelque chose, n'importe quoi, puisqu'il s'empara de la main de son épouse, comme pour la soutenir. Ou peut-être le fit-il parce qu'il ressentait la même sérénité lorsqu'il tenait la main de Melania que celle décrite par Aristote Parkinson.

« Je suis heureux pour vous, Aristote, le félicita-t-il même.

— Je vous remercie pour votre bienveillance, Arcturus », répondit Aristote avec un étonnement vite chassé par le bonheur.

Il avait définitivement effacé Melania de sa vie. Mais Melania n'était pas encore capable d'en faire de même.

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Peu après le repas, Aristote s'excusa pour se rendre aux commodités du premier étage du 12, Square Grimmaurd. Melania s'excusa à son tour avec un quelconque motif pour se diriger à sa suite vers la petite pièce carrelée de noir.

Ils avaient dîné dans la cour, tous les cinq avec les trois enfants d'Irma et Pollux, puisque, par hasard, les autres habitants du 12, Square Grimmaurd étaient absents. Mr Cygnus Black, son épouse Violetta et leur dernière fille, Dorea, étaient en voyage en Égypte. Mr Sirius Black et Mrs Hesper Black s'offraient du temps chez des amis italiens afin de retrouver ce Palazzo della Speranza qui plaisait tant à Mrs Hesper Black, et ils avaient emmené leurs petits-enfants avec eux, Lucretia et Orion. Mrs Lysandra Black et son époux dînaient chez les parents de madame, dans le nord de l'Angleterre. Et les autres, qui n'avaient pas encore fui le 12, Square Grimmaurd, devaient dîner chez leurs amis. C'était d'ailleurs pour cette raison que Pollux et Irma avaient choisi d'inviter Aristote ce soir-là, afin de passer un moment entre amis uniquement.

Quoiqu'il en soit, Melania monta les escaliers à la suite d'Aristote et lança un sortilège pour que la porte des commodités carrelées de noir se referme devant son amant. Lequel se retourna aussitôt et l'agacement traversa pour la première fois son regard ce jour-là en voyant Melania, robe retroussée, courir à lui.

« Tu m'enfermes hors des commodités, cette fois-ci ? lui dit-il en levant les yeux au ciel. Ouvre la porte, s'il te plaît.

— Aristote, j'ai besoin de comprendre. Pourquoi ne m'as-tu pas répondu ? Et qui est cette femme ? Qu'est-ce…

— Tu sais très bien que quand on ne répond pas à une lettre, c'est que tout est fini, Melania », répondit patiemment Aristote Parkinson en croisant les bras devant lui.

La pique ébranla Melania. C'était elle qui ne lui avait pas répondu quinze ans plus tôt. C'était lui qui n'avait pas voulu lui répondre depuis un mois.

« C'est cette femme que tu as rencontrée ? rebondit-elle en venant vers lui. Je comprends, tu veux des enfants et une compagne à tes côtés. Mais nous deux…

— Il n'y a jamais eu de nous deux, Melania, réfuta Aristote sans se départir de son calme. Ni il y a quinze ans, ni depuis quatre ans. S'il te plaît, je préserve mon amitié avec Pollux et Irma et même avec toi et Arcturus, ne complique pas les choses. Conduis-toi en amie et laisse-moi être enfin heureux. »

Quelque chose dut vriller dans la tête de Melania car elle comprit qu'elle avait été odieuse et même atroce avec Aristote à le faire mentir à Pollux et Irma qu'il tenait en haute amitié. Odieuse et atroce à lui faire taire un instant de bonheur illégitime en finissant par lui révéler que lui ne pourrait jamais révéler et rendre éternel cet instant. Quelque chose dut vriller dans sa tête pour la maintenir aveugle face à ce qu'elle était devenue : une personne méchante, menteuse et manipulatrice.

Une Black du 12, Square Grimmaurd.

Elle se jeta sur Aristote pour le coincer entre le mur et elle, et chercha à l'embrasser alors qu'il la repoussait.

« Melania ! Mais arrête de… Mais ça suffit ! s'exclamait-il plus atterré et choqué de l'attitude d'une personne qu'il avait longtemps considérée comme une amante et surtout une amie.

— S'il te plaît, Aristote, ne… ne fais pas ça, ne…

— Mais enfin, qu'est-ce qui te prend ? Arrête de…

— Aristote ? Melania ? »

Je crois que c'est l'arrivée de Pollux qui changea la donne ce jour-là. Je pense qu'Aristote était à présent bien trop heureux dans les bras de son inconnue pour avoir encore une quelconque tendresse vaine pour Melania. Je crois que, bien qu'il ait été son amant en dépit de son amitié pour Pollux, Irma et Arcturus, il était quelqu'un de relativement droit pour un diplomate, et fidèle – en amitié et en amour. Je crois même qu'il avait été aussi patient avec Melania parce qu'il avait compris qu'il y avait des traumatismes qu'elle ne raconterait jamais et qu'il voulait l'aider.

Je crois aussi que malgré le caractère toxique évident de leur relation, il avait toujours gardé l'image d'elle douce, gentille et amusante de Poudlard.

Je crois que ce jour-là, il vit enfin qu'il ne pouvait plus la ménager s'il voulait enfin être libre et heureux.

Aristote réussit à repousser Melania et il s'empressa de lisser sa robe de cérémonie… avant de voir Arcturus derrière son meilleur ami. Melania aussi le vit… et fondit en larmes.

Vous avez très bien compris ce qu'il se passa ensuite, non ? Vous avez compris qu'Arcturus resta englué dans sa paranoïa et tira sa baguette pour protéger Melania du désir de possession qu'il pensait grandissant chez Aristote Parkinson. Vous avez compris que Pollux ne sut quoi croire de ce qu'il avait vu mais qu'il avait bien trop d'estime et d'amitié pour Aristote pour défendre bec et ongles la Maison des Black comme il l'aurait fallu. Non, vous n'avez pas compris ?

« Arcturus, pleura Melania en se précipitant dans ses bras.

— Aristote ? Que se passe-t-il ? demanda Pollux avec méfiance.

— Rien. Melania essayait d'ouvrir la porte bloquée et elle est tombée, essaya-t-il de mentir pour continuer de couvrir Melania malgré tout ce qu'elle lui avait fait. Je l'ai rattrapée et…

— Ne mens pas, Parkinson ! s'emporta Arcturus en tirant sa baguette pour commencer à lancer des maléfices que Pollux et Aristote parèrent aussitôt. Comment as-tu pu… Je te vois depuis quatre ans, à tourner autour de Melania ! Melania n'a rien vu parce que Melania a le cœur trop bon ! Mais à présent…

— Calme-toi, Black, l'interrompit Aristote à présent furieux. J'ai rattrapé Melania pour ne pas qu'elle tombe. C'est tout.

Il est vrai qu'il avait tenté de la rattraper et de l'empêcher de tomber un peu plus dans la dépression et les ténèbres qui l'entouraient dans ce 12, Square Grimmaurd. Et voilà qu'à présent, il se retrouvait accusé de ce que Melania elle-même lui avait fait. Il y avait de quoi être furieux, surtout en entendant le silence de Melania Macmillan-Black.

« Melania, que s'est-il passé ? » demanda Pollux, coincé entre son meilleur ami et son amie, épouse de son cousin.

Effectivement, demander sa version à Melania était peut-être la réaction la plus logique à avoir.

« Je… j'ai cru… » commença-t-elle.

Il n'en fallut pas plus à Arcturus pour jeter de nouveaux maléfices et à Aristote pour éclater de ce même rire atrocement faux que quatre ans plus tôt.

« Bien sûr, évidemment, railla-t-il en évitant le sortilège. Je vous annonce que je suis amoureux et j'attends ce moment pour m'approcher de Melania ? C'est ridicule et absurde. Excuse-moi Pollux, mais je vais m'en aller avant de dire un mot de trop. »

Melania comprit parfaitement ce qu'Aristote disait et Pollux commença à se poser des questions. Pollux avait l'habitude de taire les secrets, surtout ceux des Black, aussi ne dit-il rien pour seulement regarder Melania puis Aristote alternativement en serrant un peu plus la mâchoire au fur et à mesure. Melania cessa de pleurer et chercha à calmer Arcturus.

« Arcturus, Melania a dit qu'elle avait cru, ne trouva qu'à dire Pollux du bout des lèvres en faisant un signe de tête à Aristote avant qu'il ne parte vers le Grand Salon pour emprunter la poudre de Cheminette.

— Oui j'ai cru et j'ai paniqué, c'est tout, souffla-t-elle à Arcturus. Tout va bien Arcturus. Aristote est parti, et je me suis méprise et…

— Je vais le tuer, je vais le…

— Tout va bien Arcturus, Aristote essayait seulement de m'empêcher de tomber. Tout va bien. Voulez-vous aller à Tutshill ? »

Arcturus finit par hocher la tête.

« Allez-y tout de suite. Je vous rejoins dans un instant, le temps de prendre nos affaires, lui assura-t-elle en voyant ses yeux rouler dans leurs orbites à nouveau.

— Vite alors, souffla-t-il pendant qu'elle le menait à la cheminée.

— Vite, promis », souffla-t-elle en lui tendant le pot de poudre de Cheminette.

Elle regarda son mari se tordre d'angoisse dans l'âtre avant de disparaître. Lorsqu'elle se détourna pour prendre la direction de leur chambre, le visage fermé de Pollux l'arrêta.

« C'était toi la maîtresse mariée d'Aristote ? » demanda aussitôt Pollux.

Aristote avait bien dû finir par avouer ceci à son meilleur ami, au moins pour que celui-ci ne se pose pas trop de questions. Au moins parce qu'il avait besoin d'en parler un peu.

« Ceci ne te regarde pas, lui répondit Melania complètement à cran.

— Tu sais qu'Aristote est un grand romantique, et tu le rends malheureux depuis quatre ans ? » insista Pollux.

Il lui bloqua le passage devant le seuil de sa chambre. Toute cette situation fit définitivement déraper Melania : Pollux, fils et portrait craché de Cygnus Black, au seuil de sa chambre conjugale. Les raisons étaient toutes autres, et à part au niveau du physique, Pollux Black ne ressemblait en rien à son père. Mais tout se mélangea dans la tête de Melania et désordonna un peu plus ses souvenirs. Elle trembla d'effroi et de fureur mêlés.

« Je suis l'épouse de ton cousin, je…

— Justement ! Tu viens de saccager mes relations avec mon meilleur ami et mon cousin ! Tu nous as menti et tu leur mens ! Je vais le dire à Arcturus, je te préviens, je refuse qu'il prenne Aristote en grippe à cause de toi et…

— Il le prendra en grippe que tu le lui dises ou non ! s'exclama Melania en tirant sa baguette pour la pointer sur son ami.

Les yeux de Pollux Black doublèrent de volume. Il secoua la tête sans plus rien comprendre.

« Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu as l'entière confiance d'Arcturus, tu… Il ne jure que par toi ! Tu veux détruire cette confiance ? Tu veux le détruire ? Comme tu as détruit Aristote pendant quatre ans ? Mais qu'est-ce qui ne va pas dans…

— Aristote était très consentant, cracha-t-elle. Je ne lui ai rien imposé qu'il n'a accepté. Il est parti à présent. Je ne toucherai plus un cheveu de ton meilleur ami, voilà, tu es content ? Et puis Arcturus me croira quand je lui dirai que j'ai trébuché et je garderai sa confiance, assura-t-elle. Tu n'as pas à t'en mêler et…

— Mais enfin, pourquoi as-tu fait ça ? » s'exclama Pollux.

La question dût se poser sur la montagne de tourments de Melania comme la goutte d'eau d'un vase déjà trop plein.

Elle lança un Maléfice Cuisant à Pollux avant de s'horrifier – trop tard – de son geste.

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Non, ce n'est pas seulement Aristote qui lui échappe...

Il faut que je vous confesse quelque chose, qui, peut-être, vous réjouira : je souffrais bien trop en écrivant ces deux derniers chapitres. Faire ça à Aristote et Melania me bloquait complètement. De manière générale, j'ai dû faire de longues pauses pendant l'écriture de cette fanfic parce que ce que je voulais raconter m'affectait trop (non, je ne suis pas doudouille oups). J'écrivais deux à quatre chapitres d'une traite, et je faisais une pause d'un ou deux mois. Et ainsi de suite.

Et la seule solution que j'ai trouvé pour écrire les chapitres 21 et 22, c'est... d'écrire une autre fanfic, une fanfic niaise - ou bien douce - joliment romantique cette fois-ci, avec Aristote et son inconnue. J'ai dû imaginé comment sa vie allait continuer, et comment il vivait les choses pour trouver un ton qui me convenait.

Enfin bref, tout ça pour vous dire qu'une "suite" de cette histoire peut possiblement être vue avec Aristote Parkinson dans une fic longue, une fic fleuve, avec beaucoup d'amour (et un peu de drama mais gentil) dans Nec spe nec metu que je mettrai en ligne après Les Mains de Pouvoir afin de consoler vos petits coeur par un déluge de guimauve hihi.

Des bisous, et merci de continuer à me suivre 3