Troisième chapitre de ce soir ! :D
Après la passade un peu douce, un peu triste, mais un peu libre avec Aristote (vous ne trouvez pas que les dialogues étaient plus libres et naturels avec lui?), je vous ramène avec Melania auprès d'Arcturus...
Bonne lecture :)
TW : violences, sujets sensibles
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Chapitre 23 : Où Amour revient
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Singulier destin que celui de Melania Black.
Saviez-vous qu'elle se résigna enfin ?
Qu'elle alla retrouver Arcturus à Tutshill ?
Qu'elle passa les heures suivantes à s'occuper de lui ?
Comme elle le faisait depuis quinze ans ?
Remarquez, elle avait toujours été dévouée à Arcturus, à l'excès peut-être, et à l'excès elle revint vers lui aussi.
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Le cri de Pollux lorsque le Maléfice Cuisant de Melania le frappa calma instantanément Melania.
« Pollux, je…
— Mais tu es folle, ma parole !
— Attends, je…
— Ne m'approche plus !
— Je ne voulais pas te…
— Va te calmer à Tutshill avec Arcturus ! » lui lança-t-il en allant s'enfermer dans sa propre chambre.
Je crois que Melania comprit qu'elle devenait aussi folle et malade qu'Arcturus à la suite des quelques mots de Pollux. Elle le comprit assez pour rester horrifiée par son attitude pendant tout le temps où elle remplit mécaniquement son sac de voyage et celui d'Arcturus de leurs effets personnels, et lorsqu'elle marcha dans l'âtre de la cheminée pour rejoindre Arcturus à Tutshill.
Il l'accueillit aussitôt, et elle entra en crise avec lui.
« Tu es là, tu es en sécurité, je te le promets, psalmodiait Arcturus.
— Nous sommes ensemble, tout va bien, tout va bien », se rassurait Melania en continu.
Je crois que les mots de Pollux Black tournèrent en boucle dans sa tête. Tu es folle, va te calmer à Tutshill avec Arcturus. Tu es folle. Tu es comme Arcturus. Tu es folle. Tu veux détruire sa confiance. Tu veux le détruire. Tu veux détruire Arcturus qui ne jure que par toi. Tu es folle.
Les yeux effrayés d'Arcturus lui donnèrent l'impression qu'il avait peur d'elle, peur de ce qu'elle devenait et de ce qu'elle avait fait. Elle eut peur à son tour lorsqu'elle s'imagina qu'il n'allait pas croire ses mensonges plus longtemps, qu'elle allait le dégoûter pour l'affaire qu'elle avait eu avec le Moldu, pour l'avortement d'un fœtus au sang-mêlé, pour sa liaison avec Aristote : pour tout ce qu'elle lui avait caché. Elle eut peur qu'il l'abandonne, qu'il lui prenne Lucretia et Orion, qu'il la renvoie chez ses parents, qu'elle se fasse répudier comme une malpropre et que tout le monde sache qu'elle avait trahi ainsi la confiance de son époux.
Elle eut peur de perdre Arcturus qui lui avait offert tant de sérénité et qu'elle avait repoussé constamment depuis neuf ans alors qu'il avait affronté toutes les destinations du monde pour la faire voyager et lui changer les idées.
Elle eut peur de perdre la confiance et surtout l'amour d'Arcturus pendant qu'elle vivait la même crise de paranoïa que lui.
Même si sa crise à elle était bien plus d'angoisse que de paranoïa. Car ses angoisses étaient réelles. Si Arcturus apprenait tout ce qu'elle lui avait caché, il le prendrait comme une trahison à raison, et elle le perdrait.
Je crois malheureusement qu'elle eut besoin de tromper son mari et de manquer qu'il soit au courant de l'adultère pour se rendre compte qu'elle l'aimait à la folie.
Qu'elle l'aimait au point de devenir folle avec lui.
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Ils mirent toute la nuit pour se calmer puisqu'aucun des deux ne pouvait guider l'autre dans les ténèbres pour retrouver la lumière. La maison de campagne vibra sous les pleurs, les cris et les sortilèges que l'un et l'autre lancèrent à l'univers comme un appel à l'aide.
Je crois qu'ils s'apaisèrent parce qu'ils furent à bout de force d'avoir expulsé toutes leurs peurs – réelles ou non – des tréfonds de leurs entrailles. Ils se réveillèrent dans leur lit, emmêlés l'un à l'autre pour se rassurer et se raccrocher à la seule personne qui comptait réellement pour eux. Pour se raccrocher l'un à l'autre et, peut-être, tâcher de détruire une bonne fois pour toutes tous les non-dits qui parsemaient leur couple depuis des années.
« Je t'aime, souffla Arcturus en la serrant toujours contre lui.
— Moi aussi, je t'aime, souffla Melania avec soulagement. Ne me laisse pas.
— Jamais. »
Je crois qu'elle angoissait toujours – même si elle avait recouvré ses esprits – de ce qu'Arcturus pensait d'Aristote et qu'il l'abandonne. Je crois qu'elle était en train de se préparer au pire et de savourer comme si c'était la dernière fois les mots qui glissaient entre eux et son corps contre le sien. Je crois qu'elle voulut se sentir aimée de lui lorsqu'elle vint l'embrasser comme elle ne l'avait pas fait depuis quatre ans.
Je crois qu'Arcturus s'apaisa définitivement sous sa bouche retrouvée parce qu'il était lui aussi dans une angoisse incommensurable concernant Melania. Je crois que si Arcturus n'avait jamais parlé de ce qu'il avait rapidement compris des pensées de Barnabas lorsqu'il avait découvert l'existence bienheureuse de Melania, c'était encore une fois pour la protéger. C'était pour lui éviter d'avoir à revivre des moments pénibles et qui la feraient souffrir. Des moments qui la feraient peut-être aussi se sentir honteuse. Et il ne voulait au grand jamais qu'elle se sente honteuse face à lui. Ce n'était pas la faute de Melania si le Moldu s'était approché d'elle. C'était de la faute du Moldu. Melania avait le cœur trop bon, comme il le répétait encore et encore. Et ce cœur trop bon ne voyait que le bien en chacun. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle était la seule à lui avoir donné une chance, à lui, Arcturus Black, paranoïaque avéré, fou de réputation, adepte de la solitude et du silence, et répugnant à se mêler trop au monde.
« Je vais aller défier Parkinson, annonça-t-il après des dizaines de baisers langoureux et passionnés.
— Pourquoi ? » s'effraya Melania, la bouche écarlate.
Peut-être crut-elle qu'Arcturus avait compris qu'elle avait eu une liaison avec Aristote, et que c'était à Aristote qu'il en voulait plutôt qu'à elle. Peut-être ne crut-elle rien mais qu'elle eut seulement peur pour son ancien amant qui restait son ami. Peut-être eut-elle peur qu'Arcturus aille trouver Aristote et qu'Aristote lui raconte tout. Elle ne me l'a jamais dit et peut-être même l'ignora-t-elle elle-même.
« Il t'a fait des propositions dans ma propre maison, gronda Arcturus toute en la caressant avec cette douceur qu'il lui réservait.
— Mais non, il m'a rattrapée quand j'allais tomber et j'ai pris peur.
— Et il t'a fait des propositions. À moins qu'il ait voulu te forcer ? demanda-t-il d'un ton encore plus lourd.
— Non, mais non, l'assura-t-elle avec sérénité en comprenant qu'il ne la soupçonnait de rien. La… la façon qu'il a eu de me rattraper ça me… ça… »
Elle frissonna brusquement en pensant à ces moments où, oui, John Swift l'avait bousculée et s'était emparé de son corps contre son envie. Elle se rappela aussi les moments où elle était venue à lui. Elle confondit et mélangea à nouveau le tout, la violence et la douceur avec le Moldu, la tendresse et la trahison avec Aristote. Car elle ne voulait même pas apitoyer Arcturus, elle voulait seulement qu'ils mettent ces quatre années derrière eux et qu'ils se découvrent et s'aiment à nouveau. Elle cherchait juste à dire le moins de faux possible pour retourner à du vrai.
« Ses mains qui n'étaient pas les miennes t'ont rappelé le Moldu ? » demanda Arcturus d'une voix aussi faible que la brise.
Je crois qu'Arcturus ne pouvait plus se taire à présent qu'il avait vu Melania entrer en crise à son tour. Qu'elle doute de lui, lui paraissait impossible : elle avait elle-aussi fait une crise de paranoïa selon lui – et non d'angoisse. Je crois qu'il continua sur sa lancée, comme quatre ans plus tôt, et qu'il continua de déployer toutes ses forces pour guider leur vie avec Melania.
Les pensées de Melania, quant à elles, s'arrêtèrent sur le dernier mot d'Arcturus qui tourna en boucle dans sa tête. Moldu. Arcturus avait parlé du Moldu. Moldu. Elle était dans les bras d'Arcturus. Moldu. Les mains d'Arcturus la tenaient contre lui. Moldu.
Elle s'éloigna un peu de lui pour mieux le fixer dans les yeux, complètement effrayée à nouveau.
« Le Moldu ? répéta Melania en sentant tout autre mot se coincer dans sa gorge.
— Oui, et tu n'as rien à craindre, rien à te reprocher », finit-il par répondre en levant la main vers sa joue pour remettre une mèche rebelle derrière son oreille.
Melania sentit le souffle lui manquer. Comment pouvait-il savoir… comment… elle n'en avait parlé à personne mis à part Fiona et Ludovica. Sa famille n'en aurait rien dit… et il ne semblait pas en colère ?
« Je sais qu'il t'a malmenée et qu'il… qu'il a abusé de toi et… »
Merlin.
« Et que tu as dû aller avorter chez Miss Selwyn dans l'Allée des Embrumes quand… »
Elle lui sauta au cou, complètement possédée et dépossédée de son propre corps : elle se dédia à Arcturus sur l'instant, et elle regretta de ne pas l'avoir fait plus tôt. Elle se dédia à lui comme si elle était damnée aux enfers : elle décida qu'elle devait souffrir pour l'éternité de s'être jouée de lui et d'avoir trompé quelqu'un qui avait tant de bienveillance et pensait tant d'innocence d'elle. Elle voulut subir le châtiment éternel s'étaler sur le sol et laisser son foie et son cœur se faire dévorer par un amour charognard et morbide.
« Fais-moi mal, hoqueta-t-elle contre sa bouche en se mettant à pleurer.
— Melania, s'inquiéta Arcturus en voulant reculer mais elle l'en empêcha.
— Montre-moi que je suis à toi, montre-moi que…
— Tu es à moi, tu n'es pas au Moldu, tu…
— Montre-moi que je t'appartiens ! »
L'amour revint avec force à ce moment-là dans le cœur de Melania. Son cœur cessa complètement de s'aveugler lorsque ses yeux se remplirent de larmes. Mais cet amour était tout ce qu'il y avait de plus malsain et gorgé de désolation : il était étranglé par la culpabilité.
Ce n'est pas l'amour pur, sain et généreux de son cœur d'adolescente qui gagna. C'est l'amour manipulatoire infesté de non-dits, de mensonges et de trahisons.
Elle voulut qu'Arcturus lui fasse mal comme elle lui avait fait mal. Comme elle avait voulu lui faire mal. Elle voulut qu'une violence qu'Arcturus n'avait pas la punisse pour ses actions. Et comme Arcturus ne savait que voir le beau en elle et l'aimer, elle saccagea la seule chose qu'Arcturus pouvait lui offrir.
Elle saccagea l'amour qu'il lui portait avec une violence délirante et complètement abusive qui la détruisit tout à fait.
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Je me rappelle que j'ai écrit un passage de ce texte durant un cours sur le Contre Ibis d'Ovide (grosso modo, Ovide est exilé loin de Rome, et s'en prend à quelqu'un qui cherche à lui voler ses biens restés à Rome et qu'il nomme "Ibis" (pseudo renvoyant à un oiseau qui se purge avec son bec, miam) et il le maudit avec des périphrases sur des personnages mythologiques, lui promet mille tourments infernaux très très violemment). Je me demande si vous reconnaîtrez le passage qui m'a été ainsi inspiré.
Je mets le chapitre suivant dans un instant :)
