Quatrième chapitre de ce soir qui est un peu plus long... on retrouve Lucretia 3

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Chapitre 23 : Où Folie n'explique pas tout

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Singulier destin que celui de Melania Black.

Saviez-vous qu'Arcturus la tua un peu ce matin-là ?

Qu'elle reçut son châtiment comme elle l'avait voulu ?

Qu'elle compta les heures suivantes enfoncée dans le coin du lit ?

Et qu'Arcturus fut dans le même état qu'elle ?

Remarquez, ils venaient de retrouver la relation fusionnelle de leurs débuts, il est logique qu'ils ressentissent la même terreur ensuite.

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C'est le lendemain matin que Melania prit conscience de ce qu'elle avait fait, de ce qu'on lui avait fait et qu'elle dut en parler. Les mots devaient sortir de sa bouche et son corps devait se mouvoir dans les champs soumis aux vents frais écossais pour repousser la violence qu'elle avait ordonné à Arcturus d'apposer sur son corps pour se sentir à lui et non à Aristote Parkinson ou, pire, à John Swift.

Elle tressait entre eux le schéma sale de domination que lui avait imposé John Swift quinze ans plus tôt et dans lequel elle avait elle-même failli enfermer Aristote Parkinson. Ce dernier en était définitivement sorti la vieille, mais Melania s'y serait enfoncée pour l'éternité si Arcturus ne s'était pas horrifié de ce qu'il avait fait à Melania pour obéir à son épouse. C'est peut-être bien tout l'amour – certes bien trop aveugle pour être sain – d'Arcturus pour Melania qui leur permit de reprendre une vraie vie de couple et d'enfin se parler à nouveau. La jalousie s'en mêla désormais – pour l'un comme pour l'autre, mais l'exclusivité devenait fondamentale pour Melania. Aussi, ils trouvèrent un certain équilibre dans cet amour abusif mais qui repoussait à présent loin d'eux l'agacement, l'impatience et le mensonge. Ils se tournèrent l'un vers l'autre, tout en gardant la main de leurs enfants dans les leurs.

Ils tentèrent de retrouver une certaine harmonie.

Melania tenta de trouver une harmonie dans sa vie aux côtés d'un être qu'elle avait trahi alors qu'elle l'aimait à la folie.

L'amour s'était épuisé, et après s'être reposé dans les bras d'Aristote Parkinson, il revenait honteux et malheureux faire en sorte de rendre heureux l'autre tout en taisant l'affreux blasphème. L'amour reposé venait réparer ce qu'il avait saccagé et soigner à nouveau la folie d'Arcturus.

« Tu t'en vas ? Tu ne veux pas rester contre moi ?

— Je t'aime », répondit aussitôt Melania avec crainte.

Elle craignait la puissance qu'elle avait demandée à Arcturus la veille dans ses gestes. Elle craignait ce qu'il lui avait donné, ce qu'il pouvait lui donner et ce qu'il pourrait encore lui donner. Assise sur leur lit, les genoux ramenés contre elle, elle regarda Arcturus rouler dans leur lit et son visage apparaître à elle. Il était soucieux, les yeux soulignés de cernes mauves. Je crois qu'il n'avait pas dormi après la bataille que lui avait ordonnée de mener Melania contre son corps.

« Pourquoi m'as-tu demandé de t'aimer ainsi ? souffla-t-il en regardant chaque partie de son corps comme pour s'assurer qu'elle allait bien.

— Je suis à toi, tu devais me le montrer, tu devais, insista-t-elle en se sentant sursauter lorsqu'il posa sa main sur la sienne.

— Je n'ai pas besoin de te faire mal pour te montrer que tu es mon épouse », souffla-t-il sans chercher à la toucher davantage.

Il baissa même les yeux sur la main de Melania. Une main bleuie par la propre bouche de Melania. Une main d'un pouvoir apaisant qui avait voulu se donner à un pouvoir de violence complètement inapproprié pour se punir sans avoir à dire le mal commis.

Une main baguée depuis quatorze ans.

« Tu devais me montrer que je suis à toi », répéta Melania.

Elle commençait à se répéter, de la même manière qu'Arcturus le faisait. Elle commençait à répéter ses idées fixes pour se rassurer et parce qu'elle ne parvenait plus à réfléchir sereinement. À être sereine aussi.

« Je te l'ai montré pendant des années, lui souffla plus bas Arcturus avec la même crainte qu'elle dans la voix. Le Moldu est mort, il ne te touchera plus. Je ne veux plus jamais refaire cela. Je t'en prie, Melania, ne me demande plus jamais cela, insista-t-il en avançant sa seconde main vers elle.

— Mais tu devais me montrer que je suis à toi, se répéta-t-elle encore.

— Parkinson ne t'a pas touchée, je suis arrivé à temps. Et je ne suis pas d'accord avec ta gentillesse, je vais tout de même défier Parkinson en duel et…

— Non, non, paniqua assez Melania pour se reprendre. Je t'ai dit que j'ai mal interprété ses réactions et ses gestes », bafouilla-t-elle.

Je crois qu'Arcturus lui céda très vite sur ce point à ce moment-là parce qu'il voulait la rassurer et parce que cette idée – même si elle était contraire à ce qu'imaginait Arcturus depuis quatre ans – était la plus acceptable pour lui.

« J'ai besoin d'aller marcher en Écosse, annonça-t-elle finalement après plusieurs minutes qu'ils passèrent à se regarder avec crainte.

— Je dois me rendre à Tutshill », accepta aussitôt Arcturus.

Paradoxalement, je suis persuadé que toute la violence qu'avait Melania en elle s'en alla ce jour-là. Une autre la remplaça lorsqu'elle commença à vieillir. Mais ce jour-là, elle avait atteint le sommet de la violence que son corps pouvait supporter lorsqu'elle alla marcher sur les landes écossaises avec Tomas Macmillan pour lui confier une partie de ce qu'on lui avait fait et un peu de ce qu'elle avait fait : une partie de sa vie. Si son frère s'horrifia, il n'en montra rien et lui donna bien maladroitement son soutien pour continuer une vie si tourmentée que lui n'avait jamais eue.

Lorsqu'elle eut fini de parler et lorsqu'il eut fini de lui répondre, je crois qu'elle fut à nouveau aussi belle que lorsqu'elle prenait sa vie en main en veillant sur Arcturus et en voyant Aristote, mais peut-être qu'elle fut belle de manière douce à nouveau.

Après tant de violence dans son corps et la levée d'une partie des non-dits, elle retrouva enfin sa douceur adolescente.

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À présent qu'ils avaient chassé la violence du corps de Melania, je crois qu'Arcturus et Melania eurent besoin de fuir la violence intrinsèque du 12, Square Grimmaurd. Ils voyagèrent énormément, sans leurs enfants cette fois, pour s'éloigner de tout et n'être que tous les deux.

Ils laissèrent, de ce fait, le petit Orion, neuf ans, bien trop entre les mains de Mr Sirius Black et entre celles du 12, Square Grimmaurd.

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« À chaque fois que tu fais le Fléreur, je pense à la nuit de notre mariage », soufflait Arcturus.

Melania se blottit un peu plus contre lui dans le lit de cet hôtel magyar. Elle se blottit et tourna la tête en ronronnant lorsque la main d'Arcturus remonta le long de sa nuque et dans son cuir chevelu. Elle s'autorisa à rire ensuite en le voyant sourire en clignant seulement trois fois des yeux, signe qu'il était serein.

Elle devait s'autoriser les choses à présent. Elle ne dirait jamais à Arcturus qu'elle l'avait trompé avec un autre, la vérité sur John Swift, ni les pensées manipulatoires qu'elle avait pu avoir. Elle ne dirait rien car elle considérait ce silence comme un fardeau, le châtiment qu'elle devait porter comme pénitence afin qu'Arcturus garde sa sérénité. Peut-être aussi qu'elle ne dirait rien pour le garder avec elle.

« À chaque fois que tu me souris, j'ai envie que cet instant dure éternellement », soufflait-elle en se libérant des doigts d'Arcturus pour embrasser son torse.

Elle demandait et donnait à nouveau des caresses à Arcturus. À nouveau, elle accueillait la douceur dans sa vie.

« À quelle heure retrouvons-nous Mr et Mrs Csiszár ? demanda-t-elle contre sa peau.

— Ils nous ouvrent les portes de leur bibliothèque dans deux heures et vingt minutes, répondit précisément Arcturus en clignant à nouveau des yeux. Pourras-tu recopier ce que je traduirai ? Je…

— Tout ce que tu voudras », approuva Melania.

Elle aimait ces voyages où elle reprenait plaisir à accompagner Arcturus dans les lieux silencieux du passé, dans ceux mondains du présent et dans ceux calmes de la connaissance. Elle aimait ces voyages où elle reprenait le temps d'écouter Arcturus lui parler de l'influence des astres sur les sortilèges. Elle aimait ces voyages, aussi, lorsqu'ils marchaient dans les bois, les champs et les vignes et qu'ils respiraient un air si loin de Londres.

Puis elle pensait à ses enfants, au fait qu'il fallait rentrer les accueillir à leur retour de Poudlard elle pensait aux charges d'Arcturus à Tutshill et à Londres.

Elle repensait à l'emprise sur sa vie du 12, Square Grimmaurd.

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Orion déclara sa paranoïa plus tard qu'Arcturus. Il laissa la folie des mains de pouvoir qui tournaient autour de lui l'enserrer le jour où sa grande sœur l'abandonna.

Le jour où sa grande sœur, la bienheureuse Lucretia, décida de fuir le 12, Square Grimmaurd qui ne faisait que du mal.

Le jour où elle partit si loin de Londres.

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Lucretia n'avait jamais perdu sa candeur et ses rêves d'enfant. Elle adorait son frère, elle le couvait, et grâce à la lumière qu'elle répandait autour d'elle, elle avait chassé les ténèbres qui tournoyaient autour d'Orion durant toute leur enfance. Puis elle quitta Poudlard, quatre ans avant Orion, en 1943, et revint seule, sans lui, vivre au 12, Square Grimmaurd.

Au début, il y eut à ses côtés sa cousine Dorea, qu'elle retrouva avec joie. Elle retrouva les soirées de discussion sous les draps de la chambre qu'elles partageaient. Elle retrouva les journées à se promener sur le Chemin de Traverse quand l'une avait fini sa broderie et l'autre son étude, quand elles avaient fini les lectures que Mrs Hesper et Mrs Violetta Black leur conseillaient vivement.

Puis Dorea – qui avait cinq ans de plus que Lucretia – se maria, quitta la bâtisse engluée de pouvoir et Lucretia se retrouva seule dans le noir. Tantôt surgissait une moquerie de Cassiopeia sur sa naïveté et son innocence désespérante, tantôt s'insinuait le regard réprobateur et ennuyé de Walburga. Cassiopeia – la grande sœur de Dorea. Walburga – la fille de Pollux. Cassiopeia avait toujours préféré la détermination et la tenue de Walburga à la légèreté et la bienveillance de Lucretia. Avant le retour de Melania, Lucretia et Arcturus au 12, Square Grimmaurd, Dorea avait souvent été seule, abandonné dans ses pensées, que ce fût par Cassiopeia et Walburga qui cherchaient déjà à élever leurs mains vers toujours plus de pouvoir, ou que ce fût par Cedrella et Marius qui étaient déjà tous deux incompris. Cet isolement lui permit peut-être de protéger ses pensées du 12, Square Grimmaurd d'ailleurs… même si ceci est une autre histoire.

Dorea était immédiatement devenue la confidente de Lucretia, lorsqu'à neuf ans, elle avait décidé qu'elle serait pour Lucretia ce que Cassiopeia était déjà pour Walburga. Melania le prit très mal mais qu'importe : Lucretia, à quatre ans, était trop jeune pour s'en rendre compte et Dorea avait construit une bulle autour d'elle pour ignorer le mal. Mal que son père, Cygnus Black, tissait soigneusement autour de ses enfants. Et lorsque Dorea se maria et partit du 12, Square Grimmaurd, Lucretia se retrouva seule.

Si elle se réjouit pour sa cousine, elle se réjouit également pour elle-même le jour du mariage. Car le jour du mariage, elle rencontra celui qui donna forme à ses rêves ingénus d'adolescente. Ce soir-là, elle rencontra le seul homme qu'il la ferait rêver et qu'elle aimerait pour la vie.

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Malheureusement pour Lucretia, son père n'était pas seulement fou. Arcturus avait vu, lu et entendu beaucoup de choses sur le maléfice que son oncle Cygnus – qui mourut peu après le mariage de sa fille Dorea – avait lancé à Melania près de vingt ans plus tôt. S'il est vrai que Lucretia était en bonne santé et qu'elle avait été d'une douceur absolument divine à élever, s'il est vrai qu'il s'était rassuré surtout suite aux expériences que sa Guérisseuse de mère avait faites avec lui, il avait toujours regardé sa fille avec une appréhension et une inquiétude grandissante qui l'avaient empêché de la regarder avec seulement de l'amour paternel. En grandissant, Lucretia avait eu peur de lui tout simplement parce qu'elle ne connaissait de lui que ses silences inquiets et ses crises de paranoïa dévastatrices.

Alors quand Lucretia revint un soir de chez Dorea et son époux avec des étoiles dans les yeux, avec sa voix à nouveau pétillante et avec toute la douceur qu'elle avait hérité de Melania, Arcturus la contempla attentivement et se méfia. Il se méfia d'autant plus lorsque Dorea vint présenter un sorcier qui les accompagnait, et qu'elle désigna comme un ami de son époux. Je crois qu'Arcturus manqua même de l'attaquer tant la suspicion l'étranglait.

Je crois que Mr Sirius Black en pensa de même mais que lui n'essaya pas de se contenir (car il ne se méfiait pas de lui-même au contraire d'Arcturus) et fit transplaner son fils, Lucretia et le sorcier dans son bureau d'un coup de poing décisionnaire sur la table de la longue salle-à-manger.

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Je crois que, pendant qu'Arcturus Black se dépêtrait tant bien que mal avec sa paranoïa, Mr Sirius Black ordonna que le sorcier lui donne une explication pendant que Lucretia pleurait dans ses bras. Lucretia était naïve et innocente, je l'ai dit. Son grand-père l'adorait et jamais il ne s'était montré sous ce jour autoritaire avec elle, ou bien juste en-dessous de la limite qui pourrait ouvrir les yeux à Lucretia. Lucretia l'adorait en retour, et jamais elle n'avait envisagé qu'il puisse lui refuser ce mariage avec la seule personne qu'elle avait décidé d'aimer. Avec cette personne qui l'empêchait de se sentir si morte au fond d'elle-même.

« Expliquez-vous ! Expliquez-vous vite ! insistait Mr Sirius Black.

— Je suis venu vous demander la main de Lucretia. »

Je l'ai dit, Arcturus Black n'était pas seulement fou, et lorsque son futur gendre lui demanda la main de sa fille, la crainte de voir Lucretia abandonnée par un homme peu fidèle s'éteignit. Il n'écouta pas Mr Sirius Black taper du poing et rappeler que la Noble et très Ancienne Maison des Black méritait mieux qu'une petite demande de peu de moyens. Il n'écouta que l'inquiétude qu'il couvait pour Lucretia et s'empressa d'accéder à tout ce qu'il pouvait pour lui redonner à nouveau ce sourire qui avait déserté ses traits pendant de longues semaines.

« Sa main ? dût-il répéter pour s'assurer que sa paranoïa ne lui jouait pas des tours.

— C'est cela, sa main, insista son futur gendre.

— Eh bien c'est d'accord. La famille est importante, la famille…

— Non ! Non, ce n'est pas d'accord, Arcturus ! s'exclama Sirius Black en tapant encore du poing sur son bureau. Lucretia a dix-neuf ans, elle ne sait pas ce qu'elle veut. Elle est trop jeune, elle ne connaît pas la vie ! Elle appartient à la Maison des Black. Depuis sa naissance, chaque mois, je place cent Gallions de côté pour compléter sa dot. Elle est destinée à faire un grand mariage avec une personnalité importante. Elle ne va pas aller vivre en Roumanie, dans une Réserve de Dragons ! Avec des Sang-de-Bourbes et des Sangs-Mêlés ! »

Je crois que Lucretia ne tint pas longtemps avant de révéler son désespoir de ces dernières semaines. Désespoir qu'Arcturus avait perçu sans en connaître l'origine ni savoir quoi faire pour le soigner. Désespoir qui déclencha une énième crise de paranoïa chez lui.

« Je ne peux pas avoir d'enfants !

— Qu'est-ce que tu me racontes là ? s'agaça à coup sûr Sirius Black.

— Père vous l'expliquera très facilement, n'est-ce pas ? »

— Lucretia… que… que dites-vous là ? demanda Arcturus en faisant un pas vers elle. »

— Vous avez lancé ce sortilège à ma mère lorsqu'elle était enceinte, lui cracha sa fille adorée comme si elle vomissait des vipères. Vous ne vouliez qu'un fils ou rien. Mère s'est tordue de douleur sous votre baguette mais vous n'avez pas arrêté de prononcer la formule. Vous lui avez fait mal et vous m'avez détruite parce que vous ne vouliez pas de moi.

— Non, je n'ai pas fait ça, nia-t-il comme un enfant. Lucretia, je n'ai pas fait ça.

— Cessez de mentir ! sanglota-t-elle. Vous…

— Ce n'est pas moi qui ai fait ça ! Ce n'est pas moi, ce n'est pas moi, la famille est importante, la famille est importante, la famille…

— Arrêtez ! Vous allez me rendre folle moi aussi ! »

Le souvenir de ce terrible Réveillon revint brusquement hanter Arcturus et il explosa définitivement.

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Le monde, comme à chaque crise, dût lui paraître trouble, armé, sanglant et diabolique. Le monde voulait attaquer Lucretia et attaquer Melania. Le monde voulait lui prendre toute la douceur de sa vie. Le monde voulait lui prendre sa vie, l'étouffer, tuer sa vie et l'empêcher de s'élever contre les maux qui se transformaient en fumée sous ses sortilèges pour revenir toujours plus étouffant s'insinuer partout en lui.

Le monde voulait le condamner à une éternité de tourments. Le monde voulait assassiner son épouse et sa fille.

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Durant ces crises, il n'y avait que la voix douce et paisible de Melania qui pouvait le tirer hors des enfers. Μελανια, aussi noire que lui, avait pourtant de la lumière dans le cœur de sa voix et dans le creux de ses mains. Il n'y avait que les mots rassurants et les gestes doux de Melania pour s'enrouler autour de lui et l'extraire de l'intelligible profondeur de la folie sale et amère du 12, Square Grimmaurd.

« Personne ne fera du mal à Melania ! Vous voulez tous lui faire du mal, mais je ne vous laisserai pas faire !

— Arcturus, tout va bien.

— Vous êtes tous contre moi ! Vous voulez tous me prendre Melania ! J'aurais dû tuer Oncle Cygnus ! Il a fait du mal à Melania et… voyez ce qu'il a fait à ma Lucretia !

— Arcturus, tout va bien.

— Lucretia, viens, je dois aussi te protéger ! Viens ! Il veut te faire du mal, il…

— Il est mort.

— Lucretia…

— Est amoureuse. »

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Non, Arcturus n'était malheureusement pas seulement fou, et même Sirius Black fut forcé de le reconnaître ce jour-là. Il n'avait pas craint inutilement son oncle Cygnus. Il n'avait pas craint inutilement pour la vie de Lucretia.

Il ne craignait pas seulement à cause de sa paranoïa.

Sirius Black aurait enfin pu accepter de voir que son fils était autre chose qu'un paranoïaque, mais il n'en fit rien par fierté mal placée, j'en suis certain. Il avait étouffé l'affaire vingt ans plus tôt en refusant de croire son fils et de chasser son frère de chez lui. Son frère était à présent décédé. Il n'y avait plus rien à faire pour pouvoir réparer le drame, autre que céder à sa petite-fille qui le méprisait à présent. Quant à Melania, elle étouffa autant que Lucretia en voyant tout le malheur accabler sa fille adorée.

« J'ai cru comprendre que vous deviez partir pour la Roumanie dimanche qui vient, c'est cela ? finit par intervenir Melania en s'approchant désespérément de sa fille et de l'homme qui pouvait l'aider à se sauver. Nous pourrions célébrer l'office dimanche midi, et vous laisser partir pour King's Cross le soir, qu'en dis-tu Arcturus ? »

Le 12, Square Grimmauld avait fait crier Arcturus et à présent, dans un accès de fierté pour sortir propre de ce tracas, il permettait à Melania de parler pour sa fille, et de parler pour elle-même. Il lui permettait de cracher délicatement son venin contre la bâtisse, propriété et propriétaire gangrenés de la Noble et très Ancienne Maison des Black.

« Une semaine de fiançailles ? s'étonna Arcturus en cessant de cligner des yeux.

— Je vais faire préparer ma propre robe de mariage, et nous l'ajusterons demain, Lucretia, qu'en penses-tu, ma chérie ? demanda-t-elle doucement à sa fille adorée. »

Le 12, Square Grimmaurd permettait de rappeler à Melania combien elle avait souffert entre ses griffes, combien elle s'y était sentie trahie, et combien elle avait voulu, elle aussi, s'en aller de ses murs froids et sombres, cruels et autoritaires.

La Maison des Black permit à Melania, rien qu'un instant, de vivre à travers sa fille une vie loin d'ici, loin des malheurs et de la manipulation nécessaires pour les quitter. Une vie dans des plaines et des champs aux odeurs d'huiles parfumés et de sucre fruité. Une vie loin du paraître, et du silence qui fait survivre et qui étrangle.

« Melania...

— Tu veux une petite cérémonie, je suppose, non ? Nous convierons seulement nos parents, ce sera une cérémonie intime, qu'en penses-tu ? continua Melania en ignorant les mots vains et aveugles d'Arcturus.

— Melania, une semaine, c'est bien trop court pour…

— Arcturus, Lucretia veut partir, elle veut quitter Londres et cette maison. »

Une vie loin de la folie ambiante.

Une vie de liberté.

Une vie dont Orion Black se sentit exclu.

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N'oubliez pas qu'on est du pdv du narrateur qui raconte comme il peut, comme il veut et qui cherche à donner de la cohérence à l'histoire de Melania...

Si vous voulez en savoir plus sur Dorea, vous pouvez lire son histoire dans Historiae Amoris (romane assez mimi pour le coup), dont la suite est l'histoire de Lucretia Si morte au fond de moi (mais ce dernier texte, il faudra que je le reprenne un jour peut-être) ! 3

J'epsère que vous passez un bon moment à lire malgré le thème de l'histoire 3