Et voilà le cinquième et dernier chapitre de ce soir avec l'entrée en scène de Walburga Black !
Bonne lecture :D
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Chapitre 25 : Où Walburga Black est une rivale
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Singulier destin que celui de Melania Black.
Saviez-vous qu'elle ne vit pas qu'elle perdait son fils ?
Que la folie du 12, Square Grimmaurd s'empara de lui lorsqu'il eut quinze ans ?
Qu'elle prit conscience des choses de la même manière qu'avec Aristote ?
En comprenant qu'elle avait une rivale ?
Remarquez, elle faisait le deuil de sa fille, elle ne pouvait songer que son fils lui échappait aussi.
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Je crois qu'Orion ne pardonna jamais à sa sœur d'être partie loin de Londres, en choisissant un époux si peu noble, un rustre Magizoologue, et qui habitait en Roumanie.
En l'oubliant pour une stupide amourette.
Je crois que la noblesse du 12, Square Grimmaurd et le mépris montant de Lucretia pour son Grand-père Sirius (dont il ignorait la raison) achevèrent de lui faire regarder sa sœur avec plus de rancune qu'autre chose. Je crois même qu'il la méprisa lorsqu'il apprit qu'elle avait reçu leur petite-cousine Dorea chez elle, alors qu'elle ne l'avait jamais explicitement invité lui, son petit frère.
Je crois que le départ de Cassiopeia (l'autre fille de Mr Cygnus Black) et de son Oncle Regulus, le frère de son père, pour l'Argentine acheva de lui donner l'impression que les Black fuyaient tous ce 12, Square Grimmaurd dont il devait hériter. Mr Regulus Black partait en tant qu'Ambassadeur britannique et il avait proposé à sa cousine de l'accompagner comme sa secrétaire là-bas, elle qui l'était déjà à Londres, dans le bureau qu'il occupait dans le Département des Relations internationales, au service de l'Amérique du Sud.
En une année, le 12, Square Grimmaurd perdit quatre sorciers, sans compter la mort de Mr Cygnus Black.
Ils se retrouvèrent à seulement treize habitants dans la bâtisse en ce début d'année 1945, année qui leur ferait perdre beaucoup d'investissement dans les sombres entreprises d'Europe continentale.
Les fils de Pollux, ses cousins au second degré, s'éloignaient également de lui. Alphard ne s'intéressait qu'à sa sculpture. Cygnus, loin d'avoir la froideur de son homonyme de grand-père, était jovial et amoureux fou d'une très belle héritière qu'il fréquentait assidûment.
À quinze ans, il avait l'impression que le monde s'écroulait autour de lui. Il n'avait plus de sœur, plus de famille élargie sur qui compter et régner, plus autant d'argent et plus d'idéologie à défendre ouvertement – les Macmillan s'éloignait peu à peu de lui, eux qui se méfiaient de lui depuis des années, il en était certain.
Je crois que ce furent pour toutes ces raisons que la maigre et froide bienveillance de Walburga pour tout Black devint philtre d'amour pour lui.
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Je sais peu de choses de cet événement qui m'intéressa peu. Je sais simplement que Melania tomba des nues et ne put que m'expliquer son désarroi, sa peur et son incompréhension. Arcturus décida de se ranger à l'avis de Melania et de son père lorsqu'Orion parla au soir de ses seize ans et que les choses durent se passer ainsi :
« J'ai quelque chose à vous demander. »
Il dût commencer son discours tout à la fois inquiet et confiant dans le Grand Salon où les hommes se réunissaient souvent après le repas au 12, Square Grimmaurd. Son grand-père Sirius, son père, Pollux le cousin de son père (le père de Walburga), son Grand-oncle Arcturus, et les frères de Walburga, Alphard et Cygnus, devaient être là. Ou peut-être qu'Alphard et son Grand-oncle Arcturus étaient dans l'atelier de ce dernier, en train de peindre et travailler la pierre. Et que Cygnus était monté dans la bibliothèque répondre à son héritière. Peu importe. C'était à son père, son grand-père et au père de Walburga à qui il voulait parler.
« Nous sommes entourés d'ennemis, nous le savons, et il faut savoir reconnaître ses alliés, dut-il commencer par rappeler. Il est hors de question que notre famille se désunisse davantage.
— La famille est importante, dut insister son père et récolter un hochement de tête d'Orion.
— Phineus et Cedrella vous font honte, mon Oncle, lorsque vous les croisez au Ministère, n'est-ce pas ? »
Pollux Black hocha prudemment la tête, peu certain de la direction de la conversation. Le frère renié de son père et la fille reniée de son oncle lui arrachaient toujours une grimace dégoûtée et méprisante. Il avait senti l'éloignement de sa sœur, Dorea, depuis son mariage. Il savait que l'époux de Lucretia n'était pas des plus influents et engagés non plus. Quant à Harfang Londubat, qu'avait épousé sa cousine Callidora, on essayait plus ou moins d'oublier les rumeurs de ses frasques avec des jeunes femmes venues de n'importe où.
« Notre famille est en train de s'affaiblir, nous le voyons tous.
— Où veux-tu en venir, Orion ? » l'encouragea Mr Sirius Black.
Jusqu'à présent, Sirius Black avait savouré l'éducation et l'idéologie qu'il avait réussi à implanter dans l'esprit de son petit-fils. Orion était tout aussi soucieux de l'orgueil et de l'honneur de la Maison des Black que son fils, Arcturus, mais il avait un avantage : il n'avait pas de Melania qu'il aimait plus que tout et dont il avait maladivement besoin pour se soigner.
La paranoïa d'Orion avait su se cacher jusqu'à présent. Elle ressemblait à un simple mépris généralisé pour l'instant. Les crises viendraient plus tard.
« Je veux en venir au fait que je pense à l'épouse que je veux à mes côtés à la tête de la Maison des Black.
— C'est-à-dire ? » s'étonna Mr Sirius Black.
Il s'étonna forcément. Orion avait seize ans, et à cet âge on ne se préoccupait pas encore activement de ces choses-là ni de cette manière-là. Certes, la politique concernant les mariages avait légèrement changé dans la société au titre officieux de Sang-Pur depuis la publication du Registre des Vingt-Huit Sacrées, mais les Black, sous la détermination conjointe de Melania et d'Irma, n'y avaient pas mis les pieds. Il fallait de l'amitié et de la confiance dans un couple, pas un arrangement décidé par d'autres qui brouillerait officieusement les chaînes des arbres généalogiques.
Pourtant, il n'aurait pas dû s'étonner de cette sur-attention à l'honneur des Black de la part d'Orion : il avait élevé cet enfant, il l'avait gavé de récits sur l'honneur des Black et de conseils pour se tenir tel un roi parmi les sorciers. Orion était le parfait mélange, le parfait dosage entre les Black des générations antérieures. Il était un peu moins vicié que chacun d'eux, mais il était un peu tous à la fois : manipulateur en rhétorique comme son Grand-père Sirius, directif mais un peu moins brusque que son Grand-oncle Cygnus, décidé comme ce Grand-oncle Phineus renié, avide mais pas généreux comme son Grand-oncle Arcturus, plus réformateur avec quelques arrangements comme Pollux que révolutionnaire, d'une intransigeance qui pouvait égaler celle du Directeur Phineas Nigellus, et bien sûr, paranoïaque comme son père.
« C'est-à-dire que je n'ai dans mon entourage qu'une seule femme – autre que ma mère, ma grand-mère et mes tantes – que j'apprécie, que je tiens en haute estime et que je pense digne de faire perdurer la lignée des Black.
— Nous la connaissons ? s'inquiéta immédiatement Arcturus.
Il s'inquiéta forcément de la venue d'une inconnue chez les Black plus que de la rhétorique dégradante de son fils.
« Bien sûr, père. J'aimerais que nous préparions une union matrimoniale entre moi et Walburga.
— Plaît-il ? s'étonna obligatoirement Pollux en premier.
— Nous en avons longuement discuté avec Walburga, et voilà notre souhait : nous unir par les liens du mariage à ma sortie de Poudlard, réaffirma Orion en souriant au cousin de son père. Elle ne veut quitter la Maison des Black, et elle est la seule en qui j'ai une confiance aveugle et une grande tendresse. Elle sait ce qu'elle veut, tout comme moi : redonner de l'éclat à la Maison des Black. De plus…
— Orion, attendez un instant, l'interrompit sans doute le premier Sirius Black complètement dépassé. Vous êtes cousins, vous…
— Nous sommes cousins au second degré, Grand-père.
— … C'est trop proche ! Voyons, Orion, vous avez seize ans, mais Walburga en a vingt…
— Ce ne sont que quatre ans, Grand-père.
— Mais enfin, où avez-vous eu cette idée ? s'horrifia Sirius Black. Vous savez que les mariages entre cousins sont dangereux, vous… Regardez les Gaunt ! Tout le monde sait qu'à force de se marier entre eux, ils sont devenus difformes et ont disparu. Demandez à votre père comment se comportait Morfin Gaunt à Poudlard ! Il était fou, et c'est à Azkaban qu'il a fini ! C'est à ça que vous voulez que vos enfants ressemblent ? »
C'était un peu hypocrite de la part de Mr Sirius Black d'avancer cette histoire de folie pour éloigner son petit-fils de cette idée de mariage entre cousins : les propres enfants de Sirius Black étaient plus ou moins fous.
« Mon Oncle, essaya de le calmer Pollux en pensant sans doute à la place que sa fille obtiendrait. Les Crabbe et les Macmillan n'avaient jamais partagé notre arbre généalogique par le passé, et les Black ont très rarement fait des mariages à moins de trois degrés d'écart. La situation est toute autre.
—Voilà, la situation est toute autre, et Walburga est la seule femme digne de notre Maison, la seule que je veux à mes côtés, assena Orion avec déjà cet éclat fou dans son œil gris.
— Mais enfin, il faut élargir nos alliances, pas nous refermer sur nous-mêmes, ne trouva qu'à bredouiller maladroitement Mr Sirius Black.
— Auriez-vous renoncé à ma Grand-mère pour ces raisons, Grand-père ? Elle que vous aimez tant ? Je serai honoré et heureux d'appeler ma cousine mon épouse, Grand-père, martela Orion avec sophisme.
— Orion, vous avez seize ans, vous êtes trop jeune pour décider une telle chose. Et puis, faisons venir Walburga, peut-être…
— Walburga m'a prié de vous en parler moi-même.
— J'aimerais entendre la voix de ma fille avant toute décision, intervint Pollux. »
Pollux savait reconnaître une étincelle capable de s'enflammer. Il l'avait assez vue chez son père, peu patient avec son épouse et ses enfants. Il demanda à faire venir Walburga qu'il féliciterait chaudement pour ce choix d'époux capable de réunir deux branches de la Noble Maison des Black et capable de la mettre à la tête du 12, Square Grimmaurd. Il demanda à sa fille de venir pour permettre à son Oncle Sirius de se calmer, à Arcturus de continuer à maîtriser la crise qu'il couvait et à Orion de baisser le ton face au patriarche de la Maison des Black.
Il machina pour placer sa fille à la tête de la Maison des Black, à une place qu'il n'avait pu atteindre lui-même. Il renoua aussitôt avec une ambition de pouvoir de domination qu'il avait abandonné à la naissance d'Orion lui-même. Cet enfant qu'il avait considéré comme la mort de ses espoirs devenait l'origine de son triomphe par l'intermédiaire de sa fille qu'il sacrerait bientôt son épouse et reine de la communauté sorcière.
La famille, l'affection, la confiance et l'amour faisaient bien les choses…
Walburga fut la première femme à entrer dans le Grand Salon lors d'une réunion d'hommes au 12, Square Grimmaurd. La première, elle fut invitée, par cette idée de mariage, à rejoindre véritablement la tête de la Maison des Black. Son sang Black la plaçait d'office dans une confidence supérieure à toute autre ce qui révulsa Melania lorsqu'elle l'apprit. Elle, elle avait dû faire des pieds et des mains, présenter un dévouement hors du commun et se sacrifier moult fois pour simplement avoir le droit de tenir les rênes de la tête, non le droit d'être la tête.
Walburga se présenta sûrement avec appréhension sans pour autant le montrer. Son impassibilité tenait plus de la fermeté que de la peur derrière sa longue robe noire, cette robe qu'Orion aimait tant.
« Père ? demanda-t-elle simplement en s'octroyant l'audace de s'asseoir parmi eux.
— Walburga, Orion nous dit que vous envisagez de vous fiancer, avança directement Pollux.
— C'est exact, reconnut-elle en répondant brièvement au sourire d'Orion. Nous nourrissons une grande amitié l'un pour l'autre, et une grande tendresse depuis un certain temps. Il nous a semblé plus convenable de vous parler de ce projet dès à présent.
— Une grande tendresse depuis un certain temps ? répéta simplement Mr Sirius Black entre ses dents.
— Ce sont des détails privés, Grand-père », intervint Orion.
Il leva sa main pour la poser sur celles que Walburga gardait posées l'une sur l'autre sur ses genoux. Ils se retournèrent un nouveau sourire serein et fier.
J'ignore s'ils s'aimaient ou aimaient le Sang-Pur de l'autre. J'ignore s'ils souhaitaient se marier parce que l'autre leur semblait digne d'eux ou si l'autre était la seule possibilité pour eux, eux qui méprisaient autant l'un que l'autre toute personne qui ne venait pas des Black. Je crois que c'est un peu des deux. Ils étaient aussi racistes, aussi obnubilés par l'honneur des Black et aussi intransigeants et autoritaires l'un que l'autre : ils s'étaient reconnus l'un dans l'autre.
« Vous êtes sûre de vous, Walburga ? insista Pollux avec émotion.
— Tout à fait, Père, répondit Walburga Black avec assurance.
— Orion est trop jeune, explosa Arcturus. Orion a seulement seize ans. Orion… »
Je crois qu'Arcturus, avant même que Melania n'émette cette idée, pensa que Pollux et Walburga avaient tout fait pour manipuler son fils et s'emparer de la tête de la Maison des Black. Je crois même qu'il fit boire à son fils un antidote à un philtre d'amour pour s'assurer qu'Orion avait toute sa tête.
« Il suffit, trancha Mr Sirius Black. Vous n'êtes même pas majeur, Orion, vous n'avez pas à penser à cela. Sans compter que Walburga est votre cousine, au second degré certes, mais votre cousine tout de même. Et ne me parlez pas d'amour.
— Grand-père ! protesta Orion pendant qu'Arcturus soupirait de soulagement.
— Moi vivant, je ne laisserai jamais ce mariage se faire, je vous préviens, Orion. »
Alors Orion repoussa toute autre proposition : pendant six ans il attendit sagement la mort de son grand-père pour épouser sa reine noire, Walburga déjà Black.
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Je vais essayer de mettre en ligne la suite ce week-end (j'ai assez abusé de votre patience), et ainsi, pouvoir publier Nec Spe Nec Metu (la fanfic sur Aristote) avant 2024, et même dès septembre si possible !
Bonne nuit !
