Chapitre 28 : Dégradation
Ville de Selphia, 2ème jour de l'Automne…
Arthur regarda Illuminata avec étonnement. Il s'avança vers elle et prit les vieilles lunettes qu'elle examinait. Ses doigts tremblaient lorsqu'il retira ses propres lunettes pour chausser la paire de sa mère.
_ Tu… tu as raison… elles… Pourquoi ? Pourquoi les lunettes de ma mère n'ont-elles pas de correction ?
_ Les cours royales sont toutes les mêmes, qu'importe le peuple… intrigues et complots, jeux de pouvoir, de séduction et de haine, manipulations… Oui, c'est vraiment partout pareil, c'est bien pour ça que je suis partie…
Illuminata esquissa un sourire étrange et secoua doucement la tête pour le chasser.
_ Arthur, vous m'avez dit que votre mère prétendait avoir une vision déplorable, et que si elle retirait ses verres en ta présence, c'était pour ne pas te voir… Je crois que c'est faux. Elle y voyait parfaitement, ces lunettes le prouve, mais je suppose qu'en étant simplement la maitresse du roi, elle ne pouvait se permettre d'agir comme elle le voulait. Et vous, vous étiez en danger. Vous êtes le seul enfant du roi, mais également un bâtard, vous n'avez de légitimité que par la volonté du roi. En s'approchant de vous, votre mère rappelait aux intrigues de la cour que vous avez été conçu hors du lit marital.
_ Mais pourquoi prétendre que…
_ Qu'elle n'y voyait rien ? Mais Arthur, c'était justement pour vous voir !
Et Arthur comprit. En prétendant ne pas pouvoir voir sans ses lunettes, elle pouvait le regarder en ôtant ses verres sans que personne ne trouve rien à suspecter. Et alors que les rumeurs les plus affreuses ayant courus sur son compte les derniers jours ne l'avaient que blessé, la révélation qu'il venait d'avoir lui brisa le cœur. De grosses larmes se mirent à rouler le long de ses joues, comme celles d'un enfant retenu pendant des années. Il enfouit son visage entre ses mains sans pouvoir se retenir, pleurant à gros sanglots.
Il revoyait le jour où sa mère avait quitté le palais royal, le regardant sans ses lunettes de longs instants avant de lui tourner le dos et de partir sans se retourner. Il ne l'avait jamais revue depuis ce jour-là, et ne la reverrait jamais. Sa mère n'était plus de ce monde.
_ Arthur…
Le jeune homme sentit les bras d'Illuminata s'enrouler doucement autour de ses épaules. Il pleura plus fort encore, se raccrochant à l'elfe d'une étreinte désespérée.
_oOo_
La rumeur au sujet d'Arthur finit par se tasser, comme le font toutes les rumeurs avec le temps. Selphia oublia bientôt qu'elle hébergeait un prince bâtard de toute façon reconnu par son père, se concentrant sur les derniers ragots agitant ses rues. Il y en avait pour tous les gouts, chacun trouvait son compte entre l'effrayant mystère d'une boite parlante que personne n'entendait et la romantique histoire d'amour que d'aucun prêtait au couple à la beauté inégalée : Meryem et Soraya.
La vie s'écoulait tranquillement, belle autant qu'elle peut l'être, et même un incident mineur impliquant Doug et un visiteur ne parvint à la ternir. Ce n'était trois fois rien après tout, une banale petite bousculade au croisement de deux rues, rien qu'un emportement insignifiant de la part du nain dont le caractère parfois sanguin n'était un mystère pour personne. Alors qui irait prêter attention à ce simple fait indigne même d'être raconté dans les tavernes ?
_oOo_
15ème jour de l'Automne…
La ville était plongée dans ce silence si particulier propre à la nuit. Doug se glissait pourtant entre les ombres, plus discret que les chats errants. Il détestait le tournant que prenait la situation, la naïveté ambiante, écœurante d'inconscience. Pourquoi était-il le seul à se révolter ? Pourquoi même Arnaud restait-il de marbre ? Ce jour-là avait vu l'organisation d'un tournoi de pêche, remporté haut la main par Dylas, et l'affluence en ville avait atteint des sommets. Arnaud les avait tous laissé entrer… et personne ne se rendait compte que bien peu étaient repartis.
Mais Doug le savait, et s'en détestait.
_ Tu me cherches, on dirait…
Le jeune nain sursauta et se retourna vivement. Bien sûr qu'il cherchait, alors quelle bêtise de se laisser surprendre ! Son visage refléta tout son dégout vis-à-vis de la silhouette encapuchonnée.
_ Va crever.
_ Allons, allons, quelle vilaine langue impertinente… je devrais peut-être lui apprendre à bien se tenir.
Doug grinça des dents avec mépris, ce qui n'eut d'autre résultat que de faire rire la silhouette, secouant son capuchon.
_ Tu me dégoutes… Et je me dégoute. Je ne marche plus, débrouillez-vous sans moi.
Le jeune nain se retrouva soudainement plaqué contre le mur avec une violence qui lui coupa le souffle, retenu par une force invisible. Ça lui faisait mal, affreusement mal, comme si ses côtes compressées se brisaient à l'intérieur de son corps.
_ Tu n'as plus le choix, morveux. Tu es venu ramper à mes pieds pour obtenir ta vengeance, tu l'aurais laissé te baiser si je te l'avais demandé en échange de mon aide, putain que tu es. Tu es ma chose, tu vas m'obéir et continuer ton travail.
_ Et tu me feras quoi si je refuse ? Tues-moi, ça m'est égal ! Je ne ferais plus de mal à Selphia et à ses habitants ! JE REFUSE !
_ Pauvre petite chose, tu n'as pas idée de ce que je leur prépare…
Doug regarda le capuchon tomber et la lune jeter sur la silhouette son éclat d'argent. Sous la lune, tous les Hommes étaient beaux, alors pourquoi fallait-il que cette beauté cache un monstre à l'intérieur ?
_ Tu connais l'histoire de la grenouille jetée dans l'eau bouillante ? Elle en est ressortie d'un bond. Mais place une grenouille dans de l'eau froide et réchauffes-la progressivement, et la grenouille mourra ébouillantée. C'est un simple phénomène physique d'accoutumance. Les habitants de Selphia sont comme les grenouilles. Entrer d'un seul coup en ville les aurait braqués, mais venir au goutte-à-goutte, l'air de rien, et nous voilà présents jusqu'au cœur du bordel de la ville ! Cela dit, c'est bien là qu'on s'est installé en premier, avec l'épicerie… deux endroits capitaux pour récupérer des informations. C'est terribles ce qu'une femme habile de ses mains est capable de soutirer comme informations à un soldat en mal d'amour ; c'est incroyable ce qu'un simple nain s'occupant d'une vieille dame peut engranger comme connaissance en bavardant avec des clients venus faire leurs emplettes.
_ Espèce de…
_ Tu es mouillé jusqu'au cou dans cette affaire, Doug. Ils ne te pardonneront jamais, même si tu leur avouais que tu n'es qu'un misérable traitre. Pour ta survie, je te suggère donc de coopérer.
_ Non !
La douleur augmenta avec une telle violence que le jeune nain eut l'impression de sentir tout son corps se rompre.
_ Je ne voulais pas en arriver là, tu sais, exercer sur toi un chantage aussi médiocre est indigne de moi… Mais tu sais Doug, la cause de mon maitre et Empereur est plus importante que toi. Continues de coopérer, chien que tu es, ou je te jure que je réglerais personnellement son compte à la vieille que tu appelles grand-mère… aurais-tu d'ailleurs oublié celle que Ventuswill a tuée ?
La pression invisible se relâcha et Doug retomba au sol comme un pantin désarticulé, vomissant une bile âcre et toussant en même temps, cherchant désespérément de l'air entre les deux. La silhouette encapuchonnée émit un rire doux comme de la soie, dangereux comme du poison, et s'éloigna sans un bruit, laissant le jeune nain dans la rue déserte, sous une lune éclatante, si belle, se moquant de la misère humaine qu'elle couvrait de son éclat d'argent.
_oOo_
L'Automne s'acheva comme le vent emporte les feuilles mortes : rapidement, sans que personne ne s'en rende compte. Un jour les arbres étaient des palettes de rouges et d'ors, et le lendemain il ne restait que des troncs noirs aux branches nues et décharnées. La neige tomba drue dès le premier jour cette année-là, apportant avec elle une froidure telle que Selphia se retrouva calfeutrée.
Les portes de la ville elles-mêmes restèrent closes, emprisonnée dans une gangue de gel que ni Arnaud ni ses collègues n'eurent le courage de briser. Pour quoi faire de toute façon, le gel se réinstallerait dès le lendemain !
Les aéronefs restèrent également à quai, si bien qu'avant le 10 du mois, toute la ville se retrouva coupée du monde. Dans un livre, la situation n'aurait pas été dramatique, il aurait été dit que les habitants avaient prévu les rigueurs de l'Hiver, avaient fait des provisions, s'entraidaient en nourrissant les plus démuni… mais ce n'était pas le cas, Selphia était réelle, ses habitants des êtres humains, et personne n'avait rien prévu.
Frey et Lest prirent leurs rôles de prince et princesse à bras-le-corps et ouvrirent toutes grandes les portes du château. Grâce au sens inné du commerce et du calcul d'Arthur, un rationnement particulièrement efficace fut mis en place. Forte et la Garde des Vents patrouillèrent dans toute la ville pour guetter les voleur et les tire-laines qui pullulaient. Il aurait fallut être naïf pour s'imaginer que la plupart des gens ne penseraient pas qu'à eux, c'était ainsi que fonctionner la vie depuis le commencement des temps, et elle fonctionnerait ainsi aussi longtemps qu'elle serait la vie. Les geôles n'avaient jamais été aussi pleine, et les fossoyeurs n'avaient jamais eut autant de travail. Creuser des tombe dans la terre gelée était un travail arasant, mais les familles semblaient considérer que brûler leurs morts étaient une hérésie et qu'il fallait coute que coute les ensevelir, même si deux fossoyeurs en périrent sous la difficulté de la tâche. Quant à conserver les cadavres jusqu'au printemps ? Le froid le permettrait sans qu'il y ait la moindre crainte d'épidémie mais, oh quelle infamie ! C'était à croire que les habitants se souciaient plus des morts que des vivants. C'était sans doute le cas.
L'Hiver fut donc d'une rigueur extrême, et sa durée anormale. Lorsque la raison de ce climat était posée à Ventuswill, elle gardait le silence, murmurant les noms des autres Dragons Divins comme si eux pouvaient avoir la réponse.
_oOo_
25ème jour de l'Hiver…
Les festivités de Noël avaient bien entendue étaient annulée en raison de la neige ne discontinuant pas. Qui avait-il à fêter ? Le cimetière était plein, et les ventres étaient vides.
Frey avala un bouillon si clair qu'on aurait dit de l'eau, assise au comptoir du restaurant de Porcoline. Les lieux étaient vides de clients, il n'y avait pour ainsi dire plus rien à manger. Lest était assis à côté d'elle, le nez presque collé à la page de son livre écrit dans une écriture en patte de mouche presque illisible.
_ Il doit bien y avoir une raison… les flux sont tellement perturbés… ce n'est pas… naturel.
_ Quoi donc ?
_ Cet Hiver qui n'en finit pas, et qui est aussi meurtrier. Nous avons déjà eut des Hivers rigoureux, mais à ce point ? Pas de mémoire d'archives en tout cas, je n'en ai pas trouvé la moindre trace. Nous vivons une situation inédite, et brutale. Personne n'a rien vu venir, l'Automne a été particulièrement doux, cet Hiver n'est pas… naturel.
_ A quoi tu penses, grand frère ?
_ A de la magie. Des sortilèges qui modifient la météo, ça existe, mais aucun qui puisse durer aussi longtemps, et qui soit aussi dévastateur.
Dylas, de l'autre côté du comptoir, croqua dans une carotte racornie que lui avait trouvé Porcoline, observant le frère et la sœur.
_ Sans vouloir vous vexer, les Terramis sont capables de grands actes magiques, ils l'ont largement prouvé par le passé en enfermant Léon ou en me transformant en monstre. Changer un être en un autre, ça non plus ça n'est pas naturel.
_ Les Terramis… effectivement, je n'y avais pas pensé… Ils ont put mettre au point un tel maléfice, et quelqu'un a probablement dû le lancer sur Selphia. Mais qui ? Et pourquoi ?
Frey tapota sa joue d'un doigt songeur, regardant le mur face à elle sans y prêter une réelle attention.
_ Si on trouve qui, on comprendra pourquoi…Si on comprend pourquoi, on trouvera qui. Les deux questions sont liées.
_ Tu crois que ça peut être en lien avec les Gardiens libérés ?
_ Non. C'est autre chose… Lest, tu as remarqué le nombre d'étrangers à Selphia ?
_ Pas vraiment, nous avons toujours été une terre de passage.
_ De passage, oui, pas de stationnement. Mais avec cet Hiver, c'est flagrant. Nous avons plus de bouches à nourrir que jamais, et beaucoup, beaucoup d'étrangers. Je n'ai rien contre eux, mais je trouve ça bizarre. Pile quand nous connaissons un pic de population, nous sommes frappés d'un Hiver sans précédent qui décime les habitants comme une faux les épis de blés à la fin de l'Eté.
Lest fronça les sourcils.
_ Augmenter le nombre d'habitants semble être une force, mais dans notre cas, c'est ce qui cause notre perte. Est-ce que ce serait le but recherché ? Quelqu'un serait assez fou pour envoyer ses propres hommes à l'abattoir pour affaiblir une ville ?
_ Pas n'importe quelle ville, Lest. Selphia. Habitat d'un Dragon Divin, ville-forteresse protégeant par sa simple présence tout le royaume de Norad. Nous sommes le point d'accès, la sentinelle. Si Selphia tombe, tout Norad tombe, et il est tellement plus simple de s'attaquer à une seule ville qu'à un pays tout entier.
_ Sechs serait derrière la manœuvre ? Et ils ont des mages extrêmement puissants, qui seraient capables de lancer un sortilège comme celui de l'hiver, et de se relayer pour le faire tenir dans la durée. Oui, si on regarde les choses ainsi, tout se tient. L'Empereur de Sechs ne souhaite que la chute de Norad depuis des décennies. Il aurait très bien put planifier un plan aussi tordu, et qui sait depuis combien de temps il le prépare…
_ Et ça expliquerait les mensonges d'Arnaud. Il est de Sechs, après tout.
_ Arnaud ? De Sechs ?
_ Il n'est pas typé comme un habitant de Norad, ou des pays plus orientaux. Il a les traits d'un Sechs, froids, taillés pour la dureté de la vie là-bas comme les habitants du désert sont noirs pour supporter l'ardeur du soleil.
_ Bon sang…
Lest soupira. Il se prit la tête entre les mains, les tempes soudainement douloureuses.
_ On peut aussi se tromper totalement et cet Hiver n'être qu'une conjoncture de mauvais temps, de tempêtes s'abattant l'une après l'autre sur nous. Après tout, si nous n'avons jamais eut d'Hivers aussi long, nous avons déjà eut des Etés caniculaires tout aussi meurtriers. Et là, il fallait se dépêcher d'ensevelir avant que leur putréfaction n'amène sont lot de maladies, et donc de morts supplémentaires.
_ C'est possible…
_oOo_
Et c'était tout à fait possible en effet. Quelques jours à peine après ces interrogations, l'Hiver cessa. Ce ne fut pas un transissions graduelle, mais un choc brutal, le retour du soleil printanier fit fondre les énormes quantités de neige au point de transformer les rues en torrents boueux et malodorant. Les premiers aéronefs à revenir apportèrent avec eux des cales chargées de nourritures, faisant oublier les catastrophes provoquées par la neige et sa fonte. Les habitants purent enfin manger à leur faim, maudissant malgré tout les marchands ambulants ayant triplés leurs prix pour cette ville en manque de tout.
L'espoir revint progressivement, alors que les soldats nettoyaient les rues, rendait sa beauté à Selphia. Les habitants décidèrent d'un commun accord de ne plus reparler de cet Hiver affreux, d'oublier que les voisins s'étaient changés en ennemis mortels pour un simple morceau de pain rassit, qu'un enfant avait vu son père revenir avec un sac de viande dont il refuserait à jamais de donner l'origine, qu'une fille avait enterré toute sa famille avant de mourir à son tour, d'un ami en avait retrouvé un autre débité comme un vulgaire porc sur l'étal d'un boucher, que les gens les plus doux s'étaient changés en voleurs et que pour un simple fagot de bois de chauffage, le sang avait éclaboussé la neige à de trop nombreuses reprises . Ils laissèrent l'horreur de leurs souvenirs, faisant comme si rien ne s'était passé.
Et rien ne s'était passé, après tout ! Il fallait s'en convaincre, et si les archives gardent une trace de cet Hiver tragique, c'est uniquement grâce à la volonté de Lest de ne rien oublier, de tirer des leçons et de les offrir à l'avenir.
_oOo_
20ème jour du Printemps…
Les jumeaux mages Oural et Mistral observèrent le ciel bleu et calme depuis la fenêtre de leur chambre, avant de convenir que la journée serait belle. Les semis avaient commencés quelques jours plus tôt, une fois les sols nettoyés et la neige fondue absorbée par la terre. Ils y avaient grandement contribuant, elle faisant souffler un vent chaud réchauffant l'atmosphère et lui retournant la terre en profondeur pour la rééquilibrer.
Mais comme pour le prince de Selphia, ils avaient trouvés cet Hiver si brutal et si long particulièrement étrange. Eux aussi avaient senti la perturbation dans les flux du monde.
Oural entoura sa sœur de ses bras, posant sa joue contre ses cheveux blonds si semblables aux siens. Si cet Hiver avait eut un seul avantage, s'était bien de leur avoir permit de rester dans leur lit autant qu'ils le voulaient sans que personne ne se pose de questions. Ils regrettaient presque que ça soit terminé.
Mais ce qu'ils ne regrettaient pas, c'était de retrouver la douceur des rayons de soleil sur leurs visages, l'air parfumé de la brise, la beauté de leur ville… Comme tout ça leur avait manqué !
_ Oural, ta main n'est-elle pas un peu trop bas ?
_ Moi je la trouve très bien où elle est.
_ Oui, mais si tu la laisses là, on ne partira pas d'ici et on arrivera en retard pour aider aux plantations de la journée !
_ Ah oui, c'est vrai qu'il y a ça… Une nouvelle journée de neige ne me dérangerait pas…
Mistral se mit à rire joyeusement. Elle se détourna de la fenêtre et embrassa Oural comme aucune sœur n'embrassait son frère. Elle se recula à regret et se dirigea vers le lit pour y récupérer ses vêtements jetés en désordre dessus.
_ Habille-toi, la journée sera longue !
_ Ma sœur chérie, tu es vraiment tyrannique…
_ Merci !
