Eddie retira sa veste.
Ils venaient de rentrer à la caserne et il était épuisé. Ils avaient bataillé dur pendant une partie de la nuit mais le vent était tombé d'un coup et c'était comme s'ils avaient eu un coup de pouce de l'univers. L'incendie avaient été maitrisé rapidement et tous les habitants évacués avaient pu regagner leurs maisons.
– Pas mécontent de rentrer, lâcha Chimney.
– Je suis épuisé, admit Eddie. Je crois que je vais m'écrouler à peine rentrer.
– Christopher va mieux ? demanda Hen.
Eddie avait expliqué à son arrivée que Christopher avait été malade toute la soirée ce qui expliquait qu'il regardait souvent son téléphone. Il avait eu ce sentiment de malaise une bonne partie de la soirée mais celui-ci s'était éclipsé avec tout le travail qu'ils avaient.
– Je sais qu'il a vomis deux fois mais je n'ai plus de nouvelles de Buck. Je suppose qu'il s'est endormi.
– S'il dort, c'est que Christopher aussi.
– Et que je vais pouvoir en faire autant, rit-il.
– Bonne nouvelle, lâcha Bobby en les rejoignant. Nous ne reprenons notre service que dans deux jours. Merci à tous d'être venu en renfort pendant votre congé.
– De rien, Cap, lâcha Eddie en baillant.
L'alarme retentit soudain et tous se figèrent en voyant les membres de l'équipe B se précipiter vers les camions. Ce n'était plus de leur ressort, ils repassaient la main aux autres membres de la caserne.
« 118, lâcha la voix dans l'interphone. Incendie au 4995 South Bedford Street."
Eddie se figea ainsi que toute l'équipe.
Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas avoir entendu ces mots. C'était son adresse que répartiteur venait de mentionner. C'était là que se trouvaient Buck et Christopher. Il releva les yeux sur les membres de son équipe.
Déjà, Bobby arrêtait le camion et Eddie le rejoignit.
– C'est chez moi, souffla-t-il.
– Je sais. Monte !
Ils grimpèrent tous dans le camion alors que Bobby informait le capitaine de l'autre équipe de la situation. Hen demanda au répartiteur s'il y avait des victimes mais celui-ci l'informa que personne ne semblait être sorti de la maison et Eddie sentit les sueurs froides l'envahir.
Il sortit son téléphone et déclencha l'alarme de la maison.
Il l'avait faite installer pour rassurer Buck, quand il avait commencé à le fréquenter, en prévision des nuits qu'il allait passer chez lui. Avec un peu de chance, ça le réveillerait et il sortirait de la maison avec son fils.
Quand ils arriveraient sur place, ils les attendraient sur la pelouse, en sécurité.
La route jusqu'à chez lui, lui parut interminable. Pourtant, ils arrivèrent en moins de huit minutes. Les flammes rougeoyantes détruisaient tout sur leur passage. Sa maison était en train de partir en fumée.
Il sauta du camion et regarda autour de lui.
L'alarme hurlait encore mais Buck et Christopher étaient introuvables. Une seule conclusion s'imposait : ils étaient encore à l'intérieur.
Il s'élança mais fut maintenu par Bobby qui le ceintura.
– Non ! hurla-t-il. Christopher ! Buck ! Christopher !
– Reste là Eddie ! ordonna Bobby.
– Ils sont à l'intérieur, ils sont... Lâche-moi ! Je dois les sortir de là !
– Je t'interdis d'entrer là-dedans.
Eddie suffoqua.
Il ne pouvait pas rester ici sans rien faire pour les sauver. Il ne pouvait pas les perdre. C'était inconcevable. Il ne pouvait vivre sans eux. Les larmes roulèrent sur ses joues alors que le feu continuait de dévorer sa maison et tout ce qui se trouvait à l'intérieur.
– Je dois..., commença-t-il.
– Tu dois rester ici. Hen, Chim et moi on entre et on les sort de là.
Eddie vit que ses collègues s'étaient déjà équipés et étaient prêt à intervenir. Il avait l'impression d'être dans un état second. Comme si son esprit avait été expulsé de son corps.
– On va te les ramener Eddie mais tu dois rester ici, tu n'es pas en état d'intervenir.
Il finit par acquiescer. Bobby avait raison, s'il rentrait là-dedans, il n'en sortirait sans doute pas avant de les avoir trouver. Il n'en sortirait peut-être même pas du tout.
L'alarme se tue tout à coup, signe que le feu avait endommagé son installation.
Eddie alluma sa radio pour entendre les retours de ses collègues. Il avait besoin de savoir, de suivre ce qui se passait.
Il sursauta lorsqu'il sentit la main de Karen dans la sienne.
Il ne comprenait pas ce qu'elle faisait ici, qui l'avait appelé mais il serra sa main, le remerciant silencieusement de sa présence et de son soutien.
La peur s'était emparée de lui et creusait son estomac au fur et à mesure qu'il entendait les RAS de ses collègues. Le temps s'écoulait, interminable, alors que les flammes ravageaient tout. Tout lui paraissait des heures mais la partie rationnelle de son cerveau savait qu'il ne s'agissait tout en plus que de quelques minutes.
Maddie se pendit soudain à son bras, le visage inondé de larmes et Eddie aperçu également Athena, le regard empli d'effroi.
« J'ai quelque chose ! » lâcha soudain la voix de Hen.
Eddie se redressa.
Il avait du mal à entendre ce qu'elle disait d'autre. Tout était brouillé par des ordres qui fusaient de toute part sur la radio. Des ordres d'évacuation immédiate car sa maison était sur le point de s'effondrer.
Il fut maintenu sur place par Karen et Athena lorsqu'il vit ses collègues immerger des flammes et se présenter à eux. Il sursauta lorsque la maison s'effondra. Hen tenait Daisy couinant de douleur entre ses bras mais il n'y avait aucune trace de Buck ou de Christopher.
Eddie sentit le sol se dérober sous ses pieds.
– Non, souffla-t-il.
– Ils n'étaient pas là, Eddie, tenta de le rassurer Bobby.
– Non...
– On a fouillé chaque recoin de la maison, ils ne sont pas là.
– Alors où sont-ils ? demanda Karen.
– Christopher était malade, leur rappela Chimney. Son état s'est peut-être aggravé.
– Chim, le prévint Karen.
– Je veux dire que Buck l'a peut-être emmené à l'hôpital.
– Il aurait prévenu, Eddie.
– Il n'a peut-être plus de batterie.
Eddie regarda une fois de plus son téléphone.
Ses derniers messages avaient bien été reçus mais pas lus. Il releva les yeux sur Hen qui palpait les côtes de Daisy, qui de nouveau couina de douleur.
– Ça a l'air cassé, lâcha-t-elle. Comme si elle avait été frappé.
Eddie se redressa et ausculta à son tour la petite chienne, qui pleura en le regardant d'un air suppliant. Jamais, Buck n'aurait fait de mal à cet animal et il ne l'aurait pas non plus laissé dans cet état. Il s'était forcément passé quelque chose.
Quelque chose d'horrible.
Il leva les yeux sur son capitaine et son épouse qui parlaient à voix basse, un peu plus loin, et il alla les rejoindre, déterminé à comprendre ce qui se passait.
– Un avis de recherche est déjà émis, Bobby. Je ne peux rien faire d'autre. Son téléphone est toujours dans la maison.
– Il va leur faire du mal, si ce n'est déjà fait. On doit les retrouver le plus vite possible.
– C'est lui, n'est-ce pas ? s'enquit-il. Il les a enlevés ?
Athena se tourna vers lui et Eddie lu la pitié dans son regard.
– Eddie..., commença Bobby.
– Daisy a des côtes cassées. Elle a été frappée avec suffisamment de force, sans doute un coup de pied. Buck ne l'aurait pas permis. Il n'y a que LUI pour faire ça.
– Les parents de Buck et de Maddie ont été retrouvé mort dans leur maison, un incendie, l'informa Athena.
– Pas une coïncidence, déglutit Eddie.
– Non, et pas un accident non plus. Ils avaient tous les deux une balle dans la tête. L'arme responsable est enregistrée au nom de Doug Kendall. Je me suis entretenue avec son capitaine, et Doug a lentement perdu les pédales depuis que Buck l'a quitté. Il pense que l'annonce de sa mort en a été le catalyseur.
– Pourtant, il a continué de le chercher.
– Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas encore toutes les réponses mais je vais trouver. Je te le promets Eddie, je vais les retrouver tous les deux. Toute la ville est déjà bouclée et leurs photos sont diffusées sur tous les canaux de secours. D'ici quelques minutes, elles seront diffusées à toute la ville. Il ne pourra pas faire un pas sans être reconnu.
– Alors, tu n'as aucune piste, comprit Eddie. Tu ignores où il les a emmenés.
– Son portable était notre meilleure piste mais il est au milieu des flammes et Kendall a laissé le sien chez lui à Boston.
Eddie se redressa soudain.
Tout n'était pas perdu. Il restait un minuscule espoir et il sortit fébrilement son téléphone de sa poche.
– Je... Je peux le trouver, trembla-t-il.
– Eddie ? s'inquiéta Bobby.
– L'année dernière quand j'ai perdu Chris au centre commercial, je... Je lui ai offert un porte-clé superman qui est équipé d'un traceur. C'était pour me rassurer.
– Tu penses qu'il l'a avec lui ?
– Il l'a offert à Buck aujourd'hui. Il l'a accroché au passant de son jean, affirma-t-il en allumant l'application en lien avec le porte-clé.
– Pourvu qu'il l'ait gardé avec lui, souffla Bobby.
Eddie vit la fenêtre de recherche s'ouvrir. Puis, le porte-clé fut localisé et Eddie se figea de surprise.
– Eddie ?
– Il..., commença-t-il. Buck, il est chez lui.
