Faltering
D'un mouvement de main fluide, Mashiro laissa son masque de Hollow se désintégrer. Parfois, Kensei lui enviait cette facilité avec laquelle elle maîtrisait cette métamorphose. Quand il s'en était ouvert à elle, un jour, alors qu'ils étaient toujours à se planquer dans le monde réel, elle lui avait offert un sourire enfantin.
« C'est parce que je suis la moins humaine d'entre nous », avait-elle répondu. Aujourd'hui encore, ces paroles venaient parfois le hanter; elles présentaient un fond de vérité dérangeante, le genre de faits qu'on n'avait pas envie de regarder en face et qui, pourtant, attiraient irrémédiablement le regard.
— T'as vu comment je l'ai dé-go-mmé ce Menos ?
Elle illustra son propos d'un coup de pied fouetté qu'il dut esquiver d'un pas en arrière.
— Ouais, bon boulot, Mashiro.
Elle gloussa.
Il leva les yeux au ciel.
C'était une mécanique si ordinaire, si rodée entre eux qu'il ne s'en rendait même plus compte.
— C'est cool, quand même, de pouvoir combattre de temps en temps. C'est difficile de les convaincre de t'envoyer depuis que t'es redevenu Capitaine.
Kensei haussa les épaules.
Le geste pouvait paraître indifférent, mais il était pourtant en parfait accord avec la remarque de la Shinigami aux cheveux verts. Il ne se sentait vraiment libre que lors de ces escapades ou des combats. Avant, les Vizards ne se séparaient que très peu, pour des raisons évidentes de sécurité. Passer un siècle dans le monde des humains avec cette bande de fêlés n'avait pas été de tout repos. Et à présent, à la Soul Society, c'était le poids des responsabilités qui l'étouffait parfois.
Si Mashiro l'exprimait avec l'insouciance qui la caractérisait, ces paroles sonnaient terriblement vrai dans le couloir du Senkaimon.
— Dis, Kensei ?
Elle s'arrêta soudain, son paillon des enfers voletant autour d'elle.
— Quoi ?
Elle plongea son regard dans le sien, se mordit la lèvre, hésitante, avant de se jeter enfin à l'eau :
— Ça t'embête que je t'accompagne lors de ces sorties ?
Il cligna des yeux plusieurs fois, pas certain de comprendre où elle voulait en venir.
— C'est un peu la seule occasion de te voir, maintenant que Shūhei est ton vice-capitaine…
Elle semblait habitée par une nervosité qui ne lui ressemblait pas. Kensei se frotta l'arrière de la nuque :
— Mashiro, si tu veux revenir dans la neuvième division, tu sais qu'il y aura toujours une place pour toi…
Elle cligna des yeux, puis repris son comportement immature habituel, forçant le ton :
— J'espère bien, je suis une SUPER vice-capitaine, okay ?
Et d'une bourrade d'épaule, elle prit congé, déclarant qu'elle allait s'organiser une petite soirée avec Hiyori et Lisa dans le monde des humains.
Kensei resta un moment les bras ballants, perplexe, étonné qu'elle fît demi-tour alors que d'ordinaire, elle se serait empressée de le raccompagner pour asticoter Hisagi.
