Salut les gens ! Je suis tellement, tellement désolée pour ce rythme de publication exécrable ! Mais bon, voici quand même l'avant dernier chapitre (j'espère publier le dernier chapitre dans 2 semaines) de la fiction. Merci à ceux et celles qui suivent encore !
- Caleb ?
Il lève les yeux, et voit apparaître entre les volutes de fumée de sa cigarette une évocation angélique, encore une, qui s'approche et lui tend un petit gobelet en carton beige, avec une marque gondolée inscrite dessus.
- J'espère que c'est de la vodka.
- En fait, c'est juste un café. Vous devrez faire avec, j'ai rien d'autre.
- Je vais m'en contenter alors.
- Je savais pas ce que vous aimiez, et Aitor a dit que de toute façon, vous aimiez pas le café.
Caleb sourit. Même s'ils organisent des rendez-vous en semaine, Aitor commence à lui manquer, avec sa franchise et son étrange humeur d'enfant boudeur. Avec ça, avec tout ça, Caleb a complètement déserté la maison. « Pas définitivement ! » a-t-il affirmé. Mais pour l'instant, il n'a pas vraiment le choix ni l'énergie de retourner chaque soir en banlieue, ni le courage de quitter les quartiers bourgeois qui se couvrent de larmes en pleine nuit. Et comme Aitor n'a jamais vécu seul, il a décidé lui aussi de migrer à la Capitale, dans la chambre d'ami de Ricardo, se rapprochant ainsi de son travail et des apprentis qui organisent une résistance juvénile autour de la nouvelle morale que devra adopter leur ville.
- Tu ne travailles pas, aujourd'hui ?
- J'ai pris ma journée. On me remplace aussi pour le concert de ce soir.
- Je vois. Tu penses que…
- En fait Caleb, je pense pas. Je prévois, c'est tout. Parce que j'ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans ce tribunal.
Caleb aimerait le rassurer en le prenant dans ses bras, lui promettre que c'est pour son bien. Il ne le fait pas. Tout d'abord parce que ce n'est plus un enfant. Ensuite parce qu'il sait ce qui l'attire chez ce jeune musicien brun, ce qui le conduit à vouloir le consoler. Il y a une éternité, Jude lui a confié avoir eu peur de prendre Ricardo sous son aile, avoir eu peur de reproduire un schéma de violence exercé par Dark. Parce que Ricardo lui ressemblait, parce que Ricardo lui ressemble un peu plus chaque jour, comme un reflet déformé d'un jeune homme bien réel. Et c'est Jude, le reflet. Aitor n'est pas d'accord avec cette vision. Il ne voit pas la ressemblance avec Jude. Caleb l'entrevoit, par instant, dans ces moments de mélancolie, ou d'autres moments de mise en lumière. Deux petits génies adulés du public qui s'égarent dans leurs émotions jusqu'à l'explosion.
- Tu sais pourquoi il t'écarte ?
- Oui. Parce qu'il a honte.
- Mets-toi à sa place, Ricardo. Tu es sans doute la dernière personne qui l'admire entièrement. Il a peur de perdre cette lumière dans tes yeux quand tu le regardes.
- Jude est le meilleur mentor de toute l'Iléveune, Mark compris, et ça malgré son mentor à lui. Comment peut-il penser qu'il perdra mon admiration ?! Si vous saviez ce qu'on me demande sur lui, sur ce qu'il a fait pour en arriver où il en est… Si vous saviez ce qu'on me demande sur ce que, moi, j'ai fait pour en arriver où j'en suis…
Aucune réponse ne vient. Caleb ne sait pas quoi dire, ne sait même pas réagir. Rire ou hurler, les deux réactions lui semblent à des années lumières de ce qu'il ressent. Il prend une gorgée de café froid, et il n'aime pas l'amertume. Mais il préfère boire, parce qu'il ne sait pas quoi dire à Ricardo. Finalement, le jeune musicien vient le rejoindre et s'asseoir à ses côtés sur le banc.
- Et vous ? Pourquoi il vous écarte ?
Caleb sourit. Ricardo est un peu à côté, comme toujours. Alors qu'Aitor mettait en garde son mentor sur la relation qu'il peinait à construire avec Jude, Ricardo ne s'y est jamais intéressé. Jamais il n'a averti Jude sur les violences de Caleb, sur son besoin de choquer et de salir, sur sa soif de pouvoir. Il n'a jamais considéré Caleb trop bien pour lui, ni même pas assez bien. Il a simplement toujours jugé qu'il devait rester en dehors. Alors bien sûr et malgré toutes ces années passées au côté de l'imminent romancier, Ricardo est largué lorsqu'il s'agit de comprendre les réactions amoureuses de Jude.
- Il m'écarte pas. C'est moi qui veut pas poser de problème. Le dernier discours de Dark m'a un peu fait sortir de mes gonds. J'ai pas envie que ça se reproduise, qu'il se trouve mal à cause de moi. Jude, je veux dire.
- J'ai compris. Et pour le verdict, vous y retournez ?
- Oui. Je veux être là quand cet enfoiré apprendra qu'il passera toutes ses prochaines nuits derrière les barreaux ! Et pour Jude, quand il comprendra qu'il a eu raison de se battre.
- Vous voulez pas me faire entrer ? J'aimerais bien y être aussi.
- Pour Jude, ou pour Dark ?
- Les deux, en fait.
- Jude va me tuer…
- Je prendrai mes responsabilités.
Salle d'audience
Une heure et quelques regards noirs plus tard
Avant d'entrer dans la salle, Caleb a été pris à part par Schiller qui lui a fait la leçon pendant cinq minutes sur son comportement, le prévenant qu'elle n'acceptera aucun écart de conduite. Il a été forcé de promettre, les yeux fixés sur le carrelage, comme un enfant que l'on gronde lorsqu'il s'est mal conduit. Caleb a détesté ça. D'autant plus que Ricardo a été témoin de la scène, ce qui signifie que cette histoire remontera très rapidement aux oreilles de l'Iléveune.
Après Schiller, ce fut au tour de Mark et Nelly de jouer les sermonneurs, et ils s'appliquèrent à faire croire à Caleb qu'il n'était qu'un adolescent rebelle et insolent, et qu'il n'avait pas intérêt à décevoir ses parents de nouveau.
Il est ensuite allé se rasseoir, Ricardo à ses côtés. Jude a tourné la tête, l'a vu, mais Caleb le soupçonne ne plus appartenir au même cosmos que lui depuis ce matin, aussi n'a-t-il rien dit sur la présence indésirée de son apprenti.
La Cour entre, et l'audience silencieuse se tait tout à fait. Le verdict va tomber. On demande à Dark de se lever. Il étend son grand corps filiforme vers le plafond, et son ombre essaie de dévorer l'assemblée. Jude retient son souffle, ça en assourdit la salle, et Caleb n'entend plus que ça, ce souffle qui n'arrive plus à sortir, assorti des battements surexcités de son cœur qui cherche à déchirer sa peau et sa chemise.
- Dark, pour les chefs d'inculpation « viol sur mineur de moins de quinze ans », « viol sur mineur de moins de dix-huit ans », « viol par ascendant » et « provocation à commettre des atteintes sexuelles et des viols sur mineurs », vous êtes jugé coupable.
Que se passe-t-il ? Ses oreilles bourdonnent, son cœur cogne à ses tempes, et ses yeux sont en plein brouillard.
- Nous vous condamnons à dix ans d'emprisonnement immédiat.
Quelqu'un serre son bras, peut-être Ricardo, peut-être Axel. Il lève les yeux. Par-dessus la tempête, il a besoin d'apercevoir le marin, le solide marin qui s'est amarré au bon mât. Il est dans les bras de Schiller, il la serre très fort, et se tourne vers lui. Il pense qu'il pleure. Que lui, pleure.
- La séance est levée.
Il écarte la foule. Schiller lâche son compagnon et serre la main de Mark. Et Dark qui s'en va… Oh non, hors de question ! Tu as voulu nous mettre à l'épreuve, tant pis pour toi ! Jude tourne le dos à son ancien mentor, il ne tient pas à le voir, il n'y tient plus. Il se laisse embrasser par les bras de Caleb, par sa bouche. Ses mains se perdent dans ses cheveux, les agrippent à s'en faire mal, sans doute pour revenir sur Terre, sortir du rêve. Dark a tourné la tête. Lui aimerait voir Jude une dernière fois. Caleb l'embrasse de plus belle, tient fermement son corps contre le sien, garde une main sur nuque pour l'empêcher de bouger. Allez-y, regardez-le, regardez-le bien, regardez comme il est puissant entre mes bras ! Il plante ses yeux gris dans ceux de Dark, qui se rêvent protégés par l'écran des lunettes, mais qui se font trahir par un rayon de lumière. Une seconde seulement, et Caleb n'a jamais embrassé Jude avec tant de violence. Un policier presse Dark. Puisse ce souvenir hanter les nuits de tes dix prochaines années. Lorsque la veste de Dark a entièrement franchi la porte de non-retour, lorsque celle-ci se referme, Caleb desserre son étreinte. Contre ses lèvres, il lui dit qu'il l'aime et qu'il l'admire. Jude ne pleure pas encore, il va avoir besoin d'un peu de temps pour digérer tous ses sentiments. Il l'écrase contre lui, il s'agrippe à sa veste de costume, il essaie de sortir du songe, s'assurer que tout est vrai. Il revient sur Terre, grâce aux paroles de son amoureux contre son oreille, qui lui répète les mêmes mots, encore et encore :
- Je t'aime, Jude. Je t'aime tellement. T'as été incroyable. Tellement courageux.
- Je te renvoie le compliment…
C'est un filet de voix au milieu des débordements et des éclats de la salle. Pourtant, il n'y a rien d'autre que cette voix broyée par les sanglots retenus, ce souffle écorché aux mots interdits. Et malgré cela, malgré la certitude de Caleb qu'ils peuvent occulter le reste de l'humanité pour les minutes qui viennent, Mark, encore et toujours, trouve le chemin au milieu du brouhaha et perce leur bulle.
- Caleb, ne le fait pas pleurer. Jude, on doit y aller.
- Ca va, il a bien le droit de…
- Les caméras sont dehors, elles attendent.
- … souffler.
Mark et Jude n'entendent pas le dernier mot, parce que le dramaturge a déjà tiré son ami par le bras pour l'emmener sous le feu des projecteurs, abandonnant Caleb au milieu des bancs qui se vident.
- Il est hallucinant.
- Non, intervient Axel, ce qui est hallucinant, c'est que tu trouves ça hallucinant.
- J'ai la totalité de mon corps et de mon esprit en ébullition, je suis pas capable de décoder.
- Fais un effort.
- T'étais pas censé être de mon côté ?
- Seulement pour le procès. Mais ça y est, tu es devenu un héros, et tu as achevé ta quête, tu n'as plus besoin de mentor. Bravo Caleb.
- Je suis pas convaincu d'avoir fait grand-chose. Mais merci.
- Toi et moi, on s'accorde pas assez d'importance. Soutenir des écrivains aussi gourmands en lumières que Jude et Mark pendant leurs périodes difficiles, ça vaut une récompense. Alors, ce sera quoi ta récompense ?
- Eh ben, soupire Caleb, je vais devoir en discuter avec le principal intéressé.
- Je vois.
- Non, tu vois rien du tout. Et toi, alors ? Maintenant que ce bordel est fini, ton beau fiancé va pas s'ennuyer ?
- L'histoire va mettre quelques mois à retomber. Ensuite, je trouverai bien quelque chose. Et puis, il va falloir préparer le mariage…
- Putain, ça me fait toujours bizarre à entendre…
- A moi aussi.
- Vous allez l'annoncer quand ?
- Pourquoi, tu es pressé ?
- En fait, oui.
- Je vois. Ta récompense va te priver de communication pour un moment, alors ?
- J'espère.
La salle s'est vidée lentement. Tout le monde tient à se faire cueillir par les médias aux abois qui grelottent sous des rayons fragiles. Axel signale qu'il serait peut-être temps de rejoindre ce monde. Caleb commence à comprendre. A l'extérieur de cette salle qu'il a fréquentée, redoutée, haïe, ces derniers mois se dresse un futur. Et Caleb se demande s'il sait encore le conjuguer.
Il n'y a pas de Soleil dehors, il se cache habilement derrière d'insistants nuages lourds d'orage. Pourtant, les journalistes et les curieux n'ont pas quitté leur poste, ce qui force l'admiration. Les voix partent dans tous les sens. Il y a les voix qui résument la situation, les voix qui hurlent des questions, les voix qui répondent calmement, les voix qui s'interrogent entre elles sans se faire remarquer. Au milieu de ces voix, au milieu de la foule, Jude semble figé entre son expressif meilleur ami et sa magnétique avocate. Il voudrait rentrer chez lui. Caleb se demande à quel point on lui en voudrait s'il l'enlevait…
Soudain, il entend son nom.
- ! ! Quelle est la suite ?
Il ouvre grand les yeux, et recule instinctivement, alors qu'il n'a rien à craindre. Il est resté en haut des marches du bâtiment avec Axel, et les journalistes ne peuvent pas l'atteindre, ils le savent. Il s'agit juste d'une façon d'attirer son attention, de lui rappeler qu'il est un élément nécessaire de l'intrigue, et qu'il a un avis expert et intime à donner. Ce soudain intérêt n'est pas du goût de Mark ni de Schiller, qui froncent les sourcils en se tournant vers lui avec un air de reproche, comme s'ils étaient en train de conclure une grande affaire, alors même que cette grande affaire vient de se conclure. Tous ces regards braqués sur lui, Caleb n'a pas l'habitude. Lui qui aime l'ombre, la violence et la décadence, lui qui joue les gosses débraillés dès qu'un écran le dévisage de trop près, lui qui ne sait se tenir que lorsqu'on l'épaule. Les mains devant lui, comme pour repousser une foule invisible, le regard perdu, il implore Axel de lui venir en aide, mais sans jamais l'implorer vraiment. Sans mot, Axel comprend.
- Tu sais, tu as le droit d'aller leur parler.
- Mais je suis pas Mark ! C'est pas moi le leader de l'Iléveune !
- Caleb, on s'en fout de l'Iléveune ! Ce qui les intéresse, c'est Jude ! Et son mec, c'est toi, pas Mark !
- Mais putain, j'ai rien à leur dire !
- Alors file par derrière, je te couvre.
Mais oui, bien sûr, il va filer et abandonner Jude aux vautours et aux carnassiers, merveilleuse idée ! De toute façon, Jude ne peut pas rentrer à pieds, et il n'a pas pris sa voiture ce matin. Mais il se sent incapable de tenir tête à qui que ce soit : aux journalistes, aux badauds, à son chef…
Alors qu'il réfléchit inefficacement à exploiter ses deux choix, alors que l'orage gronde au loin, un petit mouvement parcourt la foule, ainsi qu'une onomatopée étonnée généralisée. Les deux phénomènes accompagnent une prise de décision que Caleb n'a pas observée depuis longtemps. A quelques mètres de lui, sous le regard interrogateur d'à peu près tout le monde, Jude remonte les marches du tribunal, et Caleb ne comprend pas tout de suite, parce qu'il sait ce qu'il en coûte à son compagnon, de revenir sur ses pas, de retourner sur le seuil des jours les plus angoissants de sa vie. Jude remonte rapidement, si rapidement que Caleb, qui se révèle exceptionnellement égaré par la situation, n'arrive pas à le suivre. Il se laisse surprendre par la détermination de Jude, par son corps qui se rapproche, par ses yeux qui retrouvent leur certitude, par ses bras d'une impuissance phénoménale qui l'enlacent avec force, par son baiser au grand jour immortalisé par la Capitale zébrée d'éclairs, par ses mots contre sa bouche qu'il n'attendait pas.
- Rentrons Caleb. Rentrons à la maison.
Son cerveau manque d'oxygène, il peine à se remettre en marche. A sa gauche, Axel éclate de rire, et Caleb ne sait pas si c'est à cause de son absence de réaction, ou à cause de l'air contrarié de son futur mari qui n'a pas l'habitude que Jude lui résiste.
Le rire d'Axel contient quelque chose de magique, quelque chose qui donne à Caleb le courage suffisant pour attraper la main de son amoureux, le tirer avec lui et loin des caméras, loin de Schiller, loin de l'Iléveune. Il prend la fuite, ils prennent le large, et les protestations indignées construisent la bande son de leur échappée. Après quelques minutes de course effrénée, la rumeur disparait et laisse le champ libre aux souffles haletants de l'excitation et le claquement régulier des mocassins en cuir de Jude. Lorsqu'ils parviennent enfin à la voiture, ils constatent avec une stupéfaction rieuse qu'elle est toujours là, et que nul photographe à l'avidité indignée ne leur barre le passage.
Caleb se retourne. Le voilà, son amoureux, avec son grand sourire et ses joues roses baignées de larmes, qui essaie de réordonner ses cheveux. Bien sûr qu'il va s'excuser, Caleb le connait par cœur. Il va s'excuser pour les larmes qu'il ne cesse de verser depuis qu'il court, pour les réactions anticipées de Mark, pour le courroux des journalistes, pour les multiples épreuves qui n'étaient pas prévues au programme… Jude étire la bouche, sa langue pousse légèrement contre ses dents, et son souffle forme la première syllabe d'un « désolé » que Caleb refuse. Alors il attrape la main de son compagnon, le tire vers le lui et le déséquilibre. Jude se raccroche au premier corps qu'il rencontre, et Caleb le retient contre lui. Pour l'empêcher de formuler le moindre mot inconvenant, il prend ses lèvres, il prend ses soupirs, il prend sa langue et kidnappe tous les lexèmes. Evidemment, il résiste. Lui, il veut les sortir, ces adverbes éplorés. Mais, vaincu par la douceur et l'amour de Caleb, il abandonne, et s'abandonne dans ses bras. Lorsque Caleb est certain de la désertion de sa culpabilité, lorsqu'il s'est suffisamment épuisé à sa bouche, il rompt le baiser, et mène le front du jeune homme contre son épaule.
- Ça te semble juste si je te pose une question, maintenant ?
- Oui. Mais je suis pas convaincu par ma réponse.
- D'accord. Mais d'abord, tu m'écoutes, ok ? Jude, écoute, je sais, enfin j'imagine, que t'as vécu l'Enfer ces derniers mois. Et j'ai juste pu t'accompagner, te voir te battre. Et j'ai été le témoin de tes larmes, de tes insomnies, de tes crises d'angoisse. Axel m'a demandé ce que j'espérais, maintenant, pour la suite. Et, Jude, je t'aime, je t'aime tellement. Et je suis juste un putain d'égoïste… Merde, pardon, c'est pas clair… Ce que je veux dire, c'est que ça a été le bordel ces derniers temps, et je crois que j'ai le droit à un peu de vacances. Et je crois que toi, tu as besoin de souffler. Je veux du temps, de la place, pour toi et moi. Et ici, on n'y arrivera jamais.
- Qu'est-ce que tu proposes ?
- Jude… J'ai envie de partir, et… Et j'ai envie de te présenter ma Grand-mère…
Il voulait dire « ma famille ». Mais sa famille, c'est sa Grand-mère, et c'est Aitor.
Jude rit.
- Y a déjà cinquante pour cent de ta famille qui me déteste, tu crois que je vais réussir à séduire ta Grand-mère ?
- Je crois que tu vas trouver comment faire, répond-il en caressant ses cheveux.
Sans offrir de réponse, Jude embrasse Caleb, et le rire lointain d'Axel les accompagne de nouveau.
Il suffirait de presque rien, Serge Regianni : le titre ne tient que pour la référence au café dans les couplets, pas pour la narration
Condamnation : une fois n'est pas coutume, je suis allée récupérer les chefs d'accusation à l'encontre de Matzneff, même si le verdict n'a pas été rendu. Par ailleurs, la scène de procès m'a plutôt été soufflée par une autre brillante œuvre traitant des violences sexuelles faites aux enfants : "Les Chatouilles" de Andréa Bescond et Eric Métayer. Et je sais que les abuseurs d'enfants reçoivent rarement une si haute peine, mais je ne voulais pas d'un non lieu ici.
