Notes : Je pars un peu du principe que vous/lecteur (y en aura-t-il vraiment ? Oo) connaissez la dynamique Alpha/Beta/Omega, même si je n'ai pas souvenir d'en avoir lu en Français ça doit bien exister. Du coup, j'y suis allée un peu à l'instinct pour traduire certains concepts que je n'ai l'habitude de lire qu'en anglais, si ça passe mal faites le moi savoir. Je savais pas trop où j'allais avec ça, et finalement le lemon est explicite sans l'être à la fois, je ne sais pas quoi en penser mais j'ai l'impression d'en être satisfaite. Je ne voulais pas d'une dynamique où on roule sur le consentement sous couvert d'hormones et ça, normalement, au moins, c'est respecté. Ca fait une éternité que je n'ai rien publié, tellement que ça ne me paraissait pas approprié de récupérer mes anciens comptes, et c'est ma première fois sur ce fandom même si c'st mon favoris de lecture depuis bien longtemps. Donc voilà, a plus !
[ / Insérer titre stylé ici ]
Tony n'avait pas eu besoin de poser les yeux sur Loki, la toute première fois qu'ils s'étaient rencontrés, pour savoir qu'il existait.
Pepper lui avait demandé une fois, d'une toute petite voix qu'il ne savait même pas qu'elle pouvait produire et qui trahissait à la fois son embarras et sa curiosité, de lui décrire cette sensation de percevoir quelqu'un avec un autre sens que ceux qu'elle possédait. Il avait dû ricaner, probablement, et lui faire lourdement allusion à toutes ces nouvelles pour adultes qu'elle affirmait ne jamais avoir lues mais qui n'avait jamais cessé d'intriguer des générations et des générations de bêtas avant elle et qui utilisaient des tournures comme « tensions alpha-omega », « pulsions primitives » ou encore -une de ses préférées- « alignement sensoriel » pour le faire. Il ne se souvenait pas lui avoir répondu.
Clairement plus Tony y pensait -ce qu'il évitait de faire avec une détermination obtuse mais terriblement efficace-, plus il comprenait pourquoi Pepper était partie. Une femme extraordinaire comme elle, droite, ambitieuse, brillante, sublime, pétillante n'avait rien à faire avec un salop comme lui, incapable de trouver le moindre petit mot qui oserait soupçonner la plus petite minuscule once de vulnérabilité de sa part.
Starks are made of iron.
Merci papa.
Toutes considérations mises à part, il était surpris de constater qu'il avait presque oublié ce que ça faisait, justement, de percevoir quelqu'un avec un sens autre que les cinq les plus souvent utilisés. C'était presque comme être sur le point de frissonner dans une direction précise, comme si sa peau toute entière était tournée vers un endroit fixe dont il ignorait encore l'encrage mais qui ne présageait rien de bon vu l'endroit où il était. Chez Thor (Thor ! Et il osait penser que son père à lui avait été un bon gros connard, mais au moins il n'avait pas eu l'arrogance d'appeler son fils Jésus, Achille, Osiris et encore moins, ciel complètement athée soit loué, Thor !). Il avait un verre de champagne probablement hors de prix à la main et était entouré de beaucoup de ses meilleurs amis qu'il n'avait pas revus depuis longtemps. Tranquillement posé contre la balustrade de l'immense terrasse de la maison familiale des Borson et ce dans un costume qui le mettait particulièrement en valeur si vous lui demandiez son avis, il tentait de se concentrer sur son interlocuteur et pas sur cette sensation qui ne cessait de lui faire comprendre qu'il y avait quelque chose, quelqu'un, pas si loin, qui l'appelait.
Bon.
Et il était sans Pepper.
Bref.
Ça faisait sept mois qu'ils avaient rompu. Tony était complètement passé à autre chose. Complètement. Il ne pensait plus à elle du. tout. D'ailleurs, il n'avait aucune raison de penser à elle. Elle ne lui avait absolument pas brisé le cœur en partant, parce qu'encore une fois, il était un salopard qui ne pouvait même pas montrer à la personne qui aurait pu être la femme de sa vie (il le savait putain, il pouvait l'imaginer, il s'était imaginé, rentrer chez lui -chez eux- le soir, lui lancer une petite pique qui l'aurait agacée mais fait sourire en même temps (oh, ce petit sourire en coin, celui qu'elle avait juste pour lui il en était sûr, qui faisait briller ses yeux d'une lueur toute particulière et qui, des années après, parvenait toujours à lui tordre les entrailles parce que c'était probablement la chose la plus douce que Tony ait jamais vue) et il aurait pu vivre le reste de sa misérable vie comme ça, à l'attendre le soir pour ce micro sourire qui annoncerait sa réplique cinglante parce que Pepper était beaucoup de choses (beaucoup de trop bonnes choses pour lui) mais elle était certainement pas du genre à se laisser marcher dessus et encore moins par lui et elle était brillante et il n'avait pas réussi à lui dire) qu'il tenait réellement à elle.
Elle lui avait dit qu'elle était malheureuse avec lui.
Non, elle lui avait dit qu'elle était misérable avec lui, pardon, excusez du peu.
Et quand elle lui avait dit ça, juste avant de refermer la porte derrière elle, le regard qu'elle lui avait lancé avait été brillant, mais pas d'humour et d'intelligence et de taquinerie non, parce Tony rendait les gens misérables, mais de larmes qu'elle était trop fière et distinguée pour verser. Et son visage avait été terne (depuis combien de temps ?), et triste, si triste et elle avait probablement choisi le bon mot-misérable- parce qu'elle n'avait plus rien de sa Pepper rayonnante qui serait la première femme présidente de l'univers un jour tellement elle était incroyablement compétente dans tout ce qu'elle faisait, apparemment même quand il s'agissait de lui briser le cœur.
Bref.
Il allait parfaitement bien.
« Je vais parfaitement bien » sourit-il d'ailleurs à Steve qui lui lançait un regard où il aurait juré lire de la pitié s'il ne s'était pas appelé Anthony Stark - génial milliardaire playboy et philanthrope- et que quand même, personne n'oserait le prendre en pitié, non ?
- Tu es sûr ? C'est juste que… On ne t'a pas vu depuis des mois, et tu réponds à peine aux messages. Depuis que Pepper est…
- Oh ! Regarde qui voilà ! Thor ! Si c'est pas mon Dieu du tonnerre favori au monde qui arrive, comment ça va mackogneur ? Je plaisante à peine, tu es vraiment mon dieu du tonnerre favoris, mais aussi mon moins favori, j'avoue, désolé, j'ai toujours pas rencontré de deuxième personne qui avait eu encore moins de chance que moi à la loterie paternelle depuis la dernière fois qu'on s'est vus et tu restes le seul Thor de ma liste pourtant excessivement excentrique de connaissances.
Tony n'était pas peu fier de son allitération.
Le sourire de Thor était un peu tendu quand il s'approcha d'eux et Tony fit héroïquement semblant de ne pas voir le regard inquiet absolument pas subtil qu'il envoya à Steve. Vraiment il méritait une médaille. Une deuxième même, la première pour être venu au fin fond de l'Europe pour une fête d'anniversaire qu'il avait un demi-milliard d'excuses pour louper. Il le savait, il les avait confectionnées lui-même. Il avait même commencé à en tester certaines avant de se rendre compte qu'il était à deux doigts de l'intervention de ses « amis » et que ce serait plus simple de venir et de subir ça la tête haute que de les voir débarquer à Malibu un jour aléatoire parce qu'ils osaient se faire du souci pour lui, Tony, tu es sûr que ça va Tony, tu as le droit d'être triste Tony mais ne te coupe pas du monde comme ça, ce n'est vraiment pas sain, et blah blah blah. Pouah. Il en frissonnait presque de dégout.
- Dis-moi que tu n'as pas dit ça trop près des oreilles de mon frère, si je pouvais passer cette soirée sans réentendre encore une fois parler de mon père, ce serait sûrement le meilleur anniversaire de ma vie.
Il avait l'air sérieux, le bougre. Et Tony qui pensait qu'il avait eu une vie de famille pourrie. Oh mais attendez deux petites secondes…
- Ton frère ? Ton frère est là ? Je croyais que vous ne vous parliez plus du tout… ?
Et là, le regard de Thor s'illumina comme un feu d'artifices un 14 Juillet. Prends ça Pepper, apparemment Tony ne rendait pas tout le monde misérable.
- On s'est réconciliés ! Depuis que père s'est retiré des affaires, le climat s'est apaisé ici.
Thor venait du genre de famille où on vouvoyait ses parents et où on disait « père » et « mère ». Howard aurait adoré ça mais ça foutait une gerbe tellement intense à Tony qu'il remercia en pensée sa mère de ne pas avoir eu à s'en tenir à ce genre de standards.
- Il n'a pas l'air incroyablement ravi d'être ici, contredit doucement Steve d'un air pincé.
- Loki n'a jamais l'air ravi, accorda Thor dans un haussement d'épaules.
- Il est où ? Je veux le voir ! à quoi ressemble un vilain petit Borson ? Montre-moi, montre-moi, montre-moi !
Étonnamment, le regard de Thor se fit soudainement plus défensif. Plus tard Tony se souviendrait de ce moment en se demandant si le géant gaillard qu'il était n'avait pas déjà pressenti une partie de ce qui allait se passer.
- C'est vrai que peut-être… Peut-être que vous vous entendrez bien… dit-il avec une reluctance très peu caractéristique et vraiment, s'il pensait le dissuader avec un ton pareil il ne connaissait pas du tout Tony parce qu'il se sentait soudain incroyablement intéressé par le sujet.
- Peut-être ?! Attends tu me prends pour qui ? Je m'entends bien avec absolument tout le monde !
- Tu as toi-même avoué une fois que les gens t'adorent… ou te détestent, lui rappela gentiment Steve, à sa manière si agaçante d'être toujours la voix de la raison.
- Les gens de mauvais goût me détestent ! Et Loki ne s'entend pas avec son père pas vrai ? On a déjà un point en commun, on va être les meilleurs amis du monde en deux secondes ! Où il est ?
- Oh je suis sûr que tu sauras que c'est lui quand tu le croiseras, soupira Thor et il ne devrait s'en vouloir qu'à lui-même s'il osait dire des paroles pareilles devant Tony. Quoi de plus intrigant ?
Ooooh tu vas devoir développer ça mon grand…
Et bon, Tony était un génie, il l'avait tellement prouvé au cours de sa vie que même ses ennemis devaient lui accorder au moins ça. Mais parfois, il éludait certaines choses. Et depuis qu'il était arrivé, il avait bien ressenti quelque chose de particulier. Comme un petit crochet planté dans sa colonne vertébrale qui semblait vouloir l'attirer quelque part. La sensation était bien plus forte qu'il s'en souvenait mais c'était probablement parce qu'il ne l'avait pas vécue depuis très longtemps. Il ne tombait pas sur un Omega compatible avec lui si souvent que ça et même sa mauvaise foi du haut de sa toute-puissance devait admettre qu'il n'était pas vraiment beaucoup sorti de chez lui ces derniers temps. Ce n'est pas qu'il avait oublié que Thor leur avait dit que son petit frère était un Omega mais plus qu'il n'avait pas vraiment pris le temps d'aligner les pièces du puzzle. Il le fit dans un éclair de lucidité et sut ce qu'allait dire Steve au moment même où il ouvrit la bouche.
- C'est un Omega, Tony. il n'est pas accompagné et très remarquable.
- Ah, oui. Ceci explique cela.
Sa réponse évasive parut satisfaire tout le monde et Thor changea de sujet avec un soulagement visible. Il évita avec un tact que peu de gens lui reconnaissait toute discussion sur celle-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le-nom-mais-dont-le-surnom-était-un-condiment-populaire et Tony fut presque, presque, obligé d'admettre qu'ils avaient eu raison et que ça lui faisait un bien fou de sortir de chez lui pour voir des amis. Heureusement, sa mauvaise foi veillait et l'en interdisait catégoriquement, lui rappelant qu'il avait été occupé à sauver le monde en révolutionnant l'industrie de l'énergie propre ces derniers mois et pas du tout à se morfondre dans un coin de son laboratoire. De rien, d'ailleurs.
Il but quelques coupes de champagne en plus, trouva Bruce pour justement lui raconter à quel point il était sur le point de révolutionner l'industrie de l'énergie propre parce qu'il n'avait fait ça ces derniers mois (encore une fois, de rien à tous) et fut satisfait de le voir si impressionné. Le pire, quand on était un génie, c'était qu'on trouvait beaucoup trop peu de gens qui comprenaient à quel point vous étiez génial. Bruce comprenait car Bruce était génial. Il n'arriva pas à éviter le sujet de ce qu'ils évitaient tous les deux beaucoup plus longtemps et dut ravaler sa fierté pour lui demander avec une franchise qu'il abhorrait de lâcher le sujet de « il-savait-qui » parce qu'il n'était toujours pas prêt à en parler. Bruce hocha la tête, serra son épaule dans un geste qui n'aurait pas dû signifier autant mais qui lui noua tout de même la gorge et le traîna de nouveau sur la terrasse en lui demandant d'arrêter d'éviter Clint.
Tony allait continuer à éviter Clint pour un bon moment.
Il aurait suffi à l'Omega de lui envoyer un tout petit regard et il aurait peut-être fondu en larmes -viriles, masculines et très dignes- en se cachant dans ses bras. Ça aurait été ridicule et risquait de gâcher la fête d'anniversaire de Thor. Tony n'était pas si égoïste.
Tony était définitivement si égoïste.
Mais il avait sa fierté par contre.
Bruce l'avait laissé avec Natasha qu'il écoutait expliquer en quoi consistait sa mission du moment -elle avait été embauchée par Fury, le super agent badass qui leur avait servi de moniteur quand ils s'étaient tous rencontrés lors de travaux forcés un peu spéciaux.
Ce fut là qu'il le sentit.
C'était comme si le crochet qu'il avait senti agrippé à sa colonne ou à son épiderme depuis qu'il était arrivé s'était subitement tordu et Tony ne fut pas surpris de sentir son corps entier se tourner vers la grande porte fenêtre de la terrasse et fut encore moins surpris de poser les yeux sur l'Omega qui l'avait intrigué sans qu'il y prête vraiment attention toute la soirée.
Et.
Wow.
Okay.
Merde.
Thor avait eu raison. Il savait qui était l'homme sur qui ses yeux s'étaient posés sans avoir besoin de l'entendre se présenter. Grand, élancé, brun, yeux verts brillants d'intelligence, peut-être qu'ils étaient si visibles parce qu'incroyablement bien mis en valeur par le costume vert sombre évidemment taillé sur mesure que l'homme portait, chaque mouvement gracieux et souple et est-ce qu'il était aussi distingué et agile plaqué contre un matelas, le cou offert, les jambes nouées autour de– Tony ! Stop, stop, stop, stop, stop, stop, stop.
Autant dire que ça faisait extrêmement longtemps que Tony n'avait pas été si immédiatement attiré par quelqu'un qu'il ne connaissait pas.
Ce qui était un problème.
Thor était musclé, ridiculement protecteur et terrifiant quand il était en colère. Tony n'était déjà pas le plus impressionnant des Alphas, mais il ne faisait absolument pas le poids. En même temps, Thor aurait pu commencer par dire que son frère était une véritable bombe qui rentrait pile dans toutes les catégories que Tony aimait retrouver chez un partenaire. Potentiel partenaire. Pas-partenaire-du-tout parce que muscles, protecteur et terrifiant, Tony ! ressaisi-toi bordel.
Finalement, heureusement que Tony ne s'était pas encore tout à fait remis de Pepper. Rien que de penser à son nom le fit redescendre un peu de sa stupeur et calma les alpha-hormones qui venaient de lui monter à la tête avec une rapidité assez terrifiante. Il inspira un grand coup, repris consciencieusement le contrôle de son corps et se tourna résolument vers Natasha qui, si elle avait remarqué son petit écart de conduite, ne lui en tint pas rigueur et poursuivait son récit avec un aplomb enviable.
- C'est grâce à toi tout ça tu sais, disait-elle d'ailleurs et vraiment, beaucoup de choses étaient grâce à Tony, de rien, mais là, il ne savait pas du tout de quoi elle parlait.
- Hm, répondit-il avec scepticisme.
- On est tous d'accord pour dire que Steve est le meilleur d'entre nous mais c'est toi qui… c'est toi qui a payé pour mon premier visa.
- Oh. Nat, j'ai juste de l'argent, beaucoup d'argent, je sais que ça ne représente pas la même chose pour nous deux mais là j'ai juste d-
- Tu as payé pour mon premier visa, Tony. Je ne l'oublierai pas.
- Wow, c'est très émotionnel ici, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Es-tu vraiment Natashalia que je connais, respecte en secret mais qui me terrifie quand je pense à elle plus de deux secondes ?
- Bien, tu n'as pas complètement perdu ce qui te sert de cerveau alors.
- Comment ça complètement ? Je n'ai pas du tout perdu mon cerveau tu veux dire, c'est un des meilleurs de toute sa génération donc heureusement qu'il est toujours su-
- Avec une tête aussi enflée que la tienne, c'est sûr que l'égarement se remarquerait vite.
- Hé ! tu vois ce visage ? C'est un visage qui est classé depuis dix ans dans le top des hommes les plus sexy de la planète et il n'est certainement pas enflé.
- Contente de savoir que tu es toujours Tony, Tony.
Il aurait bien demandé de quoi elle voulait parler, mais Natasha n'aurait eu aucune honte à lui répondre avec une franchise brusque qu'il n'était pas sûr de pouvoir entendre. Il avait su en venant ici qu'il devrait faire face à eux et que tous essaieraient de lui parler de sa séparation, chacun à sa manière. Il appréciait leur délicatesse et leur inquiétude mais franchement, il en avait un peu marre d'être traité en demoiselle fragile qui pourrait se briser au moindre commentaire dérangeant. Une toute petite voix au fond de lui lui rappelait que c'était exactement ce qu'il était à l'heure actuelle, mais bon, il avait gagné plusieurs prix d'excellence en déni de compétition grâce à des années d'expérience et il était parfaitement capable de l'ignorer. Il choisit donc de se taire, en profitant pour prendre une inspiration un peu plus forte que d'habitude et se concentra pour ne pas se retourner encore une fois vers la droite, là où il en était sûr sans avoir besoin de regarder, un homme brun se tenait.
- Tu as déjà parlé à Loki ? demanda-t-elle soudain, probablement autant pour changer de sujet (enfin !) que parce qu'elle avait la capacité terrifiante de savoir ce à quoi il était en train de penser à chaque instant, surtout quand il voulait se faire discret.
- Loki ?
- Le frère de Thor, ne me dis pas que tu ne sais pas de qui je veux parler.
- Homme, brun, costume vert, aussi sexy que son imaginaire pancarte « j'ai un grand frère protecteur autour du cou » fait peur ? Ce Loki ?
Natasha siffla doucement pour montrer son ébahissement.
- Wow, ça c'est un compliment comme j'en ai rarement entendu venant de toi. Tu as toujours été complètement terrifié par Thor.
- Quoi, Loki ne fait pas fourmiller ton instinct d'Alpha ?
- Non, répondit immédiatement Natasha, pas le moins du monde gênée par la question sans filtre un bon kilomètre plus loin dans le vulgaire que la limite de la décence imposait. A quel point il fait fourmiller le tien ?
Tony grimaça avant de finir sa coupe de champagne pour se donner une contenance qui ne tiendrait de toutes façons pas devant le regard inquisiteur de Natasha. Il avait rencontré des Omegas qui élicitaient une réaction de tous les Alphas qu'ils croisaient. Ils étaient statistiquement aussi rares que les tops model, juste des gagnants de la grande loterie de l'ADN. Si l'Omega -Loki, il avait appris qu'appeler les gens par leur nom permettait de les humaniser- n'était pas de ceux-là, c'est qu'il était compatible avec Tony en particulier. Encore une fois, et il devait se le rappeler parce que les instincts d'Alpha qui le parcouraient étaient tout sauf rationnels, ce n'était qu'une correspondance fortuite de phéromones et d'ADN compatibles. Rien d'extraordinaire on a dit, on se calme.
- Beaucoup ? répondit-il enfin quand le silence qui régnait entre eux commençait à en dire aussi long que n'importe quelle réponse.
- Sérieusement ? Tu ne m'as pas dit que tu étais très rarement compatible avec les Omegas que tu rencontrais ?
- J'ai dit très rarement, pas jamais.
- Et bien…ne regarde pas dans sa direction tout de suite, mais il n'arrête pas de te dévisager depuis tout à l'heure.
C'était plus facile à dire qu'à faire et l'effort que dut produire Tony pour rester en contrôle de son corps et ne pas se tourner entièrement vers la droite était pathétiquement gigantesque. Natasha devait le savoir. Ses yeux bruns brillaient de malice, la garce, oui, elle savait exactement ce qu'elle faisait.
- Tout le monde me dévisage tout le temps, je suis Tony Stark.
- Hum, c'est vrai. On ne rencontre pas des célébrités tous les jours…
- Surtout pas de mon calibre !
- …mais tu dois admettre qu'ici, tu laisses beaucoup de monde indifférent, conclut-elle comme s'il ne l'avait jamais interrompue.
C'était vrai. Thor avait invité ses amis mais tout un tas de gens avaient dû être invités par son assistant personnel. Depuis qu'il était devenu président de la société familiale, il avait dû faire quelques concessions et accepter que son anniversaire ne serait plus une affaire intime faisait probablement parti des plus simples. En tout cas, beaucoup de monde ici était habitué à l'argent et à côtoyer des gens célèbres. Tony n'avait pas menti quand il avait dit qu'il était d'un autre calibre, mais comme en plus la plupart des invités avaient été élevés en bons héritiers aristocrates, personne n'avait l'indécence de le regarder avec insistance.
- Oh pas tout le monde j'en suis sûr ! coupa soudainement une voix près d'eux.
Distinguée, aristocratique, avec des inflexions anglaises qui lui allaient à ravir, vraiment, Tony n'avait pas besoin de poser ses yeux sur l'homme qui venait de s'immiscer dans leur conversation pour savoir qui il était. Il le fit tout de même, il n'était même pas sûr qu'il aurait pu faire autrement s'il l'avait voulu pour être honnête.
Et wow.
Encore une fois.
Loki n'était pas juste sexy à enflammer un iceberg, il était tout simplement sublime. Si Tony avait été quelqu'un d'autre qu'un hédoniste convaincu et praticien, il aurait peut-être été effrayé par l'intensité du désir qui le parcourut quand leurs regards se croisèrent. Il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose de brillant, de malicieux et de sauvage à la fois que Tony n'avait jamais associé à un Omega auparavant mais qui lui fit l'effet d'un uppercut en pleine poitrine.
Il sut avec une résignation fataliste qu'il était complètement foutu.
Natasha se racla la gorge pour briser le moment, Descartes soit loué, et il put enfin détourner les yeux.
- Ah oui, quelle impolitesse de ne même pas me présenter. Loki Borson, je suis malheureusement de la famille.
- Natasha, Thor nous a beaucoup parlé de toi, c'est un plaisir.
Tony ne fut pas surpris de voir Loki tendre sa main pour serrer celle de Natasha avec fermeté plutôt que de la laisser l'effleurer de ses lèvres comme la vieille coutume entre Alpha et Omega le dictait. Le geste était traditionnel et très « has been » ces jours mais il avait vu une grosse partie des second-genrés présents s'y tenir, comme la bonne vieille bande d'aristos arriérés qu'ils étaient.
- Tony Stark, mais apparemment, je n'ai pas besoin de me présenter.
Il n'hésita pas, lui non plus, à tendre la main pour serrer celle de Loki sur un pied d'égalité. La poignée de main qui lui répondit était franche et le frisson qui l'accompagna remonta le long de son coude jusqu'à son épaule, électrifia son omoplate, et redescendit en flèche dans son abdomen. Le sourire en coin qu'arborait son nouvel interlocuteur était pile le genre d'expression qui pouvait attirer à Tony beaucoup d'ennuis mais promettait que le jeu en vaudrait la chandelle.
Bon sang. Il était hors de question qu'il perde le contrôle au point d'arborer une érection en plein milieu d'une bande de vieux bourgeois qui en seraient probablement scandalisés à vie.
- On peut se tutoyer ?
- Bien sûr.
Et vraiment Tony était tenté de dire non juste parce qu'il était absolument certain que ce Loki ne l'écouterait de toute façon pas.
- Je suis presque surpris de te voir ici, j'ai cru lire dans les médias que tu traversais une période… difficile… lâcha-t-il dans une voix qui sonnait parfaitement raisonnablement inquiète et pleine d'empathie.
Tony cligna une fois des yeux avant d'être sûr d'avoir compris ce qu'il venait d'entendre et.. Oh.
Oh !
Loki était un connard.
Thor les avait plus ou moins prévenus, mais après une soirée et des mois où tout le monde le prenait avec des pincettes comme s'il allait se briser au moindre faux mouvement, Tony ne s'attendait pas à être confronté à sa rupture d'une manière si désinvolte, dans un sourire en coin pile à la frontière entre malice et cruauté.
C'était fantastique.
Tony adorait les connards, il en était un lui-même, et c'était relaxant de ne pas avoir besoin de faire attention à ce qu'il disait parce que s'il allait trop loin (et il allait toujours trop loin à un moment ou à un autre) la personne en face l'aurait de toutes façons mérité.
Ça ne faisait rien pour arranger le petit problème de coup de foudre sexuel qu'il venait de vivre, par contre.
Il s'accorda le temps de cligner des yeux deux fois de plus pour se remettre de cette entrée en matière assez spectaculaire, et il était un connaisseur, avant de reconnecter ses neurones pour répondre.
- Ah le bas peuple, on disparait à peine quelques mois et voilà qu'on traverse une période difficile.
- Oh, je suis rassuré que tu ne sois pas « au bord du gouffre » à cause d'une apparente rupture. C'était le titre du Daily Sun il y a deux semaines il me semble…
Tony dut fournir un effort pour ne pas trop suivre des yeux les doigts fins et distingués qui mimaient des guillemets d'une manière beaucoup trop fascinante pour un geste si banal.
- C'est une question de point de vue, moi j'appelle ça « sauver le monde ».
Les guillemets de Tony étaient définitivement plus grossiers et sa coupe de champagne vide réduisait sa mobilité mais il ne manqua pas le flash d'intérêt et d'amusement dans les yeux de son interlocuteur.
- C'est un déni de réalité aussi énorme que l'égo de son propriétaire ou quelque chose de réellement intéressant ?
- Tu as plusieurs thèses en physique quantique et ondulatoire pour pouvoir en discuter ? Si tes choix de médias sont à l'image de ton intellect, tu vas probablement devoir te contenter d'un « je vais sauver le monde » j'en ai bien peur.
- Je crois que je vois Clint qui m'appelle, à plus tard Tony, ça m'a fait plaisir de te revoir. Loki, peut-être qu'on se recroisera dans la soirée !
Oh, Tony avait complètement oublié que Natasha était là. Vu le regard amusé et le clin d'œil appuyé et pas du tout à la hauteur de la discrétion dont il la savait capable qu'elle lui envoya par-dessus l'épaule en s'éloignant, elle savait encore une fois parfaitement ce qu'elle faisait. La garce.
Un serveur leur proposa à boire et Tony échangea sa coupe vide contre une pleine parce qu'il fallait bien qu'il se force à se détacher une seconde de l'attraction magnétique qu'exerçait Loki sur lui. Il le laissa délibérément se servir lui-même, tournant implicitement le dos à toutes les notions de galanterie que sa mère avait essayé de lui enseigner en vain et le regarda choisir un verre rempli d'un cocktail bleu dont le nom lui échappait.
Loki le goûta en le regardant droit dans les yeux et le rapide mouvement de ses lèvres pour en débarrasser tout le liquide qui suivit sa gorgée devait être délibéré. Tony avait rarement été dragué avec aussi peu de subtilité, Oméga ou pas, ce qui était un peu con vu à quel point ça semblait marcher.
- Loki, donc, Thor n'avait que des choses incroyablement sympathiques à nous raconter à ton sujet.
- On a une définition très différente de incroyablement sympathique, j'en suis sûr.
- Oh, il n'assumait le reste qu'en nous rappelant que tu avais été adopté.
Prends ça, « je suis désolé pour ta récente rupture ». Si Loki perdait intérêt pour lui après ça, il en serait brutalement déçu, certes, et ça lui briserait un peu le cœur (ou plutôt un autre organe beaucoup moins utile à sa survie), mais si Tony adorait les connards, il n'était pas sûr que la réciproque soit vraie.
Loki but une deuxième gorgée de son cocktail bleu pour cacher le sourire amusé qui venait de gracier ses lèvres, mais ses yeux rieurs ne le quittèrent pas.
(Ouf, pensa le pénis de Tony.)
Il en aurait un peu honte le lendemain mais une grande partie de la soirée passa ainsi, à une vitesse alarmante tant il eut l'impression que quelques secondes seulement s'étaient écoulées.
- …Et qu'est-ce que tu fais dans la vie, à part insulter des gens que tu ne connais pas ? Oh, tu es avocat, pas vrai ? Dis-moi que tu es avocat, je suis sûr que tu es avocat.
- Les rumeurs sur ton soi-disant géni sont visiblement exagérées.
- Hé ! Je suis un génie, certifié même !
- Ah, c'est un simple problème de définitions alors, je voulais dire qu'on m'avait promis que tu serais futé.
- Laisse-moi deviner, tu fais de la politique ?
- Je suis journaliste.
- Et moi qui commençais à passer un bon moment…
- Merci pour toutes ces questions annexes qui permettent d'entretenir une conversation et qui montrent que tu n'es pas complètement auto-centré. Bien sûr que j'adore mon métier, je me suis assez battu pour en arriver où je suis mais comme je suis brillant, je savais que j'y parviendrais. En ce moment ? Je viens tout juste de commencer une enquête absolument fascinante mais malheureusement, je ne peux pas encore vraiment en parler d'avantages. Journaliste d'investigation en réalité, je n'ai écrit qu'un seul article pour une pseudo gazette qui ose s'appeler journal et plus jamais de la vie, j'ai des standards.
- Et à quel point est-ce qu'ils sont élevés tes standards ?
- Oh, très élevés, mais je peux parfois faire une exception pour descendre autour du mètre quatre-vingt.
- Et dire que j'étais si proche avec mon mètre soixante-dix-huit.
- Quel dommage. Mais ne t'en fais pas, j'ai entendu dire que les talonnettes étaient la grande mode chez les sexagénaires, ce n'est pas si loin de ta tranche d'âge non ?
Tony passa du champagne au whisky, qu'il sirota le plus longuement possible parce qu'il était hors de question qu'il perde une miette de la conversation qu'il était en train d'avoir, et Loki ne but jamais deux fois un cocktail de la même couleur. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas rencontré quelqu'un de si intéressant, de si magnétiquement attirant et de si plein de répartie.
Pour la première fois depuis des mois, Tony se sentait réellement vivant.
- …C'est une belle baraque en tout cas, je suis moi-même né avec une petite cuillère en argent dans la bouche, ne te méprends pas, mais je dois avouer qu'elle a de la gueule.
- Si tu parles du manoir Borson, il est dans la famille depuis le quinzième siècle et c'est un joyau de l'histoire norvégienne. Je suppose que c'est ce que tu veux dire quand tu dis qu'il « a de la gueule ».
- Oh, on est défensif sur les possessions familiales ? Excuse-moi, princesse Sissi, je ne voulais pas t'offenser.
- Princesse Sissi ?
- Calme l'outrage ok, je donne des surnoms à tout le monde, surtout aux gens que j'aime bien. Vraiment, c'est une sorte de compliment.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est impératrice Sissi pour vous Monsieur Stark, encore une fois, j'ai des standards.
Le rire surpris mais ravi qui lui échappa était incontrôlé et incontrôlable. Ce n'était pas le premier de la soirée et ce ne serait pas le dernier, il en était sûr.
Loki était fantastique.
Peu de gens arrivaient à affirmer avec autant d'aplomb qu'ils étaient brillants et Tony pouvait compter sur les doigts d'une main ceux qui avaient en plus été à la hauteur d'autant d'arrogance. C'était si rare de tomber sur quelqu'un avec un humour encore plus cynique et noir que le sien. Vraiment, Tony ne comprenait pas pourquoi Rhodey lui disait parfois qu'il était difficile à aimer : confronté à pire que lui, il passait l'une des meilleures soirées de sa vie.
Loki était intransigeant, acerbe, réjouissant et brillant, brillant, brillant, brillant.
Tony avait vraiment, vraiment, vraiment très envie de lui. Comme il n'avait eu envie de personne depuis Pepper. Il ne savait pas vraiment si c'était la période de célibat dépressif si peu caractéristique qu'il avait enduré ces derniers temps qui était en cause, l'apparente compatibilité hormonale qu'il y avait entre eux deux ou si ça venait juste de Loki qui semblait avoir été créé sur mesure juste pour Tony. Mais c'était là, et plus le temps passait, plus la tension qu'il y avait clairement entre eux s'épaississait.
Bien sûr, ce fut au moment où Tony venait d'arriver au stade de « définitivement alcoolisé » que Thor les trouva. Pas qu'ils étaient en train de se cacher, ils étaient toujours sur la terrasse, Loki appuyé contre la balustrade dans une pose délibérément séduisante qu'il avait forcément dû pratiquer pour la perfectionner à ce point, le corps entier tourné vers Tony comme s'il était la seule chose intéressante de toute la soirée.
- Loki ! s'écria donc Thor
Et vraiment, Tony ne savait pas s'il devait le remercier ou le maudire de les interrompre. Il se rendit compte que la nuit était entièrement tombée, qu'il commençait même à avoir un peu froid et qu'il avait plus bu que mangé. Ce brusque retour à son corps ne parvint cependant pas à chasser toute l'envie qui le parcourait depuis des heures. Et si Thor n'était pas capable de le faire renoncer à se laisser séduire par son petit frère, il avait bien peur que rien ne l'arrêterait.
- Tu m'avais promis de bien te tenir ! continua-t-il dans une voix plus forte qu'à l'accoutumée qui trahissait probablement une trop grande quantité d'alcool imbibée.
- Moi ? Je suis certain que je n'aurais jamais promis ça, répondit aussitôt Loki en se redressant de toute sa hauteur pour faire face à son frère, malheureusement sans perdre une once de son charme
- Tu m'as dit que tu ne gâcherais pas ma fête d'anniversaire cette année.
- Ah. Oui, ça je l'ai dit. Et elle n'est pas gâchée, je passe un excellent moment !
- Ce n'est pas ce que « ne pas gâcher ta fête d'anniversaire » signifie.
- Oh je vois, on rencontre un problème de…
- Laisse-moi deviner, de définitions ? A un moment donné maître Yoda si tu es le seul à utiliser ton dictionnaire on perd une des fonctions principales de la communication, le coupa Tony, parce que vraiment, il n'avait pas pu s'en empêcher.
- Je suis grand seigneur et je vais te laisser le bénéfice du doute là-dessus, lui accorda Loki dans un sourire qui n'avait pas le droit d'être aussi aguichant devant Thor.
Ce qui suivit fut simplement du grand art, et Tony était un amateur. C'était un petit drame familial qui ne se jouait assurément rien que pour lui, sinon ils auraient arrêté de parler anglais pour revenir à leur norvégien d'origine non ?
- Où est-ce que tu as caché Monsieur Pops ? continuait donc Thor.
- Monsieur Pops a disparu ? Non ! Mais c'est un drame ! Arielle doit être effondrée !
- Loki, je te connais, tu sais que je te connais, on sait tous les deux que c'est toi le responsable. Dis-moi juste où est Monsieur Pops que Madame Hostone puisse se retirer pour la nuit et on oubliera tout demain.
- Quoi ?! Tu oses me soupçonner ?! Voilà ! voilà ! Pourquoi je ne voulais pas remettre les pieds ici ! Dès que le moindre évènement se produit, tout de suite je suis accusé, sans que l'on cherche…
Thor poussa un soupir résigné en levant les yeux au ciel dans un mouvement qui semblait si usé que Tony eut presque pitié de lui. Presque. Il était beaucoup trop diverti pour le moment.
- … à savoir qui est le réel coupable ! Je savais en revenant ici, je savais que ça se passerait comme ça mais est-ce que …
- Loki…
- … je me suis défilé ? Non ! Au contraire j'ai fait cet effort pour toi et c'est comme ça que tu me remercies ?
- Loki ! Ça suffit ! Où. Est. Monsieur. Pops ?
- Moi qui ai pourtant passé la soirée à bénévolement et sans aucune arrière-pensée divertir ton ami, qui souffre d'un cœur brisé inconsolable…
Tony n'était même pas agacé d'avoir été entrainé là-dedans. Ses gestes théâtraux et son ton superbement innocent et outré étaient beaucoup trop réjouissants pour qu'il fasse autre chose qu'acquiescer avec vigueur quand Thor tourna la tête dans sa direction pour vérifier l'apparent alibi de son frère.
- In .lable , affirma-t-il quand Loki le désigna de la main, le cœur plus que brisé, je n'ai même pas sauvé le monde en révolutionnant l'industrie de l'énergie propre ces derniers temps tellement j'étais effondré !
- …et pour lequel tu t'inquiétais tellement que j'ai pris sur moi pour m'assurer de sa bonne remise en forme ?
- Merci, vraiment, j'avais effectivement besoin de quelqu'un qui me rappelle que je suis seul, vieux et dépressif. Plusieurs fois dans la soirée. Thor c'est bien simple, c'est un ange ton frère.
- Frère adoptif, le coupèrent les deux frères d'une même voix dans une union splendide qui fit battre son petit cœur de showman.
Le regard brillant de victoire que lui envoya Loki valait possiblement la moitié du compte en banque de Tony, ses yeux étincelaient de malice, son sourire était plus sournois que jamais et s'il l'avait décrit comme sublime toute la soirée, il le trouva subitement époustouflant. Il aurait probablement accepté de pirater le pentagone pour lui donner les codes nucléaires s'il le lui avait demandé à cet instant.
- Oh mon dieu. Vous allez coucher ensemble, pas vrai ?
Thor était apparemment arrivé au bout de ce qu'il pouvait supporter pour une soirée. Mais Loki réussit là où beaucoup auraient échoués : même après une performance qui avait placé la barre si haute, il ne déçut pas Tony. Son expression se vida de toute malice, ses yeux s'agrandirent d'innocence et il arbora un air choqué tellement crédible que même lui douta de sa véracité un instant.
- Thor ! Ça ne m'avait même pas traversé l'esprit ! S'exclama-t-il, une main sur le cœur.
- Je ne sais même pas pourquoi je suis surpris, continuait à bougonner le plus vieux des deux dans l'expression de résignation la plus lasse que Tony ait jamais vue sur lui.
Sans qu'il ne porte la moindre attention à son frère, le visage entier de Loki se transforma, son sourire en coin réapparut en flèche et l'expression qu'il arbora quand il lança un regard appuyé à Tony était presque vulgaire tant elle était lascive.
- Mais maintenant que tu en parles et que tu m'as mis l'idée en tête…
- Et dire que je croyais que tu m'avais manqué…
- Anthony Stark, excuse donc la vulgarité de cet homme qui me sert de famille mais pour une fois, il soulève un point dont l'intérêt est évident : est-ce qu'on va coucher ensemble ce soir ?
Oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui
- Ça dépend probablement de ta définition de coucher ensemble, Docteur Facilier, je ne voudrais pas m'engager dans quelque chose et être surpris par la marchandise.
- Tony, ne l'encourage pas ! Qu'est-ce que je raconte, bien sûr que tu vas l'encourager, qui a décidé que c'était une bonne idée de vous faire vous rencontrer au juste ?
- Je voulais dire, reprit Loki d'une voix un peu plus forte pour couvrir le monologue désabusé de Thor, est-ce que l'on va faire se rencontrer nos parties génitales afin d'atteindre un coït on peut l'espérer mutuellement satisfaisant ?
- Okay, okay ! Je m'en vais, tu as gagné, le chien de madame Hostone peut attendre que tu daignes le faire sortir de là où tu l'as enfermé quand tu l'auras décidé ! Bonne nuit à tous les deux, je ne veux rien savoir de plus. Jamais. Pour toute la vie.
Thor n'avait même pas attendu d'avoir terminé sa phrase pour leur tourner résolument le dos et s'éloigner d'un pas décidé. Tony ne savait plus trop s'il voulait plus laisser échapper un éclat de rire à la hauteur de la comédie qui venait de se jouer ou plaquer Loki contre la surface la plus proche jusqu'à ce qu'ils perdent suffisamment leur souffle pour s'étourdir le cerveau.
- J'espère que ce n'était pas juste une image que tu voulais mettre dans la tête de Thor… choisit-il de dire
- Peut-être que si tu me suis, tu pourras le découvrir par toi-même, sourit Loki en s'éloignant pour la première fois du coin de terrasse où ils étaient.
Tony lui emboita le pas immédiatement. Il savait reconnaitre une opportunité quand il en voyait une.
- Tu as fait preuve de plus de verbiage dans la soirée !
- Hm, je suis un peu soul et je ne pensais pas qu'il me faudrait aussi longtemps pour te convaincre, excuse mon manque de finesse.
- Oh j'étais convaincu depuis disons…Le moment où tu m'as balancé ma rupture à la figure en guise d'introduction, ça c'était une entrée en matière réussie !
- Tu es donc si facile ?
- Bien sûr que non, je suis beaucoup plus facile que ça d'habitude, mais je te rappelle que je souffre d'un cœur brisé inconsolable !
Loki les avait déjà fait traverser la terrasse et ils regagnaient ce que Tony ne pouvait pas appeler autrement qu'une salle de bal, où les invités s'adonnaient à une danse chorégraphiée digne d'un film sur l'Europe médiévale.
- Bon sang, une valse, vous êtes complètement tarés, soupira-t-il avec admiration.
- Tu sais danser la valse ?
- Hein ?
Pour sa défense, Tony avait un peu de mal à se concentrer, Loki venait de lui saisir le poignet, l'extrémité de ses doigts si proches de ses glandes de poignet que c'en était forcément délibéré, et l'entrainait de l'autre côté de l'immense salle de bal avec une rapidité déconcertante. Comme s'il craignait que l'intérêt soudain qu'il avait montré pour les danseurs ne lui fasse changer d'avis.
Comme s'il y avait la moindre chance que Tony le laisse filer sans lui.
- La valse ? Tu sais danser ? Je ne pensais pas que ce serait ton genre…
- Oh, ma mère tenait à ce que je sache. Elle a failli organiser un… Enfin bref, elle tenait à ce que je sache danser la valse donc oui, je sais danser. Enfin, je savais, j'ai essayé d'arrêter de savoir et d'oublier parce que génial milliardaire playboy et philanthrope ça perd un peu de classe quand on le colle à « sait danser la valse », mais bon, génial comme j'ai dit, et j'ai tendance à ne jamais rien oublier. Sauf les dates d'anniversaire. Bon anniversaire d'ailleurs, au cas où.
Loki poussa une porte dans un coin de la salle de bal et quand elle se referma derrière eux, le silence les enveloppa immédiatement. Sacrée isolation phonique. Il espéra que le frisson qui le parcourut à l'idée de ce qui allait (enfin, enfin, enfin) se passer ne serait pas remarqué.
- Tu parles beaucoup, sourit Loki en se retournant vers lui, relâchant enfin son poignet.
- Tu pourrais me faire taire.
- Et tu oses me dire à moi que je manque de verbiage ?
Tony sut que le sourire - malicieux, brillant, charmant - que lui envoya Loki à cet instant resterait gravé dans sa mémoire pour longtemps. Il laissa échapper un petit rire, le souffle un peu coupé et malheureusement pas à cause de la quasi-course qu'ils avaient faite pour s'échapper de la soirée. Il ferma les yeux, inspira profondément pour essayer de calmer les palpitations exacerbées qu'il sentait dans sa poitrine et parvint à grande peine à faire taire un instinct qui lui chuchotait avec une force terrifiante « à moi » (« à moi pour l'éternité »).
- Est-ce que…
Il hésita un instant à terminer sa phrase, parce que c'était si intime qu'apparemment même Tony Stark devait s'y reprendre à deux fois pour trouver les mots.
- Je t'ai ressenti avant de te voir, finit-il par avouer.
Il rouvrit enfin les yeux pour tomber dans ceux si verts, si animés et pleins de vie de son interlocuteur. Loki pencha la tête sur le côté pour le dévisager, son putain de sourire malicieux en coin et ne répondit qu'en lui tendant une main. Tony relâcha son inspiration et la saisit en ayant la certitude qu'il était en train de faire une de ses meilleures erreurs, celles qui révolutionneraient le monde de demain mais lui exploseraient au visage avant.
Loki tira sur son bras, le forçant à se rapprocher. Ils partagèrent un souffle, puis deux, sans cesser de se dévisager. Quand les yeux verts descendirent avec insistance sur ses lèvres avant de replonger dans son regard, une question amusée dans les yeux et un sourcil levé qui semblait lui dire « qu'est-ce que tu attends au juste ? », Tony céda.
Il attrapa le sourire de l'Oméga entre ses dents en essayant de ne pas laisser échapper un grognement guttural totalement instinctif. Il fut immédiatement enveloppé dans les bras longs de Loki, un mètre quatre-vingt-dix d'homme le plus sexy qu'il ait jamais rencontré entièrement collé contre lui, appuyant sans douceur contre une érection qu'il avait eu du mal à contrôler depuis des heures. Il espéra que le gémissement plaintif qu'il entendit ne venait pas de lui.
Il plongea une main dans sa chevelure noire, laissant ses ongles en griffer légèrement le cuir au moment où le baiser s'humidifia, découvrant la bouche l'un de l'autre dans une frénésie qui ne laissait place à aucune finesse. Cette fois, il était sûr que ce n'était pas lui qui laissa échapper un miaulement appréciateur et il l'embrassa avec encore plus de force, sa deuxième main parcourant avec avidité son dos, ses flancs, sa fesse gauche qu'il serra avec insistance avant de glisser sous sa cuisse pour l'inciter à nouer sa jambe autour de sa taille. Il ne put pas résister à l'envie de tendre ses hanches en avant, cherchant une friction dont le soulagement immédiat ne faisait qu'encourager le désir un peu fou qui le consumerait.
- Tu nous emmènes ailleurs ou est-ce qu'on baise dans ce couloir ? Franchement, ça m'est un peu égal, murmura-t-il dans un souffle, le temps que sa bouche ne parcoure la distance qui séparait la mâchoire de Loki de son cou.
Enfin. Ce cou l'avait tenté toute la soirée. L'odeur qui s'en dégageait était enivrante dans l'intimité qui les enveloppait et Tony n'avait jamais été aussi séduit par une odeur, Oméga ou pas. Loki encouragea son exploration, arquant la tête en arrière, offrant sa pomme d'adam, sa trachée, ses glandes, toutes goutées, toutes embrassées, toutes tremblantes.
- Oh !
Loki le repoussa doucement, les yeux écarquillés. Un sourire soudain apparut sur son visage et il laissa échapper un gloussement joyeux.
- Oh j'ai une idée d'endroit ! Bien sûr, suis-moi, vite, je ne suis pas connu pour ma patience.
En effet, il avait à peine fini sa phrase qu'il se détachait d'un Tony un peu béa, un peu benêt peut-être, mais encore tout à son désir. Il commençait déjà à se faufiler dans le couloir et heureusement que Tony n'en était pas à son premier coup d'un soir un peu excentrique, il se reprit vite et ne le laissa pas quitter son champ de vision.
Le manoir Borson était immense et s'y perdre aurait été aisé. Un instant, Tony eut presque envie de laisser Loki lui échapper. Il aurait aimé savoir s'il était capable de le retrouver rien qu'en suivant le tiraillement qui indiquait qu'ils étaient compatibles. Mais Loki lui avait attrapé la main, se retournait régulièrement pour lui envoyer un regard aussi suggestif que malicieux, et Tony oublait tout ce qui ne lui servait pas à aller le plus rapidement possible dans un endroit où ils pourraient trouver une position aussi proche que possible de l'horizontal.
Quand enfin Loki poussa une lourde porte probablement en bois massif pour les guider dans une pièce sombre, il sut immédiatement où il était, bien avant que son compagnon ne trouve l'interrupteur de la pièce. Les bureaux de mauvais pères avaient peut-être tous la même odeur et la même atmosphère.
Pourtant, quand la lumière se fit, les meubles en bois et tissus anciens, cossus et sombres, n'avaient rien à voir avec le métal froid et moderne qu'avait toujours choisis Howard. Les deux hommes (Odin, se souvint subitement Tony, mais il n'avait jamais su si Thor blaguait en leur disant le nom de leur père ou s'il avait été sérieux) se seraient probablement détestés s'ils s'étaient rencontrés -peut-être s'étaient-ils d'ailleurs rencontrés, horreur !- représentant tous deux ce que l'autre arborait le plus. La noblesse ancestrale traditionnelle accrochée à ses privilèges comme une tique à un chien errant, et la nouvelle bourgeoisie furieusement tournée vers un futur qu'elle pensait être en droit de conquérir coûte que coûte.
Tony se dirigea droit vers une des chaises installées en face du bureau, là où le chef de famille avait du recevoir nombres d'alliés, d'anciens alliés, de futurs alliés, d'ennemis que l'on garde encore plus proches et ne put empêcher le rire presque amer qui lui échappa.
- Ce sont les chaises les moins confortables de toute la baraque pas vrai ? Howard avait exactement la même chose dans son bureau.
- Ce n'est pas cette chaise-là qui m'intéresse, je t'avoue.
Loki venait de draper sa veste de costume sur l'assise du véritable trône qui siégeait devant le bureau massif. Il se lova dans le cuir visiblement confortable, ses longs doigts déjà occupés à ouvrir les boutons de sa chemise capturèrent immédiatement toute l'attention de Tony, son érection se fit douloureuse l'espace d'un instant, et il sentit l'excitation de l'homme assis en face de lui dans le moindre de ses porcs, oubliant violemment tout ce qui avait pu le distraire quelques secondes auparavant.
- Alors qu'est-ce qu'on négocie ? susurra Loki au moment où le dernier bouton était retiré, son torse pale, fin et solide à peine esquissé.
Tout ce que tu veux. Absolument tout ce que tu veux.
- Si on va jusqu'au bout, on va se nouer, lâcha vulgairement Tony, dans une brusquerie à des années lumières il lui semblait de la tentation subtile mais terriblement efficace de l'Oméga qui était maintenant occupé à lascivement dénouer sa propre ceinture.
Il fut satisfait de sentir une brutale relâche de phéromones en réponse. Loki avait commencé à mouiller. Tony ne savait honnêtement pas comment il parvenait à rester assis sur sa propre chaise, le bureau qui les séparait aurait été qualifié d'ostentatoire dans n'importe quelles circonstances mais il semblait encore plus large quand il les tenait si éloignés l'un de l'autre à cet instant.
- Ça ne ressemble pas à une négociation ça…
- Si. C'est négociable. On peut faire autre chose. Je peux te sucer pendant que tu es assis sur le fauteuil de ton père, tu pourrais mouiller le cuire, peut-être suffisamment pour que ça ne parte jamais tout à fait même après lavage, et il serait obligé de changer où de te sentir à chaque fois qu'il s'assiérait là.
Les doigts de Loki s'arrêtèrent pour la première fois depuis qu'il s'était assis, enfin tremblants sur son bouton de pantalon et ce premier visible don de contrôle fut suffisant pour alimenter celui de Tony. Il sentit l'atmosphère changer légèrement, il sentit Loki lui accorder un peu de pouvoir, pour la première fois de la soirée. C'était sublime, magique, et bien que terriblement excitant, Tony se détendit sur sa chaise inconfortable, laissant une partie des instincts d'Alpha qu'il avait toujours préféré le guider pour la suite.
- Continue, souffla Loki, ouvrant enfin l'attache de son bas de costume.
- Si tu préfères, moi je peux m'assoir sur ce véritable trône, et toi, tu pourrais t'agenouiller devant moi et me sucer. Je pourrais tenir ta tête, te forcer à me prendre un peu plus à chaque fois, et ton père pourra sentir le sperme que tu auras durement gagné la prochaine fois qu'il rentrera dans ce bureau.
Loki avait défait sa braguette, ouvert au maximum son pantalon, dévoilant à peine un sous vêtement probablement en soie, vert lui aussi, qui laissait dessiner une érection que Tony espérait au moins aussi douloureuse que la sienne.
- Tu as d'autres propositions encore ? J'aime avoir le choix.
- Je pourrais m'asseoir sur le bureau et tu pourrais me baiser. Il nous faudrait du lubrifiant, mais comme je suis génial j'en ai toujours sur moi, au cas où.
Tony savait que là, il avait marqué un grand coup et Loki vint flatter son égo tout pile comme il l'avait espéré : il attrapa ce que Tony savait être la base de son érection pour la pincer presque violemment, sa tête se reposa brusquement sur le dossier de la chaise exposant encore une fois ses glandes, laissant sa chemise s'ouvrir juste un peu plus et il ferma les yeux en se pinçant la lèvre inférieure. Si Loki décidait de s'arrêter là, maintenant, tout de suite, Tony se trouverait tout de même gagnant : l'image qui venait de lui être offerte était d'une sensualité magnifique et il le dévora des yeux aussi longtemps qu'elle dura. Elle s'était immédiatement imprégnée dans sa mémoire.
- Tu es le genre d'Alpha à se laisser prendre ? demanda Loki dans un souffle.
- Je suis le genre d'Alpha à se laisser faire tout ce qu'il veut.
Bon, il devait quand même s'accrocher aux accoudoirs de sa pathétique chaise. S'il avait pu détourner les yeux du spectacle qui lui faisait face, il savait qu'il aurait trouvé ses articulations entièrement blanches sous la force qu'il y mettait pour s'empêcher d'imiter son interlocuteur et d'enfin se prendre en main.
- Je suis le genre d'Omega à se laisser faire tout ce qu'il veut aussi.
- Bien, on va peut-être enfin pouvoir décider de ce que tu veux faire de moi alors. Je ne veux pas dire que je suis impatient, mais je vais finir par jouir sans t'en faire profiter si on continue à ce rythme.
Il vit le regard de Loki se porter sur son pantalon, détailler avec ce qui ne pouvait être que de l'appréciation ce qu'il y vit et revenir se poser dans le sien.
- Je veux que tu me baises sur ce bureau.
- On va se nouer alors, répondit Tony dans un tac au tac dont il n'était pas peu fier vu le frisson instantané qui lui était remonté le long de la colonne vertébrale en découvrant le programme.
- Je sais.
- Et tu y consens ?
- J'ai l'impression d'être dans une église le jour d'une cérémonie de mariage.
- Loki. On est compatible. Une fois que je me serai levé de cette chaise et que j'aurai posé une main sur toi dans l'idée de te prendre, je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir revenir en arrière, même si tu me supplies. Je veux que ce soit clair.
- Toi, tu es passé par des stages sur le consentement organisés par tes équipes de relations de presse…
- Mon meilleur ami est un Omega et j'ai décidé il y a quelques années d'essayer d'être un connard le moins souvent possible.
- Ta réputation disait autre chose, je suis terriblement déçu.
- C'est à prendre ou à laisser. Je peux te baiser sur le bureau de ton père, aussi violemment ou tendrement que tu le souhaites, te nouer, et continuer à jouir pendant plusieurs dizaines de minutes alors que tu ne peux plus rien y faire, mais uniquement si je sais, explicitement, que c'est ce que tu veux aussi.
Avec toute la saturation de phéromones qui avait pris possession de la pièce, Tony ne savait pas comment Loki parvenait à rester si cohérent, si en contrôle, si terriblement séduisant. Il se pencha en avant, les deux coudes appuyés sur le bureau qu'il allait très probablement mouiller dans quelques instants, appuya sa tête sur ses mains nouées et parvint encore à lui envoyer un sourire en coin que Tony voulait oblitérer de son visage.
- Si ça peut te faire plaisir de penser que tu as la charge de cette soirée, alors sois assuré de mon consentement le plus fervent. Maintenant que c'est dit, on peut baiser ? Je t'ai dit que je n'étais pas connu pour ma patience.
Tony eut subitement l'impression de découvrir la téléportation. Un instant il était assis et celui d'après il avait contourné le bureau, posé une main sur la nuque de Loki et avait forcé sa langue aussi profondément qu'il pouvait le faire dans sa bouche. Le baiser n'avait rien de subtil, c'était une chose vulgaire et électrifiante qui alla droit dans ses testicules pour les resserrer l'espace d'un instant. La position n'avait probablement rien de confortable pour l'Oméga, la nuque tendue au maximum en arrière mais il s'en foutait pas mal. Il le força à rester en place le temps qu'il frotte son poignet contre sa nuque, glande contre glande et se laissa à grogner de satisfaction en sentant enfin l'air saturer de leurs deux odeurs emmêlées.
Il aurait aimé avoir emmené son prototype de lunettes connectées pour se refaire la suite des évènements plus sereinement et réaliser avec plus de calme ce qui était en train de se passer parce qu'il devrait s'avouer à lui-même avoir un peu perdu le contrôle d'une partie de son corps pour la suite. Il avait déjà couché une fois par le passé avec une Oméga compatible, il s'était attendu à ce que ses hormones prennent le dessus sur le reste, il s'était attendu à du sexe peut-être un peu plus instinctif que d'habitude mais pas à ce point.
Non, une partie de ça ne pouvait être attribuée qu'à Loki, au petit cri entre le gémissement et la plainte qui sortit de sa bouche quand Tony força sur sa nuque pour le plaquer le ventre contre le bureau, au mouvement impatient qu'il fit immédiatement avec ses hanches pour tenter de l'aider à descendre son pantalon, à la sensualité de son geste quand il écarta les jambes, le cul relevé juste à la bonne hauteur pour masser son entrejambe encore habillée, au petit gloussement qui lui échappa quand Tony en grogna d'impatience, et à sa soumission apparente alors qu'il tentait de lutter contre la prise sur sa nuque avec juste suffisamment de force pour s'assurer qu'il était bien maintenu en place, au relâchement complet de son corps quand il en eut la certitude et à l'odeur qui se dégageait de lui, plus enivrante que le whisky accumulé dans toute la soirée, embrumant son esprit comme rarement il l'avait été à cause de l'excitation.
Tony garderait en tête cet instant qui lui parut incroyablement long, quand il fallut trouver dans sa poche un préservatif, s'assurer qu'il était de la catégorie pouvant supporter un nouage (comme si les yeux de Tony étaient encore capable de déchiffrer quoique ce soit avec Loki qui se tortillait contre le bureau comme ça, mécontent d'avoir perdu ses mains sur lui, comme si Tony ne voulait pas les reposer sur son corps le plus vite possible, comme s'il avait autre chose en tête que de l'apprendre par cœur, le plus le plus fort possible, de le caresser, de le toucher, de le pincer, de le posséder rien qu'un peu, juste suffisamment pour étancher cette soif de lui qui allait le rendre fou) l'enfiler sur une érection qu'il n'avait pas le souvenir d'avoir libérée et enfin, enfin, reposer une main sur une hanche qui semblait avoir été faite juste pour ça.
Il se souviendrait avec une clarté presque étrange vu le brouillard qui flotterait sur le reste des évènements, de cet instant précis, de ce moment où Loki perdit audiblement son souffle, où tout sembla suspendu, il put compter cinq, six battements de cœurs frénétiques, les siens probablement, et il joignit leur deux corps en un geste fluide qui le hanterait pendant des semaines, presque trop facile et était-ce parce Loki ruisselait presque d'excitation ou parce qu'il avait pris trop de temps pour le préparer ? Il prit le temps d'attraper sa deuxième hanche, de cligner des yeux deux fois vers un visage malheureusement caché sous des cheveux qui commençaient déjà à s'emmêler, mais pas de lui laisser reprendre son souffle avant son premier coup de bassin. Un soupire dans une langue qu'il ne connaissait pas lui répondit, lui aussi mémorisé au plus profond de son âme, d'un érotisme à l'obséder durant toutes ses futures masturbations.
Il ne se souviendrait pas avoir changé de position et pourtant, à un moment Loki se retrouva sur le dos, les mains accrochées de l'autre côté du bureau, le cou offert à son bon regard, la chemise toujours ouverte mais toujours accrochée à ses épaules dévoilant un torse tendu, concentré vers son plaisir. Oh, il se souviendrait de ça, oui. Du plaisir qu'il pouvait lire dans les yeux de Loki quand il parvenait à les garder ouverts pour le dévisager, qu'il pouvait entendre dans de petits souffles et encouragements qui lui échappaient quand ses coups de rein claquaient plus justes que les autres, de tout son corps qui ondulait contre lui, toujours en mouvement, jamais passif, de sa jambe qu'il avait enroulée autour de ses hanches pour l'encourager, pour accorder leurs deux rythmes, pour qu'ils fusionnent ensemble encore plus près et encore plus fort.
Il se souviendrait que Loki était sublime, tout abandonné à son plaisir, qu'il aimait que Tony l'attrape par le cou pour forcer sa tête dans une position inconfortable, qu'il mouillait sans aucune honte le bois massif qui le soutenait et c'était probablement ça, ce laisser aller à son plaisir, son hédonisme qui faisait si parfaitement écho à tout ce que Tony avait toujours été, c'était probablement ça, oui, qu'il trouva le plus beau. Ses mains le parcouraient de long en large, tentant de capturer un peu de son essence, un peu de sa chaleur, un peu de sa beauté, un peu de lui.
Tony se souviendrait qu'il avait tenté de tout lui donner. Tout ce qu'il pouvait avec son corps, toutes ses années de pratiques qui ne semblaient avoir été accumulées que pour lui, en cet instant, pour voir ses yeux verts briller de satisfaction, pour sentir son odeur toujours plus exaltée contre les porcs de sa peau. Il sentit les premiers signes d'un nouage arriver, il devait fournir plus d'efforts pour maintenir ses mouvements de vas et vient et il fut satisfait de sentir immédiatement le corps de Loki lui répondre en harmonie, spasmer contre lui pour l'encourager à grossir.
Il ne se souviendrait que vaguement de la fin de leur ébat. Il y avait cet instant, comme dans tous les nouages, intensément à la limite entre douleur et plaisir, terrifiant et exaltant, où tout devenait trop, trop, trop, il fallait que ça s'arrête, trop, trop et enfin, enfin, enfin, tout basculait dans le plaisir et tout son corps était concentré sur son entrejambe prise sans qu'il puisse rien y faire dans un autre. Il laissa s'échouer son corps contre un torse aussi essoufflé que le sien et ne parvint pas à faire autre chose qu'à se concentrer sur son orgasme pendant un moment incalculable.
Puis, un petit gloussement le rendit à son corps. Le corps sous lui, parce qu'il y avait un corps sous lui, ce n'était pas juste une extension de lui-même comme il en avait eu l'illusion quelques instants auparavant, sursautait d'un petit rire que Tony savait à jamais imprégné dans sa mémoire. Deux jambes se nouèrent autours de lui, deux bras également, et il fut enveloppé dans un cocon si agréable qu'il en oublia d'être vexé par cette réaction loin du K.O. majeur que lui semblait subir.
- Et bien, c'était pas si mal !
L'égo de Tony dut lui faire remarquer que Loki n'avait pas totalement repris son souffle, et le baisé humide et sensuel qui fut déposé sur son lobe d'oreille finit de convaincre un instinct d'Alpha dangereusement proche de la surface qu'il n'avait pas été un si mauvais pourvoyeur.
- Mmh, répondit-il simplement.
Pas encore capable de mieux. Juste à ce moment, son corps se contracta à nouveau, et il se sentit jouir une deuxième fois. Moins longuement que la première heureusement, mais c'était bon tout de même et il perdit la notion du temps une deuxième fois. Quand il la retrouva, il entendit les derniers soupirs de l'orgasme de son partenaire, répondant biologiquement au sien, et c'était toujours aussi sublime.
Loki était sublime.
- Est-ce que je t'ai cassé ? demanda malicieusement ce dernier.
Il était encore capable de malice. Tony était incapable de… était incapable de tout et Loki était encore…encore si…
- Oui, avoua-t-il simplement, plongeant son nez dans le cou qui lui était toujours offert, cherchant du réconfort dans leurs deux odeurs encore emmêlées.
- Je dois être flatté ou est-ce que c'est simplement le –
Il s'interrompit parce qu'une nouvelle contraction de plaisir les traversait tous les deux et Tony jouit pour la troisième fois, toujours noué en lui, toujours prêt à tout lui donner, absolument tout, tout ce qu'il voulait.
- Oh, c'est si putain de bon. J'avais oublié à quel point. Tu vas continuer à jouir encore hein ?
Tout ce qu'il voulait, absolument tout ce qu'il voulait.
La suite redeviendrait floue. Le nouage portait toujours le corps à la limite de ce qu'il pouvait endurer et Tony n'avait plus dix-huit ans, chaque orgasme le laissait un peu plus vidé que le dernier et il en eut quelques-uns de plus que la limite du confortable suggérait.
Quand enfin, et oui enfin, parce qu'il était proche de la rupture, le nouage commença à se délier, quand il put doucement, doucement, encore plus doucement que ça parce que c'était trop douloureux autrement, s'extirper de Loki, il était enfin, lui aussi, épuisé par les évènements. Tony réussit à s'asseoir sur la chaise de bureau, il se souvint avoir attrapé l'Oméga (son Oméga, à lui, le sien, celui qui l'avait choisi lui et personne d'autre, le sien à lui, à lui, à lui) et l'avoir attiré contre lui sur la chaise, avoir guidé sa tête dans son propre cou pour que lui aussi respire l'odeur réconfortante de leurs essences unies, d'avoir caressé toutes les parties de peau qui lui étaient encore accessibles parce que la partie de son cerveau qui n'était pas juste Alpha devant protéger son Oméga se réveillait petit à petit et lui rappelait que la chute d'hormones post-nouage pouvait être violente pour un Oméga et qu'il fallait qu'il soit là pour lui. (il fallait qu'il soit là pour lui pour toujours).
Plus tard, quand il se sentit de nouveau plus Tony qui s'avérait être un Alpha qu'Alpha Tony, il se rendit compte qu'il mourrait de faim et qu'il avait assez soif pour que ce soit inquiétant. Loki était lourd, blotti contre lui à la perpendiculaire, il appuyait douloureusement sur sa jambe gauche, endolorissant tout le reste et il avait trop chaud aux endroits où leurs corps se touchaient et mourrait de froid sur le reste, la sueur en cours de séchage n'aidant pas à le tempérer. Son dos appuyait sur le dossier en cuir du fauteuil et les brulures qu'il y sentait lui faisaient se demander à quel point Loki l'avait griffé. Il s'était rarement senti aussi bien.
- Je t'ai cassé ? Se vengea-t-il en riant quand il sentit Loki reprendre lui aussi conscience de lui-même.
Un bâillement lui répondit suivi d'une petite tape sur l'avant-bras qui n'avait rien à voir avec la répartie qu'il avait découverte plus tôt chez son partenaire. Son égo s'en délecta longuement.
- J'ai faim, murmura Loki dans son cou, apparemment toujours suffisamment à l'aise avec lui pour le respirer audiblement.
- Moi aussi. Et j'adorerais vraiment satisfaire nos instincts à tous les deux en allant te chasser un sanglier ou deux mais vraiment, ce n'est pas mon point fort et on n'est pas chez moi.
- Mmh… C'est donc à moi de trouver à manger c'est ça ?
- Exactement !
- Tu es un Alpha inutile.
Il se tendit sans rien pouvoir y faire et grimaça immédiatement après, embarrassé par une réaction si visible mais vraiment, ça ne faisait que quelques dizaines de minutes qu'ils s'étaient dénoués et Loki était toujours dans ses bras, ses instincts étaient encore trop forts. L'Oméga laissa échapper un de ses petits rires amusés, embrassa sa glande olfactive en guise d'excuse et se redressa contre lui en s'étirant comme un chat satisfait. En bougeant, ce qui devait arriver arriva et Tony sentit couler contre sa cuisse un mélange de fluides qu'il se concentra pour omettre.
- Tu as mis un préservatif ? demanda Loki, visiblement conscient des mêmes désagréments corporels que lui. Probablement plus conscient que lui, même.
- Oui, il est dans la corbeille à papier sous le bureau si tu veux vérifier, il a tenu.
- Mmmh, approuva-t-il en s'étirant une deuxième fois avant de se redresser complètement, et de se lever dans un geste qui manquait clairement de sa prestance habituelle.
Son égo s'en délecta une seconde fois.
- Tu as abimé ma chemise, se plaignit-il en examinant le tissu qui ne l'avait pas quitté de la soirée.
- Tu m'as dit que c'était toi qui avais la charge de la soirée, donc c'est toi le responsable, lui répondit-il immédiatement après s'être redressé lui aussi.
Il avait froid maintenant, mal un peu partout et entendit ses articulations craquer quand il s'étira. Il comprit en une brève seconde que l'atmosphère qu'il y avait eu entre eux ne changerait pas maintenant qu'ils avaient couché ensemble et en fut joyeusement réjoui. On ne savait jamais comment un partenaire allait réagir après le sexe, et la nonchalance satisfaite qu'arborait Loki lui allait très bien. Tout chez Loki lui allait très bien, se dit-il pas pour la première fois de la soirée.
Ils s'habillèrent en continuant à se chamailler doucement et Tony fut satisfait de sentir de nouveau ce qu'il pensait être les griffures de Loki sur son dos quand il enfila et boutonna sa chemise. Il avait hâte de se regarder dans un miroir pour pouvoir les examiner, heureux d'avoir une preuve de ce qui venait de se passer. En plus de leurs odeurs vulgairement mélangées.
- Si on sort comme ça, tout le monde va savoir ce qu'on vient de faire, fit-il d'ailleurs remarquer alors que Loki s'apprêtait à le guider hors de la pièce
- Ça te dérange ? répondit-il dans un haussement d'épaules, ouvrant déjà la porte.
- Pas du tout, je suis toujours heureux d'être à la hauteur de ma réputation de salope !
Loki grimaça, apparemment défavorable à l'utilisation de vulgarités en dehors du sexe. Très bien, Tony pouvait s'adapter à tout.
- Oh, pardon d'avoir offensé son impératrice avec ma vulgarité de sang-de-bourbe, je me tiendrais à carreau et je ne parlerais même pas de ce superbe nouage qu'on vient de vivre !
Tony pouvait vraiment s'adapter à tout, mais cette petite grimace, ce froncement de nez, était si mignon qu'il n'avait pas pu résister. Il n'eut tragiquement pas droit à une réédition, Loki se contentant de lever les yeux au ciel avant de le pousser par la porte pour la refermer derrière eux. Ils marchèrent côte à côte dans un silence plein de contentement avant que Loki ne fasse remarquer :
- Tu peux en parler comme tu veux, ça se sent probablement de loin de toutes façons.
- Et ça ne te dérange pas ? demanda-t-il dans un ton qu'il espérait nonchalant.
Lui n'aurait aucun mal à assumer cette odeur insolente, il n'aurait droit qu'à quelques commentaires graveleux de ses amis, peut-être à une tape libidineuse sur l'épaule pour le féliciter, mais c'était rarement l'Alpha qui se prenait la désapprobation pleine de jugement des gens de bonnes mœurs.
Loki devait savoir ça bien mieux que lui et le sourire sournois qu'il lui envoya, le même qui avait séduit Tony avec tant de force durant la soirée, valait toutes les réponses du monde.
- Pas le moins du monde ! énonça-t-il tout de même en appuyant avec attention sur chaque mot.
- Oh ! Un scandale ! ça fait longtemps que je n'ai pas été au cœur d'un scandale ! Tu veux que j'y joue un rôle particulier où est-ce que j'ai juste à m'asseoir dans un coin et à profiter du spectacle ?
Le rire de Loki lui faisait toujours autant d'effets. Une chaleur agréable se répandit également dans son abdomen en l'entendant et il soupira intérieurement. Il n'était pas près de se débarrasser des instincts qui lui affirmaient encore que la personne (la personne vivante, humaine et très consciente) qui l'accompagnait était en réalité sa possession.
- Je nous trouve à manger et on en discute d'accord ? Tu as un endroit où dormir ou est-ce que je t'offre une moitié de mon lit en plus ?
- Oh j'ai un endroit où dormir, qui est certainement beaucoup moins pratique, confortable et agréable que ton lit, je te promets que je ne ronfle pas et vu les instincts que j'entends dans ma tête, je vais probablement me frotter contre toi toute la nuit pour qu'on ait la même odeur scandaleuse en se levant, qu'est-ce que tu en dis ?
- J'attends la partie où tu essaies de me convaincre, j'ai entendu beaucoup de points contre pour le moment…
- Désolé chéri, j'ai bien peur d'avoir laissé une partie de mes formidables neurones dans ce bureau, je ne pourrais pas faire mieux.
Loki soupira longuement de résignation.
- J'ai toujours eu des goûts terribles en matière de partenaires.
- Chouette !
Il aurait sautillé d'enthousiasme s'il n'avait pas été exténué. Loki les fit enfin arriver dans ce qui ne pouvait être qu'une cuisine, parla en norvégien (Tony avait un nouveau projet, il devait être bilingue le plus rapidement possible en norvégien) et quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux servis une assiette fumante de tagliatelles à ce qui sentait comme de la truffe et une carafe d'eau qui semblait aussi fraiche et désaltérante que la cascade de la clairefontaine que Tony s'était toujours imaginée. Ils échangèrent à peine un regard entendu avant de fondre sans aucune manière sur leur repas.
Loki l'entraina ensuite encore dans une interminable promenade pour retrouver sa chambre, lui lançant pique sur pique, critiquant tout, les pas de Tony trop bruyants, sa lenteur à enlever sa chemise pour la deuxième fois de la soirée, sa suggestion de prendre une douche, son oubli apparemment criminel de se brosser les dents, le fait qu'il voulait dormir avec ses chaussettes parce qu'il avait froid, le côté du lit qu'il avait choisi alors qu'il lui avait dit quelques secondes plus tôt de s'installer où il voulait, absolument tout, mais il se blottit dans ses bras sans lui demander son avis, frotta son nez sans aucune gêne ni honte contre la glande de son cou qu'il semblait apprécier particulièrement et poussa un soupire plein de résignation et de satisfaction à la fois avant de relâcher tous les muscles de son corps tout contre lui.
Honnêtement, Tony comprenait. Lui non plus n'aimait pas particulièrement l'instinct qui le poussa à effectivement se frotter contre Loki toute la nuit, contre ses glandes, et à le respirer si fort qu'il avait du mal à dormir. Mais il finit tout de même par sombrer dans un sommeil court mais profond.
Il se réveilla courbaturé, avec un mal de tête qu'il avait prévu quand il avait repris un verre après le troisième la veille, et le corps entier chantant de satisfaction. Il eut le bonheur de constater que Loki n'était pas réveillé, qu'il était toujours aussi sublime, que son odeur lui montait toujours autant à la tête et qu'il ne regrettait que de ne pas l'avoir rencontré plus tôt.
Il avait couché avec beaucoup de monde dans sa vie, certaines personnes laissaient une trace un peu plus forte que d'autres dans sa mémoire, mais Loki avait été un peu spécial, un peu plus brillant et il savait qu'il se souviendrait de leur nuit ensemble avec beaucoup de tendresse. Il n'avait pas d'illusions sur les motifs de l'Oméga, il lui suffisait de se souvenir de son visage embrumé par le plaisir, de son sourire satisfait, de son regard narquois pour savoir qu'il avait eu exactement ce qu'il voulait de lui et honnêtement, il lui aurait donné son (ses ! corrigea son égo) orgasme un demi-millier de fois sans se sentir utilisé plus que ça. Il respectait les gens qui aimaient le sexe pour le sexe, sans honte et encore plus avec un abandon si magistral.
Mais pour lui, pour Tony, ç'avait été un peu plus que ça. Il le savait. Il s'était senti revivre comme il ne pensait plus que c'était possible depuis Pepper.
Dans le calme de la chambre, dans le silence à peine brisé par leurs souffles tranquilles, Tony s'avoua, juste pour lui, un petit secret qu'il garderait précieusement tout près de son cœur, qu'il ne le remercierait jamais assez pour ça. Il s'avoua également que s'il avait senti la moindre inclinaison dans ce sens chez son partenaire, il aurait peut-être tenté sa chance pour se lancer dans quelque chose d'un peu plus pérenne qu'un nouage sur un bureau. Il s'avoua enfin qu'il n'oublierait probablement jamais ce moment, Loki paisible, les bras cachés sous ses oreillers, les épaules nues, tout enveloppé dans un sommeil qui détendait ses traits sans le rendre moins magnifique.
Plus tard, par une ironie sublime parce que le karma avait apparemment décidé de s'excuser auprès de Tony de tout ce qu'il lui avait fait subir ces derniers temps, il s'avérerait que la première personne qui les croiserait quand ils sortiraient de leur cocon serait Thor.
Pour être honnête, il les aurait probablement senti arriver, donc s'il n'avait pas envie de les voir, il n'avait cas quitter le couloir où ils se rejoindraient de manière fortuite. Mais non. Il tiendrait bon et les attendrait, les bras croisés dans un geste désapprobateur, regardant à peine Tony parce qu'il avait probablement assez d'expérience pour savoir qui était l'instigateur de la tempête et du chaos qui allaient suivre.
Tony se tournerait vers Loki qui aurait le même sourire en coin, narquois, la tête haute et le regard plein de taquinerie, exposant un cou où il remarquerait pour la première fois la marque bleutée qu'il y avait laissé, prêt à lancer une pique sublime dont il avait le secret. Et même à cet instant-là, enfin confronté au grand frère qui lui faisait un peu peur, même après quand tous les invités du brunch post anniversaire de Thor leur lanceraient des regards scandalisés dans des chuchotements à peine voilés, il lui suffirait de croiser ce regard vert pétillant de malice pour ne rien, absolument rien, regretter.
[ / Fin ]
