Chapitre 30 : L'invasion Sechs
Ville de Selphia, 28ème jour de l'Eté…
Frey regarda avec horreur la place de Selphia entièrement ravagée. Le dragon n'était pas là quelques secondes plus tôt, elle en était certaine, et puis tout à coup, sans crier gare… Dylas passa son bras autour de ses épaules pour la serrer contre lui avec force, les yeux écarquillés par l'incompréhension.
Le silence ne dura que quelques instants, glaçant, avant d'être déchiré par les hurlements des visiteurs réalisant qu'un monstre énorme se trouvait au milieu d'eux, un cadavre dépassant de ses crocs. Le dragon écarlate rugit, crachant sur un enfant se trouvant juste devant lui un mélange de salive, de sang et d'éclats d'os. Le petit garçon resta pétrifié par la terreur, et sa mère ne put que hurler plus fort encore lorsque le monstre referma ses mâchoires sur son fils, emportant la partie haute de son corps dans un effilochement d'entrailles immondes.
Frey plaqua sa main sur sa bouche, à deux doigts de vomir.
_ Frey, on ne peut pas fuir…
_ Je sais, il faut le combattre pour…
_ Non, on ne peut pas fuir ! Regardez, des soldats !
La jeune fille balaya la place du regard, tentant de voir par-dessus une foule en panique cherchant en vain une issue. De dizaines d'hommes et de femmes arborant les couleurs vertes de l'Empire de Sechs les encerclaient. C'était abominable, la terreur poussait les gens à se piétiner, à se pousser, et plusieurs cadavres jonchaient déjà le pavé rougissant à vue d'œil. Sans compter ceux que faisait le dragon en se jetant au hasard sur les fuyards prisonniers.
_ Frey !
Elle tourna la tête vers l'origine du cri et vit Lest accourir vers elle depuis le château. Il était pâle comme un mort, et Vishnal derrière lui ne semblait pas aller beaucoup mieux, une épée à la main, sans doute arrachée à l'une des armures décoratives du palais.
_ Qu'est-ce qu'il se passe ?!
_ Aucune idée !
_ Il faut les calmer !
_ Va calmer une foule en furie, toi ! Ils veulent fuir, et leur instinct de survie a prit le dessus, ils nous tueront si on se trouve en travers de leur chemin.
Lest émit un hoquet étranglé et se courba en deux pour vomir une bile âcre. Il n'avait rien d'autre à rendre, n'ayant même pas eu le temps d'avaler son petit-déjeuner…
Le dragon poussa un hurlement strident, la tête rejetée en arrière et les écailles dégoulinantes de sang. Comment une si belle journée avait-elle put virer à l'enfer en si peu de temps ? Frey plissa les yeux en voyant la silhouette parfaite de Meryem se hisser sur le dos du dragon et s'y tenir debout, comme pour être visible de tous.
_ Mes chers amis, calmez-vous donc ! Pas de panique, vous mourrez tous, chacun son tour ! Inutile de vous agiter autant…
_ Ordure…
Frey grinça des dents. Elle voulut s'emparer d'une épée pour aller se battre, mais deux mains fermes se refermèrent sur ses bras pour l'immobiliser, pendant que d'autres se saisissait de Dylas, Lest, Vishnal et d'autres personnes dans la foule. La princesse de Selphia vit Guideon, le nouveau forgeron plus si nouveau que ça, immobiliser de sa poigne de fer Forte et Tully, des marchands installés depuis quelques mois maitriser Léandre, d'autres individus s'en prendre à Oural et Mistral… La Garde des Vents si forte était réduite à l'impuissance avec une facilité stupéfiante.
_ Je suis désolé, Votre Altesse…
Frey tourna la tête pour regarder l'homme qui l'immobilisait et retroussa les lèvres en une grimace furieuse.
_ Arnaud !
_ Nous n'avons pas le choix…
Le calme revenu par la force, Meryem descendit du dragon et fendit la foule pour rejoindre le group de Frey et Lest. Doug se trouvait à son côté, le visage ravagé par la culpabilité. Il gardait les yeux au sol, grands ouverts alors que le sang souillant le pavé éclaboussait ses bottes.
_ Mes pauvres Altesses, je suis vraiment désolé pour mes manières… J'espère que vous ne m'en voulez pas trop de prendre le contrôle de votre ville. Mais mon Empereur désire depuis si longtemps prendre sa revanche sur le royaume de Norad, et comme vous êtes sur son chemin…
_ Alors c'est bien Sechs qui nous attaque. Arnaud, c'est vraiment ce que tu veux ? Relâche-moi, il n'est pas encore trop tard pour tout arranger !
_ Arnaud ne vous relâchera pas, petite, il a bien trop œuvré à la réussite de notre plan, depuis toutes ses années. Doug également mérite mes remerciements. Grâce à eux, et à d'autres, nous avons put recueillir des informations précieuse sur vous et votre royaume, et infiltrer la ville, marchand après marchand. Mon Empereur est un homme patient, il savait que sa vengeance ne se ferait pas en quelques mois, pas s'il voulait vous porter un coup fatal. Quelle réussite ! Mais mon dragon s'ennui pendant que je parle !
Meryem claqua des doigts, un sourire effroyable sur son visage magnifique. La beauté cachant la monstruosité. Le dragon claqua des dents avec satisfaction et se jeta en travers de la foule.
Frey vit comme au ralenti la vieille Blossom se trouver sur sa trajectoire, Doug s'élancer, et les griffes du monstre lui laisser de profonds sillons sanglants dans le torse alors qu'il protégeait de son corps la vieille dame l'ayant recueilli. Elle se détourna pour regarda la beauté parfaite hurlant de rire comme si jamais rien n'avait été plus drôle.
_ Meryem, tu n'es qu'une pourriture !
_ Oui, Soraya a dit la même chose, hier.
_ Soraya ?
_ Je l'ai tuée. Elle m'agaçait. C'était un plaisir de l'écorcher vive. Elle était si fière de son beau visage… je l'ai pelée comme une pomme ! Pouvez-vous imaginer quelque chose de plus divertissant ?
Frey songea brièvement à la femme-renarde. Elle ne l'avait jamais apprécié, mais aussi vaniteuse soit-elle, elle ne méritait pas de mourir de façon aussi atroce ; parce qu'elle ne doutait pas de Meryem en l'entendant affirmer l'avoir tuée.
Meryem regarda autour de lui et fit signe à la prostituée Naoko de s'approcher. Elle tenait Arthur contre elle avec une lame plaquée sur la gorge. En passant devant Léandre retenu prisonnier, elle baissa les yeux en se mordant la lèvre. Meryem ricana en regardant Arthur.
_ Le prince bâtard… Tu aurais dû partir quand je t'en ai donné l'opportunité, tu te souviens ? Fuir la rumeur, ça t'aurais peut-être sauvé… comme mon Empereur aurait été heureux de te tuer devant ton cher papa et de le regarder te manger ! Il est très inventif en matière de torture, c'est lui qui m'a tout apprit.
Arthur regarda Frey et Lest avec angoisse et dégout. La voix de Meryem était veloutée, presque trop sensuelle lorsqu'il parlait de son Empereur. Il y avait quelque chose d'écœurant et de malsain dans ses intonations chantantes.
_ Bon, ça ne fait rien, je t'emmènerais avec moi quand nous marcherons vers la capitale royale. En attendant… Arnaud, tu prends le commandement de l'armée. Emmenez nos sérénissimes Altesses dans leurs chambres, et qu'elles y restent jusqu'à ce que je décide qu'elles peuvent en sortir.
Frey se laissa emmener en lançant un regard effrayé à Dylas.
Arnaud et ses soldats les firent quitter la place pour la fraicheur du palais. Ils passèrent dans la salle occupée par Ventuswill, gisant inconsciente sur le sol.
_ Vous avez récupéré les sphères runiques, n'est-ce pas ?
Arnaud pinça les lèvres et hocha doucement la tête. C'est lui qui se chargea d'escorter Frey, pendant qu'un groupe de soldats reconduisait Vishnal au quartier des majordomes et un autre menait Lest à ses appartements.
_ Arnaud, je te connais, je sais que tu ne voulais pas ça… Mais pourquoi l'avoir laissé se produire ? Tu aurais pu prévenir, ou bien…
_ Frey, vous ne pouvez pas comprendre. Vous avez grandie dans un palais, choyée, sans jamais manquer de rien. Votre royaume lui-même est florissant. Sechs n'est qu'une terre glacée où rien ne pousse. Nous mourrons de faim en vous regardant, vous, nos voisins directs, se remplir l'estomac et se permettre même de jeter de la nourriture ! Je me fiche des raisons qui poussent l'Empereur à envahir Norad, mais une fois que le royaume sera sien, les Sechs auront de quoi se nourrir.
_ Arnaud, il devait y avoir une autre solution…
_ Vous n'avez jamais tenu votre fille entre vos bras, ne pouvant que la regarder mourir de faim. Vous n'avez jamais creusé la terre gelée pour l'enterrer… Le blizzard de cet Hiver que vous avez maudit de tout votre être, c'est notre quotidien, en Sechs. Je ne voulais pas semer la mort, aujourd'hui, les méthodes de Meryem me donnent la nausée, mais s'il faut faire avec… Je ne veux plus que des enfants meurent parce qu'ils ont faim.
_ Donc tu es un traitre depuis le début… Et tu as menti à Doug, je suppose. Son village n'a pas été décimé par Venti, mais par Sechs, et tu lui as raconté cette fable grotesque pour le recruter… Pourquoi lui ?
Arnaud soupira.
_ C'était le plus facile à manipuler, c'est tout.
Frey le regarda avec attention. Il avait les épaules voutées par la fatigue, les traits tirés, et le regard éteint. Elle n'arrivait pas à le haïr comme elle l'aurait dû.
_ Je ne savais pas que tu avais une fille, Arnaud…
_ J'avais une femme, aussi, la prunelle de mes yeux. La maladie l'a emportée. Notre médecin n'arrivait plus à s'approvisionner en herbes depuis que Norad a rompu tout contact commercial avec Sechs.
Il s'arrêta devant la porte de la chambre de la jeune fille et l'ouvrit.
_ Ne rendez pas les choses plus compliquées, s'il-vous-plait, et entrez.
Elle obéit en lui lançant un dernier regard. La porte claqua dans son dos et Arnaud la verrouilla. Il s'appuya contre le battant, appuyant sa main contre ses yeux.
Si seulement les choses avaient put tourner autrement…
_oOo_
4ème jour de l'Automne…
Selphia vivait désormais dans la terreur. Les soldats de Sechs patrouillaient dans les rues, n'hésitant jamais à battre, à voler, à violer, à tuer tout ce qui bougeait lorsque l'envie les en prenait. La clinique de Jones et Nancy ne désemplissait pas. L'infirmière évitait autant que possible de demander à Dolce de l'aider pour les viols, et Jones passait son temps à recoudre des blessures affreuses et réduire des fractures. Sa phobie du sang s'était envolée en quelques heures après le massacre de la place, lorsqu'il avait fallut ramasser les corps et s'occuper des blessés. Doug était du second groupe, miraculé mais balafré à vie. Blossom n'avait pas voulut qu'il reste seul à la clinique et l'avait fait transporter chez elle sitôt que son état l'avait permit. Nancy passait le voir chaque jour pour change ses pansements. La culpabilité rongeait le jeune nain, si affreuse qu'elle avait conseillé Blossom de ne jamais le laisser seul, et encore moins avec des objets tranchant à porté de main.
A l'hôtel des bains, Léon aidait plus que jamais Lin Fa. Bon nombre des clients étaient des étrangers venu pour le festival, et qui se retrouvaient coincés dans une ville assiégée. Il aimait ce travail agréable, même si l'eau faisait bouffer son poil de renard. Il aurait simplement préféré l'exercer en d'autres circonstances. Au moins la chance de Lin Fa et sa bonne humeur continuelle permettait-elle de faire de l'hôtel un semblant de havre de paix, pour l'instant épargné par les descentes de soldats Sechs.
Il avait entendu parler d'une dans le restaurant de Porcoline. L'ennemi l'avait totalement mit à sac, détruisant tout ce qui ne pouvait être volé en prétendant que c'était pour s'assurer qu'aucun résistant éventuel se cachait dans le plus petit pot de fleur.
C'était une hantise pour les Sechs, de voir Selphia se rebeller. Mais Meryem avait trouvé la parade, exploitant le genre humain dans toute sa splendeur en échangeant délation contre récompense. Plusieurs citoyens furent pendus sur la place publique sans autre forme de procès que la dénonciation d'un voisin souhaitant s'épargner une visite des soldats Sechs.
C'était monstrueux, et Léon en venait à regretter de s'être réveillé dans ce monde. Même Dylas avait admit qu'en l'état actuel des choses, il aurait préféré être toujours un monstre cheval enfermé dans ses ruines. Il était inquiet, pourtant, personne n'avait eut de nouvelle de Frey et de Lest depuis leur emprisonnement dans leur propre palais. Les pots-de-vin achetaient les habitants de Selphia, pas les Sechs vendus pour la plupart à leur Empereur, ou bien trop effrayés par Meryem pour faire la plus petite concession.
_oOo_
Dans sa chambre, Vishnal frottait à s'en arracher la peau des doigts son icône de compétence réparée par Lest, il y avait une éternité de ça. Il ne pouvait voir son prince qu'une fois par jour, lorsqu'il lui apportait un repas frugal de pain sec et d'eau douteuse sous la surveillance de soldats Sechs. Il ne pouvait pas échanger un mot avec lui, pas s'assurer qu'il allait aussi bien que possible dans cette situation, ni même lui dire qu'Arnaud lui avait confié que Frey se portait bien. Il avait un allié relatif en Arnaud, qui s'écœurait un peu plus chaque jour des meurtres et des pillages.
Il porta son repas à Lest ce jour-là comme les précédents, scrutant longuement le regard clair de son prince en lui donnant son plateau. Comme il regrettait de ne pas lui avoir dit ce qu'il ressentait plus tôt ! Il était trop tard à présent, et la peur d'être repoussé autant que de perdre sa tête lui paraissait risible par rapport à l'angoisse lui nouant constamment les tripes. Leurs doigts se frôlèrent, bref instant de chaleur humaine qui s'effaça lorsque le majordome dû à nouveau quitter son maitre.
_oOo_
Depuis sa chambre du restaurant de Porcoline mit à sac, Arthur entendait Dylas frapper contre les murs. Il n'avait pas le droit de sortir, mais devinait que son ami s'était massacré les poings à force de cogner. Il devait trouver là-dedans un moyen de ne pas penser à Frey… Arthur le comprenait, il avait l'impression de devenir fou de ne pas savoir ce que devenait Illuminata. Pendant quelques jours, il avait espéré que le message qu'il avait réussi à faire passer par magie leur apporte des secours au plus vite… Mais force était de constater que le roi de Norad, son propre père avait décidé que mobiliser l'armée pour libérer la ville était inutile. Il n'était qu'un prince bâtard, après tout, pourquoi venir à son secours ? Il devait être en train de se préparer à réagir quand Selphia serait tombée. Personne ne viendrait les aider, cette vérité s'était immiscée dans son esprit pour ne plus en partir. Il était pourtant le seul représentant de la royauté de Norad, tout bâtard qu'il soit. Selphia appartenait au royaume de Norad, c'était à lui de la protéger.
Il se leva et frappa à sa propre porte pour signifier au garde derrière qu'il avait quelque chose à dire. Il ne répondait pas toujours, tout dépendait du garde. Mais ce jour-là, c'était une femme qui avait regardé avec méprit la destruction du restaurant de Porcoline, et elle ouvrit donc malgré un air bourru. Elle ressemblait à un cheval, avec ses dents longues, son visage ingrat et sa haute carcasse sèche.
_ Quoi.
_ Je voudrais négocier avec Meryem.
_ Négocier quoi ?
_ Je n'en sais rien… Mais il faut que j'essaye de trouver une solution, je suis le Grand Prince de Norad, c'est mon rôle de protéger mon peuple !
_ Protéger votre peuple ? Ça n'a pas l'air d'inquiéter votre Grand Roi. Et il se permet pourtant de faire des leçons de morales à notre Empereur. Personne ne lui a donc jamais dit de balayer devant sa propre porte ?
_ Sans doute pas…
_ Je vous aime bien, vous n'êtes pas comme les autres nobles. Je vais transmettre votre message à Meryem.
_oOo_
Lest fronça les sourcils lorsque Meryem rassembla toute la ville sur la place principale, non loin du gibet où pourrissaient les derniers pendus en date, à moitié bequeté par les corbeaux perchés sur les arbres alentours, momentanément chassés par la foule mais attendant l'heure où le gueuleton pourrait reprendre.
Il se trouvait sur une estrade avec Frey et Arthur, et sentait la terreur lui nouer les entrailles. Meryem allait-il les tuer dans un simulacre de procès ?
_ Mes chers sujets, je suis si heureux de vous voir réunit ici pour honorer ma modeste requête de vous voir !
_ Comme si on avait le choix !
_ Usurpateur !
Les deux hommes assez inconscient pour avoir criés et retrouvèrent abattus sans sommation, l'un éventré par la lance d'un soldat et le second coupé en deux par le sabre d'un autre.
_ Je pensais vous l'avoir déjà dit, mes amis… Je ne souhaite pas vous tuer, alors par pitié ne m'obligez pas à le faire ! Si vous pensez comme moi, tout ira bien, je vous l'ai déjà dit… Mais si vous manifestez une opinion en contradiction avec la mienne…
Il claqua des doigts et une petite fille se retrouva égorgée par une brute épaisse au sourire tordu. Ses parents hurlant ne tardèrent pas à voir leur sang se mêler au sien sur le pavé.
Meryem haussa les épaules avec un sourire désabusé.
_ Mais je ne vous ai pas rassemblé pour vous tuer. J'ai écouté votre bâtard royal me demander de vous… comment a-t-il dit, déjà ? Ah oui, vous ''épargner''. C'était très beau à voir, il me suppliait en pleurant, le pauvre agneau. D'arrêter les exécutions des fauteurs de troubles, mais comment garder la paix sans sanctions ? Néanmoins, j'ai décidé de me montrer magnanime.
Un nouveau claquement de doigt de la part de Meryem, et des soldats amenèrent Doug enchainé sur l'estrade, bientôt rejoint par d'autres habitants de Selphia ayant eut la folie de se révolter.
_ Voici des criminels. Ils ont troublés l'ordre public. Ils méritent la mort pour cela, vous n'êtes pas d'accord ? J'ai pourtant décidé d'accéder à la supplique d'Arthur et de les épargner tous…
Meryem se tourna vers Arthur, Lest et Frey, son visage divin tordu par un sourire diabolique.
_ Princesse Frey, je suis navré de vous dire qu'Arthur n'a pas spécifié qu'épargner nos chers concitoyens dissidents n'aurait pas de prix. Et j'ai donc décidé que ce serait votre vie que je voulais. Qu'en pensez-vous ?
Lest eut l'impression que le monde s'écroulait sous ses pieds. Pourquoi sa sœur, elle n'avait aucune valeur politique ! Il n'y aurait rien à gagner à sa mort, c'était juste de la cruauté !
Oui, c'était ça, et il le comprit devant le sourire sordide de Meryem. C'était de la cruauté, rien de plus, aberrante, inexplicable. Et Frey le savait aussi, tout comme elle savait qu'elle n'avait pas le choix ce qui ne l'empêcha pas de relever fièrement le menton pour toiser Meryem.
_ D'accord.
_ Merveilleuse nouvelle ! Je suis si soulagé de pouvoir épargner nos chers amis ! Je vais vous faire un cadeau, princesse Frey, parce que je vous aime beaucoup… Je vous offre la vie jusqu'à demain ! Voyez donc ma bonté. Demain matin, à dix heures tapantes, vous serez exécutée par la hache du bourreau !
