Bien qu'Hermione ait mentionné que les procédures d'adoption étaient longues, Lucius semblait avoir encore suffisamment de contacts pour qu'en quelques jours à peine le cas de Peter soit traité par le Magenmagot.

Harry avait eu les larmes aux yeux en recevant le courrier, d'autant plus que l'acte d'adoption mentionnait aussi bien Harry que Drago en tant que tuteurs légaux.

Drago avait été ému également, avant de ricaner nerveusement.

— Mon père est plutôt quelqu'un de très conservateur. Il a dû convaincre quelqu'un au Ministère que notre couple était légitime et que nous pouvions légalement adopter un enfant malgré les lois en vigueur… ça a dû le rendre dingue !

Harry sourit immédiatement, en regardant son compagnon avec tendresse.

— Peut-être que c'est sa façon de te montrer qu'il t'aime malgré vos… différends ?

Drago avait protesté, sans vraiment de conviction, un peu mal à l'aise.

— Je pense plus que ma mère le surveille de près !

Cependant, il était resté pensif longuement.

En apprenant qu'il était désormais le fils de Harry et de Drago, Peter s'était jeté dans leur bras, la gorge nouée par l'émotion, mais ses yeux brillaient de joie.

Harry et Drago invitèrent les Malefoy ainsi que tous les enfants installés chez eux, Teddy et ses parents, mais également les Weasley dans leur ensemble pour un repas familial, voulant montrer à Peter qu'il ne serait plus jamais seul.

Si les premières minutes furent un peu gênantes, Narcissa et Molly se réunirent rapidement autour des enfants orphelins, oubliant leurs anciennes querelles. Lucius et Arthur restèrent prudemment chacun de leur côté, mais aucun des deux n'essaya de déclencher les hostilités. Hermione avait murmuré à Harry que Molly avait longuement fait la leçon à Arthur — pourtant un homme calme habituellement — tout comme Narcissa avait sévèrement mis en garde Lucius avant d'arriver.

Peu après son arrivée, Ron du fait que tout le monde était occupé à bavarder pour attirer Harry à l'écart, avec une expression soucieuse.

— Nous avons eu un signalement de disparition, Harry.

Harry fronça les sourcils, perplexe.

— Quel genre de disparition ? C'est parce que tu as besoin de nous ?

Ron grimaça, avant de rouler des yeux.

— En fait, j'aimerais que tous les deux, vous restiez très loin de cette affaire.

Harry croisa les bras, tout en cherchant Drago du regard. Cependant, ce dernier était en pleine conversation avec George Weasley, Teddy dans les bras. Ron renifla avec un rictus moqueur.

— Laisse ton double maléfique tranquille. Harry… les parents biologiques de Peter ont disparu soudainement.

Harry cligna des yeux, avant de hausser les épaules, les yeux brûlant de colère.

— Bon débarras !

Ron roula des yeux.

— De toute évidence. Cependant, il y a eu une sacrée mise en scène sur les lieux.

Harry plissa les yeux, son attention définitivement attirée.

— Une mise en scène ? De quel genre ?

Ron grogna.

— Oublie ça, Harry. Tu restes loin de cette histoire et tu me laisses gérer, c'est compris ? Je t'en parle uniquement parce que nous sommes amis et que ça te concerne indirectement, mais…

Harry leva les mains en soupirant.

— Pas besoin de me faire la leçon, Ron. Tant que Peter n'est pas en danger, ces deux-là peuvent brûler en enfer…

Ron eut un mince sourire.

— Je n'irais pas te contredire. Mais leurs voisins ont signalé des bruits suspects durant la nuit et des hurlements. Une patrouille est passée ce matin et…

Harry l'interrompit, les sourcils froncés.

— Attends une seconde. Pourquoi la patrouille a-t-elle mis tant de temps à intervenir ?

Ron haussa les épaules.

— C'est un quartier difficile. Presque pire que l'Allée des Embrumes pour te donner une idée… et ces deux-là sont apparemment abonnés aux signalements de nuisances nocturnes en tout genre.

Harry soupira.

— Très bien.

Ron hésita un instant, puis il souffla, acceptant de révéler les détails de l'affaire à Harry.

— La patrouille a trouvé la bicoque dévastée et nos deux oiseaux envolés. Une enquête a été ouverte, bien évidemment, et Kingsley m'a refilé le dossier à cause de ceci…

Ron lui tendit un mince dossier. Harry leva un sourcil surpris et le prit, avant de le parcourir rapidement. Il grogna, agacé.

- Ok. Ces deux idiots ont déposé un recours au Ministère pour récupérer Peter, mais ils ne savent pas que nous l'avons adopté. Donc leur manœuvre n'a aucune valeur.

Ron sourit.

— Exactement. Sans cette adoption, tu aurais été un suspect sérieux. Enfin, toi ou Malefoy, évidemment.

Harry renifla.

— Et tu me dis ça parce que tu penses que l'un d'entre nous est lié à tout ce bazar ?

Ron grogna.

— Personnellement ? Je suis prêt à féliciter quiconque a participé à leur disparition, en espérant qu'ils ne vont pas subitement réapparaître pour poser problème. Officiellement ? Comme je te l'ai dit, ta famille n'est pas concernée. Mais officieusement, Kings m'a demandé de… jeter un œil sur ton cher beau-père et ses activités récentes. Il n'a pas trop digéré votre petit numéro d'équilibriste entre sa sortie d'Azkaban et la création de l'orphelinat…

Harry roula des yeux.

— Je vais demander à Lucius, mais hors de question qu'il soit accusé de quoi que ce soit, compris ?

Ron ricana.

— Je n'avais jamais imaginé qu'un jour tu défendrais Lucius Malefoy et qu'en plus je serais d'accord avec toi… au moins sur ce point. Dis-lui juste de se tenir tranquille et s'il est responsable de ce bazar, je ne veux rien savoir. J'espère juste qu'il a soigneusement effacé ses traces.

Harry gloussa et empocha le dossier, avant d'attirer Ron dans une étreinte amicale.

— Merci, mon pote.

Ils retournèrent ensemble au milieu des invités et Harry rejoignit Lucius. Drago fut près de lui immédiatement, avec une expression inquiète.

Sans un mot, Harry tendit le dossier à Lucius, et le père et le fils en prirent connaissance. Drago leva un sourcil.

— Ces deux idiots ont déposé un recours inutile contre nous, puis ils ont disparu, c'est ça ?

Harry hocha la tête.

— Disparition plus ou moins inquiétante selon Ron. Le bureau des Auros ne semble pas bouleversé.

Lucius renifla.

— J'ai fait une enquête sur eux, si ça peut aider votre ami Auror, Harry. Ils sont criblés de dettes et il y a plusieurs plaintes de violences conjugales contre l'un et l'autre. Ils se tapent dessus à tour de rôle, avec un volume sonore suffisant pour déranger les voisins. Rien qu'avec ça, aucun juge ne leur confiera la garde d'un enfant… même si c'est leur fils biologique et qu'il est assez âgé pour être autonome.

Drago plissa les yeux en fixant Harry.

— Devons-nous nous attendre à être soupçonnés ?

Harry haussa les épaules avec indifférence.

— Je ne pense pas. Ron nous demande de rester à l'écart et il couvre nos arrières.

En rendant le dossier à Harry, Lucius le fixa droit dans les yeux.

— J'aurais aimé pouvoir dire que je suis responsable de leur disparition, Harry, mais malheureusement quelqu'un a été plus rapide que moi.

Harry sourit, amusé.

— J'apprécie votre honnêteté, Lucius. Je me moque de ce qui peut leur arriver, tant que Peter est en sécurité. Ron a raison, nous devons tous rester à l'écart de tout ça tant qu'il n'y a pas plus d'éléments.

Comme il l'avait promis à Ron, Harry n'essaya pas d'en savoir plus sur la disparition des parents biologiques de Peter. En fait, il oublia très vite tout ce qui les concernait, trop occupé à prendre soin de son fils.

Drago lui avait proposé des vacances en famille pour se ressourcer et ils avaient décidé d'emmener Peter pour quelques jours sur l'île de Skye, en Écosse.

Avant de partir, il avait rappelé à Harry le sort lancé sur les deux escrocs qui voulaient leur arracher Peter et qui pourrait lui permettre de les localiser en cas de besoin.

Harry n'avait pas eu la moindre hésitation.

— Inutile. Je ne tiens pas à ramener ces gens dans nos vies. Je ne tiens pas à ce que tu sois accusé de quoi que ce soit pour les avoir aidés s'ils ont des problèmes.

L'existence même des parents biologiques de Peter leur était ensuite sortie de l'esprit, alors qu'ils profitaient de leur petite escapade en famille.

À leur retour, Peter était beaucoup plus détendu, comme s'il avait réussi à repousser les souvenirs de son passé difficile et la peur que sa nouvelle vie si heureuse lui soit arrachée.

Teddy les attendait apparemment avec impatience, puisque Rémus vint le déposer peu après leur retour avec une grimace résignée.

Dès qu'il était chez son parrain, Teddy restait près de Peter en permanence, des étoiles dans les yeux. Il idolâtrait l'adolescent, surtout parce que ce dernier ne rechignait jamais à passer du temps avec lui, et Rémus et Tonks se plaignaient souvent que leur fils voulait passer plus de temps chez son parrain qu'avec ses propres parents.

Ils étaient encore en train de ranger leurs valises lorsque Ron arriva. Il attira Teddy dans ses bras avec un rire joyeux et il enlaça Peter en se plaignant qu'il avait encore grandi durant leur brève absence.

Harry l'observa avec un léger sourire, aimant encore plus son ami pour avoir accepté la présence de Peter aussi rapidement et pour le traiter comme son neveu.

Lorsque Ron lui jeta un bref coup d'œil, Harry soupira.

— Les garçons ? Et si vous alliez jouer ? Peter, tu devrais montrer ce qu'on a ramené pour Teddy… Nous devons discuter un peu avec oncle Ron…

Teddy sautilla sur place, excité, tandis que Peter leur lançait un regard inquiet. Il prit la main de Teddy sans hésiter et l'entraîna à sa suite, laissant les trois adultes seuls.

Ron soupira.

— Tout s'est bien passé ?

Drago grogna, en croisant les bras sur sa poitrine, s'approchant près de Harry.

— Viens-en au fait, Weasley.

Habituellement, Harry lui aurait donné un coup de coude pour lui rappeler les bonnes manières, mais il resta silencieux, fixant juste Ron avec inquiétude.

Ce dernier soupira.

— Ouais. C'est une bonne chose que vous soyez restés en dehors de ce merdier, les gars.

Harry s'agita, mal à l'aise, et Drago l'attira contre lui immédiatement. Ron se passa la main sur le visage.

— Nos deux disparus posent quelques problèmes. En temps normal, compte tenu de leurs antécédents, leur disparition n'aurait inquiété personne. Je veux dire, ils trempent dans des affaires louches et ce n'est pas la première fois qu'ils plient bagage brutalement pour se mettre au vert, pour réapparaître quelques mois plus tard. Tout semblait pointer vers ce scénario une fois de plus, mais pendant votre absence, nous avons reçu un courrier provenant de Gringotts.

Drago leva un sourcil surpris, tandis que Harry fronçait juste les sourcils, perplexe. Ron hésita brièvement et il secoua la tête.

— Apparemment, ils ont payé les Gobelins pour que ces derniers envoient au bureau des Aurors un courrier, s'ils venaient à disparaître.

Drago ricana.

— Laisse-moi deviner. Leur fameux courrier nous accusait de les avoir fait disparaître ?

Ron grimaça.

— Exact. Ils prétendaient que vous alliez les faire disparaître pour leur enlever leur fils adoré.

Harry grogna, furieux, mais Ron roula des yeux.

— Bien évidemment, le fait que l'adoption de Peter soit déjà finalisée rend leur témoignage ridicule… Et puisque vous êtes restés loin d'eux, vous ne risquez rien. Ils ont également prétendu avoir été agressés au Chaudron Baveur, mais lorsque nous avons enquêté sur place, Tom a assuré que c'était l'inverse. D'ailleurs, il nous a de lui-même fourni une liste des personnes présentes ce jour-là et qui sont prêtes à confirmer ses dires… Une liste plutôt impressionnante.

Drago leva un sourcil.

— D'accord. Et maintenant ?

Ron soupira d'un air exaspéré.

— Maintenant ? Rien du tout. Vous continuez de rester loin de cette affaire, même si quelqu'un essaie de vous engager pour les retrouver. Vous n'essayez pas de les retrouver vous-même, évidemment. L'enquête reste ouverte, mais la position officielle du bureau des Aurors est que ces deux idiots ont fui leurs dettes ou une histoire louche. Votre nom n'est même pas cité en fait. La lettre de Gringotts a été mise à part, puisque le témoignage de Tom et l'adoption de Peter la rendent caduque. Les gobelins ont juste servi de messagers et ils ne savaient pas quel était le contenu de la lettre.

Harry murmura, inquiet.

— Et le nom de Peter ? Il est cité ?

Ron ricana.

— Le gamin était dans la rue depuis des années, nous avons un tas de témoignages à ce sujet également. Vous l'avez adopté et l'adoption a été validée par le Magenmagot. Quoi qu'ils puissent dire, ce n'est plus leur fils depuis le jour où ils l'ont laissé de côté.

Drago hocha la tête avec un sourire satisfait.

— Bien.

Ron renifla en le fixant d'un regard mauvais.

— Bien… à condition que vous gardiez vos distances, Malefoy. Je sais que ça doit te rendre dingue qu'ils essaient de s'en prendre à votre famille, mais cette fois…

Harry intervint, ses yeux vert brillant de rage.

— On a compris, Ron. Cependant, s'ils refont surface et approchent notre famille, nous nous chargerons d'eux.

Ron marmonna, en levant les yeux au ciel.

— Hermione était sûre que tu dirais un truc du genre. Ne faites rien de stupide ou ne me dites rien. Je refuse de me retrouver impliqué plus que je ne le suis déjà.

Voyant que Harry et Drago ne bronchaient pas, il hocha la tête et il tourna les talons, prêt à rentrer chez lui. Avant d'entrer dans la cheminette, il haussa la voix.

— Hermione vous invite tous à dîner demain soir, au fait.

Lorsqu'il fut parti, Harry échangea un long regard avec Drago. Ce dernier l'attira dans ses bras et Harry l'embrassa immédiatement. Puis, il murmura, indécis.

— Et maintenant ?

Drago soupira avant de répondre, dans un murmure.

— On attend.