Le trio d'argent et un étrange duo
Résumé: L'amitié a toujours eu une place dans la vie des sorciers, quelle que soit leur maison. Ce n'est pas rien de grandir entre les murs de Poudlard, surtout en temps de guerre. Dans leur vie d'adulte, les miroirs à double sens permettent à Neville, Luna et Ginny de garder contact tandis que ce sont les mots qui réunissent Pansy et Draco, malgré la distance.
Rating: T
TW: Character death
Avant de commencer, j'aimerais remercier les deux adorables bêta qui se sont occupées de la correction de ce texte. Je remercie Akhmaleone de corriger chacun de mes textes avec autant de douceur, de rigueur et de fun. Ses fics sont vraiment excellentes et c'est une incompréhension pour moi qu'elle ait aussi peu de lecteurs sur ses textes ! Je recommende tous ses OS qui sont juste incroyables ainsi que ses histoires longues en cours ! Je remercie également Poiesis, une autre autrice de talent qui ne croit pas assez en la puissance de ses supers textes à mon goût ! Merci pour tout et merci au Discord et aux organisatrices de ce défi !
Ce texte est un OS écrit lors de la participation à l'ASPIC (Ateliers Scripturaux Promouvant l'Imagination et la Créativité) organisé par le serveur Discord Potterfictions sur le thème des dialogues sous toutes leurs formes.
Vous pouvez nous rejoindre via le lien suivant : /5FHmSpEfvh
Moyen de communication :
Miroir à double sens
secondaires: Courriers et Mails
Liste de mots:
Difficile : apothicaire, geyzer, maronnasse, neurotrope (qui se fixe sur les neurones), échalier (élément d'une clôture faisant obstacle à la divagation des animaux mais aisément franchissable par les hommes), strapontin, moustiquaire
Ligne de dialogues obligatoire :
"Merci pour tout, Machin."
"... Mais il n'y a pas moyen, n'est-ce pas ? Moi ? L'aimer ? C'est... non."
"Et c'est encore un mardi, où veux-tu en venir ?"
Contraintes optionnelles :
Anagramme à placer :VISION/ VOISIN
Nombre de mots totaux : 7204
Nombre de mots de narration : 880
4 novembre 1998
Cher Draco,
Concernant la demande de mon père, ignore-la simplement. Nous ne t'avons pas aidé à conserver une bonne partie de ton héritage pour en jouir à notre tour. Il est hors de question que nous nous marions. Pas alors que je ne t'aime que comme un ami et que tu es gay. Dire que je t'ai couru après pendant des années sans que tu ne me dises rien. J'ai été vexée.
Je trouverais bien quelqu'un d'autre pour me supporter. Ton soutien pourra se faire sur d'autres plans.
Sinon, ma formation de communication et de droit sorcier se passe comme sur des roulettes. Enfin, c'est moins difficile que ce que j'avais imaginé. Ce n'est pas facile de changer de paradigme, de s'extraire des préceptes idiots transmis par nos parents, mais tu le sais mieux que quiconque. Néanmoins, les changements que j'opère dans ma vie peuvent avoir du bon. Tu ne te rappelles sans doute pas de Padma Patil. C'est une Serdaigle de notre promotion qui est brillante et qui partage plusieurs cours avec moi. Elle est plus intéressante que ce que j'aurais cru. En fait, beaucoup de gens sont plus intéressants que ce que je croyais lorsque je tentais de rester agrippée à mon perchoir.
Et tu ne m'as pas dit si tu avais eu une réponse de l'apothicaire américain dont tu m'avais parlé pour ta formation de potionniste. Que t'a-t-il répondu ?
J'ai hâte de te lire.
Pansy
16 novembre 1998
Chère Pansy,
Tu me surprendras toujours. On n'a jamais mis le sujet de ma sexualité ou des attentes matrimoniales de nos familles respectives sur le tapis et tu le fais comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Rassure-toi, je n'avais pas pour ambition de t'épouser. Tu mérites mieux que moi et j'ai toujours pour objectif d'annoncer à ma mère qu'elle n'aura pas de nouveau descendant, ni de belle-fille. Avec toutes les responsabilités et les difficultés qui me tombent dessus, j'ai mis ces problèmes et ce pan de ma vie de côté, je te l'avoue.
La famille Malfoy est trop mal en point pour pouvoir être d'un quelconque soutien en ce moment mais tu pourras toujours compter sur moi si nécessaire.
Avec mon assignation à résidence, il m'est impossible de quitter le pays mais Royde James a accepté de me donner des cours par miroir interposé et de valider ma certification et mon stage à distance. Il semblerait que je n'ai pas totalement perdu mon coup de main et que mes résultats aux ASPICs ainsi que ma démonstration dans la préparation d'un neurotrope anxiolytique ont porté leurs fruits.
J'espère que tu te feras de nouveaux proches un peu moins suspects que ceux que tu as eus jusque-là (je m'inclus). Une partie de moi t'envie aussi un peu, je l'avoue.
Prends soin de toi.
Draco
24 février 2000
Chère Pansy,
De mon côté, la vie suit son cours. Je suis surtout focalisé sur ma formation. Avec cette assignation à résidence, je ne peux pas vraiment sortir sans permission même si mon périmètre autorisé s'est élargi. Le Londres moldu fait partie des endroits où je peux mettre les pieds sans trop d'anicroches. Il faudra simplement que je le dise à l'auror chargé de noter mes déplacements. C'est suffoquant par moment, malgré l'espace de notre domaine. Ma mère sera sans doute outrée de me voir faire une escapade chez les moldus. Nous nous éloignons tant l'un de l'autre que j'ai l'impression de cohabiter avec une étrangère. Elle tente de donner un semblant de normalité à notre situation. Elle écrit à mon père comme s'il avait une possibilité de vivre libre et s'accroche à des bribes de passé inutiles. Astoria passe de temps en temps au manoir, il est vrai. Et son calme, son érudition et sa bonne humeur illuminent les lieux. C'est vraiment une personne formidable. Dans une autre vie, j'aurais sans doute pu tomber amoureux d'elle.
Par rapport à tous tes questionnements, je ne sais pas trop quoi te dire. Je ne suis pas sûr de comprendre la moitié de ce que tu me dis. Cependant, je suis rassuré de voir que cette grossesse te tient à cœur et que tu as déjà un attachement pour le futur enfant. C'est sans doute une bonne chose de ne pas prendre l'arrivée d'un être humain et son éducation comme une chose acquise ou évidente.
Je n'ai jamais changé d'argent sorcier en argent moldu. Je ne sais même pas où le bureau de change se trouve. Y en a-t-il un près de Gringotts ? Pourrais-tu être plus précise sur l'endroit où je suis censé te retrouver pour te donner l'argent ? Et quel weekend t'arrange le plus ?
Prends soin de toi.
Draco
27 février 2000
Cher Draco,
Je vis près d'une station de métro. On devrait se retrouver à la sortie de celle-ci. L'argent servira surtout à nous acheter tout le matériel pour notre départ. On a décidé de partir au Nigeria. Cela peut te sembler être une folie. Moi-même, je suis morte de peur. Mais Blaise a de la famille là-bas, qui lui reste du côté de sa mère. Il a une maison, un endroit où nous pourrions nous installer. J'ai l'impression que c'est de la folie pure alors qu'il ne parle qu'un Yoruba de cuisine. De mon côté je ne parle sa langue d'origine que de manière rudimentaire pour l'instant. Pourtant, aucun de nous ne se voit continuer comme nous le faisons en ce moment. Ce n'est pas un cadre pour élever un enfant, ni pour nous marier. Je veux transmettre quelque chose à ma fille. Si la mère de Blaise a été capable de tout quitter pour refaire sa vie dans notre monde, pourquoi son fils ne pourrait pas faire le chemin inverse ?
Nous nous sentons effrayés, un brin illégitimes, mais nous voulons tenter le tout pour le tout. Je rêve toujours d'un avenir radieux et plein de réussites même si je suis au plus bas en ce moment.
Donc rejoins-moi à cette station pour qu'on aille faire les boutiques ensemble. J'ai des valises à préparer. Des moustiquaires à acheter (si tu pouvais trouver des sorts contre ces bestioles dans tes livres, je t'en serais reconnaissante). Pour te remercier, je te ferai découvrir les endroits les plus amusants et beaux que j'ai eu le loisir de découvrir lorsque je n'étais pas trop épuisée par ma grossesse chaotique pour vadrouiller.
Je suis sûre que tu détesteras les métros et t'asseoir sur des strapontins mais je n'ai pas les moyens de payer plus que ton ticket donc il faudra faire avec. Je te propose de voir ces galères comme de nouvelles expériences.
Merci pour tout.
Pansy.
P.S. On devrait trouver un autre moyen de se contacter que par chouette. La tienne se fait remarquer dans mon immeuble et elle ne pourra pas traverser un océan en plus d'un continent. Surtout que les mondes sorciers africains ont coupé tout contact avec les autres mondes sorciers.
2 Octobre 2000
« C'est vraiment une idée formidable que tu as eue là, Neville ! déclara Luna.
— Il a toujours été plus intelligent que nous deux réunies, répondit Ginny, amusée.
— Pas plus malin, juste plus terre à terre. Je te signale que j'ai acheté ces miroirs à triple sens chez George, Ginn'.
— Il m'avait dit qu'il cherchait à se débarrasser des derniers stocks, t'as pu faire de bonnes affaires ?
— Assez pour avoir une vingtaine de miroirs avec moi…
— Ça va te servir à quoi ? demanda la rousse, perplexe.
— On sait jamais de quoi demain sera fait, répondit Neville sur la réserve.
— Dans tous les cas, c'était une bonne idée. J'ai l'impression d'être avec vous à l'instant même, rit Luna.
— Si t'étais vraiment là, je pourrais sentir ton shampoing…
— Ginn', arrête de bouder, souffla Neville.
— Je ne me plains pas. C'est juste un constat.
— Tu me manques aussi, Ginny, mais je n'aurais raté cette opportunité pour rien au monde.
— Je sais bien ! bougonna la concernée.
— Vis ta vie et laisse ce chat sauvage prendre son mal en patience, répondit Neville.
— Tu bois un thé à quoi ?
— À la lavande. Je suis un peu stressé à cause de mon travail d'assistant et Pomona a dit que ça me détendrait. Elle les fait pousser elle-même dans son jardin !
— C'est trop bizarre que tu sois aussi proche de madame Chourave, le coupa Ginny.
— C'est un amour.
— Elle les fait pousser vers l'Est ou l'Ouest ? demanda Luna, intriguée.
— L'Ouest. Tu sais quoi ? Depuis que tu me l'as fait remarquer, je trouve ça tellement étrange que certaines de nos pratiques magiques liées au temps et aux astres ne soient pas questionnées ou analysées. Pourquoi leur position a autant d'impact pour la pousse, Luna ?
— C'est une excellente question, répondit-elle le souffle court. Pour une prochaine recherche sans doute.
— Tu marches depuis tout à l'heure ! Tu devrais te reposer, ça me donne le tournis de te voir bouger dans tous les sens ! se plaignit Ginny.
— Tu devrais réviser tes partiels d'écriture journalistique au lieu de te plaindre.
— Arrête de jouer l'enfant modèle, Neville !
— Je dis ça pour toi…
— Regardez ! les coupa Luna.
— Ben… c'est une clôture, déclara Neville perplexe.
— Pour être honnête, je pensais voir d'incroyables paysages et l'université de Budapest. Pas un mouton et un truc en bois…
— C'est un échalier magique, Ginny. Grâce à ça, les chèvres volantes et les créatures ne peuvent pas s'échapper de leurs enclos sans pour autant que ça leur donne l'impression d'être trop enclavées.
— Je devrais parler de ça à Hagrid et Wilenda ! La dernière fois, des niffleurs se sont introduits dans les cuisines du château.
— Ça ne m'étonne pas, déclarèrent les deux filles en chœur.
— Je vais devoir vous laisser. J'ai un cours à préparer.
— Toujours aussi sérieux ! Bon courage, Professeur Londubat ! s'amusa Ginny.
— Je le suis pas encore… répondit-il, gêné.
— Je suis ravie de vous avoir parlé ! Je continue ma randonnée ! J'espère vraiment trouver des noix de pécan flottantes… »
20 novembre 2000
« Regarde ! L'eau a une teinte maronnasse absolument dégueulasse lorsque tu trempes ces racines à l'intérieur. C'est pour ça qu'il est important d'arracher leurs épines avant de continuer la mixture. Ce sera moins dangereux pour les ours que tu rencontreras et que tu voudras soigner…
— C'est très instructif, merci beaucoup Neville, répondit Luna.
— De rien. Alors, c'est comment l'Islande ?
— Incroyable, j'ai pris des photos au pied d'un geyser et un sorcier spécialisé dans les analyses des fluides et les impacts sur nos énergies magiques a accepté de m'initier !
— C'est super pour toi !
— J'ai fait des colis avec des produits aussi. Le poisson ici est vraiment excellent. Ginny et toi devriez les recevoir dans quelques temps. Sinon, ça se passe bien de ton côté ?
— Je suis débordé mais je survis.
— Pense à prendre un peu soin de toi…
— Je fais attention.
— Pas assez à mon goût. Tu travailles trop. J'ai mis des tisanes dans ton paquet.
— Tu ne devrais pas…
— Toujours le meilleur pour toi, Neville.
— Arrête de me draguer comme ça ! s'amusa-t-il en lui souriant.
— Tu sais bien que ce n'est pas le cas.
— Je le sais. Comment ça va avec Chiara ?
— On a dû rompre. Elle ne supportait pas la distance.
— Ah.
— Je sais. Ce n'est pas très plaisant. Je me demande si c'est normal de ne pas ressentir le vide que j'aurais dû avoir avec la perte.
— Parce que tu penses devoir ressentir quoi ?
— Je sais pas. Je l'aime pourtant. Mais je ne sais pas si c'est normal de…
— Le normal ne te va pas, Luna, la coupa Neville. Ne tente jamais de vouloir être normale. Tu es magnifique.
— Et c'est moi qui te drague maintenant ? Comment se fait-il que tu sois encore célibataire ?
— Ne te fiche pas de moi ! Je suis très bien avec mes plantes ! se cacha-t-il en serrant le pot de fleurs à côté de lui.
— Pfff ! C'est ridicule ! Ah ! J'oubliais ! D'après ma lecture des astres, il devrait arriver des changements joyeux dans ta vie.
— J'espère que pour toi aussi alors, il y aura des événements joyeux.
— Je ne fais jamais de prédictions pour moi-même. Ça fout les jetons et ça empêche de profiter de l'instant présent. Bonne nuit et fais de beaux rêves. J'espère que je vais rêver de licornes. Je suis toujours de bonne humeur après.
— Bonne nuit, Luna. »
10 février 2001
« Dire qu'il a fallu que j'insiste autant pour que vous me donniez un de vos miroirs, monsieur Londubat ! s'amusa Hannah.
— Ce n'est pas la peine d'en faire tout un plat ! répondit-il, gêné.
— Ah si ! J'ai toutes les raisons d'en faire des tonnes ! Combien de passages aux Trois Balais il t'a fallu pour comprendre que j'étais une personne fabuleuse !
— Je savais déjà que tu étais une bonne personne, Hannah. T'avais pas besoin de prouver quoi que ce soit !
— Mais avant moi, tu ne voyais pas l'intérêt de parler avec d'autres sorciers de ton âge ! Je t'assure que si tu passes la majorité de ton temps avec Minerva, Hagrid et Pomona, tu commenceras à faire des parties de bridge de manière sérieuse avant même tes quarante ans !
— Tu exagères !
— Non ! Qu'est-ce que tu penses de la couleur de cette boisson ?
— C'est quoi ?
— Une bièraubeurre revisitée ! Je suis sûre que ça va booster les ventes !
— Tu es ambitieuse !
— Faut bien ! Notre objectif est de tripler les ventes avec Linda !
— J'arrive toujours pas à croire que tu t'entendes aussi bien avec madame Rosmerta !
— Si tu enlèves son côté commère, elle est vraiment drôle ! Mais même moi, j'ai besoin de traîner avec des gens de mon âge en dehors du taf ! On pourrait aller dîner à la Tête de Sanglier ! Le nouveau propriétaire est plutôt cool !
— Pourquoi pas à ton travail directement ?
— Toute la Terre sera présente !
— Pré-au-Lard est petit et mes élèves vont sortir toutes sortes de rumeurs dans tous les cas ! En plus, il paraît que la Tête de Sanglier est devenu le repère des amourettes, soupira Neville.
— Peur des rumeurs, Professeur Londubat ?
— Un peu…
— Allez… Tu ne vas pas refuser une soirée super avec moi juste à cause de tes élèves hystériques… bouda Hannah.
— Bon okay, j'accepte ! Mais c'est toi qui choisis le menu. Il a intérêt à être bon.
— Tu ne seras pas déçu ! »
30 août 2002
« Comme je te le disais Neville ! Hannah est une fille super cool ! Je m'en rendais pas trop compte à Poudlard ! C'est pas comme si je lui parlais vraiment… Mais maintenant, je comprends mieux pourquoi vous êtes aussi proches tous les deux ! Elle te fait du bien ! déballa Ginny, en brossant ses mèches rousses.
— Euh… merci, répondit Neville, encore dans les vapes. Pourquoi tu me contactes si tôt le matin au fait ?
— J'y ai pensé au milieu de la nuit ! Fallait absolument que je te partage mon avis !
— Ngn… gémit-il, agacé.
— Du coup, quand est-ce que tu lui déclares ta flamme ?
— Qu-quoi ‽
— Ne me dis pas que tu vas laisser cette tension ridicule entre vous éternellement ! C'est évident que tu lui plais donc invite-la à sortir une bonne fois pour toutes !
— Comment ça, c'est évident que je lui plais ‽ Si ça se trouve, pour elle, je suis juste un ami !
— Ne dis pas de bêtise ! Au moins tu n'as pas nié que tu l'aimais ! Vas-y ! Saute le pas ! C'est pas si difficile, l'encouragea Ginny.
— T'es pas la mieux placée pour me dire ça alors que t'as passé des années à baver sur Harry sans rien faire… marmonna Neville.
— Héé ! s'insurgea-t-elle. Arrête de dévier la conversation sur moi ! C'est de toi qu'on parle !
— J'ai pas tort…
— Dis Ginn', t'aurais pas vu où j'ai posé mon livre…? demanda une voix enrouée qui n'était pas dans le champ du miroir.
— Non… Me dis pas que c'est Harry qui vient de parler ‽ s'estomaqua Neville.
— Euhhh…
— Depuis quand vous… ‽ Vous avez pas… ‽ Oh, vous étiez super bizarres chez moi la dernière fois ! Depuis quand vous êtes à nouveau ensemble ?
— C'est un peu compliqué…
— Ne me dis pas que c'est un plan-cul Ginny, je t'en supplie ! gémit Neville.
— Pourquoi ?
— On sait très bien que tu pourrais jamais coucher avec lui sans retomber amoureuse…
— C'est pas ça… On s'est remis ensemble…
— Sérieusement ? Ron va péter un câble…
— Si on pouvait ne pas parler de mon frère.
— Tu devrais t'occuper de tes propres affaires amoureuses… Elles sont plus calamiteuses que les miennes.
— On peut être un bon coach sans être fort sur le terrain ! Avoue tes sentiments à Hannah ! Je te harcelerai jusqu'à ce que tu le fasses ! Bon, je vais devoir te laisser, je suis occupée !
— Ouais, va faire tes cochonneries avec Harry, va !
— Tais-toi ! »
10 janvier 2003
« Dis, Neville ! C'était pourquoi ce pot de magnolias au fait ? demanda Hannah en mangeant.
— Tu ne pensais quand même pas ne rien recevoir alors que tu es officiellement la copropriétaire des Trois Balais !
— Tu m'as déjà offert un restau' au Chaudron Baveur, je pense que c'est déjà assez …
— Ratata… Rien n'est assez joli pour toi. Et je t'interdis de dire l'inverse !
— C'est trop d'attention, Professeur Londubat…
— Arrête de m'appeler comme ça…
— Je n'aurais pas commencé si ça ne te faisait pas rougir.
— Ah…
— Oui.
— Écoute, Hannah. D'habitude je n'offre pas ce genre de fleurs à mes amies… Je veux dire…
— Leur symbolique, c'est l'amour et la prospérité, c'est bien ça ?
— Oui…
— Et par amour, tu n'entendais pas "amour amical", j'imagine ?
— Hannah. Je ne suis pas… Je ne suis pas doué avec toutes ces choses là. Les relations avec les autres. Parler d'autre chose que mes recherches et mes plantes… Je ne crois pas mériter de…
— Dans ce domaine, je peux être courageuse pour nous deux.
— Quoi ?
— Moi aussi je t'aime… et j'accepte de sortir avec toi.
— Ah… Je… Moi aussi… super… du coup… Je peux te proposer un véritable rendez-vous galant ce samedi… Je pourrais t'attendre devant chez toi après ton travail, si ça te va, bien sûr…!
— À ce que je vois, tu es préparé ! s'amusa-t-elle, rougissante. Ce serait incroyable.
— Cool… Merci et à samedi…
— Tu n'as pas à remercier d'être aimé, gros bêta ! À samedi ! »
5 mars 2003
« Vous pensez que cette couleur pour le faire-part est bien ? Je trouvais ça joli de partir sur du vert comme ses yeux et de l'argent comme nos bagues de fiançailles, mais Harry trouve que ça fait trop Serpentard.
— Je trouve aussi, mais au fond la perception des couleurs change selon l'importance qu'on leur donne… répondit Luna.
— Pourquoi tu nous demandes notre avis ? On n'aura même pas de surprise lorsqu'on va recevoir les invitations… se plaignit Neville.
— Donne-moi ton avis au lieu de te plaindre !
— Le doré et l'argent ça peut être pas mal, un peu clinquant mais je trouve que ça se mêle bien… Ils se fondent tels les matériaux précieux qu'ils sont dans le monde tangible et…
— Tu as déjà choisi les couleurs pour ton bouquet ? coupa Neville. C'est forcément moi qui m'occupe de ça, n'est-ce pas ?
— Tu t'égares… T'es sûre que c'est pas trop clinquant, doré et argent, Luna ? demanda Ginny.
— Si j'étais amoureuse de toi, tu aurais au moins droit à ces couleurs pour ton mariage…
— Je ne suis pas sûr que ce soit la réponse à la question. De toute façon, avec du blanc, ça devrait atténuer les choses ! proposa Neville.
— Peut-être que le noir ne serait pas mal, finalement…
— C'est vrai ! On associe toujours cette couleur avec la mort ! Pourquoi pas en mettre à ton mariage ? rebondit Neville.
— Vous êtes irrécupérables ! se plaignit Ginny. Je vais demander à Janna plutôt !
— Tu aurais dû lui demander depuis le début… fit remarquer Luna.
— C'est vrai que nous n'avons pas les mêmes compétences en communication qu'elle… répondit Neville. Dans tous les cas, je m'arroge le droit de m'occuper du bouquet.
— Et moi des décorations magiques et de la musique, ce sera incroyable Ginn' ! s'extasia Luna.
— Je l'espère bien. »
4 septembre 2003
« Alors cher voisin de galère, comment ça se passe du côté de Harry ? demanda Luna en appliquant son masque revigorant.
— C'est catastrophique… Il a dû nous faire trois crises de panique en même pas une journée ! Si on m'avait dit qu'être garçon d'honneur serait aussi épuisant, j'aurais passé mon tour ! se plaignit Neville.
— Mais le rituel de partage magique s'est bien déroulé, au moins ?
— Oui même si Harry a failli perdre le contrôle de ses pouvoirs plusieurs fois… Tu sais, son énergie me rappelle la tienne de temps en temps…
— S'il s'intéressait autant que moi aux connexions magiques, il aurait autant de puissance que j'en ai en ce moment, déclara Luna avec douceur.
— Comment ça se passe du côté de Ginny ?
— Elle est calme et détendue. C'est étonnant ! J'ai toujours eu une vision d'elle paniquée avant le grand jour. Il faut croire que je me suis trompée.
— Tu te rends compte que cette tête de mule va se marier avec le gars avec qui elle nous a fatigués toute sa scolarité !
— Elle réalise le rêve de beaucoup de personnes ! Je suis heureuse pour elle… s'amusa Luna.
— Moi aussi. Et la voir comme ça, ça me donne envie aussi.
— Tu voudrais demander Hannah en mariage ?
— Pas forcément tout de suite, mais j'ai eu ma promotion. Je suis officiellement un prof à Poudlard. On partage le même appart' depuis un an et demi et peut-être que ce serait pas si mal si on le faisait mais faudrait pas trop presser… T'en penses quoi ?
— Tu sais bien que je n'ai pas envie de me marier. Je ne pourrais pas vraiment te conseiller…
— Mais j'aurais peur de tout précipiter ! Imagine si Hannah n'était pas d'accord ? J'ai peur d'aborder le sujet… Bref, la playlist de mariage est ok ?
— Tout fonctionne comme sur des roulettes ! Si Harry perd le contrôle de ses pouvoirs, n'hésite pas à m'appeler pour que je lui fasse une séance de méditation. J'ai le droit de le voir avant la cérémonie. Je ne suis pas la mariée après tout !
— C'est noté ! Fais de beaux rêves, Luna.
— Toi aussi. »
1 juin 2004
« Tu voulais me parler de quoi ? Tu avais l'air super sérieuse dans ta dernière lettre, fit remarquer Neville, inquiet.
— Je… Je ne pensais pas que ce serait si compliqué de le dire. Pourtant je l'ai déjà annoncé à mon père, à mes amies du refuge magique et j'ai déjà pris toutes les dispositions pour les quatre derniers mois. Je serai en Angleterre à ce moment-là…
— Je ne comprends pas où tu veux en venir Luna, avoua-t-il.
— Ah oui ! Je ne te l'ai toujours pas dit… Du coup, je… Je vais être mère porteuse.
— Ah ! Ça pour être une nouvelle… je… Je sais pas trop quoi dire… Est-ce que ça se dit "félicitations" ? J'ai pas l'impression que c'est le bon terme…
— Tu pourras dire ça au père du gosse, pas à moi. Pour moi c'est surtout une expérience personnelle et le moyen d'aider quelqu'un dans le besoin. Je ne crois pas avoir les épaules, ni l'envie de m'occuper d'un petit être humain, Neville… La grossesse est une expérience intéressante et passionnante cependant !
— Ah d'accord…
— Tu… Tu ne me juges pas trop ?
— Luna, je ne pense pas que je suis le mieux placé pour te dicter ce que tu dois faire de ton corps. Et je t'ai déjà dit que la bizarrerie n'est même pas un critère pour moi. C'est pour qui, du coup, que tu t'es proposée ?
— Je… Mon corps servira surtout de réceptacle. Avec toutes les potions concoctées, il n'aura quasiment que des attributs de son futur père.
— Qui est… ?
— Draco Malfoy.
— Ahhh… Je savais que vous vous entendiez bien mais pas à ce point…
— Ce n'est pas une grande formalité pour moi mais j'ai peur de le dire à Ginny. Ça fait des mois qu'elle essaie de tomber enceinte et moi je vais me pointer… Lui annoncer ça alors que j'ai aucune envie d'être mère… avoua Luna, les larmes aux yeux.
— Luna… Peut-être que Ginn' n'aura pas forcément le comportement le plus approprié à ton annonce mais c'est impossible qu'elle t'en veuille. Vous avez traversé tout un tas de folies, c'est pas ça qui va…
— J'ai toujours peur de la perdre, Neville. Même si je suis très bien à vadrouiller seule. Même si je suis libre et heureuse, c'est la seule amie que j'ai eu du mal à quitter.
— C'est parce que Ginny est possessive que ça a été difficile pour toi…
— Pas que. Tu sais que c'est ma première véritable amie ? Ce n'est pas la même chose, une solitude choisie et une qui est subie parce qu'on n'est compris par personne.
— C'est vrai… Mais tu devrais prendre le temps de lui dire. On pourra le faire ensemble lorsque tu reviendras…
— Je pense que je le ferais avec Draco. Ils sont déjà en contact avec toute cette histoire avec Teddy…
— C'est vrai. En plus de lui, elle élève aussi les neveux de Harry. Ce n'est pas comme si elle n'était pas déjà une mère en quelque sorte. Luna ?
— Oui… ?
— Merci de me faire confiance.
— Merci à toi surtout ! Passe une bonne soirée ! »
24 avril 2006
« J'ai perdu trop d'heures de sommeil, Neville ! C'est affreux !
— C'est pas moi qui t'ai forcée à accoucher, Ginny ! Comment va le petit prince ?
— Tu dis bonjour, Albus ?
— Areuh ! gazouilla le petit bébé joufflu.
— Harry n'est pas là ?
— Il est encore au travail. Son chef est vraiment insupportable ! Il a même dû sortir la carte du survivant pour avoir un congé paternité !
— Il l'aura quand ?
— Dans une semaine. On sera deux pendant quatre semaines puis je reprends le travail au journal.
— Attention, il essaie de manger tes cheveux…
— Al', chéri. Non, c'est pas comestible.
— GINNY ! ON EST RENTRÉÉÉ ! s'écria une voix enfantine.
— Oui ! Lavez-vous les mains avant de passer à table ! Le goûter est prêt ! s'écria-t-elle.
— Lily a eu un D à sa dictée !
— James a eu un E !
— Ne vous disputez pas ! s'agaça Ginny.
— Hé ben… Ils sont énergiques ! s'amusa Neville.
— Au moins ça veut dire que leur journée s'est bien passée, soupira Ginny. Du coup, qu'est-ce qu'a dit McGonagall par rapport à ton projet ?
— Elle dit que ça va être compliqué à mettre en place mais j'ai vraiment envie qu'on ouvre le château pour la période estivale. Il y a trop d'enfants, surtout né-moldus, dans des situations impensables chez eux. On ne peut pas les laisser dans des environnements violents de cette façon…
— Je suis sûre qu'avec un bon planning entre profs, ça pourrait passer.
— J'espère que le conseil de l'école acceptera…
— Il n'y a pas de raison qu'il n'accepte pas.
— Ginny, je peux porter Albus ? demanda Teddy en apparaissant dans le miroir.
— Oui… Fais attention, il bave beaucoup…
— EDDDYYYY ! hurla le petit, surexcité.
— D'accord.
— Coucou, mon grand, t'as passé une bonne journée ?
— Bonjour, Neville… Habituelle, déclara-t-il avant de s'échapper avec l'enfant.
— Teddy est toujours aussi bavard.
— Il y a du progrès. »
23 novembre 2007
« Je suis à bout, Neville ! J'ai essayé plus d'une vingtaine de robes et j'ai juste l'air d'un boudin dans chacune d'elles !
— Je suis sûre que tu exagères, Hannah…
— C'est parce que tu ne m'as pas vue avec !
— Je suis certain que t'étais un boudin très sexy alors…
— Pfff…! Arrête, je suis sérieuse ! En plus, ta grand-mère me met des coups de pression plus sévères que ma propre mère !
— T'es sûre que tu ne veux pas que je lui en parle…?
— Non, ça va… Elle veut simplement que je sois la plus belle pour me traîner au bras d'un héros…
— Ne rentre pas dans ses délires. C'est moi qui serai honoré de te passer la bague au doigt. Tu es incroyable.
— Toi aussi. Plus beau que dans un rêve…
— Ah… Tant de charme que vous me faites, future Madame Londubat.
— Tu me manques même si on se voit ce soir.
— Tu me manques aussi. Tu peux pas savoir comme c'est agaçant de voir des ados batifoler alors que je ne peux même pas t'embrasser de la semaine.
— Pauvre garçon…
— Je t'aime.
— Arrête de jouer de tes charmes. Je t'aime aussi. »
9 août 2008
« Plus le temps passe, plus tu sembles irréelle, Luna. J'y ai repensé en faisant du rangement dans mes affaires. Même des vélanes en pleine transformation ou des fées ne semblent pas aussi… éthérées que toi. Je saurais pas comment le dire…
— C'est parce que mon enveloppe corporelle varie au gré de mes connexions avec les sources les plus puissantes et ancestrales de la magie, expliqua-t-elle. D'ailleurs, désolé d'avoir été moins présente ces derniers temps… J'ai du mal à garder une bonne notion du temps.
— Tu es sûre que ça va ?
— Je ne me suis jamais sentie aussi bien de ma vie, Neville, et toi ? Est-ce que tu es heureux dans ta vie, malgré les aléas ?
— Oui… Je suis devenu un professeur cliché qui porte des vestons et Hannah va me montrer comment cuisiner la meilleure tarte aux marrons. J'ai un jardin où je fais pousser une centaines de plantes à gogo et malgré les peines, les cauchemars et les douleurs, j'aime ma vie. Et toi ?
— Ce ne sera pas aussi poétique. Mais je suis heureuse aussi. De sentir le soleil caresser ma peau, les éléments m'enlacer, avoir l'impression de pouvoir me perdre dans toutes ces forces magiques plus fortes que moi. J'ai vécu des expériences inoubliables grâce à des personnes comme toi.
— Mais pourquoi on parle de ça, en fait ?
— Je voulais te voir car je… J'avais juste vraiment envie de te voir. Je t'avais déjà dit comment ma mère avait disparu, non ?
— Elle s'est perdue dans sa magie et s'est transformée en chêne, c'est ça ?
— Oui… Plus je grandis, plus je comprends son geste avec du recul.
— Toi aussi tu as envie de…? s'alarma Neville.
— Écoute, Neville. Ce n'est pas comme si je ne t'avais jamais prévenu, que je ne connaissais pas les risques. Que j'étais inconsciente de ce désir qui peut entraîner toujours plus loin.
— Je pensais que c'était de la poésie, que peut-être… Ça devient difficile de rester loin des forces invisibles de la Magie, n'est-ce pas ? finit-il par comprendre.
— Oui…
— Tu me manques déjà…
— Je suis désolée.
— Tu le diras, à Ginny… ?
— Je ne sais pas… Merci pour tout, Neville. »
C'était la dernière communication que Neville avait partagée avec Luna. Plus tard, il avait reçu un énorme colis avec un tas de souvenirs et de cadeaux en tous genres. À l'intérieur était caché le présent qu'il lui avait offert des années auparavant. Elle lui avait rendu son miroir.
15 août 2008
« Neville… Je suis désolée, j'aurais pas dû te crier dessus comme ça… s'excusa Ginny.
— C'est pas grave…
— Si, toi aussi tu étais mal. Et je comprends que t'aies rien voulu me dire si Luna te l'avait interdit…
— C'est pas la peine de revenir sur ça… Qu'est-ce qu'il y a exactement ?
— Elle s'est transformée en lac dans la forêt des Malfoy. Si tu veux voir les dernières traces d'elle, Draco est d'accord.
— Je n'ai pas… Pour être honnête, je n'ai pas envie de revoir les restes de quelqu'un, des parcelles d'une personne qui n'est plus tout à fait là. Je l'ai déjà fait assez dans ma vie avec mes parents. Désolé.
— Non… Moi, désolé… J'y avais pas pensé. Je me sens idiote, des fois. Tu crois que je pourrais passer dans le mois aux Trois Balais pour qu'on se voit ?
— Je demanderai à Hannah si elle peut te préparer une chambre…
— Okay…
— Okay… »
20 mai 2010
« Tu as vraiment une sale tête…
— Merci. Au moins avec toi, je suis sûre d'avoir une observation honnête, déclara Ginny avant de tousser. Harry n'arrête pas de me dire que je suis belle comme un cœur !
— Tu veux bien m'avouer ce qu'a dit le médicomage ?
— On en a discuté avec Hermione et… Il ne reste qu'une dernière lignée de traitement. Et je perdrais sans doute mes pouvoirs après ça, si ça marchait… souffla-t-elle, dépitée.
— Ah…
— J'ai même plus la force de m'énerver à ce stade… Que ce soit contre les Carrow qui m'ont exposée à tous ces objets maléfiques de merde, tous les sorts de magie noire que je me suis reçus ou ma propre condition de sang-pur qui me rend plus fragile face à tout ça… Pardon…
— Tu sais que tu peux toujours te confier à moi. C'est normal d'être énervée et fatiguée de tout ça. Je le suis aussi.
— Dis, tu veux bien me ramener la tourte au chevreuil de Hannah ? Je suis sûre que tout le monde l'adorera et comme ça, Teddy ne fera pas semblant de ne pas avoir faim de viande rouge…
— Okay… Je ramène aussi de quoi redécorer ta chambre ?
— Je veux bien, les fleurs que t'as ramenées à ta dernière visite sont déjà en train de se faner ! »
31 juillet 2010
« Neville ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Ginny est morte…
— Oh non… Tu es où, là ?
— Dans ma salle de classe… Je viens de recevoir une lettre de Ron… Je ne sais pas quoi faire, Hannah… Elle est morte… Elle est partie comme Luna… Mes deux meilleures amies ne sont plus là… Qu'est-ce que je suis censé faire… ça fait mal…
— Écoute, tu vas annuler tes derniers cours. Non, je vais appeler Minerva moi-même pour le faire. Tu vas fermer la porte de ta serre. Tu vas prendre ton manteau et ton sac. Puis tu vas transplaner jusqu'à l'appartement. Tu penses pouvoir faire ça ?
— Je ne pourrais pas faire ça seul, gémit Neville, plié en deux sur sa chaise.
Il avait si mal.
— D'accord. Je préviens Minerva et j'arrive. Ferme ta porte pour qu'on ne te dérange pas. Avec un sort de fermeture, ce sera simple. J'arrive dans cinq minutes. Je te prendrai dans mes bras. Je te serrerai de toutes mes forces et on rentrera à la maison. Je serai là pour toi, tu m'entends Neville ?
— Oui…
— Je l'appelle tout de suite. Tu veux que je range le miroir ou… ?
— Non, reste… »
De: Draco M
Date: Lundi 2 août 2010
Objet: Contretemps
À: Pansy ZP
Chère Pansy,
Je suis désolé de t'écrire aussi précipitamment mais je ne pourrai pas passer ces vacances avec ta famille et Scorpius. Il y a eu des événements assez brutaux qui m'obligent à rester au manoir. Est-ce que cela te gênerait de partir dans les Cornouailles avec mon fils ? L'ambiance au manoir est trop pesante en ce moment. Je ne voudrais pas que cela déteigne trop sur lui. Il passe déjà ses journées seul dans cet espace trop grand et je sais qu'il adore Ayaba. Scorpius sera ravi de la revoir.
Draco.
De: Pansy ZP
Date: Lundi 2 août 2010
Objet: Nouvelle espèce : Un Draco amoureux ?
À: Draco M
Tu aimes aussi à en tuer Draco. Il suffit de voir comment tu fais des pieds et des mains pour Scorpius. Ou à quel point tu fais attention à toujours nous mettre le plus à l'aise possible lorsque l'on te rend visite. Ou la prévenance que tu as envers ta mère malgré ses manquements. Ça se voit dans la façon dont tu parles de Luna Lovegood et Ginny Potter que je ne connaissais que vaguement. Tu aimes beaucoup plus que tu ne le crois et je pense qu'en tant que Serpentard, on peut l'oublier par fierté. Mais notre loyauté envers nos proches est à double tranchant.
Lorsque je lis ce que tu m'écris, je me dis encore plus que tu ne devrais pas avoir si peu confiance en tes capacités à recevoir ou à donner de l'amour, indépendamment de la mort que l'on ne peut arrêter. Et par amour, j'entends aussi l'amour passionnel, amoureux, qui dépassent les amis et la famille.
Je n'ai pas la science infuse. Moi aussi , je ne pense pas aimer correctement. Je découvre avec l'expérience et c'est aux côtés de Blaise que j'apprends à transformer notre amour en quelque chose qui en vaut la peine. Tu n'as eu que des éclats de notre relation qui a eu plein de moments vaseux, violents, crasseux mais je ne regrette pas. Blaise et moi avons décidé de nous battre pour notre couple en apprenant à nous concentrer sur nous-même et nos propres manquements.
Ce que je veux dire par là, c'est que tu ne devrais pas rester dans cette tour pour mieux supporter les douleurs de la vie. On souffre dans tous les cas. Et j'aimerais bien un jour te voir galérer avec un homme. Je te vois déjà dire avec ces accès mélodramatiques qui n'appartiennent qu'à toi :
"... Mais il n'y a pas moyen, n'est-ce pas ? Moi ? L'aimer ? C'est... non."
J'ai aussi besoin de te donner des conseils amoureux et de te voir te débattre un peu comme dans les séries moldues à l'eau de rose.
En réalité, tu peux être heureux sans grand amour dans ta vie, je te l'accorde. Ce sentiment est peut-être même un peu trop mis en avant dans nos sociétés. Cependant, je te souhaite le bel amour que tu veux fuir. Je suis certaine qu'il existe sur cette immense planète, l'homme qui te fera pleurer. J'y crois depuis que ma fille en a eu la vision.
Je prépare déjà le thé pour suivre tes aventures.
En espérant que ce message t'aura fait un peu de bien dans cette période, je te souhaite bien du repos.
6 décembre 2010
« Grand-mère, tu m'as toujours dit qu'il était de tradition d'annoncer les bonnes nouvelles le mardi. Mes parents se sont mariés un mardi. Tu as rencontré Grand-père un mardi. Tes propres grands-parents ont construit la maison de campagne familiale un mardi.
— Et c'est encore un mardi, où veux-tu en venir ? demanda Augusta.
— Hannah attend des jumeaux, annonça Neville, fier et plus heureux que jamais.
— Oh… ça fait combien de temps qu'elle est enceinte ?
— Six mois.
— Et c'est maintenant que tu m'annonces ceci, jeune homme ? Par miroir interposé en plus ?
— On voulait être certain qu'il n'y aurait pas trop de complications avant de l'annoncer à tout le monde.
— J'espère bien être la première au courant alors ! se rabroua Augusta.
— Tu es la deuxième après la mère de Hannah.
— Hmm… Je vais devoir faire plein de couvertures et de pulls en laine à cause de toi. Tu aurais pu me prévenir avant pour que je m'organise correctement.
— Tu n'es pas obligée de te fatiguer autant…
— Qu'est-ce que j'ai d'autre à faire à mon âge ? Même si tes parents ne sont plus là, il faut accueillir les futurs Londubat comme il se doit, expliqua-t-elle avec orgueil.
— C'est vrai. On a déjà choisi leurs noms : Jacob et Mathilda, s'amusa Neville en faisant une finition à son bouquet.
— Je vais les broder sur leur couverture… Pour qui sont ces pivoines ?
— Je vais rendre visite à Ginny aujourd'hui.
— Le soleil est généreux ces derniers temps. C'est un beau jour pour rendre visite à la petite Ginevra.
— Je suis d'accord, lui sourit Neville, prêt à couper la communication.
— Je suis fière de toi, mon garçon. Tu fais honneur à la famille, plus que je ne l'ai jamais espéré, avoua-t-elle.
— Moi aussi je t'aime, Grand-mère. »
25 juin 2018
Les heures de retenue n'étaient une partie de plaisir pour personne, même pour le professeur qui infligeait ce supplice à ses élèves.
Neville aurait préféré corriger ses copies tout en communiquant avec ses deux enfants par miroir interposé. Jacob et Mathilda savaient parfaitement lire à présent. Ils avaient pour ambition de lui partager tout leur recueil de contes. C'était un cadeau adorable et Neville n'avait pas la force de leur refuser ce bref moment passé ensemble. Avec le temps, l'emploi du temps des professeurs avait été assoupli malgré les permanences d'été. Cependant, Neville passait tout de même la majeure partie de sa vie à Poudlard
Il aimait son travail et ne le changerait pour rien au monde mais c'était parfois pesant d'être loin de Hannah et de leurs appartements de Pré-au-Lard.
Les jeudis soirs étaient toujours difficiles à cause de leur proximité douloureuse avec le week-end encore lointain. Mais cette soirée d'été était pire que les autres car elle sentait les vacances à plein nez. Le soleil était encore brûlant dans le ciel et inondait la serre envahie de mille couleurs. Ce n'était pas une atmosphère propice au travail.
Dans la serre, des élèves de différentes années étaient regroupés car Neville avait l'habitude de mêler les étudiants qui repassaient des devoirs et les collés. Il s'était rendu compte que faire de nombreux devoirs sur table évitait aux jeunes sorciers d'avoir uniquement de grandes échéances et de mieux ancrer leurs connaissances. Neville faisait toujours en sorte qu'ils puissent les passer. Il avait aussi modifié ses derniers devoirs après les ASPICs en fonction des métiers qui intéressaient ces futurs jeunes adultes.
Il avait donc cinq élèves en face de lui : trois en dernière année qui passaient l'examen qu'ils avaient dû reporter à cause de leur programme d'échange professionnel et deux adolescents de troisième année qui avaient accumulé trop de retards à ses cours.
Albus Potter avait réussi l'exploit d'être en retard un nombre incalculable de fois à ses cours de botanique alors qu'ils avaient toujours lieu en plein milieu d'après-midi. Neville ne se considérait pas comme un professeur sévère mais il détestait les retards et tout le monde le savait. Et il ne faisait d'exception avec personne, pas même avec les enfants de ses chers amis.
Ayant enfin fini de corriger sa monstrueuse pile de copies, Neville leva le nez pour surveiller la salle.
À sa plus grande horreur, Mohamed et Perly étaient au moins à leur cinquième page de rédaction et n'étaient pas près de s'arrêter. C'était le problème des excellents élèves. Ils écrivaient toujours trop. Du côté des plus jeunes, il fut dépité d'observer Albus sur le point de verser tout un tas de terreau sur Leonard Spill, par mégarde. Le garçon avait le béguin pour ce Poufsouffle depuis le début de l'année scolaire, mais le concerné était aveugle malgré le manque de discrétion notable d'Albus. C'était affligeant que Neville le remarque alors qu'il était un simple professeur. L'idée peu discrète de Scorpius de se mettre en duo avec un autre de ses amis pour permettre à Albus d'entamer un rapprochement n'arrangeait rien à son cas. Neville espérait qu'Albus serait assez rapide pour confesser son affection car les amourettes d'adolescents avaient l'air d'être exacerbées dans ses cours. Peut-être que Hannah avait raison et qu'il devrait arrêter de décorer la salle d'autant de fleurs. Mais c'était si joli !
L'heure de plier bagage arriva enfin et les élèves disparurent un à un. Albus fut l'un des derniers à partir. Il avait offert une carte de bonnes vacances à un Leonard perplexe mais ravi. Scorpius Malfoy l'attendait à la porte, son visage aquilin masquant mal son impatience.
Même s'il n'était pas proche des deux garçons, Neville se sentait un brin nostalgique en les voyant si fusionnels. Il était certain que leur amitié aurait amusé Ginny et Luna au plus haut point. Neville menait une vie paisible. Mais ses deux meilleures amies lui manquaient parfois terriblement. Dans ces instants, il fixait leurs photographies, qui avaient une place attitrée dans son tiroir de bureau. Et il leur parlait de la nouvelle génération, lumineuse, et des nouveautés dans ce monde sans cesse en mouvement pour lequel ils s'étaient battus.
Dans sa serre, des pivoines et des fleurs de lune poussaient toujours. En l'honneur de leur trio d'argent dont les rêves d'amitiés éternelles berçaient encore Neville.
