Salut!
Il est présentement ultra tôt le matin et mon cerveau n'est pas réveillé. Donc je ne sais pas quoi écrire pour vous préparer à ce chapitre, désolée lol
Bonne lecture!
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CHAPITRE 6 - POWER RANGERS
Prompto ne paniqua pas.
Il ne paniqua pas parce que pour ce faire, il aurait fallu qu'il en ait le temps. Or, moins de vingt minutes après le départ de Noctis, la nuit, jusque-là assez calme, s'était transformée en un cauchemar absolument chaotique et Prompto avait manqué de remettre sa démission sur-le-champ au moins douze fois.
Deux clientes s'étaient engueulées pour une histoire de céréales et le caissier leur avait ordonné de régler leur différend à l'extérieur, où leur crise ne serait plus son problème.
Ce qui avait été une terrible idée. Les nombreux amis des deux femmes les attendaient devant la porte et ce qui avait commencé par un simple argument virulent entre deux personnes s'était transformé en une espèce de guerre épique à la Lord of the Rings qui avait débordé à l'intérieur du commerce.
La police s'était invitée, ce qui avait empiré le problème, et Prompto avait terminé son quart de travail accroupi derrière le comptoir, pendant que des projectiles composés de produits d'épicerie variés volaient dans tous les sens et qu'il jurait sur la quantité de temps que ça lui prendrait pour nettoyer tout ce bordel.
Lorsque six heures s'était pointé le bout du nez, l'épicerie était enfin vide de gens, mais toujours pleine de produits éparpillés, et son patron était fou de rage.
Ce que Prompto n'avait rien à foutre; à cette heure, ce n'était plus son problème.
Il était parti en vitesse, ignorant le vieux grincheux qui lui ordonnait de faire des heures supplémentaires et il s'était rendu chez lui en un temps record. Puis, il s'était déshabillé et s'était laissé tomber sur son lit où il s'était endormi en moins de trois secondes, tant il était épuisé.
Donc. Il n'avait pas paniqué parce qu'il avait complètement oublié son arrangement avec Noctis.
C'est ainsi que, lorsque à quatorze heures de l'après-midi des coups sur sa porte l'avaient brutalement tiré de son sommeil, il n'avait aucune idée de qui il pouvait bien s'agir. Ni de quel jour il était, ni sur quelle planète il vivait.
Il grommela et se tira du lit avec difficulté, traînant les pieds jusqu'à l'escalier qu'il descendit les yeux fermés. Puis, il déverrouilla la porte et l'ouvrit, se frottant un œil pour tenter de se tirer du sommeil.
Devant lui, Noctis était figé, son poing toujours relevé, comme s'il s'était préparé à cogner de nouveau sur la porte mais s'était arrêté dans son mouvement. Ses yeux étaient gigantesques, ronds comme des soucoupes, et son visage devint aussitôt plus rouge qu'un feu de circulation.
– Noctis?, demanda Prompto d'une voix endormie. Qu'est-ce que tu… Comment t'as su où j'habitais?
Mais le prince ne répondit pas, ses yeux descendant soudainement où ils devinrent encore plus ronds, si ce n'était possible.
C'est alors que Prompto prit conscience qu'il était presque à poil, hormis un caleçon moulant qui laissait peu de place à l'imagination.
Il sentit son visage brûler aussitôt et jura, croisant maladroitement les bras sur son torse, puis sur son entrejambe, puis un bras sur chacun, puis décida de fermer la porte en partie, se cogna brutalement le pied et jura avec encore plus d'enthousiasme.
La scène sortit enfin Noctis de sa stupeur et il répondit avec hésitation.
– Heu… C'est toi qui m'as… Enfin, tu m'as donné ton adresse? Après qu'on a décidé d'étudier ensemble aujourd'hui?... Heu… Non?
Prompto sautilla derrière la porte entrebâillée, les dents serrées.
– Ouch… Ouais, ça me revient, putain mon pied… Ok donne-moi deux minutes…
Il ferma la porte au nez de Noctis d'un coup sec, courut en haut de l'escalier en boitant pour enfiler un jean et un t-shirt en catastrophe, puis redescendit en vitesse pour ouvrir la porte de nouveau.
Le coup de vent fit voler les cheveux du prince qui n'avait pas bougé, son expression toujours aussi éberluée.
Prompto était certainement rouge fluorescent: il sentait la chaleur irradier ses joues et son cuir chevelu.
– Salut, ça va?, demanda-t-il, comme s'ils ne venaient pas de discuter six secondes plus tôt.
– Heu… Ouais?
– Cool.
Les deux hommes restèrent immobiles pendant quelques secondes malaisantes, puis Prompto prit conscience qu'il était toujours en plein centre du cadre de la porte, bloquant le passage.
– Ah, merde, désolé, fit-il en reculant, viens, fais comme chez toi.
Noctis entra et Prompto vit pour la première fois que Gladio était derrière lui. Ce dernier avait un sourire moqueur étiré sur ses lèvres, comme s'il venait d'assister à une scène absolument hilarante.
– Oh, hem, salut, fit Prompto.
Le mastodonte lui répondit un salut sympathique, tout en traversant la porte à son tour, penchant la tête pour éviter le cadre.
— Alors, c'est ici que tu habites…, commenta pensivement Noctis.
Prompto grimaça en marchant à leur suite. Sa cuisine était toujours aussi bordélique, une partie de la table recouverte d'objets de toutes sortes qui n'avaient jamais été rangés, les comptoirs cachés sous de la vaisselle par manque d'espace. Des détails qu'il ne remarquait plus depuis longtemps lui sautèrent à nouveau au visage, comme la porte de l'armoire qui avait été arrachée par son père deux ans plus tôt ou la porte du réfrigérateur qui tenait en place grâce une serrure métallique.
Putain, la honte. Prompto glissa une main sur sa nuque.
– Désolé, s'excusa-t-il, je manque de temps pour le ménage…
Comme si un coup de chiffon pouvait sauver ce taudis.
– T'inquiète, répliqua Noctis en déposant son sac sur le coin de la table.
– Tes parents sont là?, demanda Gladio.
– Non, mon père est à l'extérieur de la ville actuellement… Heu, il est camionneur.
Le bouclier fit un "hum" sans poser plus de questions et le silence revint au galop. Prompto se balança d'un pied à l'autre, ne sachant pas trop comment gérer des invités – il n'en n'avait jamais – puis, il pensa qu'il était mieux de leur offrir à boire. Il s'avança vers le comptoir pour y attraper deux verres.
– Est-ce que vous voulez…
Il s'interrompit lorsqu'il constata que le garde du corps n'était plus avec eux. Ce dernier s'était avancé jusqu'à la section salon où ses yeux glissaient dans tous les recoins, comme s'il mémorisait les moindres détails de l'endroit.
Qu'est-ce qu'il foutait, bordel?
– …un verre d'eau?, termina-t-il.
Noctis répondit un timide "non merci", mais Gladio garda le silence. Après avoir fait le tour du salon, celui-ci revint sur ses pas et s'arrêta devant l'escalier.
– Qu'est-ce qu'il y a, en haut?, demanda-t-il.
– Heu… Les chambres?
– Tu permets?
Prompto le dévisagea.
– Tu comptes acheter la maison?, demanda-t-il.
Gladio échappa un rire bref.
– Non, non, mais je dois faire un tour du propriétaire, puisque c'est la première fois que Noct vient ici… Une simple procédure, rien contre toi.
– Vraiment?
Qu'est-ce que Gladio s'attendait à trouver? Des manifestants anti-monarchie cachés dans une penderie? C'était complètement ridicule.
Mais il devina qu'il ne pouvait rien y changer, et, après un soupir, il répondit :
– Fais ton job, je suppose.
Gladio le remercia avant de grimper les escaliers et Prompto tenta de ne pas penser aux millions d'objets qui traînaient partout à l'étage.
– Je suis vraiment désolé, fit soudainement Noctis.
Le blond tourna vers lui un regard surpris.
– Huh?
– Je sais que c'est de la merde, la procédure.
– Oh… C'est ok…
C'était effectivement intrusif, mais qu'est-ce qu'il pouvait bien y faire? De toute façon, sa fierté avait été instantanément massacrée à la seconde que les deux hommes avaient traversé sa porte d'entrée, donc que Gladio voit les chambres ou pas, il n'y voyait pas de différence.
– C'est pas ok, répliqua Noctis. Ici, c'est chez toi, pas un lieu public, il ne devrait pas… Enfin. J'ai essayé de le convaincre de laisser tomber toutes ces conneries, mais comme tu peux le voir, ça n'a pas fonctionné…
Prompto haussa les épaules.
– C'est pas ta faute…, répondit-il.
Noctis ouvrit la bouche pour répliquer, mais Prompto l'interrompit.
– C'est pas ta faute, répéta-t-il d'une voix plus ferme. C'est pas ta décision, donc arrête de te mettre ça sur tes épaules.
Prompto connaissait le sentiment de se sentir coupable à propos de quelque chose qu'il ne contrôlait pas. Hors de question que Noctis ne s'excuse à nouveau.
Et il dut avoir l'air convaincant, car le prince ferma la bouche immédiatement.
Satisfait, Prompto entreprit de remplir les deux verres d'eau provenant du robinet – surtout pour s'occuper parce que ses invités n'en voulaient pas réellement – puis les déposa sur la table.
Au-dessus de sa tête, le parquet grinçait bruyamment sous les pas du mastodonte et Prompto se demanda brièvement s'il existait une limite de poids que le plancher pouvait supporter – ce serait absolument le summum si celui-ci s'effondrait – mais au bout d'un moment, le bouclier redescendit sans la moindre catastrophe.
– Tout est réglo, annonça-t-il.
– Sans déconner, répondit Noctis d'un ton plat.
Prompto eut un sourire qu'il tenta de cacher.
– Je vous laisse, continua Gladio en se dirigeant vers la porte. Noct, appelle-moi quand tu veux que je vienne te chercher.
– Oui, ok.
– Et Prompto… Bonne chance pour étudier avec ce type, tu en auras besoin.
– C'est ça, va chier, répondit aussitôt Noctis.
Mais le ton était moqueur et Gladio n'en fit pas de cas. Il traversa la porte tout en faisant un salut de la main au-dessus de son épaule et dès qu'il disparut, Prompto soupira de soulagement. Il avait cru que le bouclier resterait avec eux pour les surveiller et, bien que celui-ci était définitivement plus sympathique que Ignis, il restait un homme imposant qui lui donnait l'impression d'être analysé sous toutes ses coutures.
Noctis dut avoir la même opinion, car ses épaules se relâchèrent immédiatement.
– Je vais manger avant de commencer, si ça ne te dérange pas, fit Prompto en attrapant une boîte de céréales. T'en veux?, ajouta-t-il en versant son contenu dans un bol.
– Nah, répondit Noctis.
Merci aux dieux, pensa Prompto, parce que son lait était dilué avec de l'eau et il n'aurait pas voulu que le prince ait une preuve de plus que sa vie était misérable.
Il sortit le carton du réfrigérateur pendant que Noctis prenait place à la table, puis il s'assit à ses côtés pour préparer son repas cinq étoiles.
Noctis avait déjà la tête penchée, appuyée sur ses bras croisés.
– Pas dormi, hein?, demanda Prompto en avalant une bouchée de céréales.
Noctis releva la tête en soupirant.
– Nope. Comme d'hab.
– Des cauchemars?
– Ouais…
Prompto grimaça, mais ne répondit pas; il savait que peu importe ce qu'il dirait, il s'agirait de mots que le prince aurait entendus mille fois dans sa vie et qui ne changeaient absolument rien.
– Tu veux un café?, proposa-t-il.
Le regard de Noctis s'illumina aussitôt.
– T'en as?
– Oui, mais seulement du café instantané… C'est ok?
– Du quoi?
Prompto le dévisagea.
– Du café instantané, répéta-t-il.
Lorsqu'il vit le regard complètement perdu de Noctis, il haussa les sourcils.
– Sérieux?! Tu sais pas ce qu'est du café instantané? Du café en poudre?
– Bah… non?
Putain, ce type vivait réellement dans une bulle.
– C'est du café que tu ajoutes à de l'eau bouillante, comme du thé…
– Ah. C'est bon?
– Non.
Noctis le regarda d'un air surpris pendant une seconde, puis éclata de rire. Prompto sourit autour de sa cuillère.
– Mais au moins, c'est caféiné, ajouta-t-il en mastiquant.
– Bah alors, c'est excellent!, s'exclama le prince.
Un sourire aux lèvres, le blond laissa tomber sa cuillère dans son bol déjà vide et se leva, attrapa une tasse au hasard qu'il remplit d'eau et la déposa dans le four à micro-ondes.
– Ma bouilloire ne fonctionne plus, expliqua-t-il.
– Tu ne fais qu'une seule tasse?
– Je déteste le café, je n'en bois jamais.
Il activa la machine qui démarra dans un bourdonnement bruyant, puis se dirigea vers les armoires dont il ouvrit une porte.
– Ignis te tuerait s'il apprenait que tu utilises un micro-ondes pour réchauffer de l'eau, blagua Noctis.
– Les ondes radioactives ajoutent un petit goût savoureux crois-moi, répondit le blond en se hissant sur la pointe des pieds pour attraper le contenant de café sur la tablette du haut.
Il l'ouvrit et figea aussitôt, son sourire tombant brusquement.
Putain.
Dans le réceptacle de plastique, il n'y avait plus de café. À la place, s'y trouvait une quantité astronomique de billets de banque, retenus grâce à un ruban élastique.
La poitrine de Prompto se serra.
Le pognon de son père. Cinquante mille gils, moins les dépenses.
Son cœur s'emballa. Il n'avait jamais vu autant de billets de toute sa vie et les regarder lui semblait interdit, comme s'il allait se faire casser la gueule simplement pour avoir trouvé leur cachette.
Il blêmit.
Son père le tuerait s'il savait qu'il avait mis la main sur ses gains de poker.
– Yo ça va?
La voix de Noctis tira Prompto de sa paralysie et il secoua la tête. Il replaça précipitamment le contenant à sa place, tentant de se rappeler la position exacte dans laquelle il était précédemment placé. Son cœur battait à mille coups par minute. Est-ce que le pot était plus à droite, à gauche? Putain, il n'arrivait pas à se rappeler.
– Heu… C'est… C'est vide, balbutia-t-il, ne cessant de manipuler le réceptacle sur la tablette. Je veux dire, il n'y a plus de café. Dans la boîte.
– Ah…
Il abandonna finalement et se retourna.
– Désolé. Tu veux, heu. Tu veux de l'eau à la place?
Imbécile, pensa-t-il aussitôt; il y en avait déjà un verre plein, littéralement devant le prince.
Mais si ce dernier remarqua l'étrange changement d'humeur de Prompto, il ne le souligna pas : il se contenta de faire un signe vers le verre en soulevant un sourcil et Prompto hocha la tête.
– Ok, hem… On peut monter à l'étage, si tu veux, proposa-t-il, pressé de changer de sujet. Habituellement, je fais mes travaux dans ma chambre, parce que je manque de place sur la table.
– Ouais, ok, répondit Noctis en se levant tout en empoignant son sac.
Ils grimpèrent l'étroit escalier et lorsqu'ils arrivèrent à la chambre, Prompto spécifia aussitôt :
– Ne regarde pas le bordel...
Sa chambre, tout comme le reste de la maison, était complètement chaotique, mais il s'agissait d'un chaos mieux contrôlé, qui lui ressemblait plus. Ses tablettes étaient remplies à craquer d'objets de toutes sortes, de souvenirs, de cadres et de figurines. Sur son mur étaient collées des affiches tirées de magazines, principalement de jeux vidéo ou de groupes de musique qu'il aimait, et un drapeau des Lions d'Insomnia, l'équipe de basketball de la ville, servait de rideau.
Et si Prompto croyait avoir déjà atteint un paroxysme d'embarras, il découvrit qu'il en était jusque-là bien loin lorsque le regard du prince s'attarda sur son lit défait et, par la même occasion, sur ses magnifiques draps au motif de Power Rangers chevauchant des chocobos.
– Heu. Ça date de quand j'étais gamin…, expliqua maladroitement Prompto.
Il se pencha pour faire le lit à la va-vite, cachant les draps sous son édredon.
– J'avais les mêmes quand j'étais jeune, commenta Noctis.
Et bien, qui aurait cru qu'ils avaient tant en commun.
Prompto sortit son matériel scolaire de son sac à dos qu'il posa sur sa literie, laissant Noctis explorer la pièce à sa guise. Puis, il grimpa sur le lit et le traversa à genoux pour glisser son chargeur entre celui-ci et le mur, où il y avait une prise électrique.
– Ça fait longtemps que vous êtes ensemble?, demanda soudainement Noctis.
– Huh?
Prompto leva la tête. Le prince était devant son babillard recouvert de polaroids, pointant une photo de Cindy qui faisait une grimace.
– Cindy, c'est bien ça? Ta copine?
Prompto tomba vers l'avant et s'assomma sur le mur.
– Ow! Putain quoi?!, s'exclama-t-il.
– Ça va?, demanda Noctis.
– Cindy n'est pas ma copine!, ajouta-t-il en se frottant le front. Pourquoi t'as cru ça?
– Oh. Heu… Je ne sais pas, vous traînez toujours ensemble?
– Bordel, on serait le couple le plus dysfonctionnel de l'histoire! Non, non, c'est juste une amie... Ma petite sœur, presque.
– Oh?
Une étincelle passa dans le regard de Noctis et Prompto se demanda si ce dernier entretenait un béguin pour son amie.
Il ne serait pas le seul mec de son école.
Il termina de brancher son chargeur et s'assit en tailleur sur le lit pour le connecter à son ordinateur, qui s'alluma lentement. Il eut la réflexion qu'il devait renouveler la location de l'appareil à la bibliothèque avant qu'elle ne soit expirée.
– OH PUTAIN! T'AS UNE NINTENDO 64?!
Le cri fut si fort que Prompto sursauta. Il leva brusquement la tête pour découvrir le prince accroupi devant la petite bibliothèque sous son vieux téléviseur, où il gardait ses antiquités.
Le sourire du blond s'étira.
– Ouaip!, répondit-il fièrement.
– Oh, putain, trop cool, est-ce qu'elle fonctionne?
– Bien sûr qu'elle fonctionne, j'ai même le convertisseur pour la connecter à la télé!
Sa vieille console était son bien le plus précieux. Elle avait appartenu à sa mère, une joueuse invétérée, et c'était elle qui avait transmis la passion des jeux vidéos à son fils. Les deux avaient passé des heures incalculables à jouer ensemble, créant les souvenirs les plus heureux de son enfance.
Il refusait de s'en départir, malgré son manque de pognon. Parfois, lorsqu'il s'ennuyait de ses belles années, il la connectait à nouveau et jouait à ses jeux favoris, les muscles de ses mains se rappelant parfaitement des combinaisons comme s'il avait joué la veille.
Il ne pouvait jamais en profiter longtemps, cependant. Le temps était une denrée trop rare dans sa vie.
– Oh, t'as encore les cartouches…, continua Noctis en fouillant dans la bibliothèque. Wow, Super Smash… Donkey Kong… OH PUTAIN T'AS GOLDEN EYE?!
Il se tourna vers Prompto, les yeux brillants d'excitation. Il avait l'air d'un gamin.
– On peut jouer?
Prompto rit. Il comprenait le sentiment; GoldenEye était le jeu le plus épique de tous les temps.
Mais…
– T'es venu ici pour étudier, oui ou non?, demanda Prompto un sourire en coin.
– Oui, mais… c'est GoldenEye!, insista Noctis, comme s'il s'agissait de l'argument le plus solide de la planète.
– Ouais, bah je ne crois pas que GoldenEye sera mentionné dans le contrôle de bio.
– Putain, t'es nul, grommela Noctis en se relevant.
Mais son ton boudeur n'avait pas l'air très sérieux et Prompto ne peut s'empêcher de le trouver adorable. Il s'agissait d'un côté du prince qu'il n'avait jamais vu à l'école, comme s'il avait devant lui une toute nouvelle personne.
Une personne qu'il apprenait à apprécier, lentement, devait-il s'avouer.
Noctis s'assit sur le lit à son tour, ouvrant son sac à dos. Il en extirpa un sac de croustilles, celui-là même qu'il avait acheté la veille.
– Quoi, t'es sérieux?!, s'exclama Prompto. Tu l'as vraiment amené?
Le sourire de Noctis s'étira alors qu'il laissa tomber le sac devant Prompto.
– Hey, j'ai qu'une seule parole!
C'est ainsi qu'ils passèrent l'heure suivante en tailleur sur le lit, leurs livres ouverts entre eux, les doigts gras et salés de croustilles savoureuses.
Parfois, Noctis échappait un long soupir frustré et Prompto délaissait aussitôt ses livres pour aider le prince à résoudre son problème. Il sacrifiait ainsi son propre temps d'études, mais l'expression de Noctis lorsqu'il comprenait enfin un concept qui lui avait visiblement toujours échappé en valait le coup. Son sourire s'étirait alors, ses yeux bleus se mettaient à briller et ses épaules se redressaient d'énergie.
– Tu devrais être prof, avait dit Noctis. Tu expliques foutrement bien.
Sous le compliment, le cœur de Prompto avait s'était mis à flotter dans sa poitrine.
Éventuellement, dans le confort du soleil de l'après-midi qui se déplaçait dans la pièce, baignant la chambre de ses rayons orangés, leur position bien assise devant leurs livres se désorganisa. Au bout d'un moment, Prompto se retrouva couché sur le dos, les jambes appuyées contre le mur dans une drôle de position, son cahier de notes soulevé au-dessus de lui. Sa tête était proche de celle de Noctis qui s'était étendu inversement par rapport à lui, les pieds ballants au bout du lit.
– Pourquoi t'es parti?
La question fut inattendue dans le silence de la chambre et Prompto se tira difficilement de ses notes sur le génome, son cerveau luttant pour comprendre les mots.
– Hein? Quoi?
– Pourquoi t'es parti? Le matin, heu. La nuit où t'as dormi chez moi, tu, heu, tu n'étais plus là… le matin…
La voix du prince, claire au début de sa phrase, s'était amincie vers la fin, comme si la timidité l'avait rattrapé, et Prompto se mordit la lèvre.
La voix de Noctis était minuscule et il se sentit soudainement coupable.
Il avait voulu fuir pour ne pas voir la honte que les mecs ressentaient toujours après avoir été vus en train de pleurer. Il avait voulu laisser Noctis seul pour qu'il puisse avoir un peu d'intimité, pour avoir le temps de digérer les évènements.
Mais, maintenant, il avait soudainement l'impression d'avoir abandonné Noctis.
– Je voulais pas que… que tu sois embarrassé par ce qui s'était produit. J'ai cru que tu voudrais un peu d'air pour respirer. Enfin. Je ne sais pas.
Noctis resta silencieux pendant quelques secondes.
– Je confirme que ça n'a pas changé grand-chose à mon embarras, fit-il d'un ton défaitiste.
– Désolé.
Noctis soupira.
– Je me sentais foutrement stupide d'avoir craqué.
– C'est pas stupide. N'importe qui aurait agi comme toi. Moi-même…
Lui-même avait passé des nuits à sangloter seul dans son lit, jusqu'à ce que la fatigue ne l'assomme.
– Enfin…, continua-t-il. J'ai déjà vécu la même situation, enfin, quand faisais des terreurs nocturnes et je… je réagissais de la même façon, donc… heu, c'est rien de stupide.
Il se demanda si ce qu'il déblatérait faisait le moindre sens pour Noctis; s'il arrivait à être réconfortant ou si Prompto ne faisait que passer pour un imbécile par son incapacité à parler.
– Alors, c'est vrai?, demanda Noctis. Tu faisais des terreurs nocturnes?
– Ouais… mais c'était il y a longtemps.
C'était surtout après le décès de sa mère, lorsqu'il s'était retrouvé seul avec un père qu'il ne connaissait pas et qui le terrifiait. Il rêvait souvent que celui-ci piquait des colères monstrueuses, qu'il l'expulsait de la maison et qu'il se retrouvait sans abri. Ou encore, qu'il était renvoyé au Niflheim, abandonné sous la neige ou attaqué par des magiteks. Il se réveillait en hurlant, le cœur prêt à sortir de sa poitrine, convaincu pendant de longues minutes que son rêve était bien réel.
Étrangement, lorsque son père avait commencé à devenir plus violent, les cauchemars avaient ralenti. Comme si la réalité était devenue trop horrible pour faire compétition à de simples cauchemars.
Prompto n'en parlait jamais, à qui que ce soit. Ce serait avouer trop de secrets qui devaient absolument rester inconnus. Le silence s'étira donc, comme si Noctis attendait qu'il élabore, mais Prompto garda les lèvres scellées. Puis, au bout d'un moment, le prince répondit d'un simple :
– Ok.
Et immédiatement, Prompto se sentit coupable de ne pas en dire plus. De rester fermé comme une huître, alors que Noctis s'était au contraire ouvert à lui, ce soir-là dans sa chambre, exposant sa vulnérabilité sans retenue.
Peut-être bien qu'il devait lui rendre la pareille. Et aussi… peut-être bien qu'il avait envie de se confier à quelqu'un qui pouvait le comprendre, jusqu'à une certaine mesure.
Il réfléchit un moment à ce qu'il pouvait dire et ce qu'il devait cacher. Près de lui, Noctis restait silencieux et il se demanda si celui-ci avait arrêté d'attendre pour reprendre la lecture de son livre de biologie.
Il se racla la gorge.
– J'ai perdu ma mère quand j'avais huit ans, expliqua Prompto d'une voix sobre. Un cancer du sein qui s'est répandu trop vite, Je… J'avais pas d'autre famille, j'étais adopté et je ne connaissais pas très bien mon père adoptif parce qu'il travaillait sans arrêt.
Il fit une pause, fixant une fissure au plafond. Noctis ne bougeait pas, mais Prompto savait parfaitement que celui-ci l'écoutait attentivement.
– Mon père était… très différent de ma mère. Il était colérique. Je n'étais pas vraiment habitué à ce type de caractère et je… il me foutait les jetons. J'en faisais des cauchemars si réels que j'avais du mal à revenir à la réalité, même après être réveillé.
Il s'arrêta, n'osant pas en dire plus. Près de lui, Noctis remua légèrement; Prompto sentit ses cheveux contre sa joue.
– Oui, c'est la sensation que ça me fait, à moi aussi… confia le prince.
Pour une raison inconnue, un poids se libéra aussitôt de la poitrine de Prompto, qui s'échappa de lui en une longue expiration. Il y avait quelque chose de libérateur à se confier à quelqu'un qui pouvait le comprendre parfaitement, même s'il n'avait dévoilé qu'une minuscule partie de ses secrets – à peine quelques briques d'un mur gigantesque.
– Dès que je suis entré dans ta chambre, ce soir-là, j'ai deviné immédiatement ce qui se passait, expliqua Prompto.
– Merci.
La réponse surprit Prompto et il attendit la suite, mais elle ne vint pas.
– Pourquoi?
– Pour m'avoir raconté ton histoire. Et aussi pour ce que tu as fait, ce soir-là.
Prompto rougit.
– J'allais quand même pas te laisser gérer tout ça seul, répliqua Prompto.
– Tu aurais pu. Mais tu ne l'as pas fait. Et j'ai dormi pour la première fois depuis des mois, c'était vraiment épique.
– Sérieux?
– Ouais. Ça m'a vraiment fait du bien… même si j'étais complètement massacré le lendemain. Je crois que mon corps ne sait pas gérer une quantité normale de sommeil.
Prompto rit doucement, mais l'ironie que Noctis considérait qu'une nuit de quatre ou cinq heures consécutives représentait une quantité normale de sommeil ne lui échappa pas.
– Donc je dois m'excuser, j'imagine?, blagua Prompto.
Il se dressa sur les coudes pour regarder Noctis. Les cheveux d'ébène du jeune prince étaient étalés autour de sa tête, dégageant son front et exposant ses yeux bleus rayonnants. Le sourire qui étirait ses lèvres était absolument captivant et Prompto déglutit difficilement.
Noctis était beau, putain, étendu ainsi sur son lit, le visage lumineux sous le soleil de l'après-midi. Le collet de son t-shirt était étiré, exposant sa clavicule et une partie de sa poitrine, la peau dorée et lisse présentée sans retenue.
Il était absolument magnifique. À couper le souffle.
Bordel.
Prompto détourna le regard rapidement, puis, se raclant la gorge, il s'assit et attrapa son ordinateur portable.
– Tu veux bosser sur le projet de Barborossé?
Rien de mieux que de la physique pour empêcher la moindre pensée impure.
– Noooooonnnnnn, gémit Noctis en roulant de côté en se recroquevillant sur lui-même.
– C'était ton idée, je te signale, répondit Prompto d'un sourire en coin.
Le prince s'assit, ses cheveux dressés dans tous les sens, se frottant le visage de ses deux mains.
– Oui mais j'ai toujours des idées de merde…, répliqua-t-il.
Prompto acquiesça et Noctis le frappa d'un poing sur l'épaule qui le fit éclater de rire. Puis, les deux hommes se penchèrent à nouveau sur leur projet mal-aimé, sourires en coin.
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Ce soir-là, peu après l'arrivée de Prompto au travail, prêt à entamer sa deuxième nuit de boulot de la semaine, son téléphone vibra d'une notification de Noctis.
Son patron était à ses côtés et il ne put pas l'ouvrir immédiatement, mais son cœur s'emballa. Il venait à peine de quitter camarade une heure plus tôt, après avoir passé l'après-midi à étudier, (et, surtout vers la fin, à déconner) et il était curieux de savoir pourquoi le prince lui écrivait déjà.
Il attendit impatiemment que le vieil homme ne le laisse tranquille, n'écoutant même plus son contre-rendu de la journée, sa concentration ne cessait de glisser vers son téléphone. Lorsque son patron disparut enfin dans l'arrière-boutique, Prompto se précipita sur le message.
Le prince et roi des cons :
"image"
Il sourit. Il s'agissait d'une photo des deux chiots en train de dormir sur leur matelas. Ils étaient dans une drôle de position; Umbra était étendu sur le dos, les quatre pattes en l'air, tandis que Ryan Reynolds était pliée en deux, à moitié affalée sur son frère, une patte littéralement dans la gueule de celui-ci.
Le prince et roi des cons :
"ils m'ont même pas entendu rentrer."
Prompto :
"haha ils sont adorables"
Le prince et roi des cons :
"ils ne sont pas restés endormis bien longtemps"
"image"
La nouvelle photo montrait cette fois-ci les chiens bien réveillés. Ils semblaient être assis sur les genoux de Noctis, lui-même sur le canapé, duquel on ne distinguait qu'une partie du visage derrière un amas de fourrure floue.
Prompto agrandit l'image pour admirer le regard moqueur du prince, la petite étincelle qui émanait de son œil bleu, son sourire étiré, ses cheveux en bataille.
Il était absolument craquant et son cœur se mit à virevolter comme un petit papillon dans sa poitrine.
Oh.
Oh merde.
Prompto verrouilla précipitamment son téléphone et le glissa aussitôt dans sa poche.
Putain. Il était foutu.
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Si vous ne savez pas ce qu'est du café instantané, vous êtes béni.
lol
Sur un autre sujet, je sais que ce chapitre a beaucoup trop de glaçage, mais j'ai pas pu m'en empêcher
(Je ne m'excuserai pas lol)
Comme d'hab, MERCI infiniment pour vos commentaires, ils me donnent tellement d'énergie! xxxxx
Charlie
