Trois jours plus tard

Dans un recoin d'un café particulièrement inanimé en cette fin de journée estivale, Antoine tournait sa cuillère dans sa tasse. Il l'attendait… Perdu… Perturbé… Il lui avait envoyé un message le matin même et elle avait répondu positivement dans la foulée… Penaude, la jolie blonde finit par se planter devant la table. Il lui sourit sincèrement et se leva pour la saluer. Elle s'installa finalement face à lui, sans un sourire.

« Eh bah… Je pensais pas que tu me proposerais un café… lâcha-t-elle pour mettre les pieds dans le plat.

- Je sais je… la dernière fois j'ai réagi bêtement…

- Entre ça et le restau après…

- Ouais… Mais on avait prévu une soirée à deux et je pensais pas te retrouver ici aussi…

- Et bah moi je pensais pas que tu continuais de l'amener là-bas ! rétorqua-t-elle sans amabilité.

- Oui bon… Excuse-moi… Voilà…

- Tu voulais me voir pour quoi ?

- Je sais pas je… j'ai réfléchi à ce que t'as dit la dernière fois et j'crois que t'as raison… On peut pas fuir éternellement la discussion…

Elle acquiesça, visiblement surprise.

Bon et Fernand m'a peut-être un peu convaincu aussi de revenir vers toi…

- Ahhhh ! Donc il est toujours de bon conseil… Intéressant…

- Disons qu'il a une oreille attentive et qu'il sait écouter…

- Ouais… Enfin, j'ai toujours écouté ses conseils et ça m'a toujours plutôt réussi… renchérit-elle.

- Hum… Bah c'était lui qui m'avait poussé à faire ma demande y a douze ans mais… j'sais pas si on peut vraiment dire que c'était réussi au final… lâcha-t-il en reproche.

Louise baissa la tête et remercia le serveur qui venait d'apporter son café.

- Et… Sinon ta femme sait qu'on se voit ? demanda-t-elle pour éluder.

- Euh non… lâcha-t-il en baissant la tête à son tour.

- Ah… T'aurais dû me le dire parce que j'ai pas pris mes gants de boxe là… plaisanta-t-elle.

Il ricana doucement avant de reprendre son sérieux.

- T'inquiète pas… "Ma femme" comme tu dis, ne reviendra pas te casser la gueule...

- C'est vrai... Vous êtes pas mariés... M'enfin bon... tu vis avec elle donc finalement… c'est un peu pareil…

- Ouais… rétorqua-t-il en tiquant.

- J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ? s'étonna-t-elle.

- Naaaan… enfin… C'est juste qu'on vit pas ensemble non plus…

- Ah bon ?! s'offusqua-t-elle. Mais ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

- Euh… Bah presque deux ans… Enfin sans compter les précédentes tentatives.

- Quoi ? Vous avez déjà essayé de vivre ensemble mais ça a capoté ?

- Nan… On a déjà essayé plusieurs fois de se mettre ensemble…

- D'accord… Donc si je résume avec tout ce que tu m'as déjà dit… Tu l'as rencontré y a un peu plus de dix ans. Mais ça fait que deux ans que vous êtes vraiment ensemble ?

- C'est ça… En version raccourcie mais… c'est ça…

- Ok… Et donc au bout de tout ce temps vous vivez toujours pas ensemble ?

- Ouais… Candice préfère le chacun chez soi…

- Candice… mais pas toi… releva-t-elle.

- Je sais pas en fait… Je…

- Arrête je te connais… le coupa-telle. Je sais bien que ton rêve c'est le mariage, la vie de couple, les enfants… ça a toujours été ça… nan ?

- Ouais… avoua-t-il en baissant la tête. Et c'est tout ce que toi tu détestes…

- Nan, alors moi j'ai changé ! rectifia-t-elle en rigolant.

- Ah ?! Exploit ! plaisanta-t-il en rigolant à son tour.

- Ouais… Tu vois… Je crois que t'as raison et c'est bien de se poser un peu en fait… quand je suis partie y a douze ans j'ai voyagé, j'ai rencontré, j'ai profité quoi… je me sentais libre en fait ! Et maintenant j'ai le sentiment d'avoir assez vécu d'aventures et qu'il est temps de se poser…

Antoine écarquilla les yeux avant de lâcher un grand sourire.

- Mais où est passé Louise Berthier ? plaisanta-t-il.

- Écoute elle est devant toi… et enfin prête à s'engager ! Comme quoi…

- Ouais… Antoine fixa Louise droit dans les yeux, visiblement déstabilisé. C'est drôle la vie…

- Pourquoi ?

- Bah je sais pas… On est là tous les deux avec les mêmes envies mais… a douze ans d'écart près… j'ai ma vie, t'as la tienne…

- C'est vrai…

- Question de timing quoi…

- Hum… Mais t'as quand même réussi à remplir une partie de tes objectifs de vie… T'as ta fille…

- Oui… répondit-il en souriant. Mais j'ai même pas été capable de l'élever dans un cadre familial correct…

- Pourquoi tu dis ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- C'est compliqué…

- Et j'ai tout mon temps… répliqua-t-elle en souriant fièrement. Alors ?

- Disons que… J'ai rencontré sa mère alors que j'en aimais une autre… Et je me suis lancé dans cette histoire un peu par défaut mais… j'avais toujours Candice en tête… Et…

- Et… ? força-t-elle en voyant qu'il avait du mal à continuer.

- On a fini par déraper et j'ai pas su gérer… au même moment elle m'annonçait qu'elle était enceinte.

- Oh putain… Donc dilemme…

Il acquiesça difficilement.

- D'un côté j'avais Candice mais… qui voulait pas d'enfants et de l'autre j'avais la possibilité d'être père… Et… J'ai fini par choisir le bébé.

- Donc t'as largué Candice ?

- Ouais… acquiesça-t-il difficilement. Mais après l'accouchement, j'essayais de faire semblant… mais j'ai pas pu… J'me suis comporté comme un con et sa mère a fini par me quitter. Donc ma fille aura même pas connu ses deux parents heureux ensemble…

- Peut-être mais elle les voit heureux chacun de leur côté… Et ça c'est déjà positif…

Il haussa les épaules avant de la fixer durement.

- Tu sais… Quand Jen m'a largué… Elle est partie sans prévenir en me laissant une lettre sur la table en me demandant de pas la contacter… C'était horrible. J'avais l'impression de revivre ce que j'avais vécu avec toi, 6 ans plus tôt…

- Je sais que je t'ai fait du mal en partant comme ça, sans rien dire… Et… Je regrette pas d'être partie… Mais ça m'empêche pas d'avoir culpabilisé et encore aujourd'hui j'suis désolée tu sais…

- Je sais… Si t'étais pas heureuse après tout…

- Mais non c'est pas ça… Bien sûr que j'étais heureuse ! Comment on peut être malheureuse avec un mec comme toi ?! T'es parfait…

- Arrête…

- J'te jure ! T'es un mec au top ! C'est juste qu'on avait pas la même vision de la vie…

- Ouais puis… toi au moins… t'as réussi à penser à toi et… à pas te sacrifier…

- Tu dis ça pour toi ? demanda-t-elle suspicieuse.

- Nan… Pas forcément… enfin… C'est juste qu'on a tellement attendu pour vivre enfin tous les deux que… c'est un peu la désillusion là…

- De quoi ?

- Bah je pensais qu'on construirait un truc ensemble… Et au bout de deux ans bah… y a toujours rien… Le mariage elle veut pas… L'emménagement non plus…

- Tu l'aimes ? demanda-t-elle franchement.

Antoine ne répondit pas et tiqua en tournant la tête.

- Tu sais bien que je déteste parler de ça…

- Arrête ! Pas à moi… Je te connais par cœur !

- J'ai changé en douze ans quand même…

- Bof hein ! T'as toujours tes petites fossettes quand t'es gêné ! lâcha-t-elle en touchant son visage.

- Arrête ! rigola-t-il.

- Allez ! Antoine… À l'époque j'étais la seule à qui tu te confiais en plus!

- C'est vrai… D'ailleurs quand t'es partie j'en ai chié…

- Tu parlais à doudou Jacky ?

Antoine explosa de rire en concomitance avec l'avocate.

- Tu sais que je l'ai encore ?

- Mais nan ?!

- J'te jure ! Dans un carton chez ma mère. Je l'ai même montré à Suzanne…

- La pauvre ! Elle a dû avoir peur…

- Ouais !

- Alors ? renchérit-elle en souriant.

- Quoi ?

- Baaaaaah…T'as pas répondu à ma question hein…

- Laquelle ?

- Tu l'aimes ?

Antoine souffla et détourna le regard.

- Tu sais… Quand t'es partie j'ai complètement vrillé. J'ai fait n'importe quoi… J'étais instable... Je sortais, je rencontrais, je buvais surtout… J'étais tellement mal que… que je me suis juré de jamais retomber amoureux… que j'étais pas fait pour ça et que je méritais pas d'être aimé…

- Antoine… lâcha-t-elle touchée en déposant sa main sur la sienne.

- Après j'ai rencontré Candice… Et j'ai mis du temps avant de réaliser que c'était plus qu'une collègue. Mais c'était compliqué… On bossait ensemble… Alors j'ai attendu… longtemps…

- Et aujourd'hui ?

- J'suis bien mais…

- Mais ?

- Mais j'ai peur d'être rattrapé par cette histoire d'engagement…

- T'as peur qu'elle fasse comme moi ?

- Ouais… Du coup inconsciemment j'ai préféré faire une croix sur ce que je voulais vraiment… et j'avais fini par accepter tu vois… Je me contentais de ça mais… depuis que t'es revenue ça me bouffe.

- Tu lui as dit ?

- Nan… J'ai pas osé déjà que c'est un peu compliqué… Puis toute façon… on en a déjà parlé des tonnes de fois et elle était catégorique.

- Tu comptes faire quoi ?

- J'en sais rien… J'suis paumé en fait… Alors oui, je l'aime mais… J'ai l'impression de sacrifier mes envies pour pas la perdre… Et j'suis plus sûr de vouloir continuer comme ça…

- J'ai foutu le bordel quoi…

- Nan… T'as juste soulevé le problème que j'avais planqué depuis des mois…

- J'suis désolée… s'excusa-t-elle sincèrement en caressant sa joue.

- Hum… Mais j'suis content de te revoir quand même. Bon ma mère un peu moins mais…

- Aïe…

- Elle t'adorait alors… quand t'es partie, elle aussi était pas bien…

- J'm'en doute… Mais tu sais moi aussi ça m'a fait mal de partir. Je te laissais toi, alors que je t'aimais toujours… je savais que t'allais souffrir mais j'ai été lâche. J'aurais dû affronter le problème plutôt que de partir comme ça…

- Enfin dans la vie on fait tous des erreurs nan ?

- Hum… et l'essentiel c'est que la vie nous offre une chance de nous racheter…

- C'est vrai… du coup tu t'installes ici ?

- Je sais pas encore… pour l'instant je suis chez Laura. J'ai un peu l'impression de revivre mes années étudiantes à squatter à droite à gauche… je cherche un cabinet sur Montpellier…

- Ah bah Candice est à la PJ là-bas… vous serez peut-être amenées à vous croiser…

- Oui enfin rien est encore fait et pas sure que ça l'enchante beaucoup de me voir !

- Ah non… Ça c'est sûr ! Mais j'peux demander à ma mère sinon elle a plein de contacts !

- Ah bah carrément ! Enfin si elle veut bien… évidemment…. Mais ça à l'air d'aller mieux entre vous d'ailleurs.

- Ouais ! Depuis qu'elle et mon père ont divorcé c'est plus calme…

- Et ton père ?

- Toujours le même ! C'est exactement pour ça que moins je le vois, mieux je me porte.

- Aïe…

- Oh tu sais je crois qu'il s'en fout clairement de ses gosses… alors bon…

- Ouais… Harold quoi….

- C'est ça…. Il a dû voir Suzanne deux fois depuis sa naissance…

- Sympa… maugréa-t-elle.

Un long silence s'installa avant que la blonde ne le rompe.

Bon ! On y va ?

- Allez. Je te raccompagne…

- Ah oui t'as pas changé quoi !

- Bah non, qu'est-ce que tu crois… ? »

De nouveau complices, ils quittèrent le café en souriant. Ils arpentaient désormais les rues de la ville en se lançant souvenirs et anecdotes. Et c'est dans une bonne humeur qu'ils finirent par arriver devant chez l'amie de Louise. Ils se plantèrent devant la porte et se fixèrent en souriant.

« Bon bah voilà… lança Antoine en souriant.

- Ouais… répliqua-t-elle gênée. Tu sais… Je te l'ai déjà dit mais… je suis heureuse de t'avoir retrouvé. Je me rends compte qu'au fond de moi j'avais toujours cette culpabilité et pouvoir s'expliquer c'est… salvateur en fait.

- Moi aussi… Ça fait du bien d'enfin comprendre après toutes ces années…

- Ça veut dire qu'on se reverra ? osa-t-elle en s'approchant de lui.

- Euh… je t'avoue que… je sais pas si c'est une bonne idée… balbutia-t-il perturbé par cette proximité soudaine.

- Ah oui pardon… Candice…

- Oui… répondit-il sérieusement.

Louise fixait Antoine avec émotion. Émue, elle finit par s'accrocher à son cou et déposa ses lèvres sur les siennes. Surpris, Antoine se laissa embrasser avant de la repousser doucement.

- Euh… Non… balbutia-t-il encore surpris de son geste.

- Pardon… Je… Désolée... Je sais pas ce qu'il m'a pris… J'voulais pas je…

- Ouais je… Je… J'vais y aller… C'est mieux.

- T'as raison… Merci de m'avoir accompagné…

- Salut… lâcha-t-il faiblement avant de tourner rapidement les talons.

- Putain… marmonna-t-elle sincèrement désolée. »

Le commissaire erra dans les rues de la ville avant de rentrer chez lui. À peine était-il entré qu'il s'était emparé d'un verre et de sa bouteille de whisky. Il versa le liquide dans le récipient et s'affala dans le canapé en soufflant. Il sentit son téléphone vibrer dans sa poche et le sortit avant de lire le message de Candice : « Regarde… c'est mardi. Ça te dit ? ». Il souffla à nouveau et verrouilla son téléphone sans répondre. Antoine Dumas était désormais rongé par les remords. Rongé par les souvenirs passés qui l'avaient fait plonger dans les abymes.

Il s'isola le reste de la journée. Préférant jouer le mort plutôt que d'affronter le monde extérieur. Son téléphone sonna à nouveau laissant apparaître le prénom de son ex. Il se refusa à décrocher, encore agacé de son rapprochement qu'il jugeait brusque et incongru. Il finit par rejoindre sa salle de bain et fit couler l'eau glacée sur sa peau. Certes la sensation était désagréable mais elle avait le mérite de lui remettre les idées en place.

22h. Antoine avait réinvesti son canapé. De nouveau immobilisé par ses pensées qui le tourmentaient. Il fixait avec amertume la photo posée sur son petit meuble de salon. Candice souriait… Elle était visiblement heureuse mais le serait beaucoup moins si elle savait la raison de son mutisme… Son téléphone vibra à nouveau, laissant apparaître la photo d'une Candice à nouveau souriante. Il ferma instantanément les yeux et claqua son verre sur la table basse, hésitant à décrocher… Finalement, il grimaça en joignant l'appareil à son oreille.

« Allo ?

- C'est moi… Ça va ? T'as pas répondu à mon message…

- Ah désolé… J'étais plongé dans un dossier et j'avais pas vu… mentit-il froidement.

- Tu travailles trop hein… s'amusa-t-elle gentiment.

- Ouais… répliqua-t-il sans engouement. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Euh bah j'ai vu qu'il y avait un dîner-concert sur la plage mardi soir. Et je me disais qu'on aurait pu y aller… enfin si t'avais envie bien sûr… proposa-t-elle enjouée.

- Euh ouais je t'avoue que ça va être compliqué… J'ai plein de réunions et des tonnes de dossiers…

- Mais justement… Ça t'aérerait un peu comme ça… Puis ça fait longtemps qu'on a pas passé une soirée tous les deux à la plage…

- Nan… Vraiment désolé mais je préfère me reposer…

- Ok… tant pis… bouda-t-elle.

- Mais vas-y sans moi sinon…

- Bah non c'est nul d'y aller sans toi…

- Personne d'autre veut venir avec toi ?

- Bah… s'étonna-t-elle de sa question. J'vais pas aller dîner aux chandelles avec Mehdi, Antoine !

- Bah je sais pas… lâcha-t-il sans se rendre compte de ce qu'il disait.

- Mais t'es sûr que ça va ? demanda-t-elle perplexe.

- Bah oui pourquoi ?! s'agaça-t-il.

- Mais je sais pas… je demande juste. T'énerves pas…

- Mais je m'énerve pas ! Pourquoi je m'énerverais ?

- Bah j'en sais rien… t'as passé une bonne journée ?

- Euh bah oui… journée normale quoi…

- Ok… se contenta-t-elle de répondre, étonnée de sa froideur.

Antoine laissa le silence s'installer. Candice fronça les sourcils, sentant que quelque chose clochait.

- Bon bah je te laisse alors… on se voit demain ?

- Je te redis ! se contenta-t-il de répondre sans amabilité.

- Ok... balbutia-t-elle déçue. J'ai fait quelque chose de mal ? Tu me fais la tête ? demanda-t-elle les larmes aux yeux.

- Bah non pourquoi tu dis ça ?

- Je sais pas… t'as pas l'air d'avoir envie de me parler…

- Nan c'est juste que je suis crevé. Excuse-moi.

- Ok… bah je te laisse te reposer alors.

- Candice… le prend pas comme ça…

- Mais non mais t'es fatigué. Je vais pas t'embêter… Bonne nuit ! Repose-toi bien chéri.

- Toi aussi… bonne nuit. »

Il raccrocha, dégoûté d'avoir réagi comme ça. Mais une fois n'était pas coutume et il le savait… la stratégie d'évitement et le renferment sur soi étaient à chaque fois ses solutions de dernier recours. Et il s'en voulait… Encore une fois il ne savait pas comment gérer...

Lui avouer quitte à la blesser ?

Lui cacher la vérité ?

Antoine subissait à nouveau une torture interne. Son esprit repassait les images, les mots, les gestes… Et il pensait à elle, qu'il n'avait pas su protéger. À elle, qui devait être loin d'imaginer ce qu'il s'était passé. À elle qui ne méritait pas ça… Et à nouveau, Antoine prenait conscience qu'il ne pouvait s'en sortir seul. Alors il fallait trouver une oreille attentive, compréhensive et surtout, qui connaissait son histoire…

Sa mère ? Hors de question… Antoine avait beaucoup trop honte de ses incertitudes.

L'un de ses collègues ? Impensable… Antoine avait déjà du mal à se livrer… alors à l'un d'entre eux…

Fernand ? Sûrement pas… La dernière fois, il en était ressorti plus perturbé qu'à l'arrivée.

Alors le commissaire souffla, conscient de sa solitude. Quoique… Il y avait bien quelqu'un qui rassemblait toutes ces qualités. Quelqu'un qui avait connu Louise et Candice. Quelqu'un qui savait écouter et conseiller et qui le connaissait mieux que personne… Mais il hésitait… L'appeler c'était comme avouer ses doutes… montrer ses fragilités… ses peurs aussi… Et ce n'était pas le genre à se confesser. Pourtant, cette stratégie semblait inévitable. Et malgré tout, il avait besoin de parler… Alors il s'empara de son téléphone et tapota sur son clavier. Un quart d'heure plus tard le boîtier s'illumina. La proposition venait d'être acceptée et ils se verraient le lendemain pour un apéro chez le policier.

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