« Papaaaaaa ! s'écria la petite en courant dans ses bras.

- Ah oui quand même… ironisa-t-il en la sentant le serrer dans ses bras.

- Elle a attendu ce moment toute la matinée ! J'en pouvais plus… plaisanta sa mère.

- Merci de t'être occupée d'elle… Ça a été ? T'as été sage ?

- Comme toujours ! répondit fièrement la petite.

- Mouais… plaisanta son père avant de l'embrasser sur la joue.

- J'vais retrouver mes jouets… s'enthousiasma Suzanne en courant vers sa chambre à toute allure.

- Profite parce que maman vient te récupérer ce soir…

- Déjà ? Mais je viens juste d'arriver…

- Oui mais c'est moitié-moitié tu sais bien…

- Hum… bouda la petite en entrant dans sa chambre. »

Amusé, Antoine l'observa en souriant. Heureusement qu'il l'avait, sa fille… songea-t-il. Au moins, avec elle, il savait que c'était pour la vie…

« Tiens je t'ai ramené des provisions ! annonça sa mère en déposant les sacs dans la cuisine. Oh bah t'as le frigo plein ? s'étonna-t-elle en ouvrant le réfrigérateur.

- Ouais Candice est passée hier…

- Candice ?

- Elle va venir ? demanda Suzanne en débarquant dans le salon.

- Euh non chérie… Elle a beaucoup de travail, tu sais.

- Dommage… bouda la petite en récupérant ses Barbie dans le canapé.

- Et qu'est-ce qu'elle voulait ? demanda discrètement sa mère.

- Faire comme si de rien n'était ?

- Elle a toujours pas compris donc…

- Non… répondit-il en hochant négativement la tête. Mais maintenant c'est clair. Nous deux c'est terminé… chuchota-t-il.

- Jusqu'à quand ?

- Je sais pas… Je… Maintenant que c'est acté… Peut-être qu'elle va enfin se remettre en question…

- Et si c'est pas le cas ? osa-t-elle difficilement.

- Bah… Ça voudra dire qu'elle m'aimait pas vraiment au final…

- Hum… Allez ! Mets ça de côté pour aujourd'hui. Mange un peu… T'as minci toi non ?

- Ça m'étonnerait avec tout ce que j'ai mangé là-bas…

- Et bah tu vas tout nous raconter ! Suzanne ? Tu viens aider à mettre la table ? »

La petite acquiesça et s'empara des assiettes qu'elle disposa fièrement sur la table. La famille passa un déjeuner dans une humeur joviale et cela permit à Antoine de mettre de côté ses pensées noires.

En fin de journée, Isaure s'apprêtait à délaisser son fils et sa petite-fille. Pour la remercier, Antoine la raccompagna jusqu'à sa voiture en souriant. Il vit sa mère se tourner vers lui et fouiller dans son sac à main. Elle sortit une enveloppe et hésita à lui tendre.

« C'est quoi ?

- Je te demande de lire cette lettre quand tu seras seul, tout à l'heure.

- Euh… Mais c'est de qui ?

- Lis-la à tête reposée et… si t'as besoin, tu m'appelles d'accord ?

- C'est Candice encore ?

- Non… »

Perplexe, le commissaire se pencha vers sa mère et l'embrassa. Il observa son véhicule déserter la rue et fit demi-tour jusqu'à son salon. La tentation d'ouvrir l'enveloppe était grande… Mais finalement il s'y résigna, sentant que les mots qu'il lirait n'annonçaient rien de positif. Alors il la déposa sur son meuble de salon et observa sa fille dessiner en souriant.

« Oh… Mais il est super beau ce dessin dis-donc…

- Oui… acquiesça-t-elle. C'est pour Candice !

Étonné, son père fixa le dessin partagé entre gêne et fierté.

- Il est super… répéta-t-il en souriant faussement.

- J'ai fait plein de fleurs roses comme elle aime bien… C'est les mêmes que sur sa robe préférée en plus ! s'enthousiasma la petite en lui tendant le dessin. Tiens ! Il est terminé…

- T'as eu raison… C'est joli… confirma-t-il en s'installant dans le canapé.

- Je pourrais lui donner quand ? demanda Suzanne en s'asseyant à côté.

- Je sais pas chérie…

- D'habitude elle vient tout le temps… remarqua-t-elle avec déception.

- Je… écoute Suzanne, il faut que je te dise quelque chose…

- Quoi ?

- Tu sais des fois dans la vie… il arrive que les gens qui s'aiment se séparent…

- Comme toi et maman ?

- Oui exactement… un jour on s'est disputés très fort et on a décidé de se séparer… Eh bah… c'est pareil avec Candice… Lâcha-t-il difficilement en caressant ses cheveux.

- Ah bon ? Mais… c'est plus ton amoureuse ?

Il hocha négativement la tête.

- Enfin c'est plus compliqué que ça…

- Mais ça veut dire qu'on la verra plus ? Qu'on ira plus chez elle ? Qu'on verra plus le bébé ?

- Plus pour l'instant ma chérie…

- Mais c'est pas juste ! s'énerva-t-elle. Moi je me suis pas disputée avec elle et j'ai toujours envie de la voir !

- Je sais… Mais la seule chose que tu dois retenir c'est que notre dispute n'a aucune conséquence sur toi, ok ? Candice elle t'aime toujours autant…

- Toute façon ça sert à rien puisque je la verrais plus…

- Suzanne…

- C'est à cause de quoi votre dispute ? Parce que parfois on se crie dessus, mais on s'aime quand même… C'est Candice qui me l'a dit en plus…

- C'est des histoires de grands… mais c'était mieux pour moi de partir parce que j'étais trop triste.

- C'est toi qui as choisi de plus la voir ?

- En quelques sortes…

- Je te déteste ! hurla-t-elle en quittant le canapé avant de se réfugier dans sa chambre.

- Suzanne ! l'interpella t-il en la suivant. Je suis désolé. Je sais que tu l'aimais beaucoup… Pour l'instant c'est un peu compliqué mais peut-être qu'un jour… tout redeviendra comme avant.

- Je te crois pas ! protesta-t-elle en le repoussant alors qu'il essayait de l'attraper.

- Chérie… J'ai pas envie que tu m'en veuilles, ni que tu me fasses la tête…

- Elle vient quand maman ?

- Tout à l'heure…

- Je veux qu'elle vienne maintenant !

- C'est pas possible Suzanne… »

Boudeuse, la petite ne quitta pas sa chambre de la soirée. Sa mère finit par venir la récupérer et Suzanne quitta la maison de son père sans aucune amabilité. Antoine feignit l'ignorance et un surplus de fatigue chez sa fille. Jennifer s'en contenta et délaissa le commissaire à son tour qui se retrouvait désormais à devoir affronter cette petite enveloppe blanche qui trônait au milieu de la pièce. Il déchira rapidement le papier et s'installa dans son canapé.

« Antoine,

Si tu lis ces mots c'est que je n'ai pas réussi à te dire tout ce que j'avais vraiment sur le cœur. Même si rien n'était calculé, évidemment… J'ai cru qu'en revenant ici je pourrais faire face à notre passé. Jamais je n'aurais imaginé te revoir… Jamais je n'aurais imaginé que remettre notre histoire sur le tapis me ferait si mal… Et pourtant… Je crois que j'étais aussi perturbée que toi.

Y a douze ans je t'ai quitté sans prévenir. Oui, j'avais envie de liberté, de respirer et de profiter mais… je crois surtout que j'avais honte. Je t'aimais. Je crois en fait que je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que toi… Mais j'étais pas prête. Pas prête pour la vie à deux. Pas prête pour le mariage et les enfants. Alors oui, j'ai accepté ta demande parce que je ne voulais pas te blesser. Et surtout, j'ai pensé qu'avec le temps je m'habituerais à cette vie à deux que tu rêvais tant. Sauf que… toi tu me parlais sans arrêt d'une vie à trois… Et la vérité c'est que je ne pouvais pas te l'offrir… Et dieu sait que j'étais prête à me sacrifier pour toi…

Puis j'ai eu honte. Honte de devoir t'avouer que je ne pouvais pas avoir d'enfants. Peut-être aussi que je craignais ta réaction. Alors j'ai préféré partir, sans rien dire, plutôt que de t'affronter. Parce que je savais que ça te blesserait. Je savais que tu serais déçu. Et je voulais pas… Alors oui, j'ai été lâche. Et finalement je t'ai quand même blessé et je t'ai quand même déçu. Mais c'était peut-être un peu moins dur à vivre pour moi… en étant loin de toi.

Maintenant que tu connais toute la vérité, je voulais m'excuser. Je sais que tu auras du mal à me pardonner et tu es totalement légitime de m'en vouloir. Je suis désolée. Pour tout. Et sache que si tu sais désormais la vérité c'est grâce à Candice. Je n'aurais jamais pensé te dire ça un jour mais… c'est quelqu'un de bien. Et tu as raison de prendre cette distance et de refuser de te sacrifier. Je suis sûre qu'elle comprendra et qu'elle reviendra avec des réponses à ses problèmes. En tout cas je vous le souhaite. Tu mérites d'être heureux.

Prends soin de toi,

Louise. »

. . . . .

Une semaine plus tard

Chez la commandante, c'était une fin de journée plutôt calme. Candice était encore au boulot, Sacha planchait sur l'écriture d'une pièce et Emma se distrayait sur la terrasse en lisant un bon bouquin. La jeune brune se pencha vers la table pour récupérer son verre lorsque la sonnette de la maison retentit. Perplexe elle se retourna vers Sacha qui haussa les épaules, visiblement non décidé à aller ouvrir. Elle bougonna et se résigna à y aller, fixant durement son compagnon qui jouait l'ignorant. Elle pénétra dans l'entrée et ouvrit la porte.

« Antoine ? s'étonna-t-elle.

- Salut… bredouilla-t-il gêné.

- Si tu viens voir maman elle est pas encore rentrée.

- Non… justement je ramène ses affaires et je viens récupérer les miennes. J'ai pas vu sa voiture alors j'en ai profité…

- Bah entre… lâcha-t-elle en souriant avant de se décaler pour le faire passer.

- Merci… Ah ! Salut Sacha…

- Antoine ? Qu'est-ce que vous faites là ? s'étonna à son tour le jeune homme.

Le commissaire montra le sac et se dirigea vers la chambre avant qu'Emma ne le rejoigne.

- Si tu cherches tes affaires… Elle a tout mis dans le carton sous le bureau là…

- Ah… Ok…

- Elle a complètement vrillé en rentrant de chez toi la dernière fois…

Le dos tourné, Antoine ferma les yeux, contenant sa douleur.

- C'était pas mon intention… réussit-il à marmonner. Et… La photo de nous là… J'en fais quoi ?

- J'en sais rien… Elle l'a balancé dans le carton mais elle a fait ça sur un coup de tête…

- Je vais la laisser sur le bureau… »

Emma hocha la tête avant de rebrousser chemin et d'expliquer doucement à son compagnon ce qu'il se passait. Quelques minutes plus tard, le couple vit Antoine redébarquer dans le salon, muni de ses affaires. Il s'approcha d'eux et posa le sac sur la table, l'air grave.

« Vous m'en voulez pas ?

- Bah…. Non…

- Un peu quand même… rajouta Sacha avant de se contredire. Non je plaisante… C'est votre choix…

- Bon… Vous faites attention à elle ? Je sais que c'est pas facile et… elle a besoin de vous…

- T'es sûr de toi ? demanda Emma.

- Je vois pas d'autres solutions…

- Je comprends…

- Putain… J'ai l'impression d'être un monstre ! s'exclama-t-il attristé. Suzanne me fait la gueule… Candice va pas bien… et vous êtes là, devant moi à me regarder d'un air triste…

- Bah oui ! Forcément… Ça nous fait chier que tu partes… On s'était habitués à toi puis… c'était cool… mais c'est votre vie…. Puis je sais que t'as raison de faire ça…

- C'est vrai ?

- Bah oui… C'était plus possible son comportement… Je connais maman et… y a qu'avec la manière forte qu'elle se remet en question.

Antoine acquiesça en silence.

- J'aurais préféré éviter d'en arriver là…

- Mais c'est peut-être pas totalement terminé… Qui sait ? lança fièrement Sacha.

- Eh bah ! Pour une fois que tu dis pas de connerie…

Antoine rigola doucement.

- Bon… je tarde pas… j'ai pas trop envie de la croiser…. Je vais la prévenir que je suis passé.

- Ok…

- Vous prenez soin de vous…. Et si y a quoi que ce soit… je suis toujours là, ok ?

- Ouais… Merci…

- J'suis désolé pour tout ce qui se passe…

- Euh… Attendez je vais vous raccompagner… proposa Sacha.

- Te dérange pas va… Je connais le chemin… Répliqua-t-il d'un air attristé.

- Non mais… insista-t-il gêné.

- Minou ! maugréa-t-elle en le toisant pour qu'il comprenne.

- Ok… se ravisa-t-il déçu. Bonne soirée. »

Antoine quitta le domicile de Candice avec dépit. Il venait officiellement de tirer un trait sur leur histoire… Du moins il en marquait la limite avec son geste si révélateur de remettre les choses à leur place.

Du côté de Montpellier, Candice souffla en quittant la salle d'interrogatoire. Son suspect avait été coriace et elle venait enfin d'en arriver à bout. Elle reçut les éloges de ses collègues avant de s'isoler dans la salle de repos quasi déserte. Elle enclencha la bouilloire et sentit son téléphone vibrer dans sa poche arrière. Elle s'empressa de le sortir et sentit son cœur s'accélérer en apercevant la photo de son ex-compagnon sur l'écran. Anxieuse, elle cliqua sur le bouton vert et joignit le combiné à son oreille.

« Allô ?

- Oui Candice. Je te dérange pas ?

- Euh non… Je suis en pause.

- Je… Fin' j'voulais te remercier… Pour ce que t'as fait avec Louise.

Candice plissa les yeux, pas sûre de comprendre son allusion.

- De quoi tu parles ?

- Ma mère m'a remis sa lettre et… j'ai cru comprendre que sans toi, je n'aurais probablement pas su la vérité…

- Je trouvais pas ça juste… qu'elle te mente… Fin tu méritais de savoir…

- Hum…

- Et… Comment tu te sens après tout ça ?

- Ça va… Je m'étais fait à l'idée qu'il y avait pas d'explications alors… c'est un peu difficile à encaisser… Mais je suis soulagé d'avoir enfin des réponses… et de comprendre…

- Tant mieux… C'est le principal… Et… Vous vous êtes reparlés depuis… ? osa-t-elle timidement.

- Je l'ai appelé oui. On a discuté brièvement et maintenant tout est clair.

- Entre vous ?

- Tout a toujours été clair. C'était pas elle que j'aimais...

- Aimais ? rebondit-elle inquiète.

Antoine souffla, conscient du double-sens de sa phrase.

- Elle s'est installée sur Béziers, éluda-t-il. C'est mieux comme ça...

- Ok… acquiesça-t-elle.

- Et… Du coup… j'ai beaucoup réfléchi à tout ça… Et même si finalement toute cette histoire était plus qu'une histoire d'engagement… Je…

Elle ferma les yeux, craignant la suite de son discours.

Pour nous… Ça change rien… Je… J'arrive plus à vivre comme ça, sans savoir de quoi l'avenir sera fait. J'ai besoin de certitudes… Tu comprends ?

- Oui… lâcha-t-elle à peine audible. T'as raison… marmonna-t-elle.

Antoine plissa les yeux, surpris de ses derniers mots.

- Raison de ?

- Bah c'est vrai… J'ai tout gâché… Je le mérite…

- Arrête… On sait tous les deux que c'était pas volontaire et qu'à force de fermer les yeux sur tes problèmes… on en est arrivés là… expliqua-t-il d'une voix douce.

- Oui… Je suis désolée… chuchota-t-elle en contenant ses larmes.

- Mais c'est pas irréversible…

- Ça veut dire quoi ça ?

- Que c'est à toi de voir ce que tu veux vraiment…

- Tu me manques… osa-t-elle d'une petite voix.

Il ferma les yeux pour contenir sa douleur.

- Candice…

- J'te jure que je vais faire des efforts… le supplia-t-elle tristement.

- Alors prouve-le moi… Et autrement qu'avec des promesses que tu tiens pas… lâcha-t-il volontairement dur. En attendant… J'viens de passer chez toi. J'ai rapporté tes affaires, j'ai déposé la clé et j'ai récupéré les miennes…

- Ok… répliqua-t-elle douloureusement.

- Prends soin de toi. Bonne soirée.

- Toi aussi… chuchota-t-elle difficilement »

La commandante raccrocha et sentit ses yeux s'embuer. Il venait de mettre un point final à leur histoire et contrairement à leurs mésaventures précédentes… celle-ci sonnait plus officiellement. Alors elle attendit que l'eau sois bouillante et la déversa dans sa tâche fétiche. Elle la porta à sa bouche et ferma les yeux en rencontrant le liquide surchauffé. La douleur fut brève mais toujours moins douloureuse que celle qu'elle venait de vivre quelques secondes plus tôt. Et soudainement emprise d'une certitude spontanée, elle reposa vivement sa tasse et s'empara de son téléphone avant de le porter à son oreille.

« Allô ?

- T'as vu Antoine ?

- Bonjour à toi aussi maman… ironisa-t-elle.

- Tu l'as vu ou pas ?

- Vite fait il est passé en coup de vent…

- Et il t'a rien dit ?

- Non… Qu'est-ce que tu veux qu'il dise ?

- Ok… non mais au moins comme ça tout est acté… c'est terminé…

- Et donc ?

- Rien… se contenta-t-elle de répondre.

- Il a quand même laissé votre photo sur le bureau…

- C'était pas la peine… Il aurait dû la jeter… lâcha-t-elle amère.

Emma souffla derrière le combiné.

- Bon… je dois te laisser Sacha m'appelle. Tu rentres bientôt ?

- Euh je sais pas je te tiens au courant.

- Ok. Bisous »

Candice raccrocha la moue boudeuse. Elle ne put malheureusement poursuivre ses ruminations puisque sa collègue venait de débarquer dans la salle de repos à son tour. La commandante baissa aussitôt la tête, préférant dissimuler son mal-être plutôt qu'exposer sa vulnérabilité à sa subordonnée. Mais perspicace, la brune se planta devant Candice et ne tarda pas à la sonder.

« Ça va ? demanda-t-elle perplexe.

Candice acquiesça sans répondre.

Ça a pas l'air… Tu veux pas prendre l'air ?

- Non ça va… J'ai juste besoin de bosser…

- Tu sais… J'suis pas là uniquement pour dénicher des infos… J'ai des oreilles, et je sais écouter…

Elle esquissa un sourire, hésitant à lâcher le morceau.

- Et… Qu'est-ce que tu répondrais à quelqu'un qui vient de perdre l'homme qu'elle aime ? osa-t-elle timidement.

- Que c'est un sujet à aborder autour d'un verre…

- J'ai pas la tête à ça…

- C'est justement pour ça qu'il faut y aller ! Je t'embarque avec moi ce soir, j'ai une p'tite adresse sympa à Sète… Tu m'en diras des nouvelles…

- Tu connais Sète toi ? s'étonna-t-elle avec amusement.

- Je connais TOUS les bars de la région… plaisanta-t-elle en éclatant de rire.

- Merci Émilie… »

00h. Légèrement inquiète, la jeune Renoir pestait à nouveau en entendant la messagerie de sa mère résonner dans son téléphone. Elle souffla avant de jurer et entendit son compagnon descendre les escaliers.

« Ta mère est toujours pas rentrée ? s'étonna-t-il en s'approchant d'elle.

- Nan… elle me répond pas en plus…

- Ça va c'est une grande fille…

- Mais t'as vu l'état dans lequel elle est ? Elle fait n'importe quoi là !

- C'est normal… La rupture est récente…

- Oui bah j'ai pas envie qu'elle fasse une bêtise moi !

- T'as appelé Antoine ?

- Bah non… Je vais pas l'inquiéter…

- Mais elle est peut-être chez lui…

- Alors qu'il vient de rapporter ses affaires ? Vraiment Minou ?

- Oui bah excuse-moi… J'essaye de suivre comme je peux hein… Mais sont tellement compliqués aussi… pesta-t-il en se réinstallant dans le canapé. »