Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien !

Voici un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira, n'hésitez pas à me laisser un message pour me faire part de vos impressions. A la semaine prochaine !


Ralentir le temps, jusqu'à l'arrêter. Le suspendre, pour quelques heures, puis le laisser reprendre son cours habituel, garder des instants secrets, hors du monde et hors de tout. Un grand truc de littéraire, encore… Et comme toujours lorsqu'on vole des minutes au temps capricieux, il se venge, et abat sa colère, sa vitesse, sa brutalité, sur ceux qui ont cherché à la duper. On ne se bat pas contre le temps.

Pourtant, depuis hier, 22H47, Caleb essaie. Il est bien conscient qu'il va devoir se séparer de son ex-amant (enfin, vaguement, on ne sait plus bien) dans peu de temps, et qu'il ne le retiendra pas, parce que cela vaut mieux. Alors, pour s'éviter d'y penser, pour repousser l'instant fatidique, pour s'offrir un peu d'éternité avant le regret, il profite. Depuis hier, 22H47, plus rien d'autre ne compte que lui, son corps, son esprit, son âme, entièrement dédiés au corps, à l'esprit et à l'âme de Jude. Caleb, après avoir dîné, terminé un chapitre de son roman, corrigé une préface, envoyé le tout à son éditrice, a attiré Jude (occupé à lire un manga consacré à l'Italie du XVe siècle) dans sa chambre, dans son lit. Il s'est déshabillé (presque entièrement), l'a déshabillé (tout aussi presque entièrement) et l'a gardé contre lui durant neuf heures et treize minutes, lui a offert cinquante-deux baisers (avant minuit, puis il a perdu le compte), et s'est endormi à cinq heures du matin, en caressant le corps rhabillé (je ne suis pas encore prêt pour ça) du jeune homme, endormi quelques minutes avant lui. Au réveil, Jude était toujours lové au creux de son corps.

Aitor ayant régressé et participé à une soirée pyjama avec sa nouvelle BFF, Caleb ayant décidé de s'offrir une journée de congé, Jude n'ayant aucune obligation, leur guerre ouverte à l'encontre du temps qui passe s'était poursuivie toute la matinée, dans le salon, et puis l'après-midi, dans le jardin ensoleillé. Vers seize heures, ils décidèrent de se décoller, de ranger la maison qui accueillerait une fête d'ici trois heures, et de faire l'effort de trouver des vêtements corrects. Jude avait exigé que Caleb fournisse un effort. Il avait râlé. Jude, lui, n'avait pas d'effort à fournir, puisque sa valise ne contenait pas plus de dix tenues différentes, et il remit sa chemise, son pantalon cigarette, ses mocassins cerise. Assis sur le lit de Caleb, il avait regardé le jeune homme retourner ses placards, trouver un pull gris chiné et un jean brut, et des bottines en cuir. Aitor était rentré, avait prévenu qu'il était avec Julia (quelle surprise !), les avait laissés s'enfermer dans la chambre.

17H+2H49 à s'embrasser. Jude est assis sur le renfoncement de la fenêtre de Caleb. Il a écarté les livres et CD pour s'y installer tranquillement, poser ses lunettes sur le bord, écarter les jambes juste assez pour que Caleb s'y installe, debout, penché au-dessus de lui, l'entourant de ses bras, l'embrassant. C'est assourdissant comme un baiser peut mobiliser les sens, Comme cela peut interdire de garder l'esprit dans la réalité. Caleb est complètement obsédé par le souffle de Jude, par ses soupirs lorsqu'il relâche sa bouche pour la retrouver juste ensuite, par ses rires légers, par le bourdonnement de son propre cœur à ses oreilles, par les battements profonds de celui de son partenaire. Ses deux mains épousent le cou, la mâchoire de Jude, et il sent le moindre sursaut, le moindre mouvement. L'une d'elle descend, plonge dans sa chemise, à la recherche de sa peau, et Jude laisse faire. Il laisse aussi le jeune homme détacher lentement, un à un, les boutons de sa chemise, caresser sa poitrine, son ventre, autant qu'il le souhaite. Parce qu'il sait que ça n'ira pas plus loin.

- Tu ne sais vraiment pas te tenir…

- Et encore, t'as rien vu.

- On ne vient pas de sonner ?

- C'est bon, Aitor va ouvrir.

Effectivement, il est l'heure de débuter la fête, d'accueillir les invités, de sortir le vin de la cave qui n'existe pas… Mais Caleb ne se sent pas vraiment d'humeur. Cette fête, elle a été organisée en l'honneur de Jude, et il sait bien que tout le monde va se précipiter sur lui, aussitôt qu'il paraîtra au salon. Et Caleb n'est pas prêteur, c'est bien là son moindre défaut. A minuit (deux heures, si Célia est gentille), il sait bien que son conte de fée va reprendre pied dans la réalité, et que de prince charmant, il va passer à ex-partenaire passager. Et puis, les protestations de Jude sont faibles, trop pour être sérieuses, et coupées aux éclats de rire. Alors franchement…

Ils n'ont pas beaucoup parlé, de la journée. Pourtant, Caleb aurait aimé. Mais il a dû faire un choix : les baisers ou la parole. Il a fini par se faire poète, et considérer que le baiser était aussi une forme de parole. Mais il n'a toujours pas de réponse claire à ses questions, à ses inquiétudes. Dark, le procès, l'Italie, l'avenir… et lui. Il soupire, la langue en fuseau dans le cou du jeune homme, en pensant à tout ça, à tout ce qu'il n'a pas osé demander, persuadé qu'il n'y aurait pas de réponse au bout de ses points d'interrogation, de gâcher du temps qu'ils n'ont pas tout à fait pour rien.

Comme pour le rassurer, et sans pourtant que Caleb ait prononcé le moindre mot, Jude resserre son étreinte et embrasse son épaule froissée (caresse+chemise) et approche ses lèvres de l'oreille du jeune homme.

- Tu sais, je ne vais pas partir très loin.

Un tube allemand des années 80 se faufile jusqu'à eux, et la porte ne cesse de claquer, sans doute pour laisser entrer les invités. Il va bientôt falloir descendre. Le brouhaha monte, et Caleb se sent déjà fatigué à l'idée de subir cette soirée. Il commence à se demander s'il ne va pas se trouver une belle excuse pour s'esquiver, traîner dans la ville de nuit, ou bien rejoindre son lit.

- Y a pas mal de choses dont j'aurais aimé…

- Je sais, l'interrompt Jude. Je sais. Et merci de n'avoir rien abordé. Ne fais pas cette tête, je suis encore là pour un bout de temps. Une prochaine fois, quand on en aura assez de s'embrasser, on parlera.

- Je suis pas sûr d'en avoir jamais assez.

- A toi de voir, rit Jude avant de l'embrasser, encore.

Oui, après tout. Il ne sera pas loin, il ne pourra plus s'enfuir sans rien dire, et il n'a même pas l'air de le vouloir, lui que Caleb a connu si lâche, si fuyant. Bientôt, il entend des coups, qui ne sont pas portés contre la porte du salon. Ceux-là proviennent de la porte de sa chambre. Il y a donc quelqu'un dans le couloir qui cherche à attirer son attention. Et qui y parvient. Les coups sont puissants, énergiques, et Caleb commence à se douter de qui possède une telle force. Pourtant, il n'abandonne pas la bouche de Jude, qui semble peu réceptif au martellement. Et puis…

- Caleb, ouvre ! Allez, rends-moi mon frère !

Evidemment. Caleb avait vaguement calculé que si quelqu'un venait les chercher, il y avait treize chance sur quinze que Jude ne succombe pas, et qu'il reste là, dans le noir, avec lui, et deux chances sur trente pour qu'il succombe. L'une de ces « chances » était David, et l'autre Célia. Bien sûr, sous le ton inquisiteur de son adorée petite sœur, Jude relâche son attention, et la dirige sur la porte, et sur l'être d'un mètre soixante-cinq campé sur des talons qui tambourine et gémit dans le couloir. D'ordinaire, Caleb adore Célia. Il regarde, agacé, son partenaire, comme pour tenter de le persuader de rester. Peine perdue, il ne fait pas, ne fera jamais le poids face au sourire naïf et aux grands yeux bleus de Célia Hills. Pourtant, il pose de nouveau sa bouche contre celle de Jude, et Jude accepte encore le baiser, sans doute conscient qu'à partir de minuit, il change de prince charmant (note pour soi-même : ne jamais avouer cette métaphore à Jude).

- Caleb, c'est pas du jeu ! On avait dit que c'était mon tour !

- Je crois qu'on nous réclame, murmure Jude.

- Je n'ai rien entendu.

Jude ne maîtrise plus exactement ses éclats de rire, c'est complètement loupé pour la discrétion. Célia commence à faire jouer la poignée, mais sans succès.

- C'est pas vrai, tu as fermé à clef ?

- J'avais prévu cette éventualité.

- C'est un enlèvement, alors ?!

- Appelle ça comme tu veux.

- Bon Caleb, arrête tes gamineries, ouvre !

Ça, ce n'est pas la voix de Célia, c'est le ton agacé d'Aitor les jours où Caleb fait des bêtises.

- Ca fait quatre jours, tu peux bien partager.

Et ça, c'est la voix nasillarde et désagréable de Samford, qui a malheureusement trouvé l'adresse.

- Allez, sois raisonnable, tout le monde a envie de retrouver Jude, signale une nouvelle voix, celle de Mark.

- Mais c'est pas vrai, ils sont venus à combien ?!

- J'ai la désagréable sensation d'être une princesse des frères Grimm prisonnière d'un dragon.

- Relis tes classiques, y a pas de dragon en Allemagne. Attends, c'est moi le dragon ?

- Caleb, va ouvrir.

Il lève les yeux au ciel, pour la forme, devant le sourire de Jude, puis se détache de son alcôve. Il renclenche son corps, qui s'est un peu perdu en contemplations durant les dernières heures, à se consacrer uniquement aux mouvements de son compagnon (il y a de ça, non ?). Il se délecte encore quelques secondes de l'agacement palpable de ses amis, dans le couloir. Sans bruit, il introduit la clef dans la serrure, et tourne lentement, puis ouvre la porte d'un coup sec, avec un large sourire arrogant. Il se trouve aussitôt accroché au regard incandescent et furieux de David Samford, et à l'air réprobateur d'Aitor, qui croise les bras.

- Sérieux, putain, t'as eu l'après-midi entière !

Mark sourit, nostalgiquement. Célia, elle, n'adresse rien à Caleb. Ni sourire, ni insulte, ni regard, ni coup. Elle pénètre la chambre, presque en courant, n'a d'yeux que pour son frère qu'elle s'empresse de rejoindre. Jude a juste le temps de descendre du bord de la fenêtre pour l'intercepter entre ses bras, et retrouver enfin son statut de grand frère protecteur qu'il n'a jamais vraiment su incarner. Il l'entraîne aussitôt vers le couloir, pour quitter la chambre de Caleb, et ce dernier se dit que c'est mieux ainsi, que sa chambre demeure un lieu de l'intime. Il adresse un regard entendu à Caleb, et entraîne vers le salon la quasi-totalité des sauveteurs de princesse. Sauf Mark. Caleb retourne dans sa chambre. Oh bien sûr, il va descendre, danser quelques minutes, manger, boire un peu trop, fumer. Mais pour l'instant, il a besoin de reprendre ses esprits. Il s'assied sur son lit, et Mark prend place sur une chaise qu'il installe à ses côtés. Il n'a fait aucun effort vestimentaire, et porte un sweat orange et un jean brut, comme toujours. Et il sourit, encore.

- Heureusement que tu suis mes conseils.

- Ca va, j'ai plus cinq ans !

- T'es trop prévisible, Caleb. Et trop naïf.

- Ferme-la. T'as pas un mec qui t'attend quelque part, toi ?

- Je sais que c'est un concept avec lequel tu as du mal, mais je ne passe pas ma vie collé à Axel.

- Sérieux Mark, si c'est pour me faire la morale…

- Non, pardon. T'as raison, c'est stupide de ma part. Je m'inquiète juste. Mais enfin, on savait bien que ça allait arriver.

- « On » ?

- Oui. On, tout le monde. C'était juste une question de temps. Axel avait parié sur vingt-quatre heures, moi sur une semaine…

- Vous êtes des grands malades. Vous pourriez pas, je sais pas, mater un film, composer un album photo, vous envoyer en l'air, plutôt que parier sur le temps que je vais mettre à me…

Il coupe sa phrase, involontairement, lorsqu'il comprend qu'il ne sait pas la finir. D'abord parce qu'il ne sait pas vraiment ce que sous-entendait Mark, et qu'il n'a pas envie de le lui avouer. Ensuite, et surtout, parce que lui-même ne sait pas vraiment où il en est. Et que cela lui convient. Il ne veut pas étiqueter cette relation, lui plaquer un nom générique, la caser dans un tiroir rangé. Parce que leur relation est anarchique, bordélique, labyrinthique, passionnée, et sincère. Et que cela lui va. Seulement, c'est aussi difficile à expliquer à ceux qui y sont extérieurs. Mais enfin, Mark est un homme de théâtre…

- Si vous vouliez être discrets en tout cas, c'est loupé.

- De toute façon, Aitor et Axel savaient déjà.

- Je sais.

- Merveilleux.

- Tu t'y attendais un peu, non ? Y a pas de secret, à l'Iléveune.

- Arrête avec cette règle à la con. J'ai fait partie de l'Iléveune, et j'ai eu droit à tous les secrets du monde ! J'ai même pas su que mon ex revenait à la Capitale, après six ans sans nouvelle ! C'est pas une question d'Iléveune, c'est une question de toi, de ton clan.

- Je voulais pas te perturber. Je savais pas comment serait Jude, comment il réagirait, je savais pas s'il voudrait te revoir…

- Ça te plait d'avoir une longueur d'avance sur tout le monde, non ?

- Oui. C'est aussi mon boulot.

- Ça me rend dingue de me dire que tu en sais plus long que moi sur ma propre vie perso… Je suis sûre que tu as la plupart des réponses à mes questions sur ces six ans en Italie.

- Laisse-lui du temps. Il faudra bien qu'il comble quelques lacunes si vous voulez construire. Mais sois patient. Il a quelques angoisses à calmer pour s'autoriser une relation saine.

- Bien. Je donnerai ce même conseil à Axel.

Mark sourit, parce qu'il sait bien que Caleb a raison, et que leurs deux situations ont quelques échos. Il se lève, prend la main de son ami et l'attire à lui, pour ensuite le conduire jusqu'au salon, parce que c'est quand même là que tout se passe. Un rap argentin entraîne Sue et Hurley, déjà au Champagne, sur la piste improvisée, rencontrant ainsi la jeune Julia en pleine danse énergique contre Arion. Calé contre la fenêtre, en compagnie de Jude et d'un autre jeune homme baraqué et trop grand, le beau prince du Nord semble aux prises avec un débat brûlant, un verre de vin blanc à la main. Shawn salue Caleb lorsqu'il le voit, et l'invite à partager leur discussion. Mais Caleb cherche Aitor, à qui il doit quelques excuses. Il le trouve dans le jardin, en pleine réflexion métaphysique sur le ciel, accompagné par un jeune homme d'une trentaine d'années, grand, aux cheveux noirs, qui se trouve être Chang Su Che, le compagnon de Byron, lui-même occupé en cuisine à rectifier un plat proposé par Darren Lachance. Il croise aussi Victor et David à la recherche d'un vinyle, Riccardo, Célia et l'assistante de Célia (toujours pas de prénom) près des escaliers, Axel qui apporte des chips et lui décoche un clin d'œil. Il se dirige vers le jardin, salue Chang Su rapidement, et présente ses excuses à son colocataire, qui les accepte, comme toujours. Puis il reprend l'invitation lancée au vol par Shawn et le rejoint. Entre temps, Jude est parti danser avec sa sœur sur Joe Dassin et le grand type baraqué est au bar, et il se sert un verre de Tequila.

- Ravi que tu aies pu venir.

- « Ravi » n'est pas l'adjectif que j'utiliserais pour te décrire…

- Qu'est-ce qui me trahit ?

- Tu arrives en retard à ta propre fête.

- Un point pour toi. C'est qui le type beaucoup trop grand qui raconte sa vie à Axel, au bar ?

- Kevin. C'est un poète de rue, une sorte de slameur. Il a une voix puissante, un peu impulsive.

- C'est ton nouveau poulain ?

- Non, pas vraiment, rit Shawn. Il m'a été d'une grande aide ces deux dernières années.

- C'est une façon polie de me dire que vous couchez ensemble ?

- C'est ça. Comment se porte ton futur prix Médicis ?

- Mal. Enfin, les ventes vont bien, mais le prix va m'échapper. Tu rentres à la Capitale pour de bon, alors ?

- J'y réfléchis. La Capitale exploite complètement mon talent, mais aussi ma santé. La Montagne est salvatrice, mais nuit gravement à mon inspiration. Pour l'instant, je reste. Mark m'a un peu parlé du procès de Jude, et je me dis que ce serait bien qu'on reste dans les parages, s'il a besoin de nous, ou si les journalistes veulent avoir notre version de l'histoire.

- Je crois que le procès est plié avant d'avoir commencé. Dark va retourner en taule.

- J'ai croisé ce type deux fois dans ma vie. Il ne m'a adressé que quelques mots. Mais je me sentirais plus serein en sachant qu'il ne se promène pas dans la même rue que moi.

Il hoche de la tête. Shawn est un ultra-sensible, il emprisonne toutes les émotions, toutes les auras, rien ne lui échappe. Alors évidemment, le charisme écrasant et malveillant de Dark, il les ressent du plus profond de son être. Caleb lui-même n'a rencontré Dark qu'une fois, à l'occasion d'un salon littéraire, quelques secondes. Son regard l'avait glacé, peut-être parce qu'il connaissait le contenu de son livre qu'une foule de gens souhaitait se faire dédicacer, peut-être parce que lui savait qui il était, et sans doute juste parce que ce grand homme en costume sombre ne sait inspirer que la terreur. Et l'admiration, à ce qu'il parait…

Alors que Françoise Hardi propose un slow langoureux, alors que Byron rappelle à l'aide d'un long baiser comme il aime son compagnon, quelques couples (très peu officiels) se forment, excluant étonnamment les véritables couples puisque Mark partage une discussion enflammée avec Darren, qu'Axel s'est fait happer par Sue, qu'Arion a disparu sans Victor, et que Shawn semble trop fatigué pour accompagner Kévin. Quant à Caleb, il se fait emporter sur les premières notes par un tourbillon sur talons qui attrape ses épaules et le mène sur le tempo. Il pose donc ses mains sur les hanches de la jeune créature, trop dynamique et joviale pour que ce ne soit pas Célia. Il remarque que ses joues virent au rose, ce qui peut être le signe d'un excès de blush.

- T'en es à combien de verres ?

- Je rentre d'un très long tournage à Boston, j'ai bien le droit de m'amuser. Rassure-toi, je ne conduis pas. Merci Caleb. Ça me fait du bien, tu peux pas savoir.

La jeune fille est un peu brouillonne, et Caleb n'est pas encore sûr de comprendre pourquoi elle le remercie. Mais il accepte, avec une vague nostalgie de son arrivée à la Capitale, où elle l'avait accueillie en dansant avec lui sous les yeux contemplatifs et réprobateurs de certains écrivains possessifs. Jude, assis sur le canapé, lui sourit. Caleb serre un peu plus Célia dans ses bras, et se dit qu'il serait temps de profiter un peu de la soirée.


Le Temps est une personne : Phrase issue de l'une des traductions de Alice au Pays des Merveilles de Carroll, prononcée par le Chapelier, et qui parle de la distorsion du temps.

Cesare, Il creatore que ha distrutto : C'est le manga que Jude lit. Il s'agit d'un manga retraçant plus ou moins fidèlement la vie de Cesare Borgia, à l'époque où il était à l'Université.