Yo les gens ! Bienvenue sur ce nouveau chapitre, un peu plus court mais assez lourd, je vous en reparle en bas.
Petit erratum : la semaine passée j'ai expliqué que je m'étais inspirée d'une émission de Pivot, "Bouillon de culture". Et j'ai revu l'émission, et c'était en fait bien dans "Apostrophes"
Coco : Ah ben j'avais pas fait attention à l'analogie avec GO. Par contre, c'est vrai que j'aime bien écrire un Dark reculé, qui pèse sur l'histoire sans être physiquement présent (genre Shere Kan dans le Livre de la Jungle de Disney, dont tu parles tout le temps mais qui arrive très tard, quand tu as eu le temps d'en avoir bien peur). Mais je vais finir par le faire apparaître quand même.
Après l'émission télé de Darren, Caleb est rentré chez lui. Il y a cinq jours qu'il n'a pas vu Jude, et il le retrouve sur son canapé de banlieue, lisant un Philip Pullman, un thé sans doute offert par Aitor à la main. Il a rencontré l'avocat de la défense il y a trois jours, mais n'a pas souhaité en parler avec Caleb, lorsqu'il l'a eu au téléphone. Caleb a fini par comprendre que son compagnon a un confident pour le sujet sensible, et que ce n'est pas lui. Et que ça lui va, parce qu'il ne se sent pas la force de tout porter. Jude et lui avancent, ensemble, à un rythme étrange, mais qui fonctionne. Ils ne vivent pas ensemble, passent des jours sans se voir ou s'appeler, ne font toujours pas l'amour (Jude ne se sent pas encore…)(ça, Caleb a un peu de mal), mais cela va. Presque.
- Aitor t'a préparé à manger ?
- Non. Il me tolère, mais pas au point de me servir un repas. Il a dit qu'il allait chez Riccardo, qu'il ne serait pas là du week-end. Toi ?
- Ouais, j'ai acheté un truc dans la gare. Il abuse, on est Jeudi soir !
- Il est jeune et majeur, fous-lui la paix.
- Tu as regardé l'émission ?
- M'en veux pas, mais non. Je sais pourquoi Darren et Célia ont voulu cette émission, et je vous en suis très reconnaissant. Mais j'ai pas envie de vous entendre rabâcher ce qui est arrivé, avec des photos de moi en arrière-plan. Par contre, j'ai lu l'article de Rachel Nonomi. Elle t'a pas raté.
- Elle m'a posé des questions absurdes ! Elle était plus intéressée par la relation d'Axel et Mark que par mon bouquin. Quand elle a compris que je lui en parlerai pas, elle est revenue sur les rumeurs de prostitutions de Byron et sur le fait qu'on cachait un réfugié dangereux à cause de lui. Alors oui, je l'ai envoyée se faire voir.
- De façon aussi polie ?
- J'ai pas exactement fait attention.
- Rien à voir avec la « défense laborieuse du jeune écrivain prodige qui fuit les médias depuis son retour, et qui envoie ses camarades au front, bien caché au chaud en attendant de mettre son mentor derrière les barreaux d'une cellule froide, pour la seconde fois en dix ans » ?
- Non, rien.
- Caleb, tu peux pas réagir comme ça. Les ventes de ton bouquin vont dégringoler.
- Et alors ? T'es pas mon éditrice !
- Si tu prends la mouche à chaque fois qu'on parle de moi, il faudra pas trois jours pour découvrir notre relation.
- T'inquiète. C'est l'avantage d'être un petit rebelle de seconde zone sorti de sa campagne. Mes coups de sang sont justes « typiques ».
- Tu me fatigues.
- C'est bon signe, c'est que tu redeviens normal.
Il s'esquive dans sa cuisine et sort une bouteille de soupe en verre du réfrigérateur qu'il vide dans une casserole, histoire que Jude ne se plaigne pas à sa petite sœur de mourir de faim lorsqu'il vient passer la nuit chez lui. Jude ne le rejoint pas, il a un chapitre à terminer. Quelques minutes plus tard, lorsque la soupe épaisse semble suffisamment chaude, Caleb la transfère dans un grand bol ébréché et l'apporte au salon, la dépose devant Jude, sur la petite table pendant que lui s'assied sur un fauteuil en face et attaque la tarte aux pommes qu'il avait choisie en dessert à la boulangerie. Son compagnon prend le temps de terminer sa lecture, attrape un marque-page éphémère (un ticket de caisse qui traînait quelque part) et le cale dans la marge avant de reposer le livre. Caleb est toujours fasciné et étonné par ce soin que Jude apporte à sa lecture, et l'objet. Lui n'a aucun scrupule à corner, annoter, surligner… Et Jude ne comprend pas cet irrespect. Mais enfin, là, le Pullman appartient à Caleb, il l'a déjà lu (rare cadeau de ses parents), et chaque page porte les stigmates de cette appartenance. Alors bon, Jude pourrait bien corner une page, pour une fois. Mais non. Sa précieuse éducation, il ne sait s'en départir en aucune occasion. Il sourit, et remercie Caleb avant de souffler sur le velouté orangé dans le bol.
Jude a prévu de dormir ici, comme l'indique son sac de voyage dans le salon. Il commence à suffoquer chez sa sœur, coincé entre elle et Darren. Sans compter que Célia est survoltée (état normal de la jeune fille) et ne cesse de téléphoner, envoyer des mails, à toute heure de la journée ou de la nuit. Mark et elle ont lancé le plan « Iléveune omniprésente » et s'y investissent corps et âme (Axel a téléphoné à Caleb pour lui demander s'il acceptait de lui louer une chambre, le temps que Mark se calme). Bien sûr, le frère est conscient que c'est pour lui que sa petite sœur joue les apprenties furies, mais la tranquillité italienne commence à lui manquer sévèrement. Et puis, combien de temps faudra-t-il aux paparazzis pour comprendre que le jeune homme loge chez sa sœur et pour qu'à la frénésie de Célia s'ajoute la folie de l'espionnage ? Au moins, ici, il peut souffler. Caleb a arrêté d'essayer de le confronter, parce qu'il pense que Jude va s'effondrer s'il appuie sur une cicatrice. Il lui semble que son compagnon n'a pas encore tout à fait repris pied à la Capitale, et qu'il a besoin de cela pour s'affirmer de nouveau. Il attend de retrouver sa force, sa musculature, son éclat pour se promener dans une allée sans s'inquiéter d'être suivi. Il doit se retrouver écrivain, et professeur pour ensuite accepter de devenir le reste, le reste que Caleb attend patiemment. Il a besoin de maîtriser, de contrôler. Jude est un petit Prince, il lui faut reconquérir un royaume. Alors pour l'instant, Caleb ne lui a pas parlé de la visite importune de Dark à Axel, ne lui a pas fait part de l'inquiétude de Mark sur l'omniprésence de l'éditeur, de sa probable volonté de le revoir avant de plonger. Pour le laisser souffler. Pour ne pas le perturber. Et aussi parce que Caleb s'impatiente, en fait. Même s'il est ravi que Jude ait enfin retrouvé place entre ses bras (place qui lui revenait de droit), il aimerait retrouver plus, et pour l'instant, ce plus est trop. Manque de contrôle, etc… Il accepte quelques caresses, des baisers par milliers. Mais lorsque Caleb cherche à le découvrir, à soulever une chemise, à défaire un jean, il panique, et sourit, et demande pardon. Et il propose à Caleb des choses absurdes : une masturbation, une fellation, toujours à sens unique, sans que Caleb ne puisse le voir, ne puisse le toucher, ne puisse lui offrir à son tour du plaisir. Comme si seul existait le corps de Caleb, et son désir, comme si Jude s'effaçait, se réduisait à un pur objet capable de provoquer un orgasme. Ça le terrifie. Alors il ne lui demande plus rien.
- Rachel Nonomi m'a demandé si tu comptais retourner à la fac.
- Je suis pas sûr que la fac ait très envie d'un cas scandaleux entre ses murs. Ça se comprend.
- Tu es un merveilleux professeur.
- Tu n'en sais rien, rit Jude.
- Ça te manque ?
- Oui, beaucoup. J'ai adoré organiser mes cycles de conférence en Italie, j'ai adoré faire cours.
- Pourquoi tu as arrêté ? Tu as fait ça, quoi ? Un an ?
- Presque deux. Je sais pas, on ne m'a pas redemandé de le faire, et je n'ai pas relancé.
- Pourquoi ? Si ça te manquait tant.
- Je me sentais pas… je sais pas. J'avais l'impression de ne plus en être capable.
La cicatrice. Il n'insistera pas, parce qu'il s'agit d'un point sensible, qu'il ne faut pas brusquer Jude. Alors il range dans un coin de sa mémoire l'information, et la ressortira lorsque Jude sera plus solide. En attendant, il va se faire un plaisir d'imaginer toutes les situations possibles, les pires situations possibles, juste pour pouvoir émettre un soupir de soulagement lorsqu'il apprendra la vérité. Pour détendre un peu l'atmosphère, pour se réapproprier le regard de son compagnon, Caleb propose un éclair au café. Mais voilà, quelque chose a été brisé, et Jude n'a plus faim. Il en faut toujours très peu. Caleb est constamment sur le fil, et il n'a pas encore bien compris comment tenir l'équilibre. Avant que le jeune homme ne reprenne son livre et ne s'enfonce dans un mutisme que personne ne parviendrait à défaire, Caleb se faufile jusqu'à lui, sur le canapé, attrape le roman en plein vol et le plaque contre la table. Jude lâche le livre et un soupir. Sans doute aurait-il aimé que personne ne remarque son malaise, mais enfin, il n'est pas grand comédien. Il se laisse alors aller contre le corps de son ami qui l'enserre et le serre contre lui, passant ses bras de part et d'autre de ses épaules.
- Excuse-moi.
C'est un ordre. Caleb demande pardon, présente des excuses. Lorsqu'il s'excuse, à l'impératif, il est bien conscient qu'il force la personne. C'est lorsqu'il lui semble qu'il n'a rien fait, mais qu'il vaut mieux faire semblant. Jude le sait. Mais qu'a-t-il à se reprocher ?
- Il faut que je te parle de Rome, assène alors Jude.
Qu'a-t-il à se reprocher ?
- Rome m'a toujours attirée, je ne sais pas pourquoi. Quand j'ai quitté la Capitale, c'était logique d'aller là-bas. J'ai même pas réfléchi en prenant mon billet. J'ai loué une chambre dans un gîte, sur place. La propriétaire était amie avec des directeurs de musées, des éditeurs… On a vite sympathisé, elle m'a reconnu. Mes écarts étaient connus en Italie, mais étonnamment, ça ne choquait personne. Peut-être parce que j'étais étranger. Elle m'a branché avec ses amis, et de fil en aiguille, on m'a proposé un poste à la Sapienza. J'avais l'impression de reprendre ma vie à la Capitale, mais en italien, et loin des scandales. Et c'était parfait.
- Je suppose qu'il y a un « mais », murmure Caleb, le nez enfoui dans ses cheveux.
Qu'a-t-il à se reprocher ?!
- Un jour, j'ai rejoint l'amphi. Ça faisait presque deux ans que j'étais là, je n'avais plus le trac des débuts, je ne butais plus sur la langue. Je me suis pas méfié. Je regardais devant moi, à découvert. On m'avait confié un cours d'histoire littéraire sur l'Humanisme en France. L'amphi était presque plein, je sais pas, aux trois quarts ?
Son cœur s'essouffle, comme s'il courait un marathon, comme s'il manquait d'oxygène, comme s'il voulait créer un trou dans la poitrine, et se défenestrer pour aller s'exploser sur le parquet. Sa pomme d'Adam trahit les sanglots, les éclats dans sa voix l'émotion du souvenir caché. La curiosité de Caleb a enclenché quelque chose chez Jude, quelque chose de douloureux, que Jude aurait aimé laisser fuir un jour, plus tard, bien plus tard, lorsqu'il aurait repris son pelage de prince de la forêt. Le temps lui a manqué. Il le serre, encore, plus fort pour étreindre les sanglots lorsqu'ils arriveront, bientôt.
- Tu y crois, toi, aux forces qui essaient de te prévenir qu'un truc cloche ?
- Oui, répond Caleb. Et toi, non.
- Non. Pourtant, alors que je présentais les Amours de Ronsard, j'ai ressenti… une sorte de souffle glacial, et j'ai levé les yeux. L'amphi était mal éclairé, et il y avait vraiment pas mal de monde. Cent-cinquante étudiants, peut-être ? Mais je crois que la pièce aurait été bondée et plongée dans le noir, ça n'aurait rien changé. Parce qu'il était là.
Caleb va finir par l'étouffer s'il continue. Il ne se contrôle pas. Le rythme de Jude se brise contre les larmes qui brûlent sa gorge parce qu'il les refoule comme on refoule une envie. Mal. Rien ne perce encore, et tout voudrait le faire. Le contrôle…
- Je sais pas comment j'ai pu le rater. Il était au centre de la pièce, au deuxième rang, deux fois plus grand que n'importe quel étudiant, et il portait un costume blanc. Je sais pas… comment je l'ai raté. J'ai laissé Ronsard. Je crois que je me suis évanoui et j'ai été arrêté deux semaines.
- J'imagine qu'il ne t'a pas lâché comme ça.
- Lorsque je suis revenu à la fac, le doyen m'a prévenu qu'un homme très grand, très élégant, avait cherché à me contacter. Le doyen lui avait donné mon jour de reprise, et mon « ami » avait laissé une carte de visite. Un morceau de carton noir avec des lettres gothiques violettes, et un pseudo à la con dessus. Au dos, il y avait la date du jour, une adresse et un horaire. Et son écriture, évidemment.
Il a peur de l'interrompre, mais il a peur de le laisser continuer tout autant. Son souffle, son cœur, calquent leur rythme sur ceux de Jude, et accélèrent. Toutes les histoires qu'il a imaginées, qu'il a rangées dans le tiroir dédié de sa mémoire s'envolent, et se remplissent de nouvelles hypothèses, une par millième de seconde, et elles créent un véritable capharnaüm dans sa tête, en s'entrechoquant. A tel point qu'il peine à retrouver la voix, de plus en plus saccadée, de plus en plus rauque, de Jude.
Tu as quelque chose à te reprocher ?
- Dark a toujours été très doué pour revenir dans ma vie sans permission, et je voulais lui dire d'arrêter.
Qui essaies-tu de convaincre ?
- Il avait réservé une table dans un restaurant très chic, loin des bouisbouis pour touristes que je fréquentais. Tout à coup, je ne savais plus l'italien, et c'est lui qui s'est occupé de tout. Il a commandé du vin, des spécialités du coin, il a complimenté la serveuse…
- Il connait l'italien ?
- Il a fait ses études à Rome. A la Sapienza. Il a même développé une branche de sa maison d'édition là-bas.
Putain, Jude…
- Tu le savais ?
- Non, répond-il en reniflant et chassant une larme sur sa pommette. Si. J'avais oublié. Ça m'est revenu au dîner, ce jour-là.
- Vous avez parlé de quoi ?
- On n'a pas parlé. Il a parlé. Il m'a parlé pendant deux heures de sa sortie de prison, de son retour au poste d'éditeur, de ses nouvelles créations. Il m'a félicité pour le premier roman de Riccardo, pour mon essai sur l'héritage de Rabelais en Italie. Il m'a donné des nouvelles de l'Iléveune dans sa totalité, en prenant soin de t'oublier.
Sans rire ?
- J'étais pétrifié. Et j'avais peur qu'un étranger traîne là et nous reconnaisse, et se demande ce que la victime de cette putain d'autobiographie foutait en compagnie de son bourreau…
Et dans cette histoire, Jude, tu te considères comme quoi ? Victime ? Ou bien…
- Arrivé au dessert, j'étais épuisé, mais pas lui. On est sortis. Le restaurant était au pied de son hôtel. Alors il m'a demandé de l'accompagner.
Jude, dis-moi que…
- Je l'ai suivi. Il partait le lendemain pour la Capitale, et j'avais besoin de mettre les choses au clair, tu vois. J'ai pensé que c'était la chose à faire, le suivre…
- Jude, pitié, dis-moi que…
- Je voulais juste savoir pourquoi il était là.
- Et tu as eu ta réponse ? demande-t-il d'une voix étranglée.
Caleb perçoit contre sa poitrine le mouvement de tête de Jude qui n'ose pas le regarder, ni le formuler : « oui ». Respire. Jude ne reprend pas, sans doute occupé à essuyer les larmes qui ne roulent pas, mais qui perlent aux yeux.
- Alors ?!
- Je suis resté, je sais pas, trente minutes. Moins. J'ai revu ce regard. J'ai revu son corps trop grand qui m'engloutissait. Il avait besoin de rasseoir son pouvoir sur moi, de me prouver que je ne pouvais pas lui échapper, et que j'étais à lui. Après ça, je suis rentré chez moi. J'ai terminé le mois à Rome, et je suis parti à Florence.
- Jude. T'as couché avec lui ?
Son ton est froid, dure, plus qu'il ne l'aimerait, ne le voudrait. Mais il ne peut pas s'en empêcher. Lui aussi a besoin de réponse, et d'une autre réponse que celle que laisse planer Jude. Et si c'est finalement cette réponse qui lui est fournie, il aura besoin d'une explication, une justification (alcool, drogue) pour avaler la pilule. Mais la réponse ne se formule pas, et Caleb comprend que c'est parce qu'elle est déjà là, dans le silence de Jude. Il relâche les épaules du jeune homme, s'éloigne de ce corps qu'il rassurait et regarde la silhouette tremblante contre laquelle il a pris l'habitude de s'endormir. « Ne le juge pas ».
- J't'en supplie, réponds-moi. Dis-moi que t'as pas fait ça.
- Et ça change quoi ?!
Il se retourne violemment, et Caleb voit enfin ce qu'il suppose depuis quelques minutes. Il voit les yeux rouges (vraiment rouges), les cils humides et assombris, les joues roses. Putain, putain… Que fait-il maintenant ? Il voudrait lui hurler qu'il n'avait pas le droit de faire ça, que c'est immoral, qu'il est complètement fou. Il voudrait le gifler, pour entendre des excuses, et voudrait le prendre dans ses bras. Parce qu'une part, toute petite part, au fond de son cœur lui rappelle qu'il n'était pas là, qu'il ne doit pas le juger, qu'il ne sait pas, qu'il ne connait pas Dark, qu'il doit faire confiance Jude, ne croire que Jude, n'aider que Jude.
- Jude, tu… explique-moi.
- J'ai rien à t'expliquer. C'est arrivé, c'est tout.
- Mais… je sais pas, c'était… Il t'a forcé ?
- Non. Je crois pas. Je sais pas. Ça s'est fait. Je sais pas, c'était… C'était presque une habitude.
Le jeune romancier se lève, ramasse son sac de voyage à l'abandon dans le couloir. Caleb entend la porte de l'entrée claquer. Il ne bouge pas.
Attention ! Je rappelle que nous n'avons que le point de vue de Caleb et de Jude, et qu'ils sont clairement largués l'un et l'autre sur le sujet. Je reviens la semaine prochaine avec un autre point de vue pour mettre ce qui s'est dit ici à mal, notamment le fait que Jude ait "couché avec" Dark.
Cueillez dès aujourd'hui... : Dernier vers du sonnet "Quand vous serez bien vieille" de Ronsard. C'est un poème qui met entre autres en avant le fait d'aimer (et de faire l'amour) lorsqu'on est jeune et désirable, donc de ne pas attendre pour aimer. Et j'avais discuté avec quelqu'un du fait qu'ici, le poète enjoint pas mal les jeunes (voire très jeunes) femmes à coucher avec des hommes plus vieux.
Humanisme : Ronsard est un poète de l'Humanisme français, de même que Rabelais est un romancier de cette époque. Et, alors qu'on a un peu relégué Rabelais dans une cave en France, jusqu'à le redécouvrir au XIXe, il s'est exporté, notamment en Italie, où les écrivains s'inspirent (encore aujourd'hui) de sa langue imagée, décomplexée et de ses jeux de mots.
: Ecrivain de la trilogie A la Croisée des Monde, qui doit être la saga jeunesse la plus intéressante que j'ai lue. Et ayant lu la suite, avec la Belle Sauvage et la Communauté des Esprits récemment, qu'il est doué cet auteur !
