Salut Salut ! Bon, encore désolée pour le retard de publication, mais je suis quand même au rendez-vous ! J'espère que ce chapitre un peu différent vous plaira !
Mark raccroche, puis soupire. Une heure… Il faut vraiment qu'il arrête de répondre à n'importe qui, et à n'importe quelle heure. Sous prétexte qu'il est chef de l'Iléveune, on le sollicite un peu trop. Beaucoup trop. C'est son miroir dans l'entrée qui le lui dit. Et Nelly Raimon, qui ne se gêne pourtant pas pour lui téléphoner à vingt-deux heures passées. Elle a pris la décision de mettre sur pied une manifestation pacifiste à travers la Capitale, qui se terminera devant les bureaux d'Ad Vitam, pour leur rappeler qu'ils ont été les complices d'un crime. Décision qui inquiète un peu Mark, puisqu'il sait que le nouveau manuscrit de Dark sur son escapade à Rome à la recherche de son petit fugueur est entre les mains du grand patron. Pour l'instant, il ne prévoit pas de publier, c'est grand-père Evans qui le certifie. Mais, si cette manifestation devant ses locaux mettait en colère le big boss ? S'il choisissait de défier l'Iléveune ? Qui en pâtirait ?
- Jude, évidemment, avait affirmé Axel.
- Mais pour le procès, ce serait top ! avait continué Nelly. Dark passerait pour un manipulateur.
- Dark est pas stupide, il va encore se faire passer pour la victime, avait précisé Axel.
- On entendra la version de Jude. Lina est sûre que les jurés seront de notre côté !
Problème non anticipé : Nelly et Lina s'entendent très, trop, bien. Peut-être leur passé de jeune fille asservie par un père autoritaire les a-t-il rapprochées. Toujours est-il que Mark se retrouve coincé entre les arguments de Nelly, qui puise son inspiration dans la fulgurance d'une avocate passionnée, et les arguments d'Axel, qui prend le pouls du procès directement à la jugulaire d'un amant angoissé. Et Jude, dans tout ça. Jude, centre névralgique et qu'on passe son temps à effacer, Jude qui n'a plus de voix au milieu de ce capharnaüm.
- Ça va ?
Mark relève la tête et pose son téléphone. Il fait signe à son compagnon, tout va bien. Axel sourit et retourne dans le salon où il termine de taper la préface qu'il a promise à Victor. Mark n'a pas eu le droit de lire le prochain roman graphique du petit protégé, alors il ne sait pas encore quoi en penser. Mais Axel aurait fait la préface, quoi qu'il arrive.
Mark éteint son téléphone pour la soirée.
- Tu t'en sors ?
- Ouais. Je veux juste terminer ça avant qu'il parte en Colombie.
- Qu'est-ce qu'il va foutre là-bas ?
- Leur anniversaire, avec Aitor. Aitor t'a pas dit ?
- Il faut croire que non… Il devient secret ces temps-ci.
- Il a peur de ton jugement.
- C'est moi qui l'ai fait démarrer, j'ai toujours été très juste dans mes critiques.
- Je parle pas de ça, et tu le sais très bien.
Evidemment qu'il sait. C'est bien la seule chose qu'il a jamais eue à reprocher à son apprenti : Victor Blade. Un petit écrivaillon sorti de nulle part qui a séduit à une vitesse déconcertante deux des hommes les plus importants de sa vie. D'abord Axel, puis Aitor. Même Jude et son grand-père se sont fait avoir par ses yeux en amande et sa violence contenue. Et bien que Mark ait finalement reconnu l'indéniable charme de la douceur des mots de Victor lorsqu'il évoque les horizons lointains, il continue de croire à de l'esbroufe. Un jour, Jude lui a expliqué qu'on appelait ça de la jalousie, qu'il allait s'y faire. Il s'y est fait.
Les lunettes rondes d'Axel tombent au bout de son nez à mesure qu'il tape sur le clavier. Il ne prend pas le temps de les remonter, et Mark comprend qu'il ne lit pas ce qu'il écrit, il veut juste que les touches aillent à la même vitesse que son inspiration. Sur le bureau, son téléphone vibre, à intervalle régulier. Mark demande à son compagnon s'il veut qu'il lui lise ses messages. Parfois, Axel préfère ça.
- Laisse. C'est Caleb.
- Eh ben…
- Ouais… Il décharge un peu.
- Il t'a envoyé treize messages… Je vais finir par m'inquiéter.
- Tu viens de passer une heure au téléphone avec Nelly, c'est à moi de m'inquiéter.
Mark sourit, répondant au sourire de son amoureux, dont les yeux ne quittent toujours pas l'écran. Il va commander un repas, il n'a pas le courage de cuisiner en ce moment. Depuis le procès, son énergie est toute entière dirigée vers celui-ci. Il n'a pas très faim, de toute façon. Mais Axel va sans doute passer la moitié de la nuit à travailler, alors il va bien falloir le nourrir.
Après trente minutes, Mark revient avec deux pizzas et découvre Axel qui n'a pas bougé, et qui pianote sur son portable, sans doute dans l'espoir de rassurer Caleb. Il lève les yeux vers son compagnon, sourit devant les cartons chauds et pose son téléphone avant de de se lever, en étirant son dos.
- Tu peux terminer ce que tu faisais, on mangera après.
- Caleb se fait un monologue, il n'a pas besoin de moi. Je réponds par principe.
- Comment va-t-il ? demande Mark, sans attendre de réponse et en découpant les cartons.
- La séance d'aujourd'hui lui a foutu un sacré coup.
Evidemment. Dark a multiplié les preuves de l'attachement de Jude à sa personne : des lettres, des mails, des échanges de photos, des préfaces, des livres offerts, des places pour un match… Jude ne lui avait pas parlé de tout ça. L'un des premiers SMS de Caleb de la soirée est arrivé vers vingt heures : « Tu étais au courant, pour leurs échanges ». Mark soupire. Oui Caleb, on savait. « Il avait quatorze ans. L'avocat de Dark a raison. On tient pas ce genre de propos à quatorze ans. Comment t'as su ? » Mark se souvient : l'excitation de Jude à montrer ces échanges interdits, la joie d'avoir l'attention d'un grand éditeur, la réaction étonnée d'Axel et ses propres interrogations. Il venait d'atteindre l'âge adulte à l'époque, il avait espéré que Jude le prendrait en exemple. Mais il avait déjà un exemple.
« Pourquoi vous n'avez rien fait, rien dit ? »
Caleb n'a pas écrit ce SMS. Mais Axel et Mark savent qu'il lui brûle les doigts. Pourquoi n'ont-il rien fait ? Parfois, Mark se dit qu'ils ont tenté. Ils lui ont dit que cette correspondance était étrange, que la façon dont Dark lui parlait, dont il parlait de Dark, les inquiétait. Ils lui ont rappelé que l'Iléveune de grand-père Evans l'avait chassé pour ses manigances et sa soif de pouvoir. Ça n'a pas arrêté Jude. Lorsque Mark a appris ce qu'il y avait vraiment entre Dark et lui, Mark a pensé que c'était trop tard. Il avait ses propres problèmes à régler : l'écriture, le théâtre, la célébrité, la fondation d'un nouvel Iléveune. Et puis, ce désir mordant et ardent pour Axel qui, sous prétexte de ses dix-huit ans, se croyait déjà adulte.
- Je le vois demain avant l'audience. S'il a besoin de parler…
- Tu sais qu'un jour, il va tout te reprocher.
- Je suis étonné qu'il l'ait pas déjà fait. C'est pas grave, je comprendrais. On n'est pas complètement innocents dans cette histoire.
- Arrête. T'étais juste un môme, pas beaucoup plus vieux que Jude. Tu pouvais rien faire. Si Caleb doit s'énerver contre quelqu'un, c'est contre moi. J'étais plus un ado, j'aurais dû faire quelque chose.
- Quoi ? Jude aurait rien voulu entendre. Non, je parlais pas d'action. On n'est pas responsables de ce qu'y s'est passé. Mais avoue qu'on n'a pas été à la hauteur quand il a voulu nous parler.
C'est vrai, Jude a fait ça. Mark enfonce son dos dans celui de la chaise pendant qu'Axel mord une part de pizza. Jude a fait ça.
Un jour, il a fait irruption chez Mark. Il avait seize ans. Il faisait nuit, et c'était l'Hiver. Il pleuvait dehors, et Jude est arrivé trempé. Il n'a pas frappé, il est entré sans prévenir et s'est précipité dans les escaliers où Mark l'a cueilli. Il balbutiait, il tremblait, et Mark a pensé que c'était la pluie et le froid. Jude a réussi à articuler après une longue minute : « Je peux dormir ici cette nuit ? ». Mark a refusé, Jude n'a pas insisté. Mark a refusé parce qu'Axel était endormi dans son lit. Jude n'a pas insisté parce qu'il s'est dit que sa confusion n'en valait pas le coup.
- Mark ? Tu manges pas ?
Il sourit et secoue la tête. Jude est revenu deux jours plus tard. La nuit, encore, sans frapper. Mark ne l'a pas entendu et n'a pas pu l'intercepter avant qu'il ne pénètre la chambre. « Jude, attends ! C'est pas… Si c'est ce que tu crois. On savait pas comment te le dire. ». Axel s'est réveillé, ils ont tous les deux essayé d'expliquer à Jude, et Jude s'est mis à hurler et à pleurer. Le couple honteux n'a pas su quoi faire. Ils n'avaient pas prévu cette réaction. « C'est pour ça que t'as pas voulu m'aider la nuit dernière ?! Parce que tu pensais qu'à le baiser ?! » Mark grimace, encore aujourd'hui. Qu'il sonnait faux, ce mot, dans la bouche du Jude adolescent… « J'avais besoin de toi, Mark… » Axel a essayé de le retenir, Jude s'est arraché à son étreinte. « Me touche pas ». Axel l'a supplié de rester, de ne pas sortir en pleine nuit, de ne pas rentrer à pied chez lui. « C'est bon. Je vais chez . Il est pas loin ». La porte a claqué. Mark a deux visages imprimés dans sa tête : le désespoir de Jude et l'angoisse d'Axel, à la prononciation du nom. Les craintes que les deux jeunes adultes n'avaient jamais osé se formuler devenaient concrètes. Jude a refusé leur adresser la parole durant deux semaines. Deux semaines où son père ne l'a pas vu non plus. Ce fut le premier motif de dispute d'Axel et Mark. Puis le premier motif de rupture. Jude ne l'a jamais su.
- Qu'est-ce que tu as ?
Mark atterrit. Les souvenirs de ses vingt ans se font aspirer par le regard brun et inquiet de son compagnon. Sans qu'il l'ait remarqué, Axel a quitté la table, s'est agenouillé près de lui et a pris sa main. Il se penche vers lui et l'embrasse. Tout va bien. Axel se relève, mais ne retourne pas à sa chaise. Il s'assied à demi sur la table, et garde la main de son compagnon amarrée à la sienne. Il lui demande si c'est le procès. Question rhétorique. Bien sûr que oui.
- On n'a pas été à la hauteur. On aurait dû le soutenir. Au lieu de ça, on l'a juste laissé se battre tout seul, avec ses armes. Sans tout ce bordel, on laisserait peut-être encore Jude se débrouiller seul…
- Peut-être, dit Mark. Dire que c'est un petit arriviste qui nous fait la leçon aujourd'hui…
- C'est vrai, rit Axel. J'espère juste qu'un obstacle comme ça, si tôt dans leur histoire, ça va pas tout faire exploser. T'imagines, si en plus ça nique leur couple ?
- J'imagine. En fait, je crois que si on voulait bien agir, on devrait leur conseiller d'arrêter maintenant.
- Arrêter quoi ? demande Axel en fronçant les sourcils parce qu'il a très bien compris.
- Eux. T'as raison, leur histoire risque d'exploser après le procès. Caleb tient bon parce qu'il sait que ce bordel aura une fin. Mais lorsque ce sera fini… Jude est marqué à vie. Est-ce que Caleb va supporter ça, à vie ?
- Mark… Il l'aime.
- Et toi et moi on sait bien que c'est pas toujours suffisant.
Axel retire lentement ses doigts qui enserraient la main de Mark. Il essaie de sonder son regard, mais Mark préfère baisser les yeux. Bien sûr qu'il sait que ce qu'il dit est terrible. Aimer, ce n'est pas toujours suffisant. Il a quitté Axel huit fois en l'espace de onze ans, et sans jamais cesser de l'aimer, sans que son désir pour lui ne perde jamais de sa vigueur. Alors il sait.
- Jude est trop égoïste. Il ne pense qu'à lui, et il n'y a de place que pour lui : son talent, ses souffrances, ses angoisses, ses désirs…Caleb va étouffer. C'est comme ça, parfois ça marche pas, même lorsqu'on aime l'autre comme un fou.
- Putain… Tu essaies de me dire quelque chose ?
- Axel, je t'aime comme un fou. T'es l'homme de ma vie, et la simple idée de ne pas vieillir à tes côtés me déchire le cœur.
Bien sûr, Axel commence à comprendre. A comprendre mal. Mark l'a déjà quitté huit fois, il s'attendait bien sûr à ce que ça arrive à nouveau. Mais pas maintenant. Il pensait que toute cette émulation autour de la reconquête de l'Iléveune, que toute cette souffrance et cette violence qui trahissent chaque mouvement de Jude, canalisaient Mark, l'empêchaient de penser à autre chose : à son angoisse d'accepter la place d'Axel dans sa vie. Il a eu tort.
- Et si je te dis que Jude est un putain d'égoïste, et qu'il devrait quitter Caleb, c'est parce que, moi, je suis un putain d'hypocrite.
Sa voix se brise en sanglots retenus. Il a honte, comme à chaque fois que ce moment arrive. Mark pleure toujours lorsqu'il le quitte. Il se souvient de tout. De la larme solitaire qui n'a pas réussi à rester cachée à la crise qui le force à s'effondrer. Ses épaules se crispent, il renverse la tête en arrière, pour se trouver un nouveau souffle, et attend que Mark se taise.
- Je suis le pire mec que tu pourras jamais avoir, parce que je pense qu'à moi. Et que j'ai tellement peur que tu t'en ailles que j'enchaîne les conneries. Et je me suis comporté comme un enfoiré avec toi. Mais je t'aime, je t'aime vraiment, sincèrement, même si je suis pas toujours cohérent. Et tu vas en trouver des centaines qui t'aimeront mieux que moi dans le monde. Mais je… putain, je suis vraiment nul pour ça… Axel, je t'aime, et pour une fois, je veux faire les choses bien. Je veux que t'arrêtes de croire qu'à tout moment, ça peut finir.
Ça, c'est nouveau. Axel essaie d'attraper son regard, qui le fuit sans élégance, à la recherche d'un objet moins brûlant auquel s'accrocher. Mark se lève, passe une main devant ses yeux, puis se met à presser son jean, au niveau des hanches, à la passer dans ses poches, à regarder autour de lui comme s'il avait perdu quelque chose.
- Mark, je suis pas… Tu cherches quoi ?
- Merde… je pensais que je l'avais mais… elle est peut-être dans la chambre…
- Qu'est-ce qui est dans la chambre ?
- La bague. Je voulais le faire bien, mais…
- Faire quoi ?!
- Ben… Tu sais… Axel, je… est-ce que tu accepterais de m'épouser ?
Il a enfin levé les yeux. Son corps tremble, son visage est rouge, ses mains s'agitent. Mais ses yeux, eux, ne trahissent aucune nervosité. Ses grands yeux sont plantés dans ceux d'Axel qui, en miroir parfaitement inverse, ne parviennent pas à se fixer et attendent la révélation finale. Elle ne vient pas, et Mark attend toujours. Mark savait bien. Il n'avait pas prévu que ça arrive aujourd'hui, ni comme ça. Il entend le cœur d'Axel cogner trop fort contre sa poitrine, il entend les rouages de son cerveau qui rassemblent toutes les informations, il entend le sang battre à ses tempes. Une seconde, peut-être trois.
- Mark, t'es sérieux ?
- Tu peux y réfléchir. Je t'ai pris de court, et puis, j'ai même pas la bague… Je te laisse terminer, j'ai pas faim. Et j'ai rendez-vous avec Célia et Nelly demain matin, il faut que je dorme. Bonne nuit.
Il embrasse rapidement son compagnon et prend le couloir qui le mène à leur chambre. Il meurt de chaud. En se déshabillant, il ouvre le tiroir de la table de chevet et soupire. Le pochon en velours noir qui protège les deux anneaux en argent est bien là, à côté d'un essai d'Umberto Ecco. Il referme le tiroir et se couche, en espérant s'endormir avant qu'Axel ne le rejoigne. Le marchand de sable n'est pas aussi rapide qu'Axel. Son compagnon se glisse discrètement dans le lit, marque une hésitation avant de venir l'étreindre. Mark pense à feindre le sommeil, mais se résigne. Il prend la main de son compagnon dans la sienne et sent la bouche d'Axel élargie d'un sourire contre sa nuque.
- Tu as retrouvé ta bague ?
- Dans le tiroir. Ce sont celles de mes grands-parents.
- C'est à cause de Jude, tout ça ? Parce que tu te sens coupable ?
- Putain, Axel ! Tu crois vraiment que je te proposerais de passer le reste de ta vie avec moi parce que je me sens coupable ?!
- Oui.
- Non ! Bien sûr que non ! J'en ai toujours eu envie… Cette histoire a juste… précipité les choses.
- Tu sais que ça veut dire que ça va devenir vraiment officiel… Tout le monde saura.
- Je sais.
- Et ça te va ?
- Non. Mais je sais que toi, tu comptes plus.
- Ca, c'est une déclaration d'amour !
- Ca veut dire oui ?
- Ben, même toi t'auras pas les moyens d'assumer un divorce tous les six mois. Alors, je suis gagnant dans l'histoire.
Mark sourit, et son sourire transperce la nuit. Il se penche sur Axel, l'embrasse, murmure à son oreille pour le faire rougir et lui arracher un rire. Il retire son t-shirt, caresse son torse et…
Tribunal
Le lendemain
- … Ok, stop ! C'est bon, j'ai tous les détails dont j'avais besoin, je veux pas savoir !
- Dommage, c'était le plus intéressant.
- J'en doute pas. Garde ça pour quelqu'un d'autre… Genre Xavier.
- Je vais faire ça. Evidemment, c'est un secret pour l'instant.
- Evidemment. Vous comptez l'annoncer quand ?
- Je sais pas. Pourquoi ?
- Ben, j'ai pas d'ordre à vous donner. Mais si vous pouviez attendre…
- Oh t'inquiète ! On attend la fin du procès, bien sûr !
- Putain… Parfois, j'oublie que ça va avoir une fin.
- Tu sais ce que vous allez faire ? Quand ce sera terminé ?
- Pas trop. Enfin, on n'a pas parlé.
- Et toi, tu voudrais quoi ?
- Ben, Jude a sa famille ici et…
- C'est pas ce que je t'ai demandé.
- Je sais. Si je suis honnête, peu importe l'issue du procès, je veux la même chose. Et c'est tout ce que Jude ne veut pas.
- Tu veux lui parler de tes projets ?
- Axel, rit Caleb, quels projets ? J'ai pas de projets avec Jude. Je vis au jour le jour parce que lui vit dans le passé. La seule échéance qu'il a, c'est ce procès. Jude ne construit rien pour l'instant. Il détruit juste ce qui existe déjà. Allez, c'est l'heure, on y va. Range ton alliance. Tu étaleras ton bonheur absurde quand moi, j'aurai le droit de respirer !
Captain fantastic : Film de Matt Ross, de 2016
