Chapitre 38 : La Naissance d'un Secret
Note : Dans la dernière partie du chapitre, une révélation choquante et une théorie intrigante émerge entourant le mystère de la conception du baby Parker alors gardez l'œil ouvert. Je précise que cette théorie a fait l'objet de plusieurs recherches ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Bonne lecture !
Suite 88, Le Mark Hôtel, NY
Quelques jours s'étaient passés depuis leur dernière conversation téléphonique, un échange qui avait éveillé du désir chez Mlle Parker et Jarod, une irrésistible volonté de se retrouver. Tous deux avaient convenu de se voir à New York pour un week-end secret, loin des regards indiscrets. La tension montait à mesure que le jour fatidique approchait. Chacun d'eux était en proie à une excitation sensiblement maladive. Ce qui leur plaisait dans leur relation, c'était que leur amour était entouré d'interdits et de dangers tandis que l'appel de la passion était bien trop forte pour être ignoré. À l'hôtel, Mlle Parker, vitaminée, avait préparé, tout en fredonnant un petit air, des petites surprises pour Jarod, de délicates attentions destinées à renforcer leur lien amoureux. Elle savait que ces instants volés étaient précieux et elle voulait les marquer d'une manière très particulière. Son cœur palpitait d'impatience à l'idée de voir la réaction de Jarod face à ces gestes personnels et significatifs. Elle vérifia et revérifia les appels et les messages sur son téléphone, réajusta sa coiffure et sa tenue ainsi que son maquillage. Tout était parfait ! Dans le couloir qui le menait à la suite, Jarod, un bouquet de roses rouges, soigneusement sélectionnées, à la main, se hâtait de la serrer contre lui, se languissant d'elle. Il s'apprêta à franchir le seuil, pénétrant à l'intérieur, le sourire idiot tandis que Mlle Parker l'accueilli avec entrain. Lorsqu'il aperçut la Miss, élégamment vêtue pour la journée, il marcha vers elle et d'un mouvement fluide, il lui tendit les jolies fleurs, mais au lieu de simplement les prendre, elle fut bouche bée, quand il l'attrapa par la taille l'attirant à lui. Leurs lèvres se rejoignirent avec une ardeur démesurée dans un baiser long, mouillé et torride, un mélange de tendresse et de retenue. Leurs bras s'étaient enlacés, les rapprochant davantage enivrés par la fraîcheur des roses.
« Jarod.
- Bonjour, toi. Oh, ce que tu peux être belle.
- Oh, non ! Je ne suis pas aussi belle que ces fleurs, elle les porta jusqu'à ses narines.
- Non, tu l'es encore plus ! Tu sais, je n'ai pas cessé de penser à toi, ces jours-ci.
- Tu as eu le temps de penser à moi ?
- Je pense toujours à toi. Et là, tout de suite, j'ai très envie de toi, il enleva le carré de soie qu'elle avait autour du cou.
- Alors qu'est-ce que tu attends Jarod pour m'embrasser ?
Petit à petit, leurs bouches se rencontraient de nouveau. Dans un élan passionné. Mlle Parker laissa échapper le bouquet qu'elle tenait, plaçant ses mains sur les joues de son amant, l'embrassant avec ferveur à maintes reprises. Des baisers auxquels le caméléon réagissait immédiatement. Jarod, lui, pressé et fiévreux, la souleva permettant aux jambes de la jeune femme de s'enrouler autour de ses hanches. Plein de fougue et très impatient de lui faire l'amour, il l'emmena rapidement dans la chambre, la déposa sur le lit et commença à lui ôter ses vêtements. Quant à eux, ils tombaient au sol un à un, mettant leurs corps brûlants à nu. Un pantalon par-ci, une culotte par-là ! À travers la porte close, on entendait les soupirs et les gémissements se répéter encore et encore alors qu'ils succombaient à leur envie presque désespérée.
- Tu m'as manqué, Parker... Chaque seconde loin de toi était une torture.
- Oh, j'imagine la torture que cela doit-être de ne pas pouvoir me faire l'amour à volonté !
- Non, ne te moque pas. C'est sérieux ce que je te dis. Je ne peux pas expliquer à quel point je te désire, à quel point j'ai envie de te faire l'amour.
- Il y a des choses, Jarod, qu'on ne peut malheureusement pas expliquer. C'est ainsi fait, mais c'est encore mieux de le vivre que de le dire.
- Je suis bien d'accord avec toi. Dis-moi, t'ai-je manqué, Parker. ? As-tu pensé à moi ?
- Jarod… J'étais très occupé, je n'ai pas eu le temps de penser à quoi que ce soit.
- Eh bien, vu la manière dont tu m'a embrassé tout à l'heure, j'aime à penser que je t'ai manqué un peu. »
Après leur ébat amoureux, Jarod et Mlle Parker se retrouvaient enlacés. Entourée par les bras protecteurs du caméléon, la jeune femme profitait des câlins que ce dernier lui donnait. Il passa ses doigts dans les cheveux noirs de la Miss, les démêlants avec soin tout en lui chuchotant des mots doux à l'oreille, glissant tendrement ses mains le long de son dos et de ses épaules, simultanément, il déposa de petits baisers un peu partout sur son corps, ici et là. Mlle Parker souriante se leva du lit brusquement et se dirigea vers la penderie, ouvrit un de ses sacs pour en sortir un paquet bien empaqueté. Elle le lui remit avec un regard attendrissant. « J'ai quelque chose pour toi, Jarod. J'espère que ça te plaira. » Attentif, il accepta le cadeau avec grand plaisir, il défaisait précautionneusement l'emballage, découvrant, avec ses gros yeux d'éternel petit garçon, un magnifique album de souvenirs vierge, dont la couverture était ornée de divers motifs.
« Wahou ! Qu'est-ce que c'est ? il feuilleta les pages vides.
- Ceci, mon petit génie, c'est un album. J'ai pensé que ce serait une belle façon pour toi de commencer à te créer de nouveaux souvenirs avec ta famille. Rassembler des photos et des petits objets qui représenteraient les moments forts que tu auras vécus et partager avec elle. Tu pourras le remplir au fur et à mesure de tes découvertes et de tes créations.
- Parker, c'est vraiment un cadeau très spécial. Merci beaucoup. Cela signifie énormément pour moi, de pouvoir garder une trace de ces moments, de ces morceaux de vie que je n'ai jamais eue.
- Je suis contente que cela te plaise, Jarod. Je pensais que tu trouverais l'idée complètement ridicule.
- Oh non loin de là. D'ailleurs, je me demande comment ai-je fait pour ne pas y avoir pensé moi-même.
- J'espère que tu le rempliras jusqu'à la dernière page.
- Compte sur moi, Parker ! Merci, mon amour. Vraiment, merci. Je ne sais pas quoi dire tellement, je suis ému.
- Les mots ne sont pas nécessaires, Jarod. Ce qui compte, c'est ce que tu vas mettre dedans et les émotions que tu y ajouteras. Je suis sûre que ce sera un magnifique album.
- Jusqu'à là, personne ne m'avait offert un tel cadeau. Ce que tu fais pour moi me donne une raison de plus d'être amoureux de toi. »
À demi-assis, ils passaient ensuite du temps à discuter des futurs souvenirs que Jarod aimerait créer avec sa famille, imaginant de nouvelles aventures aussi palpitantes que mémorables. Comme les piques-niques, la pêche avec son père, les sorties en famille. Pourquoi pas le zoo ou bien encore les événements comme Thanksgiving, Noël et les anniversaires. Il se réjouissait de commencer à y ajouter quelques images. Et sous le regard bienveillant de la jeune femme, il décida d'introduire sa toute première photographie, celle de sa mère, celle de son jeune frère Kyle, mort quelques années plus tôt, puis celle de son père et d'Emily. Hélas, il n'avait pas celle de son clone… Il voulait ajouter celle de Mlle Parker, mais celle-ci refusa. C'était réservé exclusivement à sa famille. À cet instant précis, il souhaitait être entouré de sa famille et de ses amis les plus proches sans oublier la femme qui se trouvait à ses côtés.
« C'est très réussi.
- Ce n'est que le début, Parker. Attends de voir d'ici quelques semaines, il referma l'album.
- Je suis sûre qu'il sera très épais.
- Je ferai en sorte qu'il le soit.
- C'est un tout nouveau chapitre que tu t'apprêtes à vivre.
- Et je suis très heureux que tu en fasses partie. Je voudrais que l'on en fasse un pour nous.
- Je… Je ne sais pas, Jarod. Et si une personne du Centre tombait sur ces photos ?
- C'est moi qui le garderai précieusement.
- Non, ce ne serait pas prudent de notre part.
- Réfléchis-y d'accord ? »
Pour le midi, Mlle Parker avait organisé un brunch américain copieux pour Jarod, qu'elle avait fait monter par le service d'étage. Il y avait un assortiment de plats chauds et froids, sucrés et salés, qui promettaient de satisfaire tous les caprices du caméléon, ce dernier en fut impressionné. Au centre d'un des plateaux se trouvaient de succulents petits pancakes venant d'être préparés et nappés d'un généreux filet de sirop d'érable doré. À côté, il y avait un choix de boissons chaudes, allant du café aromatique aux thés parfumés, ainsi que des jus de fruits frais et de smoothies rafraîchissants. Mlle Parker avait également veillé à ce qu'il y avait une variété d'œufs cuisinés de différentes manières, brouillés et crémeux, à la coque avec leurs mouillettes croustillantes et sur le plat, juste comme Jarod les aimait. Il y avait aussi une sélection de charcuterie fine et de fromages complétés par des pommes de terre sautées et des salades croquantes. Jarod pouvait choisir parmi différentes quiches, comme celle au brocoli-chèvre-lardons fumés, ainsi que des cakes aux oignons et aux tomates confites. Bien sûr, le brunch comprenait également une variété de douceurs sucrées disposées sur un autre plateau. Des viennoiseries tout juste sorties du four, des gâteaux moelleux, des muffins, des crêpes légères et accompagnés d'un choix de confitures artisanales aux saveurs exquises et de yaourts onctueux et quelques friandises. Des fruits secs étaient répartis dans plusieurs petits bols tandis que pour une palette de couleurs appétissantes, les fruits frais étaient dressés dans une coupe en cristal. Les deux tourtereaux s'étaient installés confortablement sur le lit prenant le temps de discuter plus en détail de leur relation. Dans un moment d'intimité, ils se confiaient l'un à l'autre.
« C'est agréable de pouvoir partager ce moment rien que nous deux.
- Oui, ça fait du bien de pouvoir se retrouver ainsi, loin des pressions.
- Ne te méprends pas sur ce que je vais dire. C'est juste que je me demande si nous pourrons un jour vivre notre histoire au grand jour, sans représailles.
- Peut-être qu'un jour, les circonstances changeront. Jusque-là, contentons-nous de ce que nous avons. Tu sais, Jarod, parfois je me demande si on n'est pas un peu fous de vivre cette relation secrète.
- Peut-être, mais c'est notre petit secret à nous et cela nous rend extrêmement heureux.
- Je dois avouer que je suis accro à ces moments-là, j'ai l'impression qu'on est comme deux adolescents qui jouent à cache-cache.
- Et si on écrivait un livre sur l'art des liaisons clandestines en 10 leçons ?
- Oh, je suis sûre que ça deviendrait un best-seller ! Tu parais soucieux. Quelque chose ne va pas ?
- Je suis inquiet pour Emily. Elle a du mal à accepter mon retour dans la famille. Elle a l'air perdue et en colère.
- C'est compréhensible, Jarod. Pour elle, tu refais surface après toutes ces années. Elle doit se sentir déstabilisée et peut-être même un peu abandonnée.
- Je sais et j'aimerais trouver un moyen de l'aider.
- Je pense qu'il est important de lui montrer que tu es là pour elle, que tu es prêt à l'écouter et à comprendre ce qu'elle ressent. Tu pourrais organiser une sortie rien qu'avec elle, pour discuter de tout cela en tête-à-tête.
- J'ai essayé de lui parler. Ça n'a rien donné.
- Alors essaie encore ! Ne te décourage pas. Il faut du temps et de la persévérance. Et je suis convaincue que tu trouveras la bonne approche, Jarod. Il suffit d'un petit geste, d'une écoute attentive pour commencer à construire une nouvelle relation. »
La jeune femme conseilla Jarod sur la meilleure façon d'agir avec Emily, celui-ci, dans un moment d'inattention, piocha dans l'un des bols, contenant des fruits secs. Mlle Parker interrompit son geste alors qu'il s'apprêtait à le porter à sa bouche. La Miss qui jusqu'ici avait observé le moindre de ses actions lui retira la chose d'un coup vif. « Jarod, attends ! Ne mange pas ça ! » Étonné, il ne comprenait pas son geste brusque, mais qui néanmoins lui avait sauvé la vie.
« Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va pas, Parker ? Aurais-tu peur que je la mange ?
- Eh bien, je crains que ta tendance à réagir à cet aliment d'une manière explosive ne soit pas vraiment bénéfique pour notre week-end romantique.
- Effectivement, j'avais presque oublié ce petit problème.
- Sans compter, mon cher que ces pistaches sont réservées exclusivement pour moi. Je ne les ai pas mises là pour que tu en profites, rétorqua-t-elle riant légèrement.
- Ah, je vois ! C'est donc une astuce secrète pour me garder à distance. Tu connais bien mon allergie et tu as décidé de l'utiliser contre moi ! levant un sourcil, jouant le jeu.
- Exactement, Jarod. Je suis prête à tout pour t'empêcher de manger mes gourmandises.
- Tu es vraiment cruelle, Mlle Parker. Utiliser mes faiblesses contre moi, c'est bas. Mais je te préviens, un jour, je trouverai un moyen de déjouer tes plans machiavéliques, avait-il dit d'une voix feinte, avec une pointe d'humour.
- Oh, je suis impatiente de voir ça, Jarod. Mais en attendant, tu ferais mieux de te tenir éloigné de mes pistaches.
- Tu te souviens, Parker ?
- Comment pourrais-je oublier ce jour-là. »
Flashback
Les deux amants se souvenaient : le décor se déplaçait vers le passé, lorsque Mlle Parker et Jarod étaient de jeunes enfants d'environ une douzaine d'années. Au Centre, la petite Miss se faufila doucement, comme à son habitude, jusqu'au laboratoire de simulation où Jarod se trouvait habituellement. Ils se retrouvaient, tous les deux, émoustillés par la présence l'un de l'autre. Impatiente de vivre une nouvelle aventure avec son compagnon de jeu, elle lui proposa de partir à la découverte des secrets bien gardés du docteur William Raines.
« Jarod, c'est une idée géniale ! Allez, viens avec moi. J'ai vu le docteur Raines cacher quelque chose d'effrayant tout à l'heure.
- Vraiment ? Qu'est-ce que c'est ?
- Je ne sais pas. Mais je suis sûre que ça vaut le coup. Et regarde ce que j'ai ! elle sourit malicieusement, plongeant sa main dans un petit sac en papier, lui montrant une poignée de quelque chose.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda le petit caméléon intrigué.
- Ce sont des pistaches, Jarod. Des fruits à coques. Voilà ce que je te propose, si tu viens avec moi, je t'en donnerai une poignée. Comme ça, tu pourras les manger pendant notre enquête. Je t'en prie, ne me laisse pas y aller toute seule. Tu sais bien qu'il me fait peur.
- D'accord, mais je le fais seulement pour les pistaches !
Les deux enfants sortirent du laboratoire de simulation, plein d'ardeur et d'intérêt que suscitait cette prise de risque. Avec discrétion et sur la pointe des pieds, ils se dirigeaient vers leur destination inconnue. Traînant dans les couloirs avec l'espoir de ne pas se faire prendre. Cependant, alors que Jarod grignotait, il ressentit soudain une sensation étrange dans sa gorge. Il tenta d'avertir la petite Miss qui dans un premier temps ne prêtait pas attention à lui.
- Mlle Parker, je ne me sens pas bien. Ma gorge me gratte et j'ai du mal à respirer.
- Quoi ? Attends. Maman disait de toujours rester calme dans ces cas-là, Jarod !
- Mlle Parker… J'étouffe…
- Tu es allergique aux pistaches, Jarod ? elle était affolée.
- Je... Je ne sais pas… Je n'en ai jamais mangé auparavant ! il se tenait la gorge avec les deux mains.
- Oh mon Dieu, Jarod, tu es tout… Tout… Rouge ! »
Les symptômes du choc anaphylactique se manifestaient assez vite. Jarod lutta tant bien que mal pour respirer, sa peau devenait toute rouge et des démangeaisons intenses se propageaient rapidement laissant apparaître des plaques sur son corps. Mlle Parker réalisa la gravité de la situation agissant aussi vite que possible. « Au secours ! Quelqu'un ! Jarod fait une réaction allergique grave ! » Sydney accompagné de trois nettoyeurs accouruent pour aider, alertés par les cris de la Miss. Le psychiatre tenta de rassurer Jarod et de le maintenir stable avant qu'on ne prodiguait les premiers soins. La scène se termina sur l'arrivée d'une équipe médicale qui prenait en charge le caméléon, tandis que Mlle Parker resta à ses côtés, les larmes aux yeux, terrifiée par ce qui venait de se produire par sa négligence. Retour au présent.
« Tout compte fait, ça ne me dit plus rien, elle reposa le bol.
- Allons Parker. C'était il y a longtemps. Il y a prescription maintenant ! il riait d'elle.
- Jarod, tu as tout de même failli mourir à cause de moi.
- Non, pas à cause de toi, Parker. À cause de ça !
- Comment se fait-il que tu excuses toujours ce que je fais ?
- Je t'en ai fait voir de toutes les couleurs moi aussi surtout ces dernières années, elle posa sa tête sur son torse.
- C'est vrai, pour commencer, tu m'as fait faire le tour du pays. Tu m'as collé au plancher. Enfermé avec Sydney dans un immeuble abandonné et sur le point d'exploser. Tu m'as également enfermé dans un conteneur avec Lyle. Tu m'as transmis la grippe. Sans compter que tu m'as fait arrêter et…
- N'oublie pas la fameuse fouille à Las Vegas.
- Oui, et ça n'avait rien de joyeux.
- On s'est tout de même bien amusés, non ?
- Jarod, tu as une drôle de conception du jeu.
- N'en parlons plus, tu veux bien. C'est inutile de remuer le passé.
- Oh non, ce serait beaucoup trop facile. Tu devrais peut-être envisager de te faire pardonner.
- Hmmm. N'exagère pas ! Je te signale que tu m'as traqué pendant 5 longues années. »
Jarod se leva de leur lit, enlevant l'un des plateaux qui contenaient les restes de leur repas, les transporta dans la cuisine, prenant soin de ne pas renverser quoi que ce soit. Il déposa le tout sur le comptoir, prenant quelques instants pour ranger les couverts et les assiettes sales faisant tomber les miettes dans une poubelle, veillant à laisser l'endroit impeccable. Puis revint dans la chambre avec un plateau débordant de délicieuses petites friandises qu'il posa prés d'elle. Des sucreries colorées, des carrés de chocolat fondant et des grappes de raisin attiraient leur attention. Mlle Parker, d'une humeur très compétitrice, tenait une pistache entre ses phalanges, se moquant gentiment de lui. Il la rejoignit. Alors qu'il allait vers elle, elle tendit sa jambe pour l'arrêter, son pied avait atteint la poitrine du caméléon. Ce dernier en profita pour pratiquer un massage de ses orteils.
« Oh, Jarod, je suis désolée, mais ceci est strictement interdit pour toi. Tu sais bien que tu es allergique à ces petites tentatrices. Je suppose que tu peux toujours te consoler avec ces petites choses.
- Ah, les joies de la privation ! C'est bien, c'est ce que je préfère de toute façon. Moins risqué pour mon système immunitaire.
- Attention, tu devrais te méfier.
- Ah, Mlle Parker, tu veux donc jouer à me tenter. C'est dangereux. Tu pourrais perdre voire même le regretter. Toutefois, je relève le défi ! il lâcha le pied et sauta sur le matelas s'installant à côté d'elle.
- Vraiment ? Dans ce cas…
Elle se mit à califourchon sur le caméléon, se penchant juste au-dessus de lui. Elle attrapa un raisin blanc assez juteux entre ses doigts, le portant doucement vers le palais fin et goûteux de Jarod. Avec un air espiègle dans les yeux et le sourire trompeur, elle le retira au dernier moment, le remplaçant par un doux et léger baiser sur ses lèvres. Elle se redressa.
- Voilà, un délice sucré et naturel, sans danger pour toi, mon petit génie. Ça te plaît ?
- Je dois avouer que c'est une torture plutôt agréable.
- Plus agréable que la saveur de ce fruit ?
- Tu es exquise.
- Alors on continue ? lui murmura-t-elle à l'oreille.
- Oh, tu veux jouer à ça, Parker ? Très bien, je suis prêt à me battre à armes égales.
Jarod, un brin frustré, mais toujours amusé par la situation, se saisit à son tour d'un raisin, l'approchant très lentement des lèvres de la Miss, mais au lieu de le lui donner, il le fit glisser rapidement au fond de sa gorge, la narguant du regard.
- Et voilà, à moi le raisin succulent, sucré et délectable !
- Oh, tu es un tricheur, Jarod ! Mais ne t'inquiète pas, je vais prendre ma revanche ! Si tu les veux, tu devras trouver un moyen de les mériter !
- Tu es incorrigible, Parker. Allons-y, je suis partant ! il s'agrippa à la taille de la jeune femme.
Elle en prit un autre, le déposa sensuellement dans sa bouche et s'avança, à peine, vers Jarod pour un autre baiser. Juste avant qu'il ne puisse le goûter, elle le retira d'un geste vif, éclatant de rire. Puis elle recommença. Cette fois-ci, elle lui offrit le raisin, permettant à leurs lèvres de se rencontrer et de savourer la douceur du fruit.
- Alors, est-ce que ça te rend fou, Jarod ? La combinaison de baisers et de raisins te fait perdre la tête ?
- Oh, complètement fou, Parker. Tu sais comment exciter un homme, toi !
- Non, toi. Juste toi.
- Tu joues avec mes émotions, Parker. Tu es très très vilaine !
- C'est juste une façon de te montrer combien je te désire, Jarod.
- Ah oui Parker, tu me désires ? Hmm. C'est excellent ! Alors, je t'en prie, continue ! »
Et ainsi leur petite activité amoureuse quoique assez plaisante et coquine se poursuivait entre baisers, dégustation et éclats de rire, et ce, jusqu'à la dernière grappe. Le plateau de friandises restait à portée de main, mais c'était le plaisir du jeu et de la séduction qui était leur vrai festin.
Deux heures après. Mlle Parker, sortie de la salle de bain, déjà habillée. Elle était préoccupée par les sujets dont ils n'avaient pas encore discuté. Assise sur le bord du lit, elle tourna la tête vers lui, rencontrant son regard chaleureux. Un demi-sourire sur son visage. Elle était avide de connaître les détails sur le retour de Margaret auprès de sa famille, un moment qu'elle avait attendu depuis, selon elle, toute une vie. Son cœur battait plus fort alors qu'elle rassemblait son courage pour poser la question tant redoutée.
« Jarod, je suis curieuse de savoir comment ça s'est passé avec Margaret. Qu'as-tu appris ? Raconte-moi. Je veux tout savoir !
- J'étais soulagé et heureux de la savoir saine et sauve et en sécurité. Elle est de nouveau avec les siens et pour moi, c'est tout ce qui compte. Pour être honnête avec toi, pour l'instant, nous avons décidé d'apprendre à nous connaître tous ensemble.
- Elle ne t'a rien dit sur ma mère ?
- Non, je suis désolé. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais entendre. Je crois qu'elle ne se sent pas encore prête à tout nous raconter, mais cela ne signifie pas que nous ne trouverons pas les réponses que tu cherches. Je te promets que le moment venu, on les aura tous les deux, il l'embrassa, une manière pour lui de la rassurer.
- Jarod, te rends tu compte que tu as la vérité sous tes yeux. Et que tu la laisses encore une fois s'échapper. Qu'arrivera-t-il si jamais, Margaret décidait de fuir à nouveau ? Es-tu prêt à prendre ce risque ?
- Non, bien sûr que non. Que voudrais-tu que je fasse ? Que je la brusque au risque qu'elle se ferme à la communication ?
- Margaret... Elle sait des choses, j'en suis certaine ! Elle doit savoir ce qui est arrivé à maman, si elle est toujours en vie... Je sais qu'elle détient ce DSA ! Je le sens, Jarod, je le sens au plus profond de moi.»
Elle s'était levée puis éloignée de lui fouillant dans son sac à main de luxe pour en ressortir une enveloppe qu'elle posa avec grâce devant Jarod. Elle avait le visage qui avait repris son sérieux, mais son exaltation était toujours présente. Le caméléon se saisit alors de la lettre, vieillie, jaunie par les années. « Jarod, lit. C'est celle de ma mère. » Il acquiesça, prenant le papier entre ses doigts, remarquant la calligraphie élégante et soignée de Catherine. Son cœur battait la chamade tandis qu'il commençait à lire les mots qui y étaient écrits. Mlle Parker, elle, observait attentivement les réactions de Jarod alors qu'il continuait sa lecture. Son regard parcourait chacune des lignes avec une concentration totale. Les yeux de Jarod s'écarquillèrent, une lueur d'étonnement traversa son regard. Mlle Parker était prise d'une bouffée de chaleur. Elle avait la sensation d'entendre les paroles de sa mère résonner en elle ou tout simplement qu'elle connaissait la lettre par cœur.
« Le DSA est avec ma mère. Mais comment ?
- Nos mères étaient amies, Jarod. Elles ont travaillé ensemble pour tenter de mettre fin aux agissements du Centre. Et apparemment, elles ont également partagé des informations importantes.
- Et son projet, tu sais en quoi il consiste exactement ? Ce n'est pas clair, il se gratta la tête.
- Si au contraire, c'est très clair pour moi. Elle a confiance en moi... En nous. Elle veut que nous achevions ce qu'elle a commencé, Jarod.
- Hum. C'est très intéressant ça. Ta mère écrit qu'elle a eu une vision de toi avec un petit garçon, selon elle ce serait ton fils.
- Non, non. Je crois qu'elle a dû confondre avec le petit Parker.
- Dans tous les cas, elle te voit avec lui et ça, ça veut dire que tu vas le retrouver. C'est très bon signe, Parker. Hum. Je regrette de devoir te dire ça, mais rien n'indique dans cette lettre que Catherine soit vivante.
- Ma mère est encore en vie, elle est là, quelque part, et bientôt, je la retrouverai. Après toutes ces années de mensonges, de doutes, et de souffrance... Je suis si proche d'elle, maintenant plus que jamais, je peux le sentir ! Rien ne pourra me retenir. Je suis prête à affronter toutes les vérités, aussi douloureuses soient-elles. À parcourir le monde si cela me permettait de la revoir.
- Calme tes ardeurs, Parker ! il la regardait faire des allers-retours dans la chambre.
- Jarod ! J'ai toujours cru qu'elle était morte et aujourd'hui, j'ai une petite chance de serrer à nouveau ma mère dans mes bras. Je ne vais certainement pas la laisser passer !
- Je t'en prie, ne t'emballe pas, tant que nous n'en saurons pas plus. Nous devons nous assurer de la véracité des informations avant de nous lancer tête baissée, il la rejoignit. Je ne veux pas que tu souffres inutilement si les choses ne se déroulaient pas comme tu l'espérais.
- Tu as raison, Jarod, comme toujours. Je dois garder les pieds sur terre, même si mon cœur bat à tout rompre d'espoir. Seulement, je ne peux pas m'empêcher de croire qu'elle est là et qu'elle m'attend. Je sais que c'est difficile à comprendre, mais fais moi confiance. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la retrouver, tu peux en être sûr.
- Oui. Bon, seulement ne te fais tout de même pas trop d'illusions, hein ? Tiens… Tiens… il relisait le papier une deuxième fois. Oui, en y réfléchissant bien… C'est peut-être possible. Non ! Ils n'auraient pas osé faire ça !
- Quoi ?
- Je voudrais que tu fasses quelque chose. Appelle Broots et demande-lui de vérifier les expériences menées au Centre de ces deux dernières années. Toutes les expériences, le clonage, la manipulation génétique, la transgénèse et autres. Demande-lui aussi de passer en revue tous les projets depuis la naissance du bébé jusqu'à aujourd'hui.
- Qu'est-ce que tu as en tête, Jarod ? Pourquoi cette soudaine envie de…
- Je voudrais m'assurer de quelque chose. Et j'espère sincèrement avoir tort.
- Non, je veux savoir maintenant !
- Je veux parler de la création d'un embryon à partir de mes gênes. Je ne te parle pas de clonage, mais de manipulation génétique.
- Quoi ? Tu es en train de me dire que ce bébé serait issu… D'une quoi ? D'une manipulation génétique ?
- C'est exactement ce que je dis, Parker. Ce que je ne sais pas en revanche, c'est pourquoi.
- Est-ce que tu te rends compte, Jarod, de ce que tu insinues ? Tu insinues que cet enfant serait ton… Que tu... Que tu serais son… Son… Non, je n'arrive même pas à le dire tellement, c'est inimaginable.
- Je n'ai pas toutes les réponses. Mais c'est une possibilité à ne pas exclure. Je veux simplement savoir la vérité, peu importe à quel point elle pourrait être déconcertante.
- Non... Non... Mon père ne serait pas allé jusqu'à là ! Tu ne peux pas insinuer ça, Jarod !
- Ils m'ont cloné, je te rappelle. Il est là-bas avec ma famille et il vit la vie que je n'ai jamais eue. Ton père, Raines, le Centre, ils n'ont aucune limite. Et moi, j'ai besoin de savoir, de connaître la vérité, même si elle est difficile à accepter. Cela pourrait expliquer tant de choses, Parker.
- Et si c'est vrai ? Si tu es le père de cet enfant, comment avons-nous pu être aussi aveugles ? J'ai été si stupide. Tellement naïve, elle secoua la tête.
- Ce n'est pas de ta faute ni de la mienne, Parker. Nous avons été manipulés depuis le tout début. Je vais prendre une douche, j'en ai besoin. Ça va aller ?
- Je crois que j'aurais préféré ne jamais savoir.
- Peut-être que je me trompe et qu'il est bel et bien mon clone, mais on doit savoir. Appelle Broots ! Appelle-le ! »
Mlle Parker, pendant que Jarod prenait sa douche, se décida à faire des recherches en utilisant l'ordinateur déjà allumé du caméléon. Elle s'installa sur le canapé du salon. La Miss était déterminée à connaître tous les détails sur les implications de ce procédé et sur ce que cela pourrait signifier pour elle et Jarod. Elle commença par une chose très simple : la définition exacte de ce qu'était bien évidemment la manipulation génétique. Après quelques minutes de navigation sur internet, Mlle Parker trouva des informations sur le sujet. Celle-ci était un ensemble de techniques permettant de modifier le matériel génétique d'un organisme vivant pouvant inclure la suppression, l'insertion ou la modification de gènes spécifiques. Différentes méthodes avancées étaient utilisées, telles que la recombinaison de l'ADN et la technique CRISPR-Cas9. Elle apprit également que la manipulation génétique avait plusieurs objectifs. Elle servait à comprendre le rôle des gènes dans le fonctionnement des organismes, à développer de nouvelles thérapies géniques pour traiter des maladies, à améliorer les caractéristiques des plantes et des animaux, ou encore à faire avancer la recherche scientifique dans divers domaines. Curieuse, la jeune femme consulta d'autres sites pour en comprendre les étapes de son processus. Tout d'abord, cela commençait par la collecte de matériel génétique, comme des échantillons de sang, de cellules ou de tissus. Ensuite, les gènes spécifiques étaient extraits, isolés puis analysés afin d'identifier les séquences génétiques à partir des échantillons d'ADN collectés. À partir de là, la modification génétique pouvait être réalisée en utilisant différentes méthodes, telles que l'insertion ou la suppression de gènes ciblés. Une fois les modifications effectuées, l'ADN modifié pouvait être amplifié si nécessaire. Enfin, les gènes combinés étaient introduits dans un ovule, et ce, par le biais de techniques de fécondation in-vitro. L'ovule ainsi fécondé contiendrait le matériel génétique combiné des deux "donneurs" formant ainsi un embryon génétiquement modifié. Pour terminer, Mlle Parker apprit que celui-ci était implanté dans l'utérus d'un être vivant, autrement dit une mère porteuse. Cette étape permettait à l'embryon de se développer et de se transformer en un fœtus en croissance jusqu'à la naissance. Celui-ci serait alors porteur des caractéristiques génétiquement modifiées. Ces informations l'inquiétaient de plus en plus. Mlle Parker, toujours devant l'ordinateur, poursuivait sa lecture. Mais quelles étaient les véritables intentions du Centre ? Pourquoi avoir eu recours à la manipulation génétique avancée pour concevoir un enfant ? Quels étaient leurs buts réels ? La première motivation, sûrement la plus probable et la plus évidente, était la création d'un enfant parfait. Le Centre aspirait à façonner un être possédant des traits génétiques idéaux, en utilisant les gènes de Jarod. Leur objectif était de donner naissance à un enfant doté d'une intelligence surhumaine, d'une mémoire eidétique, voire même de capacités physiques supérieures à celles de Jarod lui-même. En parallèle, le Centre cherchait à perfectionner une lignée de Caméléons visant à améliorer et à renforcer les caractéristiques de ces êtres exceptionnels, afin de créer une génération future encore plus puissante potentiellement en vue de constituer une armée de Caméléons à ses ordres. « Une armée de caméléons ??? Comme c'est intéressant ! » La recherche scientifique et l'expérimentation constituaient également des motivations essentielles pour l'organisation qui leur offrait un cobaye vivant, permettant d'étudier les effets de la modification génétique afin d'en explorer les possibilités et d'améliorer les capacités humaines. « Ce serait bien le style de Raines. » Ces découvertes aussi troublantes soient-elles secouaient Mlle Parker, réalisant l'étendue des dégâts, se souvenant d'une phrase prononcée par l'effroyable Monsieur Raines. « La manipulation des gènes, le clonage sont à la pointe de la technologie. Bienvenue dans le nouveau millénaire, Mlle Parker. » Qu'est-ce que cela engendrerait pour son amant ? Et si Jarod était véritablement le père de ce bébé, qui en serait alors la mère ? Les yeux de la jeune Miss baignaient dans les larmes tandis que Jarod, une serviette à la main sortait de la salle de bain, la regardant tristement. À ce moment-là, comme il regrettait de lui en avoir parlé.
