Eddie avait du mal à remonter la pente.

Quand ils étaient arrivés devant la maison de Buck, ils avaient remarqué que Christopher était attaché sur le sol du salon. Il avait suivi Athena silencieusement et avait détaché son fils, en le serrant contre lui.

Il avait entendu Buck dans sa chambre, supplier son mari de ne pas lui prendre son fils. Il avait quitté la maison le plus silencieusement possible sous le couvert d'Athena mais il y était retourné après l'avoir remis à Hen pour qu'elle l'examine.

Il ne pouvait pas abandonner Buck.

Il devait le sauver, le ramener avec lui, le protéger de son enfoiré de mari. Ne plus jamais le laisser s'approcher de lui. Athena lui avait jeté un regard de réprimande mais c'était plus fort que lui.

Lorsqu'il avait enfin vu Buck, il était à genoux devant son mari, qui tenait une arme sur sa tempe et il avait sentit son sang se glacer. Buck était en boxer et il ne voulait pas imaginer ce qu'il avait pu lui faire pendant les quelques heures où il l'avait enlevé.

Il avait essayé de le convaincre de ne pas lui faire de mal mais quand Doug avait menacé de le tuer, Buck l'avait mordu assez fort pour le faire relâcher sa prise. Il s'était jeté sur lui et c'était lui qui avait été touché. Athena avait riposté et Doug Kendall ne serait plus jamais un problème pour personne.

Buck était dans le coma depuis cinq jours.

Les médecins étaient incapables de se prononcer sur son état. Il avait pris la balle en plein dans le poumon et celui-ci s'était remplit de sang presque immédiatement.

Il avait codé deux fois le temps d'être emmené à l'hôpital.

Il avait fait son possible pour le stabiliser mais il avait dû laisser Hen et Chimney prendre le relai. Il n'avait confiance qu'en eux pour le maintenir en vie. Eddie n'était pas sûr que ça avait servi à quelque chose. Son activité cérébrale était presque nulle et le médecin leur avait conseillé de commencer à lui dire au revoir.

Il avait donc fait venir Christopher.

Il était conscient que son fils n'avait pas pu dire au revoir à sa mère et il ne voulait pas qu'il revive la même chose avec Buck. Il lui avait tenu la main et y avait glissé le porte-clé superman, en le remerciant de l'avoir sauvé et d'avoir sauvé son père. Puis, il lui avait ordonné de se réveiller parce que les héros ne pouvaient pas mourir.

Eddie en avait eu le cœur brisé.

Puis, un à un, tout le monde était venu lui rendre une dernière visite d'adieu. Athena était repartie en larmes, effondrée de ne pas avoir tenue sa promesse de le protéger. Eddie ne lui en voulait pas. Le seul contre qui il était en colère c'était lui-même.

Il aurait dû rester avec eux ce soir là et empêcher cet enfoiré de leur faire du mal.

- Je t'aimerai toute ma vie, souffla-t-il en caressant sa tâche de naissance caché sous l'hématome qui défigurait son beau visage. Merci d'avoir égayé nos vies, d'avoir remis le soleil dans notre ciel. J'aurais aimé avoir plus de temps.

Il se redressa, glissa sa main dans la sienne et déposa un baiser sur son front.

Il sursauta quand les doigts de Buck se refermèrent sur les siens. Il jeta un œil au médecin présent avec lui dans la chambre.

- Il a serré mes doigts, l'informa-t-il.

- Sûrement un réflexe.

- Et si c'était volontaire ?

- Il faudrait qu'il le refasse pour être sûr.

- Buck, c'est moi, c'est Eddie. Serre mes doigts s'il te plait.

Rien ne se passa pendant quelques secondes interminables et Eddie l'encouragea en caressant ses cheveux.

- Allez, Buck, s'il te plait.

- M. Diaz...

- Il l'a refait, affirma-t-il euphorique.

Cette fois, le médecin se pencha sur les moniteurs, les étudiant attentivement, relevant de l'activité là où il n'y en avait pas quelques minutes auparavant.

Très vite, la chambre bourdonna d'activité, médecins et infirmières s'affairant autour de son petit-ami. Mais Eddie refusa de lâcher sa main que Buck serrait de plus en plus souvent.

Le médecin prit la décision de retirer le tube de sa gorge et fut satisfait de voir que Buck pouvait respirer seul. Il le mit tout de même sous oxygène.

Puis, Buck ouvrit les yeux, et les referma.

Les heures suivantes furent remplies de plus ou moins de réveils. Tout le monde revint trainer dans la salle d'attente de l'hôpital. Il fallut une dizaine d'heures de plus pour que Buck reprennent vraiment conscience pour la première fois.

- Hey, souffla-t-il lorsqu'il l'aperçu.

- Hey, répondit-il soulagé entrecroisant ses doigts avec les siens.

- Comment va Christopher ?

- Il va bien. Il dort chez Bobby et Athena, qui ne fait qu'éternuer à cause de son allergie aux poils de chien mais il refuse catégoriquement de se séparer de Daisy. Il demande de tes nouvelles toutes les heures.

Un sourire à peine perceptible s'esquissa sur ses lèvres.

- Et toi ?

- Je vais bien.

- Je t'aime.

Il lutta pour ne pas éclater de nouveau en sanglots.

- Je t'aime aussi, Buck. Tellement

Ses paupières étaient lourdes, son regard embrumé.

- Est-ce qu'il est mort ?

- Il l'est, confirma Eddie.

Et Buck ressentit un pur soulagement l'envahir.

À mesure que la journée s'avançait, Buck s'exprimait de manière plus cohérente. Dans l'après-midi, il ne somnolait plus que par intermittence, et même s'il se plaignait d'une migraine atroce, il avait quasiment recouvré toute sa mémoire.

Sa capacité pulmonaire était plus inquiétante mais un scanner confirma que la lésion avait déjà bien guérit. Buck serait bientôt libéré de l'hôpital et Eddie en était soulagé.

Ils parlèrent longuement de ce qui s'était passé. Buck était confus, en colère et tellement désolé que Christopher ait faillit se faire tuer, qu'Eddie ait perdu sa maison...

- Où vas-tu vivre maintenant ?

- Je vais m'installer chez mon Abuela, le temps de retrouver quelque chose.

- Je suis désolé.

- Ce n'est pas de ta faute.

- Mais Doug a mis le feu à cause de moi, parce que je t'aime et qu'il voulait se venger et...

- Et ce n'est qu'une maison, Buck. Ce n'est pas pratique de ne plus l'avoir mais ce n'est pas important. Ça aurait pu être pire si vous aviez été à l'intérieur tous les deux.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?

- La reconstruire, je suppose.

- Je n'ai jamais voulu ça.

- Je sais Buck.

- Je voulais seulement recommencer, repartir de zéro, ne plus avoir peur. Je voulais qu'il me laisse tranquille.

- Je sais, Buck.

- Il va se passer quoi pour nous maintenant ? Après tout ce qui vient de se passer, je veux dire.

- Je suppose que ça dépend de toi.

- De moi ?

- Mes sentiments n'ont pas changé, Buck. Je t'aime toujours, mais à toi de savoir à présent où tu en es.

- Les miens n'ont pas changé non plus.

- Alors, on va trouver un moyen de surmonter tout ça ensemble, parce que je sais que je veux passer le reste de ma vie avec toi.

Buck pleura beaucoup après ça, puis il finit par s'endormir, en se pressant contre lui et Eddie s'endormit également, bercé par la respiration de plus en plus fluide du jeune homme.

Le lendemain, il passa par sa maison réduite à l'état de cendres.

Il avait tout perdu, toute sa vie, ses souvenirs mais ce n'était que matériel. Le plus important, c'était que son fils et son petit-ami n'aient pas été dans la maison quand l'incendie s'était déclaré.

C'était tout ce qui comptait.

Il fouilla les décombres de ce qu'avait été sa chambre et trouva son coffre-fort intact. Il l'ouvrit et découvrit tous ses papiers les plus important et tous ses souvenirs indemnes. Le dessin de Buck était roulé là, juste à côté des lettres de Shannon. C'était comme un signe.

Il était temps.