Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .

Résumé : Avec des si, on refait le monde. [Magnificent Century : Kösem – Recueil de : Et si ?]

Note de l'auteur : Cet écrit a été réalisé dans le cadre de l'atelier du Discord « Papotage, écriture, lecture et bonne humeur» du 29/12/2022. Soirée à Thèmes : Noël, Fêtes de fin d'année, hiver. N°4 : C'est arrivé un 29 décembre - 29/12/1721 : Naissance à Paris de Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour - Ecrivez une fic sur un personnage historique réel 1000 mots minimum

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de personnages historiques (02/50) + Osman II + Scorpion : Osman II + Prénom 202 : Osman + Personnage historique du 16/12/20222 au 23/12/2022 : Osman II dit Genç Osman (1604-1622, règne de 1617 à 1622) + Et si 1682 : Et si... Mehmed & Osman s'entendaient (Magnificent Century : Kösem) + Préjugé 246 : On s'entend forcément mieux avec son vrai.e frère/soeur qu'avec son demi-frère/demi-soeur + Quatre aspects de... Franz (L'impératrice) ¼ : Roi : écrire sur Louis XIV ou sur quelqu'un qui a du pouvoir + Baiser 620 : Un baiser d'un sultan

Le multiverse du sultanat

Et si Mehmed et Osman s'étaient bien entendus ?

A dire vrai, ils sont si proches, si fusionnels, qu'on dirait des jumeaux. Il faut dire qu'ils ne sont séparés que de quatre mois. La vérité entourant la mère biologique d'Osman n'a rien changé : en fait, cela a peut-être même rapproché encore plus les demi-frères. Du jour où Mehmed l'a su, du haut de ses cinq ans et jusqu'à aujourd'hui, sans jamais manquer à cette mission qu'il s'est imposé, il s'est fait un devoir de faire sentir à son frère aîné que cela ne changeait rien.

Ils n'ont pas la même mère.

Eh bien, leur grand-père, Mehmed III, avait pléthore de frères et ils ne partageaient pas tous la même maman !

Leur ancêtre, le sultan Soliman I, avait eu Mustafa de Mahidevran et Cihangir de Hürrem. Les deux demi-frères s'adoraient malgré cette différence maternelle.

Sa première maman est morte à cause de renégats.

Leur maman l'a pris sous son aile, mis son berceau à côté de celui de son premier bébé, l'a nourri à son sein.

Ils ne partagent pas le même sang complètement, d'accord, mais ils ont bu le même lait. Ca compense.

Ils sont le meilleur ami de l'autre, même si Mehmed a un grief contre Osman :

Qu'il arrête de s'effacer !

Ce n'est pas de sa faute si c'est un garçon brillant, intelligent, naturellement doué ! Il a tendance à se faire petit de peur qu'on ne reconnaisse pas les qualités de ses adelphes.

Oui, il est rare de voir le sehzade Osman sans son frère, le sehzade Mehmed. Très rare. Et leur entente fait chaud au cœur. L'exemple de leur fraternité le plus récent date de l'arrivée de Meleksima :

C'est une jeune esclave secourue par le fils aîné du sultan et la sultane Kösem l'a autorisée à rester. Comme Osman a payé le marchand pour éviter l'esclandre, elle est techniquement son esclave, même s'il préfère dire concubine : moins connoté. Il s'est avéré que Mehmed avait un béguin pour la jeune fille, béguin partagé par son aîné. Mais quand leur mère a envoyé Meleksima auprès d'Osman pour le premier halvet de sa vie de jeune prince, il ne l'a pas touchée, ne voulant pas briser la confiance d'un frère qui lui avait ouvert son cœur. Ayse, leur sœur, a cru qu'Osman avait pris Meleksima.

Mehmed n'a pas cru sa cadette.

-Jamais Osman ne ferait ça.

Ils ont parlé, Mehmed a cru les paroles de son frère et il a appris par leur mère la vérité sur Meleksima. Il a eu mal, oui. Et Osman, pour le soulager de sa peine, avait même proposé qu'il ne voit pas la nouvelle arrivante tant que son cœur ne serait pas remis.

-Tu me ferais bien plus de peine. Profite. Passe du temps avec elle. Je serai son ami, ce sera déjà bien !

Le halvet n'est toujours pas consommé, peut-être parce que le prince ne se sent pas prêt mais au moins, il y a un poids en moins.


Le premier acte d'Osman en tant que sultan, ça a été de nommer Mehmed chef des janissaires. Il aurait voulu l'avoir à son conseil mais il sait combien le corps de l'armée admire et respecte son frère. Et s'il veut mener à bien certaines réformes de l'armée, il aura besoin de son soutien. Son adelphe est au courant : il ne lui a rien caché pendant leur temps enfermés dans les kafes. Trois mois pendant lesquels ils ont pleuré leur père, ils ont protégé leurs plus jeunes frères, où ils ont craint pour leur propre vie aussi.

Ils l'appellent tous « Genç Osman ». Osman le Jeune. Il n'a, après tout, que quatorze ans et il est le padichah du monde.

Il se demande si Mehmed n'aurait pas dû monter sur le trône à sa place : Mehmed n'est pas aussi timide. Il comprend mieux les relations de cour, les nœuds de complot. Meleksima dit qu'il sera un grand sultan qui marquera l'histoire de son empire, le nouveau Soliman. Lui, alors qu'il a ceint la couronne, il a peur et a le sentiment qu'un gouffre s'est ouvert à ses pieds. Tout comme il sent les bras qui le retiennent : la femme qu'il aime, son presque jumeau, leur mère.

Il y a une chose à faire avant toute nouvelle loi :

Révoquer celle du fratricide.

Leur père a « pardonné » la vie de son frère et, malgré les divers complots, a vu des signes du Ciel lui indiquant qu'il devait l'épargner. Les kafes sont une prison dorée mais il ne peut pas lui reprocher d'avoir voulu honorer la promesse de son frère Mahmud, tué par leur père, de préserver Mustafa, de tâtonner dans ce projet gargantuesque d'abolir une règle aussi ancienne et désormais inscrite dans les mœurs. Il a fait avec ce qu'il a pu et il a pavé le chemin vers l'idée que cela puisse être autrement.

Lui, il ne se voit pas mettre à mort l'un de ses frères. Il les aime tous et jamais l'un d'eux ne le trahirait.

Mais s'il venait à avoir deux fils ?

Que ces deux fils se détesteraient ?

L'un d'eux prendrait sa suite et l'autre périrait sous le lasso.

Mehmed et lui ont eu la chance de s'entendre malgré le poison de cette épée de Damoclès gouttant au-dessus de leurs têtes.

Quid des concubines qui ont eu le malheur d'être fertiles et de mettre au monde un garçon ? Elles vivent dans l'angoisse de cette succession. Une bonne partie des guerres entre les femmes du harem, c'est à cause de cette loi. Combien de favorites se sont donné la mort suite au meurtre de leur enfant ?

Non, ce texte est une horreur.

Plus aucun prince ne périra pour le simple fait de ne pas avoir pris le trône.

Un prince périra s'il trahit son sultan, si sa trahison est réelle, avérée, avec un vrai procès.


-Papa !

Osman sourit alors qu'Ömer se précipite dans ses bras. Il le soulève, embrasse sa joue. Dans les appartements de Meleksima, Mustafa et Zeynep jouent sagement avec leur oncle Mehmed. La jeune femme s'est sentie mal et il s'est proposé de veiller sur eux, prétextant qu'il ne passait pas assez de temps avec les enfants de son frère.

Les jumeaux...

Qui auraient pu être d'une autre femme.

Lors de l'hiver glacial de 1621, alors qu'il arpentait les rues grimé pour qu'on ne le reconnaisse pas, il avait rencontré une certaine Akile, avait ressenti une connexion. Les gens pensaient que le sultan se fichait de leur sort, que ce froid mortel était une punition du ciel pour dire au jeune souverain que révoquer la loi du fratricide était une erreur.

Akile est une femme libre.

Elle ne peut pas être une concubine.

Et Mehmed a déconseillé à son frère de l'épouser: Meleksima aurait compris, elle comprend toujours et ne veut que son bonheur. Mais ce mariage aurait déstabilisé l'ordre du harem. Il n'aurait pas été populaire parmi le peuple non plus. Et si Akile est certainement admirable, cette connexion n'est-elle pas due, au-delà de leurs qualités communes, au fait qu'elle a été la première en dehors du palais, la première de ses sujets, à lui demander pardon quand elle a réalisé son erreur ?

Il s'en est ensuite voulu : c'était trahir la femme qu'il aime.

Meleksima, évidemment, a compris et lui a « pardonné » même si, à ses yeux, il n'y avait rien à pardonner car une pensée n'est qu'une pensée.

D'ailleurs, une idée lui vient à l'esprit mais il la laissera maturer :

Avant de mourir, Ahmed avait épousé Kösem.

Le sultan Soliman, son ancêtre, avait libéré sa favorite, Hürrem, et l'avait épousée.

Il voudrait faire pareil.

Libérer Meleksima.

L'épouser.

Il sait que Mehmed le soutiendra : en fait, peut-être même l'a-t-il en tête depuis plus longtemps que lui.

-Comment les janissaires ont pris l'idée de réforme ?

Mehmed joue les intermédiaires : il lui a clairement indiqué qu'une réforme en force le mènerait à la ruine. C'est un travail long, fastidieux, qui ne s'achèvera peut-être pas de leur vivant mais il faut le faire avec les janissaires et non contre eux : s'il comprend l'idée de l'absolutisme à la française, ici, cela ne passerait pas. Ils sont encore trop ancrés dans le passé, c'est pour cela que l'Empire s'effrite.

-Étonnamment, l'idée des réunions et des conseils a été bien reçue.

-Ils ont dit oui parce que c'est toi. Moi, ils m'auraient mis sur un âne en plein cagnard, sans chaussures, dans mes dessous et sans turban.

Meleksima arrive, elle salue son royal amant et son frère.

-Comment te sens-tu ? Lui demande Osman

-Mieux, même si je dois me reposer.

-Qu'as-tu ? S'enquiert Mehmed

Un sourire, un rapide coup d'oeil vers un ventre appelé à poindre et ils comprennent tous les deux très vite. Le prince l'avoue : il est un peu jaloux. Non pas du bonheur de son aîné : il le mérite ! C'est juste que lui aussi, il a hâte d'avoir un enfant bien à lui.

Ca viendra.

En attendant, il a ses neveux, sa nièce et ils sont son monde entier.


En 2022, les historiens actuels estiment que si l'empire ottoman existe encore de nos jours, c'est grâce à la collaboration étroite entre le sultan Osman II, dit Genç Osman, et son frère, le sehzade Mehmed.

Ensemble, ils ont aboli la loi du fratricide royal.

Ils ont peu à peu réformé le système corrompu des janissaires, l'ont modernisé et si cela a été achevé sous le règne d'Ömer I, le travail était largement accompli par le duo turc.

La bataille de Khotyn a servi de leçon au jeune sultan, lequel a pu, par la suite, réaliser le rêve de son ancêtre Soliman : un siège sur Vienne, suivi d'une victoire éclatante, même si cette partie du royaume sera perdue deux cents ans plus tard.

Les princes qui n'ont pas pris le trône étaient envoyés comme gouverneurs dans les différents sanjaks, servant d'ambassadeurs royaux, puis assistant leurs neveux qui venaient y apprendre l'art du gouvernement.

Leurs efforts constants ont sorti l'empire de son enlisement, lui ont redonné un véritable essor.

Osman et Mehmed sont de nos jours connus comme «les Sauveurs » de la grande Turquie.

Leur fraternité profonde inspire encore de nombreuses œuvres.

FIN