7. Souffrances
Les voitures rôdaient furtivement à travers le parking de Mam Tor à la recherche de la plus élusive des proies, une place de stationnement. À l'abri dans leurs boîtes de métal, les chasseurs nous regardaient d'un mauvais œil, James et moi, chevaucher avec assurance la Tiger qui ronronnait, glissant tranquillement à côté d'eux. Je savais qu'essayer de prendre une place de parking avant l'un d'eux serait un geste incendiaire, mais heureusement ce ne fut pas nécessaire.
James repéra un espace et le prit. Faisant se faufiler Tigre entre deux voitures mal garées, nous tressautâmes sur l'herbe pour venir nous arrêter sous un vieil hêtre noueux. Aucun conducteur n'aurait possiblement pu se garer entre les racines où nous nous étions parqués, mais cela n'empêcha pas notre audience d'être ennuyé par la facilité avec laquelle nous avions trouvé un endroit où nous arrêter.
"Tu penses que c'est sans danger de laisser la moto ici ?" demandais-je en descendant.
James hocha la tête. "Personne ne la touchera," m'assura-t-il en caressant le réservoir.
Ce ne fut que lorsque je tendis mon casque à James que je réalisais que je n'étais pas équipée pour marcher, et lui non-plus. Nous n'avions rien apporté avec nous nous n'avions ni imperméables ni réserve d'eau, et aucun de nous n'était équipé pour marcher. Alors qu'il fixait nos casques à la moto, je consultais brièvement mon téléphone. L'appli météo de la BBC m'informa qu'il n'y avait aucune précipitation de prévue et que le ciel resterait dégagé pour le reste de la journée. Me rassurant en me disant que ce n'était qu'une randonnée courte et facile, et une que je connaissais, je chassais bêtement mes craintes.
La première fois que je m'étais tenue au sommet de Mam Tor, c'était durant les vacances de Pâques de ma première année. Cela avait été une journée mémorable ce fut-là que Brad et Corrine admirent finalement ce que le reste d'entre nous suspectait depuis les vacances de Noël, qu'ils étaient en couple. Les marches de pierre menant hors du parking étaient bien entretenues et l'accès impossible à rater.
Le chemin était bien plus fréquenté que je ne l'avais vu auparavant, mais je ne l'avais jamais visité qu'en milieu de semaine à Pâques. J'aurais dû me douter que l'endroit serait plus animé par un samedi ensoleillé de septembre. Alors que nous montions tranquillement les marches, les souvenirs de mes deux visites précédentes inondèrent mon esprit et je me surpris à les raconter à James.
"La vue du sommet est incroyable," commençais-je.
"Tu as déjà fait cette randonnée ?" demanda James. Il semblait un peu déçu.
"Deux fois," lui dis-je. "La première fois c'était à Pâques il y a deux ans. Ça m'a presque pris toute ma première année, mais j'ai finalement réussi à persuader mes amis de venir marcher dans le Peak District avec moi. C'est tous des citadins, donc ils n'étaient pas enthousiastes. J'ai trouvé un dortoir près d'Edale qui pouvait nous accueillir tous les huit pour une nuit. Corrine et Phil ont tous les deux des voitures, donc venir jusqu'ici a été facile. Je ne suis pas sûre de ce qu'on fera l'année prochaine. Bessie – la voiture de Corrine – a rendu l'âme juste après notre retour du second voyage. On a fait une veillée funèbre… mais c'est une autre histoire. Où en étais-je ?"
"Pâques il y a deux ans."
"Ouais, la première visite !" Je souris en me remémorant. "C'était une seule nuit, mais on a passé un super moment et on a tous juré de le refaire l'année d'après, comme une sorte de retrouvailles pour C7."
"C7 ?" demanda James. "Et qui est Phil ?" Sa voix était prudemment neutre lorsqu'il ajouta la seconde question.
"C7 était notre appartement sur le campus, pour notre première année," expliquais-je. "On était huit on est arrivé de tout le pays et on était supposés partager une cuisine et un salon. On s'est rencontré pour la première fois quand on est arrivé pour la semaine d'accueil des nouveaux, mais on est devenus bons amis avant que la semaine soit finie. Ce sont des gens bien, James, tous autant qu'ils sont. J'ai eu de la chance, des tas de gens ne s'entendent pas avec leurs colocataires, mais on a juste cliqué, tous les huit. Il y avait quatre filles : moi, Vicki, Corrine et Alex, et quatre garçons : Brad, George, Phil et Alex."
"Deux Alex," observa James.
"Ouais. On a proposé Lexie et Xander, mais ils ne voulaient pas. Ils étaient tous les deux Alex quand ils sont arrivés et aucun d'eux n'était prêt à répondre à autre chose, donc on a abandonné." Je m'interrompis et admirais le paysage. Nous étions déjà montés bien au-dessus des arbres du parking et la Vallée de Hope s'étendait au loin vers l'est.
"On savait que quelque chose n'allait pas avec Alex – Garçon Alex – quand on est venu ici les premières vacances de Pâques," poursuivis-je. "Il était très silencieux, ce qui n'était pas son genre, mais il ne voulait pas nous dire ce qui n'allait pas. Il s'est avéré qu'il n'allait plus en cours et qu'il ne rendait plus ses devoirs. C'est un peu triste, vraiment. Je l'aimais bien."
"Je peux voir ça," observa James.
"Évidemment, il a raté sa première année et ça a été terminé. Il est retourné à Hemel Hempstead. Je… On a essayé de garder le contact, mais il a arrêté de nous parler… honteux, probablement. On lui a envoyé une invitation à venir à Pâques dernier, mais il n'a même pas répondu. Donc maintenant il n'y a qu'une seule Alex."
"Et tu partages un appartement avec Vicki. C'est la même Vicki ?"
"La seule et unique, ouais." Je hochais la tête. "Trouver un appartement pour sept était impossible et, quand les parents de Phil ont acheté une maison avec trois chambres à Crosspool, il nous a proposé en premier les chambres libres. Corrine et Alex étaient ses premiers choix et ils ont dit oui et emménagés avec lui. Ensuite, Vicki a trouvé un appartement à deux chambres et elle m'a demandé si j'aimerais emménager avec elle. Je pense qu'Alex aurait été son premier choix j'étais sa seule options, à vrai dire. Brad et George étaient hors du coup parce que ses parents sont très vieux jeu. Ils étaient un peu anxieux qu'elle soit dans un logement mixte pour sa première année, même si nos chambres avaient des serrures. Bien sûr, Brad et George n'ont pas réussi à s'y prendre correctement à temps et ont fini par emménager avec deux amis du cours d'études climatiques de George. Mais même si on ne vit désormais plus ensemble, on est toujours C7."
"Donc tu les vois toujours tous ?" demanda James alors que nous poursuivions notre ascension. "À part ce gars Alex, évidemment."
"Ouais." Je m'interrompis et laissais ma culpabilité me tomber dessus. "Enfin, oui et non. Je les ai ignorés pas mal l'année dernière, mais ça va changer. J'étais à mon premier jeudi repas à emporter la semaine dernière. C'est une tradition de C7 et je ne vais pas en rater d'autre !"
"Très bonne chose pour toi," me dit James. Un mouton s'aventura sur le chemin devant nous.
"Jusqu'à ce que je les traine ici, ces premières vacances de Pâques, Phil et Vicki n'avaient jamais vu de ces trucs-là," observais-je en pointant le mouton du doigt. "Vicki était un peu effrayée par le fait qu'il n'y avait pas de clôture entre eux et nous. Elle a demandé ce que c'était et si c'était dangereux."
"Non." James secoua la tête, incrédule.
"C'est vrai," dis-je. "Évidemment, les autres se sont moqués d'elle et lui ont dit que ce n'était qu'un mouton. Sauf moi, évidemment, j'ai dit que c'était un Gritstone du Derbyshire et ils ont tous commencé à se payer ma tête à la place."
"Ton grand-père élevait des moutons," se souvint James.
"Ouais, mais les étudiantes en droit ne sont pas censées être capable de différencier un Cheviot et une Border Leicester. Ils pensaient tous que j'étais folle." Je fis tourner mon doigt à côté de ma tempe.
"Tout le monde pense aussi que je suis fou," me dit James.
"On est revenu ici à Pâques dernier. Enfin, comme je l'ai dit, tout le monde sauf Alex-garçon. J'ai réservé deux nuits, pas une, et pendant notre dernière nuit on a pas mal picolé et on s'est tous promis de le refaire l'année prochaine." Tout en parlant, je repensais à la conversation à Pâques. "J'ai dit que quelqu'un d'autre devrait l'organiser," admis-je honteusement, me perdant dans mes souvenirs.
Nous étions assis dans le dortoir le second soir nous avions commencé avec des bières, vidé trois bouteilles de Merlot Chilien (C'était une promotion, trois pour le prix de deux) et une bouteille de Laphroaig. Nous en étions finalement arrivés au Mezcal de George. Il avait même acheté des oranges fraiches et du sal de gusano pour que nous puissions faire les choses correctement.
Nous avions passé la journée entière dans les collines, et étions revenus pour l'un des fabuleux curry maison de Vicki. Tout le monde était repu et heureux et très enthousiaste à l'idée de faire de ces virées en dortoir un truc annuel. Tout le monde, cela dit, sauf moi. J'avais été récalcitrante à m'engager. Malgré le fait que j'avais organisé le voyage, je n'y avais assisté que parce que Simon partait à Kos avec ses amis.
Parce que Simon allait à Kos avec ses amis !
Je fus soudainement furieuse envers moi-même. Pendant que j'avais éludé et vacillé en essayant de retarder toute décision concernant ma présence l'année suivante, Simon avait – je le savais désormais – été voir ailleurs à Kos. Non seulement il avait été infidèle, mais quand il était rentré il avait été paranoïaque de ce que j'avais fait. Sur le moment j'avais trouvé sa jalousie mignonne ! Je l'avais même rassuré. "Brad est avec Corrine, Phil est gay, et George ? Gentil garçon, mais aucune chance ! Il ne fait que cinq centimètres de plus que Vicki," lui avais-je dit. Pourquoi avais-je trouvé ses questions flatteuses ? Pourquoi n'avais-je pas réalisé que la raison pour laquelle il ne me faisait pas confiance était parce qu'il supposait que j'avais saisi l'opportunité de se comporter comme il l'avait fait ?
"Merde," dis-je. Mon cœur battait à tout rompre et mon pied droit commençait à me faire mal je ralentis à mon rythme habituel.
Mon agacement m'avait rendu silencieuse et m'avait fait accélérer. Je fronçais les sourcils et me poussait physiquement de nouveau. Comme ma séance à la piscine, c'était comme si j'essayais de me distancer physiquement de mon passé. James n'avait rien dit. Il était simplement resté à mon niveau, me laissant marcher pour passer mes nerfs. Jetant un coup d'œil vers lui, je surpris son expression inquiète.
"Désolée," dis-je. "Annie est encore dans une de ses rages."
"Quelque chose l'a déclenché," observa-t-il doucement. "Tu as arrêté de parler et ensuite tu as détalé comme un lièvre. Tu as fait peur à ce mouton Gritstone." Il sourit. "Je ne pense pas que ce soit quelque chose que j'ai fait, pas cette fois."
"Pas cette fois," approuvais-je.
"Quoi que c'était, tu n'as pas à m'en parler, Annie, si tu ne veux pas le faire."
Ce fut tout l'encouragement dont j'avais besoin. Je m'arrêtais, lui faisais face et commençait une nouvelle diatribe épique et pleine de jurons contre mon ex. James se contenta d'écouter et de hocher la tête en compréhension. Quand j'arrivais enfin à bout de souffle, il prit ma main et la pressa avec sympathie.
"Tu te sens mieux ?" demanda-t-il.
"Ouais, merci."
"Génial, alors, on va conquérir l'Everest ou pas ?" Il indiqua du doigt le sommet qui était tout juste visible devant nous.
"Ouaip."
Nous continuâmes à monter en silence et avions presque atteint le sommet quand je remarquais que James et moi nous tenions toujours la main. Je me dégageais de lui et regrettais aussitôt de l'avoir fait.
Bien que le point culminant soit encore à quelques centaines de mètres, nous étions déjà entourés par la vue. Regardant autour, mon esprit remonta à nouveau plus loin dans le passé, à Drakeshaugh, à ma première ascension de la Drakestone.
Al et Rosie étaient plus grands que moi et avaient choisi la voie je les suivais de près. James et Henry, qui étaient derrière moi pour aider Lilylou et Hugo, me criaient des encouragements. J'étais presque arrivée tout en haut quand je me retrouvais coincée. Al s'allongea sur le haut de la pierre et me tendit la main, mais je la refusais.
"Laisse Al t'aider, Annie," ordonna Henry.
""J'vais l'faire toute seule !" criais-je en retour avec entêtement.
"Laisse juste…"
Quoi qu'Henry ait été sur le point de dire fut interrompu par James. "Va à gauche, Annie, sur cette petite arête," suggéra-t-il. "C'est plus simple d'arriver en haut de là."
C'était un bon conseil. Les prises pour les mains étaient meilleures et la paroi moins verticale. En quelques instants je me hissais sur mes pieds aux côtés d'Al et Rosie.
"Ouais !" hurlais-je. "J'l'ai fait, toute seule. Je peux voir à des kilomètres !"
Henry, James, Lily et Hugo nous rejoignîmes bientôt au sommet. Hugo accepta d'être aidé par mais Lily, comme moi, insista pour y arriver sans assistance.
"On a conquéri l'Everest !" annonça James.
"Ev'rest ?" demanda Lily.
"La plus grosse montagne du monde entier," dit Henry.
"La plus haute," le corrigea Rosie.
"Même chose," dit Henry.
"Non…" commença Rosie. Nous reconnûmes tous les signes.
"Ce n'est pas grave, Rosie," dit Al, coupant hâtivement sa cousine avant qu'elle ne puisse expliquer laborieusement la différence entre gros et haut. "Où est le drapeau ?"
"Ici." Henry sortit le petit drapeau, qu'il avait enroulé autour de son mat en plastique, de sa ceinture. "Les Sept de Drakeshaugh ont conquéri la pierre ! Où est-ce que je peux le mettre ?" Il regarda autour de lui.
Nous choisîmes finalement d'enfoncer de force le bâton dans une fine fissure. Il ne voulait pas tenir en place, mais en grattant soigneusement la mousse et les gravillons, nous parvînmes à le faire tenir presque droit.
"Super vue," observa James alors que nous approchions du sommet très peuplé.
Les dalles de pierre rendaient cette randonnée simple pour tout le monde, en particulier pour des citadins comme mes colocataires. Alors que je regardais aux alentours, je remarquais que bien que certaines personnes au sommet portent des équipements de marche, la majorité n'en avait pas. Nous ne déparions pas. Heureuse, je regardais vers les collines et souris. Il y a quelque chose de spécial à atteindre le sommet et, à cet instant, tout allait bien dans le monde.
"C'est vrai," approuvais-je. "On a conquéri l'Everest, Jamie, j'espère que tu as pensé à apporter le drapeau."
Son expression confuse ne dura guère plus d'une seconde. Secouant la tête, il rit. "La conquête de la Drakestone !" dit-il. "Apporter le drapeau a toujours été un boulot pour les Charlton. C'est les Northumbriens, je suis juste l'intrus."
"Bonne excuse," lui dis-je.
Le panorama depuis Mam Tor est, je l'avoue, l'un des plus beaux du Peak District. Tandis que nous contemplions tous les deux le lointain, je m'appuyais contre lui il s'appuya en retour pour créer un support mutuel.
Épaule contre épaule, nous profitâmes de la vue et j'oubliais tout le reste. J'étais au sommet mes problèmes, comme le monde autour, était en dessous de moi. Je regardais vers les collines et les vallées des terres vertes et plaisantes d'Angleterre. J'entendis les murmures des autres randonneurs, les bêlements des moutons et la respiration posée de James. Je sentais son épaule contre la mienne alors que nous nous supportions sans nous tenir. Je sentais l'air, frais et doux, rendu plus intéressant par l'infime odeur de cuir de la veste de James.
James et moi nous tînmes silencieusement durant l'une de ces éternités qui ne durent qu'un instant. Des millénaires ou quelques microsecondes plus tard, cela se termina.
Alors que je sortais de ma rêverie, je repérais le château de Peveril sur une colline lointaine et l'indiquais du doigt. Après plusieurs minutes à déambuler au sommet, nous poursuivîmes notre ballade, empruntant le chemin qui contournait la crête en direction de Hollins Cross. Mes problèmes débutèrent quand nous fûmes à mi-chemin. Je pouvais sentir le dessous de mon pied frotter dans ma botte, mais il n'y avait rien que je puisse y faire.
Nous ne marchions pas vite et nous faisions des arrêts fréquents pour profiter de la vue, je parvins donc à masquer mon inconfort croissant à James. En atteignant Collins Cross, nous nous trouvions à cheval entre les collines et profitions de la vue vers l'ouest. Elle disparut lorsque nous tournâmes à lest et nous dirigeâmes vers le bas de la crête en direction de la caverne de Blue John. Descendre était bien pire pour mon pied, mais en restant légèrement derrière James, je parvins à dissimuler mon boitillement de plus en plus prononcé pendant une bonne partie du chemin. Mais quand nous arrivâmes à la route de la Caverne de la Falaise de Treak, il le remarqua.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?" demanda-t-il.
"Rien, je vais bien," mentis-je.
Il baissa les yeux vers mon pied droit et secoua la tête. "Quel est le problème, demanda-t-il. "Une ampoule ?"
Je hochais à contrecœur la tête en admission. J'avais porté mes bottes de moto pour marcher. J'avais su avant de partir que je n'étais pas équipée pour marcher c'était stupide de l'avoir fait et j'en payais le prix.
"C'est grave comment ?"
"C'est douloureux," admis-je. "Mais je vais pouvoir faire avec. C'est de ma faute. Je savais que nous allions marcher. Au lieu de porter celles-là, j'aurais dû dénicher mes chaussettes de marche et mes Scarpa." Tout en parlant, une autre révélation me frappa et je fronçais les sourcils.
"Tu ne peux pas, parce que tu as laissé tes chaussures à Lintzgarth, parce qu'il n'a jamais été intéressé par aller marcher où que ce soit," supposa James.
Il avait raison, mais je ne le confirmais pas. Il avait une expression sérieuse sur le visage tandis qu'il baissait les yeux vers moi. Curieusement, il parvint à me faire m'attendre à une leçon de morale à la Simon, avant de me perturber par de la pure folie Jamesienne.
"Comment les braves 'splorateurs vont faire pour reviendre sains et saufs, maintenant que l'un d'eux l'est griveusement blessuré ?" demanda-t-il, passant avec inquiétude ses mains à travers ses cheveux décoiffés. "Je sais ! Je vais faire un brancard avec des bouts de bois et de la ficelle et te tirer juste comme on l'a fait pour Hugo."
"D'une, c'était un jeu, et de deux, nous n'avons pas de ficelle, ou de bois," lui dis-je, riant à un autre souvenir.
"Vrai," admit-il. "Tu me forces à être plus terre à terre, Annie. Comment oses-tu !"
"Facile," dis-je. "Ça a toujours été mon rôle, quelqu'un devait te rappeler la réalité, te maintenir les pieds sur terre en soulignant les failles dans tes plans. Toi comme Henry. Sinon vous vous seriez envolés et on ne vous aurait jamais revu."
Ce fut au tour de James de rire. Pendant un instant je crus qu'il allait me serrer contre lui il ne le fit pas.
"On va par là." Je redevins raisonnable et indiquait la barrière. "C'était une route avant, mais un glissement de terrain l'a condamnée il y a des années. Ce n'est pas une marche difficile. Je peux y arriver, promis."
Me regardant avec inquiétude, il secoua la tête, incrédule. Malgré tout ce qui venait juste de se passer, je m'attendais toujours à ce qu'il me fasse la morale. Il ne le fit pas il ne dit rien et tendit simplement la main. Je la pris et nous nous remîmes en route. James adapta son rythme au mien.
Nous continuâmes en silence. Il regardait par terre, m'observant marcher. J'avançais mon pied avec l'ampoule en premier et alors qu'il touchait le sol, son pied atterrit à côté, sa main se contractant sur la mienne, et il tendit le bras pour supporter mon poids.
Tandis que nous marchions sur le bitume craquelé, je lui lançais occasionnellement des regards furtifs. Il semblait perdu dans ses pensées, je ne le dérangeais donc pas. J'envisageais de lui demander à quoi il pensait, mais ne voulant pas de réponse désinvolte, je ne dis rien. Dans le silence, j'essayais d'ignorer la douleur, qui était comme avoir du verre brisé au fond de ma botte. Elle ne me quittait pas donc, serrant les dents, je me forçais à continuer.
Nous avions presque atteint la barrière suivante quand le soleil se dégagea des nuages. Sous la soudaine luminosité, les cheveux de James s'enflammèrent, paraissant bien plus roux qu'ils ne l'étaient vraiment je les fixais du regard. Ressentant mon attention, il leva la tête pour me regarder, un sourire étincelant barrant son visage. Je fus perdue pendant un instant dans les grandes fossettes aux coins de sa bouche. Le sourire de James était son essence ces fossettes pleines de tâches de rousseur, sa grande bouche et ses dents brillantes… c'était l'image de lui que j'avais gardé toute ma vie.
Je détournais la tête, consciente qu'il me regardait toujours. Refusant de croiser son regard, je repensais à la soirée où James était réapparu dans ma vie. 'Beau garçon, l'esprit vif, pas tout à fait roux, avec de beaux yeux et un sens exacerbé de sa propre importance,' c'était comme ça que je l'avais décrit à Vicki. Tout était vrai, mais j'avais oublié à quel point il pouvait être gentil. Ce fut alors que je réalisais que l'incident à mon anniversaire était la seule occasion dont je pouvais me souvenir où il m'avait réellement blessée, physiquement comme mentalement. Oui, il y avait eu beaucoup de taquineries, mais c'était entre nous tous.
"Ça va ?" me demanda-t-il.
"Ça va," mentis-je alors que les pointes de verres me remontaient dans la jambe.
"Il y a un banc," observa-t-il en ouvrant la barrière pour nous et m'invitant à passer. Il n'était qu'à dix mètres à peine et il semblait très attirant.
Alors que je m'effondrais sur le banc, je levais les yeux sur le relief verdoyant ondulant et secouais la tête en agacement face à ma propre stupidité. Nous étions dans le dernier tronçon de ce qui aurait dû être une marche facile et j'étais celle qui devait s'arrêter.
"Retire ta botte," suggéra James. "Je vais jeter un coup d'œil pour toi à ton pied."
"J'ai entendu parler des gens comme toi," lui dis-je, essayant de détourner mon esprit de la douleur. "Tu es un de ces fétichistes des pieds ! Tout ça faisait partie de ton plan machiavélique ! Tu proposes à une fille de l'emmener sur ta moto et ensuite pour une longue marche, mais tu ne prends pas la peine de lui dire que les bottes de moto qu'elle porte sont bien pour rouler mais pourries pour marcher. Tu as planifié ça ! Tu veux juste pouvoir mater mon pied nu !"
"J'ai déjà vu tes pieds nus, dénudés, dévêtus et complètement exposés." Il feint une expression scandalisée. "Ils étaient offerts à ma vue, tout comme tes nombreux autres charmes, quand je suis arrivé à ton appartement. Pour être honnête, je ne leur ai pas vraiment accordé d'attention. J'étais bien trop occupé à admirer tes muscles."
"Tu matais mon cul, espèce de pervers je t'ai vu."
"J'évaluais la puissance de tes grands glutéaux… et peut-être aussi les moyens." annonça-t-il, échouant à masquer son sourire. "Je voulais être sûr qu'ils seraient suffisants pour la tâche de marcher."
"Évaluer mes glutéaux, tu en as de bonnes, Jamie." Je soulevais mon pied droit, étendis ma jambe et reposais mon talon sur une pierre.
"C'est toi qui t'exhibais," dit-il. "Si tu ne voulais pas que je regarde ton derrière, tu n'aurais pas dû danser dans toute la maison dans tes dessous si peu décents comme une… comme une…"
"Danseuse dansant en dessous si peu décents ?" suggérais-je quand il fut en difficulté. "Tu ne savais pas où tu allais avec celle-là, n'est-ce pas ?" Ma mauvaise humeur avait de nouveau disparu et nous nous sourions de nouveau.
"Je sais très rarement où je vais," admit-il, continuant la querelle. "Mais je suis un peu troublé par tes habitudes nocturnes. Est-ce que Hen sait que tu ne prends pas la peine de te lever et de t'habiller avant l'après-midi ? Peut-être que je devrais le lui dire."
"Je ne passe pas toutes mes journées à danser en pyjama, Jimmy Jamma." Celui-ci lui tira un rire franc. "Je n'ai pas pris la peine de m'habiller parce que j'étais levée tôt, pour travailler sur mon mémoire. Le temps a juste filé. Et pour ce qui est de Henry, il ne sait rien et tu ne vas rien lui dire."
Alors que je parlais, mon pied avait enfin réagi au fait que j'avais retiré la pression en lançant des lames de feu dans mon mollet. Quand je baissais les yeux, mes vêtements me sautèrent au visage. La chemise à carreaux que je portais était déchirée près de l'ourlet et mon jean rouge était tâché de curry. Dans ma précipitation pour m'habiller, je n'avais pas remarqué. Mes préparatifs pour James avaient été précisément aucun. Je l'avais accueilli en tenue de nuit, j'avais sauté dans de vieux vêtements et mis un peu de rouge à lèvres. Je ne m'étais même pas douchée.
Je me souvins de mon premier rendez-vous avec Simon. Il m'avait dit qu'il m'emmènerait dans un restaurant très onéreux du centre-ville. J'avais passé tout l'après-midi à essayer de me décider sur quoi porter et je m'étais offert une nouvelle veste pour l'occasion. Je m'étais ensuite douchée et je m'étais mise sur mon trente et un j'avais passé deux heures à me préparer pour Simon et probablement moins de deux minutes à être prête pour James. Peut-être que je ne m'en souciais pas passez pour m'en faire.
"Je parie que Hen en sait beaucoup plus que tu ne penses," poursuivit James, apparemment ignorant de mes pensées. "Lily pense que je ne sais pas ce qu'elle mijote, mais elle se trompe." Il s'assit à côté de moi et regarda fixement Mam Tor. "Tu as dit à Hen pour nous, n'est-ce pas ?"
"Pas vraiment," admis-je. "Il l'a appris par mon profil. Il m'a appelé."
"Et c'est pour ça que je n'ai pas de réseau social." James secoua la tête. "Pourquoi ferais-je savoir à tout le monde à quel point je suis idiot ? Tous ceux que je rencontre le découvriront bien assez tôt ! Quand tu as parlé avec Hen au téléphone, que tu lui as dit pour moi, est-ce qu'il était d'accord pour que je te… voies ?"
"Sacré bon sang, James ! Tu es aussi terrible que Vicki ! C'est exactement ce qu'elle a dit après son coup de fil. 'Qu'est-ce que ton frère pense ? Est-ce qu'il est inquiet ? Est-ce qu'il va venir te voir ?' C'est ma vie et ce ne sont pas les oignons de Henry, ce que je fais ! Tu n'as pas à demander la permission de mon frère pour me proposer de sortir ! À quel siècle tu vis ?"
"Je sais que je n'en ai pas besoin," dit James dédaigneusement. "Mais je suis aussi un grand frère, et nous autres grands frères devons nous serrer les coudes." Il semblait être sérieux.
"Je n'ai jamais entendu une telle quantité de…"
"C'était mon meilleur ami pendant des années, Annie," dit doucement James. Ce fut seulement à cet instant que je réalisais qu'il ne plaisantait pas. "J'aimerais qu'il n'ait rien contre le fait qu'on passe du temps ensemble. Qu'est-ce que Hen a dit quand tu as commencé à sortir avec… ?"
"Ça a été la détestation au premier regard," admis-je. "Et c'était mutuel. Simon m'a dit que Hen était un Geordie balourd et sans ambition, et Hen m'a dit que Simon était mauvais, manipulateur, égoïste, égocentrique…" Je m'interrompis en pleine phrase, subitement consciente de combien l'évaluation de mon frère avait été exacte.
James avait paru arrogant quand j'avais commencé ma réponse. Le temps que la réalisation me coupe la voix, il avait l'air tellement prétentieux que je pensais qu'il allait exploser.
"Donc, Henry t'a dit que Simon n'était pas un type bien," dit James, hochant savamment la tête. "Et il avait raison."
"Oh, va te faire foutre," lui dis-je.
Il soupira. "Par Merlin, tu détestes vraiment voir tes torts démontrés, n'est-ce pas ? Tu as toujours été comme ça."
"Qu'est-ce que tu viens de dire ?"
"J'ai poliment souligné que tu détestais voir tes torts démontrés," dit-il. Je pouuvais sentir la panique dans sa voix.
"Tu as dit par Merlin !" lui dis-je. "Je l'ai aussi entendu avant. Tu avais l'habitude de le dire quand on était petits. Tu dis 'Par merlin' comme d'autre gens diraient bon sang, ou mince, ou purée, ou…"
"C'est bien moins offensant que les mots que tu utilises," me dit-il. "Est-ce que tu préférerais que je dise 'Putain de merde, tu détestes vraiment qu'on te fasse remarquer tes torts ?' Est-ce que c'est mieux ?"
"Je suppose que non," admis-je. "Mais… Merlin… C'est un terme si étrange à utiliser."
"Je suis un homme étrange issu d'une étrange famille," dit-il. Il se détourna de moi et fixa les vallées plus bas. "Je déteste les secrets."
"Je t'ai dit quand nous étions à la tombe de Jean Petit," lui rappelais-je. "Tu n'as pas besoin de me tenir secrète tu peux parler de moi à Rosie et aux autres."
"Ouais," dit-il doucement. Il y avait quelque chose de mélancolique ou une sorte de regret dans le ton de sa voix, et je fus soudainement incertaine du quel secret il parlait.
Se retournant pour me faire face, il demanda : "Est-ce que tu vas retirer cette botte ou non ?"
"Ouais," dis-je.
La pression sous mon pied s'était apaisée à l'instant où j'avais soulevé mon pied du sol, mais la douleur n'était pas partie. Je savais que continuer notre marche serait douloureux à moins que je ne fasse quelque chose pour l'apaiser. Alors que je desserrais la botte, j'eus une idée, puis je me souvins que je portais une paire de chaussettes des 'Tunderbirds'.
"Sympa," dit James quand il les vit.
"Scott Tracey, mon idéal masculin," lui dis-je en retirant prudemment la chaussette. Alors qu'il s'avançait pour regarder sous mon pied, je lui lançais la chaussette. Il prétendit manquer la réception et s'envoya la chaussette sur la figure. Haletant, il tituba en arrière, se tenant le nez et tenant la chaussette à bout de bras.
"Puante," dit-il.
"Idiot," répondis-je.
"Je me souviens de ce programme, on avait l'habitude de le regarder chez vous, à Lintzgarth." Il y avait une nostalgie mélancolique dans sa voix lorsqu'il nomma la maison de mes parents. "Scott n'est pas une vraie personne, c'est une animation."
"Comme je l'ai dit, mon idéal masculin," lui dis-je.
"Pas mal," dit-il avec un sourire. "Je vois où tu veux en venir. Il y avait une fille…"
"Kayo," lui dis-je. "Elle te plait, c'est ça ?" Il rit.
Me penchant en avant, j'examinais mon ampoule. Elle était imposante, couvrant la totalité de ma voute plantaire, et elle était très douloureuse au toucher. Il s'accroupit pour regarder lui aussi.
"Au moins ça ne saigne pas," dis-je, prenant une décision. "Je vais la crever."
"Avec quoi," demanda-t-il.
Je dégrafais un bouton, plongeais la main dans mon chemisier et en sortit la chaîne d'argent que je portais, soulevant le bijou de famille de sa place de repos entre mes seins. J'étais certaine que James allait dire quelque chose de déplacé, mais il ne le fit pas. Je levais les yeux pour le voir me fixer. Mon pied me lança et je craquais.
"Ça s'appelle des nichons, la moitié de la population en a," dis-je sarcastiquement, ouvrant ma chemise plus large pour qu'il puisse voir mon soutien-gorge.
"Je les ai déjà vu," me dit-il. "Tu as dû remarquer qu'ils sortaient presque quand tu t'es penchée au-dessus de la rambarde à ton appartement. Ce n'est pas ce que je regardais, Annie, mais si tu le proposes."
Il regarda de façon exagérée ma poitrine et ce fut alors que je compris qu'il disait la vérité. Il avait regardé le cylindre d'argent et la pierre de sang sertie dans sa griffe d'argent qui pendait à sa base.
"Où as-tu eu ça ?" demanda-t-il.
"Maman," dis-je. "Elle me l'a donnée quand j'avais treize ans. C'est dans ma famille depuis toujours. Si j'ai une fille, ça lui reviendra quand elle atteindra la puberté. Maman m'a fait promettre, parce que c'est comme ça que ça se passe, ça l'a toujours été et ça le sera toujours."
"Depuis quand ?" demanda-t-il.
"Toujours, du moins c'est ce que Grand-Maman Wake m'a dit que sa grand-mère lui avait dit. Pourquoi ?'
Refermant ma chemise, je passais la main à l'arrière de mon cou et dégrafais la chaîne d'argent. La chaîne était relativement récente. D'après Grand-Maman Wake, la serre de la pierre de sang – comme elle l'appelait – s'était trouvée sur un vieux cordon de cuir usé quand elle l'avait reçu. Mon grand-père lui avait offert la chaîne d'argent.
"Je ne sais pas," dit-il, perplexe. "Juste une sensation. Ça a vraiment l'air très vieux." Il s'avança pour mieux voir et tendit sa main.
Je secouais la tête. "On ne touche qu'avec les yeux," lui dis-je, la soulevant pour qu'il l'examine.
J'observais James la scruter attentivement. C'est un élément de joaillerie très inhabituel. Même Simon avait été intrigué quand il l'avait vu. Il avait demandé combien il valait je n'en avais aucune idée, évidemment.
Le cylindreétait en argent, de trois centimètres de long environ et d'à peu près le même diamètre qu'un stylo Bic. Il y avait des motifs apparemment Celtiques gravés dessus, mais ils étaient si usés qu'ils étaient difficiles à voir. À l'une des extrémités, il y avait une boucle pour que la chaîne passe à l'autre extrémité une griffe d'argent enserrait une pierre de sang. D'après la taille et la forme des griffes, trois devant et une derrière, la serre semblait être modelée sur un oiseau de proie.
"Celtique," observa James. Il plissa les yeux. "Et… Est-ce que ça s'ouvre ?"
"Malin, Jamie," dis-je, dévissant le cylindre pour révéler son contenu.
"Du bronze à l'intérieur de l'argent, et le bronze a l'air encore plus ancien." James observait comme un aigle. "Qu'est-ce que c'est, ça ?"
"On l'appelle la griffe," dis-je. "C'est très acéré." Je perçais mon ampoule avec. La pression dans mon pied fut relâchée et un fluide s'écoula sur mon pied.
"J'espère que c'était propre," dit James alors que je refermais en le vissant le cylindre.
"Moi aussi," admis-je.
La pression sous mon pied s'apaisa et la douleur sembla être emportée avec le fluide. Certaine que j'avais pris la bonne décision, je rattachais la chaîne et laissais retomber la pierre de sang à l'intérieur de ma chemise. Je secouais ma poitrine pour remettre la serre à sa place habituelle. James observa en silence. Quand je tendis la main, il me rendit ma chaussette.
"Tu pourrais vouloir détourner les yeux pour la prochaine partie," l'avertis-je.
"Tu m'as déjà montré tes seins et les a secoués dans ma direction. Que diable vas-tu faire ensuite ?" demanda-t-il.
"Tu veux vraiment savoir ?" demandais-je.
"Oui." Il me regarda fixement.
"D'accord." Je sortis une serviette hygiénique de ma poche et l'agitais devant son visage. "C'est propre, absorbant et rembourré. Est-ce que je vais devoir t'expliquer pourquoi j'en trimbale avec moi ?"
Je m'attendais à ce qu'il fasse une grimace. Il était surpris, mais pas aussi dégoûté que je m'y attendais. En fait, il paraissait impressionné. "Tu es un génie, Annie, un génie plein de ressources ," dit-il avec admiration alors que je collais prudemment la serviette sur la plante de mon pied et enfilait délicatement ma chaussette. Grognant, je remis mon pied dans ma chaussure et me levais.
"Alors ?" demanda-t-il.
"Mieux," dis-je. "Ça fait toujours un peu mal, mais clairement moins qu'avant. Retournons à la moto. Tu peux me ramener à la maison."
"Je pensais qu'on pourrait sortir dîner ce soir." James semblait déçu.
"Est-ce que tu peux te le permettre ?" demandais-je.
Il parut un peu coupable.
"Je ne le peux pas non plus," lui dis-je fermement. "On mangera à l'appartement." Je sortis mon téléphone
"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-il.
"J'envoie un message à Vicki. Elle fait un curry du tonnerre. Je paierai pour les ingrédients et l'aiderai quand on rentrera."
"Je paierai la moitié," offrit James.
"Envoyé ! On parlera d'argent quand on rentrera. Maintenant donne-moi ta main, mon pied se sent mieux, mais cette dernière partie sera plus facile avec ton aide."
Il fit ce que je lui demandais.
Il fallut à Vicki quinze minutes pour me répondre et nous en étions alors à la dernière partie de notre ballade.
"On doit s'arrêter quelque part pour acheter du lait de coco, des oignons et de l'agneau," dis-je à James après avoir consulté le message de Vicki. "On trouvera un magasin sur le chemin du retour vers l'appartement."
