Chapitre 368 : Relentless
"Mahito théorisait beaucoup sur les âmes." dis-je, tête reposant sur son estomac tandis qu'il caresse mes cheveux.
"Théorisait ?..."
"Oui. Sur l'art qu'il possédait de pouvoir en modifier le contour et en faire des humains modifiés."
"Il était bien jeune, dites-moi, pour s'interroger et se livrer à de telles pratiques."
"Et toi ?"
"Moi ? Je préfère les savourer. Comme une partie de chasse raffinée au gibier." petit sourire. "La nuit où j'ai été appelé par ces profanateurs... ce sont le sacrifice et la colère d'un enfant qui m'ont guidés vers ce monde... je crois que, de mémoire de démon, il n'existe pas de catalyseur plus puissant. Mon entrée en ce monde n'a jamais eu pareille saveur. J'ai su, dès lors, que mon séjour ici-bas serait... de grande qualité. La colère d'une âme innocente, souillée par des actes immondes... le ton était donné et je n'ai pas craché sur l'opportunité."
"Des yeux qui n'auraient dû voir que de l'innocence et de l'amour..." parlant de l'enfant.
"Souillé. Des pieds à la tête." ricanant.
"C'est toi qui as choisi de te faire butler ?..."
"A l'annonce de son titre. Cela me paraissait une évidence. Puis nous avons négocié. Malgré ce qu'il venait de traverser, il a su restreindre mes mouvements, juguler mes paroles trompeuses et s'assurer de mon entière dévotion. Je m'étais trompé sur son compte mais à la fin... c'est moi qui vais me régaler, c'est un fait immuable."
"Que l'on joue avec la magie ou le diable, cela a toujours un prix."
"Sa perception du monde est totalement biaisée. Et c'en est réjouissant." souriant, crocs visibles, appétit se creusant.
"Et moi ?..."
"Vous ? La mort a frappé trop vite, trop fort autour de vous pour que vous puissiez en sortir indemne. Le tourment enveloppe votre âme tel un manteau de prix. N'importe quel démon - ou Shinigami - pourrait y être sensible. Et ce n'est pas tout ; vous accusez ouvertement et sans complexe Dieu de s'être trompé de sexe à votre naissance. Il s'agit d'un blasphème suprême et cela... seul le diable en a conscience."
"Redoutable."
"Vous me flattez, Mademoiselle. Votre façon de consommer les hommes comme eux le font avec les femmes n'est qu'une réponse à leur propre égoïsme. Les hommes... que dis-je ?... Vous avez quitté la faiblesse humaine depuis un moment déjà pour vous diriger vers les créatures mâles les plus puissantes. C'est... une montée vertigineuse en grade et vous ne cessez d'escalader les marches vous conduisant vers votre propre agonie."
"Sebastian ? T'est-il déjà arrivé de te présenter sous ta forme originelle à quelques femmes ?... Et en quelles occasions ?"
"A quelques unes. Pour mon seul amusement. A cette pieuse paysanne à laquelle Dieu refusait la pluie pour sa moisson et sa subsistance... qui passait des heures à supplier à genoux, lui proposant d'offrir son unique fils en échange de quelques gouttes de pluie. Une telle offre ne se refuse pas !... Dieu n'a que faire de tels marchés. Un démon n'en voit que l'opportunité qui se présente à lui."
"Dans ta forme originelle, donc ?..."
"Oui. Devant son lit."
"Botté ?..."
"Il s'agit de ma forme d'origine." amusé par cette passion que je voue à ses travers.
"Et sa réaction ?..."
"Elle m'a pris pour... un ange !... Pauvre créature... les privations avaient été telles qu'elles distordaient sa perception de la réalité... moi, un ange ! Haha !..." follement amusé.
"Qu'as-tu exigé d'elle ?..."
"Elle était déjà pour partie brisée. Je n'ai pas eu le loisir de beaucoup d'amusement avec elle. La période était bien maigre à l'époque. Mais l'industrialisation a apporté son lot de confort... nous sommes donc entrés dans une période faste. Et je m'y régale en votre compagnie et celle du jeune Earl."
Je triture un bouton de sein, pinçant l'extrémité. Autre main remontant le long d'une cuisse.
"J'avoue avoir été très surpris lorsque vous êtes venue me solliciter pour la troisième fois..."
"Je n'avais pas encore goûté tous les chocolats proposés dans le ballotin..."
Petit rire de sa part.
"Tu n'as pas la plus petite idée à quel point j'apprécie nos jeux, Michaelis."
"Oh, suffisamment pour noter que vous prenez grand soin de maintenir la boucle temporelle."
Je roule sur le flanc pour le regarder ; magnifique vision en contreplongée.
"Ton apparence me plaît férocement, Michaelis. Apprécies-tu ce que nous partageons ?"
"Si je n'en éprouvais aucun plaisir ni aucune satisfaction, la réponse de mon corps ne serait pas si... éloquente. Vos arguments ont toujours su faire monter mon sexe."
"Tu fais partie de la rare brochette d'hommes à qui je cède volontiers la place de choix..."
Il s'amuse du bout des doigts dans ma chevelure. "C'est presque trop d'honneur."
C'est la fête d'anniversaire de Kalim et il a été décidé de faire ça au Lounge, changé pour l'occasion en vaste salle de fête !...
Tsum trône toujours sur l'épaule de Floyd.
Jamil me bouffe littéralement du regard, ce qui n'échappe guère à Floyd. Ce dernier est d'ailleurs fermement décidé à montrer qui est le boss !...
Il laisse le Tsum à Jade et commence un show sur "I want it that way" de Backstreet Boys, faisant exploser un paquet de chips avant de marcher jusqu'aux réfrigérateurs de boissons, y plaquant la paume, corps oscillant de manière ostentatoire, m'adressant des regards chauds, ouvrant l'armoire réfrigérée, attrapant une bouteille pour se la passer sur le corps, dévissant le bouchon avant de la placer à l'emplacement de son sexe, pressant sur le PVC pour la faire gicler de façon plus qu'évocatrice avant de s'en asperger, ouvrant sa chemise au maximum en arrivant devant moi, désignant les cieux des bras, initiant les mêmes mouvements, regard explicite adressé à Jamil. Ce dernier a un petit sourire que Floyd ait le cran de le défier ainsi sur le terrain qui est le sien ; la danse.
Il n'y a pas ; Floyd sait bouger son corps, aucun doute là-dessus !...
Jamil se dispense de lui rendre la réplique.
Tsum regagne l'épaule de son camarade, bondissant de joie en émettant un son joyeux. Floyd lui adresse un "check !", complices - même si je doute que le petit être ait compris le sens entier du message passé par Floyd.
"Jade, tu peux me garder le Tsum ?"
"Bien sûr, Floyd."
"Merci, frangin." sur un clin d'oeil. "J'ai une Shachi à honorer !..."
Petit sourire de Jade.
Protestation du Tsum.
"Quoi ? Nan, toi tu restes là cette nuit. Tu verras, Jade va te bichonner."
Il vient s'attacher au bras de Floyd.
"Mais... lâche-moi !... J'ai à faire, j'te dis !..." tentant de le détacher.
Petit rire de Jade. "Viens là, Tsum. Regarde ce que je t'ai préparé." lui désignant des fruits à presser.
Le petit être libère aussitôt le bras de Floyd pour se mettre à la tâche.
"Merci, frangin !..."
"Sauve-toi."
Nous regagnons l'appartement de Floyd et là ça commence ; baisers, caresses. Nos zones érogènes extrêmement sensibles au toucher.
Nous nous retrouvons sur le lit, à moitié dévêtus et il retrouve ses bases, caressant à souhait, provoquant des réactions en cascade, s'en régalant, voix étranglée de délice.
"Punaise... mon sexe ne sait plus où se foutre dans mon boxer tellement il est enflé..." rit.
Je le libère pour le caresser à mon tour, faisant suffoquer de bonheur Floyd. "Pun... aise !... C'est trop, trop bon !..."
Nous nous appelons, geignant à l'unisson, bassins assaillis de sensations exquises.
Vient l'heure du contact ultime qui nous arrache pratiquement un orgasme tant la réunion est intense !...
Nos voix sont à présent déployées dans la pièce où résonnent les appels lascifs.
C'est toujours aussi exceptionnel et délicieux avec Floyd !...
Emboîtés, il bouge, geignant combien c'est bon, combien il n'en peut plus et combien il m'aime. Il accélère un moment, rattrapé par les sensations mais je l'apaise pour faire durer l'instant.
"Sha... chi !... Punaise... oh punaise !..." ses paupières papillonnent, ses pupilles dérivent sous la frange de ses cils fournis, son corps réagit par spasmes. Puis tout lâche. La jouissance est accueillie à cris.
Et l'instant perdure, sexes ultra-sensibles au moindre stimulus.
Nous en profitons pleinement et je me régale de ses geignements qui bercent dans le rauque. Il s'en excusé, incapable de réfréner sa voix. Mais moi, je m'en régale !...
Nos orgasmes ont toujours été de qualité et notre complicité n'est plus à prouver.
Je le garde là pour la nuit, tout contre moi, doigts serrés les uns aux autres.
Mes mains glissent sous la lourde veste du butler, animant son regard, y faisant danser la flamme de la lubricité et de la convoitise.
Il tend les bras vers le bas pour que je puisse la faire passer par-dessus ses épaules, la récupérant lorsqu'elle glisse le long de ses bras.
"Tu sais ce que j'apprécie chez toi, Michaelis ?..."
"Dites-moi."
"Que malgré ton déguisement, à aucun moment tu n'as renié ta véritable nature."
"Je demeure... un diable de majordome."
Je clos ses lèvres, approfondissant le baiser, allant chercher sa langue agile, faisant papillonner ses paupières rangées de cils sombres.
Il m'enserre de ses bras passés derrière mes cuisses, me soulevant sans effort contre lui, histoire de savourer le contact et la force.
Lorsque je quitte ses lèvres, sa langue fait le tour du propriétaire, charnelle. "Quel régal..." se réjouissant de notre relation, me tenant contre lui, main refermée sur le poignet opposé pour y soutenir mes fesses pleines. "Je ne le répéterai sans doute jamais assez mais... quel régal." y retournant sans quémander, aussitôt accueilli.
Il me fait tomber sur le lit, venant me dominer d'un genou posé à côté de ma hanche, donnant du leste à son nœud de cravate.
"Je rêve de vous posséder. Dans tous les sens du terme. J'avoue avoir toujours été fasciné par votre chute... passer du statut de déesse de la sérénité à celui de la déesse guerrière... voilà qui est digne de mon plus grand intérêt." à mon oreille, en mordillant le lobe.
Je fronce un moment. "Dire que je pensais Undertaker seul informé..."
"Dois-je vous rappeler que je suis bien plus antique que lui ?..."
"Il semble que tu te sois fait mettre la raclée par plus jeune que toi, Michaelis..." le piquant à mon tour.
"La raclée ?... Comme vous y allez !..." rit, ripant ma joue de ses canines, plaçant son visage au-dessus du mien, mèches sombres tombant sur le devant. "C'est froid qu'il dégustera ma vengeance."
"Étant toi-même le fruit d'une certaine prétention, tu ne peux qu'apprécier les façons d'un tel adversaire. Le diable a refusé de ployer le genou devant celui qui l'a créé... son orgueil lui a, semble-t-il, donné des ailes. Et comme t'attaquer au Créateur lui-même n'est pas dans tes cordes, tu as préféré t'en prendre à ses créatures."
Il m'observe, attrapant son gant immaculé de ses dents pour le retirer, fouillant à la recherche de mon âme, main remontant mes jupons pour aller flatter la culotte en dentelle de soie, passant dessous, savourant la moiteur qu'il rencontre.
"Je n'avais encore jamais... éprouvé un tel plaisir charnel..." à mesure qu'il invite son doigt, rejoint par un autre, tout aussi agile. "Qu'aurais-je pu faire de la sérénité ?... Souillée, vous n'en demeurez que plus belle... et davantage à mon goût." allant clore ma bouche de la sienne, menant le baiser, l'approfondissant et le ralentissant à sa guise, nous incendiant tous deux.
Je me cambre vers son corps, désireuse de contact.
"You're a greedy one, aren't you ?..." langue allant flatter chaque canine.
J'attends sagement, à proximité du véhicule mortuaire, et il revient, chariot funéraire, sur lequel reposait le cercueil, replié. C'est toujours la grande classe lorsque Monsieur officie ; élégant costume trois pièces, cheveux en chignon strict.
"My Lady, c'est toujours un plaisir." sortant les clés du véhicule de sa poche intérieure, plaçant le chariot à l'intérieur.
"Je... suis désolée, j'aurai peut-être dû m'annoncer..."
Il referme les portes du véhicule et me fait face, attrapant délicatement ma main de la sienne, gantée, pour en baiser le dos.
"Tu ne me déranges jamais. Même lorsque tu décides de jouer la carte de l'improviste."
"Si tu as encore à faire, je peux passer plus tard..."
"De la paperasse qui attendra demain." me proposant de monter à bord.
Je m'installe et il se place au volant, démarrant pour prendre le chemin de sa boutique.
"Caroline va bien ?..."
"Elle se porte comme un charme. Le formaldéhyde lui réussit. Hihihi !"
"Elle n'est pas la seule." caressant sa joue ourlée d'un revers doux.
Il fait mine de perdre le contrôle du véhicule. "Oops, hihihihi !"
"Patron, vous av... oh !..." surprise et ravie de me revoir en compagnie de son boss.
"Bonjour, Caroline."
"Bonjour." souriante.
"Regarde qui je ramène du cimetière !..."
"Dois-je prévoir un couvert supplémentaire pour le souper, my Lady ?..."
"Oh, je... ça me gêne..."
"Tu es ici chez toi !..." s'empressant de sortir un couvert complémentaire.
"Je... ne mérite pas tout ceci..."
"Nous avons encore des restes d'hier que je vais réchauffer. C'est du coq au vin, recette grand-mère." sifflotant en posant les couverts.
"Tu es encore dans les quartiers d'été ?"
"Je pratique l'été indien cette année, my Lady. Hihihihi !..."
Je l'arrête devant moi. "Est-ce que... je pourrai t'y rejoindre ?..."
"My Lady, je viens de te le dire : tu es ici chez toi." attrapant mon visage entre ses doigts fins pour m'embrasser un court instant, chastement.
"Je suis désolée pour... Michaelis..."
Il soupire, laissant passer une pointe de contrariété, lissant une mèche de cheveux. "Disons que ce nom-là, je ne souhaite pas l'entendre le temps que durera ton séjour."
"Je ne te suis pas... repoussante après tout ceci ?..."
Il penche légèrement la tête sur le côté. "Tu m'es plus que désirable. Et rien ne viendra changer ce fait. Je t'ai offert mon cœur pour l'éternité, my Lady."
"Tu l'as gardée ?..."
"Bien évidemment, my Lady !..." offusqué, ouvrant la penderie pour y tirer ma chemise de nuit en lin blanc fin, transparente.
Je la passe dans la petit salle d'eau attenante, m'y offrant une brève toilette puis je le rejoins tandis qu'il lit, installé dans le lit, coussin placé dans le dos.
"Que lis-tu ?..."
"Un roman policier emprunté à Caro line."
"Et... c'est intéressant ?..." m'installant à ses côtés, tapotant l'oreiller pour lui donner du gonflant.
"C'est... de l'écriture moderne. Je suis davantage habitué aux lettres classiques."
Nous avons dormi entremêlés, sans faire l'amour, nous câlinant simplement.
"Vous empestez d'une odeur... qui m'est pour le moins familière." pince Sebastian. "Pour peu, je vous mettrai au bain !..." esquissant ce sourire qui camoufle aisément ses pensées les plus viles.
Je le fixe, incrédule.
Il me soulève d'un bras, basculée sur son épaule.
"Sebastian ! Lâche-moi !..." tapotant son dos des poings.
"Au bain, Mademoiselle !..."
Arrivés à destination, il réchauffe l'eau grâce au pouvoir de ses flammes puis entreprend de me déshabiller.
"Quelle odeur tenace, par tous les diables !..." pinçant le nez.
Me voici nue et il tombe la veste, retroussant ses manches, testant l'eau du coude avant me m'immerger, récupérant un savon parfumé.
"Quelle est donc cette habitude d'aller ainsi vous jeter dans ses bras ?..." pestant.
Je demeure silencieuse. Inutile d'en rajouter.
"Vous ne dites rien ? Ce qui atteste votre culpabilité. Vous me donnez beaucoup de travail supplémentaire, Mademoiselle !..."
"N'as-tu point de temps à tuer, démon ?..."
"Je m'imaginais le passer autrement qu'en vous donnant le bain pour agression olfactive !..."
Je pouffe au terme employé.
"Et cela vous fait rire ?" me lavant les cheveux, sceau visible sur sa main gauche.
"Si tu me prépares ainsi c'est que tu as la ferme intention d'asseoir davantage ton autorité, n'est-ce pas ?..."
"Vous mériteriez que je vous mette au pain sec et à l'eau. Malheureusement... mon cœur de démon brûle pour vous." à mon oreille, d'une voix extrêmement veloutée, me faisant frémir des pieds à la tête.
"Seb... astian..."
"Vous m'y avez donné goût... je suis désormais... un démon assoiffé de sexe, Mademoiselle."
