La chaleur qui s'était lovée dans l'air commençait lentement à s'estomper, tandis que les flammes crépitantes de la cheminée s'évanouissaient doucement. La fine poudre de bois brûlé laissait toujours son empreinte olfactive sur la peau d'Hermione, une essence mélangeant rusticité et chaleur qui la faisait osciller entre l'appréciation et le doute. Alors qu'elle ouvrait les yeux, la scène qui se déploya devant elle était tout à fait surréaliste: la majestueuse salle principale du ministère de la magie, intacte elle aussi comme si elle avait résister au temps. Rien ne pouvait laisser penser que des combats pendant la guerre avait eu lieu ici.

Son regard erra dans le hall , prenant note des détails qui lui avaient échappé lors de ses visites précédentes. Les fresques de Carrelages vert émeraude dépeignant l'histoire magique, les colonnes imposantes qui semblaient toucher le plafond enchanté, et la lueur tamisée des lampes magiques qui conféraient à l'endroit une aura mystique. Des souvenirs de la guerre et des bouleversements qui avaient secoué cet endroit résonnaient encore dans sa mémoire, faisant naître une certaine anxiété chez la jeune sorcière.

C'était étrange, se dit-elle, de revenir ici après tant de temps. Chaque recoins semblait murmurer des souvenirs et des moments figés dans le temps, comme si le passé et le présent coexistaient en un seul instant. Hermione se surprit à revivre des instants fugaces, des discussions tendues et des instants de courage qui avaient émaillé ces murs.

Alors qu'elle laissait son regard vagabonder, elle prit conscience de la distance qu'elle avait parcourue depuis ces jours sombres. Les cicatrices de la guerre étaient toujours présentes, mais la salle semblait aussi symboliser la résilience et le potentiel de reconstruction. Hermione prit une profonde inspiration, mêlant l'odeur du bois brûlé à l'air empreint de magie. Elle avait changé, le monde avait changé, et cet endroit en était le témoin silencieux et imposant.

Hermione avança prudemment, à peine quelques pas, lorsque son regard fut capturé par celui d'un sorcier arborant une expression résolument optimiste. Ses yeux quittèrent brièvement les fresques murales pour se poser sur le visage du premier ministre en personne.

"Bonsoir, Monsieur," déclara-t-elle d'une voix mesurée.

Un sourire sincère naquit sur les lèvres du premier ministre alors qu'il répondait : "Miss Granger... et bien, je dois dire que je suis ravi de pouvoir enfin vous voir en personne."

Tentant de cacher son malaise, Hermione esquissa un sourire qui se voulait chaleureux, mais qui ne parvint pas à dissimuler complètement l'embarras qui teintait son regard. Les raisons pour lesquelles elle avait accepté cette invitation semblaient floues et insaisissables à cet instant précis. Elle était parfaitement consciente de ce qui l'attendait, des attentes qui pesaient sur elle. Mais était-elle véritablement préparée à affronter tout cela ?

Le premier ministre la regarda attentivement, peut-être percevant les hésitations dissimulées derrière son sourire. Hermione tenta de masquer ses doutes, de calmer les battements précipités de son cœur. Elle avait évolué, elle avait surmonté tant d'obstacles, mais certaines choses semblaient demeurer insaisissables, échappant à la logique qu'elle avait toujours chérie.

Dans cette salle chargée d'histoire et de secrets, Hermione Granger se préparait à affronter non seulement les attentes des autres, mais aussi les incertitudes qui la hantaient depuis longtemps. Le passé et le présent se mélangeaient, tandis que son avenir semblait suspendu dans l'équilibre fragile de ce moment.

"Hmm, allons dans mon bureau, nous serons plus tranquilles," lança le premier ministre d'un ton qui, aux oreilles d'Hermione, semblait presque ironique. C'était comme si cette suggestion dissimulait des couches de sens qu'elle n'était pas certaine de comprendre entièrement. Cependant, sans émettre d'objection, elle acquiesça silencieusement et le suivit, veillant à maintenir une distance subtile entre elle et lui.

Au fond, Hermione ne pouvait s'empêcher de trouver cette proposition légèrement absurde. À cette heure-ci, les couloirs du ministère de la Magie devaient être déserts. La notion de tranquillité était relative, surtout dans un endroit où le tumulte des responsabilités et des enjeux magiques semblait omniprésent. Néanmoins, elle suivit le premier ministre, un homme dont la réputation et le charisme ne faisaient aucun doute.

Ils progressèrent rapidement, les couloirs familiers défilant à une cadence accélérée. En moins de cinq minutes, grâce aux ascenseurs magiques, ils atteignirent le dernier étage. À mesure qu'ils montaient, Hermione ne put s'empêcher de laisser vagabonder ses pensées. La magie qui rendait cette ascension possible était une merveille incontestable, mais elle ne pouvait ignorer les sombres revers de la médaille : les souffrances causées par les forces obscures qu'elle avait combattues.

Alors qu'elle s'installait sur la chaise devant le bureau du ministre Kingsley, un flot de souvenirs et de réflexions l'envahit. L'invitation à s'asseoir était un geste simple, mais il portait en lui une signification plus profonde. Elle se sentait à la fois en terrain familier et en terrain inconnu, une dualité qui reflétait la complexité de son lien avec le ministère.

La réunion qui s'annonçait était bien plus que le simple échange de paroles. C'était une confrontation avec le passé, un face-à-face avec les enjeux qu'elle avait longtemps évités. Hermione avait appris à être une combattante, mais elle devait maintenant se préparer à être une diplomate, à manier les mots aussi habilement que les sorts.

Les pensées d'Hermione furent brusquement interrompues par la voix du premier ministre qui rompit le silence après quelques minutes tendues.

"Bien, je dois vous avouer que j'ai été soulagé d'apprendre qu'il ne vous soit rien arrivé de grave pendant cette attaque dans vos appartements," déclara-t-il d'un ton grave, mais teinté de soulagement. "Et surpris également, on ne sait toujours pas comment ces deux individus ont réussi à pénétrer à l'intérieur de Poudlard."

Hermione fixait le ministre Kingsley sans vraiment parvenir à masquer les doutes qui s'agitaient en elle. L'idée de dire simplement qu'elle n'avait pas été gravement blessée était presque ironique. Les images de l'attaque surgissaient devant ses yeux comme un souvenir douloureux et vif. Elle pouvait encore sentir la morsure du sort la frappant de plein fouet alors qu'elle se jetait devant Malfoy . Les sensations, la douleur intense qui avait irradie son corps, tout cela restait ancré en elle. Des frissons parcouraient sa colonne vertébrale alors qu'elle se souvenait de l'impact violent contre le miroir, l'onde de choc traversant son être.

Elle secoua la tête, chassant les images obsédantes de son esprit, pour se concentrer à nouveau sur les paroles de Kingsley. La tension était palpable alors qu'elle cherchait à rester concentrée. Ses yeux se relevèrent pour rencontrer ceux du premier ministre, bien qu'elle l'écoutât à peine. Ses pensées étaient envahies par des souvenirs douloureux et des émotions contradictoires, comme un tumulte intérieur qui menaçait de la submerger.

Puis, parmi les mots prononcés par le ministre, un mot en particulier agrippa son attention. "Mangemort." Un frisson glacé parcourut son échine alors que ce terme résonnait en elle. Elle n'était pas vraiment à l'écoute, ses pensées étaient encore englouties dans les images de l'attaque, mais ces derniers mots la firent réagir.

"Pardon?" fut la seule chose qu'elle réussit à articuler, sa voix légèrement étranglée par l'émotion.

Le ministre plongea plus profondément dans le sujet, ses paroles glissant sur les oreilles d'Hermione alors qu'elle tentait de maîtriser la tempête d'émotions qui l'assaillait. "Nous pensons qu'une nouvelle vague de Mangemorts a fait son apparition depuis la chute du Seigneur des Ténèbres."

Les souvenirs d'une ère sombre et violente se mêlaient à ses réflexions actuelles. Les horreurs qu'elle avait combattues semblaient ressurgir, ravivant ses propres blessures et les cicatrices invisibles laissées par la guerre. L'avenir qu'elle avait œuvré à construire était à nouveau menacé par l'ombre du passé. Les enjeux s'élevaient, la réalité s'imposait, et Hermione se retrouvait à nouveau au cœur de la tourmente, forcée de faire face aux ténèbres qu'elle avait juré de vaincre.

"- Qu'est-ce qui vous fait penser que ce sont de nouveaux Mangemorts ?" demanda Hermione, ses sourcils se fronçant légèrement dans la perplexité.

Kingsley répondit d'une voix posée, "Avec la disparition des anciens Horcruxes et les récents meurtres..."

Hermione l'interrompit, sa voix empreinte d'incompréhension et d'anxiété, "Les récents meurtres ? De quoi parlez-vous ? Personne ne m'en a parlé."

Le ministre expliqua d'un ton sombre, "Quand vous avez disparu, plusieurs Nés-Moldus ont été retrouvés morts chez eux. Tous ont péri de la même manière, victimes d'un Sortilège Impardonnable... Jusqu'à présent, nous avons réussi à faire passer cela pour des accidents, et personne ne sait qu'il s'agissait de Nés-Moldus."

La nouvelle tomba comme un coup de massue sur Hermione, provoquant un sentiment de nausée. La réalisation que l'obscurité et la cruauté qu'elle avait combattues avec acharnement semblaient ressurgir était déchirante. Son esprit rejeta les images des victimes, elle ne voulait pas les voir, pas les imaginer. Mais les faits demeuraient, impitoyables.

"Comment cela est-il possible ?" demanda-t-elle, sa voix tremblante de colère contenue.

Le ministre expliqua, "Il semblerait qu'ils aient eu accès aux archives du ministère. Vous n'êtes censée savoir que le ministère tient un registre de tous les sorciers, Nés-Moldus, Sang-Purs et Sang-Mêlés."

Hermione sentit une bouffée de panique monter en elle. "Oh mon dieu... Vous pensez qu'il y a une taupe dans le ministère ?"

Kingsley soupira, sa voix lourde de tristesse et de gravité, "Je ne vois pas comment ils auraient pu avoir accès à ces informations autrement."

L'ampleur de la situation commençait à peser lourdement sur Hermione. Elle réalisa que ce qui avait été considéré au départ comme une simple bande de fanatiques reprenant le flambeau des Mangemorts était bien plus sinistre et organisé qu'elle ne l'avait cru.

"Si ce que vous dites est vrai, cela va au-delà d'une simple bande de fanatiques. Je ne peux rien faire toute seule, c'est au-dessus de mes moyens. Il faut en parler à Harry," déclara-t-elle, son ton empreint de détermination.

"C'est déjà fait," répondit Kingsley. "Nous l'avons informé peu de temps avant votre arrivée. Il ne devrait pas tarder à se joindre à nous."

Les yeux d'Hermione s'éclairèrent d'espoir, mêlés à une pointe d'anxiété. "Harry va venir ?" sa voix trahissait son impatience et son inquiétude.

Le cœur d'Hermione bondit dans sa poitrine à l'idée de revoir son ami, après des mois d'absence.

À peine dix minutes plus tard, la porte du bureau s'ouvrit pour accueillir Harry. Lorsqu'elle aperçut son ami, Hermione ne put contenir sa joie et s'élança vers lui, se jetant presque dans ses bras.

"Oh mon dieu, Harry! Je suis tellement contente de te voir," s'exclama-t-elle, son visage rayonnant d'un mélange de soulagement et d'excitation.

Harry esquissa un sourire chaleureux, ses yeux verts brillant d'amitié et de compréhension. "C'est bon de te voir aussi, Hermione," répondit-il, sa voix empreinte de sincérité.

Ils restèrent ainsi, enlacés, comme s'ils cherchaient à rattraper le temps perdu au cours des mois d'absence. Chacun pouvait ressentir l'importance de ce moment, une réunion au-delà de la simple joie de se revoir.

Leur moment de retrouvailles fut interrompu par un toussotement discret du premier ministre, rappelant sa présence et la raison pour laquelle ils s'étaient réunis à cette heure tardive.

Hermione et Harry se séparèrent, un sourire complice passant entre eux alors qu'ils reprenaient conscience de la situation. Leurs expressions s'adoucirent, mais leurs regards restaient déterminés.

Le ministre Kingsley prit la parole, "Je suis reconnaissant que vous ayez tous les deux pris le temps de répondre à cette convocation tardive. La situation que je vous ai exposée est sérieuse et exige notre attention immédiate."

"- Si je vous ai demandé de venir tous les deux ce soir, c'est principalement pour vous annoncer que nous avons décidé de reformer l'Ordre," déclara Kingsley, sa voix empreinte de sérieux. "Avec le professeur McGonagall, nous avons décidé qu'il ne fallait pas perdre de temps. Elle a suggéré deux ou trois noms de confiance..."

Hermione interrompit le premier ministre, sa voix empreinte d'inquiétude, "Attendez, qu'en est-il des anciens membres de l'Ordre toujours en vie ?"

"C'est trop risqué," intervint Harry d'un ton pragmatique. "Toi et moi serons les seuls anciens membres actifs. Si nous voulons rester le plus discrets possible, il faut tout recommencer à zéro."

L'idée sembla frapper Hermione comme un coup de tonnerre. "Tout recommencer à zéro ? Oh mon dieu, Harry, réalises-tu ce que tu dis ? C'est impossible. Oh mon dieu, je ne peux pas faire ça... Je ne peux pas revivre ça. Comment peux-tu être d'accord avec ça ?"

Cependant, le premier ministre Kingsley révéla que c'était en fait l'idée de Harry. Les émotions tumultueuses dans le cœur d'Hermione semblaient se heurter contre les réalités implacables qui s'imposaient à elle.

Harry, cherchant à apaiser les craintes d'Hermione, la regarda avec un mélange de compassion et de fermeté. "Hermione, écoute-moi. Je sais que c'est difficile, mais nous n'avons pas le choix. On ne peut pas laisser se reproduire ce qui s'est passé."

Hermione sentit une vague d'incrédulité et de détresse la submerger. "Dis-moi que c'est un cauchemar, et que je vais me réveiller," murmura-t-elle, sa voix tremblante d'émotions.

La réalité de la situation devenait de plus en plus accablante. Hermione sentit ses mains trembler légèrement alors qu'elle essayait de saisir l'ampleur des événements qui se déroulaient devant elle. Elle était submergée par les souvenirs, les émotions et la sensation d'être entraînée dans une spirale qu'elle n'était pas certaine de pouvoir gérer.

"- Hermione... il faut qu'on sache... il faut que tu nous dises ce qui s'est passé là-bas... cela pourrait nous aider à comprendre leurs intentions," dit Harry, sa voix empreinte d'une douce insistance.

Hermione secoua la tête avec force, une panique grandissante la submergeant. "Qu... quoi ? Non, Harry ! Tu ne peux pas me demander ça. Je ne peux pas... c'est au-dessus de mes forces."

Hermione se sentait prise au piège dans un tourbillon émotionnel. Ses sens semblaient s'émousser alors que l'air devenait suffocant autour d'elle. Elle se leva brusquement de sa chaise, se sentant étouffée par la gravité de la situation et par la multitude de sentiments qui la submergeaient. Elle avait besoin de sortir d'ici, de retrouver un souffle d'air frais pour reprendre ses esprits.

"- Écoute, tu n'es pas obligée de nous raconter ce soir. Je sais que ça fait beaucoup à digérer d'un coup," dit Harry d'une voix compatissante. "Et il est tard, tu devrais probablement rentrer à Poudlard. Nous en reparlerons. Je dois passer voir McGonagall cette semaine à Poudlard. Je te laisse y réfléchir. Je vais te raccompagner."

Les mots d'Harry étaient empreints de compréhension et de respect pour les émotions tourbillonnantes d'Hermione. Elle prit une grande inspiration, essayant de calmer son rythme cardiaque qui battait la chamade. Le choc des révélations avait secoué son équilibre et elle avait besoin d'un moment pour reprendre ses esprits.

Harry se leva et ouvrit la porte du bureau, faisant signe à Hermione de passer devant lui. Elle se sentit submergée par un mélange d'émotions - de la frustration face à l'ampleur de la tâche qui se profilait devant elle, à l'inquiétude de ce qui pourrait se passer si elle acceptait de se confronter à ses souvenirs douloureux.

Elle échangea un regard chargé de désespoir avec le premier ministre, ressentant un mélange d'angoisse et de peur face à l'incertitude de ce qui l'attendait.

Alors qu'elle sortait du bureau, son regard croisa celui d' Harry. Dans cette dernière étreinte qu'ils échangèrent, il y avait un mélange de réconfort, de solidarité et d'inquiétude. Hermione attrapa une poignée de poudre de cheminette dans un geste mécanique et laissa les flammes l'envelopper, la transportant à travers l'espace jusqu'à son point d'arrivée.

Elle se retrouva dans le bureau ovale de la directrice. Et se laissa tomber par terre, sa tête entre ses mains, laissant ses émotions la submerger. Elle savait qu'il était temps de faire face à ce qui s'était passé, mais la route devant elle semblait sombre et incertaine.

Perdue dans un tourbillon de pensées et d'émotions, Hermione était déconnectée du temps qui s'écoulait. Les minutes semblaient se fondre en une éternité, floues et insaisissables. Étaient-ce dix minutes, vingt minutes, quarante minutes, ou peut-être même une heure ? Les aiguilles du temps semblaient avoir perdu leur signification, alors qu'elle était plongée dans la mer agitée de ses souvenirs et de ses craintes.

Finalement, un sursaut de détermination l'anima. Avec le peu de force qui lui restait, elle se leva, comme si chaque mouvement requérait un effort monumental. Chaque pas était une lutte, mais elle refusait de rester figée dans l'immobilisme de sa propre douleur.

Sortant du bureau de la directrice, elle se laissa guider sans but précis à travers les couloirs du château. Ses pas la conduisirent presque automatiquement vers la tour d'astronomie. Là, elle s'adossa contre un muret de pierre, laissant la brise nocturne caresser son visage.

Elle aspira profondément l'air frais, tentant de ralentir le tumulte de ses pensées. La douleur du passé la maintenait captive, comme des chaînes invisibles, l'empêchant de parler de ce qu'elle avait vécu. Elle savait au plus profond d'elle-même qu'elle ne pouvait pas revivre ces événements, peu importait le temps qu'on lui donnerait pour se préparer. La simple idée de les raconter était une torture qu'elle ne pouvait pas infliger à son propre esprit.

Des alternatives se bousculaient dans son esprit. Peut-être pourrait-elle écrire son récit sur un parchemin, une manière de contourner l'obstacle de sa propre voix. Cependant, cette option fut rapidement écartée. L'acte d'écrire nécessitait de revivre les souvenirs, et chaque plume tracée était une douleur supplémentaire.

L'idée de la légilimancie traversa son esprit. Cela pourrait être une solution pour partager les événements sans prononcer les mots, mais la simple pensée de laisser quelqu'un fouiller ses pensées la terrifiait. Elle ne voulait pas que quelqu'un pénètre ses souvenirs les plus sombres, même si cela pourrait aider à résoudre la situation.

Enfin, une résolution s'ancra en elle, solide et inébranlable. Elle savait ce qu'elle devait faire. Se redressant, elle fixa le bureau de la directrice, un mélange de détermination et d'anxiété dans son regard. Si quelqu'un pouvait l'aider à s'exprimer sans revivre l'agonie, ce serait elle. Elle marcha d'un pas résolu, elle devait parler à Mcgonagall.

Devant l'immense statue en pierre représentant un griffon, Hermione se figea, émerveillée malgré l'urgence de la situation. Là, dans la pénombre du couloir, elle murmura le mot de passe. Le griffon sembla prendre vie, pivotant pour lui permettre l'accès au bureau de la directrice. L'intérieur était baigné dans une lueur douce, éclairant la silhouette de la directrice assise derrière son bureau, ses lunettes posées sur le bout de son nez.

Hermione s'avança, le cœur battant, sentant le poids de la décision qu'elle avait prise peser sur ses épaules. Elle luttait pour trouver les mots justes, pour expliquer pourquoi elle était là à une heure aussi tardive.

"Miss Granger? Je pensais que vous étiez allée vous coucher," déclara la directrice d'une voix calme, observant Hermione avec curiosité.

"Désolée de vous déranger si tard, mais il fallait que je vous parle," répondit Hermione, une détermination résolue dans son ton.

La directrice l'invita à s'asseoir, l'écoutant attentivement. Hermione prit une inspiration profonde, consciente de l'ampleur de ce qu'elle allait demander.

"Harry m'a fait comprendre à quel point il est important de partager ce qui s'est passé pendant mon enlèvement... Cependant, je ne peux pas en parler," admit Hermione, son regard croisant celui de la directrice.

La directrice acquiesça, comprenant le dilemme qui se présentait. "Je vois. Et comment puis-je vous aider ? Vous avez sans doute une idée précise en tête pour être ici à une heure aussi tardive."

Hermione hocha la tête, sentant son cœur s'emballer. "En effet, si je ne peux pas en parler, il suffirait de le montrer...J'aurais besoin d'une pensine."

Le visage de la directrice exprima à la fois compréhension et inquiétude. "Une pensine ? Je comprends où vous voulez en venir. Néanmoins, je dois vous mettre en garde, Miss Granger. La manipulation des souvenirs à l'aide de la pensine a poussé plus d'un sorcier à la folie. Il faut être prudent lorsque l'on plonge dans ses propres souvenirs. Beaucoup ont perdu pied, oubliant la réalité qui les entourait. Ce n'est pas pour rien que peu de sorciers en possèdent une."

Hermione écoutait attentivement, reconnaissant la sagesse et la prudence dans les paroles de la directrice. Elle savait que la pensine était un outil puissant, capable de dévoiler les souvenirs les plus profonds, mais aussi de les égarer dans un labyrinthe mental.

"Je comprends, professeur. Je ne l'utiliserai que par nécessité, si vous m'autorisez à le faire," assura Hermione, son expression résolue.

La directrice l'observa attentivement, pesant le pour et le contre. Elle se remémorait les précédentes interactions d'Hermione avec des objets magiques puissants, comme le Retourneur de Temps en deuxième année.

"Faites preuve de la même précaution que vous avez montrée par le passé avec la magie, Miss Granger," répondit la directrice finalement. "Je vous ferai parvenir une pensine dans vos appartements avant la visite de Potter. Un elfe de maison se chargera de la déposer dans votre chambre."

Hermione acquiesça, reconnaissante pour l'approbation et la confiance de la directrice. Alors qu'elle quittait le bureau, elle se sentait à la fois soulagée et anxieuse.

Épuisée, Hermione sentait le poids de la fatigue l'engloutir tandis qu'elle jetait un bref coup d'œil à sa montre, confirmant que l'heure avancée de la nuit était bien passée. Chaque pas vers ses appartements était une épreuve, son corps réclamant le repos. Ses pas étaient lents, presque mécaniques, alors qu'elle préférait laisser le trajet jusqu'à la tour d'astronomie pour un moment où elle aurait plus d'énergie.

Une fois dans ses appartements, elle retira sa cape et s'affaissa sur le canapé, son corps s'étendant à moitié dans un geste de lassitude. Un soupir fatigué s'échappa de ses lèvres, ses paumes pressées contre ses paupières lourdes.

"Ce n'est pas une heure décente pour une Gryffondor," la taquina une voix familière. Hermione se redressa en sursaut, ses yeux rencontrant ceux de Malfoy, qui était adossé dans l'un des fauteuils en face du canapé. Dans la pénombre, il était presque invisible jusqu'à ce qu'il se penche en avant pour la regarder.

"Bon sang, Malfoy ! Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais assis ici dans le noir ?" gronda-t-elle, mêlant exaspération et inquiétude dans sa voix.

"J'attendais le moment propice pour te faire peur," lui répondit-il d'un ton taquin, un brin de malice dans sa voix.

"Je n'ai pas la force de me battre ce soir, Malfoy. Je suis épuisée," répliqua-t-elle, laissant transparaître sa fatigue.

"Tu ne serais pas épuisée si tu n'étais pas rentrée si tard."

"Je n'ai pas de comptes à te rendre, Malfoy. Et à ce que je sache, tu n'es pas en train de dormir non plus."

"Enfaite si, j'étais en train de dormir jusqu'à ce que tu ne débarque aussi discrètement."

"Si tu ne voulais pas être réveillé, il fallait dormir dans ta propre chambre."

"Ce n'est pas comme si j'avais choisi de m'endormir ici, Granger."

Soudain, Hermione remarqua le livre posé sur les cuisses de Malfoy. Son étonnement était perceptible dans sa voix. "Tu lis des livres moldus maintenant ?"

Il haussa les épaules avec nonchalance. "Je ne vois pas en quoi c'est problématique. Certains auteurs moldus sont très doués."

"Ce n'est pas problématique, Malfoy, juste surprenant venant de toi," admit-elle, son ton étonnamment doux malgré la fatigue qui la submergeait.

S'étirant sur le canapé, Hermione céda à l'appel du sommeil. L'idée de monter les escaliers jusqu'à sa chambre lui semblait insurmontable. Elle ferma les yeux, se disant qu'elle ne ferait que se détendre quelques instants avant de reprendre ses esprits.

Pourtant, dans le semi-sommeil qui l'envahissait, la voix de Malfoy la tira de sa torpeur. "Il y a beaucoup de choses chez moi qui sont étonnantes, Granger."

"Mhmm, si tu le dis," répondit-elle, ses mots ralentissant tandis que le sommeil la gagnait.

Avant même qu'elle ne puisse réaliser ce qui se passait, elle s'endormit profondément sur le canapé, sans se soucier de la présence de Malfoy en face d'elle. La fatigue avait finalement pris le dessus, et le canapé était devenu son havre de repos.

De son côté, Malfoy la regardait, presque hypnotisé par la régularité de sa respiration apaisante. Avec sa baguette, il fit glisser la couverture à ses côtés, la déposant délicatement sur le corps endormi de la Gryffondor.

"Bonne nuit, Granger," murmura-t-il doucement, ses yeux fixés sur elle alors qu'elle sombrait dans un sommeil paisible.