Bienvenue sur cette deuxième étape du périple de Geohan !
En espérant que vous apprécierez le voyage et m'en direz des nouvelles,
D'ici là, bonne lecture :-)
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Chapitre 2. Portree, île de Skye
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Il était près de dix heures lorsque Hannah toqua à la porte communicante qui menait vers la chambre de George. En vain. Il était quasiment dix heures et quart quand elle osa en tourner la poignée, redoutant à moitié la vision sur laquelle elle allait tomber.
Elle déglutit discrètement et ne put retenir un sourire attendri en le trouvant, dans la pénombre maintenue par les lourds rideaux, dormant comme un bienheureux sur le dos, une jambe sortie prendre l'air et son torse imberbe découvert, se soulevant lentement au rythme de sa respiration.
D'un coup de baguette, elle envoya valser les tentures qui laissèrent entrer les rayons agressifs du soleil, en cette belle journée d'été. George plissa les yeux et s'entortilla davantage à ses draps.
- Hey, finit-il par lancer d'une voix pâteuse.
Seul un doux rire lui répondit.
- Tu te prépares ? On n'a pas encore pris de petit-déjeuner et on est censé rendre les chambres dans une heure !
Ce fut un grognement sourd, cette fois, qui franchit ses lèvres. Elle eut encore envie de rire. Ils n'avaient pas besoin de plus de mots pour se comprendre, de toute façon. Elle s'empara du t-shirt que George avait abandonné la veille sur un coin du bureau et le lui lança au visage.
- Je t'attends en bas dans dix minutes, frais et dispo ! s'amusa-t-elle encore en retournant dans sa chambre sans plus attendre.
George inspira longuement en souriant. Il se sentait bien. Vraiment bien. Même très bien. Il se leva avec enthousiasme et rejoignit Hannah après une toilette de chat, son sac de voyage bouclé et prêt pour le périple du jour.
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Le petit déjeuner continental englouti et après avoir longuement hésité à se laisser tenter par la location de vélos moldus que Maître Connolly, le propriétaire de l'hôtel sorcier, proposait de leur louer, ils optèrent plutôt pour deux balais de moyenne facture sur lesquels ils se sentirent bien plus en sécurité.
Ils mirent moins d'une heure à arriver à Elgol, au sud de l'île de Skye. De là, ils se dirigèrent d'un bon pas vers le Loch Coruisk, et son cirque naturel, creusé au creux des montagnes de Black Cuillin.
Ils s'exstasièrent longuement sur les corniches de pierres stériles, aussi sombres que sauvages, se virent trempés par une bruine continue une bonne partie de l'après-midi, glissèrent à de nombreuses reprises sur des dalles rocheuses, et se parèrent de tout un tas de bleus et d'écorchures.
Il devait bien être dix-neuf heures quand ils décidèrent de s'arrêter et rejoindre leur lieu de villégiature, se rendant seulement compte qu'ils n'avaient même pas éprouvé le besoin de manger tout au long de la journée.
Le ventre gargouillant, ils enfourchèrent à nouveau leur balai. Hannah avait déjà prévu, avant de savoir qu'elle voyagerait avec George, de passer la nuit chez l'oncle et la tante de Mandy, à Portree. Elle ne doutait pas que son amie avait anticipé qu'elle puisse amener le rouquin avec elle.
Il faisait frais désormais en altitude dans le ciel écossais mais, ils mirent moins d'une demi-heure à traverser les Hébrides intérieures et à rejoindre la maison des Brocklehurst.
Le couple, sans enfant, vivait dans une jolie bâtisse aux couleurs pastel, le long du port. Ils les accueillirent à bras ouverts et les invitèrent à rejoindre la cuisine où ils leur versèrent une énorme tasse de thé aussi glacé que réconfortant.
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- George, s'exclama bientôt Bonny, la tante de Mandy, vous voulez bien m'aider avec la tarte ?
Il hocha la tête, enthousiaste, et fila se laver les mains tandis que Hannah, pieds sous la table, se demandait si elle pouvait s'autoriser à enlever ses baskets qui la faisaient souffrir après cette journée à crapahuter.
Le rouquin se vit fourrer un grand saladier dans les mains. Avec un sourire, il s'empara d'une mirabelle dans laquelle il croqua sans arriver à retenir un gémissement de plaisir. Les yeux pétillants, il demanda.
- Vous les faites importer ? Je croyais que c'était un fruit de septembre !
- Oh, s'amusa John, l'oncle de Mandy, on a ramené de la terre argileuse de Lorraine il y a des années, ça fait des miracles pour nos mirabelles précoces. Elles sont un peu moins sucrées mais bien plus juteuses. Parfait pour les tartes de Bonny !
- Par contre, si vous mangez tout maintenant, George, vous ne pourrez pas y goûter, à mes tartes !
Hannah ne put retenir un rire attendri devant son air coupable. Il se redressa et, magnanime, lança un sort de dénoyautage puis coupa chaque fruit en deux, suivant à la lettre les consignes de la maîtresse de maison.
- Vous devez avoir envie de vous installer, reprit John. Par contre, Mandy ne nous a pas précisé si…
Il se racla la gorge et Hannah leva un sourcil attentif.
- Il n'y a pas de bons moyens de formuler ça, donc… Partagez-vous la même chambre ?
- Non, asséna la blonde en fronçant les sourcils face à George qui s'était interrompu, prêt à répondre différemment. Nous faisons chambre à part, continua-t-elle en adressant un sourire à John, ... enfin. Si c'est possible, ajouta-t-elle encore.
Il hocha la tête.
- Venez, Hannah, je vous montre où vous installer et où vous pourrez vous rafraîchir, continua-t-il, ricanant, en lui lançant un regard éloquent de haut en bas.
Elle ne put s'empêcher de glousser à son tour. Ils faisaient, effectivement, peine à voir. Le t-shirt de George n'avait plus rien de blanc et, elle qui avait enfilé un bermuda le matin même, pouvait voir ses jambes couvertes de traînées de terres et de griffures, souvenirs d'une série de buissons épineux.
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Une douche plus tard et après avoir enfilé des vêtements propres et frais, Hannah, George, Bonny et John partagèrent un copieux repas sur la terrasse à l'arrière de la maison.
Les deux plus jeunes terminèrent leur journée assis sur les marches du perron, face au front de mer, une tisane à la main. Il faisait déjà nuit mais la lune gibbeuse et les myriades d'étoiles dans ce ciel dégagé offraient une telle luminosité qu'ils n'avaient aucune difficulté à voir les lames du ressac en contrebas.
- J'aurais aimé pouvoir photographier cette vue. J'imagine que toi non plus, tu n'as pas d'appareil ?
Hannah secoua la tête.
- Non. Je compte plus souvent sur mes souvenirs que sur les images, fixes ou mobiles.
Il lui sourit, tournant la tête vers elle et la dévisagea longuement tandis qu'elle regardait la mer.
- Ce n'est pas moi que tu devrais regarder, George. Le spectacle est devant nous.
- Hmm… Oui… Je préfère te fixer toi dans mes souvenirs que la mer, répondit-il extrêmement sérieusement.
La blonde, qui pensait probablement répliquer quelque chose au début de l'intervention de George, interrompit son mouvement, la bouche entrouverte et ne put retenir un nouvel éclat de rire.
- Tsss, ajouta-t-il faussement dédaigneux. Que tu es moqueuse. Je ne peux jamais te faire la moindre déclaration que tu prennes au sérieux…
- Des années que je te pratique, Georgie, commença-t-elle en s'appuyant sur son bras. Des années… Il va effectivement falloir un peu plus que quelques clichés pour que je te prenne au sérieux…
Elle lui adressa un sourire malicieux tandis qu'il croisait les bras sur son torse, boudeur. Elle se releva en s'appuyant sur l'épaule du rouquin, la fatigue empêchant tout semblant de souplesse.
Une fois debout, elle fixa l'horizon, inspira profondément en écartant les bras, respirant les embruns. George, toujours assis, appuya sa tête sur la jambe de la blonde, caressant d'une main ses mollets et l'arrière de ses genoux.
Elle allait protester, retenant difficilement un frisson, quand la porte derrière eux s'ouvrit avec enthousiasme.
- Ah, les enfants ! Avant d'aller vous coucher, Bonny et moi avons une proposition malhonnête à vous faire.
- Toujours prêt, s'exclama George avec un sourire en coin en levant la tête vers le quinquagénaire.
Les yeux de John pétillaient.
- Angus, le fils des Stewart, commença-t-il en pointant une maison un peu plus loin, vit à Inverness et on s'était engagé à lui amener la voiture de son père qui ne peut plus la conduire depuis son accident et…
Il s'interrompit en voyant les sourcils froncés des deux jeunes gens. Il retint un court rire, s'excusa et reprit.
- Oui. Bon. Enfin. On se disait avec Bonny, que… puisque vous vous rendez là-bas demain, peut-être que vous pourriez l'y amener, non ?
- Euh. On va à Inverness demain ? demanda George en écho à l'interrogation muette de Hannah dont les sourcils s'étaient froncés.
- Et bien, c'est ce que nous a dit Mandy la dernière fois qu'elle nous a parlé de votre venue, oui. Ce n'est pas le cas ?
- Oh, j'imagine que si elle vous l'a dit… commença Hannah avec une pointe de quelque chose qui semblait à la limite entre l'amusement et l'agacement.
- … C'est que ce doit bien être le cas, compléta le jeune homme, clairement enchanté. J'ai très envie de prendre cette voiture moi !
- Tu sais conduire au moins, George ?
- Bien sûr, Hannah Conda ! Tu as oublié la vieille Ford Anglia de mon père ? demanda-t-il non sans une once de fierté.
Molly Weasley avait obligé ses fils à passer un permis de conduire moldu à leur majorité. Quitte à ce qu'ils recommencent à voler la voiture de leur père, elle préférait tout de même que ce soit en toute sécurité !
- J'imagine que l'affaire est entendue, alors, répondit la blonde en levant les yeux au ciel sans arriver à s'empêcher de sourire.
- Je.
Personne ne sût ce que John allait répliquer, le petit Hibou des Marais de Mandy s'étant très inélégamment écrasé sur lui, une enveloppe de papier kraft accrochée à la patte.
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Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite ;-)
