Cette fic a été écrite pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Ecchymose". Je vous laisse me MP si vous avez besoin de précisions concernant ce jeu
Le plus beau jour de sa vie
Rassemblant ses maigres forces, elle tenta de remonter le chemisier défraichis sur son épaule osseuse. D'un geste qui se voulait réconfortant, la femme qui lui était venu en aide tenta de l'aider. Malheureusement, elle ne put cacher sa surprise lorsqu'elle vit la large tâche bleuâtre qui s'étendait sur son épaule. Si Mérope avait eu suffisamment de sang et de forces, elle aurait sûrement rougi. Seul un sursaut désespéré de pudeur lui permit de cacher cette marque.
Depuis qu'elle avait arrêté de lui administrer ses potions, Tom Senior avait compris qu'elle l'avait abusé et ne se privait pas de lui faire comprendre son mécontentement. Sa grossesse, loin de le calmer, avait redoublé sa violence et malgré l'amour qu'elle lui partait, l'avait poussé à s'enfuir.
Mérope tentait de se souvenir des premiers jours, lorsqu'il était si amoureux d'elle et qu'elle avait l'impression d'être une princesse à ses yeux. Il lui avait promettait monts et merveilles, son futur s'annonçait radieux loin de la cahute crasseuse de son père. Tom était beau, doux, attentionné. Il était le prince charmant de ses rêves, celui dont elle n'imaginait pas un jour devenir la femme.
Et pourtant… Lorsqu'il l'avait présentée à ses parents, elle avait eu l'impression qu'ils l'avaient acceptée. Elle n'était pas la bru qu'ils avaient imaginé, mais ils si étaient fait. Le village avait lui aussi finit par comprendre et ses proches, son père et son frère n'avaient pas eu leur mot à dire. Toutes les étoiles s'étaient progressivement alignées.
Tout se passait tellement bien qu'elle avait commencé à diminuer les doses de filtre. Miracle cela n'avait pas nui à leur relation, bien au contraire ! Tom lui semblait plus amoureux que jamais. Il était si prévenant…
Mais un jour, elle avait oublié de lui administrer le filtre. Il était si amoureux qu'elle ne s'était pas inquiétée outre mesure. Il était toujours le même, jusqu'à la gifle. Ce coup qui l'avait pris par surprise.
Elle ne l'avait pas vu venir, la flamme de la passion avait été remplacée par la brulure sur sa joue. Il avait commencé à l'insulter, à la frapper comme si ça vie en dépendait. Mérope était restée au sol, démunie, son ventre qu'elle voyait s'arrondir avec joie depuis quelques mois semblait soudain être devenu un poids insupportable. Espérant secrètement reprendre le contrôle de la situation, elle avait laissé la pluie de coups s'abattre sur elle sans broncher. Laisser passer l'orage en attendant des jours meilleurs, voilà le leitmotiv qu'elle appliquait depuis sa plus tendre enfance, et cela ne lui avait pas trop mal réussi.
Lorsqu'elle prépara le petit déjeuner, le lendemain, comme si rien ne s'était passé, Tom lui jeta au visage.
"Jamais je ne mangerai quoi que ce soit que tu auras préparé, sorcière ! »
Cette accusation la heurta plus que les coups de la veille. Il avait dit cela comme s'il s'agissait d'une insulte. Il était parti d'un pas décidé, dans la pâleur froide du soleil levant, et ne s'était jamais retourné. Jamais plus son regard n'avait croisé celui de Mérope.
Pleurant chaque matin, espérant chaque soir, elle avait mené sa grossesse à bien. Lorsque les douleurs de l'enfantement s'étaient présentées, Mérope se sentit brutalement si seule qu'elle envoya chercher l'accoucheuse du village. Celle-ci, plus proche de la charlatanerie que de la maïeutique se contentait de lui tenir la main et de l'encourager.
Lorsqu'au petit matin, un enfant malingre naquit, la sage-femme se contenta de préserver la pudeur de Mérope et lui jeta un coup d'œil méprisant. Cet enfant né en ayant tant fait souffrir sa mère et sans père connu ne pouvait pas devenir une bonne personne. Il était destiné à un avenir sombre. Elle le sentait.
