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Le Manoir Wayne : lieu d'accueil thérapeutique

(anciennement « Joker at Wayne Manor »)

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Bienvenue dans cette nouvelle fanfiction, où le Manoir Wayne se transforme sous l'impulsion d'Alfred et au grand dam de Bruce en lieu d'accueil thérapeutique. Sachant qui va y être accueilli, ça annonce pas mal de chambardements dans la vie de nos protagonistes !

Résumé : « Tout était parti du double constat qu'avait fait Alfred : Bruce se repliait de plus en plus sur lui-même et le Manoir Wayne manquait cruellement de vie. Lorsqu'il avait entendu parler de ce fameux programme de réinsertion de patient de psychiatrie en voie de rétablissement, Alfred s'était saisi de cette opportunité. N'était-ce pas à la fois une belle idée altruiste ainsi qu'une occasion de redonner un peu de vie au quotidien ? S'il avait su ce qui les attendait, peut-être y aurait-il réfléchi à deux fois... Mais après tout, tout homme a droit à une seconde chance, n'est-ce pas ? »

Pairing : Bruce Wayne / Joker

Rating : T

Bonne lecture !

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Chapitre 1 : Le projet d'accueil

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En y réfléchissant bien, tout cela avait commencé au trente-et-unième anniversaire de Bruce.

L'année précédente, pour ses trente ans, Alfred avait organisé avec l'accord du concerné une fabuleuse soirée d'anniversaire au Manoir, où avait été invité tout le gratin de Gotham. A cette époque cela faisait déjà plusieurs mois que Bruce avait raccroché la cape du Batman ; pour autant il avait accepté de jouer son rôle de playboy encore quelque temps, afin que l'on n'assimile pas directement la disparition du Batman et le repli de Bruce Wayne.

Alfred avait été ravi d'organiser cette somptueuse soirée. Décorations, invitations sur papier en filigrane, cocktails uniques en leur genre et toasts de caviar... tout y était passé. Et les convives avaient été on ne peut plus ravis ! Même Bruce Wayne avait eu le sourire tout au long de la soirée, prenant plaisir à cette grande festivité... Du moins, c'est ce qu'il avait laissé paraître. Cependant dès la fin de la soirée officiellement annoncée, Alfred avait vu le visage de son jeune maître reprendre immédiatement cette teinte sans joie, et l'avait observé se replier sur lui-même à nouveau, comme il le faisait déjà depuis plusieurs mois.
Et suite à cela... Plus rien.

Plus aucune festivité au Manoir. Plus aucune acceptation de se rendre à un quelconque gala, de participer à quelque sortie que ce soit... Plus aucune femme ni aucun homme n'avait été invité pour partager l'intimité de Bruce ne serait-ce que le temps d'une soirée. L'homme s'était renfermé et plus rien ne semblait l'atteindre.

Alfred avait passé une année entière à faire comme il ne s'agissait là que d'une mauvaise passe, persistant à croire dur comme fer qu'un de ces jours le jeune Bruce retrouverait de l'intérêt dans son quotidien et du plaisir à vivre. Mais les mois étaient passés et Bruce était resté reclus dans ses quartiers. Son seul contact avec un autre être humain se produisait lors des quelques discussions qu'il entretenait avec son majordome lors des repas – lorsque le jeune propriétaire du manoir acceptait de manger, bien sûr... Ce qui arrivait de moins en moins souvent, celui-ci prétextant souvent ne pas avoir faim ou ne pas avoir envie d'un véritable repas.
Ceci inquiétait d'autant plus ce cher Alfred Pennyworth.

Pour les trente-et-un ans de Bruce, Alfred avait proposé d'organiser une nouvelle soirée, du même style que l'année précédente ; toutefois Bruce avait refusé. Malgré ce refus, la détermination d'Alfred ne s'était pas tarie ; c'est pour cela qu'il s'était tout de même affairé à préparer un beau festin pour cet anniversaire-ci, même s'ils ne seraient que deux à le célébrer. Alfred tenait à apporter un peu de joie et de vie dans le quotidien de son jeune maître.

Lorsqu'il était descendu pour le repas d'anniversaire, Bruce avait quasi immédiatement demandé à son majordome d'éteindre la musique que celui-ci avait mis en fond sonore. Puis ils s'étaient tous deux attablés dans le silence, Bruce ne répondant que par monosyllabes aux tentatives de discussions lancées par Alfred. Le repas n'avait pas duré plus de vingt minutes et, juste après, Bruce s'était directement réfugié dans ses appartements en prétextant qu'il avait à faire. Alfred s'était donc retrouvé seul face à la table ornée de confettis et de serpentins.

Oui, en y réfléchissant, c'est sûrement là que tout avait commencé. Alfred avait senti ce poids dans sa poitrine, face au silence et à la solitude qui régnaient dans le Manoir en pareille occasion.

Cela ne pouvait plus continuer ainsi, s'était-il dit. Et il avait eu une idée. Si Bruce Wayne ne souhaitait pas sortir de sa torpeur, et bien soit, Alfred ne pouvait pas l'y forcer. Dans ce cas peut-être fallait-il prendre le problème en sens inverse : si Bruce ne sortait pas à la rencontre de la vie, alors il faudrait faire venir la vie jusqu'à lui.

Pendant les semaines suivantes, Alfred avait essayé d'imaginer diverses façons de concrétiser cette idée. Il avait tout d'abord pensé à restaurer une partie du Manoir inutilisée afin d'en faire un espace ouvert au public pouvant accueillir diverses expositions ; Alfred avait toujours eu une sensibilité pour l'Art et il savait que cela ne laissait pas son jeune maître indifférent.

Il avait gardé cette idée dans un coin de son esprit mais l'avait reportée à plus tard. Car qui disait "Manoir Wayne" et "exposition" dans la même phrase aurait pour effet de ramener tout le gratin de Gotham. Or, ce genre de personnalités, Bruce Wayne n'avait déjà que trop été forcé de les côtoyer. Alfred souhaitait quelque chose de plus authentique pour redonner à Bruce un peu de goût à la vie.

Le majordome avait ensuite eu une autre idée : l'Orphelinat Wayne. Il avait pris contact avec le directeur de l'établissement, proposant une journée de visite du Manoir pour les enfants, avec bien évidemment le goûter offert dans le grand jardin qui serait décoré pour l'occasion.

Lorsqu'il avait parlé de cette initiative à Bruce, celui-ci n'avait pas répondu grand chose de plus qu'un haussement d'épaules. Néanmoins, une fois le fameux jour arrivé, le jeune maître des lieux avait accepté de participer à la journée – sûrement pour faire plaisir à son majordome, qu'il considérait depuis le temps comme un véritable membre de sa famille.

Un groupe d'une dizaine d'enfants accompagné du directeur et de deux éducatrices était donc arrivé en un beau début d'après-midi. Alfred et Bruce les avaient accueillis, leur avaient fait visiter le Manoir en leur expliquant la précieuse histoire cachée derrière chacune des pièces et des objets qu'elles contenaient, avant de se rendre dans le jardin pour un fantastique goûter animé par des professionnels recrutés spécialement pour l'occasion.

Mais à peine le minibus de l'orphelinat reparti sous les cris chargés de remerciements des enfants, Bruce avait lâché son masque et avait ce reprit ce visage que Alfred ne lui connaissait que trop bien, la mine vide d'expression et le regard lointain. Bruce était rentré dans le Manoir sans plus de cérémonie et s'était à nouveau cloîtré dans ses appartements.

Alfred ne s'était pas découragé pour autant. Il avait proposé à Bruce que de pareilles visites de l'orphelinat soit organisées régulièrement, tous les mois par exemple. Son jeune maître avait décliné, disant que cela était très noble de la part de son majordome mais que cela était « trop usant » pour lui.

« Trop usant ? avait répliqué Alfred. Et je peux savoir ce qui vous use à ce point, vous qui passez votre temps enfermé dans votre chambre ? »

Bruce n'avait pas répondu, ce qui avait un peu exaspéré Alfred. Il n'y avait chez le jeune millionnaire aucune trace de joie de vivre, mais il n'y avait même plus de trace de cette étincelle qu'il avait été habitué à voir au fond des iris brunes lorsque celui-ci était énervé – et à vrai dire, Bruce Wayne était du genre à avoir l'énervement facile. Du moins c'était le cas avant... A présent, même cela avait disparu.

Alfred avait alors proposé quelque chose qui aurait pu être jugé complètement fou.

« Dans ce cas, si vous ne souhaitez pas de visite régulière de l'orphelinat, peut-être pourriez-vous adopter l'un de ces orphelins. »

Bruce, qui s'apprêtait à ce moment-là à remonter dans ses appartements, s'était arrêté en chemin et avait avait tout de même pris la peine de se retourner.

« Voyons Alfred, ne dites pas n'importe quoi.

- Mais je suis on ne peut plus sérieux. »

Bruce avait pris le temps de considérer son interlocuteur, constatant qu'en effet celui-ci n'avait pas dit cela à la légère.

« Ce n'est vraiment pas une bonne idée, lui avait-il alors répondu en essayant de ne pas être trop brusque. Vous savez que je ne suis pas à l'aise avec les enfants. »

Puis il avait finalement repris sa route en direction de ses quartiers.

Certes, le jeune Bruce n'avait pas été particulièrement à l'aise avec les enfants lors de cette journée, Alfred l'avait remarqué. Néanmoins il avait vu que celui-ci faisait des efforts pour être agréable, c'était déjà tellement plus que ce qu'il faisait habituellement ! Alfred l'avait même vu sourire quelques fois ! Même si, à la réflexion, cela avait peut-être été des sourires forcés... Bon, s'était résigné Alfred. Pas d'enfant pour Bruce.

Il avait par la suite eu d'autres idées, qu'il avait bien vite mises de côté. A la limite celle qui revenait régulièrement était cet espace d'exposition à ouvrir dans le Manoir ; mais pas tout de suite, se disait-il. Avant quelque chose dans ce goût-là, il voulait autre chose pour Bruce – de plus authentique, plus vivant, qui le toucherait en profondeur.

Et puis un beau jour il avait entendu parler de ce fameux programme.

Alfred avait d'abord vu un article paru dans le journal. « Nouveau projet en psychiatrie » en était le titre qui ornait une demi-page de texte agrémentée d'une photo de l'un des services psychiatriques de la ville de Gotham. Alfred avait lu ce dont il était question et, au fil de sa lecture, son intérêt avait grandi.

L'article faisait d'abord le constat du pitoyable état des services psychiatriques dans le pays, ceux de la ville de Gotham ne faisant pas exception. Locaux vétustes, manque de budget, manque de personnel... Les capacités d'accueil étaient de plus en plus réduites tandis que la demande de prise en charge ne désenflait pas, bien au contraire. Une fois ces faits posés, l'article abordait le nouveau projet proposé par la ville.

Il s'agissait de mettre en place très prochainement une autre forme de prise en charge, où les personnes ayant besoin de soins psychiatriques ne seraient pas internées en psychiatrie (sauf en cas de force majeure, était-il précisé) mais, plutôt, celles-ci resteraient chez elles et recevraient des soins à domicile : visites de psychiatres, psychologues, infirmiers, aide-soignants... C'était un tout nouveau fonctionnement qui se proposait de voir le jour. Mais, et pour les personnes n'ayant plus de domicile ? demandait alors l'article. Et bien la réponse était la suivante : pour les personnes sans domicile et sans proches pour les accueillir, il était fait un appel à volontaires afin de servir de « famille d'accueil » pour ces personnes en cours de rétablissement. L'article expliquait les différentes évaluations qui seraient faites aussi bien pour les personnes à accueillir comme pour les personnes accueillantes, l'aide financière qui serait allouée au foyer qui se proposerait de participer à une telle prise en charge, ainsi que les différents soutiens professionnels prévus...

Une petite ampoule s'était allumée dans l'esprit d'Alfred.

Il y avait tellement d'espace de libre dans le grand Manoir Wayne, et tellement peu de vie à l'intérieur... Bruce ne souhaitait pas y accueillir d'enfant. Soit. Mais accueillir une personne en souffrance, à accompagner sur la voie du rétablissement... ? Alfred repensa fugacement au Batman et à son envie de faire le bien dans cette société. Cela ne pourrait-il pas coller ?

Alfred avait donc noté le numéro de téléphone du service psychiatrique en charge de ce nouveau projet, puis s'était décidé à appeler afin d'obtenir de plus amples informations.

Il avait passé un certain temps en ligne avec la psychiatre chef de ce service, la docteure Eileen Wiliams. Elle lui avait donné davantage de détails sur ce projet qui allait voir le jour et en avait profité pour glaner quelques informations sur son interlocuteur, notamment afin de savoir si celui-ci pourrait être intéressé pour faire partie de ces fameuses « familles d'accueil ». Elle lui avait expliqué l'importance pour ces patients de pouvoir être à nouveau intégrées dans la société grâce à un environnement de vie sécurisant et chaleureux, ainsi que la poursuite des soins dans ce cadre.

La docteure Williams lui avait proposé de se rendre sur le site internet du service afin de télécharger le dossier de candidature pour devenir famille d'accueil, qui comprenait une fiche récapitulant les diverses informations ainsi que les papiers officiels à remplir pour faire partie du programme.

Alfred l'avait remercié puis avait téléchargé ledit dossier.

Pendant plusieurs jours le majordome avait lu et relu les différents documents. Un coup il se disait que c'était là une excellente idée ; mais à d'autres moments il rangeait prestement le dossier dans un tiroir en se disant que c'était là bien trop farfelu à son goût – et sûrement au goût de son jeune maître, imaginait-il.

Mais, peu à peu, l'idée avait cheminé dans son esprit.

De plus, il était bien spécifié dans la fiche explicative qu'une période d'essai serait mise en place avant de s'engager plus loin dans le processus. Alors, pourquoi pas ? avait fini par conclure Alfred au bout de plusieurs semaines. Pourquoi ne pas faire un essai ?

Il avait pris la décision d'en parler à Bruce. Celui-ci avait eu la décence de paraître un minimum surpris quand son majodorme lui parla de son souhait de venir en aide à des patients de psychiatrie.

« Vraiment, Alfred ? lui avait demandé le trentenaire. Vous en avez vraiment envie ?

- Oui, j'aimerais que nous essayions de fournir un lieu d'accueil sécurisant à des personnes en souffrance qui cherchent à s'en sortir.

- Nous ? avait relevé Bruce.

- Oui, nous. Si nous accueillions une telle personne, elle vivrait ici au Manoir avec nous deux.

- Hors de question, avait-il alors répondu.

- Bien sûr je ne ferais rien sans votre accord, avait rétorqué Alfred avec calme. Vous êtes le propriétaire des lieux et je m'en remettrai à votre décision. Néanmoins, je vous demande de prendre le temps d'y réfléchir sérieusement. »

Durant les semaines qui suivirent, il ne passait pas un jour sans qu'Alfred ne demande à Bruce où il en était de sa réflexion à ce sujet.

« C'est toujours non » avait plusieurs fois répondu Bruce.

Mais Alfred n'en démordait pas, gardant toujours un ton calme et détaché lorsqu'il posait la question. Cette insistance témoignait de sa résolution.

« Mais pourquoi est-ce que ça vous tient tant à cœur ? » avait été la réponse suivante face à l'insistance du majordome. Alfred s'était alors embarqué dans toute une discussion sur le sentiment d'utilité, l'aide aux personnes en nécessité, et plein d'autres sujets qui lui tenaient tant à cœur. Il avait même fait le lien avec le rôle du Batman, ce que Bruce n'avait que peu apprécié.

« Vous n'abandonnerez donc jamais ? » avait fini par demander Bruce au bout de la il-ne-savait-même-plus-combien-ième de semaine que Alfred lui rabâchait ce fameux projet d'accueil.

Alfred, lui, avait gardé le compte en tête. Et c'est à la fin de la troisième semaine qu'il eut fini d'achever Bruce.

« Très bien, avait alors lâché le millionnaire face à son majordome. Vous voulez faire ce... ce truc d'accueil, j'ai bien compris. Alors allez-y, faites-le si ça vous tient tant à cœur ; mais je ne veux surtout pas y être mêlé ».

Bruce Wayne était vraiment une tête de mule, avait pensé Alfred tout en ayant néanmoins le sourire aux lèvres tandis qu'il remplissait les papiers officiels. N'avait-il vraiment pas compris que, quoi qu'il arrive, il serait forcément mêlé à ce qui allait suivre ?

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Voilà pour ce premier chapitre, j'espère qu'il aura titillé votre curiosité et que vous aurez envie de venir découvrir la suite ! Comme j'aime le faire habituellement, je vous poste le deuxième dans la foulée pour que vous puissiez vous faire une meilleure idée ; donc à tout de suite pour celles / ceux qui ça intéresse (:

P.S. : Au passage, sachez que ce genre de familles d'accueil existe déjà bel et bien en réalité, de même que les hospitalisations à domicile.