La nuit était noire et une silhouette toute aussi sombre semblait errer dans les rues obscures. Sa démarche lui donnait l'allure d'un serpent se mouvant en silence. Il tenait à la main une bouteille quasiment vide et aucune réponse ne paraissait vouloir se matérialiser au fond de celle-ci.

Son état ne le fit pas se questionner lorsque miraculeusement les lampadaires se rallumèrent autour de lui, il sifflotait distraitement alors que ses pas le menaient machinalement vers un café. Vu l'heure il n'était plus ouvert, pourtant les lumières étaient toujours allumées. Il s'arrêta devant la porte vitré et fronçant les sourcils pour tenter de stabiliser sa vue, il frappa à la porte.

Une jeune femme aux cheveux noirs approcha d'un pas agacé, elle le regarda et se figea, le fixant à travers la porte toujours fermée. Il fit un grand mouvement traduisant son incompréhension. Nina s'approcha et ouvrit la porte d'un geste réticent.

- Bonsoir ! Dit il d'un ton joyeux.

- Bonsoir...

- Je peux entrer ?

Elle le regarda de haut en bas et prise au dépourvu s'écarta pour le laissé passer.

- Qu'est ce que vous faites là? Demanda-t-elle froidement.

- Et vous ?

- Ça ne vous regarde pas ! Je vous ai déjà dis que vous n'aviez pas à vous mêler de mes affaires.

Il se tourna brusquement face à elle les yeux brillants étrangement.

- Vous m'avez dis ça ?!

- Un bon milliers de fois probablement...

Elle le regardait frénétiquement, quelque chose n'allait pas, elle n'arrivait pas à dire quoi.

- Vraiment ? C'est fabuleux !

Nina se senti désarçonnée, un bruit de pas pressé retenti derrière elle.

- Du coup vous me connaissez ?

Maggie passa le comptoir et s'arrêta net.

- Mr Rampa ? sa voix tremblotait.

- Rampa ? Répéta-t-il en grimaçant.

- Qu'est ce que vous faites là ?

- C'est pas terrible comme nom...

- Pardon?

Il y eut un silence, Rampa toujours plongé dans ses pensées, Nina et Maggie échangeant des mimiques dans une discussion silencieuse qui aurait pu se traduire comme suit :

" Mais qu'est ce qu'il fait là?"

"J'en sais rien !"

" Qu'est ce qu'il veut?"

" Je ne suis pas sûre qu'il le sache lui même, je crois qu'il est complètement bourré..."

" Oh mon dieu !"

- J'ai un prénom ? Non parce que je ne peux pas m'appeler Rampa, ça fait.. Serpent je trouve et j'aime pas bien ça les serpents.

Elles le regardèrent, il s'adressait bien à elle mais il semblait ailleurs comme totalement perdu.

- Mr Rampa vous êtes sûre que ça va ? Murmura Maggie.

Elle s'approcha de l'homme et lui pris précautionneusement le bras.

- Venez on va allé s'asseoir, on va vous faire un café.

- J'm'en occupe, Lâcha précipitamment Nina, qu'est ce que c'est encore que cette histoire, poursuivit-elle en soupirant.

Elle se détourna, attrapant discrètement la bouteille qu'il tenait encore, elles n'avaient pas besoin qu'il aggrave son cas. Elle y jeta un regard distrait et fronça les sourcils, quelque chose ne collait pas.

Maggie entraîna Rampa a une petite table et le fit s'asseoir avec précaution.

- Mr Rampa, dites moi ce qui se passe ?

- Je ne sais pas... Souffla-t-il.

- Pourquoi vous êtes ici, dans cet état à une heure pareille?

- Je me rappel pas... Vous êtes sûre que j'ai pas un prénom ? Vraiment Mr Rampa ça sonne... Vous voyez...

Il claqua des doigts a deux reprises en grimaçant.

- Je... je... Je crois que c'est Anthony.

- Anthony ?

Il fit la moue. La disquaire se leva et alla fouiller dans un sac a main posé sur le comptoir, elle revint et lui tendit une petite carte, une flamme brillante sur un fond noir occupait toute la face. Il fut surpris de la chaleur de la carte mais n'y prêta pas plus d'attention, il l'a retourna et vit écrit d'un rouge sanglant Anthony J. Rampa.

- Vous voyez ?

- C'est quoi ce J ?

- Euh... beh, c'est un J... Peut être pour Jonathann ? Jack ? James ?

- Jim ?

Maggie ouvrit de grands yeux ronds et le fixa, qu'était il entrain de se passer.

- Jim, j'aime bien Jim, ça sonne mieux que "Anthony" ou "Rampa".

Il avait grimacé ces deux mots. Relevant la tête, un air particulièrement satisfait sur le visage il remarqua la silhouette figée de Nina un mug à la main.

- Quoi ? On connaît un Jim ? Dit il l'air incertain.

- Mais qu'est ce qui passe non de Dieu ! S'énerva La serveuse, vous nous faites une blague c'est ça ? Ou vous avez tellement picolé que vous en avez oublié votre propre nom?

- Je crois pas avoir bu...

Il teinta sa remarque d'un petit machouillage bruyant, cherchant le goût de l'alcool dans sa bouche.

Nina posa le mug avec violence sur le comptoir et alla chercher la bouteille qu'elle avait abandonné, elle l'a posa devant lui d'un air excédé.

- C'est pas de l'alcool ça... Lui dit il avec un sourire.

Mais depuis quand souriait il cet imbécile, depuis quand avait il un sourire qui se reflétait même dans ses yeux. Elle fronça les sourcils réalisant qu'elle n'avait jamais vu ses yeux au par-avant. Il était d'un marron cuivré délicat et extrêmement expressif, vraiment pas de quoi les cacher derrière ses étranges lunettes de soleil. Elle secoua la tête et regarda la bouteille.

- De la limonade ?

- J'vous dis j'ai pas bu !

Elle lança un regard paniqué à Maggie.

- Excusez nous Mr Rampa, buvez votre café, j'ai un mot à dire à Maggie.

Elle se précipita vers sa petite amie lui attrapa le bras et l'entraîna à l'écart.

- Appelez moi Jim !

Elle ferma les yeux une seconde et se massa les tempes.

- Est ce que tu as la moindre idée de ce qui lui arrive ?

- non... Souffla Maggie l'air effrayé, on dirait qu'il... qu'il a juste... perdu la mémoire ?

- Oh non, ça va pas recommencer.. Gémit-elle.

- Au moins celui là il est habillé, lui sourit timidement la disquaire.

Nina plissa les yeux et secoua la tête, elle ne voulait pas imaginer ça.

- Qu'est ce qu'on fait ?

- J'en sais rien... La seule personne qui aurait pu nous aider, c'est ce Mr Fell ou je ne sais comment il ce fait appeler maintenant et ça fait presque un an qu'on ne l'a pas vu ! Et crois moi, un an c'est pas assez !

- On pourrait peut-être... En parler à Muriel ? Après tout elle sait peut-être où il est ?

- Mais elle est tellement...

- ... Bizarre ? Parce que tu les trouvais comment tout les deux ?

Nina regarda tendrement la jeune femme, elle déteignait sur elle. Elle se reprit.

- Tu crois que c'est une bonne idée, après tout c'est depuis leur... discussion qu'il a disparu, enfin qu'ils avaient disparu.

- Tu sais bien que parfois les choses doivent prendre leur temps.

Ce fut au tour de Maggie de sourire en prononçant amoureusement ces mots.

- D'accord on verra ça demain matin, en attendant qu'est ce qu'on fait de lui?

Un grognement leur fit tourner la tête.

Rampa était affalé sur la banquette et c'était visiblement endormi.

- Ok mais seulement pour cette nuit soupira Nina.

Le café n'était pas encore ouvert lorsqu'elle traversa la rue pour se rendre à la librairie. Elle avait laissé le soin à Maggie de s'occuper de leur invité surprise qui semblait avoir bien du mal à se réveiller malgré tout le café qu'il avait ingurgité la veille. Six expressos ça vous aurait réveillé un mort. Et c'était ce qu'il aurait été si elle était resté une seconde de plus à le regarder. Elle grommelait, pestait, pourquoi fallait il qu'il soit revenu. Elle avait fini, après des mois de thérapie, par se convaincre que tout ça n'avait été qu'un enchaînement de coïncidences et d'incompréhensions. Profondément agacé elle frappa violemment à la porte de la librairie et son humeur ne s'améliora pas lorsque celle ci s'ouvrit timidement sur le regard de biche égarée de Muriel.

- Oh Nina... Dit elle en souriant. Je peux faire quelque chose pour vous ?

- Oui, vous pouvez me trouver immédiatement le numéro de votre patron et lui exigé de rappliquer dans la minute, on a un paquet à lui qui traîne sur une chaise du café.

Muriel pâlit et ses yeux s'agitèrent dans tout les sens.

- Mon patron ? Mais.. Comment ça ? Je ne peux pas l'appeler, je ne suis pas habiliter à ça !

- pas habilité ? C'est quoi ce délire ! Donnez moi le numéro de Mr Fell tout de suite et vous allez voir que moi j'suis habilitée.

- Mr Fell? Muriel avait l'air totalement perdue.

- Oui Mr Fell, le propriétaire de la librairie, pas très grand, pas très mince, les cheveux blancs, l'air toujours jovial, souvent suivi d'un grand mec habillé en noir. Mr Fell ça vous revient.

- Oh oui Mr Fell... Et bien... Son regard ce fit fuyant, je n'ai pas eu de nouvelles dernièrement je ne sais pas vraiment s'il est joignable et d'ailleurs je n'ai pas non plus eu de nouvelles de Mr Rampa, ils sont peut-être parti faire un voyage ensemble ! Finit elle l'air faussement joyeux.

- Alors ça ça m'étonnerait étant donné qu'il est actuellement entrain de piller ma réserve de café...

Muriel tressaillit.

- Mr Rampa est chez vous ?

- Oui... Nina soupira, il a débarqué dans la nuit, il a l'air d'avoir quelques petits soucis de mémoire et on se disait que Mr Fell pourrait l'aider.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

- Alors là, moi je m'en contre fou de ce que vous pensez ! Elle attrapa l'ange par le bras sans ménagement et l'entraîna avec elle.

A l'arrière de la boutique une silhouette qui était resté sans bouger jusque là fronça les sourcils en les regardant partir.

Nina se planta devant Rampa qui fixait distraitement le fond de sa tasse, il releva la tête et afficha un sourire poli aux deux jeunes femmes qui l'observaient.

- Bonjour ?

- Bonjour... Marmonna Muriel en baissant la tête.

Il y eut un blanc.

- Vous allez bien ? Demanda joyeusement Rampa bien décidé à faire la discussion, je suis Jim !

Muriel releva la tête et eu brusquement l'air d'un poisson hors de l'eau. Elle observa attentivement le démon et se senti défaillir, il arborait un sourire jovial sans la moindre trace de sournoiserie, ses yeux n'étaient plus ceux d'un serpent et aucun sifflement ne transparaissait dans sa voix.

- Et allé ça recommence grogna Nina.

Elle lança un regard glacial à l'ange.

- Est ce que vous avez la moindre idée de ce qui lui arrive ? Et ne me dites pas non, je ne vous croirais pas !

Muriel jetait des regards effrayés autours d'elle tout en se tordant les mains nerveusement.

- Je crois que... Ça à l'air d'avoir bien marché cette fois... Peut être un peu trop... Mais il devrait pas être là...

-Qu'est ce qui a marché ? Pourquoi il ne devrait pas être là ? S'impatienta Nina.

L'ange la regardait avec indécision, elle ne pouvait pas parler des plans divins aux humains c'était impossible mais en même temps elle ne voyait pas à qui elle pourrait s'adresser, pas cette fois.

- Et bien... Il semblerait que les choses ne ce soient pas très bien passé entre lui et...

- Mr Fell?

- Oui, ils se sont, comment dites vous ? fâchés et... après ça, le traître, enfin Mr Rampa à demandé...

Elle hésita, mais le regard que la serveuse posait sur elle était tout aussi effrayant que les flammes de l'Enfer, bien qu'elle ne les aient jamais vu, mais elle imaginait.

- Il a demandé à ce que Mr Fell soit... Effacé de sa mémoire.

- Comment ça effacé de sa mémoire? Y a des gens qui savent faire ça ?

Nina avait les sourcils froncés se demandant si la jeune femme se moquait d'elle ou si c'était réellement l'une de ses bizarreries dont elle allait encore devoir parler longuement avec son psy pour y trouver un sens logique.

- Oui ! c'est une procédure très simple ! S'éclaira Muriel avant de se rendre compte de sa bêtise, enfin oui simple mais euh... très très très cher et il n'y a qu'un médecin qui sache le faire, et euh.. Comme c'est très cher il est tout le temps en vacances parce qu'il a pas besoin de beaucoup gagner !

Elle afficha un sourire fière, elle s'était bien rappelé de toutes les astuces que lui avait donné Aziraphale pour justifier des horaires d'ouverture de la librairie. Elle ne comprenait pas tout à fait l'intérêt d'avoir une si grande boutique, si remplie s'il faisait tout pour ne pas avoir de clients mais à quoi bon.

Nina grogna elle n'avait pas envie de chercher à comprendre de toute façon, tout ce qu'elle voulait c'est que l'homme disparaisse de son café et par la même occasion la jeune femme habillée de blanc qui la mettait un peu plus mal a l'aise a chaque seconde qui passait.

- Bon alors qu'est ce qu'on fait ? On rappel le docteur pour lui rendre la mémoire ? On l'embarque pour l'abandonner le plus loin possible d'ici ?

- Bien sur que non ! S'exclama une petite voix.

Maggie les regardait les yeux brillants comme une collégienne.

- Pourquoi non ?

- Tu ne comprends pas ? Dit elle en joignant ses mains en prières.

- Non je comprends pas non !

- Muriel combien de fois... Combien de fois à-t-il reçu ce... traitement?

L'ange sembla réfléchir.

- Je crois que la dernière fois c'était la troisième.

- La première c'était après...

- Oui.

- Et la seconde ? Ce ne serait pas la dernière fois où il est venu ici? Tu te rappels il était déjà bizarre, enfin oui il l'a toujours été, mais tu crois pas que c'était parce que...

Elles échangèrent des regards, Maggie totalement surexcitée, Muriel et Nina cherchant à quoi elle voulait en venir.

- Ce n'est pas un hasard, il revient ici à chaque fois, parce que même si son esprit à oublié, c'est son cœur qui le ramène !

L'ange eut l'air de ne pas comprendre, Nina haussa un sourcil fatigué.

- Ça ne me dit pas ce qu'on fait.

- Il faut qu'on joigne Mr Fell !

- Non ! non je vous ai dis, il est injoignable ! La voix de Muriel montait dans les aigus, il.. il est...

- Il est quoi ?

- Il est mort...

Elles sursautèrent et se tournèrent d'un même mouvement.

Rampa les regardait l'air triste.

- Vous vous rappelez de ça ? Souffla l'ange interdit.

- hein?

Le démon haussa un sourcil et brandit brusquement un pot contenant ce qui à une époque avait du être un ficus.

- Il est mort ! Je sais pas depuis combien de temps vous l'avez pas arrosé mais y a plus rien à faire !

Sur ces mots il reparti.

Nina fronça les sourcils et se rappela soudain :

- Mr Fell est mort?!

Muriel eu l'air embarrassé, elle hésita quelques secondes jetant un regard par la fenêtre en direction de la librairie.

- Oui... Oui... Il y a six mois maintenant, et j'avais peur que le dém... Rampa l'apprenne, il ne faut pas qu'il le sache, il faut qu'il s'en aille.

- D'accord mais s'il revient ?

- Je... On va déjà gagner du temps et on verra après !

- Mr Rampa où allez vous ! S'écria soudain Maggie.

Horrifiées elles s'aperçurent que l'homme avait quitté le café et se dirigeait vers la porte restée grande ouverte de la librairie. Elles se précipitèrent derrière lui mais c'était trop tard, il était entré.

Son sourire avait disparu, il observait les lieux l'air troublé, se déplaçant lentement caressant d'une main distraite chaque meuble, chaque couverture de cuir. Il respirait l'odeur de poussière et de légère moisissure, de papier et d'encre. Il frissonnait en regardant cet endroit qui lui semblait si familier, tout ces meubles, ces étagères, ces tiroirs. Quelque chose s'agitait en lui.

- Mr Rampa... Chuchota Muriel l'air effrayé, il faut que vous repartiez.

- Appelé moi Jim... Dit il distraitement.

Il s'approcha du secrétaire qui trônait fièrement devant une grande fenêtre, un petit polaroid était posé sur la surface de bois verni il le pris pour le regarder. Deux hommes vêtus de tenues d'un autre temps ce serraient la main.

- Rampa...

Il sursauta et lâcha la photo se retournant brusquement.

Il se tenait devant lui, les cheveux courts blancs et frisés, habillé d'un veston beige un nœud papillon en tartan désuet autour du cou.

- Oui... On m'appelle comme ça, mais je préfère Jim !

L'homme de la photo lui faisait face, son visage n'était pas souriant au contraire et il avait l'air profondément fatigué.

- Oh mon Dieu Rampa...

Il s'approcha de lui et lui saisi les deux mains l'observant attentivement avec une profonde inquiétude.

- Vous, vous me connaissez y a pas de doute ! Regardez on est ensemble sur cette photo.

Aziraphale pencha la tête avec inquiétude.

- Qu'est ce qu'ils t'ont fait...? Tes yeux... Qu'est ce que tu t'es fais... Qu'est ce que je t'ai fais...?

- Mais ! Vous êtes pas mort du tout ! S'exclama Nina.

L'ange la regarda comme s'il venait de se rendre compte de sa présence.

- Je... C'est un peu compliqué...

- Non ! Pas cette fois ! j'ai l'habitude je vous ai dis ! alors vous me la faites concise, pourquoi il est comme ça, pourquoi vous faites croire aux gens que vous êtes mort... Pourquoi... Pourquoi j'ai encore l'impression de vivre dans un roman d'espionnage !

Aziraphale sembla peser le pour et le contre mais le regard de la jeune femme fut une fois de plus le plus fort.

- Je crois qu'il a fait ça a cause de moi... Je ne voulais pas qu'il revienne, je ne voulais pas qu'il sache que j'étais ici, j'ai eu tord de partir mais quand j'ai réussi à... Comment dire trouver un moyen de fausser compagnie à mes employeurs, j'ai su ce qu'il avait fait et je ne pouvait pas... C'est mieux comme ça, au moins je ne lui fais plus de mal...

- Vous ne lui faites plus de mal ? S'écria Maggie, Mais regardez le, il revient ici même s'il ne se rappel pas ! C'est sure que c'est pas facile de dire à quelqu'un "je suis désolé, j'avais tord" mais c'est pas la fin du monde !

- Ça se fait comme un simple pas de danse.

Rampa avait l'air rêveur en lâchant ces quelques mots. Aziraphale s'approcha de lui, une longue bouffée de chaleur avait attrapé son cœur en l'entendant dire ça.

- Oh mon cher, il faudra bien plus qu'une petite danse pour que tu me pardonnes cette fois. Si tu savais... Tu avais entièrement raison, j'ai pu éviter le second avènement mais ils n'arrêteront jamais de vouloir faire disparaître l'humanité, je ne peux pas être complice de ça.

- Alors vous êtes quoi ? En cavale ?

L'ange regarda la serveuse.

- Je suppose qu'on peut dire ça comme ça.. C'est pour ça qu'il vaut mieux qu'il s'en aille, je suis trop dangereux pour lui.

- Et si on le laissait décider, après tout vous lui devez bien ça.

- Mais je ne peux rien y faire ! Il faudrait un miracle pour lui rendre la mémoire !

- Et c'est pas votre rayon ça les miracles ?

Aziraphale baissa les yeux.

- Je ne saurais pas comment faire, et si je le blessais ? et même si je savais je n'ai plus le droit de faire de miracle.

- Oh mais j'en sais rien moi ! faites quelques choses, peu importe ! Lui la il croyait bien que la pluie aidait, vous avez essayé la danse, j'en sais rien y a pas d'autres technique dans vos livres à l'eau de rose là ? Comment on brise un... Un quoi d'ailleurs ? Un sortilège ?

Les yeux bleus d'Aziraphale se mirent à briller, est ce qu'on pouvait voir ça comme ça ? Comme un sortilège ? Une idée s'insinuait dans son esprit alors que Rampa c'était assis dans le fauteuil où, quelques temps au par-avant il s'installait sans cesse.

Il le revoyait, bras et jambes étendus la tête en arrière, alors qu'il quittait la boutique suivant le Métatron. Une tristesse incommensurable l'envahi, ça avait été trop vite pour lui, trop d'informations, trop d'inconnus. Mais alors qu'il observait son démon, installé comme si tout allait bien, comme si une année de cauchemars ne venait pas de s'écouler il eut la certitude que c'était ce qu'il devait faire.

- Oh, vous avez entendu, c'est pas un rossignol ! S'exclama Rampa.

Aziraphale eut un petit rire, il n'avait pas été aussi heureux depuis bien longtemps, il franchit les quelques mètres qui le séparait de l'homme en noir, posa ses mains sur les accoudoirs du fauteuils et s'empara de ses lèvres sans la moindre hésitation.

Trois petits cris de surprises retentirent mais aucun des deux n'y porta attention. Une étrange chaleur ce forma entre eux deux, comme un mur qui les séparait, le chant du rossignol ce mit à raisonner comme s'il venait de la librairie elle même, l'aura de chaleur se propagea les enveloppant, Rampa qui s'était figé fut pris d'un mouvement convulsif. Sa tête lui faisait mal et pourtant il n'avait aucune envie de rompre l'instant. Le brouillard dans son crâne semblait se lever. Des images le traversaient, Aziraphale et lui au Ritz, Métatron debout dans la boutique, un autre baiser un an au par-avant. Il se crispa et saisi les épaules de l'ange qui chuta a califourchon sur ses genoux. Ils se séparèrent haletant. Aziraphale le regardait l'air inquiet, il réalisa soudain que ses yeux avait changés.

- Rampa... Tout va bien ?

- J'te pardonne l'angelot.

Un froid glacial le parcouru vite réchauffé par le sourire moqueur du démon.

- Oh Rampa !

Il l'enlaça de toutes ses forces. Rampa enfouit son visage dans son cou et respira son odeur si familière. La porte sonna derrière eux mais ils ne prirent pas conscience du départ un peu gêné des trois jeunes femmes qui en avait bien assez vu. Le démon était trop absorbé par le regard si doux que son ange posait sur lui, il se saisit de ses lèvres et ils s'embrassèrent, se dévorèrent dans un gémissement de satisfaction commun.

- Tu me dois une danse.