Bonne lecture ! :)
Chapitre 24
"C'est bizarre quand même, partagé-je à Fred, tous les invités de Slug que je suspecte être des vampires ne veulent pas s'approcher des miroirs… je commence à me demander s'il n'est pas de mèche…
-Et quoi, Slughorn serait un vampire ? s'enquit Chris.
-Oh ! fais-je, connaissant une illumination. C'est ça ! Ca doit être ça !
-En tout cas, Tina Gordon a bien voulu te signer un autographe, rappelle Fred.
-Oh mais tu sais, Freddy, le cliché comme quoi si on est vampire, on est forcément méchant… moi, perso, je n'y crois pas.
-Ah, tiens, vraiment ?"
J'observe avec un pincement de lèvres Chris qui lève son verre de jus de citrouille à ses lèvres avec son petit air snobinard dont il sait si bien se parer. Depuis qu'Elisa ne veut plus lui parler, il n'a plus aucun goût pour l'aventure et il a perdu toute foi en les mystères fabuleux de notre monde. C'est d'une tristesse… il doute de tout !
"Tu es jugeant, je trouve, Chris, lui fais-je remarquer.
-Tiens, y'a Henry là-bas, me dit-il plutôt, tu le cherches depuis tout à l'heure."
Je me retourne alors dans la direction que Chris m'a indiqué et trouve effectivement Henry qui essaye d'approcher le plus subtilement possible Tina Gordon pour pouvoir lui parler. Ah bah, quand il s'agit de la sélectionneuse de l'équipe nationale, il fait des pieds et des mains pour pouvoir la voir, mais moi, par contre, il fuit la pièce dès que j'y entre ! L'injustice flagrante de la situation me fait me tendre comme un arc, et je tends mon verre avec Fred en lui demandant si elle peut me le garder.
"Oui, bien sûr, me répond-elle, mais tu es sûre que tu veux lui parler devant tout le monde ?
-Bah oui, pourquoi ? En plus, comme ça, il ne pourra pas se débiner !
-J'ai tant d'empathie pour lui…," déclare Chris.
J'hésite à lui répondre que ça ne m'étonne absolument pas, puisque je me rends compte depuis tout récemment que les garçons manquent cruellement de loyauté. Je ne veux pas faire de généralité, mais les vampires sont plus dignes de confiance qu'un garçon ! Au hasard, prenons Régi ? Déloyal. James ? Déloyal. Henry ? DELOYAL.
Et maintenant que Chris s'y met, je pense que le constat s'impose de lui-même !
J'échange donc plutôt un dernier regard avec Fred qui me transmet tout son soutien sans dire un mot, et je m'en vais sur un sourire. Voilà une vraie amie ! Je marche ensuite d'un pas ferme et décidé jusqu'à Henry qui n'a d'yeux que pour Gordon et qui ne voit donc pas avant qu'il ne soit trop tard et que je me poste juste devant son nez. Il blêmit alors et regarde à gauche, à droite, pour s'apercevoir qu'il ne peut plus m'échapper.
"Cath…
-C'est moi, confirmé-je avant de deviner, Tu devais penser que je ne serais pas là, sinon tu ne serais certainement pas venu."
Il a la politesse de montrer un peu de culpabilité, mais cette vue ne fait que me planter un couteau au cœur. J'ai vu juste. J'inspire longuement en croisant les bras sur ma poitrine et détournant les yeux.
"Je suis tellement désolé, Cath, de t'avoir éviter mais Jamie m'a…
-Je sais très bien qu'il t'a dit !"
Il ravale le reste de sa défense et sa main se lève jusqu'à son arcade sourcilière là où un ecchymose tourne au jaune.
"Il m'a collé un coup de poing, il était vraiment furax, Cath. Il a l'impression que je l'ai trahie… et en vrai, je peux le comprendre. T'es sa sœur.
-Et alors ?
-Et tu sortais avec John…"
Pour ne pas me répéter, je ne fais que hausser les sourcils. Et alors ? Tout ça, Henry le savait bien avant. Ca n'avait pas l'air de le déranger. Une grosse boule se forme dans mon ventre, réveillant les abeilles et cette fois-ci, leur présence n'est pas agréable. Elles me plantent leurs dards empoisonnés dans tous les recoins de mon cœur et je les sens mourir une après l'autre, tandis que je dévisage Henry qui cherche toutes les excuses possibles. Puisqu'il ne peut plus fuir physiquement, c'est la vraie conversation qu'il fuit. Je le vois dans ses yeux, je l'entends dans le ton de sa voix. Il fuit, il me fuit.
Déloyal.
"Tu es juste désolé de t'être fait prendre, l'accusé-je, la gorge nouée.
-Pas toi ?
-Non."
Moi, je ne suis pas désolée du tout. Pas envers John, et encore moins envers James. John savait que je ne l'aimais pas, de toute façon, et ça ne le dérangeait pas, il ne s'inquiétait pas de ce que je pouvais bien ressentir, alors pourquoi devrais-je m'excuser ? Quand il était tout à fait content d'en savoir le moins possible sur moi. Quant à James… lui aussi se fiche bien de ce que je peux ressentir ! Que je pleure, qu'Henry me manque, que je me sente rejetée et trahie, il n'en a rien à faire, alors pourquoi, moi, je devrais me soucier de lui ?
Ce ne sont que des hypocrites et des égoïstes ! Moi, je suis peut-être égoïste, mais je ne suis pas hypocrite.
Le visage d'Henry se pare d'inquiétude et il se rapproche vers moi pour se saisir de l'une de mes mains. Et tout en la caressant sans se soucier des regards qui se retournent vers nous, il prend un ton plus empressé pour me parler :
"Ecoute, Cath, ça va lui passer, d'accord ? Il faut juste lui laisser un peu de temps, attendre qu'il digère… James finira par comprendre, je le sais.
-Tu aurais pu essayer, au moins ! m'emporté-je. James t'a dit de ne plus me parler, tu lui as obéis ! Tu n'es même pas venu me voir pour me le dire… tu m'as juste laissée. "
J'arrache ma main de son emprise et darde sur lui un regard gonflé de larmes rageuses.
"John m'a dit que je pouvais pas tout avoir et que je devais choisir, me souvins-je amèrement, je pense qu'il a raison."
Henry me regarde avec une sorte d'impuissance, comme s'il ne pouvait rien dire, rien faire. Je secoue la tête avec déception. Ce n'est pas qu'il ne peut rien dire, ni faire, c'est qu'il est trop lâche pour ça. J'aurais pu l'imaginer beaucoup de choses, mais pas lâche.
"Mais c'est pas juste valable pour moi," terminé-je.
Henry ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais rien n'en sort. Je comprends alors que c'est bien inutile d'attendre quoique ce soit d'autre, et que tout a été dit.
Je m'en vais donc sans qu'il n'essaye de me retenir, et ne dit-on pas qu'une action vaut mille mots ?
OoOoOo
"Bon, tu vas arrêter de me faire la gueule ?"
Alors que Dylan présente un énième plan d'action qui ne sert à rien dans leur Q.G. toujours aussi naze, James s'est posté juste à ma droite pour initier une discussion, manifestement aussi intéressé que moi par le programme de ce soir. A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je continue à venir ici, même si c'est rare… peut-être pour Elisa qui n'a de cesse de me rappeler à l'ordre ? Mais après son manque de tolérance envers notre pauvre Chris qui a, certes, le tact d'un chimpanzé mal léché, je ne sais pas si je me dois de lui être toujours aussi agréable…
Les élèves de cette école sont quand même vachement décevants. Mon regard croise tout d'abord celui de Henry qui, de l'autre côté de la pièce, essaye de me faire les yeux doux pour que je ne lui en veuille plus -c'est marrant ça, après plusieurs jours à m'avoir évité comme la peste, soudainement, il se souvient de mon existence ! Autant vous le dire, ça ne marchera pas. Surtout que si James tournait les yeux vers lui, il ferait aussitôt style de rien. Donc, ses yeux de chiots battus manquent cruellement de sincérité.
Et ne parlons même pas de mon jumeau… je lui décoche un regard mauvais avant de redresser le menton avec mécontentement.
"Rho, sérieux ?! se plaint James. Mets-toi à ma place un peu ! Tu sais que John, c'est mon pote aussi ? Tu me mets dans une de ces positions de merde, toi, là…
-Fred m'a emmenée à la soirée de Slug et je suis allée demander un autographe à Tina Gordon pour toi, lui appris-je.
-C'est vrai ?! Oh Cathouille, je t'adore, tu sais même pas…"
Mais je le coupe alors qu'il s'était mis à gigoter sur place d'excitation pour lui apprendre :
"Mais je te le donnerai JAMAIS !
-Quoi, mais t'es sérieuse ?
-Absolument ! Mais tu n'auras qu'à demander à Henry de te donner le sien puisque votre relation est si formidable !
-Euh… Cath, on te dérange peut-être ?" s'enquit Dylan.
A deux doigts de répondre par l'affirmative, je lève plutôt les yeux au ciel. Comme si Dylan avait quoique ce soit d'intelligent à dire. Il ne fait que blablater sur des tours de ronde et sur le diabolisme des Serpentard, il ne cherche absolument pas à découvrir qui se cachent derrière les cagoules et les visages floutés. Parfois, je me demande si tout ce qui l'intéresse, c'est pas de s'entendre parler.
"Ça sert à rien, ces réunions, de toute façon, grommelé-je.
-Les Serpentards vont pas s'éradiquer tout seul," grince James en réponse.
Je tourne un regard froncé sur mon frère jumeau qui, fâché par notre échange, me snobe en tirant une tronche de dix pieds de long. Soudainement, je l'imagine avec une cagoule sur la tête. Non… ce ne serait quand même pas lui…
Mais il déteste tant les Serpentards, et les met tous dans le même panier de vipères et de cobras, sans chercher à apprendre à les connaître. Et ne parlons même pas de sa disposition à la violence…
Mais James n'aurait quand même pas tabassé David, si ?
"Quoi ? aboit-il en remarquant mon intérêt soudain. Tu veux ma photo ?"
Non, je veux des réponses !
OoOoOo
"Mais qu'est-ce que t'imagines qu'il va faire ?
-Chuuuuut !
-Cath, il est à l'autre bout du parc !
-Mon frère a une très bonne ouïe !"
Chris soupire alors qu'on est caché derrière un arbre avec un gros tronc. A plusieurs mètres de nous, James est assis sur un banc avec Marina qu'il bécote sans discontinuité. Ce qui commence à être lassant.
Le vent nous harcèle avec une fraîcheur dévorante et Chris ne fait que resserrer son écharpe bleu et argent qui ne cesse de se dénouer, renforçant son impatience.
"Si on nous voit, on va nous prendre pour des voyeurs !
-C'est mon frère jumeau, lui rappelé-je.
-Justement, c'est encore plus bizarre !
-Puisque je te dis qu'il est potentiellement un criminel !
-Tout ça parce qu'il veut pas que tu sortes avec son meilleur ami…
-Ca n'a rien à voir !
-Vous regardez quoi ?
-AAAAAH !"
Chris et moi avons bondi dans les bras l'un de l'autre tandis que quelqu'un vient de surgir près de nous pour découvrir ce qu'on observe comme ça. En voyant que ce n'est que David, nous nous détendons avec soulagement et le Serpentard hausse un sourcil perplexe.
"Cath a une nouvelle lubie…, lui révèle Chris.
-Ca s'appelle une EN-QUÊ-TE, le corrigé-je.
-Et comment ça avance, alors ?
-Je pense que le chef des cagoulés est en réalité…"
Je laisse du suspense avec excitation. Roulement de tambour.
"Son frère jumeau, me vole la vedette Chris.
-EEEHH ! J'allais le dire, Chris !
-Ah oui, d'accord, rit David.
-Quoi ? me vexé-je. Tu n'y crois pas ?
-Oh, c'est toi la détective ! Tiens, d'ailleurs, devine qui est le nouvel attrappeur de l'équipe de Serpentard depuis le désistement de l'ancien ?"
Peu intéressée, je hausse les épaules. Comment veut-il que je sache un truc pareil ? Je m'en contrefiche du Quidditch, surtout quand ça ne concerne pas mon équipe.
"Cath, fait Chris en me donnant un coup de coude, ça doit être David.
-David ? David qui ?
-David moi ! s'impatiente le concerné.
-Aaaah ! compris-je avec joie. Félicitations, Davidou !"
Légèrement décontenancé mais amusé, David secoue de la tête avec dérision en me remerciant. Quand je le dirai à Fred, elle sera tellement fière de lui !
"Je suis trop content, ça fait des années que j'attends d'intégrer l'équipe, nous révèle David, extatique. Mais j'ai la pression… imagine, je fais perdre mon équipe ?
-L'important c'est de participer !" déclaré-je.
Ma remarque ne le convainc qu'à moitié. Subitement, James me revient à l'esprit et je jette un regard angoissé vers le banc. Mais il y est toujours, sa bouche connectée à celle de Marina. Ouf, on a encore eu de la chance. Un peu plus et je laissais le poisson filer.
"Et comment va Fred ?"
A la question soudaine de David, Chris et moi échangeons un regard, mais mon ami hausse des épaules, l'air de me dire qu'il me remet la patate chaude. Oh moi, ça me va complètement ! Chris ne sait pas gérer ce genre de situation… alors que moi, je sais exactement ce qu'il faut dire :
"Bah elle est vraiment très triste, lui avoué-je.
-Vraiment ? s'alarme David.
-Ah oui, vraiment… pas vrai, Chris ?
-Euh oui… vraiment très triste," valide ce dernier en toussotant.
David pousse un profond soupir et je jubile intérieurement avant de me décider à enfoncer le clou un peu plus profondément.
"Ca irait mieux je pense si tu allais lui parler…
-Bon, j'y vais, décrète David, je vous laisse à votre "enquête".
-Pourquoi t'as mimé des parenthèses avec tes doigts ?"
Mais il s'en va sans me répondre tandis que Chris me demande :
"Tu veux pas qu'on rentre ? Il fait froid…
-Souffle dans tes mains, lui conseillé-je en lui montrant l'exemple, comme ça !"
Mais Chris ne me regarde plus et préfère se taper le front contre le tronc plutôt. Je l'observe avec sévérité avant de le renseigner :
"Tu sais, c'est pas comme ça que tu vas te réchauffer…"
OoOoOo
"Je ne sais même pas si je l'ai un jour aimé, à dire vrai…, m'avoue Fred, quand j'y repense, le Réginald que je m'imaginais quand j'ai écrit la première lettre n'a rien à voir avec celui qu'il est vraiment…
-Si ça peut te rassurer, Freddy, je ne le pensais pas du tout comme ça non plus."
Quelque part, ça a l'air d'un peu la réconforter et je lui souris avec encouragement. C'est dur pour elle, entre ses déceptions à répétition vis-à-vis de Réginald, la réalisation qu'elle ne l'a peut-être jamais aimé et le fait que cette confusion ait pénalisé sa relation avec David… ma pauvre Freddy est toute déprimée. Et en plus, elle s'en veut. Mais moi, je la comprends et je pense pas que ce soit de sa faute.
Les gens sont marrants mais comment est-on censé savoir ce que c'est d'aimer quelqu'un quand ça ne nous est jamais arrivé ? C'est comme demander à un moldu ce que c'est la magie et il vous parlera de lapin qui sort d'un chapeau, et de femme coupée en deux ! Et il se trompera, mais est-ce que ce sera de sa faute ?
David doit comprendre que ce n'est pas évident pour Fred ! Moi, avant Henry, je n'en avais aucune idée non plus de ce que je pouvais bien ressentir et j'ai même cru que je pouvais finir par aimer John juste parce que lui me professait son amour avec dévotion. Mais non, ça ne marche pas comme ça, et pourtant Isa m'avait assuré le contraire.
Il faut faire des erreurs pour apprendre, c'est comme ça la vie. Et moi je ne regrette aucune de mes erreurs, je ne vois pas pourquoi Fred devrait les regretter non plus.
"Tout est de sa faute, de toute façon, déclaré-je, tu devrais le dire à David.
-Mais il ne veut plus rien avoir à faire avec moi….
-Non, c'est faux. Tu sais, à chaque fois que je le vois, il me parle de toi.
-Vraiment ?
-Oh oui encore hier, alors que j'espionnais Jamie dans le parc pendant qu'il pelotait Ma…
-Cath !" m'appelle-t-on alors.
On se retourne alors dans le couloir qu'on empruntait pour tomber sur John qui s'avance sur nous. Je suis assez curieuse et surprise de l'entendre m'appeler, je ne pensais pas qu'il serait intéressé à l'idée de ne serait-ce qu'échanger un mot avec moi et quand je me souviens de la dernière fois qu'on a parlé, ça me semblait logique.
"Faut qu'on parle, m'apprend-il.
-Ah bon ?
-Ouais, répond-il, Fred, ça te dérange pas de nous laisser ?"
Fred me demande silencieusement si je désire rester seule avec lui et je lui apprends d'un sourire que ça me convient. John était mon ami, à l'origine, et c'est ce qu'il aurait dû rester. Maintenant, tout est foutu… et c'est bien la seule chose que je regrette. Même si je ne pense pas que John ait jamais été mon ami, un jour. Il a toujours voulu plus, et mon amitié, en réalité, je ne pense qu'elle l'intéresse.
Une fois que Fred s'en est allé, John enfonce ses mains dans les poches tandis qu'un silence un peu gênant s'installe.
"Je me demandais… si t'avais eu le temps d'y réfléchir.
-Réfléchir à quoi ?
-Cath, soupire-t-il, je t'ai demandé de choisir, tu ne te souviens pas ?
-Si.
-Alors, tu as choisi ?"
Je me tortille les mains alors que je commence à comprendre.
"Mais… je ne pensais pas que…
-Quoi ?
-John, je ne t'aime pas, lâché-je en désespoir de cause, tu le sais pourtant.
-Mais t'es pas avec Henry alors que tu pourrais maintenant.
-C'est…, commencé-je avec dépit, un autre sujet.
-Je t'avais dit qu'il était pas sérieux avec toi.
-Mais toi non plus."
A ses sourcils froncés, je comprends qu'il considère la réplique comme une accusation, ce n'en est pourtant pas une. C'est juste un fait. En voyant qu'il n'y a pas une once d'agressivité, de colère ni de reproche sur mon visage, les traits de son visage se détendent et il me demande ce que je veux dire par là.
"Tu ne t'intéressais pas à moi, tu ne m'écoutais jamais, me remémoré-je, tout ce que tu aimais faire avec moi, c'était m'embrasser. Que je m'ennuie avec toi, que je n'aime pas tes amis, que je ne t'aime pas, toi, tu t'en fichais, tant que j'étais ta copine. Et avant ça, tu n'étais même pas mon ami, pas vrai ?
-Je… je sais que j'étais un copain de merde, admit-il, mais pourquoi tu ne m'as pas quitté ?"
Je hausse une épaule, n'ayant pas vraiment de réponse à fournir. En réalité, je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas quitté. Peut-être parce que j'aimais l'embrasser, et que parfois on passait de bons moments. Peut-être parce que la malédiction d'Isa me faisait peur. Peut-être parce que j'avais peur qu'il ne veuille plus être mon ami et qu'il me manque. Peut-être parce que je ne voyais pas en quoi c'était si mal que ça.
Peut-être parce que ça nous donnait une bonne raison de nous cacher, Henry et moi, parce que c'était plus grisant comme ça.
Sans doute pour toutes ses raisons à la fois. Quelle importance ?
"J'ai vraiment aucune chance, du coup ? vérifie-t-il.
-Si, répondé-je en souriant, mais pas avec moi."
Pour une raison mystérieuse, il rit tout en acquiesçant. Je suis un peu triste, je sais que l'on ne sera ni ami, ni rien d'autre, et qu'on n'aura plus rien à se dire. Je sais qu'il me manquera à sa façon. Mais alors que nous nous sourions en marchant vers le Grande Salle pour dîner, je me dis que rien de ça n'est bien grave.
C'était une belle histoire, quand même, et John m'a appris bien des choses.
