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Chapitre 12 : Ôter le masque
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Une semaine. Cela faisait une semaine que... « l'incident », comme Bruce l'appelait en son for intérieur, s'était produit.
Ce n'était pas l'incident concernant la bat-cave auquel il pensait, non. Cela concernait le... baiser, que John lui avait donné dans la pénombre de la chambre. Un baiser fugace, certes, mais chargé d'une douceur que Bruce ne savait toujours pas expliquer.
Il n'expliquait déjà pas le geste en lui-même...
Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Lorsqu'ils étaient Batman et le Joker, ils se haïssaient. Enfin... Bruce devait bien admettre que la répulsion était alors accompagnée d'une forme d'attraction : à cette époque, ils se cherchaient sans cesse. Mais Bruce se souvenait bel et bien de la haine qu'il avait régulièrement ressentie, vivement, à l'encontre de son ennemi. A cette réflexion, une petite voix dans sa tête, ressemblant à s'y méprendre à celle d'Alfred, lui avait susurré « la haine est parfois plus proche de l'amour qu'on ne le croit... ». Foutaises. Pourrait-il aimer John ? Absolument pas. Tout au plus il réussissait à tolérer sa présence depuis quelques temps. Certes, lors de son moment de crise, il avait été particulièrement inquiet pour le jeune homme et avait pris soin de lui ensuite. Cela faisait-il pour autant qu'il lui portait de l'affection ? De l'amour ? Certainement pas.
Enfin, il ne lui semblait pas... Mais Bruce n'avait jamais été très doué avec ses propres sentiments. Avec ceux des autres non plus d'ailleurs.
Mais alors... Se pourrait-il que John, de son côté, soit amoureux de lui ? Bruce n'aurait su le dire. Le Joker avait eu une sorte d'admiration, de fascination malsaine pour Batman. Mais le Joker et Batman n'existaient plus, à présent. Ne restaient que Bruce Wayne et John Kerrigan. John aurait-il pu toutefois garder cette sorte d'attrait pour sa personne ? Cela aurait-il pu évoluer en sentiment affectueux, voire amoureux ?
Pendant toute la semaine Bruce fut obnubilé par ces pensées. Il passa des heures, seul, à essayer de les démêler. En vain. Et à chaque fois qu'il essayait d'en faire abstraction il finissait par se retrouver aux côtés de John – lors des repas par exemple – chez qui rien n'avait changé : dans ses habitudes, sa personnalité, son comportement... Il restait indubitablement le même. Ce baiser n'avait donc rien changé pour lui ?
« Pour moi... ça ne change rien » lui avait-il dit ce soir-là avant de l'embrasser.
Cela voulait-il dire qu'il avait toujours eu ce genre de sentiments pour lui ? Ou bien depuis son arrivée au Manoir seulement ? Et quoi, qu'il s'en accommodait simplement ? Ou encore... Était-il possible qu'il soit suffisamment lunatique pour faire une chose aussi folle que l'embrasser sans que cela ne soit lié à aucun sentiment en lui ?
Bruce était complètement perdu.
Cette semaine-là, les nuits, il eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. En plus des journées qu'il passait principalement dans ses quartiers, à observer la vie des deux autres habitants du Manoir via les caméras, il avait aussi passé, les nuits, de longues heures à regarder John dormir sur son écran. Le rouge lui était parfois monté aux joues lorsqu'il repensait à ce à quoi il avait assisté quelques temps auparavant. Lorsque, à présent, John se dévêtait pour aller se coucher, Bruce était partagé entre une furieuse envie de détourner les yeux et celle de regarder le jeune homme, de le détailler sous tous les angles. Le rouge lui montait également aux joues lorsqu'il repensait au baiser qui avait eu lieu. Ne sachant toujours qu'en penser, il se demandait régulièrement ce que John, lui, pouvait bien avoir en tête à ce sujet... Pendant de longues heures, il se perdait ainsi dans sa contemplation, absorbé, ressassant tous ces événements ainsi que ses nombreuses pensées.
Le vendredi soir, soudain, Bruce n'y tint plus. Après une semaine à regarder chaque nuit John dormir sur son écran, il eut soudain besoin de plus. Il ne savait pas vraiment pourquoi, comment, mais il ressentit le besoin de le voir pour de vrai.
Vêtu d'un simple débardeur et de son pantalon de pyjama, Bruce répondit à une impulsion et se leva d'un coup, puis dans le calme de la nuit il traversa les couloirs sombres et ouvrit silencieusement la porte de la chambre de John.
Les rayons de la lune éclairaient la pièce, donnant une teinte presque irréelle à l'instant. Bruce referma doucement la porte derrière lui et s'avança d'un pas, détaillant la silhouette et le visage de John endormi. Pourquoi avait-il eu besoin de venir le voir ainsi ? Il n'arrivait pas à trouver de réponse, et continuait à espérer d'en trouver une au milieu de sa contemplation...
Au bout d'un moment John s'agita légèrement dans son sommeil, puis il entrouvrit les yeux. Son regard endormi balaya la chambre et, finalement, se posa sur Bruce. Il eut soudain l'air bien plus réveillé.
Bruce quant à lui s'était figé sur place, ne sachant comment réagir. Il n'avait pas prévu que John se réveille. Il était juste venu là, comme ça, sans raison, sans but, dans un moment comme suspendu dans le temps.
Peut-être que John lut son trouble dans son regard, car alors ses mouvements se firent très précautionneux, un peu comme s'il cherchait à s'approcher d'un animal blessé. Doucement, il se redressa sur ses coudes, puis s'extirpa des draps qui, au passage, dévoilèrent son corps pratiquement nu – il n'était vêtu que d'un simple boxer – et bientôt il se tint debout devant lui, dans une posture hésitante, un peu comme s'il tentait de l'apprivoiser.
Bruce ne savait toujours pas comment réagir. Devait-il fuir ? Devait-il se laisser faire ? Il se sentait comme hypnotisé, à nouveau. Presque paralysé. La main que John leva lentement vers son visage fit accélérer ses pulsations cardiaques, mais Bruce ne savait toujours pas dire si c'était par répulsion pour son ancien ennemi ou par désir pour le jeune homme face à lui. Tout était encore si confus en lui...
Toutefois, lorsque John fit finalement glisser ses doigts le long de sa mâchoire dans une légère caresse, Bruce ferma les yeux. « Agréable ». C'était ce que ce contact lui inspirait. Et il eut envie qu'il dure, encore.
Lorsqu'il rouvrit les yeux il constata que John s'était encore un peu plus rapproché de lui. Son visage était si proche du sien à présent... de nouveau... Il se plongea dans ce regard vert, profondément, comme pour y chercher les réponses à ses questions. Il n'y vit pas l'étincelle rieuse habituelle, ni celle du cynisme, encore moins celle de la haine... Bruce n'y trouva qu'authenticité, sincérité. John n'avait à ce moment d'yeux que pour lui.
Comme si cela avait pu débloquer quelque chose en lui, Bruce accepta de se laisser porter par l'instant.
Cette fois, il fut capable de réagir lorsque John posa doucement ses lèvres sur les siennes. Il savoura le contact et répondit lentement au baiser, avant de passer une main dans la nuque du jeune homme pour le garder près de lui. John passa les bras autour de son cou et colla son corps au sien tandis que leurs lèvres se séparaient pour mieux se retrouver, et que l'échange s'approfondissait.
Au bout d'un moment, entre deux baisers, il finit par attraper la main de Bruce dans la sienne et, toujours en douceur, les dirigea vers le lit sans pour autant cesser de l'embrasser.
Bruce suivit le mouvement et, bientôt, ils se retrouvèrent tous deux allongés au milieu des draps, s'embrassant, se laissant emporter par les caresses découvrant chaque parcelle de peau. Bientôt les derniers vêtements furent ôtés, emportés par le désir. Ils se retrouvèrent ainsi mis à nu, savourant pleinement ce moment, le contact et la présence de l'autre, le désir pulsant dans leurs deux corps.
Puis les caresses se firent plus intenses, des soupirs de plaisir commencèrent à envahir la pièce... Une main descendit, l'autre fit de même, et un même rythme de va-et-vient fut instauré. Toutefois, rapidement, cela ne fut suffisant pour aucun d'entre eux. Ils eurent besoin de plus. Et bientôt John se cambra sous Bruce tout en lui agrippant les épaules. Il lui embrassa la mâchoire, mordilla son cou, tout en murmurant « Encore... ». Bruce ne se fit pas prier et recommença le même mouvement, avant de finalement réitérer encore, plus vite, plus fort... L'atmosphère était baignée de leurs gémissements de plus en plus erratiques... Jusqu'à ce qu'ils soient finalement tous deux portés vers l'extase.
Le silence regagna la chambre peu à peu, les deux hommes reprenant leur souffle tandis que leurs corps étaient toujours emmêlés dans une profonde étreinte.
Bruce ouvrit les yeux et, soudain, ce fut comme s'il revenait à la réalité. Ce qu'ils venaient de faire lui sauta aux yeux et il ne put s'empêcher d'être pris d'un vertige et assailli de doutes.
John sentit probablement son trouble car, comme pour lui prouver qu'il n'y avait là aucune erreur, il raffermit la prise sur son corps avec douceur et déposa un chaste baiser sur sa tempe tout en passant une main dans ses cheveux, dans une caresse apaisante.
Cela détendit Bruce, qui se sentit porté par la chaleur de l'instant et par celle du sommeil qui commençait finalement à le gagner. Il était si bien là, tout contre ce corps lové contre le sien. Pourquoi lutter ?
Finalement, John attrapa les draps et les rabattit sur eux d'un geste possessif.
« Tu restes » annonça-t-il à Bruce en murmurant au creux de son oreille.
Il ne lui était pas possible de l'énoncer à voix haute, mais en son fort intérieur, cela était tout à fait clair : Bruce n'avait aucune envie de partir.
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Du point de vue d'Alfred, pendant les jours suivants Bruce avait, encore et toujours, fait sa tête de mule. C'est du moins ainsi que le majordome percevait les choses.
En effet, il manquait d'éléments pour comprendre l'attitude de son jeune maître – fuite, repli sur soi... Toutefois, le vieux majordome était habitué à de pareilles sautes d'humeur. Pour sa part il restait patient, attendant que Bruce s'ouvre à lui, ou bien que son humeur du moment finisse par lui passer. Cela n'empêchait pas pour autant le majordome d'être curieux. Bien qu'il n'ait pas tous les éléments en main, l'hypothèse évoquée par John quelques temps plus tôt continuait à faire son chemin dans son esprit. Même si cela semblait particulièrement farfelu, et bien... Peut-être... Peut-être bien que Bruce se confrontait à des sentiments nouveaux, et avait besoin de ce temps de repli pour y faire face. Peut-être s'agissait-il effectivement de sentiments amoureux... Mais, si c'était le cas, étaient-ils réciproques ? Alfred ne savait pas où en étaient les deux jeunes hommes, ses questionnements restant pour le moment sans réponses...
John, quant à lui, n'aurait pas dit que Bruce faisait sa « tête de mule » ; il aurait plutôt dit que celui-ci était... troublé. Il avait suffisamment côtoyé de personnes perturbées pour reconnaître cette caractéristique lorsqu'il l'avait sous les yeux.
Après leur première nuit passée ensemble, Bruce s'était réveillé le premier. Bien qu'il n'ait rien dit, John n'avait pas été surpris alors qu'il ouvrait à peine les yeux de voir l'autre homme quitter sa chambre sans un regard en arrière. Le jeune homme à la peau pâle s'était ensuite étiré au milieu des draps, soupirant, tout en ayant néanmoins un léger sourire au bord des lèvres. Cela faisait assez peu de temps qu'il avait rencontré Bruce ; toutefois, avec leur histoire commune et ces quelques temps passés ensemble au Manoir, il commençait tout de même à relativement bien cerner ce personnage. Cela ne l'étonnait pas que Bruce ait du mal à concevoir des sentiments à son égard et qu'une relation – même uniquement charnelle, pour commencer – puisse avoir lieu entre eux.
John, de son côté, se sentait parfaitement à l'aise avec cette idée.
Son intériorité avait beau avoir été un véritable chaos lorsqu'il portait encore le masque du Joker, il n'empêche qu'il avait déjà ressenti une certaine attirance pour Batman. Non pas une attirance physique, ni sentimentale ; plutôt une sorte... et bien, d'attraction. Pure et dure. Quelque chose d'aussi malsain que fascinant... Ainsi qu'au bout de quelques temps, une forme... d'attachement, peut-être. A moins qu'il ne se soit agit d'addiction ? Qui sait. En tout cas, les faits restaient les mêmes : il avait atteint un point où il ne pouvait tout simplement plus se passer de l'autre.
Il avait d'ailleurs plongé dans une forme de dépression peu de temps après son hospitalisation, lorsqu'il s'était rendu compte que, oui, Batman comptait bel et bien cesser d'exister. Lorsqu'il avait intégré le service de psychiatrie, il était encore le Joker ; sa personnalité avait commencé à être ébranlée, quelques jours après son internement, par l'annonce effectuée par le lieutenant Jim Gordon, affirmant que le Batman avait décidé de se retirer. Foutaises ! avait-il premièrement pensé. Son cher et tendre Batou ne pouvait pas renoncer à sa mission de preux chevalier, ni à leurs combats dantesques. Hors de question. La phase de déni avait été assez forte mais, déjà, un fond d'incertitude planait dans son esprit – bien qu'il n'aurait jamais pu l'admettre sur le moment. Puis, quelques temps plus tard, était venue l'allocution de Bruce Wayne. Sachant déjà à cette époque qui se cachait derrière le masque du justicier, le jeune homme aux cheveux verts avait été sidéré par les propos du milliardaire énoncés via l'écran de télévision grésillant. Alors, vraiment ? Il comptait bel et bien se retirer ? Arrêter sa quête et la confier aux forces de l'ordre de la ville... ?
Ce constat, brutal, l'avait plongé dans une sorte de torpeur. Le Joker avait été comme assommé par la nouvelle. Il ne réagissait plus à son environnement direct, bien trop secoué intérieurement par les événements, par la possibilité de perdre tout ce qui faisait sens pour lui. Il n'avait pas réagit lorsque les professionnels du service de psychiatrie l'avaient un beau jour forcé à prendre les petites pilules, qu'il avait pourtant refusé avec véhémence jusque là.
Puis, après l'état de torpeur, était venue la clarté. Progressivement. C'était comme si le Joker s'était finalement endormi quelque part au fond de lui ; et après une période de flou, John Kerrigan avait lentement refait surface. Les neuroleptiques l'avaient peu à peu reconnecté au monde autour de lui, et les anxiolytiques avait rendu cela supportable en atténuant les angoisses qui auraient pu resurgir.
John s'était finalement réveillé, pleinement. Il avait regardé autour de lui, d'abord désorienté. Puis il avait regardé sa vie derrière lui, jusqu'à en avoir le vertige ; et les professionnels du service de psychiatrie l'avaient soutenu pour faire face au présent... Avant de l'aider à se projeter dans le futur.
Lorsque, au bout d'un certain temps, il avait appris qu'il ferait l'objet d'un programme de réinsertion en « milieu ordinaire », John s'était posé de nombreuses questions. Notamment celle-ci : une fois à l'air libre, cela ne serait-il pas l'occasion pour le Joker de se réveiller ?
Cette crainte s'était faite de plus en plus forte, jusqu'à ce qu'il soit dans la voiture conduite par Charles, l'aide-soignant, en présence de la docteure Williams, en route jusqu'à son éventuel futur lieu de vie. Et là, une fois sorti de la voiture, cela avait été comme une révélation, une évidence : le destin en voulait autrement. Le destin ne voulait pas que le Joker se réveille... Car le destin l'avait conduit à Bruce Wayne.
Il était temps, enfin, que les deux hommes se confrontent sans leurs masques.
John avait tout de suite souhaité attirer l'attention de Bruce et l'avait on ne peut plus recherchée. Oh pas toujours subtilement, certes ; il fallait bien avouer qu'il gardait malgré tout certains traits typiques de sa personnalité. Mais il s'était fait plus calme, plus authentique, pour pousser progressivement Bruce à en faire de même. Car il souhaitait connaître l'autre homme. Véritablement. Après avoir commencé à se connaître lui-même, il avait envie de connaître l'autre, celui qui se cachait derrière le masque du justicier jadis ; celui qui se cachait derrière une façade de froideur aujourd'hui.
Pouvoir atteindre Bruce était vite devenu une obsession. Mais une obsession qu'il ressentait comme bien plus saine que celle qu'il avait eu auparavant. Cela ne l'avait absolument pas surpris de se rendre compte, assez rapidement, que Bruce lui plaisait ; que ce qu'il en découvrait chaque jour lui plaisait toujours un peu plus.
John avait lui aussi envie de plaire à Bruce. Il avait envie de Bruce. Et il comptait bien l'obtenir.
Alors, actuellement, John patientait.
Après leur première nuit ensemble, Bruce s'était à nouveau terré dans ses quartiers pendant une semaine. John, lui, n'avait rien changé à ses habitudes. Peut-être seulement avait-il fait en sorte d'être plus visible par les caméras – qu'il avait repéré au sein du Manoir depuis belle lurette – afin que Bruce puisse le voir le plus possible. Car, il en était persuadé, Bruce devait probablement passer son temps entre ses pensées torturées et les images des caméras...
John se plaisait à imaginer Bruce le regarder, même de cette manière indirecte. Oh bien sûr il aurait voulu plus : il aurait voulu que Bruce vienne à lui, chaque jour, chaque nuit, l'avoir près de lui à chaque minute... Mais, pour l'instant, il devait le laisser aller à son rythme. La patience n'avait jamais été un point fort chez John ; mais, sur ce coup-ci, il faisait son maximum. Car le jeu en valait la chandelle.
Au bout d'une semaine supplémentaire ses efforts furent récompensés : une nuit, Bruce craqua de nouveau et se rendit dans sa chambre. C'était alors comme si John avait développé une sorte d'hypersensibilité à sa présence : il sortait automatiquement du sommeil lorsque Bruce était à ses côtés. John était alors instinctivement allé à sa rencontre et l'avait attiré à lui, leurs corps se retrouvant à nouveau, emmêlés sous les draps, pour partager une nouvelle nuit.
Le réveil s'était passé de façon similaire au premier : Bruce était parti avant que John ne montre des signes d'éveil, et celui-ci l'avait laissé partir sans un mot tandis qu'il le regardait disparaître, discrètement, d'un œil encore à moitié endormi.
A son rythme. C'était ce que se répétait John en boucle, chaque jour : laisser Bruce aller à son rythme... John était prêt à faire preuve de patience, autant que possible.
Ledit rythme s'était un peu modifié par la suite : plutôt que de s'enfermer une semaine entière sans le rejoindre, Bruce n'avait ensuite tenu que cinq jours : la cinquième nuit il l'avait à nouveau rejoint.
Puis ensuite il était revenu au bout de trois nuits seulement...
Et puis une semaine entière s'était à nouveau écoulée. Frustration. Sa patience ayant finalement atteint sa limite, John avait fait le choix de le rejoindre, lui. Ce qui avait en fait été plutôt aisé : Bruce n'avait pas verrouillé la porte de ses appartements...
En réalité, que cela soit conscient ou non, cela faisait déjà bien longtemps que Bruce ne verrouillait plus sa porte...
Les temps suivants, cela avait alterné : un coup c'était Bruce qui venait à John ; d'autres fois c'était John qui venait à lui.
Alfred, de son côté, n'avait aucunement conscience de ces agissements nocturnes. Mais il remarquait qu'au fil des semaines Bruce s'enfermait de moins en moins dans ses quartiers, qu'il quittait la table moins vite après les repas, qu'il recommençait à se joindre à eux pour des moments plus anodins... Le tout toujours baigné dans l'ambiance chaleureuse créée par l'enthousiasme de John, redoublant d'intensité lorsque Bruce était à ses côtés.
Et puis, surtout, le majordome voyait enfin ce qu'il avait attendu depuis si longtemps : cet éclat dans les yeux de Bruce.
Un éclat de vie.
Un éclat de joie.
Au fond de lui, Alfred avait cette certitude : celle que, tant que John serait là, cet éclat continuerait à scintiller.
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Et voilà, c'est officiellement la fin de cette histoire ! Souhaitons donc une longue et heureuse vie à John et Bruce, ainsi qu'à Alfred bien sûr (;
Je vous remercie pour tous les petits mots que vous m'avez laissée et qui m'ont bien encouragée (:
A bientôt lors d'une prochaine lecture peut-être ?
ReiPan
