J'ai écrit cette histoire pendant le confinement de 2020, pour un concours organisé par HPF sur le thème "PWP Coincé(s)". J'aime énormément cette histoire, et je l'ai en partie réécrite pour sa re-publication ! J'espère qu'elle vous plaira !


SOLEIL


Pendant quelques jours avant le début des examens de fin d'année à Poudlard, tous les élèves avaient droit à du temps libre, sans aucun cours, pour se détendre et réviser. Il arrivait parfois que certains cherchent à se rassurer en allant poser des questions à leurs professeurs, mais heureusement il était assez tard pour que Neville ne soit plus dérangé. Il avait fort à faire pour abriter ses plantes magiques les plus sensibles : ce début d'été était anormalement chaud, et ses petites protégées devaient affronter les jours les plus longs de l'année dans de douloureuses conditions.

Partout dans tout le parc de Poudlard, les herbes avaient jauni pour se prémunir face à la météo. Le monde pouvait prendre les couleurs d'une photographie en sépia, mais pas les serres de l'école ! Neville avait commencé à aménager une serre à part entière pour qu'elle conserve son humidité à l'abri des rayons du soleil, un immense dais sombre la recouvrait en partie. Il avait prévu de passer les jours prochains à mettre en place des sortilèges et enchantements divers pour perfectionner son installation.

Tout l'après-midi, il avait déplacé des plantes des autres serres pour les installer ici et veiller à ce qu'elles se sentent au mieux. La plus grande partie de la serre était néanmoins occupée par un Filet du Diable. C'était un magnifique spécimen que Neville avait trouvé en explorant les serres quand il avait endossé son rôle de professeur en début d'année scolaire, il y avait dix mois de ça. Elle avait tenu dans le creux de sa main la première fois qu'il l'avait mise en pot, et maintenant… Eh bien… Elle s'était bien développée, toute seule dans cette serre abandonnée ! S'il restait des vestiges de son pot, ils étaient masqués par une masse gigantesque et volumineuse de ses racines, de ses lianes et de ses larges feuilles sombres.

Elle semblait immense, et Neville se fit la remarque qu'il devrait trouver un moyen de calmer ses velléités colonisatrices s'il voulait vraiment que cette serre soit utile ! Avec l'approche de l'été, elle devenait naturellement plus agressive.

« Londubat ? Est-ce que vous êtes-là ? Où est-ce que vous avez donc planqué les Oxalis ? » pesta un Maître de Potions de mauvaise humeur.

Neville soupira, venir le déranger à une heure aussi tardive…

« Je les ai protégées. Attendez-moi dehors ! De quoi avez-vous besoin ?

— Comme si j'allais vous faire confiance pour ça Londubat ! J'ai besoin de feuilles très fraîches pour brasser une potion et je ne tiens pas à ce que vous ayez la moindre influence sur ma préparation… Vous seriez capable de donner l'idée à mon chaudron d'exploser spontanément rien qu'en touchant un ingrédient ! » Rogue

Neville l'entendit entrer dans la serre, et immédiatement, il y eut derrière lui le bruissement furieux de milliers de petits mouvements simultanés. Le Filet du Diable sortait de sa torpeur et tous ses membres bougeaient vers celui qui venait de pénétrer dans son domaine. Elle pensait qu'elle avait flairé une proie !

« Sortez d'ici ! Tout de suite ! » le pressa Neville.

Mais c'était trop tard, Snape l'observa avec stupeur tandis que le Filet du Diable étendait ses lianes et ses membres partout autour d'eux. C'était une masse incroyable de feuilles, de branches et de lianes qui se mouvaient d'elles-mêmes jusqu'à bloquer l'accès à la porte et former une sorte de nasse chaotique tout autour d'eux.

« Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Londubat, qu'avez-vous donc fait avec cette plante ! » s'offusqua Snape.

Neville préféra l'ignorer et le saisit par le bras pour l'attirer plus loin des rameaux agiles. « S'il vous plaît, Professeur, restez calme. » Mais Snape ne semblait en rien vouloir être calme, alors Neville se pressa contre lui, sa main gauche venant se plaquer contre la bouche de l'autre homme pour qu'il cesse de s'écrier à tout bout de champ. Sa main droite se referma sur son avant-bras pour le défendre de sortir sa baguette.

« Un problème à la fois, s'il vous plaît. Je vous expliquerai tout plus tard, mais faites-moi confiance pour l'instant », le supplia-t-il du regard.

Snape leva les yeux au ciel, visiblement outré, mais hocha la tête lentement.

Le vacarme assourdissant des mouvements innombrables de la plante se faisait encore entendre autour d'eux. Neville adressa un petit sourire soulagé au professeur, et se retourna. Il prit bien soin de garder une main derrière lui, contre Snape, pour vérifier qu'il ne faisait pas de gestes stupides, et fit quelques pas en avant vers la masse de lianes sombres qui les entouraient. Il tendit délicatement la main et les caressa comme il en avait eu l'habitude régulièrement cette année.

« Tout doux, tout doux, murmura-t-il lentement. C'est bien, ma belle. Tu te souviens de moi ? Tu reconnais ma voix ? » Les lianes s'enroulèrent autour de son poignet, glissant contre sa peau, entre ses doigts…

« Attention… » grommela Snape derrière lui.

Neville l'ignora, et continua à parler sur un ton tranquille. « Tu te rappelles de mes mains ? C'est elles qui t'ont amenée ici. Aguamenti », souffla-t-il. Sa peau s'humidifia, et les lianes autour de lui devinrent ruisselantes et fraîches. « Je me suis occupé de toi. Tout va bien ma belle, je suis tellement désolé qu'on t'ait fait peur… »

Peu à peu, le silence se fit autour d'eux. La plante était à nouveau immobile, elle avait cessé d'être menaçante. Neville continua de la caresser et de faire couler de l'eau de ses doigts, mais il poussa un soupir de soulagement et détendit sensiblement ses muscles. Il tourna la tête pour adresser un petit sourire à Snape. Des rais de lumière tombaient à travers leur semblant de cocon, au-dessus d'eux, et éclairaient ses robes sombres de filets d'or. Le soleil se couchait déjà.

« Vous aimeriez que je vous félicite ? fit Snape d'une voix doucereuse. C'est un miracle que vous n'ayez pas tué d'étudiant en gardant une monstruosité pareil ici ! Vous êtes véritablement inconscient ! »

Neville perdit son sourire, et capta quelques mouvements discrets autour de lui.

« Excusez-moi, professeur, mais je pense que vous devriez adopter un ton moins agressif. Vous l'énervez.

— Ah ! Vous voulez que je sois moins agressif ? » Snape avait adopté le même ton calme que Neville, mais quelque chose dans son regard disait au jeune homme qu'il n'allait pas cesser d'être agressif du tout. « Ce n'est qu'un Filet du Diable, il me suffit de lancer un Lumos ou un Incendio pour que cette chose retourne bien tranquillement dans son coin. »

Neville le fixa avec horreur, puis avec férocité.

« Mais pourquoi est-ce que j'ai voulu vous protéger d'elle ? Elle ne vous aurait même pas fait de mal si vous aviez été assez intelligent pour ne pas bouger ! Vous avez lu le panneau défense d'entrer devant la serre ? Vous vous croyez vraiment au-dessus de tout ? Si vous l'attaquez, vous allez la blesser et peut-être la tuer ! Et elle vous attaquera en retour… »

De toute évidence, ce n'était pas le bon argument pour faire fléchir le Maître de Potions, Neville put le lire dans son regard.

« Écoutez, fit le Serpentard d'un ton impatient, je ne peux pas rester éternellement en votre compagnie, j'ai des affaires pressantes. Pouvez-vous ordonner à cette chose de retourner d'où elle vient ? »

Neville haussa un sourcil. Oui, peut-être qu'il le pouvait. Mais est-ce qu'il voulait ? Non… Snape avait besoin qu'on lui apprenne les bonnes manières ! Son tempérament ne s'était guère amélioré malgré la fin de la guerre et sa consécration en tant que héros dans la société sorcière.

Neville avait mené quelques petites expérimentations sur ce Filet du Diable, quelques mois plus tôt, quand elle avait commencé à reprendre du poil de la bête.

Il sourit malicieusement, et recula d'un pas, se retrouvant pressé contre le mur de branchages, sa main toujours prise entre les lianes. Doucement, il insuffla sa magie en elle, et ferma les yeux pour se concentrer.

Il avait découvert qu'elle avait une sorte de conscience. C'était une plante magique après tout. Elle avait un instinct de préservation, des sens, des réactions et une personnalité. Il y avait peu de chose pour distinguer l'homme de l'animal, et aussi peu pour distinguer le sorcier des créatures magiques. Neville n'était peut-être pas très qualifié pour expliquer ce genre de choses. En tout cas, la magie vivait dans cette plante, c'était une part essentielle de son fonctionnement. Et en mêlant leurs magies, il pouvait communiquer avec elle. Ce n'était pas là une simple marionnette qu'il contrôlait, mais plus une sorte de baguette très récalcitrante qui l'écouterait peut-être, si elle était d'humeur.

Cette propriété qu'il avait découverte avec ses expérimentations lui avait semblé bien inutile… mais maintenant, il avait une idée d'application pratique. Ayant trouvé ce qu'il cherchait, Neville rouvrit les yeux pour pouvoir mieux se coordonner avec la plante. Ses lianes descendirent sur Snape sans que celui-ci ne s'en rende compte. Les mouvements de la plante suivaient ceux que Neville lui communiquait, ce qui devait dire qu'elle était d'accord pour qu'ils chassent ensemble. Snape avait bien remarqué son changement de comportement, et avait sorti sa baguette, mais il n'avait pas encore décidé d'attaquer.

Neville fit un ultime effort pour coordonner l'assaut final et Snape écarquilla comiquement les yeux en sentant les lianes se glisser partout autour de lui et commencer à l'enserrer…

Le professeur avait de malheureux réflexes, cependant, et Neville fut pris au dépourvu lorsqu'un sort fusa de sa baguette au moment même où son bras fut emprisonné. Neville vit la catastrophe arriver. Snape n'avait pas utilisé d'incantation, ses mouvements de baguette étaient indéchiffrables, et Neville ne savait pas quelles saloperies l'ancien Mangemort avait dans sa manche. En tout cas, s'il pouvait l'éviter, il préférait ne pas avoir à le découvrir.

« NON ! » s'écria-t-il. Il tendit sa main libre en avant, et pensa très très fort à un Expelliarmus. À l'Expelliarmus qu'il avait vu Harry lancer face à Voldemort. Il y eut un déferlement de magie très théâtrale, tout ça pour que la baguette franchisse les quelques centimètres qui les séparaient.

La plante avait senti le danger et ses branches s'étaient prestement écartées pour laisser passer le sort, qui se perdit dans le ciel d'un bleu de nuit. Neville resta stupéfait un instant avant de remarquer la situation précaire dans laquelle se trouvait à présent Snape.

Stop ! cria-t-il intérieurement. La plante l'écouta et stoppa son assaut. Pour autant, Snape était complètement prisonnier, ses bras et ses jambes disparaissaient sous les feuilles et les lianes. De grosses branches serpentaient sous ses pieds, et d'autres au-dessus de lui maintenaient ses bras écartés dans les airs. Il était parfaitement immobile, tendu.

Rétracte-toi, essaya Neville, mais le Filet du Diable ne fit pas mine de bouger d'un poil. Elle ne concéda pas un centimètre, que ce soit pour libérer Snape ou pour défaire la nasse qui les enserrait tous les deux. Relâche-le ! Pas plus de succès.

Relâche-moi, tenta à nouveau Neville, et immédiatement, le bras par lequel il était relié à l'énergie magique de la plante fut libre, le lien rompu avec le contact. Neville se sentit vaciller. Il n'avait plus de force et se laissa tomber lourdement sur le sol en terre de la serre. Il connaissait cette sensation, et n'aimait pas ce qu'elle présageait…

« Vous voudriez bien m'expliquer ce qui vient de se passer ? » demanda Snape après quelques instants.

Neville leva les yeux vers lui avec fatigue.

« Je suis désolé… J'ai voulu vous jouer un mauvais tour avec l'aide de… » Neville, ne sachant pas vraiment comment nommer ce qu'il désignait, fit un geste vague de la main vers tout ce qui les entourait à présent. « … avec l'aide de mon amie, et ça a pris une mesure disproportionnée… »

Snape haussa les sourcils. C'était étonnant qu'il puisse rester aussi stoïque dans une telle situation. Neville baissa les yeux sur la baguette de Snape, qu'il avait toujours en sa possession.

« Je suis désolé, reprit-il.

— Je vous pardonne, fit le potionniste avec entrain, ce qui était tout à fait déplacé. Franchement, ce que vous avez fait avec cette plante, alors là c'est… prodigieusement impressionnant, continua-t-il sur un ton faussement appréciateur.

Maintenant, vous voulez bien me libérer ? »

Neville garda les yeux sur ses mains, et eut un petit sourire désolé.

« C'est pour ça que je disais être désolé, en fait : je ne peux pas. Ce que je viens de faire m'a drainé de presque toute ma magie… Je ne fais jamais de magie sans baguette pour cette raison. Et je ne peux pas vous rendre votre baguette. Je sais que vous lanceriez immédiatement un Lumos et je ne pense pas que vous soyez en bonne position pour gagner la bataille. »

Passé un instant de silence choqué, Snape reprit la parole. Neville savait comment réfléchissait un Serpentard, et celui-là n'arrêterait pas d'argumenter tant qu'il ne serait pas parvenu à ses fins. De toute façon, il ne lui restait bien que l'éloquence pour seule arme dans la position où il se trouvait… Le problème, c'est que sans magie, Neville ne pourrait même pas lui jeter un sort pour coller sa langue dans sa bouche et avoir la paix !

« Allons, c'est ridicule. Je vous promets de ne pas lancer de sorts dangereux, je comprends à quel point c'est important pour vous, d'accord ? Je veux seulement envoyer un Patronus à Minerva ou à quelqu'un d'autre pour qu'on nous sorte de là.

— Mais bien sûr, et comment pensez-vous qu'ils vont nous libérer, hein ? Je ne suis pas aussi bête que vous le pensez.

— Et qu'est-ce que vous proposez, vous ? » pointa Snape.

Neville resta pensif. On était le soir et il n'y avait déjà plus assez de lumière dans le ciel pour rebuter la plante, alors même qu'ils se trouvaient dans la partie de la serre qui était toujours exposée. Dans quelques instants, il ferait nuit…

« Il va falloir qu'on attende l'aube. Le Filet du Diable a un rythme instinctif de préservation et se rétractera sous le dais avant le lever du soleil. »

Snape soupira et sembla se résigner. Il n'ajouta rien et une quiétude bienvenue s'installa entre eux. Neville s'assit plus confortablement, calant son dos contre la plante douce et molle derrière lui.

« Vous avez dit que vous aviez mieux à faire ? Pourquoi aviez-vous besoin des Oxalis ? demanda-t-il avec un peu de curiosité pour troubler le silence. Vous n'aviez pas une potion sur le feu au moins ? »

Il fallait bien passer le temps, après tout, mais Neville n'était pas vraiment sûr que l'irascible Maître de Potions accepte de jouer le jeu et de papoter un peu avec lui. Celui-ci soupira à nouveau. Neville ne l'avait encore jamais vu exprimer aussi clairement son ennui, avec cette habitude qu'il avait de masquer ses émotions et de se contenter de fusiller tout le monde du regard.

« Je préparais les décoctions nécessaires aux examens, et les petites pestes vont consommer voracement une montagne d'ingrédients dès la semaine prochaine… Je suis en train d'inventorier ma réserve. Vous êtes prêt, vous ?

— Oui, répondit distraitement Neville. J'ai préparé des questions de cours, et pour ce qui est de la manipulation des plantes, il n'y a pas grand-chose à faire. Le système du professeur Chourave dans la gestion des spécimens et des serres est parfait, donc tout est toujours prêt, en quelque sorte. Tant que les plantes sont en bonne santé, chaque serre peut occuper une classe pour un cours ou un examen. Je m'assurais juste que certaines espèces ne souffriraient pas des fortes chaleurs qui sont annoncées pour les jours à venir… »

Comme ni l'un ni l'autre ne poursuivit la conversation, le silence s'installa à nouveau. Puisqu'il n'y avait rien de mieux à faire, Neville essaya de trouver une position pour se détendre et attendre.

Il étendit ses jambes devant lui, et chercha un moyen pour que son dos et sa nuque se reposent contre les lianes du Filet du Diable, derrière lui. Mais, malgré tous ses efforts, il n'y avait pas de solution à ce problème, pas avec la terre froide et dure sous son fessier…

« La position n'est pas trop inconfortable ? » s'inquiéta-t-il après quelques instants passés à remuer inutilement sur le sol.

Snape haussa de nouveau un sourcil, l'air de le prendre pour un imbécile. « Je vais être courbaturé demain et d'une humeur de chien. Vous en ferez les frais, je vous préviens. »

Neville ricana un peu et se redressa. « Je surveillerai mon assiette et mon gobelet lors du prochain banquet dans la Grande Salle, soyez-en sûr, j'aurais bien trop peur que vous versiez dedans l'une de vos mixtures infernales… »

Il s'approcha ensuite de Snape et croisa son regard. Il se saisit d'une liane qui entourait le bras du professeur, et tenta de tirer dessus.

« Mauvaise idée, commenta le prisonnier immédiatement. La plante n'apprécie pas vraiment vos efforts, et si vous continuez ainsi, je vais avoir des problèmes de circulation sanguine en plus des courbatures. Je suis déjà d'assez mauvaise humeur comme ça…

— Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû –

— Taisez-vous, l'interrompit Snape. Être désolé ne réparera rien, et ça vous rend seulement plus insupportable. Vous ne pouvez rien faire alors taisez-vous et trouvez une position pour attendre où vous ne me dérangez pas et où vous ne vous retournez pas toutes les trente secondes ! Bon sang ! »

Neville soupira… Il faillit même ouvrir à nouveau la bouche pour s'excuser, mais se mordit la lèvre pour s'en empêcher.

Pas démonté pour autant, Neville plaça une fois encore sa main contre les liens du Filet du Diable, et fit pulser sa magie à travers le réseau de la plante. Il tâcha au mieux de lui communiquer qu'il souhaitait qu'elle relâche son prisonnier, en vain. Il abandonna aussitôt qu'il commença à se sentir faible. C'était peine perdue, il savait comment elle réfléchissait : elle ne lui obéissait véritablement que tant qu'il y avait de la nourriture en jeu. C'était comme ça qu'elle se comportait étant petite, et les récents développements ne contredisaient pas ces principes. Elle avait tout juste assez de respect pour lui pour ne pas les attaquer, mais elle ne souhaitait pas les relâcher pour autant.

Neville resta pensif pendant quelques instants, examinant les possibilités qui s'offraient à lui. Il était vrai qu'il n'était pas en mesure d'aider le professeur avec ses entraves, mais pour tout dire, il doutait également de sa capacité à suivre les exigences qu'il venait de formuler. Neville n'était pas d'humeur à attendre dans une position inconfortable sans rien faire. S'il fallait avoir de la patience quand on était botaniste, Neville n'en avait que pour les plantes, et très peu pour les humains.

Une idée, tout à fait ridicule, lui traversa l'esprit… Elle se faufila à travers ses neurones, et tous les efforts de Neville ne parvinrent pas à l'en déloger. Objectivement, cette idée n'offrait pas une solution, mais plutôt une recette sûre pour empirer les choses ! Et puis Neville prit en considération le fait que Snape était incapable de faire le moindre mouvement, et qu'il était à sa merci.

Non, c'est mal, lui dicta sa conscience toute dorée de bon petit Gryffondor.

Oui, mais rien ne t'empêche d'essayer, argumenta la voix de son courage, toute rouge. Et puis les conséquences, ce sera le problème de demain : il faut foncer ! Maintenant !

Neville lâcha donc les liens qu'il ne pouvait défaire, et laissa sa main glisser le long du bras de son professeur, descendant vers son épaule, pressant de manière rassurante. Il sentait la chaleur du corps à travers le tissu, et les muscles tendus.

« Qu – qu'est-ce que vous faites ? » interrogea Snape sur un ton que Neville n'avait encore jamais entendu.

Le jeune homme était comme hypnotisé par le mouvement de ses propres mains sur les robes sombres du Maître des Potions. Il croisa son regard, et s'écarta à regret. Il s'était laissé emporter, mais l'idée était toujours là dans son esprit, aussi ridicule qu'elle puisse être.

« Dés – commença-t-il d'une voix rauque. J'avais une proposition quant à l'usage qu'on pourrait faire de notre temps ici », avoua-t-il en fixant résolument Snape dans les yeux.

Neville ne s'attendait pas le moins du monde à la réaction que suscita sa petite déclaration, mais il devait admettre qu'elle était plutôt évidente : Snape lui rit au nez.

« Ne vous moquez pas de moi, la situation n'est pas assez dramatique pour qu'elle nécessite un si haut sacrifice de votre part… Et puis, ne suis-je pas votre Épouvantard, si ma mémoire est bonne ? Lupin avait été tellement ravi de me jouer ce tour. »

Les mots de Snape auraient pu être durs, si son ton s'était fait aussi tranchant et sarcastique qu'à l'accoutumée. Mais il y avait quelque chose dans son expression, que Neville pouvait à peine deviner dans le peu de lumière qu'il y avait encore, des rides autour de ses yeux et au coin de sa bouche…

Il sourit faiblement.

« C'était il y a presque dix ans, non ? Beaucoup de choses ont changé depuis… Bordel, même Poudlard a changé ! Vous avez cessé d'être mon pire cauchemar il y a bien longtemps, vous savez ? »

Neville glissa ses yeux sur le visage de Severus, et se fixa sur ses lèvres. Est-ce que son regard sur son professeur avait vraiment changé à ce point ? Il lui était déjà arrivé d'avoir de telles pensées, de tels désirs soudains à propos d'une autre personne… Jamais rien d'aussi précis, d'aussi déterminé, certes, mais il y avait eu des regards échangés, et quelques rendez-vous avec Hannah, il y a si longtemps de ça…

Snape semblait observer son regard, le jugeant silencieusement. « Eh bien ça alors, je n'avais pas remarqué ce récent changement en vous, Longdubat ?

— Neville », corrigea le jeune homme. Lui non plus, il n'avait pas remarqué ce tournant. Et maintenant, son visage s'approchait de ces lèvres fines, sa respiration s'accélérait, et son jugement était définitivement obscurci par l'adrénaline… Il se rendait compte qu'il avait envie de savoir ce que ça faisait d'embrasser quelqu'un. Ce n'était pas très juste pour Snape, mais il n'entendit pas de commentaires acerbes tandis que leurs visages se rapprochaient, alors Neville prit cela pour un consentement tacite.

Il ferma les yeux au moment de poser ses lèvres contre celles de son collègue. Elles étaient sèches, et rugueuses contre les siennes, et aucun d'eux ne bougeait. Le baiser n'était pas très agréable. Neville s'écarta, confus, et Snape profita de cette faiblesse :

« Est-ce que c'est la première fois que vous embrassez quelqu'un ? railla-t-il.

— Oui », répondit honnêtement Neville. Il repensa aux baisers dont il avait été témoin, principalement des comédies romantiques regardées avec Harry ou Hermione, et de nombreux souvenirs d'avoir surpris Ginny en train de sucer les amygdales de Dean ou de Harry. Il reprit son assaut avant que Snape n'ait le temps de commencer une autre pique.

Neville écarta davantage ses lèvres et laissa sa langue poindre, glissant la pointe sur ses lèvres, puis celles du professeur. Elles se firent plus douces à mesure qu'il progressait et bientôt, la caresse chaste de leurs lèvres l'une contre l'autre se transforma en quelque chose de bien plus obscène et humide et chaotique et terriblement plaisant.

Neville s'éloigna après quelques instants.

« Mieux ? » osa-t-il demander.

Severus, les yeux fermés et la bouche entrouverte, se contenta d'acquiescer.

Neville ne l'avait encore jamais vu ainsi. Il recula de quelques pas, observant pensivement le Maître de Potions.

« Vous ne devriez pas faire ça, vous savez ? Réfléchir, c'est très mauvais pour les Gryffondor. C'est à cause de vos cerveaux atrophiés, ils ne sont pas habitués à de tels efforts…

— Silence, Snape ! » Il y avait quelque chose qui le perturbait, et il n'arrivait pas tout à fait à mettre le doigt dessus. Neville se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer, comme le faisait souvent Harry sans s'en rendre compte.

Snape sembla se débattre un instant dans ses liens, et Neville put entendre le crissement des lianes qui se resserraient davantage sur ses membres. Plus surprenant encore, tandis que le Maître de Potions continuer à lutter, un gémissement de plaisir lui échappa. Neville fut aussitôt frappé d'une vague de désir puissante, les muscles de son ventre se contractant autour d'une chaleur intense.

« Snape… j'ai envie de… » Neville secoua la tête. Il ne savait pas trouver les mots pour donner corps à ses pensées, peut-être même qu'il avait peur qu'elles deviennent plus réelles.

Snape croisa son regard et acquiesça. Il fronça les sourcils quand il remarqua que Neville ne réagissait pas pour autant. Celui-ci était exalté à l'idée de pouvoir faire ce qu'il voulait à cet homme qu'il désirait, il voulait le voir plier, supplier… C'était une part de lui que Neville ne se laissait jamais explorer.

« Qu'est-ce qui peut bien vous falloir comme motivation supplémentaire, Londubat ? Je suis littéralement pieds et poings liés pour vous. Je n'ai pas eu d'expérience de ce type-là depuis une éternité, et si c'est la première idée qui vous passe par la tête pour qu'on passe le temps en attendant l'aube, je suis preneur ! Vous pouvez bien me passer dessus pour l'occasion. » Toujours pas de réaction, mais principalement parce que Neville était sidéré par ce petit discours. « Je ferais tout ce que vous voudrez, mais revenez là bon sang ! » se sentit obligé d'ajouter Snape.

Neville émit un gémissement bien audible, et bien malgré lui. C'était ça qui le perturbait un peu plus tôt, l'asymétrie de la situation et le fait que Snape soit à sa merci, et pire encore, qu'il aime ça. Mais Snape était tout ce qu'il fallait de consentant, problème résolu.

Neville abandonna docilement son train de pensée, et se colla contre le corps de Snape, passant une main dans ses cheveux, l'autre caressant son visage. Il l'embrassa à nouveau, et Snape répondit immédiatement à la caresse, avec une ardeur qu'il n'avait jamais montrée jusqu'à présent. Neville se laissa faire alors que Snape se glissa entre ses lèvres, leurs langues venant se caresser de cette manière. C'était incroyablement plus… humide que Neville l'aurait pensé. Et par la même occasion, beaucoup moins dégoûtant.

Il posa sa main contre la nuque de Snape, sa peau était brûlante, et rompit leur baiser pour poser son front contre son épaule. Il n'avait pas l'intention de pleurer, mais il n'en était pas loin : c'était trop intense. Son souffle était haletant, mais quand il sentit les lèvres de Snape effleurer ses cheveux, il savait qu'il n'avait pas envie d'arrêter.

Neville papillonna de petits baisers le long de sa mâchoire, puis juste un peu plus bas, contre la peau douce de son cou. Après quelques mouvements maladroits, et autant de coups de langue, il parvint à tirer un gémissement (à peine audible, une exhalation sortie des lèvres brillantes et carmines du professeur).

« Doucement, doucement, murmura Snape. Ah – je ne sais pas si c'est bien la peine de nous… exciter pour rien, à vrai dire. Je ne suis pas sûr de pouvoir faire grand chose dans la situation… ah-actuelle. »

Neville sourit contre la gorge de son professeur, le terrible Severus Snape, qui poussait de si charmants soupirs de désir. Ce simple son avait suffi à le faire durcir dans son pantalon. Il refusait de croire qu'ils ne pourraient pas faire tout ce qu'ils voulaient. Neville prit un peu de recul pour dénouer la lavallière sombre – Snape observant ce geste avec ses yeux sombres, aux pupilles dilatées – la glissant hors de son col, et la laissant tomber au sol.

Il commença à déboutonner sa robe sombre – elle aussi – et la chemise en dessous, et la tâche lui sembla interminable… Il se débrouilla comme il le pouvait pour en écarter les pans malgré les lianes qui barraient le torse de Severus. Ses mains étaient étonnamment chaudes contre la peau de son professeur quand il put enfin caresser ce torse, sentant la pilosité duveteuse sous ses doigts, et les marques irrégulières de sa peau. Il voyagea ainsi jusqu'à ses épaules, remontant la clavicule, puis poussa jusqu'aux omoplates qui s'esquissaient sous sa peau. La poitrine de Severus se soulevait à un rythme rapide, ses lèvres étaient encore entrouvertes et ses pupilles dilatées alors qu'il fixait les gestes de Neville.

Celui-ci se demanda si Severus était lui aussi à l'étroit dans son pantalon. Il pressa sa cuisse entre les jambes de l'autre homme, et l'entendit gémir à nouveau quand il se frotta contre quelque chose de dur. Neville se sentit enivré d'être la source de ce plaisir, et se prit à recommencer, encore, et encore…

Neville, tout absorbé à sa tâche de dévêtir le professeur impuissant – quoique pas tant que ça –finit par se rendre compte que les lianes autour d'eux s'étaient remises à bouger. Il eut un moment de surprise en découvrant qu'elles s'étaient nettement rapprochées d'eux, et se resserraient encore davantage. Comme si elles savaient à présent qu'elles s'étaient fait remarquer et qu'il ne servait plus à rien d'être discrètes. Les branches qui emprisonnaient Severus glissèrent elles aussi, s'écartant de son buste et de son torse, et s'insinuaient, toujours plus nombreuses, autour de ses bras et de ses jambes.

Il observa la scène avec un sourire tandis que les mouvements du Filet du Diable provoquaient la chute de la chemise de Severus.

« On dirait bien que le Filet du Diable a enfin décidé quoi faire de nous… »

Severus haussa un sourcil, et Neville l'embrassa rapidement.

« Merveilleux. Une monstruosité adepte du bondage », commenta Severus en tirant à nouveau sur ses liens.

Neville déboutonna prestement sa propre chemise. L'espace autour d'eux était bien plus exigu, mais la plante semblait faire office de couverture, luttant contre l'air frais de la nuit qui les entourait. Le jeune homme capta le regard appréciateur de Severus aussitôt que son torse fut dénudé.

Il revint contre lui, plaquant leurs torses l'un contre l'autre, et venant glisser sa main contre le ventre de Severus, passant sa ceinture pour caresser le tissu tendu par son sexe. Severus grogna de plaisir, et Neville pressa son bassin contre lui, leurs érections frottant délicieusement ensemble, la pression subtile à travers leurs pantalons.

Neville s'employa ensuite à déboutonner la braguette de son professeur pour descendre le vêtement le long de ses cuisses, et passa un moment à caresser son sexe brûlant à travers le coton fin de son caleçon.

« Cessez donc de jouer et passez aux choses sérieuses, voulez-vous.

— À vos ordres », répondit Neville avec aplomb.

Il baissa le sous-vêtement également, ne s'attardant pas bien longtemps pour détailler son sexe en érection, ou sa nudité soudaine, et saisit le membre tendu, rougi, et brûlant dans son poing. La peau de Severus était douce, et il se mit à faire de lents mouvements, qu'il savait être légèrement frustrants. Neville manquait peut-être d'expérience avec un partenaire, mais il en avait plus que suffisamment avec sa main droite. Celle-ci descendait tout le long du membre, avant de remonter avec la même amplitude, Neville appliquant peu de pression. Le Maître de Potions en ferma les yeux, les joues rougies. Neville s'imagina que ça devait être juste plaisant pour lui, la sensation très agréable, mais sans être assez concrète pour être satisfaisante. Il resserra infiniment sa prise de temps à autre, rendant chaque fois ses gestes agréables, et nota avec délectation l'agitation et le trouble de Severus, qui peinait un peu plus, chaque fois, à réprimer l'expression de sa passion.

Ils restèrent ainsi pendant un long moment. Neville n'était pas pressé le moins du monde et se délectait des réactions de plaisir et de frustration du professeur, d'ordinaire si stoïque. Il faisait varier la vitesse des mouvements, et le plaisir qu'ils donnaient.

« Vous aimez – ah – vraiment ça, hein ? » lâcha Severus.

Neville se redressa et le regarda curieusement avant de se rendre compte qu'il avait plaqué son bassin contre sa cuisse, que leurs jambes étaient entremêlées, et que dans cette position particulière, il se frottait allègrement contre Severus.

« Je ne me suis jamais posé la question avant… Vous avez quelqu'un dans votre vie ? » demanda Neville. Aucun élève de Poudlard ne s'était jamais imaginé que la terrible chauve-souris des cachots pouvait entretenir une liaison. Pas sans avoir besoin d'un Oubliette, du moins.

« Vous pensez… vraiment… que c'est le moment ? articula péniblement Severus.

— Oui. » Neville laissa la dernière voyelle traîner un peu, prenant un accent taquin.

« Non. Pas depuis la guerre, répondit Severus entre deux soupirs. Et vous ? » Neville se rendit compte que la réponse était volontairement vague. Depuis la première ou la seconde ? Y avait-il eu seulement une pause entre les deux guerres, dans le ressenti du professeur ?

« Non plus. J'aurais peut-être dû passer plus de temps avec Hannah cette année. » Et tout en prononçant ces mots, il s'imagina la belle jeune fille nue devant lui, avec les lianes entourant ses membres. Elle aurait sans doute été magnifique, il se l'imaginait avec une poitrine ronde et volumineuse, se soulevant au rythme de sa respiration tandis qu'il la caresserait… Son corps nu, dans son esprit, semblait être un montage construit à partir des images de magazines PlayWizard qu'il avait vues circuler dans son dortoir.

Mais, dans ce petit fantasme qui se jouait dans sa tête, Neville se rendit compte qu'il ne s'intéressait pas à Hannah de cette manière. Il ne ressentait aucune d'excitation particulière à l'idée qu'elle fut attachée, impuissante, à sa merci… Non. Mais avec Severus, oui ! Détenir le pouvoir de le déshabiller, de le caresser, et de l'embrasser… de le regarder sans ses robes ni son masque sévère de professeur, d'espion et d'homme endurci qu'il conservait habituellement en toute circonstance… ça, c'était grisant. C'était la transgression d'un interdit…

« Qu'est-ce que vous voulez faire de moi ? » demanda Severus de sa voix profonde, grave. Et Neville sentit les voyelles couler dans son esprit avec la texture du velours. Son sexe se contracta, de son propre chef, semblait-il.

« Je ne sais pas… » souffla-t-il. Peut-être qu'il aurait dû potasser un peu plus les scénarios de PlayWizard, au lieu de prendre ce torchon de haut.

Severus croisa son regard. « Alors prenez-moi. S'il vous plaît. » Il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose dans son expression, qui semblait avoir cédé tout à coup.

Neville hocha gravement la tête, fronçant les sourcils. Il sentit la plante bouger autour de ses jambes, et remarqua qu'il n'y avait plus d'espace libre sur le sol autour d'eux. Elle devait vraiment être immense pour être en mesure de créer un véritable matelas de feuilles, si épais qu'on n'en voyait plus le sol, tout en maintenant le dôme qui les emprisonnait tous les deux. Neville tituba sur l'enchevêtrement à ses pieds, et tomba sans aucune grâce sur la couche confortable. Bientôt, Severus le rejoignit… ou plutôt, la plante le pressa de le rejoindre sans lui demander son avis. Il avait l'air positivement offusqué de se faire manipuler ainsi.

Neville se débattit avec empressement pour ouvrir sa propre boucle de ceinture et se débarrasser de son pantalon, tandis que de petites branches agiles se chargeaient de celui de Severus. Il se cala ensuite contre l'homme, pressant leurs corps l'un contre l'autre, sentant le torse de Severus se presser contre le sien avec chaque respiration. Il écarta les mèches de cheveux qui étaient tombées sur le visage du professeur avec le changement de position, celui-ci n'ayant toujours pas été libéré par les branches, avec ses bras retenus derrière son dos.

Leurs regards se croisèrent et Neville fut pris au dépourvu par une embrasée de sentiments. « J'ai envie de te vénérer chaque jour à venir », annonça-t-il avec surprise. Snape lui adressa un haussement de sourcil confus, mais Neville ne se laissa pas distraire. Il passa de longues minutes à l'embrasser, sur la bouche, et partout, sur ses épaules, son torse, son ventre… Il voulait juste caresser tout son corps, s'abreuver de sa chaleur, et goûter ses gémissements avec sa langue. Les pommettes de Severus étaient rougies par l'excitation, ses lèvres entrouvertes sur ses halètements et ses gémissements, et son regard embué. Neville ne se pressait pas pour autant, se délectant des soupirs et des plaintes étouffés de Severus. Qui eût cru qu'il pouvait être si vocal et expressif pendant l'acte ?

Alors que Neville en arrivait à baisser les yeux sur le membre de Severus et à l'embrasser, et à le lécher et le suçoter à son tour, il se rendit compte que la tâche n'allait pas être aussi facile que prévu. Il ne pourrait pas prendre Severus comme celui-ci l'avait supplié de le faire, tout simplement parce qu'ils n'avaient pas de lubrifiant. L'éducation sexuelle était peut-être rudimentaire à Poudlard, mais Neville avait bien saisi ce qu'exigeait la mécanique pour que tout se passe bien. Qu'à cela ne tienne, il n'avait pas besoin de ça pour terminer ce qu'il avait commencé.

« Je ne vais pas pouvoir te prendre, Severus.

— Aucune – ah – importaaaAAAAnce. »

Neville venait de prendre son sexe dans sa bouche, forçant aussi loin qu'il le pouvait, et dire que Severus appréciait était un euphémisme. Neville pouvait sentir ses hanches se mouvoir dans un va-et-vient saccadé. Il tâcha de le suivre, sans jamais parvenir à prendre tout son sexe dans sa bouche, mais il était certain que ses efforts suffiraient. Lorsqu'il vérifia d'un coup d'œil, Severus avait toujours les paupières closes et ses dents étaient serrées sur ses lèvres. Malgré tout, il n'arrivait pas à étouffer ses gémissements.

Mais Neville brûlait lui aussi de désir, et avait très envie de pouvoir profiter un peu de ce qu'ils faisaient, alors il se rallongea contre l'autre homme et l'embrassa avec dévotion.

« Tu es magnifique », avoua-t-il. Neville caressa son sexe d'une main, et celui de Severus de l'autre, effectuant les mêmes mouvements au même rythme, aussi lent qu'auparavant, et Severus en gémit de frustration.

Neville rit, et Severus ouvrit les yeux pour l'embrasser avec passion, dans une débâcle de gémissements étouffés. Le baiser dura autant de temps que Neville jugea bon de faire durer le plaisir… mais il finit par perdre le contrôle et enfouit son visage dans le cou de Severus tandis que ses mains s'accéléraient. Ils gémirent de concert, et jouirent peu de temps après. Étant tous les deux si proche de l'orgasme, l'autre fut précipité dans les affres du plaisir par les gémissements et les soubresauts du premier.

Neville remonta ses mains contre le torse de Severus, se sentant soudainement épuisé, et se cala confortablement dans leur chaleur partagée, fermant les yeux.

« J'ose espérer que personne ne viendra nous déranger, commenta Severus.

— Il y a un panneau "défense d'entrer" devant la serre, je rappelle. »

Le Maître de Potions avait été libéré par la plante, car ses bras se refermèrent autour de Neville. Celui-ci eut un peu peur, pendant un instant, qu'il ne profite de son état de faiblesse pour récupérer sa baguette. Mais apparemment, le Serpentard n'avait pas de sombres desseins – et puis c'était plutôt Neville qui avait des antécédents de profiteur d'état de faiblesse.

— O —

Quand l'aube illumina le ciel et éclaira la vallée où se trouvait Poudlard, Severus et Neville dormaient d'un sommeil léger sur leur matelas de liane. Severus ouvrit les yeux en sentant les lianes bouger, et donna une petite tape à Neville pour le réveiller.

« Debout, Londubat. Le soleil s'est levé. »

Ils durent s'écarter en vitesse, car la plante se rétractait rapidement sous l'ombre du dais, ses lianes se tassant les unes sur les autres en une masse compacte. Severus se leva précipitamment quand il vit que ses robes s'étaient prises dans les branches, et s'élança pour les récupérer. Il perdit le combat quand il se rendit compte que ses vêtements n'étaient pas seulement accrochés, mais plutôt fermement tenus par la plante qui les amenait jusqu'à son petit sanctuaire, les protégeant sous ses branches.

Neville éclata de rire.

« On dirait qu'elle a décidé de s'en faire un doudou… »

Snape lui lança un regard sévère, mais le résultat n'était pas tout à fait le même sans le moindre vêtement pour couvrir son corps.

« Il serait plus probable qu'elle souhaite poursuivre son entreprise de vengeance. »

Neville chercha ses vêtements pour commencer à les enfiler.

« Mes appartements sont juste à côté, je vais te rapporter des vêtements. À moins que tu ne préfères retourner dans les cachots dans cette tenue ? »

Snape lui jeta un regard glacial et tendit la main dans le vide. « Accio. »

Pendant un long moment, il ne se passa rien, et Neville continua à s'habiller en se demandant s'il devait rire… jusqu'à ce qu'une pile de linge tout propre atterrisse sur la paume tendue de Snape.

Neville l'observa confusément quelque temps… Il chassait une pensée malgré son esprit embrumé, et ne parvint pas à la rattraper tant que Snape resta dévêtu.

« Tu peux faire ça sans baguette ? Et tu peux…

— Vous avez toujours l'esprit aussi vif, Londubat. » Snape serra le nœud de sa lavallière, récupéra sa baguette, et quitta la serre, tandis que les rouages de l'esprit de Neville tournaient toujours au ralenti.

— O —

Dans les jours qui suivirent, où qu'il aille dans le château de Poudlard, Neville entendit les gens se plaindre du caractère insupportable du Maître de Potions. Apparemment, Snape était d'une humeur massacrante, et tout le monde allait de sa petite théorie. Neville se gardait bien de révéler à qui que ce soit que c'était les courbatures d'une nuit de débauche qui étaient en cause. Personne ne l'aurait cru, après tout. Et tout le monde aurait eu besoin d'un Oubliette, ce qui aurait probablement entraîné quelques catastrophes.

Il n'y avait personne pour remarquer que si Snape était irascible avec tout le monde au château, il était en vérité plus doux avec Neville. Personne ne remarqua non plus que Neville était un peu plus réservé que d'ordinaire.

La semaine d'examen commença, et Neville constata que Snape semblait être partout où il allait. Dès qu'il prenait un moment pour se reposer dans la salle des professeurs, Snape était là. Il se promenait dans les couloirs de l'école ? Snape était là. C'était comme si le Maître de Potions tournait autour des serres, et guettait son passage…

Neville avait apposé de lourdes barrières autour de la serre contentant le Filet du Diable, pour s'assurer qu'il n'y aurait plus d'accidents. Il y avait aussi une douzaine de panneaux promettant une mort atroce, la ruine financière, une perte de points massive et l'avènement des démons à quiconque tenterait d'entrer dans la serre, histoire de décourager un large panel d'individus, toutes maisons confondues. Le Filet du Diable laissait souvent serpenter des lianes autour de certaines plantes magiques en particulier, mais il ne semblait plus vouloir agresser quoi que ce soit. Neville avait quelques théories sur le sujet : il s'agissait là d'une plante qui pouvait se nourrir d'énergie magique. Ce qui lui était bien utile quand la chasse était mauvaise. Elle était donc attirée par les plantes qui dégageaient naturellement de l'énergie magique, et Neville se demandait si son parasitage produirait un effet négatif sur le long terme.

Étrangement, cette découverte expliquait aussi pourquoi la plante avait été aussi encourageante lorsque Severus et Neville avaient… commencé à dévier du programme de la soirée. Un sorcier traversant une expérience intense, émotionnellement ou sensoriellement, avait tendance à perdre le contrôle de sa magie. La magie instinctive des enfants fonctionnait ainsi. Et pour Neville, il n'y avait aucun doute que cette expérience avait été intense. Il aurait bien aimé partager sa théorie avec Severus, qui aurait certainement des retours pertinents à lui faire… Mais tout ce que Severus avait à lui servir lorsqu'il le trouvait, c'était des sarcasmes et des répliques acerbes.

Une fois les examens terminés, il flotta sur Poudlard un vent de relâche.

Neville reçut avec une fréquence toujours plus élevée la visite de Snape dans ses serres, sous le prétexte d'avoir besoin d'une racine de telle plante, ou des feuilles de telle autre pour ses préparations.

Neville restait aussi impassible et courtois que possible, mais là, c'était trop. Il reposa son transplantoir sur son plan de travail avec agacement, abandonnant sa tâche en cours. « Severus, je me lasse de ce jeu du chat et de la souris. Qu'est-ce que tu veux ?

— Professeur Snape, je vous prie Londubat. Et si vos plants de Mandragore ne vous ont pas rendu irrémédiablement sourd, vous devriez savoir que j'ai besoin de gousses de Snargalouf pour une prépa –

— SILENCE ! » Neville ne le laissa pas finir, et avança vers lui avec un regard furieux. Snape fut contraint de reculer jusqu'à se retrouver acculé, littéralement dos au mur.

« Professeur Londubat, il n'est pas nécessaire de –

— Neville. Je pense qu'après la nuit que nous avons passé ensemble, nous pouvons nous affranchir de nos titres respectifs et du vouvoiement, Severus. Et que tu peux aussi me dire ce que tu veux vraiment. »

Severus déglutit. « Je n'ai pas l'habitude… » Son regard fuyait désespérément celui de Neville. « Je ne peux pas imaginer que vous puissiez souhaiter recommencer. Mais je – » Severus s'interrompit, semblant perdre tout son courage, et puis, défait, termina : « Je suis désolé de vous avoir importuné, Professeur. »

Severus fit mine de partir, mais Neville le retint par le bras. « Je peux très bien nous imaginer recommencer, Severus. Mais j'aimerais beaucoup ne pas avoir à imaginer. »

Il n'était pas difficile pour Neville de lire les émotions qui traversaient le visage de Severus, la confusion et l'espoir. Il devait vraiment être loin de sa zone de confort pour ne plus réussir à maintenir son masque habituellement impénétrable.

« Et Hannah ? » demanda-t-il.

Neville était un peu pris de court. « Hannah… est plus qu'une amie, avoua-t-il. Je ne sais pas si elle s'en est rendu compte, malheureusement. Dans un monde parfait, j'aimerais bien avoir le courage de lui avouer mes sentiments. Mais je n'ai pas envie de perdre ce qu'on a.

— Et qu'est-ce qu'on a ?

— Je ne sais pas, Severus. Qu'est-ce qu'on a ? » Severus pâlit significativement – ce qui n'était pas simple étant donné sa complexion naturelle. C'était peut-être trop demander, après tout il avait tenté de fuir quelques instants plus tard. « On n'est peut-être pas obligés de s'encombrer de définitions pour l'instant. En attendant, ma chambre est à quelques mètres de nous, et il y a du lubrifiant dans la table de chevet. L'expérience que nous avons eu était singulière pour moi, mais je ne souhaite pas qu'elle soit unique. »

Severus émit une petite toux gênée. « Moi non plus. »

Fin ?


J'ai possiblement quelques idées pour continuer cette histoire, mais elles ne sont pas encore très concrètes. Si ça vous intéresse, faites-le moi savoir, ça me motivera !

Dans tous les cas, vous pouvez laisser un commentaire si vous le souhaitez, il sera grandement apprécié !

(Mes idées tournent autour d'une relation poly entre Severus, Neville et Hannah. Où Neville parviendrait enfin à entamer une relation avec Hannah, et où il serait... homosexuel mais hétéroromantique ?)