Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin. Game of Thrones est l'oeuvre de George R.R Martin, de DB Weiss et de David Benioff.

Résumé : Ou comment une autrice de fanfics fait visiter son fort chéri à ses deux bébous.

Note de l'auteur : Oui, j'ai craqué mon slip, j'ai pété les plombs et en plus, je le publie sur le net.

Note de l'auteur bis : Ceci est ma réponse à l'Event de l'été 2023 de Nanthana : « Cet été je vous propose de voyager. Pour ce défi, il faut écrire une fic qui se passe dans un endroit réel et connu : bibliothèque, musée, château, manoir. Il faut que votre fiction se passe dans ces lieux mais attention ! Du coup, il faut glisser dans votre histoire des éléments sur l'histoire du lieu, le décrire et le mettre photo de couverture. Oui, il faut que votre texte fasse 1500 mots minimum dont 300 mots minimum consacré à la description ou à l'histoire du lieu choisi ! Le but étant de nous le faire découvrir au travers d'une fic et de nous faire voyager ! » Je précise que les noms des collègues mentionnés sont changés par respect de leur anonymat.

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 100 façons d'incruster Marina dans une histoire (10/100) + 50 nuances de self insert (19/50) + Personnage historique du 16/12/20222 au 23/12/2022 : Osman II dit Genç Osman + Osman II + Scorpion : Osman II + Prénom 202 : Osman + Bingo Marina Lancel Osman : Découverte du Fort + Ecrire sur Lancel Lannister (Qui est-ce?) + Quatre aspects de... Diana (White Collar) : 3/4 : FBI : Ecrire sur un agent ou un texte dont la première phrase commence par un F, un B ou I

Le Moineau, la Tarée et le Sultan visitent le Fort des Dunes

Il était étonnant qu'ils ne l'aient pas visité plus tôt. Enfin, non, ce n'est pas étonnant, l'endroit est fermé l'hiver et là, bah… Bah en fait, Marina a été prise d'une envie impérieuse de retourner dans ce qu'elle appelle son fief, sa seconde maison, et l'endroit qu'elle épouserait si on avait le droit d'épouser des monuments. Osman, lui, s'étonne que Marina n'ait pas demandé Lancel en mariage en ces murs et ne serait pas surpris si on lui annonçait que leur premier enfant de sang était conçu à l'intérieur d'une des nombreuses anciennes casernes ou encore dans l'une des rares caponnières à avoir survécu aux bombardements allemands…

Oui, aujourd'hui, parce que la jeune femme cède à l'appel de ses sirènes, et aussi parce que les Journées du Patrimoine approchant elle s'est dit que ce serait une bonne idée d'aller sur place avant pour dire bonjour et se renseigner sur les nouveaux parcours, s'il en existe, ils sont au Fort des Dunes.

Et quand ils ont passé le tunnel d'entrée, oui, ils le comprennent, le coup de foudre de la dunkerquoise pour cet endroit.

Bâti sur la plus haute dune de la ville de Leffrinckoucke, le Fort des Dunes est un petit bijou à la beauté cachée par la végétation qui a doucement repris ses droits. Construit par le Général Séré de Rivière de 1878 à 1880, inspiré par les célèbres fortifications de Vauban comme celles de la ville de Bergues, de Gravelines, le Fort Vallières ou encore le Fort Louis, ce fort est l'un des derniers à avoir été construit. L'année 1870 a vu la chute du Second Empire avec la défaite française de Sedan, laquelle a causé l'exil de Napoléon III. Pour éviter toute nouvelle déculottée prusienne, le gouvernement français a donc chargé le général de fortifier la frontière est. Le soldat a donc imaginé une ligne de fortifications, allant de Leffrinckoucke dans le nord du pays jusqu'à Menton, dans le sud, avec une multitudes de batteries annexes, en somme l'ancêtre de la ligne Maginot. Seulement voilà, cinq ans après la construction du fort, un certain Eugène Turpin découvre la mélinite, autrement appelée acide picrique, ce qui contribue à l'amélioration globale de l'armement…

Et à l'obsolescence du Fort des Dunes, lequel a été construit et pensé pour une armée de cavalerie, un certain type d'explosif.

Cinq ans à peine et l'endroit n'est plus à la pointe de la technologie.

Comme le mettre à jour aurait coûté trop cher, on l'a simplement abandonné et il a servi de zone de stockage pendant la Première Guerre Mondiale.

Puis arrive l'opération Dynamo, victoire pour les anglais, défaite amère pour les français, celle sans laquelle la Seconde Guerre Mondiale aurait peut-être eu une fin différente.

Fin mai 1940, le Général Janssen est au Fort avec la 12ème DIM : la division d'infanterie motorisée. Leur mission est simple : ralentir l'armée ennemie qui envahit la France et favoriser l'évacuation d'un maximum de soldats. Les champs alentours ont déjà été inondés, la population s'est éparpillée, les stukas allemands survolent Dunkerque et les villes voisines. Le 02 juin 1940, le Fort des Dunes est bombardé et le général meurt dans l'explosion d'une des bombes, dans la cour sud. L'opération Dynamo réussira malgré tout. Le fort, lui, est pris par l'armée allemande et restera sous occupation jusqu'au 10 mai 1945. Si la France est libérée la veille, Dunkerque l'est le lendemain, le temps que l'information parvienne.

Après la Libération, le Fort est plus ou moins abandonné, reste terrain militaire même si des enfants viennent y jouer. Des voleurs, eux, dérobent le cuivre. Le temps fait son œuvre et peu à peu, le bâtiment s'efface jusqu'aux années 1970 où le Colonel Jean Caenen redécouvre l'endroit et décide de le préserver. Il fonde l'association Fort des Dunes, entreprend de restaurer l'endroit, réussit à refaire une plateforme de tir, une réplique d'un canon de bange (un canon qui pouvait tirer jusqu'à 5 kilomètres, la distance entre le Fort et la Belgique!). Mais un tel chantier est titanesque : le fort, intra muros, fait cinq hectares, douze en comptant ses glacis… En 1999, l'armée française fait l'inventaire de ses constructions. Les forts, c'est beau, c'est sympa mais quand on a l'arme nucléaire, ça ne sert à rien et ça coûte cher. La ville de Leffrinckoucke rachète l'édifice, commence à le rénover et les premières visites ont lieu en 2012.

En 2021, le Fort des Dunes se voit allouer des fonds du ministère des armées, de la Communauté Urbaine de Dunkerque et du département du Nord, ce qui permet la rénovation de certaines zones et surtout la réfection complète du musée à l'intérieur. Il était censé accueillir le roi Charles III, alors encore prince de Galles, en 2020 mais la pandémie aura gâché la visite royale…

Alors que Marina salue ses amies, Lancel et Osman observent la cour où ils se situent. C'est le jour et la nuit ! Quand ils sont arrivés par le grillage d'entrée, ils ont vu des murs noirs, un pont en métal, des pierres abîmées, les toits des stands de tir car le fossé sec abrite le club de tir « La Jean Bart ». Certes, la guide vacataire a toujours aimé l'Histoire et, à l'instar de Tyrion Lannister, « les choses brisées » mais là… sauf qu'une fois arrivés au bout de ce tunnel, ils n'ont pas pu retenir un :

-Wow…

La cour ouest, aussi appelée cour du casernement, est magnifique. Large, les façades de briques jaunes prennent la lumière. Un lit de verdure repose sur les toits. L'endroit est la parfaite expression de l'adage « l'habit ne fait pas le moine ». Dehors, on voit les stigmates de la guerre. Dedans, on se demande si cela a bien eu lieu. Alors que la ville est au pied du Fort, que la plage est accessible par le petit bois jouxtant la nécropole nationale, on se sent hors du temps, le silence règne, seuls les herbes ballottées par le vent chantent pour rompre la monotonie.

-Alors, on comprend mieux pourquoi, maintenant ! Plaisante la demoiselle

Lancel acquiesce, Osman, lui, contemple l'endroit, ses yeux étudiant les recoins, tentant de comprendre la structure et sans doute de faire des parallèles avec ce qu'il connaît.

-Marina. Lance l'une de ses collègues de l'accueil. Prends les clés et fais la visite. Ca te remettra tout en mémoire.

-D'acc, je vais voir Julie pour régler les billets.

-Moitié prix. Toi, tu payes pas, tu bosses ici et les deux sont ton compagnon et ton fils, c'est moitié prix pour la famille des employés.

-Compte sur moi pour dévaliser la boutique de souvenirs !

-Tu remets le salaire du Fort dans le Fort, ça, c'est de l'amour !

Elle paye son dû, récupère le jeu de clés et elle panique un peu : elle a tout oublié ! Enfin, non, c'est juste que ça fait si longtemps ! Elle inspire et commence alors à leur expliquer le but de la construction du fort, ses années de construction, le contexte politique.

-Seulement deux ans ? S'étonne l'ancien sultan

-Les forts Séré de Rivière sont tous construits sur le même schéma : tu rentres par l'ouest et tu défends l'intégralité de la façade est. Comme c'est le même plan à chaque fois, tu gagnes du temps. En plus, la main d'oeuvre est locale. Et tu vois, les briques ? Si elles sont jaunes, c'est parce qu'elles ont été faites avec le sable de la ville voisine, Rosendaël. Il y a d'ailleurs à Rosendaël, sur le boulevard de la République, la dernière façade de la briqueterie de la ville. Donc, ça accélère aussi le tout. Tu sais combien il y en a, de briques ?

-Non ? Je dirais deux bons millions ?

-Quarante-deux millions de briques.

Elle leur indique les portes, les fenêtres, qui sont des accès aux chambres des soldats. Le fort pouvait abriter un peu plus de quatre cents soldats, plus les officiers. Les conditions étaient spartiates. Les murs étaient recouverts de chaux vive pour les rendre très blanc, ainsi quand les cheminées éteintes servaient de puits de lumière, la lumière du soleil se répandait dans toute la pièce. Au-dessus de la porte de la billetterie, il n'y a plus de fenêtre, à la place, il y a les lettres « Musérial ». Lors de l'opération Dynamo, une bombe a éclaté à cet endroit, le plafond s'est effondré sur l'actuelle billetterie… mais qui était à l'époque une infirmerie pleine de soldats. Elle les emmène dans la cour nord en passant par le tunnel des services qui fait la jonction entre l'ouest et le nord. Il y avait là la cuisine, le garde-manger, un fumoir et un abattoir. Le fort était avant tout pensé pour défendre, tenir un siège.

La cour nord montre déjà un peu plus de signes de dégradation. Mais de là, ils remarquent que les tuiles sont légèrement inclinées : il y avait un système pour récupérer l'eau de pluie pour aller dans une citerne souterraine. Il y a les restes d'un puits ajouté vers 1914. Ils voient à travers un carreau les restes du four à pain. Le fort avait sa boulangerie et pouvait produire jusqu'à deux cents miches de pains par jour. Il y avait les magasins à poudre, pour récupérer de l'armement, des munitions. A côté de ses magasins, le tunnel de la poudrière . La poudrière a été construite dans le fort mais non collée au casernement : à l'époque, on utilise de la poudre noire, ce qui est dangereux et mieux vaut que cela explose dans la poudrière et ne casse qu'un mur, plutôt que le mur et le soldat derrière… Il y avait un système de plancher surélevé pour protéger les caisses de l'eau, la némésis de la poudre noire, ainsi que l'ancêtre de la VMC. Sauf que quand Eugène Turpin a découvert la mélinite, l'endroit ne servait plus à rien. Donc, la poudrière a déménagé non loin de la mairie. L'endroit a explosé lors de l'opération Dynamo et a été reconstruit. Il s'agit désormais de la salle des fêtes municipale appelée « La Poudrière » en hommage à la poudrière du fort.

-C'est quoi ce bloc gris, là-bas ?

-Ca ! C'est un blockhaus ! Les allemands sont restés pendant cinq ans, alors ils ont mis leur touche personnelle. En général, dans le fort, si c'est du béton, c'est allemand, sauf la façade de la cour ouest, va savoir ils l'ont refaite en briques. Hitler était persuadé qu'il y aurait eu un débarquement à Calais et pour aller à Calais en bateau, t'es obligé de passer par la passe de Zuydcoote. L'avantage de ce blockhaus, c'est que tu as une vue sur les dunes et sur la mer. Imagine-toi, à l'époque, c'était moins urbain et moins vert, le fort se fondait dans le sable avec ses briques. Et puis, depuis le blockhaus, tu vois la ligne de chemin de fer qui va de Dunkerque. Elle passe par l'Usine des Dunes, une aciérie centenaire, avant d'arriver en Belgique. T'imagines l'avantage stratégique ? Tu surveilles les allées et venues vers l'usine d'acier et vers la frontière ! Ce sont des prisonniers français qui ont construit ce blockhaus vers 1941 et l'un d'entre eux a gravé son nom et celui de sa fiancée, en effet miroir, dans le ciment.

La beauté du fort, c'est tout de même son toit. Tout en haut, ils sont à vingt-sept mètres au-dessus du niveau de la mer. Ils ont une vue magnifique sur la ville en contrebas, sur la mer du nord, sur la batterie de Zuydcoote, construite en même temps que le fort, pour la défendre et abattre les navires ennemis. Ils peuvent apercevoir l'impact de la bombe qui a fait s'effondrer le toit du tunnel d'entrée et depuis le poste de défense anti-aérien, ils voient l'organisation de l'édifice : un abri de traverse, une plateforme de tir avec un canon, un abri de traverse et ainsi de suite, encerclant complètement l'immeuble. Les abris de traverses permettaient de traverser pour accéder aux plateformes de tir tout en étant protégés. Il y avait des systèmes de poulies pour les lourdes caisses et les marches des escaliers menant aux plateformes ainsi qu'aux caponnières étaient toujours ensablées car le sable absorbait l'eau de pluie pour protéger la poudre noire.

-Une caponnière ? Relève Lancel

-Un endroit de défense pour protéger le fossé sec. Tu avais des canons mitraillettes qui tiraient jusqu'à 250 mètres. Le mur externe du fossé était incliné pour annuler la pression du sable, l'écart entre les murs d'escarpe et de contre-escarpe pensé pour éviter de poser une échelle ou de sauter à cheval, d'ailleurs le mur de contre-escarpe protège le chemin de ronde : c'est un chemin pour faire le tour du fort en étant protégé. Tu en fais le tour en deux heures.

Les hommes pensent la visite finie… sauf qu'ils n'en sont qu'à la moitié ! Restent la cour sud, la rue du rempart, l'abri de traverse, la caponnière, l'histoire des fusillés du Fort !

-Vous croyez quoi ? Le fort, ça se mérite !

Ca se mérite tellement qu'ils feront la surprise à Marina de la rejoindre lors des Journées du Patrimoine pour un second round.

Lancel, lui, se demande si on peut organiser des mariages, au Fort des Dunes.

Il la demande en mariage là ou il l'épouse là et il est certain qu'elle l'aimera jusqu'à la fin des temps.

FIN