Crowley avait juste dit un « Je t'aime ». Ces mots lui ont couté beaucoup plus qu'il ne le pensait. Il avait eu du mal à les faire sortir mais il avait voulu être honnête.
C'était une soirée habituelle, lors d'une promenade nocturne au parc. Aziraphale s'émerveillait toujours sous le ciel étoilé et la lune éclairante. Crowley pensait que c'était le bon moment pour révéler ses sentiments profonds qu'il gardait depuis si longtemps. Ils avaient traversé tant de choses ensemble depuis qu'ils se connaissaient. Après la non-Apocalypse, leur relation s'était étroitement rapprochée. Il fréquentait l'ange plus souvent, dormant parfois chez lui, sur le canapé évidemment. Ils sortaient quasiment tous les jours ensemble : cinéma, restaurant, théâtre, exposition, musée... Ils s'entendaient si bien que parfois des personnes extérieurs les qualifiaient de « couple », sans même les consulter. Tout le monde trouvait cela évident, mais par les concernés.
C'est ainsi que le démon avait donc réfléchi et il souhaitait exprimer ce qu'il avait sur le cœur. Juste une fois. Pour son ange. Pour lui.
« Mais tu ne peux pas m'aimer, Crowley, avait-il dit alors, tu es un démon et je suis un ange. »
Jamais Crowley n'avait eu une douleur aussi grande dans sa poitrine. Le regard déçu et innocent de Aziraphale n'arrangeait pas. Il oublia même de respirer tellement l'instant fut terrible pour lui.
« Pourquoi n'ai-je pas le droit de t'aimer ? » avait-il soufflé.
L'ange s'était tourné vers lui, ignorant la détresse dans la voix du démon, esquissant un sourire gêné.
« Eh bien, tu es le mal…donc…ce n'est pas possible, avait-il rit nerveusement.
A ce moment-là, Crowley ne savait pas quoi penser. Ses rêves et ses espoirs ont été balayé si rapidement, qu'il fut incapable de se battre pour les préserver. A quoi bon quand l'être qu'il chérissait depuis toujours le rejeter aussi violemment ? Il n'eut pas la force de supplier, de s'expliquer ou bien de lui donner une chance de prouver le contraire. En réalité, le démon avait compris que Aziraphale ne changerait sans doute jamais. Pour lui, il restera un démon et un démon restera le Mal. Le Mal ne peut aimer. Le Mal n'avait pas le droit d'aimer.
Il n'avait pas le droit d'aimer et d'être aimé. Un ange ne pouvait aimer un démon. C'était impossible. Son ange était trop pur pour l'aimer, pour lui donner l'amour qu'il voulait tant.
- Oui, c'est vrai, tu as raison, où en avais-je la tête, ricana-t-il doucement, oublie, mon ange. »
C'est ainsi que se termina la conversation si attendue.
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Le lendemain se passa normalement. L'ange semblait même avoir oublié cet incident, il était toujours aussi jovial et enthousiasme. Rien ne paraissait le troubler, au grand désarroi de Crowley qui pensait qu'une nuit pourrait porter conseil. Alors, il agit de la même manière que d'habitude, grognant devant les pitreries de son partenaire. S'il n'avait pas le droit d'aimer, il avait le droit d'être auprès d'Aziraphale et d'apprécier sa compagnie. Même si ça faisait mal.
Ça faisait un mal de chien.
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La douleur grandit. A sa grande surprise. Au départ, c'était juste un pincement au cœur. Puis, ça s'étendait, comme des brulures, comme un feu qui le consumait de l'intérieur, de jour en jour. C'était supportable bien entendu. Mais inquiétant quand même. Crowley cacha sa souffrance tant bien que mal, la niant parfois, vivant comme si elle n'avait jamais existé, comme si l'échec de ses aveux n'avait pas eu lieu.
Puis un jour, Crowley se réveilla avec des brulures au bras.
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On était dimanche. Jour de repos de Seigneur tout Puissant. Crowley avait fait une grasse matinée chez lui. La veille, il avait bu un coup avec Aziraphale et avait fini par chanter des vieilles chansons démodés des années 40. Puis il était rentré après s'être désaoulé, sa Bentley l'avait conduit alors qu'il s'endormait au volant.
La première chose qu'il fait quand il se réveille de son sommeil humain, il s'habille en claquement de doigt et va dans la salle de bain et se coiffe. Se coiffer est important pour Crowley, ses cheveux bien roux, quasiment rouge vif, étaient sa fierté.
Alors qu'il s'apprêta à saisir son peigne, sifflotant joyeusement, il se figea brusquement, sa main et son avant-bras droit étaient recouvert de pustules écailleuses, sombres et verdâtres. Il l'observa longuement, grimaçant devant cette défaillance de son corps. De sa main intacte, il toucha de ses doigts les étranges écailles. C'était bien réel, ce n'était pas une illusion. Il déglutit lentement, il était facile pour lui de déduire alors que sa forme animale s'était matérialisée sur son bras.
Parfois il oubliait qu'il pouvait se transformer en un grand serpent noir à ventre rouge. Mais c'est la première fois qu'il faisait face à ce phénomène. Il prit une inspiration et se concentra pour remettre son bras d'origine. Mais rien. Son bras écaillée ne bougea pas d'un pouce, comme si son serpent en lui le narguait. Il émit un grognement énervé et secoua son bras dans tous les sens.
« Mais tu vas t'enlever, nom de…Satan ! » s'écria-t-il en le passant sous l'eau chaude.
Cela ne causa rien du tout, sa peau resta toujours écailleuse. Il serra des dents, retenant des insultes que le Ciel n'acceptait jamais.
« Merde, merde, pourquoi ça m'arrive qu'à moi, ce genre de merde ! »
Il frappa du poing atteint son miroir qui se brisa, faisant voler des morceaux de verres dans son lavabo. Il était en colère contre lui, de ne pas contrôler son corps, de ne laisser son animal intérieur prendre le dessus. Il ignorait pourquoi cela arrivait, mais il ne permettrait pas que cela l'empêche de continuer sa journée normalement. Il trouvera une solution plus tard.
Après avoir repris son calme, il se prépara pour partir. Il mit des gants pour cacher son écaille, il redoutait la réaction de son partenaire si jamais il découvrait cela et il n'avait aucune envie de le savoir, il avait déjà trouvé une excuse pour son port de gants. Aujourd'hui, il avait un rendez-vous dominical avec son précieux ange.
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Aziraphale fut surpris de voir Crowley portant des gants lorsqu'il entra dans sa librairie avec sa nonchalance habituelle. Certes, l'hiver venait d'arriver mais le démon gardait rarement ces gants à l'intérieur. Il s'attendait donc à ce qu'il les enlève mais ce dernier n'en fit rien, le saluant comme à son habitude, comme si de rien n'était. L'ange préféra ne pas trop porter d'attention à ce genre de détails, cela ne le concernait pas et si Crowley avait un véritable problème alors il le saura très vite.
« Salut, mon ange, alors prêt pour le déjeuner ? » lança-t-il en enlevant ses lunettes, lui adressant un sourire taquin.
Soulagé par la réaction normale du démon, Aziraphale soupira intérieurement. Il n'y avait rien d'inquiétant, encore une des manies bizarres qu'il ne comprenait jamais venant de Crowley.
« Je m'étais dit que nous pourrions faire un brunch non loin d'ici, il y a un café qui en propose, déclara-t-il, qu'en penses-tu ?
- Je te suis, fit Crowley en esquissant un sourire qui aurait pu faire rougir Aziraphale. Mais celui-ci dut contrôler ses émotions internes pour ne rien exprimer.
Si l'ange passait autant de temps avec le démon, c'était tout simplement parce qu'il l'appréciait et qu'il découvrait des émotions qu'il n'avait jamais ressenties quand il était au paradis. Il ne les avait jamais compris, et probablement, dans un déni trop profond, il n'avait jamais voulu y faire face. Il appréciait la présence de Crowley et il n'imaginait pas sa vie sans lui. Et rien qu'à cette pensée, il n'avait pas envie de savoir ce que cela cachait derrière.
Ainsi quand Crowley lui avait dit un « je t'aime » pendant cette soirée tranquille, Aziraphale ne savait quoi dire. Un démon pouvait-il aimer ? Un démon est l'incarnation du mal, ce n'était pas possible qu'il ne ressente de l'amour. Ce serait mentir s'il disait que cette déclaration ne l'avait pas touché, bien sûr. Mais Crowley restait un démon et lui un ange. L'amour entre eux était impossible.
Un ange ne peut pas aimer un démon. C'est écrit. C'est ainsi que Dieu avait fait les anges et les démons. C'est pourquoi il y avait deux côtés. Le Mal et le Bien. Les deux n'allaient pas ensemble.
C'est avec une certaine culpabilité qu'il dut raisonner Crowley.
« Tu es un démon et je suis un ange. »
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Crowley les avait conduit jusqu'au fameux café avec sa Bentley. Aziraphale brulait envie de lui demander pour les gants mais il se retint. Ce n'était pas ses affaires et son ami se confierait à lui s'il y avait un problème, il en était certain. Ils avaient passé une très bonne soirée la veille et il espérait renouveler cela aujourd'hui.
Il y avait du monde dans le café, beaucoup de groupes d'amis, quelques couples et des familles. Ils réussirent à trouver une table, en retrait au fond de la salle de restauration. La décoration était au gout d'Aziraphale, le thème s'accordait avec la nature, les murs étaient fait de faux herbes et de fausses fleurs, aux plafonds, il y avait des fausses lierres ou des spots de lumières pourraient faire penser que des étoiles dansaient dans cette imitation de la nature.
Un serveur vint à eux pour prendre la commande, Aziraphale prit le brunch complet, tandis que Crowley ne se contenta d'un café avec un cheesecake. Son comportement inquiéta de plus en plus l'ange. Le démon avait toujours été très bavard trouvant toujours de quoi l'amuser ou de quoi le taquiner, mais pas aujourd'hui. Il n'avait pas l'air dans son assiette et il avait encore ses gants, nom de Dieu !
« Tu ne veux pas plus ? s'enquit l'ange ne sachant quoi dire à la suite d'un silence lourd où seules les conversations autour d'eux étaient entendues.
- Je mange toujours moins que toi, je te rappelle.
- Il est vrai, mais…j'avais espéré que tu puisses me suivre. Je croyais que tu aimais les brunchs.
- Je n'aime pas les brunchs, protesta Crowley, c'est toi qui aimes ça, mon ange !
- La dernière fois, tu avais insisté…
- Tu ne m'avais pas laissé le choix, c'était soit un brunch, soit un karaoké ! »
Le démon avait repris du poil de la bête pour la grande joie d'Aziraphale qui fut soulagée qu'il n'avait pas changé et que tout allait bien entre eux.
« C'est dommage, j'aurai aimé t'entendre chanter, murmura l'ange avec une moue.
- Je ne chante pas ! maugréa Crowley avec un regard noir.
- 1867, tu…
- C'était l'effet du laudanum !
- Tu as composé la musique !
- Une erreur de jeunesse ! »
Et ainsi, ils discutèrent et se disputèrent gentiment pendant ce brunch qu'ils partagèrent finalement. Aziraphale donna quelques portions de ses plats au démon et ce dernier finit par lui donner la moitié de son cheesecake. Et lorsque l'ange termina la part de ce gâteau, son compagnon le fixait d'un air attendri, la main sous le menton, une habitude qui avait au départ gêné Aziraphale. Il n'avait jamais demandé pourquoi il faisait cela à chaque fois, il n'avait pas osé, en fait, il ne voulait pas connaître la réponse, par crainte, par intimidation ou bien…parce qu'il était agréable probablement que Crowley le regarde. A chaque fois, son expression lui donnait l'impression qu'il lui disait « tu es adorable quand tu manges ». Cela l'embarrassait de savoir si c'était le cas ou pas.
« Décidément, les humains ont toujours une nourriture aussi délicieuse, soupira Aziraphale satisfait.
- Et nous serons toujours là pour en profiter, ricana Crowley en claquant la langue.
- Que dirais-tu de nous promener pour digérer tout ça, très cher ? »
Le démon fit un signe de la main pour approuver, ils se levèrent en même temps. L'ange avait prévu de payer mais à ce moment-là, son ami se figea et s'excusa brièvement prétextant un tour au toilette. Etant plutôt préoccupé pour le paiement, Aziraphale n'accorda pas une attention particulièrement humaine à ce besoin. Puis, quand il termina de régler l'addition, il se rendit compte de l'excuse étrange de Crowley.
Les anges, comme les démons, n'avaient pas besoin d'aller aux toilettes. Tout ce qu'ils mangeaient ou ingurgitaient se transformait par la suite en énergie, sauf s'ils décident d'expulser ce qu'ils avaient avalé, comme l'alcool pour se désaouler plus rapidement. Cela n'avait donc pas de sens que Crowley ait besoin d'aller aux toilettes. L'inquiétude et l'angoisse en début de matinée revinrent. Il était assez intelligent et connaissait bien son ami pour savoir que quelque chose n'allait vraiment pas.
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Il avait été obligé de se refugier dans les toilettes humaines car il avait senti une soudaine raideur dans sa main atteinte. En fait, il ne ressentit plus rien.
Il fixa sa main écaillée et nue. Ce n'était même plus une main, il n'avait même plus de doigts, juste une palme flasque et écailleuse. N'importe quel humain qui aurait vu aurait couru devant cette horreur démoniaque. Crowley n'avait aucun contrôle sur ça, il eut beau utiliser tous les miracles possibles pour transformer cette chose qui était sa main, rien n'y fait. Il serra des dents, nerveusement, et la panique monta en lui.
C'est alors qu'il leva les yeux vers le miroir des toilettes et vit avec horreur qu'apparaissait sur sa joue gauche un petit tas d'écaille noir. Il écarquilla les yeux devant son reflet inhumain. Il ne remarqua pas qu'il recula contre le mur derrière sous le choc. Ce n'était plus la panique qu'il le traversait désormais, mais de l'incompréhension et un désarroi profond qui le terrasait.
Pourquoi ?
Qu'est ce qui se passait ?
Comment un démon pouvait perdre le contrôle de sa partie animale ?
Allait-il se transformer définitivement en serpent ?
« Crowley ? »
Il sursauta à son nom et à cette voix qu'il reconnaissait, tournant sa tête vers la porte fermée. Ce n'était pas surprenant qu'Aziraphale soit venu à sa recherche. Son ange allait forcément soupçonner quelque chose. Il devrait le lui dire, il devrait se confier à lui. Ils trouveront ensemble une solution à son problème, comme à chaque fois que l'un d'eux avait un soucis. Ils avaient toujours fait depuis la nuit des temps.
« Crowley, je sais que tu es là-dedans, je m'inquiète, que se passe-t-il ? »
Sa voix était douce et si apaisante que cela réchauffa son cœur perturbé. Il ouvrit la bouche mais répondre mais son esprit le rattrapa, l'empêchant de répondre.
« Tu es le mal…tu es un démon. »
Croisant à nouveau son reflet, le visage à moitié écaillé, sa main saine toucha la partie animale, se rappelant alors de sa condition. Il restait un démon, une créature des ténèbres, vouée à faire le mal, à la tentation, à l'Enfer. Il allait devenir comme d'autres démons inhumains, il ne pourra plus apparaître devant les humains. Il en avaient déjà vu, il en connaissait, pourtant il n'avait jamais vraiment cherché à savoir comment ils ont été créé. Maintenant, il avait la réponse.
Autrefois, ils avaient une forme comme une autre, comme lui.
Il allait finir ainsi.
« Je t'en prie, Crowley, parle-moi » supplia la voix derrière la porte.
Le démon émit un souffle surpris. L'ange était encore là, il n'était pas parti. Oh, comme il avait envie de lui dire, comme il avait envie…qu'il fasse un miracle pour lui. Mais ce n'était pas possible, rien pourrait le sauver de ce qui allait se produire.
« Aziraphale…murmura-t-il.
Même sa voix sonnait désormais comme un sifflement de serpent. Il aurait pu pleurer s'il n'avait pas été fataliste et accepté cette situation.
- Crowley, entendit-il dans un soupire de soulagement, que t'arrive-t-il ?
- Tu …devrais…partir, siffla le démon.
- Quoi ? Non, je ne peux pas, tu…
- Je t'en…prie… »
Il avait du mal à parler. Il avait toujours eu du mal à parler quand il était serpent. Bientôt, il ne pourra plus le faire aussi bien. Il perdra la capacité de former des phrases et de conduire une conversation. Chaque syllabe était une torture pour sa gorge et sa voix. Même sa langue s'affina, rendant la prononciation encore plus compliquée. Lentement, il glissa du mur. Ses jambes se dérobèrent sous lui sans qu'il ne puisse l'en empêcher. Il se métamorphosait contre son gré, dans des toilettes d'un café, avec son ange derrière la porte, qu'il ne cessait de frapper. Il aurait tellement aimé en rire.
« Ouvre moi, Crowley, je suis inquiet !
- Mon ange…je…suis…désolé…
- Quoi ? Crowley, tu me fais peur…pourquoi as-tu cette voix étrange…
- Je…ne peux plus…t'accompagner, désolé…déglutit-il en fixant ses jambes qui se modifiaient sous yeux, formant une immense queue de serpent noir.
- Quoi ?
- Je…j'étais si heureux…d'avoir…pu…partager ces moments…avec toi… »
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Aziraphale ne comprenait rien. Entendre cette voix sifflante et difficile de Crowley le rendait confus. Était-il malade ? Que lui arrivait-il ? L'anxiété s'empara de plus en plus de lui, qu'il tambourina la porte. Il aurait pu l'ouvrir par miracle, mais il n'aimait pas forcer Crowley, mais plus les secondes passaient, plus il avait envie de balayer les bonnes manières.
« Je…j'étais si heureux…d'avoir…pu…partager ces moments…avec toi… »
Cela ressemblait étrangement à des adieux. Il n'aimait pas ça. Oh non, il détestait ça. La voix du démon paraissait de plus en plus lointaine, comme si émettre un son lui demandait beaucoup d'énergie.
« Crowley…je…je vais ouvrir la porte, je m'excuse d'avance, tu me donnes pas le choix. »
Lorsqu'il ouvrit la porte, il ne s'attendait pas du tout à trouver la forme mi-démon mi-animal de son partenaire de toujours. Il aurait pu avoir un mouvement de recul si ce n'était pas son meilleur ami qui se trouvait dans cette position. Crowley n'avait plus du tout de jambes, la moitié de son corps était celle d'un gros serpent, la queue s'allongeait de plus en plus, les écailles noirs s'étaient étendues sur toute la peau du démon.
Dans un élan naturel, Aziraphale s'agenouilla vers lui, le prenant dans les bras. Il ne comprenait rien, mais il savait. Il savait que Crowley se transformait contre son gré et qu'il n'avait pas le contrôle de ça. Ce dernier ne s'est jamais transformé en serpent depuis des siècles, surtout pas devant lui.
« Non, non, non, que…que se passe-t-il ? bredouilla-t-il entre l'horreur et la confusion, que dois je faire pour t'aider ?
Les yeux jaunes de Crowley se posèrent sur lui, comme s'il venait tout juste de remarquer sa présence.
- Oh…mon ange…
- Pourquoi ? commença à sangloter l'ange, est ce les Enfers qui te punissent ?
- Non…ils…n'ont pas le…pouvoir de faire…ça…
- Alors…comment ?
- Je…suis un démon…tu te rappelles ? »
A ces mots, Aziraphale serra inconsciemment Crowley contre lui, sentant douloureusement les écailles, maudissant intérieurement leur condition d'ange et de démon.
« Je vais te ramener et on trouvera un moyen de contrer ça, engagea-t-il plus pour se rassurer avec une tentative de sourire.
- Tu…ne peux…rien faire… »
Pourquoi avait-il l'impression que c'était des adieux ? Il allait juste devenir un serpent, ensuite Aziraphale l'aiderait à reprendre sa forme originale, puis tout redeviendra comme avant. En réalité, il était affolé et effrayé. Peut être pour la première fois depuis qu'il connaissait, il avait peur.
Peur de le perdre.
Peur de ne plus le revoir.
Les beaux cheveux rouges du démon, que l'ange avait si souvent admiré, disparurent derrière des écailles noirs et rouges. Le corps entier de Crowley devint léger dans ses bras, tandis qu'il regardait la métamorphose dans l'impuissance. Le visage prit la forme d'un museau, pour achever ainsi la totale transformation.
Glissant doucement dans ses bras, enroulant son propre corps, le serpent à ventre rouge s'y refugia, attirer par la chaleur de son corps.
« Désolé…mon ange… »
Je ne sais pas quoi faire pour la suite, en fait, ça me désole. Cette fanfic traine sur mon ordi depuis un mois et je ne sais pas quoi en faire. Du coup, je la publie quand même. Mais pas de suite. Pour l'instant.
