Ce qui va suivre est la version 2 de l'OS.

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Soif

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Je m'élançais sans réfléchir en courant entre les hauts arbres. Moi qui avais tant voulu être un vampire, je découvrais mes nouvelles capacités. Et elles étaient extraordinaires. Je voyais tout. Je ressentais tout. Je courais comme une flèche tout en pouvant voir des détails minuscules d'objets ou de plantes tout autour de moi. Rien n'échappait à mon regard. Pas même un grain de terre. J'aurai presque pu oublier tout le reste, ou presque. C'était sans compter sur la soif. Je n'avais jamais ressenti ça. Une soif exquise, brûlante, qui ne demandait qu'à être assouvie. Elle vous tiraille, vous fait mal, et prend le contrôle de votre esprit. L'instinct de survie. Prendre une vie pour la vôtre. Votre immortalité payée au prix du sang.

Mon insécurité et mon don d'être maladroite s'était envolés. Je n'avais plus de limites. Plus aucune. Dans la mort de mon humanité j'avais entamé ma renaissance. Une renaissance en une créature qui ne craignait pas grand-chose d'autre que d'être découverte par un ou une mortelle. Pauvres petits mortels à la durée de vie limitée. Et au sang à l'odeur enivrante.

Après quelques minutes, je repérais un cerf. Je m'immobilisais. Edward fit de même, et d'un regard il m'encouragea. Je me mis en position de chasseur, allongée à même la pierre. L'animal n'était qu'à quelques mètres. Ma gorge me brûlait. Je ne tiendrai pas longtemps. Il me le fallait.

Et puis, en une demi-seconde, je sentis un puma qui avait repéré la même proie que moi. Ainsi c'était lui ou moi. Je le laissais approcher, et je me jetais sur lui avant même qu'il ne touche le cerf, qui lui s'enfui en courant. Je plantais mes cros dans son cou, et enfin je goûtais la sensation du sang chaud dans ma bouche. Mon corps semblait se régénéré en même temps, la soif se calmait, l'énergie revenait. Ce fut une douce sensation.

Je tenais encore fermement le cadavre du puma entre mes bras, mais le sang chaud qui imbibait encore mes lèvres, ne me satisfaisait pas complètement. Ma soif désirait autre chose. Mon corps voulait autre chose.

Les sens en alerte c'est alors que je le sentis. Du sang. D'être humain. Un mortel c'était aventuré par ici. Je pouvais sentir son parfum. Enivrant. Chaque fibre de mon être criait qu'il le voulait. Ce sang de mortel. L'élixir ultime.

-Stupide humain, murmurais-je.

Edward capta mes paroles et il se figea immédiatement.

L'être humain escaladait la falaise. Son odeur arrivait jusqu'à moi. Un parfum ambré. J'imaginais le sang chaud qui battait dans ses veines. Je cherchais, mais il était seul. Tant pis. Je m'en satisferais bien.

-Tu n'iras pas, affirma Edward devant moi.

-Bien sûr que non, fis-je agacée en m'essuyant les lèvres d'un revers de la main.

A contre cœur je me détournais de l'odeur, prête à chasser une autre proie.

S'était sans compter sur un événement inattendu. L'humain se rata et une partie de sa jambe laissée nue s'écorcha. Le sang jaillit alors, colorant sa peau brunie par le soleil de rouge. Tout comme la pierre grise. L'odeur était enivrante. Brûlante. Suffocante. Exquise. J'aurais pu me jeter dans les flammes de l'enfer juste pour la respirer. Une odeur insupportable. Impitoyable. Et merveilleuse. Il me la fallait. Je devais la goûter. Peu importe les conséquences. Je ne pensais plus qu'à ça. Edward n'existait plus. Jacob non plus. Les Cullen, et même ma propre fille Renesmée ne m'importait plus. Je voulais ce sang. Et rien d'autre. Rien. D'autre. J'étais obsédée par la simple idée de goûter ce sang.

Je me jetais en avant, abandonnant là le cadavre du puma et Edward qui mit quelques secondes à réagir. Mais j'étais déjà loin, mon statut de nouveau-né me conférait une rapidité et une force que mon mari ne possédait plus depuis longtemps. Je jubilais. C'était presque trop facile. Et personne ne pouvait m'en empêcher. J'allais avoir ce que je voulais plus que tout le reste. Satisfaire mes nouveaux instincts. Pleinement.

Une fois à la falaise je ne stoppais pas ma course, passant simplement d'une position de coureuse à une position de grimpeuse. En un claquement de doigt. Sans même avoir à y réfléchir. Jamais je ne me lasserais de cette sensation. Une renaissance. C'était bel et bien ce que j'étais en train de vivre.

La pierre défilait sous mes doigts, m'entrainant toujours plus haut. Bientôt je ne fus plus qu'à quelques mètres. Je pouvais entendre Edward derrière moi. Mais il ne me rattraperait pas. J'étais bien trop rapide.

Enfin j'arrivais à la hauteur du mortel. Il était tellement concentré qu'il ne jetait pas de regard en arrière. Tant mieux pour moi. Je pouvais entendre son cœur battre dans son torse. Plus pour longtemps. Son odeur m'enivrait. Je me jetais sur lui et je plantais mes dents dans les chairs de son cou. De surprise ses deux mains lâchèrent leurs prises, et ses pieds quittèrent les minuscules rebords sur lesquels ils tenaient pour pendre dans le vide. De mon corps je le plaquais contre la paroi grise de sorte qu'il reste immobile. Le goût exquis de son sang remplit ma bouche et mon corps d'une sensation agréable, presque euphorique. Je pouvais sentir son sang pulser dans ses veines, son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, et la peur qui enserrait ses entrailles. Je sus qu'il faudrait que j'en goûte d'autres. Bien d'autres. Pauvres petits mortels. Insignifiants.

Quand j'eus fini je relâchais son corps inerte qui alla s'écraser dans un bruit sourd en bas de la falaise. Brisé. Tant pis pour lui. C'était la loi du plus fort. Et j'étais la plus forte. Pour l'éternité.

J'aperçu le regard accablé d'Edward. Il était plus déçu de lui-même qu'en colère contre moi. Toujours à porter mille fardeaux. Edward. Mon Edward. Ne voyait-il pas que j'étais enfin pleinement moi ? Sans peurs aucunes ? J'étais presque déçue de sa réaction. Pourquoi toujours s'accablé ? Pourquoi s'infliger toujours mille tourments ? Il s'était enfermé dans une souffrance inutile. J'en venais à le plaindre. Quel gâchis.

Je ne respirais plus, j'étais figée dans le temps, éternelle Bella de 18 ans, mais malgré cela je n'avais jamais été aussi vivante. Aussi moi. J'étais née pour être vampire. Et je n'avais pas l'intention de perdre mon éternité.

Je détournais le regard d'Edward, et je regardais les arbres qui s'étendait à perte de vue sous mon regard. Le monde était devant moi. Pour toujours. J'avais tant à voir, tant à faire, tant à vivre. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance.

Je m'élançais alors dans cette étendue verte où je disparue. Sans un regard en arrière. Peu importe ce qu'il adviendrait. J'étais libre et c'était tout ce qui comptait.

L'éternité devant moi.

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J'espère que cette version 2 vous a plu.

Little-road