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Chapitre 1
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« Un pauvre hère, sans but il erre, et sans fin dans un monde qui n'est plus sien.
Perdu à jamais des vivants et des morts, victime d'un amour perdu. »
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Sekhmet POV
Les dunes chantaient, le sable tourbillonnait, créant des vagues dorées sous les rayons du soleil.
Le chant du désert environnant semblait vouloir me délivrer un message. Comme si une pièce de mon propre puzzle m'attendait là-bas dans cette cité maudite que nous devions pourtant protéger de tous. Elle était notre raison de vivre, notre plus grand fardeau aussi.
Nous protégions un lieu qui nous tourmentait depuis des siècles, et cela parfois au péril de notre vie. Cela touchait au sacré.
-A quoi penses-tu ? me demanda Terrence.
-A cette ville, là-bas.
-Elle abrite une créature, commença mon père. Et sous aucun prétexte elle doit se réveiller. Bien des ancêtres avant nous en ont fait le serment.
-Et en leur honneur nous le perdureront, compléta Ardeth en arrivant.
-Même dans la mort ?
-Surtout dans la mort, complétaient les deux hommes d'une même voix.
-Pour les ancêtres, soufflais-je.
Mon regard se posait sur les autres Medjai autour de nous. Ce peuple était la seule famille que je connaissais, et je n'en voulais pas d'autre. Avec eux j'avais tout.
Le désert d'Egypte était notre cœur, et nous nous déplacions régulièrement, allant d'oasis en oasis, de puit en puit. Même si nous ne partions jamais très loin de l'antique cité qui nous retenait depuis des siècles. C'était la mission de ce peuple de la préservée des personnes venues de l'extérieur de l'Egypte. Alors oui, les Medjai était tout pour moi. En particulier mon père adoptif Terrence Bay. Il m'avait éduquée, apprit à écrire, à lire, la langue arabe, mais aussi l'égyptien ancien. On aurait parfaitement pu croire que j'étais pleinement issue de ce peuple.
Et pourtant, je sentais que ma véritable place n'était pas ici. J'aimais mes compagnons, mais malgré cela, une question ne disparaissait jamais vraiment : d'où venais-je ? J'avais le sentiment étrange que je n'appartenais pas pleinement à ce lieu. Je n'avais pas d'histoire, pas d'ancêtres chez les Medjai, même si je considérais Terrence comme mon père.
J'avais bien le symbole des Medjai tatoué à l'intérieur du bras, mais plus j'y pensais et plus je trouvais qu'il dénotait avec le reste. Comme si il avait été rajouter là après coup.
Pour ne rien arranger, des rêves finirent par m'assaillir d'images et d'événements passés, que je n'avais pourtant jamais vécu. C'était si clair, si réel.
Souvent une femme à la beauté renversante me regardait tendrement. Elle me murmurait des phrases à peine audibles que je ne pouvais pas comprendre.
Et puis progressivement cette femme s'effaça au profit d'une autre, et jamais plus je ne revis la première. Je l'interrogeais de mon regard d'enfant, pleurant parfois la perte de la première femme, mais je n'obtins aucune réponse. Seulement le regard triste de celle qui me tenait maintenant entre ses bras. Cette femme qui lui avait sembler distante au début lui déposa un baiser sur le front.
-Ce n'est pas ta faute Sekhmet, me murmurait-elle. Après tout tu n'as pas choisi de venir au monde. Les dieux si. Je suis Néfertiri et je m'occuperais de toi.
Aussitôt je m'apaisais, et plongeais dans le sommeil en paix.
Mais lorsque je m'éveillais j'avais le cœur serré. J'aurais voulu revoir la première femme. C'était comme si elle me manquait. Terriblement. Où était-elle ? Je n'avais aucune réponse. Et qui était-elle ? Pourquoi disparaissait-elle ? Pourquoi me laissait-elle ?
Et d'autres fois, c'était le visage d'un homme qui apparaissait devant mes yeux. Un homme qui ne m'inspirait pas confiance. Il avait une drôle de lueur dans le regard.
Je frissonnais.
J'ouvris les yeux et je mis quelques secondes pour me rappeler où j'étais.
La voile de la tente au-dessus de ma tête me rassura immédiatement. Mon esprit s'apaisa.
Je me levais, m'habillais rapidement, et sorti de ma tente. Dehors, l'aube était bien installée, et les premiers rayons du soleil allaient naître à l'est.
Je resserrais ma cape autour de moi. Les nuits froides du désert ne prennent fin que quand la lumière est installée.
Certains Medjai étaient déjà levé et s'affairaient à leurs tâches matinales.
A quelques encablures du campement se tenait notre raison d'être. Le lieu que nous protégions. Contre le moindre intru. Quel qu'il soit. Que l'intru en question ait une armée derrière lui ou pas. Il est des secrets qui ne doivent être découvert sous aucun prétexte.
- Hamutmaptra, murmurais-je pour moi-même.
Cette ville était notre secret.
Il y avait quelque chose là-bas. Une chose qui m'attirait, je pouvais le sentir. Il fallait que je m'y rende. Sans savoir vraiment pourquoi. C'était un sentiment qui prenait racine au plus profond de moi-même. Viscérale.
Je sentais qu'il fallait que je me rende dans cette cité.
Depuis toujours la mission de mon peuple avait été de la protéger des éventuels visiteurs. Qu'importe qui ils étaient. La créature en ce lieu ne devait jamais être découverte, et encore moins être libérée. C'était notre raison d'être sur cette terre. Certains d'entre nous en avait peur. Et il y avait de quoi quand on savait ce qu'il se cachait sous les sables. Un danger pour le monde. Un danger mortel. Fatal.
Il fallait que je m'y rende. D'année en année ce sentiment se renforçait. J'y pensais de plus en plus, sans pouvoir y faire grand-chose. Je ne pouvais me mentir à moi-même.
Hamutmaptra ne cachait que des bâtiments abandonnés depuis bien des siècles. Le sable en recouvrait désormais une grande partie.
Je descendis de cheval et continua à pied.
Les chevaux n'aimaient pas ce lieu, à juste titre.
Un frisson me parcourut quand je traversais le grand portique de la porte principale. Puis un murmure, porté par le vent vint se faire entendre à mes oreilles. La créature. Comment l'oublié ? Elle qui hante ce lieu depuis 3000 ans, condamnant des générations de Medjai à protéger le lieu de tous visiteurs. Les sens aux aguets, près à parer n'importe quelle éventualité. Même si une armée venait en ce lieu nous devions tout faire pour qu'ils le quittent. Coûte que coûte.
La seule la lumière de l'aube accompagnait mes pas entre les ruines. Autour de moi le silence m'enveloppait. Il n'y avait rien d'autre que des pierres et du sable. Et puis, petit à petit, un murmure s'éleva. L'air de la brise suivait sa musique. Il me sembla déceler quelques mots en égyptien mais je n'en étais pas certaine. Je percevais plus des bribes de mots ou de sonorités. Et pourtant les murmures me parurent presque familiers. Comme si j'avais toujours connu cette voix. Comme si quelque chose au plus profond de moi se réveillait en l'entendant. Irréelle. Je secouais la tête, et m'apprêtais à repartir quand soudain je me figeais. La voix se fit plus distincte. Plus tranchante aussi. Je pouvais sentir battre mon cœur dans ma poitrine, et mon front se perler de sueur. Qu'étais-je venue faire ici ? Je frissonnais.
J'avais l'impression que cette voix m'appelait à elle. J'avais envie d'y aller, de lever enfin ce voile que j'avais depuis longtemps devant les yeux, sur ma vie, sur mes origines. Et en même temps, j'étais terrorisée. Une partie de moi ne voulait pas savoir. Sous aucun prétexte.
Je me rappelais soudain l'homme qui apparaissait parfois dans mes rêves. Son regard m'attirait autant qu'il me révulsait. Et si ? Je secouais la tête. Je reculais d'un pas, puis d'un deuxième, avant de tourner le dos à ces ruines maudites. Ma tête me tournait.
Soudain le vent se leva, m'empêchant de voir où je mettais les pieds. Je criais mais ma voix se perdait dans le vent.
La voix m'accabla à nouveau. Sifflante. Presque menaçante.
Des larmes s'échappèrent de mes yeux clos. J'étais perdue dans un lieu que je ne connaissais pas, et une force extérieure m'empêchais de m'enfuir. J'étais prisonnière d'une cellule sans barreaux.
- Sekhmet ! hurla une voix masculine. Sekhmet !
Aucune réponse ne sortit de ma bouche, et je m'écroulais sur le sol de sable.
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J'espère que ce premier chapitre du point de vue de l'OC de la fic vous a plu.
Prenez soin de vous.
Little-road
