L'océan était paisible ce matin là, et ce n'était pas pour déplaire au cuistot de l'équipage, qui inhalai une nouvelle bouffée de nicotine, les yeux fixant l'horizon.

Il appréciait le calme matinal, certainement dû au fait qu'une fois l'équipage debout, les moments sereins se faisaient rares.

L'équipage au complet était encore endormi. Sanji était toujours le premier debout. Pour avoir le temps de préparer l'intégralité du repas du matin, il fallait au moins ça.

Malgré cela, ce n'était pas une corvée pour lui. Il aimait écouter le cliquetis des vagues sur la coque en fumant sa première cigarette, sentir la brise jouer avec ses mèches blondes, renifler l'odeur iodée de la mer à plein poumons, voir l'étendue d'eau danser en harmonie avec le vent et les rares oiseaux chanter comme si rien n'était important dans ce monde.

La confection des repas n'en était pas une non plus, depuis qu'il était enfant, il aimait cuisiner plus que tout, et avoir rejoint l'équipage en tant que maître coq était une aubaine pour lui.

Il était infiltré sur le Vogue Merry – puis le Thousand Sunny – depuis un peu plus d'un an. Embarqué sur le navire par un charmant concours de circonstances, ses supérieurs lui avaient suggéré d'y rester et de se laisser porter par le vent.

Lorsque l'équipage eu prit de l'ampleur, il s'avéra que cette décision fut un très bon investissement pour eux, puisque Luffy n'avait eu de cesse que de gagner en puissance, défiant toujours plus le gouvernement mondial.

Lui qui n'était au début qu'un jeune homme sans expérience, un moustique en quête du trésor du feu Roi des pirates comme tant d'autres en cette nouvelle ère, était devenu toujours plus acharné et gênant.

La présence du blond dans l'équipage était donc un moyen de le garder à l'œil, si ce n'est sous contrôle au moins connaissaient-ils plus ou moins sa position en attendant le moment propice pour le stopper.

Cette occasion ne s'était pas encore présentée. Le pirate au chapeau de paille ayant l'impressionnante capacité de réunir à ses côtés des alliés de choix, il était possible que certaines informations non accessibles à la marine puissent êtres acquises par le biais de cette infiltration. En attendant, il demeurait libre dans son utopie.

Bien sûr, il s'était entouré de compagnons tout aussi remarquables, et dont les ambitions n'étaient pas moins louables, qu'il était bon de garder sous les yeux.

D'abord, Roronoa Zoro, sabreur talentueux qui se battait toujours avec un honneur et une hargne incroyable, et qui par dessus le marché parvenait sans arrêt à faire sortir de ses gonds le cuisinier.

Nami, navigatrice hors pair qui, à en juger par ce qu'il avait entendu, jouait elle aussi double jeu au départ, à l'exception près qu'elle avait finit par réellement intégrer l'équipage.

Ussop, canonnier habile et menteur invétéré. Chopper, médecin de bord sérieux mais émotif. Robin, discrète et intelligente archéologue passionnée des ponéglyphes. Franky, charpentier déjanté. Et enfin, Brook, musicien squelettique mais envoûtant arrivé quelques jours auparavant.

Et bien sûr, Sanji lui-même, cuistot infiltré et traître.

Il balança son mégot consumé dans la mer avant d'aller se mettre aux fourneaux.

Ces derniers temps, il avait des pensées acides concernant sa mission. Il savait que chaque guerre requerrait son lot de sacrifices, et la tâche qui lui incombait était importante pour garantir la paix future. Trahir n'avait jamais été une vocation pour lui, encore moins un plaisir, mais il n'avait pas le choix. Bien qu'il se soit attaché à ses compagnons, il ne pouvait mettre en péril l'ordre mondial sur la seule base de ses états d'âme.

Lorsqu'il faisait tinter les casseroles, danser les chaudrons, voler les fouets et spatules, il était mué par la force invisible de l'habitude, comme en transe, et ne pensais plus à rien qu'à donner le meilleur de lui-même pour faire plaisir à l'équipage. C'était le maximum qu'il pouvait faire.

Il finit le dressage, disposant les paniers de viennoiseries, pancakes, œufs brouillés, bacon grillés, tartines de pains au beurre et la confiture, biscuits au miels, fruits frais et jus de toutes sortes sur la grande table.

Il ôta son tablier puis vérifia la température de l'eau qui bouillait pour préparer les différentes sortes de thés et cafés.

La porte s'ouvrit sur l'archéologue, toujours la première debout après lui.

« Bonjour cher cuisinier. Quelle bonne odeur.

- Merci Robin-Swan, te voir de si bon matin égaille ma journée. » Affirma-t-il en lui servant une tasse de thé bien chaud.

Une fois celle-ci installé, les autres membres de l'équipage débarquèrent au compte goûte.

« Oï ! C'est parti pour une SUPER journée ! » Hurla presque Franky, son humeur toujours au beau fixe. Il se servit du bacon et des œufs brouillés qu'il dévora avidement sous le regard amusé de la jeune brune.

A moitié réveillé, le canonnier fit son entrée à son tour.

« 'jour. Luffy à parlé toute la nuit dans son sommeil. Il s'adressa aux deux hommes. Vous avez réussi à dormir ?

- Je n'ai rien entendu du tout ! Déclara le cyborg.

- Tu devrais demander des gommes anti-bruit à Chopper, elles marchent du tonner. Conseilla le blond.

- Tu as raison, répondit Ussop en se frottant les yeux, je crois que c'est ce que je vais faire, j'ai à peine fermé l'œil. » conclu-t-il avec un bâillement à s'en décrocher la mâchoire.

Le coq lui remplit une tasse de café noir sucré pour le réveiller tandis qu'il sélectionnait un croissant dans le panier de viennoiseries.

Alors que Sanji sortait un flan à la vanille du four, Nami entra à son tour et s'installa à côté de l'archéologue.

« Dans un jour ou deux on passera près une île estivale. Est-ce que tu as besoin de refaire le plein de provisions Sanji ? Demanda la rouquine en sirotant le thé au lait que venait de lui servir le cuistot.

- Ce serait parfait ma douce Nami, il reste encore assez pour tenir une semaine et demie, mais avec Luffy c'est toujours approximatif. » déclara-t-il en souriant franchement.

Elle acquiesça, jetant un œil au Logue Pose à son poignet avant de se servir une tartine de pain à la confiture de mandarine.

Un hurlement déchirant fit sursauter Ussop, qui lâcha son croissant dans sa tasse, l'éclaboussant de café et finissant de le réveiller complètement par la même occasion, alors que Franky se moquait allégrement de la tête du pauvre canonnier.

« J'AI FAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIM !

- Je ne m'y habituerai jamais... grommela le sniper, épongeant tant bien que mal le café répandu sur ses vêtements.

- Après le calme, la tempête. Annonça Robin en souriant.

- J'ai l'estomac dans les talons ! Bien que je n'ai pas d'estomac ! Yohohoho ! » Chantonna le squelette en faisant rapidement son entrée dans la cuisine pour ne pas être bousculé par le capitaine de l'équipage, que l'on entendait arriver à toute vitesse de l'autre bout du couloir. Il s'installa à la table devant un grand verre de lait chaud au miel que Sanji venait de déposer à sa place habituelle.

Luffy fit une entrée fracassante, explosant de nouveau la porte sous le regard mi-désespéré mi-amusé des membres de l'équipage déjà attablés. Franky avait un air particulièrement satisfait, se réjouissant d'avoir renforcé les gonds de la porte pour qu'elle tienne bien en place lors de l'arrivée du goinfre.

Ce qu'il n'avait pas prévu, en revanche, c'était le trou que ferait la poignée de porte en claquant avec force contre le mur. Son sourire s'effaça aussitôt, alors qu'il cherchait déjà un moyen de réparer puis renforcer cette partie du bois.

« 'JOUR » hurla l'homme élastique en se jetant presque à plat ventre sur la table. Il n'eut néanmoins pas le temps de réellement s'y vautrer puisque Sanji, devenu expert en matière de protection de la nourriture, l'avait déjà attrapé par le col pour le faire s'asseoir sur le banc.

« Luffy, je vais vraiment finir par demander à Franky de me faire un sol en granit marin si c'est le seul moyen de déjeuner calmement ! Plaisanta le cuistot.

- Ce ne serait pas une mauvaise idée, approuva Ussop, de mauvaise humeur.

- Yohohohoho ! Ce ne serait pas terrible pour nous autres, en revanche. » Précisa le squelette en désignant également l'archéologue.

Avant de rejoindre l'équipage, Sanji avait toujours penser que « se jeter sur la nourriture » n'était qu'une expression, maintenant, il savait que c'était possible.

Pendant qu'ils discutaient tous joyeusement, bien réveillés par l'arrivée de leur capitaine, le petit rêne fit à son tour discrètement son entrée, saluant tout le monde avant d'entamer son chocolat chaud. Il avait encore la trace de ses manuels de médecine sur le visage, ce que ne manqua pas le lui faire remarquer le menteur de l'équipage.

« Tu as encore dormi sur tes livres on dirait.

- Non ! Pas du tout ! S'empressa de répondre le concerné, ses joues s'empourprant.

- Tu ne sais pas du tout mentir ! Plaisanta-t-il.

- Tu pourrais lui donner des cours. » Se moqua la navigatrice, déclenchant les rires de l'assemblée.

Petit à petit, les plats se vidèrent en même temps que la cuisine, chacun allant vaquer à ses occupations. Sanji se mit à débarrasser les plats et assiettes dépouillés, les faisant tremper dans le grand évier.

Il entendit un tintement dans le couloir, annonçant l'arrivée du dernier membre de l'équipage à ne pas avoir mangé, soit Zoro.

Le cuisinier servit un café noir bien chaud dans une grande tasse, et posa une assiette avec un œuf recouvert de bacon grillé à côté.

Il se servit un café à son tour, mais sucré. Il était rare qu'il trouve le temps d'avaler quoi que ce soit le matin à part ce breuvage, puisqu'une fois tout le monde parti, il s'attelait à la vaisselle puis à la confection du repas du midi.

L'arrivée du sabreur indiquait donc invariablement ses dernières minutes de pause.

Le vert entra dans la cuisine en s'étirant tout en baillant, avant de s'asseoir devant son repas.

« Merci.

- De rien. »

Le blond savait que ces trois mots seraient les seuls échangés pour la matinée, sauf si l'envie leur prenait de se battre pour une quelconque raison lorsque Sanji irait fumer sa cigarette sur le toit de la vigie.

Le sabreur termina rapidement son repas et prit le soin de déposer sa vaisselle dans l'évier, comme à son habitude, avant de se diriger directement dans la vigie pour ses exercices matinaux. Le cuisinier n'était jamais parvenu à comprendre où il trouvait la force d'aller soulever de la fonte dès le saut du lit. Tout bien réfléchi, presque l'entièreté du comportement de cet homme était une énigme à ses yeux, tellement ils étaient différents.

Le cook eu bien vite terminé de faire la vaisselle – ce qui lui prit beaucoup moins de temps qu'à l'époque du Vogue Merry. Grâce aux ajouts effectués par Franky et Ussop, qui lui avaient fabriqué une incroyable machine qui faisait la vaisselle seule : il lui suffisait de mettre toute la vaisselle dans cet immense « boîte » compartimentée, encastrée dans le plan de travail, puis de presser un bouton. Comme par magie, grâce à des jets d'eau puissants qui tournaient à l'intérieur, la vaisselle était décrassée puis séchée à l'aide de ces mêmes jets mais cette fois qui propulsaient de l'air à haute pression.

En moins de cinq minutes, soit le temps de nettoyer la table et de préparer quelques boissons pour aller rafraîchir ses dames, la corvée de vaisselle était terminée, et il ne lui restait plus qu'à tout remettre à sa place.

Il était infiniment reconnaissant aux deux hommes pour ce temps absolument considérable de gagné – environ deux heures après chaque repas. Avant cette sublime invention, il passait presque l'intégralité de sa journée dans la cuisine, ne s'octroyant que quelques minutes de pause entre la vaisselle et l'élaboration du prochain repas pour aller fumer une clope sur le pont. Désormais, selon son bon vouloir, il pouvait utiliser ce temps pour aller se détendre avec les autres membres de l'équipage ou bien en profiter pour s'essayer à de nouvelles recettes qu'il glanait ça-et-là sur les îles qu'ils exploraient.

Le cyborg et le snipper avaient planché en secret pendant des semaines sur cette invention, car plusieurs problèmes se posaient. Tout d'abord, où l'installer pour que le blond ne perde pas trop d'espace de rangement ? Il leur apparu bien vite que la seule solution serait de l'encastrer dans le plan de travail, à droite du four, puis de rajouter des étagères à côté de la hotte pour que le cuistot puisse tout de même avoir la surface nécessaire pour tous ses plats et ustensiles.

Ensuite, comment alimenter cette machine ? A l'instar de l'emplacement, la solution leur sauta aux yeux « du cola », liquide qui alimentait déjà le four, les frigos et à peu près tous les appareils sur le navire. Pour l'approvisionnement en eux, ils avaient fabriqué une pompe qu'ils avaient fait passer derrière les murs, et qui puisait sa source directement dans la mer, avec un système de vanne à double sens qui aspirait l'eau propre et rejetait l'eau souillée de restes alimentaires – dont les monstres marins raffolaient d'ailleurs.

Toujours est-il qu'une fois toutes les questions techniques réglées, il souhaitaient l'installer tout aussi secrètement pour que la surprise soit complète. Ainsi, un soir lorsque tout le monde fut endormi, ils se glissèrent dans la cuisine pour installer tout l'appareillage, ainsi que les nouvelles étagères qu'ils remplirent du contenu des placards qu'ils supprimaient.

Évidemment, ils ne pouvaient pas faire de bruit, car le cuistot avait une sorte de sixième sens et débarquait dès qu'il entendait le moindre murmure dans sa cuisine – ce qui arrivait fréquemment avec leur capitaine.

L'aube arriva bien vite et lorsqu'ils eurent terminé les derniers tests pour s'assurer que tout était fonctionnel, le cuistot fit son entrée dans la cuisine.

« SURPRIIIIIIIIIIIISE » hurlèrent-ils en cœur, avant de lui expliquer l'utilité et le fonctionnement de cette machine.

Les étoiles dans les yeux de leur ami étaient une juste récompense au travail qu'ils avaient fournis pendant ces semaines, et il les remercia en élaborant des plats toujours plus délicieux et sophistiqués.

Donc, une fois la vaisselle rangée, il alla apporter les collations aux jeunes femmes sur le pont.

L'archéologue bouquinait sur une chaise longue installée sur la pelouse du pont principal.

« Ma douce Robin, un jus de violette glacé et biscuits à la vanille. » elle le remercia et le gratifia d'un doux sourire avant qu'il ne se dirige vers la culture de mandariniers pour aller donner sa part à la jeune navigatrice.

Il la trouva inspectant les feuillages, les sourcils froncés, et il déposa son breuvage à la mandarine et à la cerise ainsi que les biscuits sur le petit guéridon où étaient disposés ses outils de jardinage.

« Un problème ma belle ? S'enquit-il devant son air soucieux. Elle parut le remarquer et sursauta presque.

- Oh, oui, je ne t'avais pas entendu arriver. Quelques plants sont infestés de parasites, heureusement ça ne s'est pas encore propagé partout. La prochaine île est à un peu plus de deux jours de route, j'y achèterai de l'insecticide, mais j'espère que d'ici là ça ne vas pas attaquer le reste... »

Elle avait l'air attristée, et ses sourcils restaient froncés de contrariété.

« Et si tu bâchais les plants infectés ? Comme quand on passe dans des zones hivernales ? Avec un peu de chance ça pourrait suffire jusqu'à ce qu'on atteigne l'île.

- Oh ! C'est une idée géniale ! Je vais aller voir Franky tout de suite pour qu'il m'aide à les installer ! Merci Sanji ! » s'écria-t-elle, retrouvant tout à coup le sourire et courant déjà en direction de l'atelier du cyborg.

Satisfait de lui-même, il grimpa tout en haut de la vigie pour s'allumer une cigarette. Il n'avait même pas eu besoin de la questionner pour savoir quand ils accosteraient la prochaine île.

Il sortit un Smart Tanichi d'une des poches intérieure de sa veste et d'une petite pression sur la tête lui fit comprendre de laisser un message à son interlocuteur.

« Jambe noire. Nous sommes à deux jours d'une île non identifiée. Localisation inconnue. Terminé. »

L'appareil rentra sa tête dans la coquille, replongeant dans son sommeil, et il le rangea de nouveau dans sa poche.

Il tira une longue bouffée de nicotine avant de la recracher lentement, puis fut prit d'une quinte de toux à l'entente d'une voix familière qui l'interpellait.

« Oï, abruti de cuistot, qu'est-ce que tu fous ici ? S'exclama le bretteur en montant à son tour sur la terrasse. La réponse fusa directement.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre le manieur de cure-dents ? On ne peux décidément par être tranquille quand t'es dans les parages.

- Je pourrais te retourner le compliment, sourcils-en-vrille. »

Zoro vint s'accouder au bastingage, à côté du blond. Ce dernier était d'ailleurs intrigué. Il s'était attendu à entendre le bruit familier des lames quittant leur fourreau pour une de leur énième rixe. Au lieu de cela, le vert regardait l'horizon, le vent s'amusant avec ses boucles d'oreilles en les faisant doucement carillonner. Avait-il entendu le message qu'il venait de laisser à ses supérieurs ? Ce doute quitta bien vite son esprit. Connaissant l'homme à côté de lui, s'il avait ne serait-ce qu'entendu une bribe, il lui aurait demandé des comptes aussitôt. S'il avait bien une chose dont il était sûr, c'est que le second de l'équipage ne savait pas faire semblant. Il était toujours sincère, impulsif même, et son sens de l'honneur et de la loyauté était complètement exacerbé, contrairement à lui-même, qui était calculateur et ne faisait que mentir depuis qu'il avait rejoint l'équipage.

Le sabreur observait l'horizon, complètement perdu dans ses pensées. Il était particulièrement serein, aujourd'hui. Plus que jamais, il se sentait à sa place.

En bas, Luffy, Ussop et Chopper semblaient faire un concours de celui qui ne mourrait pas en premier des mains de Nami, et les deux camarades les entendaient bien distinctement bien que perchés des dizaines de mètres au dessus d'eux.

« Luffy, si tu te me rends pas cette bâche je te balance par dessus bord ! Hurla-t-elle, courant après le capitaine, prête à lui assener un coup de poing magistral dont elle seule avait le secret.

- Attrapes-la ! Attrapes-la ! Criait à son tour l'homme élastique en balançant la bâche roulée en boule au sniper, qui était autant effrayé par la navigatrice qu'amusé à l'idée de la faire sortir de ses gonds.

- Ussop ! Ta va tripler si tu ne me rends pas immédiatement cette bâche ! » s'époumona-t-elle tout en continuant à courir après les plaisantins.

Zoro laissa un grand sourire prendre place sur ses lèvres, attendri par le spectacle qui se déroulait sous eux.

« On fait quand même une sacrée famille, tu trouves pas ? » demanda-t-il à voix basse au cuistot.

Ce dernier sentit sa mâchoire se crisper tandis qu'il s'allumait une nouvelle clope sans répondre.

Sur le pont, l'agitation était à son comble.

Alors qu'Ussop prit de l'élan pour jeter la bâche tant convoitée à Chopper, Luffy étira son bras pour tenter de la réceptionner. D'un coup de vent, le morceau de plastique s'envola dans la mer, sous les regards effarés des quatre.

La rousse hurla plus fort encore qu'avant sur les trois bandits, et de son poing fit voler les trois dans la mer à leur tour.

« VOUS AVEZ INTERÊT À ME RAMENER CETTE BÂCHE ! » s'époumona-t-elle, avant de lâcher un « Oups » en se souvenant que deux des pirates qu'elle venait d'envoyer à l'eau étaient dans l'incapacité physique de nager.

« Et merde » laissèrent échapper le blond et le vert en même temps.

Sans réfléchir, Sanji jeta sa clope par dessus bord tandis que le sabreur décrochait simultanément les sabres à sa taille.

Ils se jetèrent un regard entendu avant de grimper sur la rambarde, puis de plonger directement dans l'océan pour aller repêcher leurs camarades, dont deux coulaient déjà, sous le regard éberlué de ceux encore présents sur le pont – soit Nami, Franky et Brook. Robin était là également, mais n'avait pas décroché son regard des pages de son livre, seul un sourire sur ses lèvres laissait présager qu'elle avait bien saisi ce qui se déroulait à côté d'elle.

Zoro nagea vers le petit rêne tandis que Sanji filait vers l'homme élastique. Ussop s'était agrippé à lui, battant des jambes pour essayer tant bien que mal de le remonter. Le blond se saisit de lui, permettant au sniper de le lâcher pour remonter rapidement prendre sa respiration.

Le cuistot et le second crevèrent la surface en même temps, leur compagnons dans les bras, avant de rejoindre le bateau, dépassant l'homme au long nez malgré leur charge supplémentaire.

Ils parvinrent à hisser Luffy et Chopper sur le pont en parallèle, se défiant du regard.

« Yohohoho ! Match nul ! » s'exclama Brook en riant, tandis que les deux presque-noyés crachaient de l'eau de mer en abondance.

La journée se termina beaucoup plus calmement qu'elle n'avait débuté, les trois troubles fêtes ayant été calmés par leur plongée inopinée et involontaire pour la journée.

Le soir, alors qu'il était sur le point de s'endormir, les mots du sabreur revinrent à l'esprit de Sanji, et ils sonnaient amèrement.

Une « famille » ?