Hello ! :D

Merci Psufix pour ton review !

Alors... Je vous avais parlé du chapitre du POV d'Erine sur ces derniers mois. Malheureusement, je n'ai pas du tout eu le temps. C'est assez compliqué en ce moment, entre la reprise et la difficulté à reprendre un bon rythme, ainsi que le combat mental pour échapper à un nouveau down. J'ai dû faire des choix... Je préfère donc continuer l'histoire comme prévue, le chapitre POV Erine pourra faire l'objet d'un Bonus si vous le souhaitez. Désolée...

CW : Relation toxique, violence implicite


CHAPITRE 15 - Libérée

Violet n'avait jamais connu une semaine aussi longue pendant lors de sa scolarité à Poudlard. Même les treize jours sans nouvelle d'Olivier avaient perdu leur première place. Il n'y aucune compétitivité. A cette époque, ses idées étaient infondées et elle n'avait eu aucune preuve, son cerveau lui avait joué de mauvais tours. Alors qu'aujourd'hui, elle était témoin de la descente aux Enfers de ce qu'elle considérait toujours comme sa meilleure amie, malgré les failles.

Depuis une semaine, Violet vivait cette amitié inexistante et les silences.

Lors de ses huits jours, Erine se couchait sans adresser un mot à n'importe laquelle d'entre elles. Sara et Emily n'étaient pas assez proches d'elle pour poser des questions. Cependant, Anna avait tenté de converser avec Erine, mais le regard sombre de celle-ci l'avait vite conduit à abandonner un nouvel essai.

Au grand soulagement de Violet, Erine continuait les rondes de Préfet, mais surtout elle parlait à Connor. Ce dernier l'avait informée que leurs conversations étaient brèves. Ce n'était pas l'essentiel, Erine était encore capable d'entretenir des liens, Violet ne retenait que cela. Lors des cours, Roger adressait des mots à Erine. Mais que faire quand Luke Taylor était dans les parages ?

Et il y avait Holly.

Dans la salle commune, Holly restait près de sa sœur, mais Luke ne se décrochait jamais d'Erine. La veille, Holly s'était interposée. Elle avait demandé – ou ordonné – à Luke de s'occuper de ses chaudrons pour une fois. Bien entendu, elle regrettait son acte. Erine avait retrouvé son ton des vacances d'été et l'a rejetée depuis.

Ce n'était pas tout. Holly avait saisi quelque chose dans le regard de sa sœur. Selon elle, les yeux d'Erine reflétaient la protection. Erine ne souhaitait pas que Luke s'en prenne à elle.

Mais ni Violet, ni les jumeaux n'avaient eu le droit à un mot de la part d'Erine. Elle les avait effacés comme s'ils n'avaient jamais existé. Leur amitié avait été balayée d'un Evanesco. Violet culpabilisait que Fred et George subissent son erreur. Pourtant, les jumeaux ne cessaient de la rassurer. Ce n'aurait été qu'une question de temps avant que leur tour ne soit venu.

Malgré tout, Violet avait un point positif : tout le monde était contre Luke. Il n'avait eu que ce qu'il méritait en subissant la haine de tous, même si Violet était persuadée que cela ne l'atteignait pas.

Désormais, Violet rentrait de son entraînement de Quidditch, son balai sur l'épaule. Elle fixait l'herbe qu'elle écrasait à chaque pas, était-ce donc cela sa vie ? Abîmer et détruire à chacun de ses passages ?

Elle traversa les couloirs de son école, les yeux baissés. Jamais, elle ne s'était sentie peu à sa place à Poudlard. Depuis quelques années, leur école n'était plus celle qu'elle avait connue à ces débuts. Elle avait vécu mille et un cauchemars. Cependant, cette année battait les records. Leur septième année aurait dû être la meilleure, au contraire, elle était la pire.

L'aigle de la salle commune l'accueillit. Violet saisit le bec et toqua à la porte. La voix mélodieuse de l'aigle s'envola et se répercuta dans la pierre :

— Jamais hier, toujours demain. Ouvert, mais inattendu. Incertain, parfois surprenant. Vers lui, nous nous tournons. Chacun de nous, sans exception.

Violet se figea devant l'aigle. Pourquoi était-elle revenue des entraînements seule ? Son cerveau n'était jamais à sa performance optimale après le Quidditch. Les informations s'emmêlaient dans sa tête, une éternelle répétition sans solution. Quelle piètre Serdaigle. Elle se retourna, aucun chuchotement. Elle était seule face à l'aigle.

Son balai posé contre le mur, elle s'assit sur la première, la tête entre les mains. Pendant un quart d'heures, elle chercha la réponse qui lui permettrait l'accès à la salle commune. Un quart d'heures de sa vie perdue, car elle ne la trouve pas. Elle était certaine qu'elle était évidente. La facilité la rendait plus difficile.

Bon… Tant qu'à attendre, Violet sortit sa baguette de sa botte et s'entraîna en Métamorphoses. Elle s'amusa à changer son apparence. Elle maîtrisait le sort, mais quelques détails la trahissaient toujours. Elle aurait tant aimé être Métamorphomage, tout aurait été si simple.

Des pas brisèrent le silence et elle se releva. Il s'agissait de Serdaigle, car les personnes montaient les escaliers. Elle tendit l'oreille et reconnut les voix, elle serait sauvée !

— Violet ? s'étonna Holly. Qu'attends-tu là ?

— Visiblement le jour où Rogue se lavera les cheveux, ricana-t-elle.

— AH ! AH ! explosa de rire Luna. C'est hilarant !

— Très drôle, oui, affirma Holly. Quelle énigme t'embête à ce point ?

— Jamais hier, toujours demain. Ouvert, mais inattendu. Incertain, parfois surprenant. Vers lui, nous nous tournons. Chacun de nous, sans exception, répéta l'aigle quand Holly toqua.

Alors que Luna riait toujours aux éclats, ce qui devenait très gênant, Holly arbora son air sérieux. Toute trace d'hyperactivité avait disparu, aucune maladresse, juste une profonde réflexion.

— Cela fait plus d'une demi-heure que j'attends, lui apprit Violet. Je crois qu'on va dor…

— L'avenir, répondit Holly.

— Bonne réponse, déclara la voix douce de l'aigle. Entrez.

Avec fierté, Holly se retourna vers elle. Elle n'ajouta rien, tandis que Violet désespérait : c'était évident, comme prévu. Holly attrapa la manche de la chemise de Luna et la traîna vers l'intérieur de la salle commue. Violet souffla, mais se dépêcha de récupérer son balai avant que la porte ne se referme. Elle avait eu son compte d'énigmes. Après le dîner, elle ne rentrerait pas seule.

La salle commune était bondée de ses camarades en pleine révision. Il ne restait que deux mois avant le début des BUSE et des ASPIC, les examens approchaient, plus personne n'avait une minute à perdre. Cependant, Violet ne trouva pas Erine, mais Connor n'était pas présent non plus. Une réunion des Préfets était peut-être en cours.

Dans un coin de la pièce, Violet repéra Anna, Sara, Emily et les garçons de la promo, sauf Roger qui devait probablement se reposer de l'intensité de l'entraînement. Violet les rejoignit et chuchota à ses camarades de chambre :

— Nous commençons plus tard demain, mais est-ce que je peux vous demander de partir du dortoir comme si nous avions la première heure de classe, s'il vous plaît ? J'aimerais parler à Erine.

— Sans problème, répondit Anna sans un brin d'hésitation.

— Cela nous motivera à aller réviser à la bibliothèque, appuya Emily et Sara approuva.

Parfait.


Exceptionnellement, Violet avait programmé son réveil très tôt. Elle tenait à être douchée et à s'assurer qu'Erine que ne parte pas avant les autres. Elle opta pour la douche fraîche, plutôt que brûlante, cela lui permettait d'avoir les idées claires. Une fois prête, elle s'assit sur son lit et relut ses fiches d'ASPIC.

Enfin… Elle prétendait les relire, car elle n'avait en tête qu'Erine. Depuis que sa meilleure amie avait perdu sa proximité avec Holly, Violet s'était décidée : elle devait s'excuser. Elle se mordilla la joue, elle n'acceptait toujours pas certaines paroles d'Erine, qu'elle avait trouvé injustes. Violet n'était pas certaine de lui pardonner cela un jour. Erine n'était peut-être pas dans son état normal et avait choisi la force pour s'échapper, mais Violet ne pouvait croire qu'elle avait inventé cette histoire de toute pièce. Erine devait bien lui reprocher certaines de ces choses…

Mais c'en était ainsi. Elle avait besoin d'Erine dans sa vie, elle avait besoin de leur amitié. Même si Erine avait ces pensées blessantes, elle avait toujours été un de ses plus grands soutiens.

Erine se préparait dans la salle de bain quand ses camarades de chambre la quittèrent. Anna s'arrêta devant elle, un sourire compatissant sur les lèvres :

— Es-tu certaine de ce que tu fais ? lui demanda-t-elle. J'ai beaucoup discuté avec Connor, il est persuadé qu'Erine n'attend que cela, mais… Je crains que cela soit encore une intrusion à sa défense, qu'elle ne se sente encore… débordée…

— J'ai des doutes, admit Violet en haussant les épaules. Je… Je ne sais pas ce que je peux faire. Mais tu comprends, je ne peux pas vivre ainsi le reste de ma scolarité. C'est trop dur…

— Je l'entends et le comprends. Si tu as besoin, je suis à la bibliothèque. Bon courage, Violet, l'encouragea Anna.

— Merci.

La porte fermée, Violet ressassa les mots d'Anna. Non, elle était loin d'être certaine. Elle était en totale improvisation. Elle n'avait aucune idée de la finalité de cette histoire qui se tenait en un suspense insoutenable, mais elle était persuadée qu'elle devait être l'initiatrice de cette approche. Premièrement, Erine ne le ferait pas. Pas tant que Luke serait autour d'elle et la fin d'année était bien trop longue à arriver. D'autant plus qu'elle constatait la baisse des notes, ou bien était-ce anodin et qu'elle cherchait le moindre signe. Deuxièmement, Violet avait été assez longtemps une piètre amie.

Peut-être ne retrouveraient-elles jamais ce fil qui les reliait et qu'elles étaient déchirées à jamais, mais elle se devait d'essayer.

Pour elle. Pour les jumeaux et Olivier. Pour Holly. Mais surtout, pour Erine.

La porte de la salle de bain s'ouvrit. Le cœur de Violet commençait à palpiter par crainte d'être ignorée, mais cela elle l'aurait cherchée. L'air s'échappa de la pièce. Erine ne lui décrocha pas un coup d'œil en rejoignant son lit. Violet l'observa détacher ses cheveux pour les laisser tomber le long de son dos alors qu'ils étaient coiffés en un beau chignon serré. Violet se mordit la lèvre, c'était bien plus dur que les scénarios qui vivaient dans sa tête.

Elle s'approcha avec maladresse, se cognant contre le coin de son lit. Elle serra les dents pour contenir un cri de douleur.

A quelques pas d'Erine, elle inspira et déclara :

— Je m'excuse. Je m'excuse de ne pas avoir été assez présente. Je m'excuse de ne pas avoir su t'écouter. Mais surtout, je m'excuse de t'avoir parlé de cette manière.

Erine se tourna vers elle, surprise. Violet remarqua les yeux rougis de sa meilleure amie, elle venait de pleurer, elle en était certaine. Elle constata les cernes noirs qui entouraient les yeux déjà bien sombres d'Erine. Si Erine n'était pas aussi jolie, Violet l'aurait confondue avec un Détraqueur. Un nœud se forma dans son ventre, Erine en dégageait les effets en tout cas.

Après Noël, Violet l'avait déjà trouvée maigrie. Aujourd'hui, Erine n'était maintenue que par son squelette. Comment avaient-ils pu échouer à ce point ? Comment avaient-ils pu la laisser se noyer dans les profondeurs ?

Mais Erine était toujours là, peut-être n'était-il pas trop tard pour la remonter la surface pour qu'elle puisse respirer à nouveau ?

— Mais je m'inquiète vraiment pour toi, ajouta-elle en faisant un pas supplémentaire vers Erine et celle-ci ne recula pas. Il t'a fait du mal. Il cherche toujours à avoir toute ton attention. Il t'éloigne de nous tous. Il nous a tous trahis... Je... Je suis peut-être égoïste, mais je ne souhaite pas te laisser être sa proie, tu vaux bien mieux que cela Erine. J'ai conscience que j'ai mal agi du début à la fin.

La gorge de Violet subissait une pression qui l'empêcherait bientôt de respirer. Elle était déstabilisée par ses propres mots, elle était parasitée par les pensées qui lui murmuraient les méchancetés d'Erine et elle était perturbée par l'absence de réaction d'Erine. Cette dernière était pétrifiée, c'en était déroutant. Mais Violet n'avait pas fini, elle devait puiser ce courage qui ne se montrait pas toujours, bien que présent.

— Je voudrais juste que tu me laisses une seconde chance. Je n'interférais plus, mais je veux être présente pour toi. Je veux pouvoir être celle à qui tu pourras t'accrocher quand tu sentiras que tu perds pied, même si j'ai échoué jusqu'à maintenant.

A son réveil, Erine avait été parcouru de tremblements comme chaque matin depuis… Elle ne comptait plus, cela lui paraissait être une éternité. Elle s'était projetée dans la journée à venir, identique à celles précédentes. Les cours, Luke, les repas qu'elle touchait du bout de sa fourchette, Luke, une ronde, Luke, seule, Luke.

Elle n'avait plus que Luke. Rien d'autre. Elle était seule. Elle se sentait seule.

Depuis sa dispute avec Violet, elle n'osait plus la regarder. Non pas parce qu'elle était en colère, non cet état l'avait quittée dès que la porte l'avait séparée de Violet. Par honte. Elle regrettait les mots qu'elle avait prononcés. Comment pouvait-elle regarder en face Violet après cela ?

Ce matin n'avait pas été une exception. Elle avait su Violet, assise à quelques mètres d'elle. Elle avait mentalisé chacun de ses mouvements pour l'éviter. Ce n'était pas si compliqué, elle avait réussi pendant une semaine. C'était sans compter sur la principale concernée.

La voix de Violet l'avait appelée et ses mots l'avaient guidée vers elle. Elle n'avait pas eu le choix que suivre les mouvements de son corps.

— Je veux pouvoir être celle à qui tu pourras t'accrocher quand tu sentiras que tu perds pied, même si j'ai échoué jusqu'à maintenant.

Des larmes se déversèrent sur les joues d'Erine. Un tourbillon l'encercla, perturbée par ce flot qui la bousculait. Etait-cela réaliser ? Etait-cela frôler l'espoir ?

Depuis bien trop longtemps, Erine se voilait la face. Elle en avait pris une conscience une semaine plus tôt quand elle avait crachée ces absurdités à Violet. Jamais, elle n'en avait pensé un seul mot. Jamais. Pas avec autant d'animosité, du moins.

Elle était juste perdue, emprisonnée dans des pensées qui ne lui appartenaient pas.

Pendant des mois, elle s'était persuadée aimer Luke. Il n'avait cessé de lui demander d'être avec lui, car il n'avait jamais cessé de l'aimer depuis qu'ils étaient sortis ensemble en cinquième année. Elle s'était persuadée, car si lui l'aimait, elle devait forcément l'aimer aussi.

C'était ainsi que l'amour fonctionnait.

Au début du mois de novembre, elle avait été attirée par Flavius et par ses sourires. Elle l'avait trouvé fort de tenir bon malgré le drame qu'il avait subi. Flavius avait été un garçon formidable les quelques semaines où ils s'étaient fréquentés. Elle avait ri et avait apprécié chacun des doux baisers qu'ils s'accordaient. Ils auraient peut-être pu être beaucoup plus que cela, mais elle s'était laissé convaincre que seule la peine et le deuil les unissaient, et non l'amour.

Elle avait cru chacun des mots de Luke. Elle avait tant voulu connaître une vraie histoire d'amour. Mais aujourd'hui, elle ressentait le cauchemar duquel elle ne parvenait pas à se réveiller. La violence dont elle avait parlé et les larmes de Violet l'avaient secouée.

Puis il y avait Holly. La manière dont sa sœur avait réagi lui avait fait comprendre qu'elle s'était trompée depuis le début.

Mais comment sortir d'une telle impasse quand on avait repoussé tout le monde ?

Alors qu'elle croyait ne plus avoir personne, elle réalisait qu'elle n'avait jamais été seule.

— Je ne pense pas que Luke t'aime. De l'obsession, peut-être, ce n'est pas de l'amour. Je vais te répéter cette question : toi, est-ce que tu l'aimes vraiment ? demanda finalement Violet.

— Je ne sais pas.

Erine vit l'espoir naître dans les étoiles que représentaient les yeux de Violet. Elle-même avait du mal à croire qu'elle avait réussi à prononcer ces mots. Tous ses muscles se contractèrent si brutalement qu'elle en souffrit. Une boule enfla dans sa trachée. Sa respiration se saccada. Qu'aurait dit Luke s'il avait entendu cela ? Violet dut sentir sa panique car ses bras s'enroulèrent autour d'elle avant même qu'elle ne vacille.

Violet n'avait pas menti. Elle serait là pour la rattraper.

— Je serai toujours là peu importe ce qu'il se passe, tu sais, murmura-t-elle à son oreille. C'est cela être meilleures amies.

Violet la blottit contre elle. Toutes les deux glissèrent sur le bois du sol. Erine n'était plus capable de cacher les émotions qu'elle tentait de refouler en leur présence. Elle s'était cachée assez longtemps.

Rien ne leur avait échappé depuis les premiers instants, ils ne l'avaient jamais lâchée.

— Tu n'as jamais échoué, Vio, prononça-t-elle d'une voix mêlée aux sanglots. Jamais.

Parce que Violet devait savoir.

Violet devait savoir que sans elle et leur groupe, jamais elle n'aurait pu se libérer. Tout son corps avait crié à l'aide pendant des mois, même si son cerveau avait pris le parti de Luke. Seul son cœur ne s'était jamais trompé. Il avait envoyé tous les signaux que ses amis avaient reçu et eux… Eux n'avaient jamais failli.


Le repas du midi fut long, très long. Erine ressentait bien les regards insistants dans sa direction. Violet ne la décrochait pas des yeux, tout comme Holly. Toutes les deux savaient ce qu'il se passerait après le repas. Elles guettaient un quelconque signe de détresse de sa part ou un mauvais pas de Luke.

Le matin même, elle n'avait pas voulu tarder dans les bras de Violet. Elle savait que Luke l'attendait à la porte de la chambre commune et Merlin savait qu'il n'aurait pas hésité à tambourine à la porte si elle était trop longue. Elle avait voulu protéger Violet.

Mais elle avait eu besoin de tout extérioriser. Elle avait eu besoin de partager tout ce qu'il se passait depuis les vacances.

Alors qu'elle avait caché toute la peine que représentait la perte de Cedric Diggory par de vagues explications, elle avait posé les mots sur tout le deuil difficile et la culpabilité d'être Préfète-en-Chef et qu'il n'ait pas cette occasion.

Elle avait admis à Violet que Luke lui avait renvoyé une lettre pendant les vacances, puis une autre chaque jour alors qu'elle avait trouvé des excuses à chaque nouveau courrier.

Elle avait admis qu'il l'avait trouvée chaque jour à Poudlard lui demandant de le pardonner, mais qu'elle ne leur en avait pas parlé par crainte qu'ils s'attirent des problèmes en s'attaquant à lui.

Elle avait admis qu'elle l'avait embrassée un jour espérant qu'il la laisse tranquille, mais cela n'avait fait qu'empirer la situation. Elle n'avait pas eu la force de se battre.

Elle avait admis qu'il avait tout cassé quand il avait appris qu'elle entretenait une relation avec Luke, qu'il l'avait fait choisir : soit lui, soit il allait trouver Flavius. Elle avait choisi de protéger Flavius.

Elle lui raconta Noël et toutes les fois d'après.

Le reste n'avait été qu'une accumulation de persuasion et de manipulation. Le reste n'avait été que de mauvais choix pour les protéger, tous, quitte à s'oublier elle-même.

Violet ne l'avait pas jugée, Violet n'avait rien ajouté. Violet avait juste écouté. Lorsqu'elle avait terminé, au moment de faire semblant qu'elles ne s'adressaient toujours pas un mot. Violet avait juste énoncé :

— Il faut que cela cesse. Maintenant.

Et juste avant de partir, Erine lui avait promis qu'elle allait mettre un terme à cette emprise. Dès ce midi. Elle lui avait demandé d'en parler à Holly, mais de ne pas en toucher un mot aux jumeaux avant qu'elle ne parte.

Violet lui avait proposé de l'accompagner et de ne pas laisser seule avec lui, qui savait comment il allait réagir ? Mais Erine s'était empressée de la rassurer, elle était la meilleure en duel après tout.

Luke l'embrassa dans le cou, elle sortit de ses pensées d'un sursaut.

— On y va, murmura-t-il.

Erine savait qu'il ne parlait pas des cours. Il était temps de partir, de quitter la table pour se retrouver dans un endroit quelconque, loin des regards indiscrets.

Son cœur allait lâcher. Elle mourrait de peur.

Mais aujourd'hui, tout était différent.

Après cette confrontation, elle retrouverait ses amis et sa sœur. Si un quelconque problème survenait, elle se persuadait qu'elle serait capable d'en discuter avec eux et qu'elle ne refuserait pas leur aide.

Plus maintenant. Elle le devait. Pour elle.


Des yeux, Violet suivit Luke partir avec sa meilleure amie. Elle se retenait de les talonnait, mais Erine lui avait demandé de respecter une dernière fois un de ses choix qui lui semblait mauvais. Selon elle, c'était à elle de le faire et à personne d'autre. Violet n'était toujours pas convaincue de l'idée, mais Erine était forte. Si quoi que ce soit venait à mal tourner, elle irait avertir le Professeur Flitwick. C'était ce qu'elles avaient convenu.

Elles devaient se retrouver au terrain de Quidditch ensuite. Holly serait là et les jumeaux aussi, bien qu'ils ne soient pas encore au courant. Ils seraient là, pour elle.

— Viens avec moi, dit Violet à Holly en se levant.

Elle adressa un signe de la main à Fred et George. Elle constata qu'ils ronchonnaient d'être interrompus lors de leur repas, mais ils obtempérèrent. Dans le hall d'entrée, elle réfléchit à la manière idéale de leur raconter le prochain plan. Tout était risqué, s'en rendraient-ils compte ?

— On ne devrait pas les suivre ? demanda Holly.

— Suivre qui ? demandèrent en chœur les jumeaux, déjà derrière elles.

Les yeux océan d'Holly se posèrent sur elle d'un petit « oups », mais Violet ne pouvait lui en vouloir, elle s'inquiétait pour sa sœur. Elle observa un à un les jumeaux et leur relata la matinée qu'elle avait passée.

— Tu n'es pas sérieuse ? s'exclama George, le plus choqué de tous, mais Holly l'accompagna d'un signe de tête.

— Erine l'est, déclara-t-elle. Elle était différente des derniers mois. Elle a pleinement conscience de qui il est. Si Luke tente de lui faire plus de mal qu'il en a déjà fait, elle nous le dira. Flitwick et McGonagall l'apprendront et les sanctions tomberont.

Tente, Vio ! Tu as dit tente ! Il ne va pas simplement tenter si personne ne l'arrête ! s'opposa George.

— Erine est douée en attaque ! Souviens-toi quand elle a dû te laisser gagner lors des entraînements ! défendit-elle le plan qu'elles avaient élaboré.

— Oui, jusqu'au jour où elle se fera tuer !

Les yeux d'Holly s'écarquillèrent, horrifiée. Violet leva les siens au ciel. Elle n'aurait jamais cru George être capable de s'inquiéter autant, mais surtout d'être aussi extrême.

Fred donna une tape dans le dos de son frère pour le ramener à la raison et cela dérida George bien qu'il la fixait toujours. Il attendait qu'elle change d'avis. Mais elle ne le pouvait pas, elle l'avait promis à Erine.

Elle plongea dans les yeux marron de George pour y décrypter un message caché et elle plissa ses yeux pour réfléchir. Elle crut revoir le même regard qu'il avait eu au Bal de Noël. Cela ne l'empêcha de garder sa position.

— Je dois rapporter un livre à la bibliothèque. Vous ne deviez pas parler à Harry ? demanda-t-elle en adressant un clin d'œil à George. On se rejoint au terrain de Quidditch.

— On devait parler à Harry ? s'assura Fred.

Elle leur adressa un sourire en coin et elle leur tourna leur dos. Holly resta avec elle et lui demanda comment elle pouvait être aussi confiante, mais elle ne l'était pas. Elle savait juste qu'à la fin de la journée, Luke ne toucherait plus à Erine.


Au détour d'un couloir qui les menait vers la salle de bain des Préfets – il adorait qu'ils se retrouvent à cet endroit, Erine l'arrêta, fuyant son regard. Il serra sa main, toujours prêt à renforcer sa poigne si la situation ne tournait pas à son avantage. Elle grimaça, mais elle ne pouvait pas réagir maintenant.

Il glissa ses mains dans son cou cheveux et elle sut son prochain mouvement. Elle s'était attachée les cheveux juste avant de quitter la chambre. Les larmes et l'étreinte avec Violet les avaient emmêlés et elle n'avait pas eu le courage de les brosser. Et Luke n'aimait pas la voir les cheveux attachés. Il préférait ses longs cheveux charbon tombant dans son dos et sur sa clavicule.

Mais il n'avait plus le droit de choisir pour elle, elle aimait avoir les cheveux attachés. Elle recula et dut affronter les abysses de Luke.

— Pourquoi as-tu dénoncé l'A.D. ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

— C'était débile et Ombrage avait des doutes, répondit-il avant de s'approcher, mais elle recula encore. Je ne pouvais pas me taire, qui sait les ennuis que j'aurais eus ?

— Je sais que c'est toi qui es allé la voir, pas le contraire, reprit-elle, car elle avait elle-même demandé à Dobby comment s'étaient déroulé les événements.

Il parut comprendre qu'elle était moins naïve que ce qu'il imaginait. Qu'elle était moins naïve qu'il ne cherchait à la faire devenir. Mais elle était Erine Zoey Green et jamais elle n'avait été naïve, Violet lui avait assuré.

Ils l'ont mérité ! s'époumona-t-il d'un courroux qu'Erine aurait préféré éviter. Ils se croyaient tout puissant.

— Qui ça « ils » ? l'interrogea-t-elle, sourcils froncés.

— Cette prétentieuse de Lupin et ces idiots de Weasley ! Ils profitaient de ces moments pour t'éloigner de moi.

Elle s'écarta d'un pas. C'était pire que ce qu'elle pensait. Il avait agi ainsi contre ses amis, il avait agi dans son propre intérêt. Il se moquait de l'A.D., il cherchait juste à l'épier. Violet avait eu raison, une semaine plus tôt, il était complètement malade.

Elle refusait qu'il insulte ses amis. Sans s'en rendre compte, il lui avait donné la force qui lui manquait pour être capable de sortir de ses serres. Car Violet n'était pas prétentieuse, bien au contraire. Et les jumeaux étaient très intelligents, trop pour leur bien même.

— T'es vraiment un lâche.

Il n'y avait pas d'autres mots pour le décrire aussi précisément. Des milliers auraient pu convenir, mais celui-ci était le plus adapté. Il avait été lâche depuis toujours, dès le premier jour où ils s'étaient mis ensemble en cinquième année. Elle avait été bête de le trouver gentil et mignon, elle avait été bête de se jeter dans le bec de l'aigle – bien que sa place chez les Serdaigle méritait d'être remise en question.

Elle avait été bête. Mais c'était désormais à elle de se sortir des problèmes qu'elle s'était créés.

— C'est terminé Luke. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi.

Elle tenta d'esquiver les yeux couleur abysses qui l'effrayaient tant, des yeux qu'elle n'avait jamais vus aussi emplis de haine. Elle avait déclenché plus que de la colère et elle craignait ce qui suivrait.

— Tu ne peux pas, Erine, déclara-t-il fermement. Tu ne peux pas.

— Et pourquoi ? elle avait tenté de prendre un ton assuré, mais ce fut un échec.

— Car j'ai envie d'être avec toi. Je t'aime.

Il avait retrouvé cette douceur dans sa voix, cet aspect si paisible de sa personnalité. Cet aspect qui l'avait trop souvent trompée. Elle commençait à être terrifiée car elle savait qu'il pouvait exploser à nouveau, aussi vite qu'il s'était adouci.

Les mots restèrent si longtemps coincés dans sa gorge, qu'elle crut que jamais ils ne sortiraient.

— Pas moi, Luke.

Si elle n'avait pas été aussi effrayée, elle aurait sauté de joie d'avoir enfin réussi à l'admettre. Mais elle devait s'échapper avant de pouvoir être heureuse. Elle se retourna pour ne plus l'affronter. Elle aurait dû courir car il lui attrapa le poignet avec force pour la retenir.

Encore.

Toujours.

Il était son fil, elle reliée à lui par un fil plus solide qu'elle ne l'imaginait. Il tira sur son poignet avant de la prendre par les épaules d'une force puissante qu'elle en avait mal.

— Je ne veux pas, Erine !

— Lâche-moi !

Mais il n'en avait pas l'envie. Jamais, il ne l'aurait laissée s'échapper aussi facilement. Elle le repoussa de la même manière dont elle aurait lancé un souafle pour apporter la victoire à son équipe, mais il tira à nouveau son poignet. Elle gémit de douleur et elle pleura.

Encore.

Toujours.

— TU NE PEUX PAS ME RETENIR ! TU N'AS PAS LE DROIT ! cria-t-elle espérant être entendue, elle ne pouvait plus être silencieuse.

Il leva la main sur elle. C'en était fini pour elle. Elle chercha sa baguette et se gronda mentalement de ne pas l'avoir mise à portée de main. Elle ferma. Elle allait ressentir, elle ne voulait pas voir.

Mais rien ne vint.

Ses yeux s'ouvrirent. Luke était immobile. Seuls ses yeux bougeaient. Un Sortilège d'Entrave. Elle analysa le couloir autour d'elle. Personne. Ils n'étaient pourtant qu'à deux. Elle prit sa propre baguette avant de reporter son attention sur lui :

— Je ne veux plus être avec toi, Luke. Je ne veux plus jamais que tu m'approches Je vais mettre fin au sort maintenant. Ne tente pas quoi que ce soit. Finite Incantatem.

Il fulminait. Elle fit un pas en arrière. Il sortit sa baguette avant même qu'elle ne s'y attende – il était plus vengeur qu'il ne paraissait. Mais elle était plus rapide. Beaucoup plus rapide. Même s'il avait été prêt, elle l'aurait eu.

Car il était mauvais en duel et elle était la meilleure.

Stupefix !

Il s'effondra au sol, plongé dans un sommeil à durée déterminée. Ce n'était pas autorisé, mais elle était prête à subir des heures de retenue si cela signifiait être libérée.


Avant de rejoindre ses amis et Holly au terrain de Quidditch, elle avait une dernière visite à passer. Elle avait voulu que son secret reste entre ses gardiens et elle, mais elle n'avait pas confiance en Luke. Elle avait subi ce dont il était capable et elle le savait tenace.

Elle parcourut les couloirs du septième étage, le cœur battant. Elle se retournait à plusieurs reprises, à chaque pas. Mais elle avait presque atteint son but et il ne pourrait plus rien contre elle dès ce moment. Elle souffla quand elle arriva devant la porte :

Professeur Filius Flitwick. Ancien Professeur de Sortilèges. Directeur de la Maison Serdaigle.

Tout cela ne serait bientôt qu'un mauvais souvenir.

Elle toqua trois fois trois fois et pria Rowena Serdaigle pour que son Directeur de Maison soit là. Elle piétinait sur place prise de nervosité, le goût métallique de sang retrouva sa bouche. Elle entendit du bruit en provenance du bureau. Ouf. Il était là.

— Miss Green, que me vaut votre visite ?

— Puis-je entrer, s'il vous plaît ?

Son professeur haussa un sourcil et accepta. Elle le remercia de plusieurs mercis et ferma les yeux quand elle entendit la porte se fermer. Luke ne pourrait plus rien contre elle.

Mais quand elle rouvrit ses yeux, elle découvrit la présence de la Professeure McGonagall dans cette même pièce. Était-elle assez courageuse pour s'ouvrir devant deux adultes ?

Sa Professeure de Métamorphoses l'observa de cet air sévère qui faisait trembler n'importe quel élève, même les plus téméraires. L'expression de sa professeure s'atténua et Erine crut lire de l'empathie. La Professeure McGonagall termina sa tasse de thé et se leva, prête à partir.

— Je vais vous laisser, Filius.

— Non, restez.

Même Erine fut surprise d'entendre sa voix. Les deux professeurs la toisèrent à la recherche d'une explication. Elle frotta ses mains entre elles, cherchant ses mots. Le Professeur Flitwick l'invita à s'asseoir près du bureau et il lui servit une tasse de thé.

Elle les rejoignit. Elle posa ses lèvres sur la tasse. Une boisson chaude ne pouvait que l'apaiser avant de dévoiler ce qui avait échappé à beaucoup. Aucun des professeurs ne prononça un mot, ils étaient excellents dans leur domaine et tous les deux étaient attentifs à chacun de leur élève. Ils ne la brusqueraient pas, elle le savait.

— Quand la Professeure Ombrage vous a suspendu, vous nous avez dit que vous seriez toujours présent pour nous peu importe la raison, dit-elle après une gorgée alors que le liquide brûlait son œsophage, mais plus aucune douleur ne serait aussi élevée que celles qu'elle avait subies.

— Bien entendu, Miss Green, confirma son Directeur de Maison de sa petite voix fluette. Y a-t-il eu un nouveau problème avec la Professeure Ombrage ?

— Non, professeur, réfuta-t-elle. Pas avec elle. Avec Luke Taylor.

A son grand étonnement, aucun d'eux ne sembla surpris. Avaient-ils vu qu'il l'avait malmenée durant tout ce temps ? Avaient-ils eu vent de son changement ? L'avaient-ils remarqué ?

— Nous avions constaté quelques différends entre Monsieur Taylor et le reste de vos camarades, expliqua la Professeure McGonagall. Venez-vous rapporter des événements ?

— Oui, murmura-t-elle, son cœur palpita. Envers moi.

Son regard se posa sur le bureau. La honte la submergeait de se dévoiler à ses professeurs. Ses dents se plantèrent dans sa joue alors que les larmes montaient.

— Prenez votre temps, Miss Green, la rassura le Professeur Flitwick. Nous avons tout notre temps.

Mais Erine savait que plus elle attendait, plus l'aveu serait difficile.

De plus, tout cela avait trop duré.

Ses joues s'enflammèrent quand elle songea tout leur raconter. Le Monde Sorcier était pire que le Monde Moldu en termes de pudeur. Ils seraient probablement choqués d'entendre de tels termes ou mots, mais elle n'avait plus le choix.

Elle cligna des yeux pour récupérer de sa visibilité embuée par les larmes. Elle souffla et reprit du tout début. Au fur et à mesure de son récit, elle comprit le harcèlement dont avait fait preuve Luke. Il était obsédé par elle et elle était en partie fautive. Elle s'était laissé prendre, affaiblie par chaque accumulation d'événements.

— Juste ciel ! s'exclama la Professeure McGonagall quand elle eut terminé, car ils avaient eu la bonté de l'écouter sans l'interrompre.

Puis un silence s'abattit sur eux.

Erine s'effondra silencieusement. Elle ne voulait pas qu'ils se sentent mal à l'aise, elle en avait déjà bien assez fait.

— J'ai été vraiment stupide, déclara-t-elle en cachant son visage dans ses mains.

— -Vous pouvez être qualifiée de bien des manières, Miss Green, s'approcha le Professeur Flitwick pour poser une main sur son bras. Mais « stupide » n'en fait certainement pas partie. Vous n'êtes en aucun cas la responsable, vous avez été victime là est la différence. La seule faute revient à Monsieur Taylor.

Elle renifla. La Professeure McGonagall fit apparaître un mouchoir afin de lui tendre. Elle se moucha bien bruyamment, mais elle était incapable de sécher ses larmes. Elle était peut-être victime, mais elle l'avait fait entrer dans son monde. Elle avait donc sa part de responsabilité dans cette histoire.

— Miss Green, nous nous excusons de n'avoir rien vu de tel, dit le Professeur Flitwick et elle le croyait car sa voix flanchait sous l'émotion.

— Nous ne pouvons tolérer un tel comportement ! décida sa Professeure de Métamorphoses.

Erine reconnut de la détermination dans sa voix, sa professeure était prête à se battre comme chaque lion de Gryffondor. Olivier avait exactement le même ton quand il s'agissait de Quidditch. Mais elle ne voulait pas en arriver là et elle espérait qu'ils comprendraient.

— Je ne veux pas qu'il soit exclu, dit-elle en essuyant les larmes et elle ne put que constater à quel point ils ne s'attendaient pas à une telle déclaration. J'ai bien trop peur des conséquences et Ombrage, pardon, la Professeure Ombrage devra être au courant et je ne le veux pas. Tout ce que je souhaite est qu'il ne s'approche plus de moi.

Ils l'observèrent, apparemment peu convaincus d'accepter cela. Elle aurait aimé les remercier d'être aussi impliqués, mais qui savait ce que Luke pourrait inventer pour se venger d'elle ?

— Je ne veux plus qu'il s'approche de moi, répéta-t-elle. Pensez-vous pouvoir trouver des solutions ?

Ses deux professeurs s'interrogèrent du regard, attendant que l'un fasse le premier pas de cette décision. L'un était son Directeur de Maison, l'autre la Directrice Adjointe. Il y avait forcément un moyen.

Le Professeur Flitwick trouva une solution pour la salle commune et les couloirs :

— Monsieur Taylor sera interdit de salle commune. Il ne pourra accéder qu'au dortoir des septième année garçon. Il sera interdit de vous approcher à moins de cinq mètres. Une entorse à cette condition provoquera des heures de retenue supplémentaire, en plus de celles qu'il aura chaque jour sans exception.

— Pour les salles de classe, je ne doute pas que Miss Lupin veillera à rester près de vous. Hormis celle de la Professeure Ombrage et celle de la Professeure Tempus auxquelles je ne pourrai agir, j'informerai chaque professeur de la distance à imposer et qu'ils soient attentifs, rajouta la Professeure McGonagall.

Leurs propositions lui semblaient justes, ils ne pouvaient rien faire de plus d'après sa demande. Elle hocha la tête pour signifier son accord et la Professeure McGonagall ajouta une sanction, à laquelle elle n'avait pas pensé, mais qui lui convint encore plus que le reste.

— Et il n'aura pas le droit d'assister à la remise des diplômes. Le Professeur Flitwick et moi-même lui donneront, mais il n'a pas le mérite d'assister à ce type d'événement. Mais surtout, pour vous Miss Green, vous valez bien plus que sa présence lors de cet événement. Vous méritez de profiter de ce moment en étant vous-même. Il vous a bien assez volé de cette dernière année.

— Mais… La Professeure Ombrage ? s'inquiéta-t-elle.

— Ce n'est qu'une formalité, répondit la Professeure McGonagall. Nous allons réfléchir à un stratagème.

— Vous êtes forte, Miss Green, reprit le Professeur Flitwick. Vous êtes talentueuse, j'espère que vous parviendrez à voler à nouveau. N'hésitez pas, ma porte vous est grande ouverte.

Leurs mots la touchèrent. L'air remplit ses poumons, comme cela n'avait pas été le cas depuis des mois. Elle allait pouvoir recommencer à respirer. Elle comptait voler encore plus haut qu'avant, elle avait de grandes choses à accomplir.

Mais elle n'était pas totalement libérée. Elle devait retrouver des personnes pour se sentir parfaitement complètes car eux l'avaient toujours élevée.

Avant de quitter la pièce, elle s'adressa une dernière fois à ses professeurs :

— Merci Professeur Flitwick. Merci Professeure McGonagall.

Elle n'avait jamais été aussi sincère.


Dès son arrivée au terrain de Quidditch, Holly lui sauta dans les bras. Erine lova sa petite sœur dans ses bras. Elle ressentait la chaleur de l'étreinte, cette énergie débordante qui la traversait pour recharger les batteries qu'elle avait perdues.

Sa sœur la relâcha, mais lui prit la main, elle avait peur de la perdre à nouveau elle en était certaine. Elles retrouvèrent Violet et les jumeaux, aussi ravis qu'Holly de la voir. Elle aurait voulu s'asseoir entre Fred et George comme elle l'avait toujours fait, mais elle devait se libérer d'un nouveau poids.

Elle s'assit à côté de Violet, légèrement distante, elle en avait toutes les raisons. Erine posa une main sur sa jambe, elle n'osait pas la prendre dans ses bras. Puis, elle la regarda dans les yeux. Violet devait lire qu'elle pensait chacun des prochains mots.

— Je m'excuse, ma Vio. Je m'excuse pour toutes les méchancetés que je t'ai dites...

— C'est rien... tenta de l'interrompre Violet, mais Erine savait que cela ne l'était pas car elle baissa les yeux.

— Non. Je suis désolée de t'avoir blessée. Je n'aurais jamais dû parler ainsi de tes parents, c'était cruel. Mais surtout faux. Je... Je ne sais pas comment l'expliquer mais je ne le pensais pas. Je ne pensais rien. Je voulais juste que tu me laisses et tu es si... tenace... Mais tu es loin d'être égoïste et tu es la meilleure amie au monde. Je t'aime, Violet.

Un sourire se dessina sur le visage de Violet, mais elle ne décrocha pas les yeux du sol. Parviendraient-elles à se retrouver ? Erine l'espérait. Doucement, elle entoura le cou de Violet. Elle en avait besoin, elle devait retrouver sa Violet. Violet posa sa tête sur la sienne, mêlant tous leurs contrastes comme elles l'avaient toujours fait.

Elles étaient sur le bon chemin.

Quand Violet la relâcha. Toute son attention se porta sur les jumeaux qu'elle avait l'impression d'avoir abandonnés plus que quiconque. Pendant ces mois avec Luke, elle avait subi des remarques sur chacun des membres du quintet, mais ceux dont Luke était le plus venimeux étaient bien Fred et George.

Pour palier toute cette culpabilité elle n'avait qu'un seul pas à faire, peu importait le degré de réceptivité du jour. Parce qu'elle ne l'avait pas fait depuis longtemps, parce qu'elle n'avait pas pu se le permettre par crainte des répercussions, mais surtout car elle en mourrait d'envie. Elle passa un bras autour des épaules de chaque jumeau avant de les embrasser sur la joue.

L'étreinte ne les dérangea pas, mais elle ne put que constater que les bisous étaient de trop. Cela eut le mérite de lui décrocher un léger rire. Un vrai. Un qu'elle n'avait pas ressenti pleinement depuis des mois. Ce premier rire, ils le méritaient.

— Ah beurk ! se dégoûta Fred en se détachant. Pas ta bave de calmar !

— On va attraper des pustules ! grimaça George.

Mais Erine en profita pour passer son deuxième bras autour de lui. Elle lui devait bien, finalement.

— Même si c'était un accident, il l'avait bien mérité ce cognard, murmura-t-elle même si elle ne l'avait pas pensé lors du match par peur que Luke ne s'en prenne à eux ce qu'il n'aurait jamais eu le courage de faire.

— Un vrai plaisir ! répondit-il en lui tapotant la tête. Maintenant, tu vas pouvoir arrêter de faire ton petit Niffleur accroché à son collier d'or.

Elle s'exécuta pour éviter de lui infliger plus de minutes de torture. Elle avait eu ce qu'elle souhaitait, elle ne pouvait les coller indéfiniment. Ils faisaient déjà bien assez d'efforts pour elle.

— D'autant plus que tu vas vite déchanter, reprit soudainement George.

Les deux jumeaux s'adressèrent un coup d'œil plus complices que jamais, elles ne purent que craindre quelle nouvelle idée ait pu les traverser. Même Holly n'était pas rassurée, après tout elle avait appris à les connaître.

— On s'excuse de t'annoncer cela, maintenant, après tout ce que tu as vécu… Ce moment devrait être pour toi, mais…

— A très court terme, nous avons un projet, poursuivit Fred. Vous savez que les études n'ont jamais été une partie de plaisir pour nous ?

— Oui et que vous vous moquez d'avoir vos ASPIC, soupira Violet, elles avaient réussi à tenir Olivier, mais elles n'avaient eu aucune influence sur les jumeaux.

— Bien ! On a eu une idée, continua Fred avec une assurance impressionnante. Il est temps pour nous de révéler tout notre potentiel et de réellement faire la fête à Poudlard.

— Mais cela risquerait nos derniers mois ici, souleva le vrai fond du problème George.

Holly trépignait sur place, bien que sérieuse elle avait toujours été admirative de Fred et George, elle voulait vraiment savoir ce qu'ils prévoyaient. Erine et Violet étaient moins enjoués. A quoi ressembleraient Poudlard si elles n'étaient plus que les deux dernières restantes de leur quintet.

D'autant plus qu'Erine avait déjà perdu beaucoup trop de temps avec eux. Elle avait vraiment gâché sa dernière année.

C'était sûrement pour cette raison, qu'elle avait bien besoin de rire. Elle devait les soutenir, comme ils l'avaient fait avec elle. Elle voyait qu'ils les observaient, apparemment leurs avis comptaient bien plus qu'elles n'auraient pu l'imaginer. Alors elle se lança :

— Peu importe ce que vous avez prévu, faites-le, ils parurent étonnés, mais elle poursuivit. Ombrage le mérite, elle nous en a fait assez voir... Et... Vous vous en sortirez dans tous les cas, vous vous en sortez toujours. Faites ce que vous avez à faire.

— La Préfète-en-Chef prend des risques à nous inciter à enfreindre le règlement ? s'extasièrent les jumeaux et elle comprit qu'elle n'aurait jamais pu leur offrir plus beau cadeau.

— Même sans mon accord vous l'auriez fait. Alors oui, surprenez-nous.


Voilà :)

Après ce chapitre et quelques explications des derniers mois, le POV d'Erine vous intéresse toujours (savoir si je le note dans un coin de ma tête) ?

Ce chapitre vous a-t-il plu ?

Bon, je n'ai qu'une chose à dire : LUKE DEGAGE ENFIN ! Bref, qu'avez-vous pensé de toutes ces scènes ?

Les sanctions des professeurs vous semblent-elles justes (d'après la demande d'Erine?) ? Alors... J'ai songé à évoquer la Brigade de la Police Magique, mais je ne trouvais pas cela cohérent. La parole des femmes se libère seulement maintenant, et encore... J'ai des doutes sur la portée dans les années 90, d'autant plus dans le monde des sorciers. Je ne pense pas que ce soient leurs premières pensées. A votre sujet, si quoi que ce soit vous arrive, n'oubliez pas qu'il s'agit de votre choix. Cela vous appartient. Vous pouvez porter plainte, comme ne pas le faire. C'est votre choix. Mais n'oubliez juste pas que vous n'êtes pas seul-e et on vous croit.

Au prochain chapitre "Des génies" : La cape d'invisibilité. Une chamaillerie. Un grand marécage. Une sortie de Poudlard. Dernier match. Des calculs. Des entretiens.