It's Summer Time !

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« Le Ministère et le Ministre de la Magie ont tout mis en œuvre pour protéger nos chères têtes blondes de la menace représentée par ces dangereux criminels. Maintenant que Rodolphus Lestrange est à nouveau entre nos mains, le niveau de menace est drastiquement réduit et il est temps que les agents du Ministère retournent à leurs postes originaux. »

Draconis renifla dédaigneusement en regardant la photo de la femme qui se paradait sous l'article de presse. Cette Dolorès Ombrage disait vraiment n'importe quoi et le pire était que les gens gobaient toutes les conneries écrites dans la Gazette du Sorcier.

« Niveau de menace réduit, mon cul », siffla le Serpentard entre ses dents.

Bizarrement l'article et la débile avec une face de crapaud ne parlaient pas des disparitions conjointes de Rabastan et Bellatrix Lestrange. Faudrait pas affoler la population en rappelant que DEUX des TROIS mangemorts évadés d'Azkaban étaient toujours dans la nature !

Du moins, deux officiellement.

Draconis frotta d'un geste distrait le petit tatouage niché au creux de son poignet. Une mort sur les trois promises. Ils n'en avaient pas parlé, pas vraiment du moins. Draconis avait juste appris que sa tante était encore en vie et que c'était son conjoint qui dînait en Enfer.

Ce qui faisait VRAIMENT flipper Draconis.

Sa tarée de tante était bien capable de venir chercher refuge auprès sa sœur. La réaction de Narcissa (et de Lucius) face à une telle demande était absolument impossible à prévoir.

(Le risque qu'ils acceptent d'héberger Bellatrix en la cachant du Ministère était non négligeable.)

Draconis savait qu'il était en train de s'éloigner de la vision de ses parents concernant la direction à suivre pour la Famille Malfoy. Il avait fait des pactes et des promesses d'alliances avec plusieurs Familles sans prévenir son Père. Lucius aurait approuvé l'alliance avec les Notts. Il aurait salement grincé des dents à propos de celle avec les Blacks, soutenant que Draconis aurait du en devenir le Patriarche. Quant aux alliances avec les Longdubas ou pire encore les Potter… Humm…

Le futur Cinquième année avait conscience que ses opinions sur de nombreux sujets étaient plus flexibles que celles de ses parents. Il côtoyait les Potter dont la mère avait été une… comment disait le Professeur Brook déjà ? Ah oui. Une Première Génération. Les Potter étaient des Sangs Mêlés et ils étaient puissants. Sa cousine (Mère hurlerait de l'entendre dire cela, mais l'Auror Tonks était sa cousine) était une Sang-Méléeet elle était la première métamorphomage de la famille Black a naître depuis plus d'un siècle. Draconis en était venu à se demander si l'ajout de sang non-magique, de temps en temps, ne pouvait pas faire du bien pour réaffirmer la Magie Familiale…

(Père lui déshériterait s'il pouvait connaître ce que pensait Draconis. Quant à Bellatrix, c'était le Doloris qui attendait l'adolescent si elle prenait conscience de ses pensées. Merlin merci, le Parrain du Serpentard l'avait formé en Occlumentie.)

Rejetant le journal sur son lit Draconis s'étira. Les vacances avaient commencé depuis deux semaines et il ne parvenait pas à se détendre. Trop de stress, trop d'incertitudes. Il n'y avait qu'une seule chose qu'il pouvait faire. Être prêt. Envisager toutes les possibilités, y compris les pires et planifier des moyens de survie pour lui et des échappatoires pour sa sœur.

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Lissant sa cravate d'un geste nerveux, Bill emboîta le pas de sa collègue. Lizzie fendait la foule avec vivacité, parfaitement à l'aise dans la foule dense des travailleurs moldus. Elle n'avait cure des regards étranges que lui jetait les mères de familles. Bill supposait qu'elle devait avoir l'habitude d'être dévisagée tout comme l'habitude du monde moldu.

Ce n'était pas des expériences que William Weasley possédait. Même en Égypte il n'avait pas autant attiré les regards (malgré sa chevelure rousse et la peau qui virait au homard cuit en quelques minutes au soleil) que ce que Lizzie attirait au cœur de Londres. Quant au monde moldu, c'était la deuxième fois que Bill y mettait les pieds.

« Laisse ta cravate tranquille Beau-Gosse », déclara Lizzie, « Tu vas finir par l'abîmer ! »

« Vraiment ?! » s'inquiéta le Briseur de sorts qui portait pour la première fois un costume moldu complet, des chaussures vernies à la cravate en passant par le pantalon à pince.

Le regard moqueur de sa collègue fut une réponse en soi. Bill grimaça. Il était encore une fois tombé dans le piège de sa binôme.

« On est bientôt arrivé ? L'heure du rendez-vous approche et Maître Ragnard a bien insisté pour que nous ne soyons pas en retard. »

Lizzie le rassura, estimant leur arrivée à 10 minutes maximum. Les deux employés de Gringotts reprirent leur marche en silence, traversant la foule londonienne tels deux cadres moldus comme les autres, costume, tailleur et mallette en cuir compris.

Bill se demandait pourquoi ils étaient du côté moldu, pourquoi ils n'avaient pu aller chez leur client par cheminette et surtout pourquoi le Directeur de leur département était venu, en personne, leur dire de façon peu subtile qu'ils n'avaient pas intérêt à faire mauvaise impression ou pire foirer leur mission auprès de ce client.

« Nous y sommes ! » annonça Lizzie en les stoppant devant une devanture de bar dont les vitres étaient couvertes de bâches translucides.

Sans attendre la réaction de son collègue, Lizzie frappa la porte avec entrain.

« J'espère que tu ne t'es pas trompée de porte. »

« Ta confiance aveugle en ma personne réchauffe le cœur. »

La porte s'ouvrit, coupant Bill. Une trentenaire blonde aux cheveux ondulés se dressa dans l'embrasure. La tête penchée sur le côté et les bras croisés sous sa poitrine, elle les balaya du regard. Bill se sentit jugé et soutint difficilement les grands yeux glacés de la femme.

« Bonjour, je suis l'Agent Taranaki et voici mon collègue, l'Agent Weasley. Nous sommes envoyés par Gringotts. »

La blonde hocha la tête et se décala pour les laisser entrer.

« Je vous attendais. Je suis Pétunia Granger, copropriétaire et gérante du Black Bee. »

L'intérieur du bar était très sympathique. Clair et lumineux malgré les bâches sur les fenêtres. Il était aussi bien agencé, avec de nombreuses tables de tailles variables. Quelques étagères le long des murs étaient encore vides et Bill se demanda ce qui y serait placer à terme. Le comptoir était encore vide et les ardoises vierges, mais tout criait que l'endroit être prêt à être mis en service très rapidement.

Tandis que Lizzie réglait les derniers détails administratifs avec leur cliente (une moldue, aussi étrange que cela soi.), Bill déambula dans la pièce, murmurant des sorts de diagnostiques. Le bar n'avait aucune trace de protections ou de barrières magiques. Le terrain et les murs étaient vierges de tous rituels. Cela éviterait aux deux agents de Gringotts de devoir nettoyer la zone avant de placer de nouvelles protections. Il y avait cependant d'autres magies résiduelles dans le bar. Bill en distinguait une dizaine dont plusieurs encore immatures et une inhumaine.

« De combien de temps avez-vous besoin ? » demanda Pétunia.

Lizzie interrogea Bill d'un hochement de tête.

« La zone est propre. Deux, trois heures maximum. »

« Parfait. Je reviendrai à 11 h. Si vous finissez avant, vous pouvez me contacter par téléphone. Le numéro est sur un post-it à côté du combiné. Il y a du thé dans le troisième placard et une bouilloire dans la cuisine. Servez-vous. »

Lorsque la porte se fut refermée derrière la grande blonde, Bill se tourna vers sa collègue.

« Téléfone ? »

Lizzie leva les yeux aux ciels en retirant sa veste de costume qu'elle posa sur le dossier d'une chaise.

« Franchement, je ne sais pas comment vous faite pour survivre, vous les Sangs-Purs ! Les téléphones sont des moyens de communications instantanées. L'équivalent moldu des miroirs à double-sens. Avec uniquement le son. Je m'occuperai de l'appel, ne t'inquiète pas Beau-Gosse », annonça malicieusement Lizzie en tapotant l'épaule de son collègue.

Bill grimaça. C'était dans ce genre de situation qu'il compatissait avec les Nés-de-Moldus qui subissaient ces chocs cultures durant un temps infiniment long lorsqu'ils étaient admis à Poudlard.

« Au boulot. »

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Le plus long dans la création de barrières de protection n'était pas le sort, loin de là. Le plus long et plus pénible était sans contexte la phase préparatoire avec la mise en place de diagrammes runiques et de cartes ou parchemins magiques.

Tandis que Bill sortait de sa mallette encres, pinceaux, brosse, cartes et parchemins, Lizzie préparait ses poudres, ses herbes et ses bougies.

Bill était toujours très impressionné du travail de sa collègue. La façon dont elle maniait la magie était très différente de celle du Weasley. Elle n'avait pas de baguette et utilisait ses mains pour tisser ses sorts. Sa magie était complémentaire à celle de l'anglais. Pour cela, ils formaient une bonne équipe.

« Pourquoi t'es revenu au pays ? »

La question de Lizzie prit Bill au dépourvu. Il posa le paquet de cartes vierges sur la table et se tourna vers elle.

Elle avait remonté les manches de sa chemise, dévoilant les tatouages géométriques noirs courant sur ses avant-bras basanés. Lizzie était très belle, Bill l'admettait volontiers à qui voulait l'entendre. Dommage qu'elle ait déjà un compagnon.

« Pourquoi cette question ? »

« Je suis curieuse. »

« Ça fait un mois qu'on bosse ensemble. Pourquoi maintenant ? »

« Tu es préoccupé. Tu ne l'étais pas jusqu'ici. Ça te manque d'être expat' ? »

Bill sourit et se remit au travail.

« Je savais que tu m'aimais bien », plaisanta-t-il.

« Je suis fidèle Beau-Gosse. »

« Dommage pour moi, je suis arrivé trop tard. »

Bill récupéra sa bouteille verte et un pinceau de taille moyenne. Il agita la bouteille, s'assurant de l'homogénéité du mélange.

« Je t'ai déjà parlé de mon frère Percy ? »

« Le troisième, c'est ça ? »

« Mon deuxième frère et du coup, troisième enfant de la fratrie, oui. C'est lui qui m'inquiète. »

L'odeur de plantes sauvages et exotiques vint chatouiller les narines de Bill. Lizzie avait allumé ses bougies. D'une petite chorégraphie de mains et quelques mots, elle fit léviter les tables et les chaises, dégageant un vaste espace au centre de la pièce. Ses tatouages luisirent brièvement lorsque sa magie s'activa.

« Il va mal ? »

« On a toujours été proches et je lui aie beaucoup plus manqué que ce que je pensais. Percy est très indépendant. Et il ne m'a pas lâché d'une semelle de tout le temps où ma famille est venue en Égypte. Pour qu'il cherche aussi activement la présence de quelqu'un, c'était qu'il allait mal. »

« Ce ne s'est par arranger je suppose. »

« Non, vraiment pas. Les jumeaux sont trop pris l'un par l'autre et apprécient trop de titiller Percy pour se rendre compte de son état ou de la cruauté dont ils peuvent faire preuve de façon involontaire. Ginny est la princesse de la famille et je suis certain que Percy à tout fait pour la protéger en cachant ses tourments. Ron, par contre, s'en est rendu compte. Il est très observateur comme enfant. Il s'est débrouillé pour me contacter pour que je revienne aider Percy. »

« Pas tes parents ? »

Bill soupira.

« Nan, pas mes parents. Je les aime, évidemment, mais en grandissant leurs défauts me sont apparus de façon indéniable. Ma mère est… disons qu'elle a son caractère et ses règles et qu'il est très compliqué de lui faire voir autre chose. Elle est envahissante en pensant bien faire mais à trop vouloir aider, elle devient étouffante. »

Il y avait plusieurs excellentes raisons pour lesquelles Bill avait été ravi de signer pour une mission longue durée à l'étranger. La paie était excellente, il pouvait visiter un autre pays et une découvrir autre culture et surtout, il pouvait s'éloigner de sa famille, notamment de sa mère qui aurait voulu le garder dans son cocon, l'empêchant de grandir et d'évoluer.

« Malgré toute sa bonne volonté et son caractère affable, mon père ne comprend pas Percy. », reprit Bill, « Il ne comprend pas sa volonté de faire ses preuves, sa nécessité d'avoir un cadre pour s'épanouir. Percy a hérité du caractère de Grand-mère Cedrella. Il aurait certainement été plus heureux s'il avait accepté d'aller à Serpentard comme lui proposait le Choixpeau. »

« Ah, vos fameuses Maisons… Je trouve cela étrange de créer toute cette animosité entre des enfants de onze ans avec cette répartition étrange. »

Bill grimaça. Après quelques années à l'étranger, parlant avec des sorciers du monde entier, il savait que le système de Maisons de Poudlard était mal foutu voire nuisible.

« Tu tiens vraiment à ton frère pour accepter d'arrêter les missions qui te plaisent le plus. »

« La campagne de fouille était finie. J'attendais ma prochaine affectation en buvant des coups avec un gars de la police magique égyptienne dans un boui-boui du Caire. Demander à être placer à Londres pour quelques mois pour raisons familiales n'était pas si dur. »

Lizzie haussa un sourcil. Elle avait cette moue qui criait « Tu me prends pour une conne. Essaye encore. » Bill leva les mains, s'assurant que l'encre de son pinceau ne détruise pas le diagramme qu'il avait commencé.

« Ok ! Ok, ça m'a crevé le cœur ! Mais je devais le faire. Entends-moi bien, je n'ai pas de favoris. J'aime l'ensemble de ma fratrie de façon égale. Mais, potentiellement, sir je devais avoir un préféré, ce serait Perceval. »

Lizzie hocha la tête avant de reprendre son travail de tracé à la chaux.

« L'honnêteté est une vertu, Beau-Gosse. Que ce soit envers les autres ou envers soi-même. »

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Il était beaucoup trop tôt pour être réveillé et pourtant Mordred avait été tiré hors de son pieu par la Gérante (et copropriétaire) de son bar. Pétunia était venue frapper à sa porte à l'heure impie de 10h30. Elle était entrée dans le nid d'un foutu vampire sans la moindre peur. Cette femme ne devait pas avoir le moindre instinct de survie.

En même temps, elle n'était rentrée que dans le petit appartement où Mordred vivait lorsqu'il quittait le vaste complexe souterrain où sa Ruche avait ses quartiers.(Oui, le cadastre du métro avait subit quelques modifications aux fils des années, surtout depuis l'Éveil de l'Aïeul)

Elle l'avait obligé à s'habiller avant de le tirer vers le Black Bee. Il avait protesté, arguant qu'il était une créature nocturne et qu'il avait besoin de son repos. Ce à quoi elle avait sèchement déclaré qu'il était mort et que le sommeil n'était qu'une option. Elle avait conclu en annonçant que comme c'était lui qui avait contacté Gringotts, c'était à lui de contrôler ce qui avait été fait.

C'était logique. Du coup Mordred n'avait pas arraché la tête de la femme, avait enfilé une veste en cuir, une casquette de base-ball et des lunettes de soleil beaucoup trop large.

Il était ridicule, mais au moins aucune parcelle de sa peau n'était au soleil.

À l'intérieur, deux sorciers étaient assis à une table, des tasses fumantes dans les mains. Ils semblaient exténués et très satisfaits.

Le rouquin au visage parsemé de taches de rousseurs était avachi sur sa chaise, ses yeux bleus fixés dans le vide. Il était épuisé. Mordred sourit en sentant la magie du petiot. Il avait un potentiel très intéressant.

Sa collègue, brune avec de grands yeux noirs encadrés de discrètes marques prouvant son habitude de rire et sourire, était une kaiwaiata ā-roto. Cela faisait des années siècles que Mordred n'avait pas eu l'honneur de rencontrer un individu avec ce genre de capacités.

« Lady Granger, nous avons fini il y a une poignée de minutes ! Juste le temps de faire chauffer de l'eau ! » déclara la brunette au visage tatoué.

Le blanc éclatant de son sourire tranchait avec sa peau colorée. Elle était puissante et bien installée dans la maîtrise de sa magie.

« Tant mieux. Voici Mordred, le copropriétaire du Black Bee. C'est lui qui a contacté Maître Ragnard pour les protections. » annonça Pétunia en montrant le Père vampirique.

« C'est un plaisir de faire votre connaissance, Maîtres Briseurs de Sorts. »

« Je suppose que vous souhaitez voir les protections. »

« C'est souhaitable, effectivement. »

Suivant les deux sorciers dans les étages, Mordred les écouta expliquer les différentes protections et barrières qu'ils avaient dressé, les inscrivant dans la structure même du bâtiment.

Outre les sortilèges habituels de renforts et de verrouillage, les Agents de Gringotts avaient également rendu les lieux incartables et au cœur d'une zone anti-transplanage.

« Et pour la Brume ? » demanda Mordred lorsqu'ils furent revenus dans la salle principale.

« C'est la première fois que je voyais un sort tel que celui-ci », commenta le rouquin.

« Je ne suis pas surpris. »

Le rituel datait de la Première Purge, lorsque les communautés druidiques avaient dû se cacher de la tyrannie des Pendragon. L'objectif était de modifier les perceptions de l'ennemi afin que celui-ci ne détecte pas sa cible et ne voit qu'une scène ordinaire. Le rituel était alors nouveau et non perfectionné. Il demandait une puissance énorme et pouvait flancher à tout moment. Mordred avait passé de nombreuses heures à le travailler afin d'éliminer ces défauts. Et il avait réussi et en était pas peu fier.

« Nous avons placé la Brume sur l'ensemble du bâtiment comme souhaité. Nous n'avons pas eu de moyen de tester son accroche cependant », déclara la brunette.

« Je peux déjà sentir que le sort qui s'enracine dans le Flux Primaire. Tout ira bien », commenta Mordred. « Où est la pierre de cœur ? »

« Dans le cellier. »

Mordred haussa un sourcil a la réponse de Pétunia. La Moldue haussa les épaules.

« Tu m'as demandé un endroit central où personne n'irait fouiller. Dans un coffre-fort dans un des murs du cellier, planqué derrière mes cagettes de légumes me semble une excellente idée ! »

Bonne ou mauvaise, la seule certitude était qu'aucun n'aurait l'idée de fouiller là.

Mordred s'approcha de la pierre de cœur, un bout de quartz de la taille d'un poing, gravé de minuscules écritures runiques et de petits pictogrammes qui s'enroulaient les uns sur les autres de façon incompréhensible. Ce genre d'artefacts ne payaient pas de mine mais étaient extrêmement puissants. Ils permettaient de lier des sortilèges à des lieux et des personnes. Il était très courant que les Familles sorcières les plus anciennes, les « Sangs Purs » possèdent une, voire deux pierre de cœur liées aux demeures ancestrales.

Le Vampire avait récupéré cette pierre-là dans les caves de Camelott. Elle avait été créée par une Enchanteresse plusieurs décennies avant que Mordred ne mette les pieds dans ce lieu maudit. La Pierre cœur était antique, largement plus ancienne que celle de Poudlard et du coup, largement plus puissante.

(Oui, c'était over-kill. Mordred en avait bien conscience. Mais autant qu'elle serve !)

D'un geste parfaitement maîtrisé, le Vampire attrapa la main de la Moldue et fit couler son sang. L'odeur terreuse envahit ses narines et le fit saliver. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas planté ses crocs dans une veine pulsante.

Le sang de Pétunia éclaboussa le quartz. La pierre se mit à luire. L'essence de Pétunia était désormais liée à la pierre et donc au Black Bee.

« Fi, Mordred, Plentyn Hud, Marchog-Derwydd Brenin Lladdwr, wedi'i felltithio gan Emrys, Accomolyte o Grefydd yr Henfyd a Thad Fampirod Albion yn rhwymo'r fenyw hon, Petunia o deuluoedd Evans a Granger i'r CCraiddCCrisial hwn, gwarcheidwad y deml hon o drueni a'r lloches hon o eneidiau ynysig. »

Derrière lui un hoquet surprit se fit entendre. Mordred sourit. Ainsi l'un des deux gamins avait quelques bases en vieilles magies et surtout des notions des langues anciennes.

« Putain, c'est Mordred ! » siffla l'agent roux.

« Oui, son nom est dans le contrat. »

« Nan ! Enfin oui, mais c'est MORDRED ! Comme le Chevalier-Druide de la Table Ronde ! »

« Le fils de Morgane ? Putain, pas étonnant que le patron soit sur les dents. »

« C'est quoi ce délire ? » s'exclama le Vampire. « Pourquoi tout le monde pense que je suis le fils de Morgane ? Je ne suis pas du tout de sang royal. On fait même pas plus paysan que moi ! »

« Au moins cette fois on t'a pas demandé si tu étais le bâtard incestueux de Morgane et Arthur Pendragon »

« QUOI ? »

« Pétunia, tu n'aides pas là ! »

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Allongé dans l'herbe haute, Harry regardait défiler les nuages cotonneux dans le ciel azur. Pas une bise ne venait déranger les feuilles des arbres et pourtant, quelques centaines de mètres au-dessus du plancher des vaches, les nuages filaient à toute vitesse.

Quelques puissants battements d'ailes suivis par le bruit caractéristique de sabots firent relever la tête au Poufsouffle. Neville descendit du dos de Buck, le visage coupé en deux par son sourire éclatant.

Le Gryffondor caressa le bec de la créature majestueuse avant que Dudley ne monte à cru, bien décidé de faire son tour dans les cieux. Alors que Buck décollait avec de puissants battements d'ailes, Neville se laissa tomber aux côtés du Survivant.

« Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu aussi détendu. »

Harry huma sourdement. Les criquets chantaient autour des deux garçons. L'ombre de Buck les survola.

« Où sont Mione et Léo ? » demanda Harry, les yeux toujours rivés sur le ciel.

« Sur le rempart. »

Le Poufsouffle hocha la tête. À tous les coups sa sœur aînée et son jumeau devaient étudier les vieilles runes à moitié effacées inscrites dans la roche. Il était fort probable qu'ils viennent demander conseils à Harry plus tard, lorsqu'ils seraient tombés sur une forme trop archaïque pour être encore enseignée.

« Vous allez reconstruire le domaine ? » demanda Neville alors qu'il se décidait enfin à s'allonger aux côtés de l'un de ses plus vieil ami.

« Je l'ignore. Je sais que toutes les autres demeures Black ont finis d'être rénovées et que deux sont louées. En soit, il ne reste que le Léviathan et ce château sur la liste. Dud' fait les yeux doux à Léo depuis des mois pour que le bateau soit retapé. »

« Tu m'étonnes. Un château est impressionnant, mais un putain de galion… C'est un niveau tellement supérieur que tu changes de planète. »

L'enthousiasme de Neville fit rire Harry. Il y avait au moins une chose que laquelle ils s'accordaient. Un bateau comme le Léviathan était foutrement cool.

« Et de ton côté ? »

« Mmm ? »

« La maison de tes parents », précisa Neville.

Harry soupira avant de répondre.

« J'ai longtemps hésité. C'est le lieu où James et Lily furent assassinés. »

« Maman a revendu la maison », commenta Neville. « Elle ne supportait pas… »

La voix du Gryffondor s'éteignit. Le Survivant lui serra la main en soutien. Il comprenait pourquoi sa marraine avait revendu la petite maisonnette où elle avait été attaquée avec Franck. Les souvenirs étaient trop lourds.

« J'ai décidé de faire reconstruire le Cottage des Étoiles. J'en ai longuement discuté avec Léo et les parents. Avec la destruction du manoir ancestral lors de l'attaque ayant coûté la vie de nos grands-parents, c'est l'unique demeure de la branche dynaste de ma famille. Alors nous avons décidé de reconstruire les lieux. Ce sera différent. Papa a demandé à un de ses clients architecte de faire un devis. Plusieurs cloisons vont être déplacées dans la partie encore débout, quant à la zone qui fut détruite lors de l'attaque de Voldemort, elle sera complètement neuve. »

« C'est une façon de garder les lieux tout en leur donnant un nouveau départ », commenta Neville. « Où en sont les travaux ? »

« Le devis a été validé au printemps. Le gros œuvre est quasiment terminé. »

« Pendaison de crémaillère cet hiver ? »

« Peu probable cet hiver. Je ne pense pas que nous aurons le temps durant les vacances. »

« Une prédiction de Dudley ? »

« On va dire ça », sourit Harry.

Le silence retomba autour d'eux. Il faisait beau et presque chaud. Ils étaient heureux et libres. Ils profitaient d'une journée entre amis loin du brouhaha et du chaos de Londres. (Loin aussi de leur mère qui stressait de plus en plus à propos de la fin des travaux du Black Bee).

Alors qu'une buse traversait le ciel, Harry songea aux nombreux oiseaux internationaux que lui et son frère avaient envoyé la semaine passée. L'un de ces oiseaux était destiné à Sirius qui se dorait actuellement la pilule sur les plages espagnoles. Les autres allaient voler plus loin, bien plus loin.

Voler sur un balai était fantastique, mais voler avec ses propres ailes… Cela devait être tellement… magique !

« Debout limace ! Y a des runes qu'on pige pas avec Léo ! »

Harry rouvrit les yeux. Hermione était penchée au-dessus de lui. Des traces d'herbes maculaient son short et sa chemise à carreaux ouverte sur un débardeur bleu taché de gris. Elle avait dû traverser des couloirs poussiéreux et des corridors aux plafonds éventrés remplis d'herbes folles.

D'un geste vigoureux, elle tira le Survivant sur ses pieds avant de le tirer vers les ruines de Winterfell.

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Chaque région du monde possède un moyen de déplacement favori pour les distances longues. L'Europe par exemple est régulière de la Poudre de Cheminette tandis que le transplanage était largement plus utilisé en Asie. En Amérique les gens utilisaient soit des portails, soit des porte-au-loin.

Castelobruxo n'avait pas de portail. Du moins officiellement. Dans les faits, il y avait quelques portails antiques dissimulés dans la jungle autour de l'École. Mais ils étaient en très mauvais états, ne fonctionnaient pas toujours et surtout ils étaient au cœur du territoire des Dents-de-Vipères.

Nulle personne saine d'esprit souhaitait affronter des dragons suffisamment fous pour attaquer et bouffer des araignées géantes !

Bref, l'École ne possédant pas de portails, les élèves utilisaient des porte-au-loin pour voyager des points de dépôts réparti à travers le pays à Castelobruxo. Autant dire que depuis son entrée à l'école, Abraão avait fait de nombreux allés-retours en porte-au-loin. Il avait prit l'habitude de ce transport qui vous retournait l'estomac.

Cependant rien ne pouvait le préparer aux porte-au-loin internationaux.

Jurant abondamment en brésilien, l'adolescent attendit que sa vision se stabilise en regardant le plafond de la vaste salle ronde où il venait d'apparaître. Il n'avait pas le mal des transports habituellement, mais cet enfer international était vraiment au-dessus du reste.

« Como vai, Abraão ? »

« Dê-me 5 minutos para o meu estômago voltar ao seu lugar, e eu te respondo. »

Abraão attrapa la main tendue de Neville. L'anglais souriant le tira sur ses pieds. Le brésilien gémit, sa vision se couvrant de petits points noirs.

« Cette fois je vais vraiment attendre 5 minutes », commenta Abraão, son accent rendant sa phrase étonnamment musicale.

Les yeux clos, il s'agrippa à son ami avec force. Par tous les dieux, ces port-au-loin internationaux étaient vraiment infernaux !

« Mieux ? »

Abraão rouvrit un œil. Le monde avait retrouvé sa claireté et avait cessé de tanguer. Derrière Neville, se trouvaient le Maître Potionniste Severus qu'Abraão avait déjà rencontré lors de son voyage au Brésil accompagné par une femme blonde ayant le même sourire que Neville.

« Maître, Lady Alice », salua Abraão.

« Je te demanderai bien comment était le voyage, mais je connais ces horreurs. Et je t'ai déjà dis de m'appeler Severus. » annonça le potionniste en venant serrer la main de l'adolescent.

« Et tu peux m'appeler simplement Alice », déclara la femme blonde « Je suis ravie de te rencontrer enfin en personne après avoir tant entendu parler de toi. »

« Le sentiment est réciproque. »

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Le Black Bee, pub emblématique de la rue Spielberg dans le quartier de Cornhill avait fermé ses portes plusieurs longs mois auparavant à la grande inquiétude de derniers habitués. Ceux-ci avaient conscience des difficultés financières de l'établissement suite à l'ouverture de plusieurs fast-foods. La restauration grasse rapide avait drainé la majorité des étudiants composant la clientèle de base du Black Bee.

Ce fut donc avec un soulagement non feint que Madame Melville qui passait devant le pub pour rentrer de son travail découvrit la petite affichette annonçant la réouverture des lieux la semaine suivante.

La nouvelle circula rapidement dans le quartier et ce fut une foule dense qui se présenta au Black Bee en ce chaud début de soirée.

« Bon sang, je ne pensais pas voir autant de gens si remarquables ! »

Pétunia leva la tête des bières qu'elle remplissait. Elle sourit.

« Sloan ! Je savais que cette voix me disait quelque chose ! Comment vas-tu mon grand ! »

Le gamin, qui n'en était plus vraiment un, serra Pétunia dans ses bras malgré le bar placé entre eux.

Sloan avait été stagiaire au pub durant l'hiver 1992-1993. Pétunia gardait de lui l'image d'un gringalet tout en membres qui ne savait pas toujours quoi faire de sa grande carcasse malingre. Aujourd'hui, il s'était remplumé, gagnant plusieurs kilos de muscles. Il dégageait une sensation de calme bien terre à terre.

« Ça va super bien Lady Bee. J'ai validé mon diplôme et je cherche un job. Madame Kagobi m'a dit que vous aviez fermé à cause des fast-food. C'est cool que vous ayez rouvert. »

« Oui, c'est cool. »

« Hey ! Mais c'est le p'tit Sloan ! »

Max, sortant de la cuisine serra à son tour l'ancien stagiaire en riant.

« Je te dépasse d'une bonne tête. »

« ET j'ai une décade de plus que toi, donc silence. Ça fait plaisir que tu sois là. Mais je croyais que tu étais à Glasgow ! »

« C'est vrai. Mais ma mère vient régulièrement à Londres et elle a récupéré ça à l'auberge où elle a ses habitudes. »

Pétunia écarquilla les yeux en voyant la petite affichette dans la grande paluche de Sloan. Il s'agissait d'un des prospectus que Alice avait distribué dans le Quartier des Brumes, un de ces nombreux prospectus que les gérants de l'Auberge de la Goule avaient gentiment proposé de diffuser auprès de leurs clients.

Un prospectus que seul quelqu'un en lien avec le monde magique pouvait posséder.

« Eh bien, mon p'tit Sloan, tu n'aurais pas des choses à nous dire ? » demanda Max avec un grand sourire.

Sloan lui tira la langue. Pétunia sourit à leurs pitreries. Elle était contente de retrouver des bouts de son ancienne équipe. Il ne lui manquait que la petite Amara. L'ancienne serveuse avait trouvé un nouvel emploi dans un restaurant de l'autre coté de la ville, ce qui la rapprochait de son petit-ami. Tant mieux pour elle et dommage pour le Black Bee qui perdait un bon élément.

« Je te dis si tu me dis ! » s'exclama Max en se dirigeant vers la cuisine, Sloan sur ses talons.

« Mais tu as quel âge ?! »

« 29 ans. Allez ! »

« Ma mère est une huldra, ce qui fait de moi un huldrekall. À ton tour. »

« Je suis le cracmoll abandonné d'une famille Sang-Pur. »

Pétunia remercia toutes les divinités possibles que les deux andouilles soient allés dans la cuisine pour papoter. De cette façon, elle seule pouvait les entendre et seulement si elle tendait l'oreille.

« Mais y a pas de famille sang-pure Listro. »

« C'est Liostro, pas Listro. Et j'ai été adopté. Ma première identité est Ambroise Macnair. »

Sloan jura suffisamment fort pour que les clients au bar l'entendent.

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Frank Bryce ne se décrivait pas comme quelqu'un d'aimable. Il allait même jusqu'à dire qu'il avait un caractère épouvantable et une saine horreur de la foule et du bruit.

Pour sa défense, tentez de participer à cette maudite guerre mondiale, de vous faire exploser la jambe par du mortier, de travailler pour des salauds profitant de leur argent pour éviter de s'engager puis d'être accusé des meurtres de ces trois mêmes connards et pour finir de subir pendant quasiment 50 la stigmatisation constante d'un village qui vous croyait coupable.

Alors oui, Frank Bryce était considéré négativement pas tout un village à cause d'évènement vieux qu'un demi-siècle et à cause de son caractère de merde, mais franchement il avait de très bonnes raisons.

Pestant contre sa grognasse d'employeuse, le vieil homme à la jambe raide descendait la longue allée de graviers blancs quittant le vaste jardin du Manoir Jedusor. Non pas que le moindre Jedusor y habite depuis qu'un taré leur eut fait la peau en 1943, mais le nom était resté.

« Tailler les bégonias et les rosiers en juillet… mais elle est complètement folle. Foutus citadins qui pensent tous connaître du monde parce qu'ils ont fait de longues études… Tous des cons. »

Par réflexe le vieil homme s'arrêta devant sa boite aux lettres et l'ouvrit. Il fut bien étonner d'y trouver une enveloppe blanche. Habituellement il y trouvait des animaux morts, des excréments ou des tessons de verre. Les mioches du coin trouvaient cela hilarant de vandaliser l'habitation de « l'assassin ».

Rejoignant sa porte d'entrée, Frank marcha sur des morceaux de verre. Levant les yeux, il découvrit la fenêtre du premier étage explosée. Encore une fois. L'Assurance allait encore mettre des mois à le rembourser…

Le vieux jardinier poussa sa porte et entra. Il était tellement fatigué de cette situation. Franchement si ce n'était son sale caractère et ses souvenirs, cela ferait belle lurette qu'il aurait sortit son vieux pistolet (volé sur un soldat allemand et gardé lorsqu'il avait été déchargé avec les honneurs suite à sa blessure) et se serait fait sauter la cervelle. Seul le fait que Mary aurait désapprouvé l'empêchait de le faire.

Frank posa sa cane et s'assit lourdement dans son vieux fauteuil défoncé. Il prit son ouvre lettre et coupa l'enveloppe d'un geste vif.

« Morbleu, qu'est-ce c'est c'te bizarrerie ? » s'interrogea-t-il en lisant le prospectus.

D'où est-ce qu'il avait gagné un voyage autour du monde lui ?

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Note d'auteur

1 ) « Fi, Mordred, Plentyn Hud, Marchog-Derwydd Brenin Lladdwr, wedi'i felltithio gan Emrys, Accomolyte o Grefydd yr Henfyd a Thad Fampirod Albion yn rhwymo'r fenyw hon, Petunia o deuluoedd Evans a Grangers i'r Craidd Crisial hwn, gwarcheidwad y deml hon o drueni a'r lloches hon o eneidiau ynysig. » = « Moi, Mordred, Enfant de la Magie, Chevalier-druide tueur de Roi, maudit par Emrys, Acolyte de l'Ancienne Religion et Père des Vampires d'Albion lie cette femme, Pétunia des familles Evans et Granger à cette Pierre-Coeur, gardienne de ce temple de pitance et de ce refuge des âmes isolées. »

2) Est-ce que Bill Weasley a un faible pour les femmes exotiques puissantes et dangereuses ? Oui. Carrément.

3) Sloan Burnside : Enfant d'une Huldra et d'un moldu. Il fut stagiaire au Black Bee de novembre 1992 à février 1993. OC

4 ) Point culture : les hommes huldres (ou huldu, huldrekall) sont dotés d'une force exceptionnelle, et sont en général assez agréables à regarder, en dépit de leur physionomie rustique. Au Moyen Âge, si un soldat norvégien mourait, on prétendait qu'un huldre prenait aussitôt sa place. (Source Wikipédia)